Archive pour novembre, 2014

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AU PARLEMENT EUROPÉEN – Strasbourg 2014

26 novembre, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2014/november/documents/papa-francesco_20141125_strasburgo-parlamento-europeo.html

VISITE DU SAINT-PÈRE AU PARLEMENT EUROPÉEN ET AU CONSEIL DE L’EUROPE

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AU PARLEMENT EUROPÉEN

Strasbourg

Mardi 25 novembre 2014

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Vice-présidents,
Honorables Députés Européens,
Personnes qui travaillent à des titres divers dans cet hémicycle,
Chers amis,

Je vous remercie pour l’invitation à prendre la parole devant cette institution fondamentale de la vie de l’Union Européenne, et pour l’opportunité qui m’est offerte de m’adresser, à travers vous, à plus de cinq cents millions de citoyens des 28 pays membres que vous représentez. Je désire exprimer une gratitude particulière à vous, Monsieur le Président du Parlement, pour les paroles cordiales de bienvenue que vous m’avez adressées, au nom de tous les membres de l’Assemblée.
Ma visite a lieu plus d’un quart de siècle après celle accomplie par le Pape Jean Paul II. Beaucoup de choses ont changé depuis lors, en Europe et dans le monde entier. Les blocs opposés qui divisaient alors le continent en deux n’existent plus, et le désir que « l’Europe, se donnant souverainement des institutions libres, puisse un jour se déployer aux dimensions que lui ont données la géographie et plus encore l’histoire »[1], se réalise lentement.
À côté d’une Union Européenne plus grande, il y a aussi un monde plus complexe, et en fort mouvement. Un monde toujours plus interconnecté et globalisé, et donc de moins en moins « eurocentrique ». À une Union plus étendue, plus influente, semble cependant s’adjoindre l’image d’une Europe un peu vieillie et comprimée, qui tend à se sentir moins protagoniste dans un contexte qui la regarde souvent avec distance, méfiance, et parfois avec suspicion.
En m’adressant à vous aujourd’hui, à partir de ma vocation de pasteur, je désire adresser à tous les citoyens européens un message d’espérance et d’encouragement.
Un message d’espérance fondé sur la confiance que les difficultés peuvent devenir des promotrices puissantes d’unité, pour vaincre toutes les peurs que l’Europe – avec le monde entier – est en train de traverser. L’espérance dans le Seigneur qui transforme le mal en bien, et la mort en vie.
Encouragement pour revenir à la ferme conviction des Pères fondateurs de l’Union Européenne, qui ont souhaité un avenir fondé sur la capacité de travailler ensemble afin de dépasser les divisions, et favoriser la paix et la communion entre tous les peuples du continent. Au centre de cet ambitieux projet politique il y avait la confiance en l’homme, non pas tant comme citoyen, ni comme sujet économique, mais en l’homme comme personne dotée d’une dignité transcendante.
Je tiens avant tout à souligner le lien étroit qui existe entre ces deux paroles : « dignité » et « transcendante ».
La « dignité » est une parole-clé qui a caractérisé la reprise du second après guerre. Notre histoire récente se caractérise par l’indubitable centralité de la promotion de la dignité humaine contre les violences multiples et les discriminations qui, même en Europe, n’ont pas manqué dans le cours des siècles. La perception de l’importance des droits humains naît justement comme aboutissement d’un long chemin, fait de multiples souffrances et sacrifices, qui a contribué à former la conscience du caractère précieux, de l’unicité qu’on ne peut répéter de toute personne humaine individuelle. Cette conscience culturelle trouve son fondement, non seulement dans les évènements de l’histoire, mais surtout dans la pensée européenne, caractérisée par une riche rencontre, dont les nombreuses sources lointaines proviennent « de la Grèce et de Rome, de fonds celtes, germaniques et slaves, et du christianisme qui l’a profondément pétrie»[2], donnant lieu justement au concept de « personne ».
Aujourd’hui, la promotion des droits humains joue un rôle central dans l’engagement de l’Union Européenne, en vue de favoriser la dignité de la personne, en son sein comme dans ses rapports avec les autres pays. Il s’agit d’un engagement important et admirable, puisque trop de situations subsistent encore dans lesquelles les êtres humains sont traités comme des objets dont on peut programmer la conception, la configuration et l’utilité, et qui ensuite peuvent être jetés quand ils ne servent plus, parce qu’ils deviennent faibles, malades ou vieux.
Quelle dignité existe vraiment, quand manque la possibilité d’exprimer librement sa pensée ou de professer sans contrainte sa foi religieuse ? Quelle dignité est possible, sans un cadre juridique clair, qui limite le domaine de la force et qui fasse prévaloir la loi sur la tyrannie du pouvoir ? Quelle dignité peut jamais avoir un homme ou une femme qui fait l’objet de toute sorte de discriminations ? Quelle dignité pourra jamais avoir une personne qui n’a pas de nourriture ou le minimum nécessaire pour vivre et, pire encore, qui n’a pas le travail qui l’oint de dignité ?
Promouvoir la dignité de la personne signifie reconnaître qu’elle possède des droits inaliénables dont elle ne peut être privée au gré de certains, et encore moins au bénéfice d’intérêts économiques.
Mais il convient de faire attention pour ne pas tomber dans des équivoques qui peuvent naître d’un malentendu sur le concept de droits humains et de leur abus paradoxal. Il y a en effet aujourd’hui la tendance à une revendication toujours plus grande des droits individuels – je suis tenté de dire individualistes –, qui cache une conception de la personne humaine détachée de tout contexte social et anthropologique, presque comme une « monade » (µ????), toujours plus insensible aux autres « monades » présentes autour de soi. Au concept de droit, celui – aussi essentiel et complémentaire – de devoir, ne semble plus associé, de sorte qu’on finit par affirmer les droits individuels sans tenir compte que tout être humain est lié à un contexte social dans lequel ses droits et devoirs sont connexes à ceux des autres et au bien commun de la société elle-même.
Par conséquent je considère qu’il est plus que jamais vital d’approfondir aujourd’hui une culture des droits humains qui puisse sagement relier la dimension individuelle, ou mieux, personnelle, à celle de bien commun, de ce « nous-tous » formé d’individus, de familles et de groupes intermédiaires qui s’unissent en communauté sociale[3]. En effet, si le droit de chacun n’est pas harmonieusement ordonné au bien plus grand, il finit par se concevoir comme sans limites et, par conséquent, devenir source de conflits et de violences.
Parler de la dignité transcendante de l’homme signifie donc faire appel à sa nature, à sa capacité innée de distinguer le bien du mal, à cette « boussole » inscrite dans nos cœurs et que Dieu a imprimée dans l’univers créé[4] ; cela signifie surtout de regarder l’homme non pas comme un absolu, mais comme un être relationnel. Une des maladies que je vois la plus répandue aujourd’hui en Europe est la solitude, précisément de celui qui est privé de liens. On la voit particulièrement chez les personnes âgées, souvent abandonnées à leur destin, comme aussi chez les jeunes privés de points de référence et d’opportunités pour l’avenir ; on la voit chez les nombreux pauvres qui peuplent nos villes ; on la voit dans le regard perdu des migrants qui sont venus ici en recherche d’un avenir meilleur.
Cette solitude a été ensuite accentuée par la crise économique, dont les effets perdurent encore, avec des conséquences dramatiques du point de vue social. On peut constater qu’au cours des dernières années, à côté du processus d’élargissement de l’Union Européenne, s’est accrue la méfiance des citoyens vis-à-vis des institutions considérées comme distantes, occupées à établir des règles perçues comme éloignées de la sensibilité des peuples particuliers, sinon complètement nuisibles. D’un peu partout on a une impression générale de fatigue, de vieillissement, d’une Europe grand-mère et non plus féconde et vivante. Par conséquent, les grands idéaux qui ont inspiré l’Europe semblent avoir perdu leur force attractive, en faveur de la technique bureaucratique de ses institutions.
À cela s’ajoutent des styles de vie un peu égoïstes, caractérisés par une opulence désormais insoutenable et souvent indifférente au monde environnant, surtout aux plus pauvres. On constate avec regret une prévalence des questions techniques et économiques au centre du débat politique, au détriment d’une authentique orientation anthropologique[5]. L’être humain risque d’être réduit à un simple engrenage d’un mécanisme qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser, de sorte que – nous le remarquons malheureusement souvent – lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme elle est éliminée sans trop de scrupule, comme dans le cas des malades, des malades en phase terminale, des personnes âgées abandonnées et sans soin, ou des enfants tués avant de naître.
C’est une grande méprise qui advient « quand l’absolutisation de la technique prévaut »[6], ce qui finit par produire « une confusion entre la fin et moyens »[7]. Résultat inévitable de la « culture du déchet » et de la « mentalité de consommation exagérée ». Au contraire, affirmer la dignité de la personne c’est reconnaître le caractère précieux de la vie humaine, qui nous est donnée gratuitement et qui ne peut, pour cette raison, être objet d’échange ou de commerce. Dans votre vocation de parlementaires, vous êtes aussi appelés à une grande mission, bien qu’elle puisse sembler inutile : prendre soin de la fragilité, de la fragilité des peuples et des personnes. Prendre soin de la fragilité veut dire force et tendresse, lutte et fécondité, au milieu d’un modèle fonctionnaliste et privatisé qui conduit inexorablement à la « culture du déchet ». Prendre soin de la fragilité de la personne et des peuples signifie garder la mémoire et l’espérance ; signifie prendre en charge la personne présente dans sa situation la plus marginale et angoissante et être capable de l’oindre de dignité[8].
Comment donc redonner espérance en l’avenir, de sorte que, à partir des jeunes générations, on retrouve la confiance afin de poursuivre le grand idéal d’une Europe unie et en paix, créative et entreprenante, respectueuse des droits et consciente de ses devoirs ?
