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7 OCTOBRE : NOTRE-DAME DU ROSAIRE – HISTORIQUE

7 octobre, 2014

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7 OCTOBRE : NOTRE-DAME DU ROSAIRE

HISTORIQUE

La fête de Notre-Dame du Rosaire se célébrait déjà, en 1547, à Tortosa (Espagne), le troisième dimanche d’avril, quand fut instituée par Pie V la fête de Notre-Dame de la Victoire (1572) au premier dimanche d’octobre, en action de grâces pour la victoire de Lépante où, à l’entrée du golfe de Corinthe, la flotte chrétienne fournie par le Saint-Siège, l’Espagne, Venise, la Savoie, Mantoue, Ferrare, Gênes et Lucques, sous le commandement de don Juan d’Autriche, avait écrasé la flotte turque d’Ali Pacha (7 octobre 1571). C’est à cette occasion qu’on ajouta aux litanies de la Sainte Vierge l’invocation Secours des Chrétiens, priez pour nous ! Grégoire XIII qui attribuait la victoire de Lépante aux processions faites à Rome par les confréries du Saint-Rosaire, changea la fête de Notre-Dame de la Victoire en celle du Saint Rosaire et la fixa au premier dimanche d’octobre (1573) ; elle ne fut alors obligatoire que pour les églises romaines qui possédaient une chapelle ou une confrérie du Saint-Rosaire.
Clément X concéda cette fête à l’Espagne (1671) avant que Clément XI l’étendît à l’Eglise universelle et l’élevât au rit double-majeur (1716), célébrée le jour de l’octave de l’Assomption, à la suite de la victoire de Peterwaradin que le prince Eugène de Savoie avait remportée sur les Turcs (5 août 1716). Léon XIII en fit une fête de seconde classe et adopta l’office et le propre de la messe en usage chez les Dominicains (1887). Pie X la fixa au 7 octobre (1913).

DE LA PIÉTÉ FILIALE ENVERS MARIE

Mes très chers Frères,
Encore qu’il n’est pas rare, ce m’est un appréciable privilège que de présider une paroisse consacrée tout particulièrement à la Vierge Marie et c’est pourquoi, dès les premiers jours de mon ministère parmi vous, voilà quinze ans, mon premier souci a été de développer votre piété filiale envers Marie et de vous montrer, que sa dévotion, pour parler comme saint Louis-Marie Grignion de Montfort, est le chemin aisé, court, parfait et assuré pour parvenir à l’union avec Jésus.
J’ai souventes fois aimé vous prêcher les grandeurs de cette Reine bénie, la Mère du Sauveur de tous les hommes, qui, par l’expresse volonté divine, a été associée à l’œuvre rédemptrice, et, ce faisant, je vous ai assidûment exhortés à vous blottir avec confiance sous son manteau d’azur, de sorte qu’elle vous prenne dans son cœur qui ne fait qu’un avec le celui de Jésus.
Aujourd’hui, comme à chacun des mois d’octobre que nous avons vécus ensemble, les circonstances me pressent à vous parler du Rosaire où, tandis que nous rappelons les mystères du salut, la Sainte Vierge les grave mystérieusement dans nos âmes. Comme mes ambitions pour vous seraient portées à leur comble si cette humble prière du chapelet prenait en chacune de vos vies une place capitale !
D’aucuns, je le sais bien, jouets de cette subtile alchimie où Satan mêle l’orgueil et la paresse aux grands sentiments, se refusent à ce pieux exercice sous prétexte qu’il n’est qu’une récitation machinale pendant que glisse entre leurs doigts un collier de perles ou de boules de bois ; ils préfèrerait sans doute une prière plus personnelle et plus pensée qui, faute de temps ou d’imagination, est tant remise à plus tard qu’on ne la fait que rarement, sinon jamais. Or, si la prière est une élévation de l’âme vers Dieu, il s’agit bien d’une âme unie substantiellement à un corps situé dans le temps présent ; aussi, ces récitations répétées que je n’imagine pas faites par des gens qui ne se voudraient pas s’élever vers Dieu, est, à tout le moins, l’hommage du corps qui s’unit, par les paroles de la bouche, les gestes des mains, l’application de la volonté et le travail de la mémoire, et, en écrivant ces lignes, j’entends saint Thomas d’Aquin enseigner que nous confessons par là que Dieu est l’auteur de notre âme et de notre corps, lui offrant nos hommages spirituels et corporels. Par ailleurs, ces répétitions si simples et si faciles des mêmes prières, lorsque l’on en a pris l’habitude aux temps ordinaires, deviennent un apaisement dans les moments de sècheresse et de souffrance. Rappelez-vous l’Aveugle de Lamartine qui disait : Je prie le bon Dieu jusqu’à ce que mes lèvres se fatiguent sur son saint Nom et mes doigts sur les grains. Qui est-ce qui s’en-nuierait en parlant tout le jour à son roi qui ne se lasse pas d’écouter ?
Parfois, pour se dispenser de la récitation du chapelet, certains se plaignent de ne pas savoir le méditer, mais je crains, en leur accordant toutes sortes de circonstances atténuantes, qu’ils se fassent une bien haute idée de la méditation. Il s’agit d’inviter les facultés de l’âme, dans la seule mesure de ses aptitudes, à considérer la scène de l’Evangile évoquée par le mystère pour y cueillir les fruits de la sanctification. Chacun peut se représenter les scènes du Rosaire, mais, à votre avis, par quoi le Seigneur communique-t-il les fruits de la sanctification ? Par l’intelligence du fidèle ou par le ministère de la Vierge Marie ? La récitation du chapelet est le bréviaire des humbles, en ce sens que, appliqué à des exercices simples, l’on s’y laisse instruire mystérieusement par Marie, et vous remarquerez que les orgueilleux s’en éloignent et s’en dégoûtent, s’en moquent ou s’en scandalisent parce qu’ils leur semblent qu’il n’y mettent pas assez d’eux-mêmes, ils veulent briller quand il ne s’agit que de laisser la Sainte Vierge instruire doucement les cœurs. Tous ceux qui ont l’habitude du chapelet affirment qu’il alimente leur foi et développe en eux les vertus chrétiennes.
Abbé Christian-Philippe Chanut

L’ENCYCLIQUE CHRISTI MATER ROSARII – PAUL VI PAPE, le 15 septembre 1966

A nos vénérables frères, patriarches, primats, archevêques, évêques et autres ordinaires locaux en paix et communion avec le Siège apostolique. Paul VI, Pape.

