Archive pour octobre, 2014
SAINT PAUL DE LA CROIX – 19 OCTOBRE
20 octobre, 2014http://missel.free.fr/Sanctoral/10/19.php
SAINT PAUL DE LA CROIX – 19 OCTOBRE
Paul Danéi, né le 3 janvier 1694, était le fils de Luc Danéi, commerçant à Ovada (diocèse d’Acqui), dans la République de Gênes, et de sa deuxième épouse, Anne-Marie Massari, qui lui donna seize enfants dont plusieurs moururent en bas âge. En 1709, Luc Danéi retourna dans son pays natal, Castellazo, où il établit son commerce et sa famille. Paul fit quelques études à Crémolino sous la conduite d’un vénérable prêtre.
Paul qui avait toujours été pieux et vertueux, après un an de vie militaire (1715), décida de se consacrer à Dieu, malgré les efforts de son oncle, le prêtre Christophe Danéi qui lui avait arrangé un beau mariage. Tout en aidant au commerce de son père, il commença d’enseigner le catéchisme ; le curé, après l’avoir traité durement, découvrit en lui une âme exceptionnelle et, se croyant incapable de la guider, le confia à un capucin de Castellazo, le R.P. Jérôme de Tortone qui se fit aider par un de ses confrères d’Ovada, le R.P. Colomban de Gênes.
Quand les deux capucins quittèrent la région, Paul s’adressa à Don Polycarpe Cerutti, pénitencier d’Alexandrie, qui crut découvrir de l’orgueil dans ses habitudes d’oraison et lui interdit de méditer sur les fins dernières. « Je donnais entre le jour et la nuit, au moins sept heures à l’oraison et aux autres exercices ; Quant aux fêtes, je me levais le matin de très bonne heure et j’allais à une confrérie où j’étais inscrit, puis, terminée la confrérie, je me rendais à l’église principale où selon l’usage était exposé le Très Saint-Sacrement et j’y restais au moins cinq heures à genoux; j’allais ensuite prendre quelque chose et puis j’allais à vêpres. Après vêpres, en compagnie de quelques pieux jeunes gens avec qui avaient lieu de dévots entretiens, on allait prendre un peu l’air et je faisais une autre heure d’oraison mentale, puis je rentrais à la maison. »
L’évêque d’Alexandrie, Mgr de Gattinara[1], qui avait remarqué l’extraordinaire piété de ce jeune homme, avait fait sa connaissance. Paul lui confia son désir de fonder une nouvelle famille religieuse qui porterait une tunique noire sur laquelle serait cousu un cœur surmonté d’une croix avec les mots : Jesu Christi Passio. L’évêque l’autorisa à porter ce costume religieux qu’il bénit et remit lui-même (22 juillet 1720).
« Lorsque je me voyais porter la sainte tunique, je ne voyais pas de forme corporelle, comme une figure d’homme, cela non, mais en Dieu, c’est-à-dire que l’âme connaît que c’est Dieu, parce qu’il le lui fait comprendre par mouvements intérieurs du cœur et intelligence infuse dans l’esprit et si hautement que c’est bien difficile à expliquer… Cependant, pour être mieux compris, je dirai une certaine vision spirituelle, que Dieu dans son infinie miséricorde m’a plusieurs fois donnée, quand il a voulu m’envoyer quelque peine particulière. Tandis que j’étais en oraison, je voyais un fouet dans les mains de Dieu et ce fouet avait des cordes comme les disciplines et sur elles était écrit « Amor ». Au même instant, Dieu montrait à l’âme, dans une très haute contemplation, que Dieu voulait la fouetter, mais par amour, et l’âme courait vite embrasser le fouet en lui donnant des baisers en esprit… Or j’ai écrit cela pour expliquer et pour dire, selon l’intelligence que Dieu me donne, que ce que je vois en esprit avec la lumière très haute de la sainte foi, je le tiens pour plus certain que si je le voyais de mes yeux corporels, vu que ceux-ci pourraient me tromper avec quelque fantôme, tandis que, pour le reste, il n’y a pas de danger, grâce à l’intelligence que Dieu m’accorde, étant donné que je me remets à l’avis de mes supérieurs, me soumettant à ce qu’avec la grâce de Dieu ils me diront. Quand donc j’ai dit que j’ai vu dans les mains de Dieu, je n’ai pas vu ; mais l’âme a une très haute intelligence qu’elle est dans l’immense, et ainsi m’est-il arrivé pour la sainte tunique. De plus sachez que depuis que mon Dieu m’a retiré des exercices de méditation, pour m’occuper à discourir sur les mystères en allant d’une chose à l’autre, je n’ai plus de formes imaginaires. »
Le 23 novembre 1720, Paul se retirait, avec la permission de son évêque, dans une petite pièce située sous un escalier à côté de la sacristie de l’église paroissiale Saint-Charles de Castellazo. Il y fit une retraite de quarante jours, jusqu’au 1° janvier 1721, dans des conditions matérielles fort pénibles : pieds nus et mal
vêtu dans ce réduit froid et humide, il se contenta d’un peu de paille jetée à même le sol en guise de lit, ne but que de l’eau et ne mangea que le pain reçu en aumône. A la fin de cette retraite, qui donna à sa vie sa direction définitive, il apporta à Mgr de Gattinara son journal, brèves notes destinées à rendre compte des grâces reçues et des épreuves endurées, et la première ébauche de sa Règle, écrite du 2 au 7 décembre. L’évêque approuva tout.
Retiré à l’ermitage de la Sainte-Trinité puis à celui de Saint-Etienne, catéchiste et prédicateur apprécié, il fut rejoint par son frère, Jean-Baptiste, et par Paul Sardi qui ne put supporter les rigueurs de la règle. Paul partit à Rome pour obtenir l’approbation pontificale, mais n’ayant pas de protecteur, il quitta Rome sans avoir vu le Pape. Installé sur le Monte Argentario, Paul et Jean-Baptiste, prêchèrent à Orbetello puis furent appelés par l’évêque de Gaète, Charles Pignatelli[2] (juin 1723), qui les fit prêcher dans son diocèse et leur confia la retraite des ordinands. Au mois d’août 1724, ils furent recrutés par l’évêque de Troja. En 1725, alors qu’ils étaient à Rome, priant dans la basilique Saint-Pierre, pour gagner le Jubilé, ils furent remarqués par Mgr Marcel Crescenzi[3] qui les introduisit auprès de Benoît XIII.