Pour répondre à cette question, permettez-moi de recourir à une image. Une des fresques les plus célèbres de Raphaël qui se trouvent au Vatican représente la dite École d’Athènes. Au centre se trouvent Platon et Aristote. Le premier a le doigt qui pointe vers le haut, vers le monde des idées, nous pourrions dire vers le ciel ; le second tend la main en avant, vers celui qui regarde, vers la terre, la réalité concrète. Cela me parait être une image qui décrit bien l’Europe et son histoire, faite de la rencontre continuelle entre le ciel et la terre, où le ciel indique l’ouverture à la transcendance, à Dieu, qui a depuis toujours caractérisé l’homme européen, et la terre qui représente sa capacité pratique et concrète à affronter les situations et les problèmes.
L’avenir de l’Europe dépend de la redécouverte du lien vital et inséparable entre ces deux éléments. Une Europe qui n’a plus la capacité de s’ouvrir à la dimension transcendante de la vie est une Europe qui lentement risque de perdre son âme, ainsi que cet « esprit humaniste » qu’elle aime et défend cependant.
Précisément à partir de la nécessité d’une ouverture au transcendant, je veux affirmer la centralité de la personne humaine, qui se trouve autrement à la merci des modes et des pouvoirs du moment. En ce sens j’estime fondamental, non seulement le patrimoine que le christianisme a laissé dans le passé pour la formation socioculturelle du continent, mais surtout la contribution qu’il veut donner, aujourd’hui et dans l’avenir, à sa croissance. Cette contribution n’est pas un danger pour la laïcité des États ni pour l’indépendance des institutions de l’Union, mais au contraire un enrichissement. Les idéaux qui l’ont formée dès l’origine le montrent bien: la paix, la subsidiarité et la solidarité réciproque, un humanisme centré sur le respect de la dignité de la personne.
Je désire donc renouveler la disponibilité du Saint Siège et de l’Église catholique – à travers la Commission des Conférences Épiscopales Européennes (COMECE) – pour entretenir un dialogue profitable, ouvert et transparent avec les institutions de l’Union Européenne. De même, je suis convaincu qu’une Europe capable de mettre à profit ses propres racines religieuses, sachant en recueillir la richesse et les potentialités, peut être plus facilement immunisée contre les nombreux extrémismes qui déferlent dans le monde d’aujourd’hui, et aussi contre le grand vide d’idées auquel nous assistons en Occident, parce que « c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence »[9].
Nous ne pouvons pas ici ne pas rappeler les nombreuses injustices et persécutions qui frappent quotidiennement les minorités religieuses, en particulier chrétiennes, en divers endroits du monde. Des communautés et des personnes sont l’objet de violences barbares : chassées de leurs maisons et de leurs patries ; vendues comme esclaves ; tuées, décapitées, crucifiées et brulées vives, sous le silence honteux et complice de beaucoup.
La devise de l’Union Européenne est Unité dans la diversité, mais l’unité ne signifie pas uniformité politique, économique, culturelle ou de pensée. En réalité, toute unité authentique vit de la richesse des diversités qui la composent : comme une famille qui est d’autant plus unie que chacun des siens peut être, sans crainte, davantage soi-même. Dans ce sens, j’estime que l’Europe est une famille des peuples, lesquels pourront sentir les institutions de l’Union proches dans la mesure où elles sauront sagement conjuguer l’idéal de l’unité à laquelle on aspire, à la diversité propre de chacun, valorisant les traditions particulières, prenant conscience de son histoire et de ses racines, se libérant de nombreuses manipulations et phobies. Mettre au centre la personne humaine signifie avant tout faire en sorte qu’elle exprime librement son visage et sa créativité, au niveau des individus comme au niveau des peuples.
D’autre part, les particularités de chacun constituent une richesse authentique dans la mesure où elles sont mises au service de tous. Il faut toujours se souvenir de l’architecture propre de l’Union Européenne, basée sur les principes de solidarité et de subsidiarité, de sorte que l’aide mutuelle prévale, et que l’on puisse marcher dans la confiance réciproque.
Dans cette dynamique d’unité-particularité, se pose à vous, Mesdames et Messieurs les Eurodéputés, l’exigence de maintenir vivante la démocratie, la démocratie des peuples d’Europe. Il est connu qu’une conception uniformisante de la mondialité touche la vitalité du système démocratique, affaiblissant le débat riche, fécond et constructif des organisations et des partis politiques entre eux.
On court ainsi le risque de vivre dans le règne de l’idée, de la seule parole, de l’image, du sophisme… et de finir par confondre la réalité de la démocratie avec un nouveau nominalisme politique. Maintenir vivante la démocratie en Europe demande d’éviter les « manières globalisantes » de diluer la réalité : les purismes angéliques, les totalitarismes du relativisme, les fondamentalismes anhistoriques, les éthiques sans bonté, les intellectualismes sans sagesse[10].
Maintenir vivante la réalité des démocraties est un défi de ce moment historique, en évitant que leur force réelle – force politique expressive des peuples – soit écartée face à la pression d’intérêts multinationaux non universels, qui les fragilisent et les transforment en systèmes uniformisés de pouvoir financier au service d’empires inconnus. C’est un défi qu’aujourd’hui l’histoire vous lance.
Donner espérance à l’Europe ne signifie pas seulement reconnaître la centralité de la personne humaine, mais implique aussi d’en favoriser les capacités. Il s’agit donc d’y investir ainsi que dans les domaines où ses talents se forment et portent du fruit. Le premier domaine est surement celui de l’éducation, à partir de la famille, cellule fondamentale et élément précieux de toute société. La famille unie, féconde et indissoluble porte avec elle les éléments fondamentaux pour donner espérance à l’avenir. Sans cette solidité, on finit par construire sur le sable, avec de graves conséquences sociales. D’autre part, souligner l’importance de la famille non seulement aide à donner des perspectives et l’espérance aux nouvelles générations, mais aussi aux nombreuses personnes âgées, souvent contraintes à vivre dans des conditions de solitude et d’abandon parce qu’il n’y a plus la chaleur d’un foyer familial en mesure de les accompagner et de les soutenir.
À côté de la famille, il y a les institutions éducatives : écoles et universités. L’éducation ne peut se limiter à fournir un ensemble de connaissances techniques, mais elle doit favoriser le processus plus complexe de croissance de la personne humaine dans sa totalité. Les jeunes d’aujourd’hui demandent à pouvoir avoir une formation adéquate et complète pour regarder l’avenir avec espérance, plutôt qu’avec désillusion. Ensuite, les potentialités créatives de l’Europe dans divers domaines de la recherche scientifique, dont certains ne sont pas encore complètement explorés, sont nombreuses. Il suffit de penser par exemple aux sources alternatives d’énergie, dont le développement servirait beaucoup à la protection de l’environnement.
L’Europe a toujours été en première ligne dans un louable engagement en faveur de l’écologie. Notre terre a en effet besoin de soins continus et d’attentions ; chacun a une responsabilité personnelle dans la protection de la création, don précieux que Dieu a mis entre les mains des hommes. Cela signifie, d’une part, que la nature est à notre disposition, que nous pouvons en jouir et en faire un bon usage ; mais, d’autre part, cela signifie que nous n’en sommes pas les propriétaires. Gardiens, mais non propriétaires. Par conséquent, nous devons l’aimer et la respecter, tandis qu’« au contraire, nous sommes souvent guidés par l’orgueil de dominer, de posséder, de manipuler, d’exploiter; nous ne la “gardons” pas, nous ne la respectons pas, nous ne la considérons pas comme un don gratuit dont il faut prendre soin»[11]. Respecter l’environnement signifie cependant non seulement se limiter à éviter de le défigurer, mais aussi l’utiliser pour le bien. Je pense surtout au secteur agricole, appelé à donner soutien et nourriture à l’homme. On ne peut tolérer que des millions de personnes dans le monde meurent de faim, tandis que des tonnes de denrées alimentaires sont jetées chaque jour de nos tables. En outre, respecter la nature, nous rappelle que l’homme lui-même en est une partie fondamentale. À côté d’une écologie environnementale, il faut donc une écologie humaine, faite du respect de la personne, que j’ai voulu rappeler aujourd’hui en m’adressant à vous.
Le deuxième domaine dans lequel fleurissent les talents de la personne humaine, c’est le travail. Il est temps de favoriser les politiques de l’emploi, mais il est surtout nécessaire de redonner la dignité au travail, en garantissant aussi d’adéquates conditions pour sa réalisation. Cela implique, d’une part, de repérer de nouvelles manières de conjuguer la flexibilité du marché avec les nécessités de stabilité et de certitude des perspectives d’emploi, indispensables pour le développement humain des travailleurs ; d’autre part, cela signifie favoriser un contexte social adéquat, qui ne vise pas l’exploitation des personnes, mais à garantir, à travers le travail, la possibilité de construire une famille et d’éduquer les enfants.
De même, il est nécessaire d’affronter ensemble la question migratoire. On ne peut tolérer que la Mer Méditerranéenne devienne un grand cimetière ! Dans les barques qui arrivent quotidiennement sur les côtes européennes, il y a des hommes et des femmes qui ont besoin d’accueil et d’aide. L’absence d’un soutien réciproque au sein de l’Union Européenne risque d’encourager des solutions particularistes aux problèmes, qui ne tiennent pas compte de la dignité humaine des immigrés, favorisant le travail d’esclave et des tensions sociales continuelles. L’Europe sera en mesure de faire face aux problématiques liées à l’immigration si elle sait proposer avec clarté sa propre identité culturelle et mettre en acte des législations adéquates qui sachent en même temps protéger les droits des citoyens européens et garantir l’accueil des migrants ; si elle sait adopter des politiques justes, courageuses et concrètes qui aident leurs pays d’origine dans le développement sociopolitique et dans la résolution des conflits internes – cause principale de ce phénomène – au lieu des politiques d’intérêt qui accroissent et alimentent ces conflits. Il est nécessaire d’agir sur les causes et non seulement sur les effets.

Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs les Députés,
La conscience de sa propre identité est nécessaire aussi pour dialoguer de manière prospective avec les États qui ont demandé d’entrer pour faire partie de l’Union Européenne à l’avenir. Je pense surtout à ceux de l’aire balkanique pour lesquels l’entrée dans l’Union Européenne pourra répondre à l’idéal de paix dans une région qui a grandement souffert des conflits dans le passé. Enfin, la conscience de sa propre identité est indispensable dans les rapports avec les autres pays voisins, particulièrement avec ceux qui bordent la Méditerranée, dont beaucoup souffrent à cause de conflits internes et de la pression du fondamentalisme religieux ainsi que du terrorisme international.
À vous législateurs, revient le devoir de protéger et de faire grandir l’identité européenne, afin que les citoyens retrouvent confiance dans les institutions de l’Union et dans le projet de paix et d’amitié qui en est le fondement. Sachant que « plus grandit le pouvoir de l’homme plus s’élargit le champ de ses responsabilités, personnelles et communautaires »[12]. Je vous exhorte donc à travailler pour que l’Europe redécouvre sa bonne âme.
Un auteur anonyme du IIème siècle a écrit que « les chrétiens représentent dans le monde ce qu’est l’âme dans le corps » [13]. Le rôle de l’âme est de soutenir le corps, d’en être la conscience et la mémoire historique. Et une histoire bimillénaire lie l’Europe et le christianisme. Une histoire non exempte de conflits et d’erreurs, et aussi de péchés, mais toujours animée par le désir de construire pour le bien. Nous le voyons dans la beauté de nos villes, et plus encore dans celle des multiples œuvres de charité et d’édification humaine commune qui parsèment le continent. Cette histoire, en grande partie, est encore à écrire. Elle est notre présent et aussi notre avenir. Elle est notre identité. Et l’Europe a fortement besoin de redécouvrir son visage pour grandir, selon l’esprit de ses Pères fondateurs, dans la paix et dans la concorde, puisqu’elle-même n’est pas encore à l’abri de conflits.
Chers Eurodéputés, l’heure est venue de construire ensemble l’Europe qui tourne, non pas autour de l’économie, mais autour de la sacralité de la personne humaine, des valeurs inaliénables ; l’Europe qui embrasse avec courage son passé et regarde avec confiance son avenir pour vivre pleinement et avec espérance son présent. Le moment est venu d’abandonner l’idée d’une Europe effrayée et repliée sur elle-même, pour susciter et promouvoir l’Europe protagoniste, porteuse de science, d’art, de musique, de valeurs humaines et aussi de foi. L’Europe qui contemple le ciel et poursuit des idéaux ; l’Europe qui regarde, défend et protège l’homme ; l’Europe qui chemine sur la terre sûre et solide, précieux point de référence pour toute l’humanité !

Merci.

[1] Jean Paul II, Discours au Parlement Européen, 11 octobre 1988, n. 5.
[2] Jean-Paul II, Discours à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, 8 octobre 1988.
[3] Cf. Benoît XVI, Caritas in veritate, n. 7 ; Conc. Œcum. Vat. II, Const. Past. Gaudium et spes, n. 26.
[4] Cf. Compendiumde la Doctrine Sociale de l’Église, n. 37.
[5] Cf. Evangelii gaudium, n. 55.
[6]Benoît XVI, Caritas in veritate, n. 71.
[7]Ibid.[8] Cf. Evangelii gaudium, n. 209.
[9] Benoît XVI, Discours aux Membres du Corps Diplomatique, 7 janvier 2013.
[10]Cf. Evangelii gaudium, n. 231.
[11]François, Audience générale, 5 juin 2013.
[12]Gaudium et spes, 34.
[13]Cf. Lettre à Diognète, 6.

Père Jacques Alberione

25 novembre, 2014

Père Jacques Alberione dans images sacrée

http://hellburns.blogspot.it/2012/03/how-i-review-film.html#.VHS8lzSG_84

26 NOVEMBRE: JACQUES ALBERIONE (1884-1971)

25 novembre, 2014

http://www.vatican.va/news_services/liturgy/saints/ns_lit_doc_20030427_alberione_fr.html

26 NOVEMBRE: JACQUES ALBERIONE (1884-1971)

Le Père Jacques Alberione, Fondateur de la Famille Paulinienne, aura été l’un des plus créatifs apôtres du XXè siècle. Il est né à San Lorenzo di Fossano (Cuneo), le 4 avril 1884 et reçut le baptême le lendemain même. La famille, composée par Michel Alberione, Thérèse Allocco et six enfants, était de condition paysanne, profondément chrétienne et laborieuse.
Le petit Jacques, quatrième enfant de la famille, ressent assez tôt l’appel de Dieu: en première année élémentaire, ayant été interrogé par la maîtresse sur ce qu’il ferait quand il serait grand, il répond: “Je me ferai prêtre”. Les années de l’enfance s’orientèrent dans cette perspective.
La famille s’est transférée ensuite à la localité de Cherasco, paroisse San Martino, diocèse de Alba. Le curé, don Montersino, aide le jeune adolescent à prendre conscience et à répondre à l’appel de Dieu. A 16 ans, Jacques est admis au Séminaire de Alba et y fera vite la rencontre avec celui qui sera son père, son guide, son ami et son conseiller pendant 46 ans: le chanoine Francesco Chiesa.
Vers la fin de l’Année Sainte 1900, déjà interpellé par l’Encyclique de Léon XIII “Tametsi futura”, Jacques fait l’expérience la plus décisive de son existence. C’était la nuit du 31 décembre 1900 qui séparait les deux siècles; il reste en prière pendant quatre heures devant le Très Saint Sacrement et à la lumière de Dieu projète son avenir. Une “lumière particulière” lui vient de l’Hostie et à partir de ce moment-là il se sent “profondément obligé de faire quelque chose pour le Seigneur et pour les hommes du nouveau siècle”: “obligé à servir l’Eglise” avec les moyens nouveaux offerts par l’intelligence humaine.

