Archive pour novembre, 2014

LA FOLIE DE LA PRÉDICATION DE LA CROIX

13 novembre, 2014

http://www.sourcedevie.com/html/C031-folie-predication-croix.htm

Source de Vie – mis le 05/04/2005

Ce texte est la mise par écrit d’un message donné oralement par Henri VIAUD-MURAT, message qui a été enregistré sur cassette audio. Afin de garder la spontanéité de ce qui a été donné, la mise par écrit a été faite en conservant l’intégralité de l’enregistrement oral, sauf quelques modifications mineures qui étaient nécessaires à la compréhension du texte écrit.

LA FOLIE DE LA PRÉDICATION DE LA CROIX

Le thème de ce message peut effrayer certains parce qu’il parle de la folie de la prédication de la Croix. La prédication de la Croix est une folie, mais pas pour n’importe qui. Elle est une folie pour ceux qui périssent. Pour nous qui croyons, dit l’apôtre Paul, elle est la puissance de Dieu. Donc Paul met une barrière déjà très nette entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas.
Je veux vous lire dans la Bible ce passage de la première épître aux Corinthiens, où Paul nous explique quelle est sa mission de prédicateur. Il dit au chapitre 1, au verset 17 : « Ce n’est pas pour baptiser que Christ m’a envoyé ». Il connaissait l’importance du baptême, il le pratiquait aussi, sûrement, mais ce n’était pas pour cela que Dieu l’avait envoyé. « C’est pour annoncer l’évangile, sans la sagesse du langage, afin que la Croix de Christ ne soit pas rendue vaine ». Pour moi qui vous parle de la Croix de Christ, je sais que c’est une grande responsabilité parce que la manière dont je peux en parler pourrait risquer de rendre vaine la Croix de Christ.
Vous vous rendez compte de la responsabilité de celui qui parle et de ceux qui écoutent, mais surtout de celui qui parle avec la sagesse du langage, c’est-à-dire un langage humain, un langage avec des belles phrases humaines, de beaux arguments humains qui risquent d’annuler la puissance du message de la Croix, de le rendre vain ! « Car la prédication de la Croix est une folie pour ceux qui périssent, mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu ». Le mot grec « logos » qui est utilisé dans le texte n’est pas « la prédication de la Croix », mais la « Parole de la Croix ». C’est une parole qui sort du cœur de Dieu. Jésus est la Parole, Il est la Parole vivante (la Bible est la Parole écrite) et la Parole de la Croix est la puissance de Dieu pour nous qui sommes sauvés.
« Je détruirai la sagesse des sages, et j’anéantirai l’intelligence des intelligents ». Ce n’est pas toujours facile à comprendre, mais quand le Saint-Esprit nous montre ce que Dieu veut dire, notre cœur est ouvert. Dieu ne veut pas de l’intelligence des hommes pour expliquer le message de la Croix et nous n’avons pas besoin nous-mêmes de l’intelligence des hommes pour l’entendre et pour l’accepter. Nous avons besoin de l’action du Saint-Esprit dans le cœur. Tout ce qu’il nous faut, c’est un cœur ouvert à la vérité.
Si je dis devant Dieu : « Seigneur, je veux te connaître, toi, celui que tu as envoyé et cette puissance qui vient de toi, que tu as placé dans la Parole de la Croix », c’est parce que cette Parole de la Croix concerne l’œuvre de Jésus. Ce qu’on appelle la croix, ce n’est qu’un morceau de bois sur lequel Jésus a été cloué et sur lequel Il est mort. Donc, quand on parle de la Croix, on parle de la mort de Jésus-Christ, Jésus le Fils de Dieu. Dieu le Fils a pris la peine de venir s’incarner dans un corps semblable au nôtre mais sans péché, pour un seul but : monter sur cette croix et mourir. Nous savons qu’Il n’est pas resté sur la croix ni dans la tombe, le troisième jour Il est ressuscité !
Jésus est passé par une mort physique complète. Il n’est pas mort à 50 pour cent ou à 90 pour cent. Il est mort à 100 pour cent. Il est passé par cette épreuve à 100 pour cent. La motivation qui était dans son cœur, et dans le cœur du Père qui l’a envoyé, l’a poussé à faire cela, et cette motivation nous le savons : c’est l’amour. C’est parce que Dieu est amour qu’Il a envoyé Jésus dans un corps comme le nôtre pour vivre selon la loi, parfaitement, sans désobéir, mais aussi pour mourir sur cette croix.
Pourquoi ce message de la Croix est-il une folie pour ceux qui périssent ? C’est une folie parce que la Bible nous dit que si Jésus est venu mourir sur une croix, ce n’était pas pour lui-même (Il n’a jamais rien fait pour lui-même). Dans cette mort expiatoire, sur la Croix, il y avait la condamnation qui devait revenir à tous les hommes. Et Jésus a accepté qu’elle vienne sur lui pour recevoir la condamnation qui devait tomber sur tous les hommes à cause des péchés du monde.

BENOÎT XVI : SAINT FRANÇOIS D’ASSISE

13 novembre, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100127_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 27 janvier 2010 : 

