Archive pour le 11 novembre, 2014
12 NOVEMBRE – SAINT JOSAPHAT KUNCEWICZ
11 novembre, 2014http://missel.free.fr/Sanctoral/11/12.php
12 NOVEMBRE – SAINT JOSAPHAT KUNCEWICZ
Extrait de la lettre encyclique “Ecclesiam Dei”
de S.S. Pie XI (12 novembre 1923),
à l’occasion du troisième centenaire de la mort de saint Josaphat.
Pour que cette unité et cette bonne entente pussent se maintenir à jamais, la Providence si sage de Dieu les marqua du sceau de la sainteté et du martyre. Cette auréole était réservée à l’archevêque de Polotsk, Josaphat, du rite slave oriental, que nous saluons à juste titre comme la plus belle gloire et le plus ferme soutien de l’Orient slave ; car on trouvera difficilement quelqu’un qui ait fait plus honneur au nom slave et plus efficacement travaillé au salut de ces populations que Josaphat, leur pasteur et apôtre, qui a versé son sang pour l’unité de la Sainte Eglise.
Puisque nous voici au troisième centenaire de ce très glorieux martyre, ce Nous est une très vive joie de rappeler le souvenir de ce si grand saint ; daigne le Seigneur, cédant aux prières plus ferventes des fidèles, susciter dans son Eglise l’esprit qui remplissait le bienheureux Martyr et Pontife Josaphat… et qui le porta à donner sa vie pour ses brebis ; puisse s’accroître le zèle du peuple chrétien pour l’unité, et ainsi l’œuvre principale de Josaphat se poursuivre jusqu’au jour où se réalisera le vœu du Christ et de tous les saints : Et il n’y aura qu’un seul bercail et qu’un seul Pasteur.
Né de parents séparés de l’unité catholique, Josaphat, qui reçut au saint baptême le nom de Jean, se consacra à la piété dès sa plus tendre enfance. Tout en suivant la splendide liturgie slave, il recherchait avant toutes choses la vérité et la gloire de Dieu ; à cette fin, et en dehors de toute considération humaine, il se tourna tout enfant vers la communion de l’unique Eglise œcuménique ou catholique, se considérant comme appelé à la communion de cette Eglise par le baptême même qu’il avait validement reçu. Bien plus, se sentant poussé par une inspiration du ciel à travailler au rétablissement de la sainte unité dans le monde entier, il comprit qu’il pouvait y contribuer dans une très large mesure s’il conservait dans le cadre de l’unité de l’Eglise universelle le rite slave oriental et l’Ordre des moines basiliens.
C’est pourquoi, reçu en 1604 parmi les Basiliens et ayant échangé le nom de Jean pour celui de Josaphat, il s’adonna tout entier à l’exercice de toutes les vertus, particulièrement de la piété et de la mortification. La vue de Jésus crucifié avait fait naître en lui, dès son enfance, l’amour de la croix, qu’il ne cessa ensuite de pratiquer à un degré éminent.
D’après Joseph Velamin Russky, métropolite de Kiev, qui avait été archimandrite de ce monastère, il fit en peu de temps de tels progrès dans la vie monastique qu’il put servir de maître aux autres. Aussi, à peine ordonné prêtre, Josaphat est lui-même nommé archimandrite et placé à la tête du monastère. Pour accomplir sa charge, il ne se contenta point de maintenir en bon état le monastère et l’église attenante et de les fortifier contre les attaques des ennemis ; mais, constatant qu’ils étaient presque abandonnés par le peuple chrétien, il résolut de s’employer à l’y ramener.
Entre temps, préoccupé avant tout de l’union de ses compatriotes avec la chaire de Pierre, il s’enquérait de tous côtés des moyens soit de la promouvoir, soit de la consolider ; surtout, il étudiait sans répit les livres liturgiques dont les Orientaux, y compris les schismatiques eux-mêmes, avaient accoutumé de se servir en accord avec les prescriptions des saints Pères.