Vénérables Frères, salut et bénédiction apostolique.
Durant le mois d’octobre, le peuple fidèle a coutume d’offrir la récitation du rosaire comme autant de couronnes à la Mère de Dieu. A l’exemple de Nos Prédécesseurs, Nous approuvons vivement cette pratique. Cette année, Nous convions tous les enfants de l’Eglise à un hommage plus particulier de piété envers Notre-Dame. Et cela en raison des menaces de calamités graves et étendues qui pèsent sur la famille humaine : en Asie orientale se poursuit un conflit sanglant et se déchaîne une guerre acharnée. De ce fait, Nous Nous trouvons pressé d’intensifier tout l’effort possible en faveur de la paix.
Ce qui ajoute à nos préoccupations, c’est ce que Nous apprenons d’autres régions du monde : la course aux armements nucléaires, l’ambition incontrôlée d’expansion nationale, l’exaltation démesurée de la race, les tendances subversives, le séparation imposée entre citoyens d’un même pays, les manœuvres criminelles, le meurtre de personnes innocentes.Tout cela peut donner lieu aux pires catastrophes.
La Providence nous impose, semble-t-il, à Nous comme à Nos plus récents Prédécesseurs, la mission particulière de consacrer Nos efforts patients et constants à la sauvegarde et à l’affermissement de la paix. Ce devoir découle évidemment du mandat qui Nous est confié de conduire l’Eglise entière. Celle-ci, « signe dressé devant les nations » (cf. Isaïe XI 12), ne sert pas d’intérêts politiques, mais elle doit apporter au genre humain la vérité et la grâce de Jésus-Christ, son divin fondateur.
En réalité, depuis les débuts de Notre ministère apostolique, Nous n’avons rien négligé pour la cause de la paix, ni prière adressée à Dieu, ni instances, ni exhortations, et même, vous vous en souvenez, l’an dernier, Nous Nous sommes rendu par la voie des airs en Amérique du Nord afin de parler au siège de l’Organisation des Nations Unies devant l’assemblée si distinguée des représentants de presque tous les peuples, du bien si désiré de la paix, et de recommander qu’on ne laisse pas des peuples en état d’infériorité par rapport à d’autres, que les uns ne s’attaquent point aux autres mais que tous conjuguent leur zèle et leur action pour établir la paix.
Et encore dans la suite, mû par Notre sollicitude apostolique, Nous n’avons pas cessé d’encourager les hommes à qui incombe cette lourde responsabilité à écarter de l’humanité l’épouvantable fléau qui pourrait survenir.
Maintenant encore, Nous élevons Notre voix « avec un grand cri et des larmes » (Hébreux V 7 ) pour supplier instamment les dirigeants des nations de tout tenter pour empêcher la propagation de l’incendie et pour éteindre complètement celui-ci. Nous n’en doutons point : les hommes de toute race, de toute couleur, de toute religion, de toute classe sociale, s’ils aiment le droit et l’honnêteté, partagent Notre sentiment.
Que tous ceux dont cela dépend ménagent les conditions nécessaires à la cessation des hostilités avant que ne leur échappe, par le poids même des évènements, la possibilité de déposer les armes.
Que ceux-là au pouvoir desquels est remis le salut de la famille humaine sachent que leur conscience est chargée d’une très grave obligation. Qu’ils interrogent cette conscience et sondent leur propre cœur ; que chacun veuille bien regarder et sa propre nation, et le monde, et Dieu, et l’histoire ; qu’ils songent que leur nom restera en bénédiction s’ils répondent avec sagesse à cette pressante invitation.
Au nom du Seigneur, Nous crions : « Arrêtez ! » Il faut se rencontrer ; il faut en venir à conférer et à négocier en toute sincérité. C’est maintenant qu’il faut régler les conflits, serait-ce avec quelque inconvénient et quelque désavantage ; car il faudra bien qu’ils soient réglés non sans peut-être d’énormes dommages et des désastres dont, pour le moment, nul ne peut imaginer l’horreur. La paix à établir doit être cependant basée sur le justice et la liberté, elle doit donc respecter les droits des hommes et des communautés – autrement, elle serait précaire et instable.
Tout en exprimant de la sorte Notre anxiété et Notre émoi, Nous devons, comme le dicte Notre responsabilité pastorale, implorer le secours d’en haut. A celui qui est « le Prince de la Paix » (Isaïe IX 16), il faut demander la paix, « ce bien si grand que parmi les biens de la terre et du temps on n’entend mentionner rien de plus apprécié, on ne saurait souhaiter rien de plus désirable, trouver rien de meilleur. »
Et puisque aux époques d’incertitude et de trouble, l’Eglise a l’habitude de recourir à l’intercession attentive de Marie, sa mère, c’est vers celle-ci que Nous Nous tournons, vers elle que Nous orientons Notre pensée et celle de tous les chrétiens. Car, selon le mot de saint Irénée « elle est devenue le salut du genre humain tout entier.»
Rien ne Nous paraît répondre plus parfaitement aux circonstances que de faire monter la supplication de toute la famille chrétienne vers la Mère de Dieu invoquée comme « Reine de la Paix », afin que parmi tant et de si graves misères et menaces, elle dispense largement les dons de sa bonté maternelle.
Il faut, disons-Nous, adresser un prière intense et persévérante à celle que, au cours du second Concile œcuménique du Vatican, aux applaudissemnts des Pères conciliaires et du monde catholique Nous avons proclamée Mère de l’Eglise. Par cette reconnaissance du fait que Marie a spirituellement enfanté l’Eglise Nous confirmions un point de la doctrine traditionnelle. Marie est « vraiment mère des membres du Christ », dit saint Augustin ; à quoi fait écho, sans parler des autres, saint Anselme : « Quelle dignité plus haute pourra-t-on jamais reconnaître que celle d’être la mère de ceux-là dont le Christ daigne être le père et le frère ? » Notre prédécesseur Léon XIII a même appelé Notre-Dame « en toute vérité Mère de l’Eglise », c’est donc en toute assurance que Nous mettons Notre espoir en elle, parmi l’émoi et la crainte qu’inspirent les troubles actuels.
Puisque quand les maux deviennent plus graves le pitié de Dieu doit grandir, Notre souhait le plus vif, vénérables frères, est que suivant votre initiative, vos invitations et votre impulsion, on invoque plus instamment durant le mois d’octobre Marie notre Mère, comme Nous l’avons déjà fait entendre par la pratique pieuse du Rosaire. C’est là une forme de prière très adaptée au sens du peuple de Dieu, très agréable à la Mère du Seigneur et si efficace pour obtenir les dons du ciel.
Cette prière, le second Concile œcuménique du Vatican l’a recommandée à tous les enfants de l’Eglise de façon bien certaine, encore que non explicite, en disant : « Qu’on fasse grand cas de ces pratiques et exercices de dévotion envers Marie que le Magistère a recommandés au cours des siècles.»
Cette pratique si féconde ne sert pas seulement à endiguer le mal et à conjurer les désastres, comme le montre clairement l’histoire de l’Eglise. Elle favorise aussi grandement la vitalité chrétienne : « Avant tout, elle nourrit la foi catholique en faisant méditer fort à propos les mystères du salut, et elle élève notre pensée au niveau des vérités de la Révélation. »
Ainsi donc, durant le prochain mois d’octobre, dédié à Notre-Dame du Rosaire, qu’on redouble de prières et de supplications ! Que par l’intercession de Marie brille enfin pour le monde entier l’aurore de la véritable paix, – la paix dans tous les domaines y compris celui de la pratique religieuse ; actuellement, hélas ! la liberté de professer la religion n’est point assurée partout.
Plus spécialement Nous souhaitons que, le 4 octobre, anniversaire de Notre visite à l’Organisation des Nations Unies, soit célébré, cette année, dans l’univers catholique comme « jour consacré à prier pour la paix. »
Il vous appartiendra, vénérables frères, selon la piété qui vous distingue et votre conscience de la gravité de la situation, de prescrire les actes religieux par lesquels, ce jour-là, les prêtres, les religieux, le peuple fidèle mais plus particulièrement l’enfant, signalé par son innocence, ainsi que les malades et tous ceux qui souffrent, tous enfin d’un élan unanime implorent le Mère de Dieu et de l’Eglise.
Pour Nous, dans la basilique Saint-Pierre, près du tombeau du Prince des apôtres, Nous adresserons une prières toute spéciale à la Vierge protectrice du monde chrétien et garante de la paix. Ainsi la voix unique de l’Eglise, montant de toutes les parties de la terre, ira comme frapper à la porte du ciel. En effet, selon le mot de saint Augustin « dans la diversité des langues humaines qu’entendent nos oreilles, unique est le langage de la foi qui anime nos cœurs»
O Bienheureuse Vierge, dans votre bonté maternelle, regardez tous vos enfants ! Voyez l’inquiétude des pasteurs qui redoutent les horreurs d’une tempête pour le troupeau confié à leur responsabilité ; montrez-vous attentive à l’angoisse de tant d’hommes, pères et mères de famille, que préoccupe le sort de leurs enfants comme le leur et qui portent les pires tracas. Apaisez les dispositions des belligérantset inspirez-leur « des pensées de paix » ; faites que Dieu, vengeur de la justice lésée, agisse selon sa miséricorde, restitue aux peuples la tranquillité si désirée et leur assure une ère très longue de véritable prospérité.
Dans le ferme espoir que la Sainte Mère de Dieu accueillera Notre humble demande, Nous vous accordons de tout cœur, à vous-mêmes, Vénérables Frères, ainsi qu’à tout votre clergé et aux peuples confiés à vos soins, la Bénédiction apostolique.

Rome, près Saint-Pierre, le 15 septembre 1966, quatrième année de Notre pontificat.

PAULUS P. P. VI.

Coin pour la prière

6 octobre, 2014

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« SI JE N’AI PAS LA CHARITÉ… » MÉDITATION DU PÈRE CANTALAMESSA

6 octobre, 2014

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« SI JE N’AI PAS LA CHARITÉ… »

MÉDITATION DU PÈRE CANTALAMESSA

« SI JE N’AI PAS LA CHARITÉ, CELA NE SERT DE RIEN « 

Homélie sur la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 12,31.13,1-13

« Parmi les dons de Dieu, vous cherchez à obtenir ce qu’il y a de meilleur. Eh bien, je vais vous indiquer une voie supérieure à toutes les autres.
Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je ne suis plus qu’airain qui sonne ou cymbale qui retentit.
Quand j’aurais le don de prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j’aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter des montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien.
Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien.
La charité est longanime ; la charité est serviable ; elle n’est pas envieuse ; la charité ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas ;
elle ne fait rien d’inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal ;
elle ne se réjouit pas de l’injustice, mais elle met sa joie dans la vérité.
Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout.
La charité ne passe jamais. Les prophéties ? elles disparaîtront. Les langues ? elles se tairont. La science ? elle disparaîtra.
Car partielle est notre science, partielle aussi notre prophétie.
Mais quand viendra ce qui est parfait, ce qui est partiel disparaîtra.
Lorsque j’étais enfant, je parlais en enfant, je pensais en enfant, je raisonnais en enfant ; une fois devenu homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant.
Car nous voyons, à présent, dans un miroir, en énigme, mais alors ce sera face à face. A présent, je connais d’une manière partielle ; mais alors je connaîtrai comme je suis connu.
Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses, mais la plus grande d’entre elles, c’est la charité.