SAINT FRANÇOIS D’ASSISE

Chers frères et sœurs,
Dans une récente catéchèse, j’ai déjà illustré le rôle providentiel que l’Ordre des frères mineurs et l’Ordre des frères prêcheurs, fondés respectivement par saint François d’Assise et par saint Dominique Guzman, eurent dans le renouveau de l’Eglise de leur temps. Je voudrais aujourd’hui vous présenter la figure de François, un authentique « géant » de sainteté, qui continue à fasciner de très nombreuses personnes de tous âges et de toutes religions.
« Surgit au monde un soleil ». A travers ces paroles, dans la Divine Comédie (Paradis, chant XI), le plus grand poète italien Dante Alighieri évoque la naissance de François, survenue à la fin de 1181 ou au début de 1182, à Assise. Appartenant à une riche famille – son père était marchand drapier –, François passa son adolescence et sa jeunesse dans l’insouciance, cultivant les idéaux chevaleresques de l’époque. A l’âge de vingt ans, il participa à une campagne militaire, et fut fait prisonnier. Il tomba malade et fut libéré. De retour à Assise, commença en lui un lent processus de conversion spirituelle, qui le conduisit à abandonner progressivement le style de vie mondain qu’il avait mené jusqu’alors. C’est à cette époque que remontent les célèbres épisodes de la rencontre avec le lépreux, auquel François, descendu de cheval, donna le baiser de la paix, et du message du Crucifié dans la petite église de saint Damien. Par trois fois, le Christ en croix s’anima, et lui dit: « Va, François, et répare mon église en ruine ». Ce simple événement de la parole du Seigneur entendue dans l’église de Saint-Damien renferme un symbolisme profond. Immédiatement, saint François est appelé à réparer cette petite église, mais l’état de délabrement de cet édifice est le symbole de la situation dramatique et préoccupante de l’Eglise elle-même à cette époque, avec une foi superficielle qui ne forme ni ne transforme la vie, avec un clergé peu zélé, avec un refroidissement de l’amour; une destruction intérieure de l’Eglise qui comporte également une décomposition de l’unité, avec la naissance de mouvements hérétiques. Toutefois, au centre de cette église en ruines se trouve le crucifié, et il parle: il appelle au renouveau, appelle François à un travail manuel pour réparer de façon concrète la petite église de Saint-Damien, symbole de l’appel plus profond à renouveler l’Eglise même du Christ, avec la radicalité de sa foi et l’enthousiasme de son amour pour le Christ. Cet événement qui a probablement eu lieu en 1205, fait penser à un autre événement semblable qui a eu lieu en 1207: le rêve du Pape Innocent III. Celui-ci voit en rêve que la Basilique Saint-Jean-de-Latran, l’église mère de toutes les églises, s’écroule et un religieux petit et insignifiant la soutient de ses épaules afin qu’elle ne tombe pas. Il est intéressant de noter, d’une part, que ce n’est pas le Pape qui apporte son aide afin que l’église ne s’écroule pas, mais un religieux petit et insignifiant, dans lequel le Pape reconnaît François qui lui rend visite. Innocent III était un Pape puissant, d’une grande culture théologique, et d’un grand pouvoir politique, toutefois, ce n’est pas lui qui renouvelle l’église, mais le religieux petit et insignifiant: c’est saint François, appelé par Dieu. Mais d’autre part, il est intéressant de noter que saint François ne renouvelle pas l’Eglise sans ou contre le Pape, mais seulement en communion avec lui. Les deux réalités vont de pair: le Successeur de Pierre, les évêques, l’Eglise fondée sur la succession des apôtres et le charisme nouveau que l’Esprit Saint crée en ce moment pour renouveler l’Eglise. C’est ensemble que se développe le véritable renouveau.
Retournons à la vie de saint François. Etant donné que son père Bernardone lui reprochait sa générosité exagérée envers les pauvres, François, devant l’évêque d’Assise, à travers un geste symbolique, se dépouille de ses vêtements, montrant ainsi son intention de renoncer à l’héritage paternel: comme au moment de la création, François n’a rien, mais uniquement la vie que lui a donnée Dieu, entre les mains duquel il se remet. Puis il vécut comme un ermite, jusqu’à ce que, en 1208, eut lieu un autre événement fondamental dans l’itinéraire de sa conversion. En écoutant un passage de l’Evangile de Matthieu – le discours de Jésus aux apôtres envoyés en mission –, François se sentit appelé à vivre dans la pauvreté et à se consacrer à la prédication. D’autres compagnons s’associèrent à lui, et en 1209, il se rendit à Rome, pour soumettre au Pape Innocent III le projet d’une nouvelle forme de vie chrétienne. Il reçut un accueil paternel de la part de ce grand Souverain Pontife, qui, illuminé par le Seigneur, perçut l’origine divine du mouvement suscité par François. Le Poverello d’Assise avait compris que tout charisme donné par l’Esprit Saint doit être placé au service du Corps du Christ, qui est l’Eglise; c’est pourquoi, il agit toujours en pleine communion avec l’autorité ecclésiastique. Dans la vie des saints, il n’y a pas d’opposition entre charisme prophétique et charisme de gouvernement, et si apparaissent des tensions, ils savent attendre avec patience les temps de l’Esprit Saint.
En réalité, certains historiens du XIXe siècle et même du siècle dernier ont essayé de créer derrière le François de la tradition, un soi-disant François historique, de même que l’on essaie de créer derrière le Jésus des Evangiles, un soi-disant Jésus historique. Ce François historique n’aurait pas été un homme d’Eglise, mais un homme lié immédiatement uniquement au Christ, un homme qui voulait créer un renouveau du peuple de Dieu, sans formes canoniques et sans hiérarchie. La vérité est que saint François a eu réellement une relation très directe avec Jésus et avec la Parole de Dieu, qu’il voulait suivre sine glossa, telle quelle, dans toute sa radicalité et sa vérité. Et il est aussi vrai qu’initialement, il n’avait pas l’intention de créer un Ordre avec les formes canoniques nécessaires, mais simplement, avec la parole de Dieu et la présence du Seigneur, il voulait renouveler le peuple de Dieu, le convoquer de nouveau à l’écoute de la parole et de l’obéissance verbale avec le Christ. En outre, il savait que le Christ n’est jamais « mien », mais qu’il est toujours « nôtre », que le Christ, je ne peux pas l’avoir « moi » et reconstruire « moi » contre l’Eglise, sa volonté et son enseignement, mais uniquement dans la communion de l’Eglise construite sur la succession des Apôtres qui se renouvelle également dans l’obéissance à la parole de Dieu.
Et il est également vrai qu’il n’avait pas l’intention de créer un nouvel ordre, mais uniquement de renouveler le peuple de Dieu pour le Seigneur qui vient. Mais il comprit avec souffrance et avec douleur que tout doit avoir son ordre, que le droit de l’Eglise lui aussi est nécessaire pour donner forme au renouveau et ainsi réellement il s’inscrivit de manière totale, avec le cœur, dans la communion de l’Eglise, avec le Pape et avec les évêques. Il savait toujours que le centre de l’Eglise est l’Eucharistie, où le Corps du Christ et son Sang deviennent présents. A travers le Sacerdoce, l’Eucharistie est l’Eglise. Là où le Sacerdoce, le Christ et la communion de l’Eglise vont de pair, là seul habite aussi la parole de Dieu. Le vrai François historique est le François de l’Eglise et précisément de cette manière, il parle aussi aux non-croyants, aux croyants d’autres confessions et religions.
François et ses frères, toujours plus nombreux, s’établirent à la Portioncule, ou église Sainte-Marie des Anges, lieu sacré par excellence de la spiritualité franciscaine. Claire aussi, une jeune femme d’Assise, de famille noble, se mit à l’école de François. Ainsi vit le jour le deuxième ordre franciscain, celui des Clarisses, une autre expérience destinée à produire d’insignes fruits de sainteté dans l’Eglise.
Le successeur d’Innocent III lui aussi, le Pape Honorius III, avec sa bulle Cum dilecti de 1218 soutint le développement singulier des premiers Frères mineurs, qui partaient ouvrir leurs missions dans différents pays d’Europe, et jusqu’au Maroc. En 1219, François obtint le permis d’aller s’entretenir, en Egypte, avec le sultan musulman, Melek-el-Kâmel, pour prêcher là aussi l’Evangile de Jésus. Je souhaite souligner cet épisode de la vie de saint François, qui est d’une grande actualité. A une époque où était en cours un conflit entre le christianisme et l’islam, François, qui n’était volontairement armé que de sa foi et de sa douceur personnelle, parcourut concrètement la voie du dialogue. Les chroniques nous parlent d’un accueil bienveillant et cordial reçu de la part du sultan musulman. C’est un modèle dont devraient s’inspirer aujourd’hui encore les relations entre chrétiens et musulmans: promouvoir un dialogue dans la vérité, dans le respect réciproque et dans la compréhension mutuelle (cf. Nostra Aetate, n. 3). Il semble ensuite que François ait visité la Terre Sainte, jetant ainsi une semence qui porterait beaucoup de fruits: ses fils spirituels en effet firent des Lieux où vécut Jésus un contexte privilégié de leur mission. Je pense aujourd’hui avec gratitude aux grands mérites de la Custodie franciscaine de Terre Sainte.
De retour en Italie, François remit le gouvernement de l’ordre à son vicaire, le frère Pietro Cattani, tandis que le Pape confia à la protection du cardinal Ugolino, le futur Souverain Pontife Grégoire IX, l’Ordre, qui recueillait de plus en plus d’adhésions. Pour sa part, son Fondateur, se consacrant tout entier à la prédication qu’il menait avec un grand succès, rédigea la Règle, ensuite approuvée par le Pape.
En 1224, dans l’ermitage de la Verna, François vit le Crucifié sous la forme d’un séraphin et de cette rencontre avec le séraphin crucifié, il reçut les stigmates; il devint ainsi un avec le Christ crucifié: un don qui exprime donc son intime identification avec le Seigneur.
La mort de François – son transitus – advint le soir du 3 octobre 1226, à la Portioncule. Après avoir béni ses fils spirituels, il mourut, étendu sur la terre nue. Deux années plus tard, le Pape Grégoire IX l’inscrivit dans l’album des saints. Peu de temps après, une grande basilique fut élevée en son honneur, à Assise, destination encore aujourd’hui de nombreux pèlerins, qui peuvent vénérer la tombe du saint et jouir de la vision des fresques de Giotto, le peintre qui a illustré de manière magnifique la vie de François.
Il a été dit que François représente un alter Christus, qu’il était vraiment une icône vivante du Christ. Il fut également appelé « le frère de Jésus ». En effet, tel était son idéal: être comme Jésus; contempler le Christ de l’Evangile, l’aimer intensément, en imiter les vertus. Il a en particulier voulu accorder une valeur fondamentale à la pauvreté intérieure et extérieure, en l’enseignant également à ses fils spirituels. La première béatitude du Discours de la Montagne – Bienheureux les pauvres d’esprit car le royaume des cieux leur appartient (Mt 5, 3) a trouvé une réalisation lumineuse dans la vie et dans les paroles de saint François. Chers amis, les saints sont vraiment les meilleurs interprètes de la Bible; ils incarnent dans leur vie la Parole de Dieu, ils la rendent plus que jamais attirante, si bien qu’elle nous parle concrètement. Le témoignage de François, qui a aimé la pauvreté pour suivre le Christ avec un dévouement et une liberté totale, continue à être également pour nous une invitation à cultiver la pauvreté intérieure afin de croître dans la confiance en Dieu, en unissant également un style de vie sobre et un détachement des biens matériels.
Chez François, l’amour pour le Christ s’exprima de manière particulière dans l’adoration du Très Saint Sacrement de l’Eucharistie. Dans les Sources franciscaines, on lit des expressions émouvantes, comme celle-ci: « Toute l’humanité a peur, l’univers tout entier a peur et le ciel exulte, lorsque sur l’autel, dans la main du prêtre, il y a le Christ, le Fils du Dieu vivant. O grâce merveilleuse! O fait humblement sublime, que le Seigneur de l’univers, Dieu et Fils de Dieu, s’humilie ainsi au point de se cacher pour notre salut, sous une modeste forme de pain » (François d’Assise, Ecrits, Editrice Francescane, Padoue 2002, 401).
En cette année sacerdotale, j’ai également plaisir à rappeler une recommandation adressée par François aux prêtres: « Lorsqu’ils voudront célébrer la Messe, purs de manière pure, qu’ils présentent avec respect le véritable sacrifice du Très Saint Corps et Sang de notre Seigneur Jésus Christ » (François d’Assise, Ecrits, 399). François faisait toujours preuve d’un grand respect envers les prêtres et il recommandait de toujours les respecter, même dans le cas où ils en étaient personnellement peu dignes. Il donnait comme motivation de ce profond respect le fait qu’ils avaient reçu le don de consacrer l’Eucharistie. Chers frères dans le sacerdoce, n’oublions jamais cet enseignement: la sainteté de l’Eucharistie nous demande d’être purs, de vivre de manière cohérente avec le Mystère que nous célébrons.
De l’amour pour le Christ naît l’amour envers les personnes et également envers toutes les créatures de Dieu. Voilà un autre trait caractéristique de la spiritualité de François: le sens de la fraternité universelle et l’amour pour la création, qui lui inspira le célèbre Cantique des créatures. C’est un message très actuel. Comme je l’ai rappelé dans ma récente encyclique Caritas in veritate, seul un développement qui respecte la création et qui n’endommage pas l’environnement pourra être durable (cf. nn. 48-52), et dans le Message pour la Journée mondiale de la paix de cette année, j’ai souligné que l’édification d’une paix solide est également liée au respect de la création. François nous rappelle que dans la création se déploient la sagesse et la bienveillance du Créateur. Il comprend la nature précisément comme un langage dans lequel Dieu parle avec nous, dans lequel la réalité devient transparente et où nous pouvons parler de Dieu et avec Dieu.
Chers amis, François a été un grand saint et un homme joyeux. Sa simplicité, son humilité, sa foi, son amour pour le Christ, sa bonté envers chaque homme et chaque femme l’ont rendu heureux en toute situation. En effet, entre la sainteté et la joie existe un rapport intime et indissoluble. Un écrivain français a dit qu’il n’existe qu’une tristesse au monde: celle de ne pas être saints, c’est-à-dire de ne pas être proches de Dieu. En considérant le témoignage de saint François, nous comprenons que tel est le secret du vrai bonheur: devenir saints, proches de Dieu!
Que la Vierge, tendrement aimée de François, nous obtienne ce don. Nous nous confions à Elle avec les paroles mêmes du Poverello d’Assise: « Sainte Vierge Marie, il n’existe aucune femme semblable à toi née dans le monde, fille et servante du très haut Roi et Père céleste, Mère de notre très Saint Seigneur Jésus Christ, épouse de l’Esprit Saint: prie pour nous… auprès de ton bien-aimé Fils, Seigneur et Maître » (François d’Assise, Ecrits, 163).