Le “ravisseur d’âmes”
Après cette si active préparation, Josaphat se mit à l’œuvre de restauration de l’unité avec tant de force tout ensemble et de douceur, et il y réussit à tel point que ses adversaires eux-mêmes l’appelaient ravisseur d’âmes. Le nombre, en effet, est étonnant de ceux qu’il ramena à l’unique bercail de Jésus-Christ, convertis de toutes condition et origine, gens du peuple, commerçants, nobles, préfets même et administrateurs de provinces, comme nous savons que ce fut le cas pour Sokolinski de Polotsk, pour Tyszkievicz de Novgrodensk, pour Mieleczko de Smolensk.
Josaphat sur le siège de Polotsk
Mais il étendit bien plus encore son action apostolique du jour où il fut nommé évêque de l’Eglise de Polotsk. Cet apostolat a dû avoir une influence incroyable ; car on vit Josaphat donner l’exemple d’une extrême chasteté, pauvreté et austérité ; il se montrait envers les pauvres d’une telle générosité qu’il alla jusqu’à mettre en gage son omophorion pour secourir leur indigence ; se renfermant strictement dans le domaine religieux, il ne s’ingérait en rien dans les affaires politiques, encore que par des instance vives et réitérées on le pressât de se charger d’intérêts et à prendre parti dans des conflits d’ordre temporel ; enfin, il apportait à son œuvre le dévouement accompli d’un très saint évêque, travaillant sans relâche par sa parole et ses écrits à faire pénétrer la vérité. Il a publié en effet nombre d’ouvrages merveilleusement mis à la portée du peuple, entre autres sur la Primauté de saint Pierre et le baptême de saint Vladimir, et encore une apologie de l’unité catholique, un catéchisme selon la méthode du bienheureux Pierre Canisius, et d’autres travaux du même genre.
Se multipliant pour rappeler l’un et l’autre clergé à l’accomplissement attentif de ses devoirs, il obtint peu à peu, en réveillant le zèle pour le ministère sacerdotal, que le peuple, régulièrement instruit de la doctrine chrétienne et nourri de la parole divine par une prédication appropriée, se reprît à fréquenter les sacrements et les cérémonies liturgiques, et fût ramené à une vie toujours plus chrétienne.
Le témoignage du sang ; fruits du martyre
C’est ainsi que, par une large et abondante diffusion de l’esprit de Dieu, Josaphat consolida merveilleusement l’œuvre d’unité à laquelle il s’était voué. Cet affermissement, on peut même dire cette consécration, il la donna surtout le jour où il tomba martyr de cette cause, par un acte de sa pleine volonté et avec une admirable grandeur d’âme. La pensée du martyre était toujours dans son esprit, fréquemment sur ses lèvres ; le martyre, il l’appela de ses vœux au cours d’une prédication solennelle ; le martyre, enfin, il le sollicitait comme une faveur particulière de Dieu. C’est ainsi que, peu de jours avant sa mort, averti des embûches qui se tramaient contre lui, il dit : Seigneur, faites-moi la grâce de pouvoir répandre mon sang pour l’unité, ainsi que pour l’obéissance au Siège Apostolique.
Son désir fut exaucé le dimanche 12 novembre 1623 ; avec un visage où éclate la joie et qui respire la bonté, il va au-devant de ses ennemis qui l’entourent, cherchant l’apôtre de l’Unité ; il leur demande, à l’exemple de son Maître et Seigneur, de ne faire aucun mal aux siens, et se livre entre leurs mains ; frappé avec une extrême cruauté et tombé sous leurs coups, il ne cesse jusqu’au dernier soupir d’implorer de Dieu le pardon pour ses meurtriers.