Les deux frères se retirèrent à Gaète où les quelques jeunes gens se joignirent à eux, ne persévérèrent pas sous une règle si austère. Malgré les succès de leur prédication, ils quittèrent Gaète (14 septembre 1726) et revinrent à Rome où ils furent admis comme infirmier à l’hôpital Saint-Gallican du Transtevere. Ils furent tonsurés (6 février), reçurent les ordres mineurs (23 février), le sous-diaconat (12 avril), le diaconat (1° mai) et Benoît XIII les ordonna prêtres (7 juin). Ils furent protégés par Clément XII qui leur donna le droit de prêcher des missions (23 février 1731) et le fit missionnaires apostoliques (14 septembre 1737). Adoucie, la règle de la Congrégation des Clercs déchaussés de la Sainte-Croix et de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ fut approuvée par Benoît XIV (15 mai 1741) et la première profession eut lieu le 11 juin 1741 : Paul Danei devint Paul de la Croix. Les recrues commencèrent à affluer et les fondations se multiplièrent[4], protégées par les papes successifs. Malade depuis plusieurs années, Paul de la Croix célébra la messe pour la dernière fois le 15 juin 1775 ; il reçut l’extrême-onction le 8 octobre et mourut après avoir communié le 18 octobre 1775. Il fut enterré dans la basilique romaine des Saints-Jean-et-Paul.
Pie VI qui, comme Benoît XIV, était allé le visiter dans sa chambre, le déclara vénérable (septembre 1784) ; Pie VII proclama l’héroïcité de ses vertus (18 février 1821), Pie IX le béatifia (1° mai 1853) et le canonisa (29 juin 1869).
PAPE FRANÇOIS : MESSE DE CLÔTURE DU SYNODE EXTRAORDINAIRE SUR LA FAMILLE ET BÉATIFICATION DU PAPE PAUL VI
20 octobre, 2014MESSE DE CLÔTURE DU SYNODE EXTRAORDINAIRE SUR LA FAMILLE ET
BÉATIFICATION DU PAPE PAUL VI
HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS
Place Saint-Pierre
Dimanche 19 octobre 2014
Nous venons d’entendre une des phrases les plus célèbres de tout l’Évangile : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 21).
À la provocation des pharisiens qui, pour ainsi dire, voulaient lui faire passer l’examen de religion et le prendre en défaut, Jésus répond avec cette phrase ironique et géniale. C’est une réponse à effet que le Seigneur livre à tous ceux qui se posent des problèmes de conscience, surtout quand entrent en jeu leurs intérêts, leurs richesses, leur prestige, leur pouvoir et leur réputation. Et cela arrive de tout temps, depuis toujours.
L’accent de Jésus retombe sûrement sur la seconde partie de la phrase : « Et (rendez) à Dieu ce qui est à Dieu”. Cela signifie reconnaître et professer – face à n’importe quel type de pouvoir – que seul Dieu est le Seigneur de l’homme, et qu’il n’y en a pas d’autre. C’est la nouveauté éternelle à découvrir chaque jour, en vainquant la peur que nous éprouvons souvent devant les surprises de Dieu.
Lui n’a pas peur de la nouveauté ! C’est pourquoi, il nous surprend continuellement, nous ouvrant et nous conduisant par des chemins imprévus. Il nous renouvelle, c’est-à-dire qu’il nous fait “nouveaux”, continuellement. Un chrétien qui vit l’Évangile est “la nouveauté de Dieu” dans l’Église et dans le monde. Et Dieu aime beaucoup cette “nouveauté” !
« Rendre à Dieu ce qui est à Dieu », signifie s’ouvrir à sa volonté, lui consacrer notre vie et coopérer à son Royaume de miséricorde, d’amour et de paix.
Là se trouve notre force véritable, le ferment qui la fait lever et le sel qui donne saveur à chaque effort humain contre le pessimisme dominant que nous propose le monde. Là se trouve notre espérance parce que l’espérance en Dieu n’est donc pas une fuite de la réalité, elle n’est pas un alibi : c’est rendre à Dieu d’une manière active ce qui lui appartient. C’est pour cela que le chrétien regarde la réalité future, celle de Dieu, pour vivre pleinement la vie – les pieds bien plantés sur la terre – et répondre, avec courage, aux innombrables nouveaux défis.
Nous l’avons vu ces jours-ci durant le Synode extraordinaire des Évêques – “Synode” signifie « marcher ensemble ». Et en effet, pasteurs et laïcs de chaque partie du monde ont apporté ici à Rome la voix de leurs Églises particulières pour aider les familles d’aujourd’hui à marcher sur la route de l’Évangile, le regard fixé sur Jésus. Ce fut une grande expérience dans laquelle nous avons vécu la synodalité et la collégialité, et nous avons senti la force de l’Esprit Saint qui guide et renouvelle toujours l’Église appelée, sans délai, à prendre soin des blessures qui saignent et à rallumer l’espérance pour beaucoup de gens sans espérance.
Pour le don de ce Synode et pour l’esprit constructif offert par tous, avec l’apôtre Paul : « À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières » (1 Th 1, 2). Et que l’Esprit Saint qui, en ces jours laborieux nous a donné de travailler généreusement avec vraie liberté et humble créativité, accompagne encore la marche qui, dans les Églises de toute la terre, nous prépare au prochain Synode Ordinaire des Évêques d’octobre 2015. Nous avons semé et nous continuerons à semer avec patience et persévérance, dans la certitude que c’est le Seigneur qui fait croître tout ce que nous avons semé (cf. 1 Co 3, 6).
En ce jour de la béatification du Pape Paul VI, me reviennent à l’esprit ses paroles, par lesquelles il a institué le Synode des Évêques : « En observant attentivement les signes des temps, nous nous efforçons d’adapter les orientations et les méthodes … aux besoins croissants de notre époque et à l’évolution de la société » (Lett. ap. Motu proprio Apostolica sollicitudo).
À l’égard de ce grand Pape, de ce courageux chrétien, de cet apôtre infatigable, nous ne pouvons dire aujourd’hui devant Dieu qu’une parole aussi simple que sincère et importante : merci ! Merci à notre cher et bien-aimé Pape Paul VI ! Merci pour ton témoignage humble et prophétique d’amour du Christ et de son Église !
Dans son journal personnel, le grand timonier du Concile, au lendemain de la clôture des Assises conciliaires, a noté : « Peut-être n’est-ce pas tant en raison d’une aptitude quelconque ou afin que je gouverne et que je sauve l’Église de ses difficultés actuelles, que le Seigneur m’a appelé et me garde à ce service, mais pour que je souffre pour l’Église, et qu’il soit clair que c’est Lui, et non un autre, qui la guide et qui la sauve » (P. Macchi, Paul VI à travers son enseignement, de Guibert 2005, p. 105). Dans cette humilité resplendit la grandeur du Bienheureux Paul VI qui, alors que se profilait une société sécularisée et hostile, a su conduire avec une sagesse clairvoyante – et parfois dans la solitude – le gouvernail de la barque de Pierre sans jamais perdre la joie ni la confiance dans le Seigneur.