Guardian Angel

12 novembre, 2014

Guardian Angel dans images sacrée 1303938802_angel-hranitel-guryanov-1912g.

http://www.orthodoxy-icons.com/russianorthodoxicons/312-guardian-angel-guryanov-1912.html

COMMENT COMPRENDRE L’ESPÉRANCE CHRÉTIENNE ?

12 novembre, 2014

http://www.diocese-annecy.fr/rubriques/haut/celebrer-prier/sens-et-foi/je-me-pose-des-questions-sur-la-foi-chretienne/comment-comprendre-lesperance-chretienne/comment-comprendre-lesperance-chretienne/document_view

COMMENT COMPRENDRE L’ESPÉRANCE CHRÉTIENNE ?

Lors de la fête de la Toussaint, les cimetières se remplissent de fleurs. Les familles se rassemblent pour honorer leurs morts.

Chaque année, fête de Toussaint et jour des morts se succèdent les 1er et 2 novembre.
Le lien est manifeste : le 1er novembre, les chrétiens célèbrent tous les saints, connus et inconnus, qui partagent la vie, la paix et le bonheur de Dieu.
Le 2 novembre, c’est le jour de la mémoire de tous les défunts. Une journée pour s’associer à celles et ceux qui ne sont plus à nos côtés et qui nous manquent.
Les chrétiens n’ont pas le regard tourné uniquement vers le passé, mais aussi vers l’avenir.
Quand ils envisagent cet avenir, ils parlent d’espérance. Avec la foi et l’amour, l’espérance est une vertu pour la vie chrétienne.
Grâce à elle, le christianisme n’est pas une religion du passé. Il est pour aujourd’hui, une ressource de liberté et de confiance en l’avenir.

L’espérance de Jésus
Jésus, dans les Evangiles, apparaît comme un infatigable espérant.
Lui qui « n’a pas où reposer sa tête », il semble ne jamais perdre son dynamisme intérieur.
Lui qui est aujourd’hui le fondement de l’espérance chrétienne apparaît comme quelqu’un qui savait ce qu’est espérer.

Quelle espérance vivait Jésus ?
Pour lui, toute vie avait un sens. La vie n’était jamais absurde.
Jésus n’ignorait pas ce qui allait mal. Il n’était pas naïf. Mais dans toutes les situations qu’il rencontrait il montrait toujours des signes d’avenir.
Pour lui, la fatalité n’existait pas. Il ne se fiait jamais au destin.
Les choses n’étaient pas écrites d’avance. Il produisait lui-même des signes : il guérissait les malades, il rendait un avenir à celles et ceux qui en étaient dépourvus, il faisait tout pour que chacun puisse relever la tête et reprendre confiance. Faisant cela, il était à contre-courant de la société de son temps et d’une certaine façon d’interpréter la loi religieuse qui n’allait pas dans le sens d’une vraie libération de l’homme.
L’espérance selon Jésus c’est de n’enfermer personne, que ce soit dans sa fonction, dans son passé, dans sa situation… *
C’est se faire proche des plus réprouvés.
C’est témoigner d’un Dieu amour et pardon. Amour et pardon, c’est-à-dire du neuf toujours possible.

Dieu vient de l’avenir
Certains trouvent que les chrétiens sont des gens tournés vers le passé.
Leurs livres de référence n’ont-ils pas été écrits il y a bien longtemps ?
Les rites qu’ils utilisent ne datent-il pas de plusieurs siècles ?
Ce qu’ils disent n’apparaît-il pas souvent comme ringard, car à contre-courant de la société ?

Dieu ne se conjuguerait-il qu’au passé ?
Non, dit l’espérance chrétienne.
Les chrétiens croient en Jésus le Christ, ils croient à sa manière de dire Dieu.
Dieu n’est pas relégué dans un passé où il aurait créé le monde.
Dieu se conjugue au présent et au futur. Il accompagne aujourd’hui encore chacune de nos histoires personnelles. Et notre vie a un avenir, puisque c’est dans la proximité de Dieu, dans sa lumière qu’elle débouche.
Mais il n’est pas besoin d’attendre d’être mort pour entrer dans la lumière de Dieu : Dieu se fait connaître aujourd’hui même à chacun d’entre nous.
A nous d’ouvrir notre cœur pour l’entendre nous appeler.

Où chercher Dieu ? Il est partout ?… Il est en nous ?…
L’espérance chrétienne invite à regarder vers l’horizon.
Car Dieu vient de l’avenir. Il ne s’agit pas de vivre retranché dans le passé, mais d’être tendu vers l’à-venir.
Car Dieu nous y précède. Ce qui veut dire : un avenir est toujours possible. C’est ce qui arrive à Abraham qui, à près de quatre-vingts ans, sa femme Sarah étant stérile, voit celle-ci accoucher d’un fils, promesse de nombreuses générations.
C’est ce qui nous arrive : l’amour de Dieu nous invite à prendre un chemin de sainteté, c’est-à-dire d’avenir avec lui, dans son amour et sa lumière.

Le baptême, provocation à l’espérance
Lors de funérailles chrétiennes, le signe de croix est fait sur le défunt avec de l’eau bénite. C’est pour rappeler l’eau du baptême reçu.
Le symbole du baptême dit bien ce qu’est l’espérance chrétienne.
En effet, traditionnellement, le baptisé plonge dans l’eau. Pour vivre une mort et une renaissance : l’eau du baptême devient eau de l’espérance.

Nous sommes baptisés au nom du Père. L’espérance, c’est être lié à Dieu.
C’est lui-même qui nous sort la tête de l’eau pour nous faire devenir ses fils et ses filles. Dieu espère en nous et nous espérons en Lui.
La vie n’en est pas plus facile, mais à chaque pas que nous faisons nous savons que Dieu nous éclaire de son amour.
Par le baptême, nous sommes aussi inondés de lumière !

Nous sommes baptisés au nom du Fils.
L’espérance, c’est être lié au Christ.
Il nous ouvre le passage vers le Père. L’avenir s’ouvre. Jésus espère en nous et nous espérons en Lui.
La vie n’en est pas plus facile, mais à chaque pas que nous faisons nous savons que le Christ la re-suscite par son Evangile.
Au baptême, c’est la Parole de Dieu que nous lisons qui fait de l’eau une eau d’espérance.

Nous sommes baptisés au nom de l’Esprit-Saint.
L’espérance, c’est être lié à l’Esprit de Dieu.
Le souffle de Dieu devient notre propre respiration. De nouveaux horizons s’ouvrent. L’Esprit espère en nous et nous espérons en Lui.
La vie n’en est pas plus facile, mais à chaque pas que nous faisons nous savons que Dieu nous remet debout, nous rend libres, met du neuf dans notre quotidien. Notre cœur, notre intelligence, tout notre corps peut s’ouvrir pour renaître, nous dit le baptême.

Grâce à l’eau du baptême, nous sommes tout ruisselants d’espérance.
Une espérance à partager avec d’autres.

 

CHATEAUBRIAND ET DOSTOÏEVSKI [1].

12 novembre, 2014

http://www.samizdat.qc.ca/arts/lit/c&d_al.htm

CHRISTIANISME ET CRÉATION LITTÉRAIRE:

CHATEAUBRIAND ET DOSTOÏEVSKI [1].