Ce martyre si glorieux fut fécond en résultats ; notamment, il inspira une grande énergie et fermeté aux évêques ruthènes, qui faisaient deux mois plus tard, dans une lettre à la Sacrée Congrégation de la Propagande, la déclaration suivante : Nous nous affirmons absolument prêts à donner notre vie jusqu’au sang, comme vient de le faire l’un des nôtres, pour la foi catholique. Un nombre considérable de schismatiques, parmi lesquels les meurtriers mêmes du martyr, rentrèrent bientôt après dans la seule véritable Eglise.
LES ARBRES DE LA BIBLE
11 novembre, 2014http://biblique.blogspirit.com/archive/2007/06/26/les-arbres-de-la-bible.html
LES ARBRES DE LA BIBLE
La note qui suit est une flannerie, une promenade dans les vergers et la forêts de la Bible. Elle s’arrêtera sous quelques uns des arbres bibliques qui ont une histoire à raconter…
Bien sûr, nous ne pourrons pas faire halte sous tous les arbres de la forêt ; il y en a tellement dans la forêt biblique !
Le mot hébreu pour arbre, ETs, est même l’un des mots les plus fréquents de la Bible hébraïque. Et il signifie aussi “bois”, du bois, et encore “poteau ».
Dans le bois du Nouveau Testament grec, où l’arbre se dit dendron, il y a moins d’arbres, mais nous verrons qu’ils sont tout aussi chargés de signification.
Une promenade biblique,
proposée par Patrice Rolin …
L’arbre espace de vie
Pénétrons donc dans la forêt, à l’orée de la Bible se trouvent les arbres de la création. Et nous découvrons qu’il ne s’agit pas d’une forêt sauvage, mais d’un verger providentiel :
“… Dieu dit : «Que la terre donne de la verdure,
de l’herbe porteuse de semence,
des arbres fruitiers qui portent
sur la terre du fruit selon leurs espèces
et qui ont en eux leur semence !»
Il en fut ainsi.
La terre produisit de la verdure,
de l’herbe porteuse de semence selon ses espèces
et des arbres qui portent du fruit
et qui ont en eux leur semence selon leurs espèces.
Dieu vit que cela était bon.
Il y eut un soir et il y eut un matin :
troisième jour. …”
(Genèse 1,11-13.29)
Et Plus loin, Dieu déclare aux humains :
“… Je vous donne toute herbe porteuse de semence sur toute la terre,
et tout arbre fruitier porteur de semence ;
ce sera votre nourriture. …”
Dès la première page de la Bible l’arbre apparaît donc comme dédié à la vie, il est même un espace de vie, voire de salut !
Le ShaLôM, c’est-à-dire la paix ou le salut ne consiste-t-il pas en ce que …
“ … Chacun habitera sous sa vigne et sous son figuier, et il n’y aura personne pour le troubler.”
selon l’expression des prophètes Michée (4,4) ou Zacharie (3,10).
C’est bien ce qu’expérimente Jonas sous son ricin, qui le protège opportunément des ardeurs du soleil (Jonas 4). Mais voilà, comme Jonas n’a pas la paix en lui-même et ne peut accepter le salut de ses ennemis, l’arbre providentiel se dessèche.
A l’inverse, nous dit le premier des psaumes :
“Heureux l’homme
qui ne suit pas les projets des méchants,
qui ne s’arrête pas sur le chemin des pécheurs,
et qui ne s’assied pas parmi les insolents,
mais qui trouve son plaisir dans la loi du Seigneur,
et qui redit sa loi jour et nuit !
Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau,
il donne son fruit en son temps,
et son feuillage ne se flétrit pas. …
(Psaume 1,1-3)
L’arbre de vie
Cette symbolique de vie, attachée à l’arbre, nous conduit à un autre arbre du début de la Bible : L’arbre de vie, planté au milieu du jardin d’Eden (Genèse 2). Ce genre d’arbre est bien connu dans les mythologies des cultures environant le monde biblique :
- Pensons aux palmiers-datiers des jardins des dieux et des temples en mésopotamie, symbole de vie et de fécondité ;
- Pensons aussi aux pommes d’or du jardin des Espérides sensées apporter l’éternelle jeunesse à qui les consomme… et on pourrait multiplier les exemples.