Paul VI a vraiment su “rendre à Dieu ce qui est à Dieu” en consacrant sa vie tout entière à « l’engagement sacré, solennel et très grave : celui de continuer dans le temps et d’étendre sur la terre la mission du Christ » (Homélie pour le rite du couronnement, Documentation catholique n. 1404 [1963], col. 932), en aimant l’Église et en la guidant pour qu’elle soit « en même temps mère aimante de tous les hommes et dispensatrice du salut » (Lett. ap. Ecclesiam Suam, Prologue).
San Luca Evangelista che dipinge in’icona della Vergine M
17 octobre, 2014SAINT LUC ÉVANGÉLISTE – 18 OCTOBRE
17 octobre, 2014SAINT LUC ÉVANGÉLISTE – 18 OCTOBRE
Redécouvrir l’évangéliste Saint Luc (historien, médecin, peintre et évangéliste)
« Luc est né à Antioche. L’on ignore s’il était païen ou juif non croyant. Il exerçait la profession de médecin. Cet homme cultivé connaissait la langue grecque. Il se présente comme écrivain, soucieux de vérité historique. La visée théologique d’un missionnaire de la fin du 1e siècle apparaît cependant derrière la construction littéraire de ses écrits. Luc a réalisé un travail d’écrivain qui révèle sa capacité d’écrire une œuvre harmonieuse. Sur le plan de l’écriture, Luc est l’écrivain le plus doué des évangélistes.
Ses écrits, parus dans les années 60, font partie des trois évangiles dits « synoptiques ». Les deux autres évangiles ont été réalisés par Matthieu et Marc. »
(Le pape Jean Paul II)
1 – Luc, un homme avec plusieurs cordes à son arc, mais qui ne dit rien de lui.
Qui est Luc ?
Historien, médecin, peintre… Luc, un homme avec plusieurs cordes à son arc, mais qui ne dit rien de lui. Luc est le compagnon de Paul. Il est l’auteur du 3e évangile et des Actes de Apôtres. Il adresse ces deux textes à un certain Théophile. C’est aussi l’évangéliste qui raconte la naissance et l’enfance de Jésus.
Luc historien
Luc n’a pas connu Jésus pendant sa vie terrestre. Son évangile et les Actes des Apôtres qui s’achèvent avec l’arrivée de Paul à Rome forme un tout. Ils ont été rédigés autour des années 60. Luc écrit une biographie de Jésus, puis l’histoire des premiers chrétiens.
Dans le prologue de son évangile, il présente la manière dont il travaille. Comme un historien, il a mené l’enquête de manière à présenter des faits reconnus dans lesquels, il veut que son lecteur reconnaisse l’œuvre de Dieu. «Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début des témoins oculaires et serviteurs de la Parole, après m’être informé exactement de tout depuis les origines, d’en écrire pour toi l’exposé suivi, excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus.»
Il recommence dans le prologue des Actes des Apôtres. Toujours dans les Actes, il présente les différents lieux où le christianisme est annoncé : à Jérusalem, en Judée, en Samarie jusqu’aux extrémités de la terre (Actes 1,8). Il agit en reporter : il énonce des faits, les illustrent et montrent leurs cohérences.
Celui qui raconte l’enfance de Jésus
Luc donne une place importante à Marie. Les récits de l’enfance de Jésus sont racontés de son point de vue. Elle est celle qui a vu l’amour de Dieu. Il fait d’elle la première messagère de la Bonne Nouvelle.
Luc commence par raconter la naissance de Jean-Baptiste parce que, pour lui, l’histoire de Jésus commence avec celui qui le précède. Puis vient l’annonce faite à Marie : «Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils : tu lui donneras le nom de Jésus» (Luc 1, 31). Marie questionne, dialogue avec l’ange et finalement dit oui : «je suis la servante du Seigneur. Qu’il m’advienne selon sa parole» (Luc 1, 38). Le signe donné à Marie est la naissance proche attendue par Elisabeth. Elle part la rejoindre. Les histoires de Jean-Baptiste et de Jésus se mêlent quand Elisabeth et Marie se rencontrent (la Visitation). De cette rencontre surgit une prière : le Magnificat, le chant d’action de grâce de Marie. A cette prière, une autre vient comme en écho : celle de Zacharie, mari d’Elisabeth, lors de la naissance de Jean-Baptiste.
Luc nous donne ensuite quelles informations sur Joseph. Il est issu de la maison et de la famille de David. C’est la raison pour laquelle il quitte Nazareth où il est installé, pour Bethléem, ville de David, pour se faire recenser comme le demande l’empereur César Auguste.
Jésus naît à Bethléem. Ce sont les bergers gardant leurs troupeaux qui seront les premiers à recevoir la nouvelle : «Aujourd’hui, vous est né un Sauveur» (Luc 2, 11). On apprend également que huit jours après sa naissance, Jésus est circoncis, puis, un peu plus tard présenté au temple. C’était la coutume de consacrer le premier d’une famille au Seigneur.
Le récit de Jésus à douze ans qui discute avec les docteurs de la loi du Temple de Jérusalem est fait uniquement par Luc. Cela lui permet de marquer une étape dans la vie de Jésus et de montrer qu’il est humain. «Il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes» (Luc 2, 52). Il est à la fois vrai homme et vrai Dieu.
Luc a vécu au cours du 1er siècle, il est grec. Il est né à Antioche (dans l’actuelle Turquie), ville connue à cette époque pour ses écoles dans tout l’Orient.
Luc rencontre Paul et se convertit. Il devient son fidèle collaborateur et l’accompagne dans ses déplacements à partir de 51. Paul le décrit comme un éminent médecin : «notre cher médecin» (lettre aux Colossiens 4, 14). Vers l’an 56, Luc est envoyé à Corinthe par Paul. Lorsque Paul est mis en prison à Rome, une première fois en 61, une seconde en 65 ou 66, Luc partage sa captivité. Quand Paul est décapité, Luc quitte Rome. On ne sait plus grand chose de sa vie ensuite.
Luc, médecin
Il est le seul des quatre Evangélistes à décrire les maladies avec une précision médicale, pour désigner par exemple la localisation d’une paralysie et pour utiliser des termes médicaux. Vers la fin du Moyen-Age, les médecins l’adoptent comme leur saint patron. A partir du 15ème siècle, la rentrée en Faculté de Médecine se fait le jour de la fête de saint Luc, le 18 octobre. Les médecins militaires, aussi bien dans leurs hôpitaux qu’en opérations, fêtent la saint Luc.