Andrea Link

Beaucoup de contrastes frappent le regard lorsqu’on compare les vies de François René de Chateaubriand (1768-1848) et Fiodor Dostoïevski (1822-1881). Ils venaient d’époques, de cultures et de traditions de famille différentes. Leurs tempéraments différaient beaucoup aussi. Chateaubriand grandit aristocrate et royaliste à Combourg à l’aube de la Révolution française. Toute au cours de sa vie, des sentiments de mélancolie et de désillusion au sujet du monde pesaient lourdement dans son cœur. Comme co-fondateur du romanticisme français il vivait comme héros romantique dont les souffrances devenaient une source de « fierté qui se limite elle-même » (Jackson, p. 29).
Fiodor DostoïevskiDostoïevski, appartenait à la basse aristocratie et fut élevé de manière modeste à Moscou. Il grandit sous l’ombre de l’insurrection décembriste de 1825 qui incita le tsar Nicolas I de gouverner avec une discipline militaire et bureaucratique sévère. Contrairement à Chateaubriand, Dostoïevski avait un tempérament énergique et une fierté « nerveuse et qui s’illuminait elle-même » (Jackson, p. 29).
Dostoïevski tentait de la comprendre par un examen profond de soi-même, des personnes qui l’entouraient ainsi que de leur environnement. Par conséquent Dostoïevski devenait un écrivain post-romantique ou romantique-réaliste. Tout de même, ces deux auteurs partagent un point commun: leur développement spirituel et religieux suivit un cheminement similaire. Chacun fut élevé dans une tradition religieuse; Chateaubriand était catholique romain et Dostoïevski un orthodoxe russe. Leurs mères servaient comme les modèles pleins de foi, dévots et religieux de leurs familles et c’était leur foi qui planta la semence de foi dans les cœurs de ces jeunes écrivains. Pourtant lorsqu’ils furent de jeunes hommes, Chateaubriand et Dostoïevski éprouvaient des périodes de doute. Au lieu de s’attacher fortement à leurs traditions chrétiennes, ils devenaient des rêveurs ardents, recherchant des notions idéales comme la beauté et la justice. Leurs désirs de trouver la vérité les attirait a étudier les idéologies courantes de leur époque. Par exemple, Chateaubriand embrassait quelques-unes des idées de Rousseau, et Dostoïevski s’engagea dans un groupe d’utopistes socialistes. Mais leurs quêtes romantiques laissèrent Chateaubriand et Dostoïevski déçus et désillusionnés lorsqu’ils comprirent que ces idéologies courantes ne leur apportait pas la vérité. Ces deux hommes éprouvaient une pauvreté humiliante et des souffrances psychique lorsqu’ils furent exilés de leurs patries. En tant qu’aristocrate, Chateaubriand était considéré un ennemi de la Révolution franchise et pour sauver sa vie il devint un émigré en Angleterre au début des années 1790. Tsar Nicolas I exila Dostoïevski en 1849 pour son engagement politique. À cause de leurs souffrances extrêmes, les deux écrivains eurent des expériences de conversion qui les conduisirent à embrasser la foi chrétienne. Quand la mère de Chateaubriand mourut, le chagrin le fit accepter la foi de sa mère. De manière similaire, lorsque Dostoïevski se trouva en face de la vie de prisonnier, il eut une renaissance de son âme.
François René de ChateaubriandTandis que tous deux éprouvaient des transformations similaires de leurs cœurs par leur foi en Christ, Chateaubriand et Dostoïevski développèrent des perspectives différentes du monde chrétiennes. Chateaubriand développait une perspective dualiste du christianisme. Le monde déchu qui est gouverné par Satan demeure séparé du monde spirituel de Dieu, le royaume des cieux. Ainsi la vie dans ce monde déchu d’ici-bas est tout à fait pénible, plein de désespoir et sans signification. Les idéaux du christianisme, y compris l’amour, la paix et la joie, ne seront réalisés qu’aux cieux. Chateaubriand croyait que « le chrétien se considère comme rien de plus qu’un pèlerin voyageant ici-bas à travers une vallée de larmes et qui ne trouve aucun repos jusqu’a ce qu’il arrive à la tombe » (Chateaubriand, 1976, p. 297). Les chrétiens peuvent espérer seulement qu’ils mourront bientôt et entreront aux cieux ou ils recevront leur rédemption et le bonheur éternel en communion avec Dieu.
À l’encontre de Chateaubriand, Dostoïevski développa une vue de la christianisme réconciliée. Ce monde-ci est déchu et les chrétiens éprouveront a la fin de toutes choses l’abondance complète du Royaume des cieux lorsqu’ils mouront. Pourtant un chrétien peut commencer d’éprouver la communion avec Dieu même tandis qu’il vit dans un monde déchu. Pour Dostoïevski, les mots du Christ, « Repentissez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Matthieu 4: 17) impliquait qu’une réconciliation avec Dieu commence lorsqu’une personne se repens et accepte la mort de Christ comme sacrifice pour ses péchés. Dostoïevski croyait que le chrétien peut commencer d’éprouver le royaume des cieux dans son cœur. L’esprit de Dieu, Son amour et Son pouvoir peuvent commencer à sanctifier et transformer les cœurs de ceux qui ont foi.
Bien que tous les deux embrassaient la foi chrétienne, des questions de doute continuaient à attaquer leurs convictions. P. L. Jackson écrit que Chateaubriand et Dostoïevski partageaient « une affirmation de foi paradoxale (Jackson, p. 30). À la fin de sa vie, Chateaubriand dit, « quand elle grandissait, ma conviction religieuse a dévoré mes autres convictions, (mais) dans ce monde-ci il n’y a pas de chrétien plus croyant et plus remplis de doutes que moi » (ibid.) D’une manière similaire Dostoïevski écrivit en 1854: « Si quelqu’un prouvait pour moi que Christ était en dehors de la vérité, et si c’était ainsi que la vérité était en dehors de Christ, alors je resterais plutôt avec Christ qu’avec la vérité. Je suis un enfant de cet âge, un enfant du manque de foi et de doute jusqu’a maintenant et (je le sais bien) ce sera vrai jusqu’à ce que ma bière soit fermée … » (ibid.). Comme Chateaubriand et Dostoïevski comprenaient la dynamique d’être à la fois un fort croyant et un douteur vacillant, ils etaient capables de décrire vivement cette bataille intérieure éprouvée par les caractères dans leurs livres lorsqu’ils sont confrontés avec la foi chrétienne (par exemple, Chactas, René, et Raskolnikov).
Par conséquent, les batailles spirituelles de Chateaubriand et de Dostoïevski les aidèrent à discuter des idéologies de leurs temps qui sapaient le christianisme. Puisque Chateaubriand et Dostoïevski croyaient que leurs pays éprouvaient des crises spirituelles, ils voyaient leur mission comme celle d’apologistes de la foi chrétienne. Chateaubriand grandit à une époque de doute religieux et l’athéisme des Lumières, comme il le décrit dans Le Génie du christianisme: « La religion fut attaquée par tous les genres d’armes, du pamphlet au folio, de l’épigramme au sophisme. Aussitôt qu’un livre religieux apparut, l’auteur fut couvert de ridicule, tandis que des œuvres que Voltaire lui-même était le premier à moquer parmi ses amis furent louées jusqu’au ciel » (Chateaubriand, 1899, p. 124). Beaucoup de philosophes, comme Denis Diderot, Jean le Pond d’Alembert et Voltaire, etaient sceptiques envers la foi chrétienne parce qu’ils croyaient qu’elle était fondée sur la superstition et l’irrationnelle. Les Lumières supposaient que les problèmes de l’humanité et de la société pouvaient être résolus simplement par l’application de lois et de réformes fondées sur la raison humaine. Un grand nombre de penseurs au cours de « l’age de raison » aspiraient au positivisme et au scientisme au lieu de la foi en Dieu comme l’espoir de l’humanité. Lorsqu’éclata la Révolution française en 1789, des révolutionnaires furieux détruirent des vitraux, des statues religieuses et des cathédrales entières pour affirmer que l’Église Catholique doit être extirpée parce qu’elle représentait l’oppression et la corruption de la monarchie déchue.
Chateaubriand s’opposait à la notion des Lumières que l’humanité est rationnelle par nature. Il dit, « Le cœur de l’homme est le jouet de tout; et personne ne peut dire quelle circonstance frivole peut causer ses joies et ses chagrins » (Chateaubriand, 1899, p. 124). Il était en désaccord complet avec l’idée que des réformes rationnelles résoudraient les problèmes de l’humanité car il avait observé la violence inhumaine de la Révolution Française. Chateaubriand croyait que c’était sa mission de montrer que le christianisme était une religion inspirée par Dieu. Il raisonnait que la beauté esthétique du Christianisme y compris les rituels mystiques et les cathédrales ornées prouvait que Dieu seul pouvait avoir inspiré le christianisme. Par ses écrits, Chateaubriand appelait la France à retourner à sa foi chrétienne, ses valeurs et ses traditions.
Au cours de la dernière partie du dix-huitième siècle et la première partie du dix-neuvième siècle le scepticisme des Lumières dominait les idéologies des intellectuels russes. La pensée matérialiste devenait dominante parmi les fondateurs du socialisme russe (qui fondaient aussi la critique littéraire russe), y compris Vissarion Belinsky, Alexandre Herzen, Nicolay Chernyshevsky et Nicolay Dobrolyubov. Ils acceptaient les idéaux du positivisme, du scientisme, du matérialisme et de l’utilitarisme de l’occident européen. Par ses œuvres, comme Souvenirs de la maison des morts et Crime et châtiment, Dostoïevski s’opposait à l’idéal des Lumières qui affirme que l’humanité est rationnelle, perfectible et que toute la connaissance peut être atteint par la science. Pour Dostoïevski, le seul salut de l’humanité est dans la foi chrétienne; il considérait le rejet de Dieu et de Christ dangereuse puisqu’elle conduisait les gens à « s’engager dans l’impossible et dans la destruction de soi-même » pour transcender leur condition de vie (Frank, 1986, p. 198). Dostoïevski supposait que la crise spirituelle de l’Europe de l’ouest finirait par mener à son déclin et à son autodestruction et que la foi orthodoxe de la Russie deviendrait la grâce qui sauverait l’Europe. Comme Chateaubriand, Dostoïevski estimait que la beauté esthétique et la perfection morale du christianisme prouvait que Dieu l’inspirait divinement. Ainsi la mission d’évangélisation de Dostoïevski était d’appeler son pays à retourner et à demeurer fidèle à son héritage orthodoxe.
Chateaubriand et Dostoïevski incarnaient leur défense du christianisme dans des personnages féminines. Atala et Amelia dans les récits de Chateaubriand Atala et René, et Sonia dans le roman Crime et châtiment de Dostoïevski montrent la foi chrétienne. La symbolisation de femmes comme des figures rédemptrices dans les œuvres de Chateaubriand et de Dostoïevski peut être expliqué en partie par le fait que des femmes jouèrent un rôle majeur dans leur propre conversion au christianisme. Leurs mères étaient les gardiennes de la foi chrétienne puisqu’elles transmettaient la foi à leurs enfants. De plus, l’âme féminine à été décrit de manière traditionnelle dans la littérature comme incarnant les vertus chrétiennes de la compassion, le sacrifice de soi, la gentillesse, la fidélité, la dévotion et l’amour. Chateaubriand et Dostoïevski utilisèrent ces personnages pour défendre l’idée que les vérités transcendantes de Dieu ne sont pas révélées par la raison humaine. Atala, Amelia, et Sonia sont des femmes dont la foi passionnée domine leur raison, mais toutefois elles possèdent la sagesse de Dieu. Chateaubriand et Dostoïevski décrivent la foi de ces femmes comme divinement belles, ce qui coïncide avec leur vue de la perfection esthétique du christianisme comme la base de l’inspiration divine.
Néanmoins, la description de ces femmes par Chateaubriand et Dostoïevski diffère à cause de leurs perspectives du monde chrétien différentes. Atala et Amelia désirent la mort pour quitter le désespoir de ce monde et pour aller au ciel. Les désirs charnels d’Atala et d’Amelia, surtout le désir d’aimer un homme, les tourmentent parce qu’elles croient que ces désirs sont mauvais et inférieurs à un désir spirituel pour Dieu. Elles espèrent que le jour arrivera lorsqu’elles seront libérées de leurs désirs charnels. Seule leur réunion spirituelle avec Dieu au ciel soulagera la peine de leurs cœurs d’être profondément aimées.
De l’autre côté, Sonia voit que sa vie éternelle a commencé sur la terre. Ainsi sa foi en Dieu lui donne de l’inspiration et de l’espoir au milieu de la peine et du chagrin qui l’entourent. Sa communion avec Dieu lui donne la force de persévérer même au milieu de l’humiliation, de la pauvreté et de la prostitution. Sonia connaît bien sa nature pécheresse, mais puisqu’elle accepte la rédemption de Dieu, elle peut éprouver Son amour, donné sans conditions et Sa compassion ici-bas dans ce monde déchu. Atala, Amelia et Sonia servent toutes les trois comme messagères de la vérité de Dieu pour les personnages masculins incroyants, Chactus, René, et Raskolnikov. Tandis qu’Atala et Amelia communiquent leur foi ferme à Chactus et à René, leurs témoignages n’ont pas d’effet transformant sur eux. Chactus et René sont emprisonnés dans ce monde d’ici-bas, ce qui les empêche d’éprouver le royaume spirituel et éternel de Dieu.
Chez Dostoïevski, Sonia, en tant que messagère du salut de Dieu, conduit Raskolnikov à la foi et au salut. Ses paroles, ses prières et ses actions reflètent l’amour et le pardon de Dieu, et c’est son témoignage qui aide à produire un changement de cœur chez Raskolnikov. D’après la perspective chrétienne de Dostoïevski, l’esprit de Dieu peut transformer le cœur humain dans un monde déchu. Ainsi Chateaubriand et Dostoïevski répondent aux crises spirituelles de leurs pays par la création littéraire. Ces deux écrivains utilisèrent des voix féminines de foi dans l’espoir de combattre le scepticisme grandissant de leurs époques.