« Si je n’ai pas la charité »
Nous consacrons notre réflexion à la deuxième lecture qui contient un message très important. Il s’agit du célèbre hymne de saint Paul à la charité. « Charité » est le terme religieux signifiant « amour ». Il s’agit donc d’un hymne à l’amour, peut-être le plus célèbre et le plus sublime ayant jamais été écrit.
Lorsque le christianisme apparut sur la scène du monde, divers auteurs avaient déjà chanté l’amour. Le plus célèbre était Platon qui avait écrit un traité entier sur ce thème. Le nom commun de l’amour était alors eros (d’où viennent nos termes « érotique » et « érotisme »). Le christianisme sentit que cet amour passionnel de recherche et de désir ne suffisait pas pour exprimer la nouveauté du concept biblique. Il évita donc complètement le terme eros et le remplaça par celui de agape, qui devrait se traduire par « amour spirituel » ou par « charité », si ce terme n’avait pas désormais acquis un sens trop restreint (faire la charité, œuvre de charité).
La principale différence entre les deux amours est la suivante : l’amour de désir, ou érotique, est exclusif ; il se consume entre deux personnes ; l’ingérence d’une troisième personne signifierait sa fin, la trahison. Parfois l’arrivée même d’un enfant parvient à mettre en crise ce type d’amour. L’amour de don, ou agape embrasse en revanche toute personne, il n’en exclut aucune, pas même l’ennemi. La formule classique du premier amour est celle que nous entendons sur les lèvres de Violetta dans la Traviata de Verdi : « Aime-moi Alfredo, aime-moi autant que je t’aime ». La formule classique de la charité est celle de Jésus qui dit : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Il s’agit d’un amour fait pour circuler, pour se diffuser.
Il existe une autre différence : l’amour érotique, dans sa forme la plus typique qui est l’état amoureux, ne dure pas, de par sa nature, ou ne dure qu’en changeant d’objet, c’est-à-dire en tombant successivement amoureux de différentes personnes. Saint Paul dit en revanche que la charité « demeure », que c’est même la seule chose qui demeure éternellement, et qui demeurera même lorsque la foi et l’espérance auront disparu.
Entre ces deux amours – celui de recherche et de don – il n’existe toutefois pas de séparation nette et d’opposition, mais plutôt un développement, une croissance. Le premier, l’eros est pour nous le point de départ, le deuxième, la charité est le point d’arrivée. Entre les deux existe tout un espace pour une éducation à l’amour et pour grandir dans l’amour. Prenons le cas le plus commun qui est l’amour du couple. Dans l’amour entre deux époux, au début dominera l’eros, l’attrait, le désir réciproque, la conquête de l’autre, et donc un certain égoïsme. Si, chemin faisant, cet amour ne s’efforce pas de s’enrichir d’une dimension nouvelle, faite de gratuité, de tendresse réciproque, de capacité à s’oublier pour l’autre et se projeter dans les enfants, nous savons tous comment il se terminera.
Le message de Paul est d’une grande actualité. L’ensemble du monde du spectacle et de la publicité semble s’être aujourd’hui engagé à enseigner aux jeunes que l’amour se réduit à l’eros et l’eros au sexe ; que la vie est une idylle permanente, dans un monde où tout est beau, jeune, sain, où la vieillesse et la maladie n’existent pas, et où tous peuvent dépenser autant qu’ils le désirent. Mais ceci est un mensonge colossal qui génère des attentes disproportionnées qui, déçues, provoquent des frustrations, des rébellions contre la famille et la société et ouvrent souvent la voie au crime. La parole de Dieu nous aide à faire en sorte que le sens critique ne s’éteigne pas complètement chez les personnes, face à ce qui leur est servi quotidiennement.

Père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Source : AELF

PAPE BENOÎT XVI À L’OUVERTURE DU CONGRÈS ECCLÉSIAL DIOCÉSAIN… (SUR LA FAMILLE)

6 octobre, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2005/june/documents/hf_ben-xvi_spe_20050606_convegno-famiglia_fr.html

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI À L’OUVERTURE DU CONGRÈS ECCLÉSIAL DIOCÉSAIN
DANS LA BASILIQUE SAINT-JEAN-DE-LATRAN

Basilique Saint-Jean-de-Latran

Lundi 6 juin 2005

Chers frères et soeurs,

J’ai accueilli bien volontiers l’invitation à inaugurer par une réflexion notre Congrès diocésain, avant tout parce que cela me permet de vous rencontrer et d’avoir un contact direct avec vous, mais également parce que je peux vous aider à approfondir le sens et le but du chemin pastoral que l’Eglise de Rome parcourt actuellement.
Je salue avec affection chacun de vous, Evêques, prêtres, diacres, religieux et religieuses et en particulier vous, laïcs et familles qui assumez de façon consciente ces devoirs d’engagement et de témoignage chrétien qui trouvent leur racine dans le sacrement du baptême et, pour ceux qui sont mariés, dans celui du mariage. Je remercie de tout coeur le Cardinal-Vicaire et les époux Luca et Adriana Pasquale pour les paroles qu’ils m’ont adressées au nom de tous.
Ce Congrès, ainsi que l’année pastorale dont il fournira les lignes directrices, constituent une nouvelle étape du parcours que l’Eglise de Rome a commencé, sur la base du Synode diocésain, avec la Mission dans la Ville voulue par notre bien-aimé Pape Jean-Paul II, en préparation au grand Jubilé de l’An 2000. Dans cette mission, toutes les réalités de notre diocèse, – paroisses, communautés religieuses, associations et mouvements – se sont mobilisées, non seulement pour une mission auprès du peuple de Rome, mais pour être elles-mêmes un « peuple de Dieu en mission », en mettant en pratique l’heureuse expression de Jean-Paul II, « paroisse, cherche-toi, et trouve-toi hors de toi-même »: c’est-à-dire dans les lieux où vivent les personnes. Ainsi, au cours de cette mission dans la Ville, plusieurs milliers de chrétiens de Rome, en grande partie des laïcs, sont devenus missionnaires et ont apporté la parole de la foi d’abord dans les familles des divers quartiers de la ville, puis dans les divers lieux de travail, dans les hôpitaux, dans les écoles et dans les Universités, dans les milieux de la culture et du temps libre.
Après l’Année Sainte, mon bien-aimé prédécesseur vous a demandé de ne pas interrompre ce chemin et de ne pas disperser les énergies apostoliques suscitées et les fruits de grâce recueillis. C’est pourquoi, depuis 2001, l’objectif pastoral fondamental du diocèse a été de donner une forme permanente à la mission, en conférant un sens missionnaire plus fort à la vie et aux activités de la paroisse et de toute autre activité ecclésiale. Je voudrais vous dire avant tout que j’entends confirmer pleinement ce choix: en effet, celui-ci se révèle toujours plus nécessaire et sans alternative, dans un cadre socio-culturel où sont à l’oeuvre de multiples forces qui tendent à nous éloigner de la foi et de la vie chrétienne.
Depuis désormais deux ans, l’engagement missionnaire de l’Eglise de Rome s’est consacré surtout sur la famille, non seulement parce que cette réalité humaine fondamentale est aujourd’hui confrontée à de multiples difficultés et menaces et a donc particulièrement besoin d’être évangélisée et soutenue de façon concrète, mais également parce que les familles chrétiennes constituent une ressource décisive pour l’éducation à la foi, l’édification de l’Eglise comme communion et sa capacité de présence missionnaire dans les situations de vie les plus diverses, ainsi que pour apporter un ferment chrétien à la culture diffuse et aux structures sociales. Nous poursuivrons également ces orientations au cours de la prochaine année pastorale, c’est pourquoi le thème de notre Congrès est: « Famille et communauté chrétienne: formation de la personne et transmission de la foi ».
Le présupposé dont il faut partir, pour pouvoir comprendre la mission de la famille dans la communauté chrétienne et ses devoirs de formation de la personne et de transmission de la foi, demeure toujours celui de la signification que le mariage et la famille revêtent dans le dessein de Dieu, créateur et sauveur. Cela constituera donc le coeur de ma réflexion de ce soir, en me référant à l’enseignement de l’Exhortation apostolique Familiaris consortio (Deuxième partie, nn. 12-16).