L’itinéraire du jeune Alberione se poursuit intensément pendant les années d’étude de la philosophie et de la théologie. Le 29 juin 1907 il est ordonné prêtre. Il connaîtra ensuite une brève mais décisive expérience pastorale à Narzole (Cuneo) en tant que Vice-curé. C’est là qu’il rencontre un jeune appelé Giuseppe Giaccardo, qui deviendra pour lui ce que Timothée signifia pour l’Apôtre Paul. Et c’est toujours à Narzole que le Père Alberione a mûri la compréhension de ce que peut faire la femme associée dans l’apostolat.
Au Séminaire de Alba, il assume aussi les fonctions de directeur spirituel des séminaristes, les grands et les petits, et enseigne différentes matières. Il se prête pour la prédication, la catéchèse et les conférences dans les paroisses du diocèse. Il consacre aussi une bonne partie de son temps à l’étude sur la situation de la société civile et ecclésiale de son temps et sur les nouvelles nécessités qui pointaient à l’horizon.
Il comprend que le Seigneur est en train de le guider vers une nouvelle mission: prêcher l’Evangile à tous les peuples, selon l’Esprit de l’Apôtre Paul, utilisant les moyens modernes de la communication. Ces orientations sont consignées dans deux de ses livres: Appunti di teologia pastorale (1912) e La donna associata allo zelo sacerdotale (1911-1915).
Une telle mission, pour avoir charisme et continuité, doit être assumée par des personnes consacrées, puisque “les oeuvres de Dieu se font avec les hommes de Dieu”. C’est ainsi que, le 20 août 1914, au moment où, à Rome, mourait le Pape Pie X, à Alba le Père Alberione donnait le coup d’envoi à la “Famille Paulinienne” avec la fondation de la Société Saint Paul. Les débuts sont très pauvres, selon la pédagogie divine: “partir toujours de la crèche”.
Pour son œuvre, le Père Alberione s’inspire du modèle de la famille humaine. Une famille composée de frères et de sœurs. La première femme qui suit le Père Alberione est une jeune fille d’une vingtaine d’années, née à Castagnito (Cuneo): Teresa Merlo. Avec son appui, le Père Alberione fonde la congrégation des Filles de Saint Paul (1915). Peu à peu, la “Famille” se développe, les vocations masculines et féminines augmentent, l’apostolat se définit et prend forme.
En 1918 (décembre) un premier groupe des “filles” est détaché pour aller à Susa. C’est ainsi que commence une courageuse histoire composée de foi et d’esprit d’initiative, qui engendre même un style caractéristique propre: “à la paulinienne”. Ce parcours semble ralentir lorsque, en 1923, le Père Alberione tombe gravement malade et les avis des médecins ne laissent aucun espoir. Mais le Fondateur reprend miraculeusement le chemin: “Saint Paul m’a guéri”, racontera-t-il ultérieurement. C’est à partir de cette période que l’on trouvera, dans toutes les chapelles pauliniennes, les phrases que par rêve ou révélation le Maître Divin adressa au Fondateur: “Ne craignez pas – Je suis avec vous – D’ici je veux éclairer – Vivez dans la conversion continuelle”.
L’année suivante (1924) naît la deuxième congrégation féminine: les Surs Disciples du Divin Maître, pour l’apostolat eucharistique, sacerdotal et liturgique. Pour conduire cette nouvelle congrégation le Père Alberione choisit une jeune sœur: M. Scolastica Rivata, décédée à plus de 90 ans en odeur de sainteté.
Sur le plan apostolique, le Père Alberione encourage l’impression d’éditions populaires des Livres sacrés et s’oriente vers les formes les plus rapides pour faire parvenir le message du Christ aux lointains: les journaux. Déjà en 1912 était née la revue Vita Pastorale, destinée aux curés; en 1931 naît la revue Famiglia cristiana, un hebdomadaire ayant comme but de nourrir la vie chrétienne des familles. Viendront ensuite: La Madre di Dio (1933), “pour révéler aux âmes la beauté et la grandeur de Marie”; Pastor bonus (1937), revue mensuelle en langue latine; Via, Verità e Vita (1952), revue mensuelle pour la connaissance et l’enseignement de la doctrine chrétienne; La Vita in Cristo e nella Chiesa (1952), avec le but de faire “connaître les trésors de la liturgie, diffuser tout ce qui sert à la Liturgie, vivre la liturgie selon l’Eglise. Mais le Père Alberione pensa aussi aux jeunes: à leur intention il a fait publier Il Giornalino.
Il s’implique directement pour la construction du grand temple en l’honneur de Saint Paul, à Alba. S’ensuivront deux autres temples à Jésus Maître (Alba et Rome) et le Sanctuaire à la Reine des Apôtres (Rome). L’objectif poursuivi est surtout celui de sortir des limites locales ou nationales. En 1926 naît la première maison filiale à Rome, suivie au cours des années successives par tant d’autres fondations en Italie et par le monde.
Dans l’entre-temps, l’œuvre spirituelle grandit elle aussi. Le Fondateur transmet l’esprit de piété à travers les “dévotions”, chargées d’un profond sens apostolique: A Jésus Maître et Pasteur “Voie, Vérité et Vie”, à Marie Mère, Educatrice et Reine des Apôtres; à Saint Paul Apôtre. Et c’est justement en base de cette référence à l’Apôtre que le Père Alberione offre à l’Eglise les 9 institutions fondées sous l’appellation de “Famille Paulinienne”. Pour le Fondateur, le premier engagement doit être la pleine configuration avec le Christ: accueillir le Christ total Voie, Vérité et Vie, dans toute la personne, intelligence, volonté, cœur, forces physiques. Ces orientations parurent dans une petite plaquette intitulée Donec formetur Christus in vobis (1932).
Au mois d’octobre 1938, le Père Alberione fonda la troisième congrégation féminine: les Sœurs de Jésus Bon Pasteur ou “Pastourelles”, destinées à l’apostolat pastoral direct et collaboratrices des Pasteurs.
Pendant la pause forcée de la seconde guerre mondiale (1940-1945), le Fondateur ne s’arrête pas dans son parcours spirituel. Il accueille progressivement la lumière de Dieu, dans un climat d’adoration et de contemplation. Comme en témoignent ses Taccuini (bloc-notes) spirituels, dans lesquels le Père Alberione consignait ses inspirations ainsi que les moyens à adopter pour répondre au projet de Dieu. Et c’est dans cette atmosphère spirituelle que prennent forme les méditations que chaque jour il prêche à ses fils et à ses filles, les directives pour l’apostolat, la prédication d’un grand nombre de récollections et de retraites spirituelles (recueillis dans autant de petits volumes). L’empressement du Fondateur est toujours le même: faire comprendre à tous que “la première tâche dans la Famille Paulinienne sera la sainteté de la vie, la deuxième la sainteté de la doctrine”. C’est dans cette perspective que doit être compris son Projet d’une Encyclopédie sur Jésus Maître (1959).
En 1954, rappelant le 40éme anniversaire de fondation, le Père Alberione accepta pour la première fois qu’on écrive sur sa vie dans une brochure intitulée Mi protendo in avanti et acquiesce à la demande de fournir quelques notes personnelles sur les origines de la fondation. C’est de cette manière que vit le jour le petit volume Abundantes divitiae gratiae suae, considéré comme “l’histoire charismatique de la Famille Paulinienne”. Une Famille qui continua à se compléter entre 1957 et 1960, avec la fondation de la quatrième congrégation féminine, l’Institut Regina Apostolorum pour les Vocations (Sœurs de la Reine des Apôtres), et les Instituts de vie séculaire consacrée: Saint Gabriel Archange, Marie de l’Annonciation, Jésus Prêtre et Sainte Famille. En total 10 institutions (y compris les Coopérateurs Pauliniens) unies entre elles par le même idéal de sainteté et d’apostolat: l’avènement du Christ “Voie, Vérité et Vie” dans le monde, à travers les instruments de la communication sociale.
Entre les années 1962 et 1965, le Père Alberione est protagoniste silencieux mais attentif du Concile Vatican II, participant chaque jour à ses sessions. Mais, il connaît aussi d’autres épreuves douloureuses: la mort prématurée de ses deux premiers collaborateurs, Timothée Giaccardo (1948) et Tecla Merlo (1964); le souci pour les communautés en difficulté et, pour lui personnellement, une crucifiante scoliose qui le tourmentait jour et nuit.
Il vécut 87 ans. Ayant accompli l’œuvre que Dieu lui avait confiée, le 26 novembre 1971 laissa la terre pour prendre son poste dans la Maison du Père. Ses derniers moments ont été réconfortés par la visite et la bénédiction du Pape Paul VI, un pape qui n’a jamais caché son admiration et sa vénération envers le Père Alberione. En effet, le témoignage que ce Pontife livra lors de l’audience qu’il accorda à la Famille Paulinienne le 28 juin 1969 est émouvant (le Fondateur avait 85 ans):
“Le voici, humble, silencieux, infatigable, toujours vigilant, toujours recueilli en ses pensées qui courent de la prière à l’action (selon la formule traditionnelle ‘ora et labora’), toujours attentif à scruter les signes des temps, c’est-à-dire, les formes les plus géniales pour arriver aux âmes. Notre Père Alberione a donné à l’Eglise de nouveaux moyens d’amplifier et de revigorer son apostolat, de nouvelles capacités et une nouvelle conscience de la valeur et de la possibilité de sa mission dans le monde moderne avec les moyens modernes. Permettez, cher Père Alberione, que le Pape se félicite et vous félicite des peines que vous avez prises infatigablement, fidèlement, au long de nombreuses années et des fruits qu’elles ont portés pour la gloire de Dieu et pour le bien de l’Eglise…”.

Le 25 juin 1996, le Pape Jean Paul II signa le décret reconnaissant les vertus héroïques du futur bienheureux.

 

LA TABLE DU SEIGNEUR // 1 CORINTHIENS 10, 14-22

25 novembre, 2014

http://tharsei.net/assemblee-ou-eglise/pass-bibl-et-comm/table-du-seigneur_4206/

LA TABLE DU SEIGNEUR // 1 CORINTHIENS 10, 14-22

14 C’est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie. 15 Je parle comme à des personnes intelligentes : jugez vous-mêmes de ce que je dis. 16 La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion du sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps du Christ ? 17 Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain. 18 Considérez l’Israël selon la chair : ceux qui mangent les sacrifices n’ont ils pas communion avec l’autel ? 19 Que dis-je donc ? que ce qui est sacrifié à une idole soit quelque chose ? ou qu’une idole soit quelque chose ? 20 [Non], mais que les choses que les nations sacrifient, elles les sacrifient à des démons et non pas à Dieu : or je ne veux pas que vous ayez communion avec les démons. 21 Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur et la coupe des démons ; vous ne pouvez participer à la table du Seigneur et à la table des démons. 22 Provoquons-nous le Seigneur à la jalousie ? Sommes-nous plus forts que lui ?