Luc est renommé également comme peintre de la Vierge, peut-être parce qu’il est celui qui décrit avec le plus d’attention Marie. Certains tableaux en Syrie et à Rome, sont dit peints par lui. Il arrive que sur des gravures ou des peintures du XVe siècle, Luc soit représenté à la fois en écrivain (évangéliste) et en peintre ; et quelquefois, avec les habits du médecin. Actuellement quelques établissements médicaux et quelques galeries de peintures portent le nom de Luc.
Les représentations de Luc
Les plus anciennes représentations de Luc le montrent écrivant son évangile. La tradition a donné comme symbole à Luc, un taureau. Le début de son évangile (Luc 1, 9) s’ouvre sur Zacharie au temple – lieu dans la Bible des sacrifices.
On le représente aussi, selon une tradition, en train de peindre la sainte Vierge.
2 – Évangile selon saint Luc
L’Évangile selon saint Luc (kata Lukas, où kata signifie selon) a pour auteur Luc (médecin et, selon la légende, peintre, compagnon de saint Paul). Il n’a pas connu lui-même le Christ, durant son ministère public. Il a également composé les Actes des Apôtres, qui sont la suite de son évangile. Les deux livres sont pareillement dédiés à “Théophile” (personnage réel, ou peut-être fictif, figure de l’ “ami de Dieu”, Théo-phile).
Les deux ouvrages ont été rédigés probablement dans les années 60, avant la destruction du Temple (en 70), et avant le martyre des saints apôtres Pierre et Paul à Rome (en 64 ou 67).
Avec l’Évangile selon saint Marc et l’Évangile selon saint Matthieu, il fait partie des évangiles dits synoptiques. C’est le plus long de nos quatre évangiles, retenus dans le Nouveau Testament.
Il y a deux traditions relatives à l’auteur du Troisième Évangile.
L’une, orale, fut transmise par Gégoire le grand puis Théophylacte jusqu’à Jacques de Voragine et Anne Catherine Emmerich: L’évangéliste n’était autre que le compagnon anonyme de Cléopas. Épiphane de Salamine lui donnait pour nom Nathanaël [1]
L’autre, scripturaire, voyait en lui le compagnon de Paul. Saint Irénée note dans son Adversus Haereses (vers 180): “De son côté, Luc, le compagnon de Paul, consigna en un livre l’Évangile que prêchait celui-ci.” (Adv. Hae. III, Prologue)
Un ancien prologue grec de l’évangile de Luc, daté de la fin du second siècle, décrivait ainsi la genèse de cet évangile, et son auteur: “Luc était un syrien d’Antioche, médecin de profession, disciple des apôtres, et plus tard un accompagnateur de Paul jusqu’à son martyre. Il servit le Seigneur sans divertissement, sans femme et sans enfants. Il mourut à l’âge de 84 ans, en Béotie, rempli du Saint Esprit.” Ce prologue poursuit: “Quoique des évangiles existassent déjà, celui selon Matthieu, composé en Judée, et celui selon Marc en Italie, il fut incité par le Saint Esprit, et composa cet évangile entièrement dans la région avoisinant l’Achaïe; il rend très clair dans le prologue que les autres (évangiles) avaient été écrits avant le sien [...] Plus tard le même Luc écrivit les Actes des Apôtres.” (Cf. Joseph A.Fitzmyer, The Gospel according to Luke, I-IX, 1981, page 38-39).
De même le Canon de Muratori (document romain du milieu du IIe s.) : “Troisièmement, le livre de l’évangile selon Luc. Ce Luc était médecin. Après l’Ascension du Christ, Paul l’ayant pris pour second à cause de sa connaissance du droit, il écrivit avec son assentiment ce qu’il jugeait bon.” Il continue: “Cependant lui non plus ne vit pas le Seigneur dans la chair. Et par conséquent selon ce dont il avait pu s’informer il commença à le dire à partir de la Nativité de Jean.”
Saint Paul de Tarse se réfère à Luc en Col 4,14 où il l’appelle “le cher médecin”; de même dans l’épître à Philémon (24) où Luc se trouve en compagnie de Marc, pendant la première captivité romaine de Paul, et dans la deuxième à Timothée (4,11): “Seul Luc est avec moi.” Luc pourrait avoir été, sous les directives de Paul, le rédacteur des épîtres dites pastorales (1 Tm ; 2 Tm ; Tt). En effet, on croit y reconnaître son style.
Les trois cantiques
C’est dans Luc que l’on trouve les trois célèbres cantiques, repris dans la liturgie des heures :
• Le Benedictus (ou cantique de Zacharie)
• Le Magnificat (ou cantique de Marie)
• Le Nunc dimittis (ou cantique de Siméon)
Marie livrant ses souvenirs, soit à l’apôtre Jean soit directement à l’évangéliste Luc, affirme à deux reprises qu’ “elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur.” (Lc 2,19; cf. 2,51). Si elle a conservé tous ces souvenirs, c’était pour la postérité. Si elle les a médités, c’est qu’elle a dû chanter bien souvent dans son cœur les cantiques qui y sont contenus. Toute cette poésie est emplie de réminiscences bibliques. Effectivement, si de tels souvenirs sont parvenus à la connaissance de Luc, et à la nôtre, ce ne peut être que par Marie.
Luc, l’évangéliste de la miséricorde
L’analyse des sources de l’Évangile selon saint Luc met en évidence son originalité.
Saint Irénée a puissamment résumé, dans une page célèbre (cf. Adv. Hae. III, 14, 3), la nouveauté de l’évangile de Luc. Il recoupe notre exposé du précédent titre.
Luc en personne, dans son Prologue, a précisé sa méthode et sa préoccupation première.
“Puisque plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la Parole, j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé exactement de tout depuis les origines d’en écrire pour toi l’exposé suivi, excellent Théophile.” (Lc 1,1-3).
Théophile devait être un éditeur de Rome par lequel Luc a publié son double ouvrage de l’évangile et des Actes (cf. Ac 1,1), mais aussi un chrétien fervent qui, en l’espèce, nous représente tous.
Luc a décidé de suivre l’exemple de plusieurs confrères : Matthieu l’apôtre qui (en hébreu ?), avait publié l’enseignement du Seigneur et plusieurs de ses faits et gestes. Marc l’interprète et le confident de Pierre et qui lui-même avait assisté, au sortir de l’enfance, à la Passion du Sauveur et qui avait fréquenté, chez sa mère, les apôtres et la première communauté chrétienne.
Philippe enfin, le diacre et compagnon d’Étienne, qui, selon une hypothèse, entreprenait avec l’aide de Luc de confectionner un évangile original reprenant les logia de Matthieu, mais qu’il n’écrirait et ne publierait qu’après le départ pour Rome de Luc et de Paul.