Dans la tradition biblique, cet “arbre de vie » est interprèté de 3 façons différentes :
• La tradition du judaïsme qui deviendra rabbinique y reconnaît la Torah, comme dans le Psaume 1 qui vient d’être cité ;
• Assez proche est la tradition qui voit dans cet arbre, la Sagesse, ainsi le livre des Proverbes (3,18-22) :
“… La sagesse est un arbre de vie
pour ceux qui la saisissent,
et ceux qui la tiennent ferme
sont déclarés heureux.”
• Et puis, il y a la tradition apocalyptique qui renvoie à l’espérance finale d’arbres magnifiques plantés :
“… Près du torrent, sur ses rives, de chaque côté…”
ce seront …
“… toutes sortes d’arbres fruitiers.
Leur feuillage ne se flétrira pas,
leur fruit ne s’épuisera pas ;
ils donneront des primeurs tous les mois,
parce que ses eaux sortiront du sanctuaire.
Leur fruit servira de nourriture
et leur feuillage de remède.”
(Ezéchiel 47,12)
A la fin de la Bible, l’Apocalypse condense les arbres d’Ezéchiel en un seul au centre de la Jérusalem céleste (22,1-5).
L’arbre, lieu de rencontre
Mais quittons les contrées paradisiaques pour revenir aux arbres terrestres. Souvent, dans la Bible, sous leur ombre propice à la discussion, ils sont des lieux de rencontre :
Paradoxalement, dans le récit du jardin d’Eden, en Genèse 3, c’est alors qu’ils se sont cachés au milieu des arbres du jardin (pour les raisons que l’on sait) que Dieu vient à la rencontre de l’homme et de la femme.
Dans Nouveau Testament, c’est alors qu’il monte dans un Cycomore, pour observer discrètement Jésus, que le collecteur d’impôt Zachée est rencontré par celui-ci (Luc 19,1-10).
Et puis, il y a Nathanaël, dans l’évangile de Jean, que Jésus avait déjà vu sous le figuier (Jean 1,48-50).
On pourrait aussi penser aux branches d’arbres des « Rameaux » que la foule de Jérusalem agite et dépose sur le chemin de Jésus monté sur un ânon (Matthieu 21,8).
L’arbre, lieu de révélation
De la rencontre à la révélation, il n’y a qu’un pas. Et l’arbre est aussi dans la Bible un lieu de révélation :
• Pensons à la rencontre-révélation d’Abraham avec trois mystérieux voyageurs sous le chène de Mamré (Genèse 18,1-15)…
• Vous pensez aussi déjà à l’épisode du buisson ardent où Moïse rencontre le Dieu qui l’envoie libérer son peuple (Exode 2,23s)…
• Dans le second livre de Samuel, au chapitre 5, c’est dans un bruit de pas à la cîme des muriers que Dieu révèle à David le moment où il combattra avec lui (1Samuel 5,24).
• Dans le livre du prophète Jérémie, l’amandier est établi comme un veilleur. Cet arbre dont les fleurs précoces annoncent d’habitude le printemps va, pour l’occasion, révéler au prophète le malheur qui vient du Nord.
• Dans le Nouveau Testament, Jésus invitera ses disciples inquiets de la fin du monde à méditer l’exemple du figuier :
“… Laissez-vous instruire par la parabole tirée du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que les feuilles poussent, vous savez que l’été est proche.
De même, vous aussi, quand vous verrez ces choses arriver, sachez qu’il est proche, aux portes.
En vérité, je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela n’arrive. …”
(Marc 13,28-31)
L’arbre, symbole des pouvoirs du monde
Dans la Bible, l’arbre est aussi parfois vu négativement. Ainsi, il est parfois l’image des pouvoirs du monde, de leur calculs, et de leur démesure. Ecoutons la fable que Yotam crie du haut d’une colline pour tenter de contrecarrer le choix d’Abimelek comme roi de Sichem. C’est dans le livre des Juges, au chapitre 9 :
“ … Ecoutez-moi, notables de Sichem,
et que Dieu vous entende !