Le danger de l’idolâtrie (v. 14) était celui auquel les Corinthiens étaient le plus exposé. Ils devaient fuir. Le v. 20 montre l’énormité de l’idolâtrie aux yeux de Dieu en ce que derrière l’idole, il y a un démon.
Dès ce v. 14, un principe est mis en avant : il y a association et communion par le moyen de la table à laquelle nous participons avec ce qui y est placé. Et nous arrivons avec ces versets, le 17ème étant significatif, au cercle intérieur, au corps de Christ, à la vraie assemblée de Dieu, dont ceux qui la composent sont unis ensemble par l’Esprit Saint. La cène en est l’expression. Le v. 17 est comme une parenthèse entre les v. 16 et 18. Tout ce passage nous donne plusieurs exemples de communion : la cène au v. 16; les sacrifices en Israël au v. 18. Le v. 17 est une révélation à part et ce passage tout entier est comme une grande leçon de communion. La manière de répondre à l’invitation du Seigneur et celle de le faire détermine avec qui l’on peut et l’on doit rompre le pain. De ce principe ressort nécessairement le fait que tous ceux qui participent ensemble à la cène à une table quelconque sont solidaires ensemble de tout ce qui caractérise cette table …. et sont chacun responsable sciemment ou non de tout ce qui se rattache au terrain sur laquelle cette table est dressée. Selon la Parole et le v. 17, le terrain doit être l’unité du corps de Christ. Pour y participer, il faut être individuellement dans les conditions requises par le Seigneur; l’Assemblée est responsable de maintenir les droits du Seigneur sur sa propre table. Toute table dressée en dehors du principe énoncé au v. 17 est une table de l’homme. Ce serait faux de dire que c’est une table des démons car ce terme ne s’applique qu’à l’idolâtrie. Pour juger du terrain sur lequel une table repose, il faut remonter à l’origine de son existence : provient-elle d’un schisme, d’un esprit d’indépendance, d’une organisation humaine ? Et bien, répétons que ceux qui sont en communion à une table sont solidaires et responsables, le sachant ou non, du mal quel qu’il soit. Si une personne s’approche de l’Assemblée, pour pouvoir être reçue à la table du Seigneur, il faut qu’elle se purifie personnellement du mal qui se rattache à la table à laquelle elle a participé jusqu’alors. Si ce n’est pas le cas, l’Assemblée accepterait le mal qui se rattache à la table en question et deviendrait solidaire de ce mal. Il va de soit qu’une personne admise à la table du Seigneur ne peut pas retourner ensuite à son ancien état de choses. L’assemblée ne peut pas recevoir temporairement une personne. Citation d’un devancier : la différence de vue ecclésiastique n’est pas une raison suffisante pour exclure une âme mais si quelqu’un voudrait être un jour avec les frères et un autre jour avec d’autres, je ne pourrais pas le permettre et je ne recevrais pas une telle personne. Pour être reçue, une personne qui s’approche doit avoir la confiance de l’assemblée. Une personne qui rompt le pain est aussi sujette à la discipline de la maison de Dieu. En voyant le pain sur la table, nous voyons l’expression du corps entier et nous reconnaissons que tous les croyants font partie du corps de Christ qu’ils soient présents ou non à la table. Heureusement, il n’est pas nécessaire d’attendre que tous les croyants d’une localité veuillent obéir au Seigneur pour rompre le pain à sa table : ceux qui désirent être fidèles ont le privilège de pouvoir se réunir autour de sa table même s’ils ne sont que deux ou trois.
L’épître aux Corinthiens diffère de celle aux Éphésiens autant pour le sujet du “corps” que pour celui de la “maison”. Les Éphésiens nous montre cette Assemblée qui croît pour être un temple saint dans le Seigneur, une habitation de Dieu par l’Esprit, ainsi qu’un corps uni avec la tête glorifiée dans le ciel. Cette assemblée y est aussi présentée comme épouse de Christ. Et bien, dans les Corinthiens, c’est autre chose puisque nous y avons l’assemblée qui est vue comme une maison édifiée par l’homme qui est responsable des matériaux qu’il y introduit et de l’ordre qui doit y régner. Nous y voyons aussi le corps et la maison tels qu’ils devraient être et l’homme a tout ce qui est nécessaire pour que ce corps puisse fonctionner et manifester Christ ici-bas. Cette pensée est développée dès le ch. 10, 14 et se poursuit jusqu’à la fin du ch. 14. L’assemblée doit manifester le fonctionnement et l’unité qui appartiennent au corps de Christ. Cela est d’une immense importance car même en étant deux ou trois, nous sommes tenus de montrer l’unité du corps de Christ dans ce monde et l’ordre qui appartient à cette unité. C’est pourquoi, dans les v. 14 à 22, le rôle assigné à la table du Seigneur est très remarquable. En tout premier lieu, il faut ainsi établir que dans ce monde, il y a une manifestation de l’unité du corps de Christ et cette unité existe. Le témoignage rendu à cette unité est ce qui fait la valeur de la cène pour nous, mais une valeur partielle car il y a aussi le côté du mémorial (ch. 11) pour compléter. Si nous ne nous réunissons pas autour de la table du Seigneur, nous montrons alors une indifférence au sujet de la manifestation de l’unité confiée à notre responsabilité. Le corps est un aux yeux de Dieu; il ne l’est plus aux yeux du monde à cause de notre infidélité. Un point important est que des chrétiens peuvent être réunis autour de la table du Seigneur sans manifester l’unité du corps. Ainsi en était-il des Corinthiens dont l’état de l’assemblée a été relevé dans les chapitres précédents. “Communion” a ici le caractère de la participation des croyants, en commun, à toutes les bénédictions qui nous ont été apportées par le sang de Christ : c’est une coupe de bénédiction. On trouve d’abord la coupe et ensuite le pain car c’est le sang de Christ qui nous introduit dans ces bénédictions. Le seul pain est posé sur la table et quand nous le rompons nous manifestons en commun que nous faisons tous ensemble partie de ce seul corps, nous manifestons l’unité. Au ch. 11, le sang et le corps signifient ensemble la mort (le sang séparé du corps). De fausses doctrines, aux yeux d’un grand nombre paraissent moins offensantes que le mal moral, tandis qu’elles le sont davantage pour le Seigneur car elles portent atteinte à son autorité et aux gloires de sa personne adorable. Il peut même y avoir des chrétiens qui n’ont pas de fausses doctrines mais qui admettent à leur table ceux qui en ont. Au sujet de la table des démons, il y a le caractère des démons mais, le principe étant posé, une table qui n’est pas celle du Seigneur peut avoir plusieurs caractères. La bonne table, c’est celle qui a le caractère du Seigneur. C’est un caractère dans le sens de dénomination. Dans la suite de ces v. (v. 20+), la table du Seigneur est mise en contraste avec l’autel juif et en opposition avec la table des démons. Derrière l’idole, il y a les démons. Le chrétien doit en être séparé. Et bien, avons-nous à coeur de manifester l’unité du corps de Christ … ou faisons-nous comme le monde, allant où bon nous semble. Soyons intelligents et ne provoquons pas le Seigneur à jalousie. La cène, à la table du Seigneur, a donc la communion en vue au ch. 10 et le mémorial au ch. 11. Il y a une seule table du Seigneur comme il n’y avait qu’un seul autel en Israël (cf. Deut. 12, 27). Cette table est sainte car c’est celle du Seigneur. Le mal doctrinal et le mal moral doivent en être écartés. Les “or je ne veux pas” (v. 20) et “vous ne pouvez” (v. 21) montrent l’immense importance de la question et le sérieux de l’apôtre en relation avec cela.

La Prière de Jesus dans le Getsemani

24 novembre, 2014

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http://it.wikipedia.org/wiki/Agonia_di_Ges%C3%B9_al_Getsemani