Le fondement anthropologique de la famille
Mariage et famille ne sont pas en réalité une construction sociologique due au hasard, et fruit de situations historiques et économiques particulières. Au contraire, la question du juste rapport entre l’homme et la femme plonge ses racines dans l’essence la plus profonde de l’être humain et ne peut trouver sa réponse qu’à partir de là. C’est-à-dire qu’elle ne peut être séparée de la question ancienne et toujours nouvelle de l’homme sur lui-même: qui suis-je? Qu’est-ce que l’homme? Et cette question, à son tour, ne peut être séparée de l’interrogation sur Dieu: Dieu existe-t-il? Et qui est Dieu? Quel est son visage véritable? La réponse de la Bible à ces deux questions les unit et en fait une conséquence l’une de l’autre: l’homme est créé à l’image de Dieu, et Dieu lui-même est amour. C’est pourquoi la vocation à l’amour est ce qui fait de l’homme l’authentique image de Dieu: il devient semblable à Dieu dans la mesure où il devient quelqu’un qui aime.
De ce lien fondamental entre Dieu et l’homme en découle un autre: le lien indissoluble entre esprit et corps. L’homme est en effet une âme qui s’exprime dans le corps et un corps qui est vivifié par un esprit immortel. Le corps de l’homme et de la femme revêt donc également, pour ainsi dire, un caractère théologique, ce n’est pas uniquement un corps, et ce qui est biologique chez l’homme n’est pas seulement biologique, mais est l’expression et la réalisation de notre humanité. De même, la sexualité humaine n’est pas séparée de notre nature de personne, mais lui appartient. Ce n’est que lorsque la sexualité est intégrée dans la personne qu’elle réussit à acquérir un sens.
Ainsi, des deux liens, celui de l’homme avec Dieu et, dans l’homme, celui du corps avec l’esprit, en découle un troisième: celui entre personne et institution. La totalité de l’homme inclut en effet la dimension du temps, et le « oui » de l’homme est un dépassement du moment présent: dans son intégrité, le « oui » signifie « toujours », et constitue l’espace de la fidélité. Ce n’est qu’au sein de celui-ci que peut croître la foi qui donne un avenir et qui permet que les enfants, fruits de l’amour, croient en l’homme et en son avenir en des temps difficiles. La liberté du « oui » se révèle donc comme une liberté capable d’assumer ce qui est définitif: la plus grande expression de la liberté n’est alors pas la recherche du plaisir, sans jamais parvenir à une véritable décision. En apparence, cette ouverture permanente semble être la réalisation de la liberté, mais ce n’est pas vrai: la véritable expression de la liberté est la capacité à se décider pour un don définitif, dans lequel la liberté, en se donnant, se retrouve pleinement elle-même.
De façon concrète, le « oui » personnel et réciproque de l’homme et de la femme ouvre les portes à l’avenir, à l’authentique humanité de chacun, et, dans le même temps, est destiné au don d’une nouvelle vie. C’est pourquoi ce « oui » personnel ne peut être qu’un « oui » publiquement responsable, à travers lequel les conjoints assument la responsabilité publique de la fidélité qui garantit également l’avenir de la communauté. En effet, aucun de nous n’appartient exclusivement à soi-même: c’est pourquoi chacun est appelé à assumer au plus profond de soi sa responsabilité publique. Le mariage comme institution n’est donc pas une ingérence indue de la société ou de l’autorité, l’imposition d’une forme extérieure dans la réalité la plus privée de la vie; il s’agit au contraire d’une exigence intrinsèque du pacte de l’amour conjugal et de la profondeur de la personne humaine.
Les diverses formes actuelles de dissolution du mariage, comme les unions libres et le « mariage à l’essai », jusqu’au pseudo-mariage entre personnes du même sexe, sont au contraire l’expression d’une liberté anarchique, qui se fait passer à tort pour une libération de l’homme. Une telle pseudo-liberté repose sur une banalisation du corps, qui inclut inévitablement la banalisation de l’homme. Son présupposé est que l’homme peut faire ce qu’il veut de lui-même: son corps devient ainsi une chose secondaire, manipulable du point de vue humain, qui peut être utilisé comme bon lui semble. Le libertinage, qui se fait passer pour la découverte du corps et de sa valeur, est en réalité un dualisme qui rend le corps méprisable, le plaçant pour ainsi dire en dehors de l’être authentique et de la dignité de la personne.

Mariage et famille dans l’histoire du salut
La vérité du mariage et de la famille, qui plonge ses racines dans la vérité de l’homme, a trouvé sa réalisation dans l’histoire du salut, qui a en son centre la parole: « Dieu aime son peuple ». La révélation biblique, en effet, est avant tout l’expression d’une histoire d’amour, l’histoire de l’Alliance de Dieu avec les hommes: c’est pourquoi l’histoire de l’amour et de l’union d’un homme et d’une femme dans l’alliance du mariage a pu être assumée par Dieu comme symbole de l’histoire du salut. Le caractère inexprimable, le mystère de l’amour de Dieu pour les hommes, reçoit sa forme linguistique dans le vocabulaire du mariage et de la famille, dans le sens positif et négatif: le rapprochement de Dieu à l’égard de son peuple est en effet présenté à travers le langage de l’amour sponsal, tandis que l’infidélité d’Israël, son idolâtrie, est désignée comme un adultère et une forme de prostitution.
Dans le Nouveau Testament, Dieu radicalise son amour jusqu’à devenir Lui-même, dans son Fils, chair de notre chair, vrai homme. De cette façon, l’union de Dieu avec l’homme a assumé sa forme suprême, irréversible et définitive. Et ainsi est tracée pour l’amour humain également, sa forme définitive, ce « oui » réciproque qui ne peut être révoqué: cette forme n’aliène pas l’homme, mais le libère des aliénations de l’histoire pour le ramener à la vérité de la création. Le caractère sacramentel que le mariage revêt dans le Christ signifie donc que le don de la création a été élevé au niveau de la grâce de la rédemption. La grâce du Christ ne vient pas s’ajouter de l’extérieur à la nature de l’homme, elle ne lui fait pas violence, mais la libère et la restaure, précisément en l’élevant au-delà de ses propres limites. Et, de même que l’incarnation du Fils de Dieu révèle sa véritable signification dans la croix, ainsi, l’authentique amour humain est don de soi, il ne peut exister s’il veut se soustraire à la croix.
Chers frères et soeurs, ce lien profond entre Dieu et l’homme, entre l’amour de Dieu et l’amour humain, trouve une confirmation également dans certaines tendances et développements négatifs, dont nous ressentons le poids. L’avilissement de l’amour humain, la suppression de l’authentique capacité d’aimer se révèle en effet, à notre époque, l’arme la plus adaptée et la plus efficace pour chasser Dieu de l’homme, pour éloigner Dieu du regard et du coeur de l’homme. De façon analogue, la volonté de « libérer » la nature de Dieu conduit à perdre de vue la réalité même de la nature, y compris la nature de l’homme, en la réduisant à un ensemble de fonctions dont on peut disposer à souhait pour édifier un monde supposé meilleur et une humanité supposée plus heureuse; au contraire, on détruit le dessein du Créateur et, ainsi, la vérité de notre nature.

Les enfants
En ce qui concerne la procréation des enfants, le mariage reflète également son modèle divin, l’amour de Dieu pour l’homme. Chez l’homme et chez la femme la paternité et la maternité, comme le corps et comme l’amour, ne se laissent pas cerner par la biologie: la vie n’est donnée entièrement que lorsqu’à la naissance sont également donnés l’amour et le sens qui permettent de dire oui à cette vie. C’est précisément de ce fait qu’apparaît tout à fait clairement combien il est contraire à l’amour humain, à la vocation profonde de l’homme et de la femme, de fermer systématiquement sa propre union au don de la vie, et encore plus de supprimer ou de manipuler la vie qui naît.
Cependant, aucun homme et aucune femme ne peuvent à eux seuls et uniquement avec leurs propres forces donner aux enfants de manière adaptée l’amour et le sens de la vie. En effet, pour pouvoir dire à quelqu’un « ta vie est bonne, bien que je ne connaisse pas ton avenir », une autorité et une crédibilité supérieures à celles que l’individu peut se donner tout seul sont nécessaires. Le chrétien sait que cette autorité est conférée à cette famille plus vaste, que Dieu, à travers son Fils Jésus Christ et le don de l’Esprit Saint, a créée dans l’histoire des hommes, c’est-à-dire à l’Eglise. Il reconnaît ici à l’oeuvre cet amour éternel et indestructible qui assure à la vie de chacun de nous son sens permanent, même si nous ne connaissons pas l’avenir. C’est pour cette raison que l’édification de chaque famille chrétienne se situe dans le contexte de la famille plus vaste de l’Eglise, qui la soutient et la conduit avec elle et qui garantit qu’elle a un sens et qu’à l’avenir également le « oui » du Créateur sera présent sur elle. Et, réciproquement, l’Eglise est édifiée par les familles, « petites Eglises domestiques », comme les a appelées le Concile Vatican II (Lumen gentium, n. 11; Apostolicam actuositatem, n. 11), en redécouvrant une antique expression patristique (Saint Jean Chrysostome, In Genesim serm. VI, 2; VII, 1). Dans la même optique, Familiaris consortio affirme que « le mariage chrétien… constitue le lieu naturel où s’accomplit l’insertion de la personne humaine dans la grande famille de l’Eglise » (n. 15).