Luc a interrogé les “témoins oculaires et [les] serviteurs de la Parole”, ceux de la première génération qui avaient connu le Seigneur: avant tous Jean, l’apôtre, et même la mère de Jésus, ainsi que les “frères du Seigneur”: Jacques, Simon et Jude, et avec eux toute l’Église de Jérusalem, héritière au premier chef de la pensée et de la mémoire de Jésus le Nazaréen. Il enquêta sur place en Palestine, profitant de son séjour forcé et prolongé dans la patrie du Christ. Philippe et Luc, dans leurs investigations, travaillèrent en commun avec Paul, puisqu’il nous est précisé que ce dernier pouvait recevoir librement dans sa prison (cf. Ac 24,23).
Luc est allé aux sources, ainsi qu’aux documents originaux, comme lui-même l’affirme avec insistance. Il l’a fait en historien consciencieux, même si son œuvre demeure artisanale à bien des égards, comme l’analyse l’a montré.
Si l’on poursuit dans le détail la comparaison de Luc avec les autres synoptiques, on observe sur le vif l’activité d’un écrivain qui excelle à présenter les choses d’une manière qui lui est propre, évitant ou atténuant tout ce qui peut froisser, ou bien ce qui serait peu compréhensible au lecteur, ménageant les personnes des apôtres, ou les excusant, interprétant les termes obscurs, ou précisant la géographie.
En vrai “scriba mansuetudinis Christi”, écrivain de la mansuétude du Christ (Dante), il aime à souligner la miséricorde de son Maître pour les pécheurs (15,1.7.10), à raconter des scènes de pardon (7,36-50). Il insiste volontiers sur la tendresse de Jésus pour les humbles et pour les pauvres, tandis que les orgueilleux et les riches jouisseurs sont sévèrement traités (16,19-31).
Cependant même la juste condamnation ne se fera qu’après les délais patients de la miséricorde (13,6-9). Il faut seulement qu’on se repente. Ici Luc tient à répéter l’exigence d’un détachement décisif et absolu des richesses (14,25-33).
On notera les passages propres au troisième évangile sur la nécessité de la prière (18,1-8) et l’exemple qu’en a donné Jésus (6,12).
Enfin comme chez saint Paul, et dans les Actes (suites de l’évangile), l’Esprit Saint occupe une place de premier plan que Luc seul souligne (4,1; 24,49).
Ceci avec l’atmosphère de reconnaissance et d’allégresse spirituelle qui enveloppe tout le troisième évangile achève de donner à l’œuvre de Luc cette ferveur qui touche.
Extraits
Lc 1,26-28 : Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, vers une vierge qui était fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ; et le nom de la vierge était Marie. Etant entré où elle était, il lui dit : ” Salut, pleine de grâce ! Le Seigneur est avec vous…”
Lc 2,4-7 : Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s’appelle Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David, pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter s’accomplit, et elle mit au monde son fils premier-né, l’emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie.
Lc 2,44-47 : Pensant qu’il était avec la caravane, ils marchèrent tout un jour, puis ils le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances. Ne l’ayant point trouvé, ils s’en retournèrent à Jérusalem en le recherchant. Or, au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et tous ceux qui l’entendaient étaient ravis de son intelligence et de ses réponses.
Lc 13,34-35 : “Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés ! Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule sa couvée sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! Voici que votre maison va vous être laissée (déserte). Je vous le dis, vous ne me verrez plus que ne [soit venu quand] vous direz : Béni celui qui vient au nom du Seigneur ! “
Lc 22,60-62 : Pierre dit : ” Homme, je ne sais ce que tu dis. ” Et à l’instant, comme il parlait encore, un coq chanta. Et le Seigneur, s’étant retourné, arrêta son regard sur Pierre, et Pierre se souvint de la parole du Seigneur, comme il lui avait dit : ” Avant que le coq ait chanté aujourd’hui, tu me renieras trois fois. ” Et étant sorti, il pleura amèrement.
3 – L’œuvre de Saint Luc :
L’oeuvre de Luc, calquée sur les livres des Rois ?
Dans le Nouveau Testament, c’est l’évangéliste Luc qui raconte le plus nettement l’ascension de Jésus. Il le fait même à deux reprises : une fois à la fin de son évangile (Lc 24, 50-53), puis au début des Actes des Apôtres, second tome, en quelque sorte, de son évangile.
Depuis longtemps, les exégètes ont remarqué la proximité entre l’oeuvre de Luc et ce que l’on nomme les cycles d’Elie et d’Elisée aux livres des Rois (1R 17 – 2 R 1 pour Elie, 2 R 2-13 pour Elisée). Luc aime calquer ses récits, ou certains de ses récits, sur ces grands modèles bibliques. Et la figure d’Elie, dans son immense stature de prophète, lui permet une approche du mystère de Jésus. Mais Jésus est plus grand qu’Elie, Luc ne cessera de le montrer. Ainsi trouve-t-on, dans la finale de l’évangile de Luc et le début des Actes, des récits qui reprennent les grands et beaux textes concernant Elie et son disciple.
L’ascension de Jésus
Nous tenons ainsi de Luc deux récits de l’Ascension de Jésus. Le premier, à la fin de son évangile, est christologique : il parle de Jésus. Venu de Dieu, il repart vers lui. Il est le Fils. L’accent du texte porte donc sur l’identité de Jésus : “Il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Et il advint, comme il les bénissait, qu’il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Pour eux, s’étant prosternés devant lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie, et ils étaient constamment dans le Temple à louer Dieu” (Luc 24, 50-53).
Le second récit ouvre les Actes des Apôtres. Il raconte encore l’Ascension de Jésus, mais porte un accent différent. La pointe du récit est alors ecclésiologique : il dit qui est le disciple et quelle est sa mission. Il parle de la naissance de l’Eglise, constituée de disciples fragiles, que l’Esprit de Dieu emporte dans son souffle pour les envoyer jusqu’au bout du monde (Actes 1, 8). Telle est en effet la mission que Jésus leur donne au moment de son départ. Désormais ils sont pleinement apôtres, c’est-à-dire envoyés : « Vous allez recevoir, dit Jésus, une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1, 8). Le relais leur est passé, c’est désormais le temps de l’Eglise.
Un langage théologique
Après ces paroles, poursuit le récit des Actes, ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se tenaient devant eux et disaient : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel » (Actes 1, 9-11).