LA CRAINTE DE DIEU – LETTRE DE TAIZÉ : 2004/4

24 novembre, 2014

http://www.taize.fr/fr_article1074.html

LA CRAINTE DE DIEU – LETTRE DE TAIZÉ : 2004/4

Quelle relation avec Dieu expriment les mots craindre Dieu ?
Des mots divers expriment notre relation à Dieu, nous pouvons croire en lui, l’aimer, le servir. Parfois on dit aussi craindre Dieu. Cette expression est difficile à comprendre, mais comme elle n’est pas rare dans la Bible, il vaut la peine de faire l’effort d’une lecture attentive de quelques textes pour essayer de mieux en saisir le sens.
Il y a d’abord la crainte comme arrière-fond de toutes les religions. Les manifestations du divin produisent des émotions fortes, allant jusqu’à la panique et l’effroi. La divinité fascine et effraie en même temps. Pas de rencontre avec l’inconnu et l’inattendu de Dieu sans un moment de saisissement. Il en est ainsi depuis l’apparition de Dieu au Sinaï jusqu’au matin de Pâques : les femmes venues au tombeau vide « avaient peur » (Marc 16,8). Mais, dans la Bible, il n’est presque jamais question de l’émoi suscité par une manifestation divine sans que retentisse aussitôt la parole : « Ne craignez pas. » La crainte religieuse n’est pas une valeur en soi. Elle ne doit pas durer mais laisser place à la confiance.
Dans d’autres contextes, la crainte de Dieu est une réalité durable et non pas passagère. « La crainte du Seigneur est pure, immuable à jamais. » (Psaume 19,10) L’explication de cette crainte immuable n’est pas à chercher dans l’émotion religieuse, mais dans le langage politique de l’époque. Les traités de protection stipulaient que les protégés craindraient et serviraient fidèlement leur protecteur. Dans l’alliance de Dieu avec Israël, les mêmes mots expriment l’engagement de fidélité envers Dieu : « Que te demande le Seigneur ton Dieu, sinon de craindre le Seigneur ton Dieu, de suivre toutes ses voies, de l’aimer, de servir le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur et de toute ton âme ? » (Deutéronome 10,12) Craindre, aimer et servir Dieu sont ici synonymes. La crainte de Dieu n’est plus une émotion mais une attitude stable de fidélité à l’alliance.
Dans les psaumes, craindre le Seigneur, c’est « garder son alliance et se souvenir d’accomplir ses volontés. » (Psaume 103,18) « Ceux qui craignent le Seigneur » forment « la grande assemblée » des fidèles réunis au Temple pour prier et adorer (Psaume 22,26). Dans ce contexte, la crainte du Seigneur correspond à peu près à ce que nous appelons la pratique religieuse. C’est pourquoi elle s’enseigne : « Venez, fils, écoutez-moi, la crainte du Seigneur, je vous l’enseigne. » (Psaume 34,12) « Enseigner la crainte du Seigneur », ce n’est pas du tout susciter la peur, mais c’est enseigner les prières et les commandements, initier à une vie de confiance en Dieu. « Vous qui craignez le Seigneur, ayez confiance en lui. » (Ecclésiastique 2,8)
Tenant compte de l’usage que la Bible fait du mot craindre, on peut, à bien des endroits, le traduire par adorer ou aimer, et traduire la crainte de Dieu par la fidélité.
La crainte de Dieu a-t-elle encore quelque chose à nous dire ?
La réticence actuelle à parler de la crainte de Dieu est sans doute justifiée, tant le langage de la peur a pu rendre méconnaissable le fait que Dieu est amour. Pour éviter ce danger, on se sert, partout où c’est possible, d’un autre vocabulaire. Mais il reste, dans les deux Testaments, des passages où la crainte de Dieu est le mot clef difficilement remplaçable.
Selon le prophète Isaïe, la crainte de Dieu guérit des craintes des hommes. « Oui, ainsi m’a parlé le Seigneur lorsque sa main m’a saisi et qu’il m’a appris à ne pas suivre le chemin de ce peuple. Il m’a dit : Vous n’appellerez pas complot tout ce que ce peuple appelle complot, vous ne partagerez pas ses craintes et vous n’en serez pas terrifiés. C’est le Seigneur que vous proclamerez saint, c’est lui qui sera l’objet de votre crainte et de votre terreur. » (8,11-13) De toute évidence, Isaïe appelle au courage et à la confiance, mais cette confiance, il l’appelle crainte et terreur ! C’est une expression rhétorique, mais plus que cela. Isaïe sait que la peur est incontrôlable. Alors c’est comme s’il disait : « Vous ne pouvez pas ne pas craindre : alors craignez Dieu ! Dirigez donc vers Dieu toute cette énergie qui anime votre peur. » Cette crainte de Dieu qui absorbe les autres craintes n’est pas facile à définir, mais elle est certainement la source d’une grande liberté intérieure.
Un peu plus loin dans le livre d’Isaïe, la crainte de Dieu est un charisme du Messie : « Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur : esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur. » (Isaïe 11,2) Tout autant que la sagesse et la force, la crainte du Seigneur est un don de l’Esprit saint ! Ce même don s’appelle aussi humilité. Craindre le Seigneur, c’est reconnaître en lui la source de tout bien. Cette transparence était au cœur de la vie de Jésus : « Je ne fais rien de moi-même … mais le Père demeurant en moi fait ses œuvres. » (Jean 8,28 et 14,10)
L’apôtre Paul écrit : « Travaillez avec crainte et tremblement à accomplir votre salut, car c’est Dieu qui opère en vous et le vouloir et l’opération même. » (Philippiens 2,12-13) Puisque Paul affirme que le salut vient par la foi, « travailler avec crainte et tremblement à son salut » doit ici exprimer un aspect de la foi. La foi n’est pas une assurance à la légère, mais une confiance toute tremblante : confiance vive, étonnée, vigilante. Notre salut est un miracle que Dieu « opère en nous », c’est pourquoi il demande toute notre attention. « Travailler avec crainte et tremblement » c’est prendre conscience que chaque instant est une rencontre avec Dieu, car à tout moment, Dieu est à l’œuvre en nous.
« Vous qui craignez le Seigneur, louez-le, toute la race de Jacob, glorifiez-le, redoutez-le, toute la race d’Israël. » (Psaume 22,24) Progression étonnante des verbes : « louez, glorifiez, redoutez le Seigneur » ! La crainte est ici la louange arrivée au point où elle ne sait plus que dire : louange devenue étonnement, silence et amour.

L’APÔTRE PAUL CRAINTIF

24 novembre, 2014

http://www.promesses.org/arts/36p175-177f.html

L’APÔTRE PAUL CRAINTIF

Il a été accordé à l’apôtre des manifestations nombreuses et évidentes de la puissance de l’évangile pour le salut des hommes. Certes, les motifs d’avoir confiance lui ont été prodigués. Malgré cela, Paul, pendant sa carrière de chrétien, a été assiégé de craintes réelles, toujours présentes à son esprit: craintes fondées, exigeant prières et veilles. « J’ai été parmi vous dans la faiblesse et dans la crainte » (I Cor. 2: 3). « Je crains que vous ne laissiez vos pensées se corrompre » ; « Je crains que je ne vous trouve pas tels que je voudrais » (II Cor. 11 : 3 et 12 : 20). Paul craignait constamment; ce sentiment était en relation toute particulière avec son travail pour l’évangile. Tout prédicateur désireux de suivre le Maître connaît les mêmes craintes. Il est, d’une manière toute spéciale, le point de mire de Satan, car il défie l’ennemi ; ce dernier cherchera évidemment à le faire taire ou tout au moins à rendre son message sans force.
Voici quelques craintes de l’apôtre:
« De peur qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même désapprouvé » (I Cor. 9 : 27).
Il courait afin de remporter le prix (sa récompense); il asservissait son corps. Une conduite personnelle indigne, une vie non conforme à la vérité auraient amené sa déchéance, le retrait de sa mission ; sa lumière se serait éteinte, sa place comme prédicateur de l’évangile aurait été remise à d’autres. Nous sommes invités à la prudence: « Que celui qui croit être debout prenne garde qu’il ne tombe » (I Cor. 10: 12).
« Afin que je ne m’enorgueillisse pas de l’extraordinaire des révélations » (II Cor. 12: 7).
Les visions et les révélations reçues de la part du Seigneur constituaient un véritable péril ; son succès était aussi son danger. Il dut avoir un « messager de Satan » pour le garder humble devant le Seigneur; une écharde lui fut envoyée pour le souffleter ! L’orgueil de bien parler est peut-être la faute la plus laide parmi celles qui peuvent atteindre le prédicateur. Peu y résistent – alors l’humilité, la qualité la plus prisée, en souffre et disparaît.., l’oeuvre périclite et se meurt
.Il craignait d’être une occasion de chute pour son frère (I Cor. 8: 13).
L’influence du prédicateur est grande; non seulement ce qu’il prêche a de la valeur, mais ce qu’il fait porte aussi du fruit. Dans ce but, et dans ce but seulement, l’apôtre se restreignait, Il se privait de bonnes choses, de choses louables en elles-mêmes. L’exercice de sa liberté chrétienne ne devait pas être une occasion de chute « Que cette liberté ne devienne pas une pierre d’achoppement pour les faibles », car « Christ est mort pour lui ». Combien le prédicateur doit veiller à sa marche (car on l’observe), afin de ne pas faire tomber son frère (Matth. 18: 6).
« Afin que personne ne puisse dire que c’est en mon nom que vous avez été baptisés » (I Cor. 1 : 15).
A Corinthe, quelques personnes disaient: « Je suis de Paul – et moi d’Apollos », etc. Pour éviter ce danger, Paul ne baptisait généralement pas lui-même. « Car, disait-il, nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais nous prêchons le Christ Jésus comme Seigneur » (II Cor. 4 : 5). Dans le travail pour Dieu, il est aisé de mettre en avant sa propre personnalité, de former un groupement autour de sa personne, d’attirer l’attention sur soi plutôt que sur le Seigneur. Car il n’est pas facile. pour un chrétien conscient de ses charismes et de ses capacités, de prendre en tout et partout une attitude non intéressée et de dépouiller le moi, afin d’être un canal spirituel d’où découle l’eau qui vivifie, et de dire avec Jean-Baptiste : « Il faut que lui croisse et que je diminue ».
« M’attachant à évangéliser, non pas là où Christ avait été prêché, afin que je n’édifiasse pas sur le fondement d’autrui » (Rom. 15 : 20).
Il y a du travail pour tous les serviteurs, cependant le danger existe de jouir d’une renommée non méritée. Dans tel endroit, il est facile d’annoncer l’évangile, le défrichage est exécuté, le semeur est allé plus loin ; il y a peu à faire pour rentrer des gerbes, pour annoncer un résultat et s’en prévaloir. « Je me suis fait un point d’honneur de n’annoncer l’évangile que là où le nom de Christ n’avait pas encore été prononcé, afin de ne pas bâtir sur les fondements posés par un autre » (Rom. 15: 20), écrivait l’apôtre. Cela dit, nous n’oublions pas ce verset qui garde sa valeur: « Celui qui sème et celui qui moissonne se réjouissent ensemble » (Jean 4 : 36).
Il craignait de placer un obstacle à la proclamation de la bonne nouvelle de Christ.
« Si nous avons semé pour vous des biens spirituels, est-ce beaucoup que nous moissonnions de vos biens matériels? » (1 Cor. 11 : 11-18). Ayant démontré son droit, le droit de vivre de son travail dans le domaine spirituel, l’apôtre y renonce.., pour garder sa liberté ? Par crainte d’être un obstacle à l’évangile ? Prêcher l’évangile sans frais était pour lui une source de satisfaction, Il ne voulait pas en rechercher une gloire quelconque, car il était obligé de le faire. « Malheur à moi si je ne prêche ». Sa récompense ? « C’est, en annonçant l’évangile, de l’offrir gratuitement ! ».
Peut-être la propagation de la bonne nouvelle n’eût-elle pas été si rapide parmi les hommes ? En général, il n’a pas été à l’avantage du christianisme qu’une classe d’hommes ait comme profession celle d’annoncer le salut éternel. Bien des messages ont été comptés comme étant sans valeur par des auditeurs incroyants parce que ceux qui prêchaient recevaient un salaire pour le faire : « Il n’est pas libre, il le fait par devoir ! ». A vrai dire, cela a été souvent une réflexion toute gratuite, mais la réflexion est restée et l’évangile en a souffert.
« Christ m’a envoyé.., pour évangéliser, afin que la croix de Christ ne soit pas rendue vaine » (I Cor. 1 : 7).
Il insiste sur ce point, il était déterminé à « ne savoir qu’une chose : Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié ». Sa prédication n’était pas faite avec éloquence, mais c’était « une démonstration d’esprit et de puissance », afin que la foi des hommes ne se fonde pas sur une sagesse d’homme, mais sur la puissance de Dieu. il craignait ainsi de mettre de côté la force inhérente à l’évangile. il est, hélas, facile de faire un discours qui plaise aux oreilles des auditeurs. La croix de Christ peut être dépeinte de telle façon qu’elle signifie tout autre chose. Une croix sur laquelle le sang n’a pas coulé n’est pas la croix de Christ ! Le message reste alors sans effet. Le scandale que suscite la mort du Fils de Dieu sur une croix est écarté et la prédication d’un Christ crucifié demeure sans objet.
Le porteur de la bonne nouvelle a là à sa disposition une arme qui est la puissance de Dieu pour le salut éternel. Si cette arme est sans force entre ses mains, il doit en rechercher la raison avec larmes; il doit sonder ses voies, examiner ses actes et son message. il se rendra ainsi compte que sa prédication est vaine ou pas.