La famille et l’Eglise
Une conséquence évidente découle de tout cela: la famille et l’Eglise, de manière concrète les paroisses et les autres formes de communautés ecclésiales, sont appelées à la plus étroite collaboration pour la tâche fondamentale que constituent, de manière indissociable, la formation de la personne et la transmission de la foi. Nous savons bien que pour une oeuvre d’éducation authentique il ne suffit pas d’avoir une théorie juste ou une doctrine à transmettre. Il y a besoin de quelque chose de beaucoup plus grand et humain, de la proximité, quotidiennement vécue, qui est propre à l’amour et qui trouve son milieu le plus propice avant tout dans la communauté familiale, mais ensuite également dans une paroisse, ou un mouvement ou une association ecclésiale, où se rencontrent des personnes qui prennent soin de leurs frères, en particulier des enfants et des jeunes, mais également des adultes, des personnes âgées, des malades, des familles elles-mêmes car elles les aiment dans le Christ. Le grand Patron des éducateurs, saint Jean Bosco, rappelait à ses fils spirituels, que l’ »éducation est une chose du coeur et que Dieu seul en est le patron » (Epistolario, 4, 209).
Au centre de l’oeuvre éducative, et en particulier dans l’éducation à la foi, qui est le sommet de la formation de la personne et son horizon le plus adapté, se trouve de manière concrète la figure du témoin: il devient un point de référence précisément dans la mesure où il sait rendre raison de l’espérance qui soutient sa vie (cf. 1 P 3, 15), il est personnellement concerné par la vérité qu’il propose. D’autre part, le témoin ne renvoie jamais à lui-même mais à quelque chose, ou mieux, à Quelqu’un plus grand que lui, qu’il a rencontré et dont il a éprouvé la bonté à laquelle on peut faire confiance. Ainsi, chaque éducateur et témoin trouve son modèle indépassable en Jésus Christ, le grand témoin du Père, qui ne disait rien de lui-même, mais qui parlait comme le Père le lui avait enseigné (cf. Jn 8, 28).
Tel est le motif pour lequel à la base de la formation de la personne chrétienne et de la transmission de la foi se trouve nécessairement la prière, l’amitié personnelle avec le Christ et la contemplation en Lui du visage du Père. Cela vaut évidemment pour tout notre engagement missionnaire, en particulier pour la pastorale de la famille: que la Famille de Nazareth soit donc pour nos familles et pour nos communautés l’objet d’une prière constante et confiante, ainsi qu’un modèle de vie.
Chers frères et soeurs, et en particulier vous, chers prêtres, je connais la générosité et le dévouement avec lesquels vous servez le Seigneur et l’Eglise. Votre travail quotidien pour la formation à la foi des nouvelles générations, en lien étroit avec les sacrements de l’initiation chrétienne, ainsi que pour la préparation au mariage et pour l’accompagnement des familles sur leur chemin souvent difficile, en particulier dans la grande tâche de l’éducation des enfants, est la route fondamentale pour régénérer toujours à nouveau l’Eglise et également pour vivifier le tissu social de notre bien-aimée ville de Rome.

La menace du relativisme
Continuez donc, sans vous laisser décourager par les difficultés que vous rencontrez. Le rapport éducatif est de par sa nature quelque chose de délicat: il met en effet en jeu la liberté de l’autre qui, pour autant que ce soit avec douceur, est cependant toujours invitée à prendre une décision. Ni les parents, ni les prêtres ou les catéchistes, ni les autres éducateurs ne peuvent se substituer à la liberté de l’enfant, de l’adolescent ou du jeune auquel ils s’adressent. Et la proposition chrétienne interpelle de manière particulièrement profonde la liberté, l’appelant à la foi et à la conversion. Aujourd’hui, un obstacle extrêmement menaçant pour l’oeuvre d’éducation est constitué par la présence massive, dans notre société et notre culture, de ce relativisme qui, en ne reconnaissant rien comme définitif, ne laisse comme ultime mesure que son propre moi avec ses désirs, et sous l’apparence de la liberté devient une prison pour chacun, séparant l’un de l’autre et réduisant chacun à se retrouver enfermé dans son propre « Moi ». Dans un tel horizon relativiste une véritable éducation n’est donc pas possible: en effet, sans la lumière de la vérité toute personne est condamnée, à un moment ou à un autre, à douter de la bonté de sa vie même et des relations qui la constituent, de la valeur de son engagement pour construire quelque chose en commun avec les autres.
Il est donc clair que nous devons non seulement chercher à surmonter le relativisme dans notre travail de formation des personnes, mais que nous sommes également appelés à nous opposer à sa domination destructrice dans la société et dans la culture. A côté de la parole de l’Eglise, le témoignage et l’engagement public des familles chrétiennes sont donc très importants, en particulier pour réaffirmer le caractère intangible de la vie humaine de sa conception jusqu’à son terme naturel, la valeur unique et irremplaçable de la famille fondée sur le mariage et la nécessité de mesures législatives et administratives qui soutiennent les familles dans leur tâche d’engendrer et d’éduquer les enfants, une tâche essentielle pour notre avenir commun. Je vous remercie cordialement également pour cet engagement.

Sacerdoce et vie consacrée
Un dernier message que je voudrais vous confier concerne le soin pour les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée: nous savons tous combien l’Eglise en a besoin! Pour que ces vocations naissent et parviennent à maturation, pour que les personnes appelées restent toujours dignes de leur vocation, la prière tout d’abord est décisive, une prière qui ne doit jamais manquer dans chaque famille et communauté chrétienne. Mais le témoignage de vie des prêtres, des religieux et des religieuses, la joie qu’ils expriment pour avoir été appelés par le Seigneur sont également fondamentaux. L’exemple que les enfants reçoivent au sein de leur propre famille et la conviction des familles elles-mêmes que, pour elles aussi, la vocation de leurs enfants est un grand don du Seigneur sont également essentiels. Le choix de la virginité par amour de Dieu et des frères, qui est demandé pour le sacerdoce et la vie consacrée, accompagne en effet la valorisation du mariage chrétien: l’un et l’autre, de deux manières différentes et complémentaires, rendent d’une certaine façon visible le mystère de l’alliance entre Dieu et son peuple.
Chers frères et soeurs, je vous confie ces réflexions comme contribution à votre travail au cours des soirées du Congrès et, ensuite, pendant la prochaine année pastorale. Je demande au Seigneur de vous donner du courage et de l’enthousiasme, afin que notre Eglise de Rome, chaque paroisse, chaque communauté religieuse, association ou mouvement participe plus intensément à la joie et aux efforts de la mission et, ainsi, que chaque famille et toute la communauté chrétienne redécouvre dans l’amour du Seigneur la clef qui ouvre la porte des coeurs et qui rend possible une véritable éducation à la foi et à une formation des personnes. Que mon affection et ma Bénédiction vous accompagnent aujourd’hui et à l’avenir.

 

Saint François en prière, Salzbourg, porte de Kapuzinerberg.

4 octobre, 2014

Saint François en prière, Salzbourg, porte de Kapuzinerberg. dans images sacrée 640px-San_Francesco_d%27Assisi_at_Kapuzinerberg%27s_gate_in_Salzburg

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_d’Assise

La vigne du Seigneur

3 octobre, 2014

La vigne du Seigneur dans images sacrée Parabola

http://www.davidegalliani.com/2013/08/la-vigna-del-signore.html

LES COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE – Isaïe 5 , 1 – 7

3 octobre, 2014

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

LES COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – Isaïe 5 , 1 – 7

1 Je chanterai pour mon ami
le chant du bien-aimé à sa vigne.
Mon ami avait une vigne
sur un coteau plantureux.
2 Il en retourna la terre et en retira les pierres,
pour y mettre un plant de qualité.
Au milieu, il bâtit une tour de garde
et creusa aussi un pressoir.
Il en attendait de beaux raisins,
mais elle en donna de mauvais.
3 Et maintenant, habitants de Jérusalem, hommes de Juda,
soyez donc juges entre moi et ma vigne !
4 Pouvais-je faire pour ma vigne
plus que je n’ai fait ?
J’attendais de beaux raisins,
pourquoi en a-t-elle donné de mauvais ?
5 Eh bien, je vais vous apprendre
ce que je vais faire de ma vigne :
enlever sa clôture
pour qu’elle soit dévorée par les animaux,
ouvrir une brèche dans son mur
pour qu’elle soit piétinée.
6 J’en ferai une pente désolée ;
elle ne sera ni taillée ni sarclée,
il y poussera des épines et des ronces ;
J’interdirai aux nuages
d’y faire tomber la pluie.
7 La vigne du Seigneur de l’univers,
c’est la maison d’Israël.
Le plant qu’il chérissait,
ce sont les hommes de Juda.
Il en attendait le droit,
et voici l’iniquité ;
il en attendait la justice,
et voici les cris de détresse.