Ainsi Jésus s’élève et disparaît dans une nuée. L’image de la nuée est présente tout au long de la Bible pour évoquer la présence mystérieuse de Dieu auprès de son peuple. C’est dans une nuée que le Seigneur accompagne son peuple à la sortie d’Egypte, dans le passage de la mer et la marche au désert. Et sous la forme d’une colonne de feu, la nuit ! Une nuée entoure Jésus et ses disciples à la Transfiguration. C’est le signe de la présence et d’une révélation de Dieu. Et c’est bien sûr aussi vers le ciel que Jésus est emporté, puisque le ciel est ce lieu d’en haut, le lieu de Dieu.
Le langage des peintres
Notre habitude du langage des évangiles nous met aussi en alerte lorsque le récit évoque deux hommes vêtus de blanc. Comme à la résurrection ! Le blanc est la couleur de Dieu, le chiffre deux celui du témoignage parfait, confirmé par cette double présence.
L’Assomption de Marie
Ce que la Bible exprime dans une dimension spatiale est avant tout une vision ou une compréhension théologique. La théologie s’exprimera en termes semblables pour évoquer le mystère de Marie. Comprenant que Marie, mère de Jésus, est en même temps Mère de Dieu, elle exprimera en des images forgées au creuset biblique, sa proximité infinie de Dieu. Marie sera dite Immaculée conception, épargnée absolument par le péché. Et le langage de la foi dira de même que Marie ne meurt pas, mais qu’elle est emportée auprès de Dieu.
L’Assomption n’est pas plus un voyage stratosphérique que l’Ascension de Jésus. La théologie orientale, utilisant d’autres images, parle de la Dormition de Marie. Les peintres l’ont également magnifiquement représentée, à grand renfort de fleurs printanières surgissant en abondance : Marie n’est pas morte, elle dort, de ce sommeil dans lequel veille la vie de Dieu tout entière.
4 – Saint Luc évangéliste, historien et peintre
Luc est né à Antioche. L’on ignore s’il était païen ou juif non croyant. Il exerçait la profession de médecin. Cet homme cultivé connaissait la langue grecque. Il se présente comme écrivain, soucieux de vérité historique. La visée théologique d’un missionnaire de la fin du 1e siècle apparaît cependant derrière la construction littéraire de ses écrits. Luc a réalisé un travail d’écrivain qui révèle sa capacité d’écrire une oeuvre harmonieuse. Sur le plan de l’écriture, Luc est l’écrivain le plus doué des évangélistes.
Ses écrits, parus dans les années 60, font partie des trois évangiles dits « synoptiques ». Les deux autres évangiles ont été réalisés par Matthieu et Marc.
Luc est l’auteur du livre des Actes des Apôtres qui suit les quatre Evangiles dans le Nouveau Testament. Il distingue clairement le temps de Jésus et celui des débuts de l’Église et est le seul évangéliste qui apporte des précisions sur l’enfance de Jésus. L’évangile selon Saint Luc peut être divisé en trois grandes parties :
- Le ministère de Jésus en Galilée
- De la Galilée à Jérusalem
- A Jérusalem.
Luc veut montrer que l’histoire de Jésus et celle de l’Église constituent l’accomplissement des promesses qui avaient été faites dans l’Ancien Testament.
Sa conversion fit suite à sa rencontre avec Paul de Tarse dont il devint le principal disciple. Il accompagna Paul de Tarse lors de son deuxième voyage missionnaire aux environs de l’an 49. Ils se retrouvent ensuite à Philippes. Lorsque Paul de Tarse fut décapité, Luc quitta Rome.
Luc fut également peintre et iconographe de la Vierge Marie. Plusieurs artistes l’ont représenté ainsi et nous vous invitons à lire, page suivante, l’histoire de la vierge noire vénérée en Pologne.
Le taureau est le symbole de l’évangéliste saint Luc dans notre tradition chrétienne.
Cet animal représente la puissance de travail dans l’imaginaire humain.
5 – SAINT LUC : L’Evangéliste (Patron des peintres et des médecins) fêté le 18 octobre
LUC naquit à Antioche en Syrie. Il était grec de naissance et médecin de profession.
Luc fut un des premiers à être convertis. Plus tard, il devint le compagnon missionnaire de saint Paul pendant une partie de son deuxième et troisième voyage. Il prit soin de Paul lors de son incarcération à Césarée et à Rome. Paul en parle comme étant “le plus attentionné des médecins” et comme étant aussi “un travailleur acharné”. Avec Paul, il s’embarqua sur un bateau les menant de Troas à la Macédoine et demeura pendant sept ans à Philippes, partageant les naufrages et les périls du voyage jusqu’à Rome. En lisant les épîtres de Paul, nous apprenons que Luc est demeuré son compagnon fidèle.
Luc est l’auteur du troisième Evangile écrit avant l’an 63. Il a aussi écrit les Actes des Apôtres. Son symbole est le boeuf car celui-ci représente l’animal du sacrifice et on le retrouve dans son Evangile avec l’histoire de Zacharie le prêtre, offrant le sacrifice à Dieu. Luc parle de la prêtrise du Christ. Il mentionne aussi les oeuvres merveilleuses de Dieu lors de la construction de son Eglise et des événements et miracles qui eurent lieu de par saint Paul et auxquels il fut lui-même témoin.
Les icônes de Saint Luc (Biographie selon le Monastère Orthodoxe des Saints Elie et Elisée)
D’après la tradition, ce fut Saint Luc qui, le premier, exécuta trois Images de la sainte Mère de Dieu portant dans ses bras l’Enfant Dieu. Il les soumit à l’approbation de la Sainte Vierge, alors qu’elle était encore en vie. Celle-ci accueillit avec joie ces Saintes Images et dit: « Que la grâce de Celui qui a été enfanté par moi, soit en elles! ». Par la suite, Saint Luc, représenta en Image les Saints Apôtres et transmit à l’Eglise cette pieuse et Sainte Tradition de la vénération des Icônes du Christ et de ses Saints.
Saint Luc était originaire de la ville d’Antioche la Grande. De noble naissance, il excellait en particulier dans les domaines de la science médicale et de l’art pictural. Sous le règne de l’empereur Claude (vers 42 ap. J.C.), alors qu’il dispensait ses soins aux malades de la région de Thèbes en Béotie, il rencontra l’Apôtre Paul, dont les paroles de feu le convainquirent que la vérité absolue qu’il recherchait depuis tant d’années se trouvait effectivement chez les disciples de Jésus-Christ. Après avoir été séparé de son maître, Luc retourna en Grèce pour y proclamer l’Evangile. Il se fixa à nouveau dans la région de Thèbes, où il mourut dans la paix à l’âge de quatre-vingts ans.