Les arbres s’en allèrent conférer l’onction à leur roi.
Ils dirent à l’olivier : Sois notre roi !
Mais l’olivier leur répondit :
Renoncerais-je à mon huile,
ce que les dieux et les humains apprécient chez moi,
pour aller me balancer au-dessus des autres arbres?
Les arbres dirent alors au figuier :
Viens, toi, sois notre roi !
Mais le figuier leur répondit :
Renoncerais-je à ma douceur,
à mon fruit excellent,
pour aller me balancer au-dessus des autres arbres?
Les arbres dirent alors à la vigne :
Viens, toi, sois notre roi !
Mais la vigne leur répondit :
Renoncerais-je à mon vin
qui réjouit les dieux et les humains,
pour aller me balancer au-dessus des autres arbres?
(Alors tous les arbres dirent au buisson d’épines :
Viens, toi, sois notre roi !
Le buisson d’épines répondit aux arbres :
Si c’est loyalement que vous voulez me conférer l’onction
pour que je sois roi sur vous,
venez, abritez-vous sous mon ombrage;
sinon, qu’un feu sorte du buisson d’épines
et qu’il dévore les cèdres du Liban !
Maintenant, -dit Yotam- est-ce avec loyauté et intégrité que vous avez agi
en faisant roi Abimélek ? …”
(Juges 9,7-16)
Il faudrait s’y arrêter plus longuement, mais on voit bien qu’il y a là une satyre de pouvoirs qui n’ont pour seul motivation que leur propre intérêt.
Dans d’autres passages plus virulent, des arbres sont même l’image de l’orgueil humain de la démesure et de la tyrannie.
• En Esaïe par exemple (10,33-34), où Dieu abât une forêt figurant les ennemis :
“… Le Seigneur brise les rameaux avec violence :
les plus hautes cimes sont coupées,
les plus élevés sont jetés bas.
Il abat par le fer les taillis de la forêt,
et le Liban tombe sous le Magnifique.”
• Ou en Ezéchiel (31,1-18), où Pharaon est comparé à un cèdre du Liban.
• Pensons enfin au songe de Nabucodonosor en Daniel 4. Le roi de Babylone a, en rêve, la révélation de la destruction de son empire mondial, un empire figuré par un arbre immense dont la cîme touche le ciel (comme la « tour de Babel”…), et qui va être abattu.
L’arbre, objet de culte païen
Une autre image négative des arbres est celle qui fait référence aux cultes païens pratiqués par les voisins des Hébreux, et vraisemblablement par eux … Sinon, à quoi servirait-il que le livre du Deutéronome et de nombreux prophètes s’en préoccupe ?
Dans le Deutéronome, nous lisons la prescription suivante :
“… Tu ne planteras aucun poteau cultuel (= ‘aucune ashéra’) d’aucun arbre
à côté de l’autel du Seigneur, ton Dieu, que tu feras pour toi. …”
(Deutéronome 16,21)
Autrement dit, pas de synchrétisme avec les cultes païens pratiqués en Canaan. Mais l’appel a-t-il été entendu ?
On peut en douter quand on lit dans en Esaïe (57,5) :
“… Vous, approchez ici, vous,
fils de la femme qui cherche des présages,
descendance adultère, qui se prostitue !
De qui vous moquez-vous ?
Contre qui ouvrez-vous grand la bouche et tirez-vous la langue ?
N’êtes-vous pas des enfants révoltés, une génération de mensonge,
s’enflammant près des térébinthes, sous tout arbre verdoyant,
égorgeant les enfants dans les oueds, sous les fentes des rochers ? …”
Sans doute, certains en Israël associaient-ils au culte de Yawhé la vénération des forces vitales de la nature qui pouvaient être figurées par la puissance végétative des arbres verdoyants au sommet des collines.