« Ceux qui sèment avec larmes
Moissonneront avec chants de triomphe.
Il marche en pleurant,
Celui qui porte la semence pour la répandre
Mais il reviendra en poussant des cris de joie,
Quand il portera ses gerbes ! » (Ps. 126).

Santa Cecilia

22 novembre, 2014

 Santa Cecilia dans images sacrée

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LE 22 NOVEMBRE : SAINTE CÉCILE – VIERGE ET MARTYRE

22 novembre, 2014

http://www.introibo.fr/22-11-Ste-Cecile-vierge-et-martyre#inter3

LE 22 NOVEMBRE : SAINTE CÉCILE – VIERGE ET MARTYRE

(sur le site beaucoup de nouvelles)

Cécile unit dans ses veines au sang des rois celui des héros qui firent la Ville éternelle. Au moment où retentit dans le monde la trompette évangélique, plus d’une famille de l’ancien patriciat ne se survivait plus dans une descendance directe. Mais les adoptions et les alliances qui, sous la République, avaient serré les liens des grandes familles en les rattachant toutes aux plus illustres d’entre elles, formaient de la gloire de chacune un fonds commun qui, jusque dans les siècles de la décadence républicaine, se transmettait intact et constituait l’apanage des survivants de l’aristocratie.
Or il est aujourd’hui démontré, par l’irréfragable témoignage des monuments, que le christianisme dès l’abord s’assimila cette gloire, en faisant siens ses héritiers ; que les premières assises de la Rome des Pontifes, merveilleux dessein de la Providence ! furent ces derniers représentants de la République, conservés tout exprès pour donner aux deux phases de l’histoire romaine l’unité puissante qui est le cachet des œuvres divines. Rapprochés autrefois par un même patriotisme, les Cornelii, les Aemilii, comme eux héritiers des Fabii, les Cœcilii, les Valerii,les Sergii, les Furii, les Claudii, Pomponii, Plautii, Acilii, premiers-nés de l’Église des gentils, virent se resserrer encore au sein du christianisme les liens formés sous la République, et constituèrent, dès le premier et le second siècle de la prédication évangélique, l’indissoluble et noble réseau de la nouvelle société romaine. Puis sur ce tronc vigoureux toujours de la vieille aristocratie vinrent se greffer dans les mêmes siècles, et sous l’influence de la religion que Pierre et Paul avaient prêchée, les membres les plus méritants des nouvelles familles impériales ou consulaires, dignes par leurs vertus vraiment romaines au sein de la dépravation générale, d’être appelés à renforcer les rangs trop éclaircis des fondateurs 4e Rome, et à combler sans brusque transition les vides faits par le temps dans les familles du vrai patriciat. Ainsi Rome poursuivait elle ses destinées ; ainsi l’édification de la Ville éternelle allait s’achevant par ces mêmes hommes qui l’avaient autrefois, dans leur sang et leur génie, constituée forte et puissante sur les sept collines.
Représentante légitime de cette aristocratie sans pareille au monde, Cécile, la plus belle des fleurs de la vieille tige, en fut aussi comme la dernière. Le deuxième siècle de l’ère chrétienne était sur son déclin ; le troisième qui, des mains de l’africain Septime Sévère, allait voir l’empire passer successivement aux Orientaux et aux barbares des rives du Danube, devait être, on le conçoit, peu favorable à la conservation des vieux restes de la noblesse d’antan ; et l’on peut dire que c’en est fait alors de la vraie société romaine, parce qu’alors, sauf de rares et individuelles exceptions, il ne reste plus de romain que le nom, vaine parure d’affranchis et d’hommes nouveaux qui, sous des princes dignes d’eux, exploitent le monde au gré de leurs vices.
Cécile est donc bien apparue à son heure, personnifiant avec une incomparable dignité la société qui va disparaître, son œuvre accomplie. Dans sa force et dans sa beauté, royalement ornée de la pourpre du martyre, c’est l’antique Rome s’élevant aux cieux glorieuse et fière, en face des césars parvenus dont la médiocrité jalouse achève par son immolation, sans en avoir conscience, l’exécution du plan divin. Ce sang des rois et des héros qui s’épanche à flots de sa triple blessure, est la libation du vieux patriciat au Christ vainqueur, à la Trinité dominatrice des nations ; c’est la consécration suprême qui nous révèle dans son étendue la vocation sublime des fortes races appelées à fonder Rome éternelle.
Mais qu’on ne croie pas que la fête de ce jour limite son objet à exciter en nous une admiration théorique et stérile [2]. L’Église reconnaît et honore dans sainte Cécile trois caractères dont la réunion la distingue souverainement au sein de cette admirable famille des Bienheureux qui resplendit au ciel, et en fait descendre les grâces et les exemples. Ces trois caractères sont : la virginité, le zèle apostolique, le courage surhumain qui lui a fait braver la mort et les supplices ; triple enseignement que nous apporte cette seule histoire chrétienne.
Dans ce siècle aveuglément asservi au culte du sensualisme, n’est-il pas temps de protester par les fortes leçons de notre foi contre un entraînement auquel échappent à peine les enfants de la promesse ? Depuis la chute de l’empire romain, vit-on jamais les mœurs, et avec elles la famille et la société, aussi gravement menacées ? La littérature, les arts, le luxe n’ont d’autre but, depuis longues années, que de proposer la jouissance physique comme l’unique terme de la destinée de l’homme ; et la société compte déjà un nombre immense de ses membres qui ne vivent plus que par les sens. Mais aussi malheur au jour où, pour être sauvée, elle croirait pouvoir compter sur leur énergie ! L’empire romain essaya aussi, et à plusieurs reprises, de soulever le fardeau de l’invasion ; il retomba sur lui-même et ne se releva plus.
Oui ; la famille elle-même, la famille surtout est menacée. Contre la reconnaissance légale, disons mieux, l’encouragement du divorce, il est temps qu’elle songe à sa défense. Elle n’y arrivera que par un seul moyen : en se réformant elle-même, en se régénérant d’après la loi de Dieu, en redevenant sérieuse et chrétienne. Que le mariage soit en honneur, avec toutes les chastes conséquences qu’il entraîne ; qu’il cesse d’être un jeu, ou une spéculation ; que la paternité et la maternité ne soient plus un calcul, mais un devoir sévère ; bientôt, par la famille, la cité et la nation auront repris leur dignité et leur vigueur.
Mais le mariage ne remontera à cette élévation qu’autant que les hommes apprécieront l’élément supérieur sans lequel la nature humaine n’est tout entière qu’une ignoble ruine ; cet élément céleste est la continence. Sans doute, tous ne sont pas appelés à l’embrasser dans sa notion absolue ; mais tous lui doivent hommage, sous peine d’être livrés au sens réprouvé, comme parle l’Apôtre [3].
C’est la continence qui révèle à l’homme le secret de sa dignité, qui trempe son âme pour tous les genres de dévouement, qui assainit son cœur, et relève son être tout entier. Elle est le point culminant delà beauté morale dans l’individu, et en même temps le grand ressort de la société humaine. Pour en avoir éteint le sentiment, l’ancien monde s’en allait en dissolution ; lorsque le fils de la Vierge parut sur la terre, il renouvela et sanctionna ce principe sauveur, et les destinées de la race humaine prirent un nouvel essor.
Les enfants de l’Église, s’ils méritent ce nom, goûtent cette doctrine, et elle n’a rien qui les étonne. Les oracles du Sauveur et de ses Apôtres leur ont tout révélé, et les annales de la foi qu’ils professent leur montrent en action, à chaque page, cette vertu féconde à laquelle tous les degrés de la vie chrétienne doivent participer, chacun dans sa mesure. Sainte Cécile n’offre à leur admiration qu’un exemple de plus. Mais la leçon est éclatante, et tous les siècles chrétiens l’ont célébrée. Que de vertus Cécile a inspirées, que de courages elle a soutenus, que de faiblesses son souvenir a prévenues ou réparées ! Car telle est la puissance de moralisation que le Seigneur a placée dans ses saints, qu’ils n’influent pas seulement par l’imitation directe de leurs héroïques vertus, mais aussi par les inductions que chaque fidèle est à même d’en tirer pour sa situation particulière.