 

Saint Josaphat

11 novembre, 2014

Saint Josaphat dans images sacrée st-josaphat

http://har22201.blogspot.it/2012/11/saint-josaphat-koncevitch-kuncewicz.html

12 NOVEMBRE – SAINT JOSAPHAT KUNCEWICZ

11 novembre, 2014

http://missel.free.fr/Sanctoral/11/12.php

12 NOVEMBRE – SAINT JOSAPHAT KUNCEWICZ

Extrait de la lettre encyclique “Ecclesiam Dei”
de S.S. Pie XI (12 novembre 1923),
à l’occasion du troisième centenaire de la mort de saint Josaphat.

Pour que cette unité et cette bonne entente pussent se maintenir à jamais, la Providence si sage de Dieu les marqua du sceau de la sainteté et du martyre. Cette auréole était réservée à l’archevêque de Polotsk, Josaphat, du rite slave oriental, que nous saluons à juste titre comme la plus belle gloire et le plus ferme soutien de l’Orient slave ; car on trouvera difficilement quelqu’un qui ait fait plus honneur au nom slave et plus efficacement travaillé au salut de ces populations que Josaphat, leur pasteur et apôtre, qui a versé son sang pour l’unité de la Sainte Eglise.
Puisque nous voici au troisième centenaire de ce très glorieux martyre, ce Nous est une très vive joie de rappeler le souvenir de ce si grand saint ; daigne le Seigneur, cédant aux prières plus ferventes des fidèles, susciter dans son Eglise l’esprit qui remplissait le bienheureux Martyr et Pontife Josaphat… et qui le porta à donner sa vie pour ses brebis ; puisse s’accroître le zèle du peuple chrétien pour l’unité, et ainsi l’œuvre principale de Josaphat se poursuivre jusqu’au jour où se réalisera le vœu du Christ et de tous les saints : Et il n’y aura qu’un seul bercail et qu’un seul Pasteur.
Né de parents séparés de l’unité catholique, Josaphat, qui reçut au saint baptême le nom de Jean, se consacra à la piété dès sa plus tendre enfance. Tout en suivant la splendide liturgie slave, il recherchait avant toutes choses la vérité et la gloire de Dieu ; à cette fin, et en dehors de toute considération humaine, il se tourna tout enfant vers la communion de l’unique Eglise œcuménique ou catholique, se considérant comme appelé à la communion de cette Eglise par le baptême même qu’il avait validement reçu. Bien plus, se sentant poussé par une inspiration du ciel à travailler au rétablissement de la sainte unité dans le monde entier, il comprit qu’il pouvait y contribuer dans une très large mesure s’il conservait dans le cadre de l’unité de l’Eglise universelle le rite slave oriental et l’Ordre des moines basiliens.
C’est pourquoi, reçu en 1604 parmi les Basiliens et ayant échangé le nom de Jean pour celui de Josaphat, il s’adonna tout entier à l’exercice de toutes les vertus, particulièrement de la piété et de la mortification. La vue de Jésus crucifié avait fait naître en lui, dès son enfance, l’amour de la croix, qu’il ne cessa ensuite de pratiquer à un degré éminent.
D’après Joseph Velamin Russky, métropolite de Kiev, qui avait été archimandrite de ce monastère, il fit en peu de temps de tels progrès dans la vie monastique qu’il put servir de maître aux autres. Aussi, à peine ordonné prêtre, Josaphat est lui-même nommé archimandrite et placé à la tête du monastère. Pour accomplir sa charge, il ne se contenta point de maintenir en bon état le monastère et l’église attenante et de les fortifier contre les attaques des ennemis ; mais, constatant qu’ils étaient presque abandonnés par le peuple chrétien, il résolut de s’employer à l’y ramener.
Entre temps, préoccupé avant tout de l’union de ses compatriotes avec la chaire de Pierre, il s’enquérait de tous côtés des moyens soit de la promouvoir, soit de la consolider ; surtout, il étudiait sans répit les livres liturgiques dont les Orientaux, y compris les schismatiques eux-mêmes, avaient accoutumé de se servir en accord avec les prescriptions des saints Pères.