Une chanson de vendanges devenue chant de noces
Cela commence comme une chanson de vendanges : « Je chanterai pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne. Mon ami avait une vigne sur un coteau plantureux. Il en retourna la terre et en retira les pierres, pour y mettre un plant de qualité. »
La vigne, en Israël, est chose précieuse ! Et tout le monde sait quels soins patients et attentifs elle requiert de la part du vigneron. Si bien qu’une chanson de vendanges vantant la sollicitude du vigneron était devenue une chanson de noces : on invitait le jeune époux à prodiguer autant de soins à son épouse.
Les noces, image de l’Alliance de Dieu avec son peuple
Le prophète Isaïe, à son tour, reprend la même chanson, mais cette fois pour parler de l’Alliance entre Dieu et Israël. De la chanson de vendanges devenue chant de noces, il a tiré une véritable parabole. Ses auditeurs ne s’y tromperont donc pas, il ne s’agit pas d’une simple chanson de vendanges, ni même de fête de mariage !
D’ailleurs, c’est le prophète lui-même qui déchiffre la parabole. « La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël. Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda ». Quant aux fruits, Isaïe est tout aussi clair : le bon raisin attendu, c’est le droit et la justice ; le mauvais raisin, c’est ce qu’il appelle « l’iniquité, et les cris de détresse ».
Les mauvais fruits de cette vigne
Dans la suite de ce chapitre, il précise ses reproches : « Malheur ! Ceux-ci joignent maison à maison, champ à champ, jusqu’à prendre toute la place et à demeurer seuls au milieu du pays »… C’est la recherche égoïste de l’argent et de la propriété qui est visée ici. Et cette insouciance des riches pour le malheur des pauvres qui caractérise souvent les périodes prospères : « Levés de bon matin, ils courent après les boissons fortes, et jusque tard dans la soirée, ils s’échauffent avec le vin. La harpe et la lyre, le tambourin et la flûte accompagnent leurs beuveries, mais ils ne regardent pas ce que fait le Seigneur et ne voient pas ce que ses mains accomplissent » (Is 5, 8-12).
Il y a pire encore, c’est la perversion de la justice : « Malheur ! Ils déclarent BIEN le mal et MAL le bien. Ils font de l’obscurité la lumière et de la lumière l’obscurité. Ils font passer pour amer ce qui est doux et pour doux ce qui est amer… Ils justifient le coupable pour un présent (autrement dit, les juges se font acheter) et ils refusent à l’innocent sa justification » (Is 5, 20).
Que fait le vigneron mal récompensé de ses efforts ? Il finit par admettre que la terre est trop mauvaise et il abandonne l’entreprise. Le beau carré bien ordonnancé sera vite redevenu un terrain vague où pousseront des épines et des ronces, comme dit Isaïe.
C’est toujours la même leçon : dès qu’on s’éloigne de la fidélité aux commandements, on fait fausse route et le peuple créé pour que tous ses membres soient heureux et libres, devient le règne de tous les égoïsmes et de tous les vices ; et cela se termine toujours mal. Tout comme un beau carré de vigne laissé à l’abandon devient la proie des bêtes sauvages.
La colère du vigneron
Ce qui est troublant, une fois de plus, dans ce message du prophète c’est qu’Isaïe attribue à Dieu lui-même l’exercice du châtiment : le vigneron de la parabole d’Isaïe ne se contente pas de laisser faire le cours des choses ; c’est lui-même qui enlève la clôture et ouvre une brèche dans le mur pour que la vigne soit piétinée et dévorée par les animaux…
En réalité, comme dimanche dernier, avec le prophète Ezéchiel, nous sommes à une étape de la pédagogie de Dieu. Avec Isaïe, nous sommes même avant Ezéchiel, donc à une époque où l’on dit volontiers que Dieu punit nos mauvaises actions ; à une époque surtout où on n’est pas débarrassé de l’idolâtrie : et donc pour le prophète, il s’agit avant tout d’affirmer qu’il n’existe qu’une puissance au monde ; aucune autre divinité n’est à craindre. Dans tout ce qui nous arrive, c’est vers le Dieu d’Israël qu’il faut se tourner. Lui, le Saint d’Israël, est totalement étranger à toutes les bassesses et les injustices des hommes. Ceux-ci n’ont donc aucune chance de survie s’ils ne changent pas de vie.
Là Isaïe fait la grosse voix, pourrait-on dire, mais n’oublions pas que le même Isaïe, plus tard, quand il faudra remonter le moral des troupes, reprendra son chant de la vigne avec d’autres couplets : « Ce jour-là chantez la vigne délicieuse. Moi, le SEIGNEUR, j’en suis le gardien, à intervalles réguliers je l’arrose. De peur qu’on y fasse irruption, je la garde nuit et jour. Je ne suis plus en colère… » (Is 27, 2-4a).
Notre chance à nous, deux mille cinq cents ans plus tard, c’est de savoir que Dieu n’est jamais en colère !
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Compléments
- A propos de la vigne : entendons-nous bien, quand on pense à la vigne, il ne s’agit pas d’un seul pied, mais d’un carré de vigne : ce qui veut dire déjà un lopin de terre bien à soi. Puisqu’elle exige des soins constants, elle signifie culture, installation ; tout le monde se souvient de Noé, le premier vigneron. La vigne est le premier arbre cultivé, premier signe de civilisation après le déluge : Gn 9, 20-22 ; cela veut dire aussi période de paix, où l’on est assuré de pouvoir travailler sa terre encore le lendemain.
Pendant toute la traversée du désert, évidemment, il ne sera plus question de vigne et c’est l’un des reproches que l’on fait à Moïse, justement, quand on perd le moral : « Pourquoi nous avez-vous fait monter d’Egypte et nous avez-vous amenés en ce triste lieu ? Ce n’est pas un lieu pour les semailles ni pour le figuier, la vigne ou le grenadier ; il n’y a même pas d’eau à boire » (Nb 20, 5).
A l’inverse, lorsque Moïse organisa une première mission de reconnaissance dans la terre de Canaan que Dieu lui avait promise, les explorateurs furent aussitôt impressionnés par la richesse des vignobles ; c’était la saison des premiers raisins. « Ils arrivèrent jusqu’à la vallée d’Eshkol (au Nord d’Hébron) où ils coupèrent une branche de vigne avec une grappe de raisin qu’ils portèrent à deux au moyen d’une perche. Ils y prirent aussi des grenades et des figues ». (Nb 13, 23). Désormais, quand on veut parler d’une période de bonheur et de prospérité, on dit « Juda et Israël habitèrent en paix, chacun sous sa vigne et sous son figuier, pendant toute la vie du roi Salomon » (1 R 5, 5 ). De même, quand on parle du règne de Dieu dans l’avenir, le règne de la paix et de la justice, on dit : « On ne brandira plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à se battre. Ils demeureront chacun sous sa vigne et sous son figuier » (Mi 4, 4).
- Isaïe 5, 6 : Epines et ronces : « Il adviendra, en ce jour-là, que tout lieu où il y avait mille ceps de vigne, valant mille pièces d’argent, deviendra épines et ronces. On y viendra avec des flèches et un arc, car tout le pays deviendra épines et ronces ». (Isaïe 7, 23-24). On ne peut pas s’empêcher de penser aux épines et aux chardons qui envahissent le sol après la faute d’Adam. (Gn 3, 18).
- En Israël, la métaphore de la vigne va très loin : le pressoir est présenté comme une image du jugement.