L’arbre, symbole d’une renaissance possible
Il est vrai que cette dernière image a une grande force d’évocation, d’ailleurs pluusieurs passages bibliques s’y réfèrent positivement. L’arbre y est symbole d’une renaissance possible.
Pensons au “… bâton d’Aaron” qui, planté en terre “… avait produit des bourgeons, donné des fleurs et fait des amandes” (Nombres 17,16-23). Ainsi étaient manifestés le choix de Dieu, la vigueur et la compétence d’Aaron pour diriger le peuple avec Moïse.
Cette capacité à retrouver une végétation à partir d’un morceau de bois apparamment mort, a évidemment été utilisée pour figurer l’espérance d’un renouveau possible après la catastrophe de l’exil. Ainsi le prophète Esaïe qui vient d’annoncer la destruction total du peuple déclare (6,13b) :
“… mais, comme le térébinthe et le chêne
conservent leur souche quand ils sont abattus,
sa souche donnera une descendance sainte. …”
C’est-à-dire qu’il y aura une renaissance, un avenir possible.
(voir aussi Genèse 12,68 ; 13,18 ; 21,23 ; 1Samuel 14,2 ; 31,13 ; 2S 5,24 …)
Quelques chapitres plus loin, le prophète utilisera la même image (11,1-5) :
“… (1) Alors un rameau sortira du tronc de Jessé,
un rejeton de ses racines sera fécond. …”
L’arbre, symbole de fécondité
Dans la Bible, et surtout dans le Nouveau Testament, la fécondité, ou la non-fécondité des arbres et aussi, la métaphore d’un test. Ainsi dans sa virulente prédication, Jean-Baptiste déclare-t-il à ceux qui venaient se faire baptiser sans en tirer les conséquences concrêtes dans leur vie :
« …Vipères, qui vous a montré comment fuir la colère à venir ?
Produisez donc un fruit digne du changement radical;
et ne pensez pas pouvoir dire :
« Nous avons Abraham pour père ! »
Car je vous dis que de ces pierres
Dieu peut susciter des enfants à Abraham.
Déjà la hache est prête à attaquer les arbres à la racine : tout arbre donc qui ne produit pas de beau fruit est coupé et jeté au feu. …”
(Matthieu 3,7-10)
Au chapitre 7 (versets 15-20) du même évangile Jésus déclare :
“… Tout bon arbre produit de beaux fruits,
tandis que l’arbre malade produit de mauvais fruits.
Un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits,
ni un arbre malade produire de beaux fruits.
Tout arbre qui ne produit pas de beau fruit est coupé et jeté au feu.
C’est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.
Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : «Seigneur ! Seigneur !» qui entreront dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. …”
(voir aussi Jude 12)
On se rappelle aussi du figuier maudit par Jésus parce qu’il n’avait pas de figue, et du figuier stérile pour lequel le jardinier obtient du propiétaire un délai avant de le couper.
La fructification ou la non-fructification de l’arbre sont devenues des critères du jugement.
Est-ce dans cette catégorie des « arbres-test » qu’il faut ranger l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur du récit d’Eden ? Peut-être …
L’arbre, image du Royaume de Dieu
L’arbre figure aussi le Royaume de Dieu promis écoutons donc pour finir une dernière histoire d’arbre :
“… Jésus leur proposa cette autre parabole :
Voici à quoi le Royaume des cieux est semblable :
une graine de moutarde qu’un homme a prise et semée dans son champ.
C’est la plus petite de toutes les semences ;
mais, quand elle a poussé,
elle est plus grande que les plantes potagères
et elle devient un arbre,
de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches. …”
(Matthieu 13,31-32)
Voilà que nous retrouvons l’arbre du début,
l’arbre espace de vie et de rencontre pour tous.
Patrice ROLIN