Le “ravisseur d’âmes”
Après cette si active préparation, Josaphat se mit à l’œuvre de restauration de l’unité avec tant de force tout ensemble et de douceur, et il y réussit à tel point que ses adversaires eux-mêmes l’appelaient ravisseur d’âmes. Le nombre, en effet, est étonnant de ceux qu’il ramena à l’unique bercail de Jésus-Christ, convertis de toutes condition et origine, gens du peuple, commerçants, nobles, préfets même et administrateurs de provinces, comme nous savons que ce fut le cas pour Sokolinski de Polotsk, pour Tyszkievicz de Novgrodensk, pour Mieleczko de Smolensk.

Josaphat sur le siège de Polotsk
Mais il étendit bien plus encore son action apostolique du jour où il fut nommé évêque de l’Eglise de Polotsk. Cet apostolat a dû avoir une influence incroyable ; car on vit Josaphat donner l’exemple d’une extrême chasteté, pauvreté et austérité ; il se montrait envers les pauvres d’une telle générosité qu’il alla jusqu’à mettre en gage son omophorion pour secourir leur indigence ; se renfermant strictement dans le domaine religieux, il ne s’ingérait en rien dans les affaires politiques, encore que par des instance vives et réitérées on le pressât de se charger d’intérêts et à prendre parti dans des conflits d’ordre temporel ; enfin, il apportait à son œuvre le dévouement accompli d’un très saint évêque, travaillant sans relâche par sa parole et ses écrits à faire pénétrer la vérité. Il a publié en effet nombre d’ouvrages merveilleusement mis à la portée du peuple, entre autres sur la Primauté de saint Pierre et le baptême de saint Vladimir, et encore une apologie de l’unité catholique, un catéchisme selon la méthode du bienheureux Pierre Canisius, et d’autres travaux du même genre.
Se multipliant pour rappeler l’un et l’autre clergé à l’accomplissement attentif de ses devoirs, il obtint peu à peu, en réveillant le zèle pour le ministère sacerdotal, que le peuple, régulièrement instruit de la doctrine chrétienne et nourri de la parole divine par une prédication appropriée, se reprît à fréquenter les sacrements et les cérémonies liturgiques, et fût ramené à une vie toujours plus chrétienne.

Le témoignage du sang ; fruits du martyre
C’est ainsi que, par une large et abondante diffusion de l’esprit de Dieu, Josaphat consolida merveilleusement l’œuvre d’unité à laquelle il s’était voué. Cet affermissement, on peut même dire cette consécration, il la donna surtout le jour où il tomba martyr de cette cause, par un acte de sa pleine volonté et avec une admirable grandeur d’âme. La pensée du martyre était toujours dans son esprit, fréquemment sur ses lèvres ; le martyre, il l’appela de ses vœux au cours d’une prédication solennelle ; le martyre, enfin, il le sollicitait comme une faveur particulière de Dieu. C’est ainsi que, peu de jours avant sa mort, averti des embûches qui se tramaient contre lui, il dit : Seigneur, faites-moi la grâce de pouvoir répandre mon sang pour l’unité, ainsi que pour l’obéissance au Siège Apostolique.
Son désir fut exaucé le dimanche 12 novembre 1623 ; avec un visage où éclate la joie et qui respire la bonté, il va au-devant de ses ennemis qui l’entourent, cherchant l’apôtre de l’Unité ; il leur demande, à l’exemple de son Maître et Seigneur, de ne faire aucun mal aux siens, et se livre entre leurs mains ; frappé avec une extrême cruauté et tombé sous leurs coups, il ne cesse jusqu’au dernier soupir d’implorer de Dieu le pardon pour ses meurtriers.
Ce martyre si glorieux fut fécond en résultats ; notamment, il inspira une grande énergie et fermeté aux évêques ruthènes, qui faisaient deux mois plus tard, dans une lettre à la Sacrée Congrégation de la Propagande, la déclaration suivante : Nous nous affirmons absolument prêts à donner notre vie jusqu’au sang, comme vient de le faire l’un des nôtres, pour la foi catholique. Un nombre considérable de schismatiques, parmi lesquels les meurtriers mêmes du martyr, rentrèrent bientôt après dans la seule véritable Eglise.

LES ARBRES DE LA BIBLE

11 novembre, 2014

http://biblique.blogspirit.com/archive/2007/06/26/les-arbres-de-la-bible.html

LES ARBRES DE LA BIBLE

La note qui suit est une flannerie, une promenade dans les vergers et la forêts de la Bible. Elle s’arrêtera sous quelques uns des arbres bibliques qui ont une histoire à raconter…
Bien sûr, nous ne pourrons pas faire halte sous tous les arbres de la forêt ; il y en a tellement dans la forêt biblique !
Le mot hébreu pour arbre, ETs, est même l’un des mots les plus fréquents de la Bible hébraïque. Et il signifie aussi “bois”, du bois, et encore “poteau ».
Dans le bois du Nouveau Testament grec, où l’arbre se dit dendron, il y a moins d’arbres, mais nous verrons qu’ils sont tout aussi chargés de signification.