HOMÉLIE 27E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

3 octobre, 2014

http://www.homelies.fr/homelie,,3976.html

27E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

DIMANCHE 5 OCTOBRE 2014

HOMÉLIE – MESSE

la lecture de l’évangile, nous reconnaissons sans peine des éléments empruntés au chant de la vigne que la première lecture de ce dimanche nous donne à entendre : « Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde ».
Le prophète Isaïe nous parle d’un vigneron, propriétaire de sa vigne, qui l’entoure des soins les plus précieux afin qu’elle porte de bons fruits. Comme nous le rapporte le texte, il va même jusqu’à édifier au cœur de cette vigne une tour, sans doute pour la garder des voleurs et des bêtes sauvages (Cf. Psaume). Il y creuse aussi un pressoir qui lui permettra d’en exploiter le fruit. Cet homme qui aime sa vigne ne va malheureusement en recevoir qu’un fruit mauvais, ne comprenant pas ce qu’il aurait pu faire de plus pour celle-ci. La vigne représente clairement ici le peuple d’Israël, aimé et assisté par Dieu mais qui ne produit pas les fruits escomptés par ce dernier. Pourtant, lui qui l’avait cultivée avec tant de soin savait pertinemment qu’elle pouvait les donner.
A la différence de la première lecture du livre d’Isaïe, dans la parabole de l’évangile, Jésus, au lieu de s’arrêter sur les fruits mauvais que la vigne porte, insiste sur l’attitude des vignerons à qui le maître en confie l’entretien. Si l’attention du propriétaire pour sa vigne est toujours aussi présente, ici ce sont les ouvriers qui ne produisent pas le fruit attendu de la part de leur patron. Par deux fois, ils maltraitent les serviteurs, refusant de remettre la récolte et vont jusqu’à tuer son propre fils qu’il envoie en dernier recours.
C’est en fait autour de cette figure du « fils » que se noue le drame de l’histoire et que se trouve la fine pointe de l’enseignement de Jésus. En envoyant son « fils », le maître ne se présente plus comme « propriétaire » mais comme « père » et en tant que tel digne de respect. Ayant perçu la révolte de ces vignerons, il espère que son fils arrivera à les réconcilier avec lui et qu’un dialogue pour être renoué. Mais en vain. Les ouvriers ne reconnaissent pas le fils et voient en lui seulement l’héritier. Leur meurtre va alors dévoiler au grand jour quelle était la raison de leurs malversations antérieures : ils ont eu peur de se voir enlever la récolte. Leur cupidité les a aveuglés, leur empêchant de discerner le fils et à travers lui la bonté du père. La soif de l’avoir et du pouvoir les a conduit à entrer dans une logique de violence et de mort.
Les textes de ce dimanche nous invitent à réfléchir sur les dons que Dieu nous a faits tout au long de notre vie. Parfois, nous percevons mieux combien le temps passe et combien notre vie vieillit avec nous, et lorsque nous voulons faire le bilan des fruits que notre vie a portés, les résultats sont souvent peu probants. Que s’est-il passé ? Avons-nous fait fructifier avec intelligence et bonne volonté les talents reçus ? Ou bien avons-nous vécu comme une vigne distraite sans nous rendre compte que nous étions appelés à produire un beau raisin ? Ou bien encore, avons-nous vécu comme de mauvais vignerons qui pensaient plus à eux qu’à l’amour de leur employeur pour sa vigne ?
Nous avons reçu beaucoup de Dieu en ce que nous sommes (une vigne belle par sa création et entretenue par sa providence ; cf. 1ère lecture) et en ce qui nous est confié (Une vigne où nous avons à œuvrer ; Cf. Evangile). Dans les deux cas, nous sommes invités à produire un fruit de vie éternelle, de sainteté et de charité. C’est le thème développé par saint Paul lorsqu’il exhorte les Philippiens à prendre à leur compte « tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges », autrement dit, à réaliser ainsi des œuvres bonnes et saintes (Cf. 2ème lecture). Mais « prendre à son compte » signifie précisément que cela ne vient pas de nous, que cela nous est donné. Les dons de Dieu sont des dons et le piège est de se laisser fasciner par eux au point d’en oublier le Donateur. En coupant ainsi les dons de Celui qui en est la source, nous les détournons de leur finalité. Leur fruit n’est plus la vie mais la mort : mort du fils…
Lorsque Jésus arrive à ce point de son récit, il interpelle ses auditeurs : « Et bien, quand le maître viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » La réponse ne se fait pas attendre : C’est la punition qui doit prévaloir jusqu’à les faire périr, qui plus est « misérablement ». Autrement dit, pas de pitié et la vigne se verra confiée à d’autres vignerons mieux intentionnés. Mais nous sommes toujours dans une logique de mort. D’ailleurs, pas un mot dans cette réponse au sujet du « fils ». Les auditeurs de Jésus l’auraient-ils oublié ? Serait-il mort pour eux aussi ?
Pour Jésus, l’histoire ne peut se finir ainsi. Ce maître serait-il vraiment père s’il faisait si peu de cas de son fils ? La mort du fils ne saurait être le dernier mot, pas plus que la vengeance suggérée par les auditeurs. Le maître va tout au contraire se servir de la perversion des vignerons pour révéler que sa paternité est plus puissante que la mort infligée au fils. C’est la vie qui doit avoir le dernier mot. Au sein d’Israël, le refus de certains d’accueillir son Fils, permettra à notre Père céleste de révéler la toute-puissance de sa miséricorde, en construisant le Royaume sur la pierre rejetée, choisie comme pierre d’angle : « C’est là l’œuvre du Seigneur, une merveille à nos yeux ! »
Ce Royaume c’est l’Eglise du Christ, composée de Juifs et de païens convertis, qui est appelée tout comme Israël à porter un fruit de vie éternelle. Cette Eglise, nous en sommes membres depuis le jour de notre baptême. Ce jour-là, pour reprendre une autre allégorie de la vigne – que l’on trouve cette fois dans saint Jean -, nous avons été greffés sur le Christ, comme les sarments sur le cep de la vigne (Cf. Jean 15).
Comme le Père a envoyé son Fils dans le monde pour réaliser sa mission rédemptrice, de la même manière, le Christ nous envoie pour collaborer à son œuvre de Rédemption. Il est vrai que les fruits de notre sarment ne sont pas toujours immédiats ou visibles mais nous ne pouvons douter que si nous restons unis au Christ comme le sarment uni au cep, nous porterons un fruit qui demeure. Produire ainsi du fruit c’est rendre gloire à Dieu parce que c’est contribuer à la croissance de son Royaume de justice, de paix et de miséricorde.
« Seigneur, la mission que tu nous confie dans l’histoire du salut n’est pas banale. Aide-nous à cultiver avec soin notre vigne pour qu’elle puisse produire un raisin doux et comestible pour nos frères afin qu’ils découvrent ta bonté, toi le maître de la vigne et le Seigneur de la Vie. »

Frère Elie

Food dishes, bowls and serving jugs shown in a reconstructed Israelite house.

2 octobre, 2014

 Food dishes, bowls and serving jugs shown in a reconstructed Israelite house. dans images Reconstructed_israelite_house%2C_Monarchy_perios

http://en.wikipedia.org/wiki/Ancient_Israelite_cuisine

LE TRAVAIL : PARCOURS BIBLIQUE

2 octobre, 2014

http://it.mariedenazareth.com/12845.0.html?&L=0

LE TRAVAIL : PARCOURS BIBLIQUE

En paroles brèves :

- Le travail fait partie de l’existence authentiquement humaine, il est donné lors de la Création, avant le péché (livre de la Genèse).
- Le travail n’est pas une idole, il est orienté vers repos sabbatique (livre de l’Exode).
– Jésus a travaillé :
Il a travaillé à Nazareth comme charpentier.
Sa vie publique est aussi un travail : il enseigne, il guérit les malades, il transforme les hommes, il accomplit une oeuvre de Rédemption jusqu’à la croix où il transforme tout dans l’amour.
– Jésus honore notre travail et nous enseigne à le vivre sans angoisse.
Chacun, d’une manière ou d’une autre doit « travailler ».

a) Le devoir de cultiver et de conserver la terre
L’Ancien Testament présente Dieu comme le Créateur tout-puissant (cf. Gn 2, 2; Jb 38, 41; Ps 104; Ps 147), qui modèle l’homme à son image, l’invite à travailler la terre (cf. Gn 2, 5-6) et à garder le jardin d’Éden où il l’a placé (cf. Gn 2, 15).
Au premier couple humain, Dieu confie la tâche de soumettre la terre et de dominer sur tout être vivant (cf. Gn 1, 28). La domination de l’homme sur les autres êtres vivants ne doit cependant pas être despotique et insensée; au contraire, il doit « cultiver et garder » (cf. Gn 2, 15) les biens créés par Dieu: biens que l’homme n’a pas créés, mais reçus comme un don précieux placé par le Créateur sous sa responsabilité. Cultiver la terre signifie ne pas l’abandonner à elle-même; exercer une domination sur elle, cela veut dire en prendre soin, comme un roi sage prend soin de son peuple et un berger de son troupeau.
Dans le dessein du Créateur, les réalités créées, bonnes en elles-mêmes, existent en fonction de l’homme. L’émerveillement face au mystère de la grandeur de l’homme fait s’exclamer le psalmiste:
« Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, un fils d’homme pour que tu en prennes souci? Tu l’as créé un peu moindre qu’un dieu, tu l’as couronné de gloire et d’honneurs: tu lui as donné pouvoir sur les œuvres de tes mains, tu as mis toutes choses à ses pieds » (Ps 8, 5-7).
Le travail appartient à la condition originelle de l’homme et précède sa chute; il n’est donc ni une punition ni une malédiction.
Il devient fatigue et peine à cause du péché d’Adam et Ève, qui brisent leur rapport de confiance et d’harmonie avec Dieu (cf. Gn 3, 6-8). L’interdiction de manger « de l’arbre de la connaissance du bien et du mal » (Gn 2, 17) rappelle à l’homme qu’il a tout reçu en don et qu’il continue à être une créature et non pas le Créateur.
Le péché d’Adam et Ève fut précisément provoqué par cette tentation: « Vous serez comme des dieux » (Gn 3, 5). Ils voulurent la domination absolue sur toutes les choses, sans se soumettre à la volonté du Créateur. Depuis lors, le sol se fait avare, ingrat, sournoisement hostile (cf. Gn 4, 12); ce n’est qu’à la sueur de son front qu’il sera possible d’en tirer la nourriture (cf. Gn 3, 17.19). Cependant, en dépit du péché des premiers parents, le dessein du Créateur, le sens de ses créatures et, parmi elles, de l’homme, appelé à cultiver et à garder la création, demeurent inaltérés.
Le travail doit être honoré car il est source de richesse ou, du moins, de dignes conditions de vie et, en général, c’est un instrument efficace contre la pauvreté (cf. Pr 10, 4), mais il ne faut pas céder à la tentation de l’idolâtrer, car on ne peut pas trouver en lui le sens ultime et définitif de la vie. Le travail est essentiel, mais c’est Dieu, et non le travail, qui est la source de la vie et la fin de l’homme. Le principe fondamental de la Sagesse est en effet la crainte du Seigneur; l’exigence de la justice, qui en découle, précède celle du gain:
« Mieux vaut peu avec la crainte du Seigneur qu’un riche trésor avec l’inquiétude » (Pr 15, 16)
« Mieux vaut peu avec la justice que d’abondants revenus sans le bon droit » (Pr 16, 8)
Le sommet de l’enseignement biblique sur le travail est le commandement du repos sabbatique. Le repos ouvre à l’homme, lié à la nécessité du travail, la perspective d’une liberté plus pleine, celle du Sabbat éternel (cf. He 4, 9-10). Le repos permet aux hommes d’évoquer et de revivre les œuvres de Dieu, de la Création à la Rédemption, de se reconnaître eux- mêmes comme son œuvre (cf. Ep 2, 10) et de rendre grâce pour leur vie et leur subsistance, à lui qui en est l’Auteur.
La mémoire et l’expérience du sabbat constituent un rempart contre l’asservissement au travail, volontaire ou imposé, et contre toute forme d’exploitation, larvée ou évidente. De fait, le repos sabbatique a été institué non seulement pour permettre la participation au culte de Dieu mais aussi pour défendre le pauvre; il a aussi une fonction libératrice des dégénérescences anti-sociales du travail humain.
Ce repos, qui peut aussi durer un an, comporte en effet une expropriation des fruits de la terre en faveur des pauvres et, pour les possesseurs de la terre, la suspension des droits de propriété:
« Pendant six ans tu ensemenceras la terre et tu en engrangeras le produit. Mais la septième année, tu la laisseras en jachère et tu en abandonneras le produit; les pauvres de ton peuple le mangeront et les bêtes des champs mangeront ce qu’ils auront laissé. Tu feras de même pour ta vigne et pour ton olivier » (Ex 23, 10-11).
Cette coutume répond à une intuition profonde: l’accumulation des biens par certains peut conduire à une soustraction des biens à d’autres.
Conseil Pontifical Justice et Paix,
Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, 2 avril 2004, § 255-258