Le second caractère que présente à étudier la vie de sainte Cécile est cette ardeur de zèle dont elle est demeurée l’un des plus admirables modèles, et nous ne doutons pas que sous ce rapport encore la leçon ne soit de nature à produire d’utiles impressions. L’insensibilité au mal dont nous n’avons pas à répondre personnellement, dont les résultats ne sont pas en voie de nous atteindre, est un des traits de l’époque ; on convient que tout s’en va, on assiste à la décomposition universelle, et l’on ne songe pas à tendre la main à son voisin pour l’arracher au naufrage. Où en serions-nous aujourd’hui, si le cœur des premiers chrétiens eût été aussi glacé que le nôtre ; s’il n’eût été pris de cette immense pitié, de cet inépuisable amour qui leur défendit de désespérer du monde, au sein duquel Dieu les avait déposés pour être le sel de la terre [4] ? Chacun alors se sentait comptable sans mesure du don qu’il avait reçu. Fût-il libre ou esclave, connu ou inconnu, tout homme était l’objet d’un dévouement sans bornes pour ces cœurs que la charité du Christ remplissait. Qu’on lise les Actes des Apôtres et leurs Épîtres, on apprendra sur quelle immense échelle fonctionnait l’apostolat dans ces premiers jours ; et l’ardeur de ce zèle fut longtemps sans se refroidir. Aussi les païens disaient : « Voyez comme ils s’aiment ! » Et comment ne se fussent-ils pas aimés ? Dans l’ordre de la foi, ils étaient fils les uns des autres.
Quelle tendresse maternelle Cécile ressentait pour les âmes de ses frères, par cela seul qu’elle était chrétienne ! A la suite de son nom, nous pourrions en enregistrer mille autres qui attestent que la conquête du monde par le christianisme et sa délivrance du joug des dépravations païennes, ne sont dues qu’à ces actes de dévouement opérés sur mille points à la fois, et produisant enfin le renouvellement universel. Imitons du moins en quelque chose ces exemples auxquels nous devons tout. Perdons moins de temps et d’éloquence à gémir sur des maux trop réels. Que chacun se mette à l’œuvre, et qu’il gagne un de ses frères-bientôt le nombre des fidèles aura dépassé celui des incroyants. Sans doute, ce zèle n’est pas éteint, il opère dans plusieurs, et ses fruits réjouissent et consolent l’Église ; mais pourquoi faut-il qu’il sommeille si profondément dans un si grand nombre de cœurs que Dieu lui avait préparés !
La cause en est, hélas ! à la froideur générale, produit de la mollesse des mœurs, et qui donnerait à elle seule le type de l’époque, s’il ne fallait encore y joindre un autre sentiment qui procède de la même source, et suffirait, s’il était de longue durée, à rendre incurable l’abaissement d’une nation. Ce sentiment est la peur, et l’on peut dire qu’il s’étend aujourd’hui aussi loin qu’il est possible. Peur de perdre ses biens ou ses places ; peur de perdre son luxe ou ses aises ; peur enfin de perdre la vie. Il n’est pas besoin de dire que rien n’est plus énervant, et partant plus dangereux pour ce monde, que cette humiliante préoccupation ; mais avant tout, il faut convenir qu’elle n’a rien de chrétien. Aurions-nous oublié que nous ne sommes que voyageurs sur cette terre, et l’espérance des biens futurs serait-elle donc éteinte dans nos cœurs ? Cécile nous apprendra comment on se défait du sentiment de la peur. Au temps où elle vécut, la vie était moins sûre qu’aujourd’hui. Alors on pouvait bien avoir quelque raison de craindre ; cependant on était ferme, et les puissants tremblèrent souvent à la voix de leur victime.
Dieu sait ce qu’il nous réserve ; mais si bientôt la peur ne faisait place à un sentiment plus digne de l’homme et du chrétien, la crise politique ne tarderait pas à dévorer toutes les existences particulières. Quoi qu’il arrive, l’heure est venue de rapprendre notre histoire. La leçon ne sera pas perdue, si nous arrivons à comprendre ceci : avec la peur, les premiers chrétiens nous eussent trahis, car la Parole de vie ne fût pas arrivée jusqu’à nous ; avec la peur, nous trahirions les générations à venir qui attendent de nous la transmission du dépôt que nous avons reçu de nos pères (1).
La Passio sanctœ Cœciliæ est indiquée par les plus anciens textes [5] au 16 septembre, et elle eut lieu sous Marc-Aurèle et Commode empereurs [6]. La grande fête du 22 novembre, précédée de sa Vigile, était l’une des plus solennelles du Cycle romain ; elle rappelait aux habitants des sept collines la dédicace de l’église élevée sur l’emplacement du palais consacré par le sang de la descendante des Metelli, et légué par Cécile mourante à l’évêque Urbain, représentant du Souverain Pontife Éleuthère. Urbain, confondu plus tard avec le Pape du même nom qui gouverna l’Église de Dieu au temps d’Alexandre Sévère, amena les légendaires à retarder d’un demi-siècle le martyre de la Sainte, comme on le voit encore aujourd’hui dans les leçons historiques du jour.
Selon toute vraisemblance, ce fut en l’année 178 que Cécile rejoignit Valérien au ciel d’où l’Ange du Seigneur était descendu peu de mois auparavant, dans la nuit des noces, apportant aux deux époux les couronnes où s’entrelaçaient les lis et les roses. Ensevelie par Urbain telle que l’avait laissée la mort, elle vit au commencement du siècle suivant la crypte de famille qui l’abritait donnée par les siens à l’Église romaine, et disposée pour la sépulture des Pontifes de cette Église maîtresse et mère. Paschal Ier la retrouvait près de ces tombes augustes au IX° siècle, et la ramenait triomphalement, le VIII mai 822, à sa maison du Transtévère qu’elle ne devait plus quitter désormais.
Le 20 octobre 1599, des travaux nécessités par la restauration de la basilique faisaient de nouveau reparaître Cécile aux yeux émerveillés de la Ville et du monde. Elle était revêtue de sa robe brochée d’or, sur laquelle on distinguait encore les traces glorieuses de son sang virginal ; à ses pieds reposaient les linges teints de la pourpre de son martyre. Étendue sur le côté droit, les bras affaissés en avant du corps, elle semblait dormir profondément. Le cou portait encore les cicatrices des plaies dont le glaive du licteur l’avait sillonné ; la tête, par une inflexion mystérieuse et touchante, était retournée vers le fond du cercueil. Le corps se trouvait dans une complète intégrité, et la pose générale, conservée par un prodige unique, après tant de siècles, dans toute sa grâce et sa modestie, retraçait avec la plus saisissante vérité Cécile rendant le dernier soupir, étendue sur le pavé de la salle du bain. On se croyait reporté au jour où le saint évêque Urbain avait renfermé dans l’arche de cyprès le corps de Cécile, sans altérer en rien l’attitude que l’épouse du Christ avait choisie pour exhaler son âme dans le sein de son Époux. On admirait aussi la discrétion de Paschal qui n’avait point troublé le repos de la vierge, et avait su conserver à la postérité un si grand spectacle [7].
Sfondrate, l’heureux cardinal-titulaire de Sainte-Cécile qui dirigeait les travaux, retrouva en outre dans la chapelle dite du Bain l’hypocauste et les soupiraux du sudatorium où la Sainte passa un jour et une nuit au milieu des vapeurs embrasées. De nouvelles fouilles entreprises récemment, et qui se poursuivent au moment où nous écrivons ces lignes, ont mis à jour d’autres restes de la patricienne demeure, que leur style doit faire reporter aux temps reculés de la République.
Tout l’ensemble des Antiennes et des Répons du 22 novembre (Voir les Matines) est emprunté aux Actes de la Sainte, et il reste le même après treize siècles qu’au temps de saint Grégoire. Nous en détachons quelques parties de nature à compléter le récit qui précède. La vierge nous y est tout d’abord montrée chantant à Dieu dans son cœur, au milieu des profanes accords du festin nuptial : silencieuse mélodie, supérieure à tous les concerts de la terre, qui inspira l’heureuse idée de représenter Cécile avec les attributs de la Reine de l’harmonie, et de l’acclamer comme la patronne du plus séduisant des arts.

FÊTE DU CHRIST-ROI

21 novembre, 2014

FÊTE DU CHRIST-ROI dans images sacrée Cristo-Re
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