Une promenade biblique,
proposée par Patrice Rolin …

L’arbre espace de vie
Pénétrons donc dans la forêt, à l’orée de la Bible se trouvent les arbres de la création. Et nous découvrons qu’il ne s’agit pas d’une forêt sauvage, mais d’un verger providentiel :
“… Dieu dit : «Que la terre donne de la verdure,
de l’herbe porteuse de semence,
des arbres fruitiers qui portent
sur la terre du fruit selon leurs espèces
et qui ont en eux leur semence !»
Il en fut ainsi.
La terre produisit de la verdure,
de l’herbe porteuse de semence selon ses espèces
et des arbres qui portent du fruit
et qui ont en eux leur semence selon leurs espèces.
Dieu vit que cela était bon.
Il y eut un soir et il y eut un matin :
troisième jour. …”
(Genèse 1,11-13.29)
Et Plus loin, Dieu déclare aux humains :
“… Je vous donne toute herbe porteuse de semence sur toute la terre,
et tout arbre fruitier porteur de semence ;
ce sera votre nourriture. …”
Dès la première page de la Bible l’arbre apparaît donc comme dédié à la vie, il est même un espace de vie, voire de salut !
Le ShaLôM, c’est-à-dire la paix ou le salut ne consiste-t-il pas en ce que …
“ … Chacun habitera sous sa vigne et sous son figuier, et il n’y aura personne pour le troubler.”
selon l’expression des prophètes Michée (4,4) ou Zacharie (3,10).
C’est bien ce qu’expérimente Jonas sous son ricin, qui le protège opportunément des ardeurs du soleil (Jonas 4). Mais voilà, comme Jonas n’a pas la paix en lui-même et ne peut accepter le salut de ses ennemis, l’arbre providentiel se dessèche.
A l’inverse, nous dit le premier des psaumes :
“Heureux l’homme
qui ne suit pas les projets des méchants,
qui ne s’arrête pas sur le chemin des pécheurs,
et qui ne s’assied pas parmi les insolents,
mais qui trouve son plaisir dans la loi du Seigneur,
et qui redit sa loi jour et nuit !
Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau,
il donne son fruit en son temps,
et son feuillage ne se flétrit pas. …
(Psaume 1,1-3)
L’arbre de vie
Cette symbolique de vie, attachée à l’arbre, nous conduit à un autre arbre du début de la Bible : L’arbre de vie, planté au milieu du jardin d’Eden (Genèse 2). Ce genre d’arbre est bien connu dans les mythologies des cultures environant le monde biblique :
- Pensons aux palmiers-datiers des jardins des dieux et des temples en mésopotamie, symbole de vie et de fécondité ;
- Pensons aussi aux pommes d’or du jardin des Espérides sensées apporter l’éternelle jeunesse à qui les consomme… et on pourrait multiplier les exemples.
Dans la tradition biblique, cet “arbre de vie » est interprèté de 3 façons différentes :
• La tradition du judaïsme qui deviendra rabbinique y reconnaît la Torah, comme dans le Psaume 1 qui vient d’être cité ;
• Assez proche est la tradition qui voit dans cet arbre, la Sagesse, ainsi le livre des Proverbes (3,18-22) :
“… La sagesse est un arbre de vie
pour ceux qui la saisissent,
et ceux qui la tiennent ferme
sont déclarés heureux.”
• Et puis, il y a la tradition apocalyptique qui renvoie à l’espérance finale d’arbres magnifiques plantés :
“… Près du torrent, sur ses rives, de chaque côté…”
ce seront …
“… toutes sortes d’arbres fruitiers.
Leur feuillage ne se flétrira pas,
leur fruit ne s’épuisera pas ;
ils donneront des primeurs tous les mois,
parce que ses eaux sortiront du sanctuaire.
Leur fruit servira de nourriture
et leur feuillage de remède.”
(Ezéchiel 47,12)
A la fin de la Bible, l’Apocalypse condense les arbres d’Ezéchiel en un seul au centre de la Jérusalem céleste (22,1-5).
L’arbre, lieu de rencontre
Mais quittons les contrées paradisiaques pour revenir aux arbres terrestres. Souvent, dans la Bible, sous leur ombre propice à la discussion, ils sont des lieux de rencontre :
Paradoxalement, dans le récit du jardin d’Eden, en Genèse 3, c’est alors qu’ils se sont cachés au milieu des arbres du jardin (pour les raisons que l’on sait) que Dieu vient à la rencontre de l’homme et de la femme.
Dans Nouveau Testament, c’est alors qu’il monte dans un Cycomore, pour observer discrètement Jésus, que le collecteur d’impôt Zachée est rencontré par celui-ci (Luc 19,1-10).
Et puis, il y a Nathanaël, dans l’évangile de Jean, que Jésus avait déjà vu sous le figuier (Jean 1,48-50).
On pourrait aussi penser aux branches d’arbres des « Rameaux » que la foule de Jérusalem agite et dépose sur le chemin de Jésus monté sur un ânon (Matthieu 21,8).
L’arbre, lieu de révélation
De la rencontre à la révélation, il n’y a qu’un pas. Et l’arbre est aussi dans la Bible un lieu de révélation :
• Pensons à la rencontre-révélation d’Abraham avec trois mystérieux voyageurs sous le chène de Mamré (Genèse 18,1-15)…
• Vous pensez aussi déjà à l’épisode du buisson ardent où Moïse rencontre le Dieu qui l’envoie libérer son peuple (Exode 2,23s)…
• Dans le second livre de Samuel, au chapitre 5, c’est dans un bruit de pas à la cîme des muriers que Dieu révèle à David le moment où il combattra avec lui (1Samuel 5,24).
• Dans le livre du prophète Jérémie, l’amandier est établi comme un veilleur. Cet arbre dont les fleurs précoces annoncent d’habitude le printemps va, pour l’occasion, révéler au prophète le malheur qui vient du Nord.
• Dans le Nouveau Testament, Jésus invitera ses disciples inquiets de la fin du monde à méditer l’exemple du figuier :
“… Laissez-vous instruire par la parabole tirée du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que les feuilles poussent, vous savez que l’été est proche.
De même, vous aussi, quand vous verrez ces choses arriver, sachez qu’il est proche, aux portes.
En vérité, je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela n’arrive. …”
(Marc 13,28-31)
L’arbre, symbole des pouvoirs du monde
Dans la Bible, l’arbre est aussi parfois vu négativement. Ainsi, il est parfois l’image des pouvoirs du monde, de leur calculs, et de leur démesure. Ecoutons la fable que Yotam crie du haut d’une colline pour tenter de contrecarrer le choix d’Abimelek comme roi de Sichem. C’est dans le livre des Juges, au chapitre 9 :
“ … Ecoutez-moi, notables de Sichem,
et que Dieu vous entende !
Les arbres s’en allèrent conférer l’onction à leur roi.
Ils dirent à l’olivier : Sois notre roi !
Mais l’olivier leur répondit :
Renoncerais-je à mon huile,
ce que les dieux et les humains apprécient chez moi,
pour aller me balancer au-dessus des autres arbres?
Les arbres dirent alors au figuier :
Viens, toi, sois notre roi !
Mais le figuier leur répondit :
Renoncerais-je à ma douceur,
à mon fruit excellent,
pour aller me balancer au-dessus des autres arbres?
Les arbres dirent alors à la vigne :
Viens, toi, sois notre roi !
Mais la vigne leur répondit :
Renoncerais-je à mon vin
qui réjouit les dieux et les humains,
pour aller me balancer au-dessus des autres arbres?
(Alors tous les arbres dirent au buisson d’épines :
Viens, toi, sois notre roi !
Le buisson d’épines répondit aux arbres :
Si c’est loyalement que vous voulez me conférer l’onction
pour que je sois roi sur vous,
venez, abritez-vous sous mon ombrage;
sinon, qu’un feu sorte du buisson d’épines
et qu’il dévore les cèdres du Liban !
Maintenant, -dit Yotam- est-ce avec loyauté et intégrité que vous avez agi
en faisant roi Abimélek ? …”
(Juges 9,7-16)
Il faudrait s’y arrêter plus longuement, mais on voit bien qu’il y a là une satyre de pouvoirs qui n’ont pour seul motivation que leur propre intérêt.
Dans d’autres passages plus virulent, des arbres sont même l’image de l’orgueil humain de la démesure et de la tyrannie.
• En Esaïe par exemple (10,33-34), où Dieu abât une forêt figurant les ennemis :
“… Le Seigneur brise les rameaux avec violence :
les plus hautes cimes sont coupées,
les plus élevés sont jetés bas.
Il abat par le fer les taillis de la forêt,
et le Liban tombe sous le Magnifique.”
• Ou en Ezéchiel (31,1-18), où Pharaon est comparé à un cèdre du Liban.
• Pensons enfin au songe de Nabucodonosor en Daniel 4. Le roi de Babylone a, en rêve, la révélation de la destruction de son empire mondial, un empire figuré par un arbre immense dont la cîme touche le ciel (comme la « tour de Babel”…), et qui va être abattu.
L’arbre, objet de culte païen
Une autre image négative des arbres est celle qui fait référence aux cultes païens pratiqués par les voisins des Hébreux, et vraisemblablement par eux … Sinon, à quoi servirait-il que le livre du Deutéronome et de nombreux prophètes s’en préoccupe ?
Dans le Deutéronome, nous lisons la prescription suivante :
“… Tu ne planteras aucun poteau cultuel (= ‘aucune ashéra’) d’aucun arbre
à côté de l’autel du Seigneur, ton Dieu, que tu feras pour toi. …”
(Deutéronome 16,21)
Autrement dit, pas de synchrétisme avec les cultes païens pratiqués en Canaan. Mais l’appel a-t-il été entendu ?
On peut en douter quand on lit dans en Esaïe (57,5) :
“… Vous, approchez ici, vous,
fils de la femme qui cherche des présages,
descendance adultère, qui se prostitue !
De qui vous moquez-vous ?
Contre qui ouvrez-vous grand la bouche et tirez-vous la langue ?
N’êtes-vous pas des enfants révoltés, une génération de mensonge,
s’enflammant près des térébinthes, sous tout arbre verdoyant,
égorgeant les enfants dans les oueds, sous les fentes des rochers ? …”
Sans doute, certains en Israël associaient-ils au culte de Yawhé la vénération des forces vitales de la nature qui pouvaient être figurées par la puissance végétative des arbres verdoyants au sommet des collines.
L’arbre, symbole d’une renaissance possible
Il est vrai que cette dernière image a une grande force d’évocation, d’ailleurs pluusieurs passages bibliques s’y réfèrent positivement. L’arbre y est symbole d’une renaissance possible.
Pensons au “… bâton d’Aaron” qui, planté en terre “… avait produit des bourgeons, donné des fleurs et fait des amandes” (Nombres 17,16-23). Ainsi étaient manifestés le choix de Dieu, la vigueur et la compétence d’Aaron pour diriger le peuple avec Moïse.
Cette capacité à retrouver une végétation à partir d’un morceau de bois apparamment mort, a évidemment été utilisée pour figurer l’espérance d’un renouveau possible après la catastrophe de l’exil. Ainsi le prophète Esaïe qui vient d’annoncer la destruction total du peuple déclare (6,13b) :
“… mais, comme le térébinthe et le chêne
conservent leur souche quand ils sont abattus,
sa souche donnera une descendance sainte. …”
C’est-à-dire qu’il y aura une renaissance, un avenir possible.
(voir aussi Genèse 12,68 ; 13,18 ; 21,23 ; 1Samuel 14,2 ; 31,13 ; 2S 5,24 …)
Quelques chapitres plus loin, le prophète utilisera la même image (11,1-5) :
“… (1) Alors un rameau sortira du tronc de Jessé,
un rejeton de ses racines sera fécond. …”
L’arbre, symbole de fécondité
Dans la Bible, et surtout dans le Nouveau Testament, la fécondité, ou la non-fécondité des arbres et aussi, la métaphore d’un test. Ainsi dans sa virulente prédication, Jean-Baptiste déclare-t-il à ceux qui venaient se faire baptiser sans en tirer les conséquences concrêtes dans leur vie :
« …Vipères, qui vous a montré comment fuir la colère à venir ?
Produisez donc un fruit digne du changement radical;
et ne pensez pas pouvoir dire :
« Nous avons Abraham pour père ! »
Car je vous dis que de ces pierres
Dieu peut susciter des enfants à Abraham.
Déjà la hache est prête à attaquer les arbres à la racine : tout arbre donc qui ne produit pas de beau fruit est coupé et jeté au feu. …”
(Matthieu 3,7-10)
Au chapitre 7 (versets 15-20) du même évangile Jésus déclare :
“… Tout bon arbre produit de beaux fruits,
tandis que l’arbre malade produit de mauvais fruits.
Un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits,
ni un arbre malade produire de beaux fruits.
Tout arbre qui ne produit pas de beau fruit est coupé et jeté au feu.
C’est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.
Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : «Seigneur ! Seigneur !» qui entreront dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. …”
(voir aussi Jude 12)
On se rappelle aussi du figuier maudit par Jésus parce qu’il n’avait pas de figue, et du figuier stérile pour lequel le jardinier obtient du propiétaire un délai avant de le couper.
La fructification ou la non-fructification de l’arbre sont devenues des critères du jugement.
Est-ce dans cette catégorie des « arbres-test » qu’il faut ranger l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur du récit d’Eden ? Peut-être …
L’arbre, image du Royaume de Dieu
L’arbre figure aussi le Royaume de Dieu promis écoutons donc pour finir une dernière histoire d’arbre :
“… Jésus leur proposa cette autre parabole :
Voici à quoi le Royaume des cieux est semblable :
une graine de moutarde qu’un homme a prise et semée dans son champ.
C’est la plus petite de toutes les semences ;
mais, quand elle a poussé,
elle est plus grande que les plantes potagères
et elle devient un arbre,
de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches. …”
(Matthieu 13,31-32)
Voilà que nous retrouvons l’arbre du début,
l’arbre espace de vie et de rencontre pour tous.