b) Jésus, homme du travail
Dans sa prédication, Jésus enseigne à apprécier le travail.
Lui-même, « devenu en tout semblable à nous, a consacré la plus grande partie de sa vie sur terre au travail manuel, à son établi de charpentier », dans l’atelier de Joseph (cf. Mt 13, 55; Mc 6, 3), à qui il était soumis (cf. Lc 2, 51).
Jésus condamne le comportement du serviteur paresseux, qui enfouit sous terre le talent (cf. Mt 25, 14-30) et loue le serviteur fidèle et prudent que le maître trouve en train d’accomplir les tâches qu’il lui a confiées (cf. Mt 24, 46).
Il décrit sa propre mission comme une œuvre: « Mon Père est à l’œuvre jusqu’à présent et j’œuvre moi aussi » (Jn 5, 17) et ses disciples comme des ouvriers dans la moisson du Seigneur, qui est l’humanité à évangéliser (cf. Mt 9, 37-38). Pour ces ouvriers vaut le principe général selon lequel « l’ouvrier mérite son salaire » (Lc 10, 7); ils sont autorisés à demeurer dans les maisons où ils sont accueillis, à manger et à boire ce qui leur est offert (cf. ibid.).
Dans sa prédication, Jésus enseigne aux hommes à ne pas se laisser asservir par le travail.
Ils doivent se soucier avant tout de leur âme; gagner le monde entier n’est pas le but de leur vie (cf. Mc 8, 36). De fait, les trésors de la terre se consument, tandis que les trésors du ciel sont impérissables: c’est à ceux-ci qu’il faut lier son cœur (cf. Mt 6, 19-21).
Le travail ne doit pas angoisser (cf. Mt 6, 25.31.34): préoccupé et agité par bien des choses, l’homme risque de négliger le Royaume de Dieu et sa justice (cf. Mt 6, 33), dont il a vraiment besoin; tout le reste, y compris le travail, ne trouve sa place, son sens et sa valeur que s’il est orienté vers l’unique chose nécessaire, qui ne sera jamais enlevée (cf. Lc 10, 40-42).
Durant son ministère terrestre, Jésus travaille inlassablement, accomplissant des œuvres puissantes pour libérer l’homme de la maladie, de la souffrance et de la mort. Le sabbat, que l’Ancien Testament avait proposé comme jour de libération et qui, observé simplement pour la forme, était vidé de sa signification authentique, est réaffirmé par Jésus dans sa valeur originelle: « Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat! » (Mc 2, 27).
Par les guérisons, accomplies en ce jour de repos (cf. Mt 12, 9-14; Mc 3, 1-6; Lc 6, 6-11; 13, 10-17; 14, 1-6), il veut démontrer que le sabbat est à lui, car il est vraiment le Fils de Dieu et que c’est le jour où l’on doit se consacrer à Dieu et aux autres.
Libérer du mal, pratiquer la fraternité et le partage, c’est conférer au travail sa signification la plus noble, celle qui permet à l’humanité de s’acheminer vers le Sabbat éternel, dans lequel le repos devient la fête à laquelle l’homme aspire intérieurement. Précisément dans la mesure où il oriente l’humanité à faire l’expérience du sabbat de Dieu et de sa vie conviviale, le travail inaugure sur la terre la nouvelle création.
Le travail inaugure sur la terre la nouvelle création.
L’activité humaine d’enrichissement et de transformation de l’univers peut et doit faire apparaître les perfections qui y sont cachées et qui, dans le Verbe incréé, trouvent leur principe et leur modèle.
De fait, les écrits de Paul et de Jean mettent en lumière la dimension trinitaire de la création et, en particulier, le lien qui existe entre le Fils-Verbe, le « Logos », et la création (cf. Jn 1, 3; 1 Co 8, 6; Col 1, 15-17).
Créé en lui et par lui, racheté par lui, l’univers n’est pas un amas occasionnel, mais un « cosmos », dont l’homme doit découvrir l’ordre, le favoriser et le porter à son achèvement: En Jésus-Christ, le monde visible, créé par Dieu pour l’homme – ce monde qui, lorsque le péché y est entré, a été soumis à la caducité (Rm 8, 20; cf. ibid., 8, 19-22) -, retrouve de nouveau son lien originaire avec la source divine de la sagesse et de l’amour.
De la sorte, c’est-à- dire en mettant en lumière, en une progression croissante « les insondables richesses du Christ » (Ep 3, 8), dans la création, le travail humain se transforme en un service rendu à la grandeur de Dieu.
Le travail représente une dimension fondamentale de l’existence humaine comme participation à l’œuvre non seulement de la création, mais aussi de la rédemption.
Celui qui supporte la fatigue pénible du travail en union avec Jésus, coopère en un certain sens avec le Fils de Dieu à son œuvre rédemptrice et témoigne qu’il est disciple du Christ en portant la Croix, chaque jour, dans l’activité qu’il est appelé à accomplir. Dans cette perspective, le travail peut être considéré comme un moyen de sanctification et une animation des réalités terrestres dans l’Esprit du Christ.
Ainsi conçu, le travail est une expression de la pleine humanité de l’homme, dans sa condition historique et dans son orientation eschatologique: son action libre et responsable en dévoile la relation intime avec le Créateur et le potentiel créatif, tandis que chaque jour il combat contre la défiguration du péché, notamment en gagnant son pain à la sueur de son front.
Conseil Pontifical Justice et Paix,
Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, 2 avril 2004, § 259-263

c) Le devoir de travailler
La conscience du caractère transitoire de la « scène de ce monde » (cf. 1 Co 7, 31) ne dispense d’aucun engagement historique, et encore moins du travail (cf. 2 Th 3, 7-15), qui fait partie intégrante de la condition humaine, bien que n’étant pas l’unique raison de vivre.
Aucun chrétien, du fait qu’il appartient à une communauté solidaire et fraternelle, ne doit se sentir en droit de ne pas travailler et de vivre aux dépens des autres (cf. 2 Th 3, 6-12); tous sont plutôt exhortés par l’Apôtre Paul à se faire « un point d’honneur » à travailler de leurs propres mains afin de « n’avoir besoin de personne » (1 Th 4, 11-12) et à pratiquer une solidarité, aussi au plan matériel, en partageant les fruits du travail avec « les nécessiteux » (Ep 4, 28).
Saint Jacques défend les droits violés des travailleurs:
« Voyez: le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont fauché vos champs crie, et les clameurs des moissonneurs sont parvenues aux oreilles du Seigneur des Armées » (Jc 5, 4).
Les croyants doivent vivre le travail selon le style du Christ et en faire une occasion de témoignage chrétien « au regard de ceux du dehors » (1 Th 4, 12).
Conseil Pontifical Justice et Paix,
Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, 2 avril 2004, § 264

Conseil Pontifical Justice et Paix,
Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, 2 avril 2004, § 255-264

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