Voulant rendre gloire à son fidèle serviteur, Dieu fit couler de son tombeau un liquide miraculeux, qui guérissait les maladies des yeux de ceux qui s’en oignaient avec foi. C’est ainsi que même après sa mort, Saint Luc continua d’exercer la médecine. De longues années plus tard (3 mars 357), l’empereur Constance, fils du Grand Constantin fit transporter la Relique du Saint à Constantinople par l’intermédiaire de Saint Artémios, duc d’Egypte, et la fit déposer sous l’Autel de l’église des Saints-Apôtres, auprès des Saintes Reliques des Apôtres André et Timothée.
Selon des traditions, Saint Luc a peint à trois reprises la Vierge, ouvrant la voie aux icônes peintes. C’est à l’une de ces icônes, acquise en Palestine par la femme de Théodose II et rapportée à Constantinople, que remonterait le type, très populaire, de la “Vierge Hodigitria”, Vierge qui indique la Voie (le Christ enfant sur le bras gauche, la main droite ramenée devant le buste, désignant le Christ).
Plusieurs icônes sont traditionnellement attribuées à Saint Luc. Entre autres, les icônes Russes de la Vierge de Vladimir, de Jérusalem, de Tikhvine, de Smolensk, ainsi que, en Pologne, la Vierge de Czestochowa. Les icônes russes de la Vierge correspondent à des compositions iconographiques différentes.
29E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – HOMÉLIE
17 octobre, 2014http://www.homelies.fr/homelie,,3990.html
29E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – HOMÉLIE
19 octobre 2014
Famille de Saint Joseph
Homélie – Messe
Pharisiens et Hérodiens font alliance pour tendre un piège au Seigneur. Les frères ennemis se coalisent pour « prendre en faute » leur adversaire commun « en le faisant parler », lui le Verbe de Dieu. Au moment du procès, interrogé par le grand prêtre, Jésus répondra : « J’ai parlé au monde ouvertement. J’ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le Temple, là où tous les Juifs se réunissent, et je n’ai jamais parlé en cachette. Pourquoi me questionnes-tu ? Ce que j’ai dit, demande-le à ceux qui sont venus m’entendre. Eux savent ce que j’ai dit » (Jn 18, 21).
Nous assistons sous nos yeux à la réalisation de la conspiration prophétisée au livre de la sagesse : « Traquons le juste : il nous gêne, s’oppose à nos actions, nous reproche nos manquements à la Loi et nous accuse d’être infidèles à notre éducation. Il déclare posséder la connaissance de Dieu et il se nomme enfant du Seigneur, il se vante d’avoir Dieu pour père. Voyons si ses paroles sont vraies et vérifions comment il finira » (Sg 2, 12-17).
Le discours faux de ces renards commence paradoxalement par annoncer la vérité : « Tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu » ; la flatterie du menteur a pour but de faire glisser jusqu’au piège le malheureux qui se laisse séduire par ses propos mal intentionnés.
La question sur laquelle débouche cette entrée en matière est particulièrement perverse : si Jésus répond positivement, il va dans le sens des Hérodiens, collaborateurs de l’occupant, et sera dès lors accusé de traître par les Pharisiens ; s’il invite à refuser de payer l’impôt, il abonde dans le sens des Pharisiens, mais se met les Hérodiens à dos, qui auront beau jeu de le dénoncer aux Romains.
Jésus, connaissant l’intention de ses interlocuteurs, dévoile d’amblée leur hypocrisie et dénonce leur mauvais desseins. Coupant court aux flatteries mensongères, il prend ses opposants en flagrant délit de duplicité puisqu’ils portent sur eux la monnaie de l’impôt, portant l’effigie de l’Empereur et une légende qui s’adresse à lui comme à une divinité. Autant dire qu’un juif pieux n’était pas supposé la posséder ; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle des changeurs se tenaient dans la cour du Temple, car l’argent romain était considéré comme idolâtrique et ne pouvait par conséquent entrer dans le Temple. La preuve est ainsi faite que les interlocuteurs de Jésus ne se posaient guère de problèmes moraux et n’attendaient rien de cet interrogatoire, si ce n’est un motif d’accusation.
Le Seigneur aurait pu les laisser là, tenant en main la pièce à conviction de leur hypocrisie. Mais il va profiter de cette opportunité pour préciser le véritable lieu de discernement des problèmes, y compris politiques. Prenant l’initiative du dialogue, il va obliger ses détracteurs à répondre eux-mêmes à leur propre question, en les renvoyant à l’effigie et la légende qui sont frappées sur la monnaie : « Rendez donc à César » ce qui est marqué de son sceau et qui par le fait même lui revient selon les conventions sociales.
A en rester là, on pourrait croire que Jésus est tombé dans le piège et s’est prononcé en faveur d’un soutien financier à l’occupant. Mais cette injonction ne fait qu’introduire un second précepte, vers lequel tout converge. Rebondissant plus haut, le Seigneur ajoute en effet : « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu ». A quoi Jésus fait-il allusion ? S’il faut rendre à César ce qui est marqué de son effigie, que nous faut-il rendre à Dieu qui soit marqué de son sceau ? Tout juif pieux connaît la réponse : la seule réalité qui soit à l’image de Dieu, c’est l’être humain, c’est-à-dire nous-mêmes.
Par l’ajout de ce second volet, totalement inattendu, Jésus change de plan, et signifie clairement qu’il n’est pas venu pour trancher les litiges humains, mais pour accomplir toute justice et nous en montrer le chemin, en rendant à Dieu l’adoration parfaite qui lui revient, à savoir l’offrande de tout son être.
Le message est clair : le discernement de la question initiale concernant l’impôt dû à César – et tous les discernements analogues – ne peuvent se faire qu’à la lumière de la perspective nouvelle introduite par le Christ, c’est-à-dire sur l’horizon de la dépendance première de tout homme de son Créateur et de la fraternité universelle qui en résulte.
« Hors moi pas de Dieu » entendions-nous proclamer dans la première lecture. Tout pouvoir au ciel et sur la terre, trouve sa source dans le Créateur et celui qui l’exerce aura des comptes à rendre au Très-Haut. Même César qui se faisait passer pour un dieu, devra comparaître devant Dieu « en dehors de qui il n’y a rien » (1ère lect.). C’est pourquoi le chrétien se soumet aux lois de la cité et de l’état – pour autant qu’elles ne sont pas injustes – car il sait que la vie des puissants est dans la main de Dieu et qu’« ils n’auraient aucun pouvoir s’il ne leur avait été donné d’en haut » (Jn 19, 11). C’est donc à Dieu que nous obéissons en obéissant aux lois justes de la cité, et ce n’est pas une idole politique, mais nos frères que nous servons, en nous mettant au service du bien commun avec une « foi active, une charité qui se donne de la peine, et une espérance qui tient bon en notre Seigneur Jésus-Christ et en présence de Dieu notre Père » (2nd lect.).