Patrice ROLIN

 

Ermitorio du Calvaire, Alcora Espagne, Dieu le Père

10 novembre, 2014

Ermitorio du Calvaire, Alcora Espagne, Dieu le Père dans images sacrée 1024px-Ermitorio_del_Calvario_5

http://en.wikipedia.org/wiki/God_the_Father_in_Western_art

QU’EST CE QUE LA LOUANGE ?

10 novembre, 2014

http://qe.catholique.org/priere/35195-qu-est-ce-que-la-louange

QU’EST CE QUE LA LOUANGE ?

Bien souvent la louange n’est pas bien comprise, et certains croient ne pas l’aimer, pourtant elle est au cœur de la vie chrétienne :
« La louange est la forme de prière qui reconnaît le plus immédiatement que Dieu est Dieu ! Elle le chante pour Lui-même, elle lui rend gloire, au-delà de ce qu’il fait, parce qu’IL EST. Elle participe à la béatitude des cœurs purs qui l’aiment dans la foi avant de le voir dans la Gloire. Par elle, l’Esprit se joint à notre esprit pour témoigner que nous sommes enfants de Dieu (cf. Rm 8,16), il rend témoignage au Fils unique en qui nous sommes adoptés et par qui nous glorifions le Père. La louange intègre les autres formes de prière et les porte vers Celui qui en est la source et le terme : « le seul Dieu, le Père, de qui tout vient et pour qui nous sommes faits » (1Co 8,6). »

Catéchisme de L’Eglise catholique n°2639
La louange c’est reconnaitre que Dieu est Dieu, c’est adorer Dieu en vérité. Afin de découvrir plus profondément ce qu’est la louange, découvrons ses trois principales formes, qui se nourrissent les unes aux autres et se complètent : la louange comme exaltation vécue collectivement, la louange comme sacrifice où le Christ se fait louange, et enfin la louange comme Gloire, vocation de tout chrétien.

I. La louange comme exaltation
La louange est très ancienne, et l’on peut voir très tôt dans l’histoire d’Israël ce mouvement d’élévation de l’esprit vers Dieu. Elle existe, d’après la Bible, avant même la création de l’homme : « Où étais-tu quand je posais les fondements de la terre ?… Quand les astres du matin chantaient en chœur, et que tous les fils de Dieu poussaient des cris d’allégresse ? » (Livre de Job 38, 4 – 7).
L’histoire d’Israël montre la place centrale de la louange, l’adoration de Dieu, à travers les chants et les hymnes dans des exaltations de joies. Il suffit de constater la place des Psaumes dans la Bible ou encore les danses du roi David autour de l’arche :
« David dit alors aux officiers des lévites de placer leurs frères les chantres, avec tous les instruments d’accompagnement, cithares, lyres et cymbales ; on les entendait retentir d’une musique qui remplissait de liesse. » (1 Ch 15, 16) et « David, revêtu d’un manteau de byssus, dansait en tournoyant ainsi que tous les lévites porteurs de l’arche, les chantres et Kenanya l’officier chargé du transport. » (1 Ch 15, 27).
La louange est une prière à Dieu par la musique et la danse, dans une prière d’adoration au père. La louange est donc une forme de prière très ancienne qui conduit à louer Dieu par la joie, cette joie n’étant pas une excitation mais une joie profonde du cœur de l’homme envers son Dieu d’Amour.

II. La louange comme sacrifice.
L’autre forme de louange, est celle du Sacrifice. L’histoire du peuple hébraïque nous permet de découvrir de manière plus profonde en quoi consiste le sacrifice de louange : Quand le peuple d’Israël est prisonnier d’Egypte, Dieu se souvient de son alliance et intervient pour sauver son peuple (Exode 2, 24-25). Louange SacrificeIl se manifeste et libère son peuple de l’esclavage d’Egypte par Moïse. Il conduit alors le peuple de Dieu dans le mont Sinaï. Dieu convoque le peuple autour de Moïse et donne une nouvelle alliance, une nouvelle loi. Il choisit alors Israël comme son peuple. Le peuple d’Israël répond à cette nouvelle alliance en affirmant « Tout ce qu’Adonaï a dit, nous le ferons et nous y obéirons » (Exode 24, 7). Moïse signe cette nouvelle alliance par un « sacrifice de communion » : Le sang d’un animal est versé sur le peuple.
Ce sacrifice de louange, cette adoration de Dieu par le sacrifice, est entièrement renouvelé dans le sacrifice du Christ sur la croix. Le Christ devient l’agneau sacrifié pour nos péchés. La célébration de la Cène est le signe de ce sacrifice du Christ, signe de cette nouvelle alliance, où le Christ devient ce sacrifice de louange au Père.
« L’Eucharistie, sacrement de notre salut accompli par le Christ sur la croix, est aussi un sacrifice de louange en action de grâce pour l’œuvre de la création. Dans le sacrifice eucharistique, toute la création aimée par Dieu est présentée au Père à travers la mort et la résurrection du Christ. Par le Christ, l’Église peut offrir le sacrifice de louange en action de grâce pour tout ce que Dieu a fait de bon, de beau et de juste dans la création et dans l’humanité. »

Catéchisme de L’Eglise catholique n°1359
La lettre aux Hébreux (He 13,15) nous parle de « sacrifice de louange » pour parler de ce sacrifice du Christ.. La plus parfaite louange auquelle nous participons est la louange de la Messe.

III. La louange : une gloire.
« C’est en lui encore que nous avons été mis à part, désigné d’avance, selon son plan préétabli de Celui qui mène toutes les choses au gré de sa volonté, pour être, à la louange de sa gloire, ceux qui ont par avance espéré dans le Christ ».

Saint Paul dans l’Épître aux Éphésiens, 1 – 11
La louange est la finalité même de la vie chrétienne. La Bienheureuse Elisabeth de la Trinité a vécu avec profondeur ce mystère et cette vocation de louange de gloire, une vocation qui commence sur la Terre mais ne finie jamais. La louange de gloire est notre vocation éternelle, celle à laquelle nous sommes tous appelés. Non seulement à participer à la louange, mais à devenir une louange :
Une louange de gloire, c’est une âme qui demeure en Dieu, qui l’aime d’un amour pur et désintéressé, sans se rechercher dans la douceur de cet amour ; qui l’aime par-dessus tous ses dons et quand même elle n’aurait rien reçu de Lui, et qui désire du bien à l’Objet ainsi aimé. Or comment désirer et vouloir effectivement du bien à Dieu si ce n’est en accomplissant sa volonté, puisque cette volonté ordonne toutes choses pour sa plus grande gloire ? Donc cette âme doit s’y livrer pleinement, éperdument, jusqu’à ne plus vouloir autre chose que ce que Dieu veut.
Une louange de gloire, c’est une âme de silence qui se tient comme une lyre sous la touche mystérieuse de l’Esprit Saint afin qu’Il en fasse sortir des harmonies divines ; elle sait que la souffrance est une corde qui produit des sons plus beaux encore, aussi elle aime la voir à son instrument afin de remuer plus délicieusement le Cœur de son Dieu.
Une louange de gloire, c’est une âme qui fixe Dieu dans la foi et la simplicité ; c’est un réflecteur de tout ce qu’Il est ; c’est comme un abîme sans fond dans lequel Il peut s’écouler, s’épancher ; c’est aussi comme un cristal au travers duquel Il peut rayonner et contempler toutes ses perfections et sa propre splendeur. Une âme qui permet ainsi à l’être divin de rassasier en elle son besoin de communiquer » tout ce qu’Il est et tout ce qu’Il a », est en réalité la louange de gloire de tous ses dons.
Enfin une louange de gloire est un être toujours dans l’action de grâces. Chacun de ses actes, de ses mouvements, chacune de ses pensées, de ses aspirations, en même temps qu’ils l’enracinent plus profondément en l’amour, sont comme un écho du Sanctus éternel. »

Élisabeth de la Trinité dans le Ciel dans la Foi

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