N’oublions pas que nous finirons toujours par ressembler à ce que nous contemplons ; aussi, entre l’effigie de César frappée sur du métal, et l’image de Dieu qui resplendit sur la face du Christ et sur le visage de chacun de nos frères, notre choix ne saurait être hésitant. Puissions-nous nous dégager des fausses séductions et choisir résolument d’appartenir à Dieu seul en lui remettant tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes comme le suggère saint Ignace dans sa prière d’offrande :
« Prenez Seigneur et recevez toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence, et toute ma volonté, tout ce que j’ai et possède. Vous me l’avez donné : à vous Seigneur je le rends. Tout est vôtre, disposez-en selon votre entière volonté. Donnez-moi votre amour et votre grâce : c’est assez pour moi ».
Père Joseph-Marie
Saint Ignace d’Antioche – Basilica di San Clemente, Rome;
16 octobre, 2014BENOÎT XVI : SAINT IGNACE D’ANTIOCHE – 17 OCTOBRE
16 octobre, 2014BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 14 mars 2007
SAINT IGNACE D’ANTIOCHE – 17 OCTOBRE
Chers frères et sœurs!
Comme nous l’avons déjà fait mercredi, nous parlons des personnalités de l’Eglise naissante. La semaine dernière, nous avons parlé du Pape Clément I, troisième Successeur de saint Pierre. Aujourd’hui, nous parlons de saint Ignace, qui a été le troisième Evêque d’Antioche, de 70 à 107, date de son martyre. A cette époque, Rome, Alexandrie et Antioche étaient les trois grandes métropoles de l’empire romain. Le Concile de Nicée parle de trois « primats »: celui de Rome, mais Alexandrie et Antioche également participent, d’une certaine manière, à un « primat ». Saint Ignace était Evêque d’Antioche, qui se trouve aujourd’hui en Turquie. Là, à Antioche, comme nous l’apprenons des Actes des Apôtres, se développa une communauté chrétienne florissante: le premier Evêque fut l’apôtre Pierre – c’est ce que nous rapporte la tradition – et là, « pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens » (Ac 11, 26). Eusèbe de Césarée, un historien du IV siècle, consacre un chapitre entier de son Histoire ecclésiastique à la vie et à l’œuvre littéraire d’Ignace (3, 36). « De Syrie », écrit-il, « Ignace fut envoyé à Rome pour être livré en pâture aux bêtes sauvages, à cause du témoignage qu’il avait rendu du Christ. En accomplissant son voyage à travers l’Asie, sous la surveillance sévère des gardes » (qu’il appelle les « dix léopards » dans sa Lettre aux Romains, 5, 1), « dans toutes les villes où il s’arrêtait, à travers des prédications et des avertissements, il renforçait les Eglises; et surtout, il exhortait, avec la plus grande vigueur, à se garder des hérésies, qui commençaient alors à se multiplier, et recommandait de ne pas se détacher de la tradition apostolique ». La première étape du voyage d’Ignace vers le martyre fut la ville de Smyrne, où était Evêque saint Polycarpe, disciple de saint Jean. Ici, Ignace écrivit quatre lettres, respectivement aux Eglises d’Ephèse, de Magnésie, de Tralles et de Rome. « Parti de Smyrne », poursuit Eusèbe « Ignace arriva à Troade, et de là, envoya de nouvelles lettres »: deux aux Eglises de Philadelphie et de Smyrne, et une à l’Evêque Polycarpe. Eusèbe complète ainsi la liste des lettres, qui nous sont parvenues de l’Eglise du premier siècle comme un trésor précieux. En lisant ces textes, on sent la fraîcheur de la foi de la génération qui avait encore connu les Apôtres. On perçoit également dans ces lettres l’amour ardent d’un saint. Enfin, de Troade, le martyr arriva à Rome où, dans l’amphithéâtre Flavien, il fut livré aux bêtes féroces.
Aucun Père de l’Eglise n’a exprimé avec autant d’intensité qu’Ignace l’ardent désir d’union avec le Christ et de vie en Lui. C’est pourquoi nous avons lu le passage de l’Evangile sur la vigne qui, selon l’Evangile de Jean, est Jésus. En réalité, en Ignace confluent deux « courants » spirituels: celui de Paul, entièrement tendu vers l’union avec le Christ, et celui de Jean, concentré sur la vie en Lui. A leur tour, ces deux courants débouchent sur l’imitation du Christ, proclamé plusieurs fois par Ignace comme « mon » ou « notre Dieu ». Ainsi, Ignace supplie les chrétiens de Rome de ne pas empêcher son martyre, car il est impatient d’être « uni au Christ ». Et il explique: « Il est beau pour moi de mourir en allant vers (eis) Jésus Christ, plutôt que de régner jusqu’aux confins de la terre. Je le cherche lui, qui est mort pour moi, je le veux lui, qui est ressuscité pour moi… Laissez-moi imiter la Passion de mon Dieu! » (Romains 5, 6). On peut saisir dans ces expressions ardentes d’amour le « réalisme » christologique prononcé, typique de l’Eglise d’Antioche, plus que jamais attentive à l’incarnation du Fils de Dieu et à son humanité véritable et concrète: Jésus Christ, écrit Ignace aux Smyrniotes, « est réellement de la souche de David », « il est réellement né d’une vierge », « il fut réellement cloué pour nous » (1, 1).
L’irrésistible aspiration d’Ignace vers l’union au Christ donne naissance à une véritable « mystique de l’unité ». Lui-même se définit comme « un homme auquel est confié le devoir de l’unité » (Philadelphiens, 8, 1). Pour Ignace, l’unité est avant tout une prérogative de Dieu qui, existant dans trois personnes, est Un dans l’unité absolue. Il répète souvent que Dieu est unité, et que ce n’est qu’en Dieu que celle-ci se trouve à l’état pur et originel. L’unité à réaliser sur cette terre de la part des chrétiens n’est qu’une imitation, la plus conforme possible à l’archétype divin. De cette façon, Ignace arrive à élaborer une vision de l’Eglise qui rappelle de près certaines des expressions de la Lettre aux Corinthiens de Clément l’Evêque de Rome. « Il est bon pour vous », écrit-il par exemple aux chrétiens d’Ephèse, « de procéder ensemble en accord avec la pensée de l’Evêque, chose que vous faites déjà. En effet, votre collège des prêtres, à juste titre célèbre, digne de Dieu, est si harmonieusement uni à l’Evêque comme les cordes à la cithare. C’est pourquoi Jésus Christ est chanté dans votre concorde et dans votre amour symphonique. Et ainsi, un par un, vous devenez un chœur, afin que dans la symphonie de la concorde, après avoir pris le ton de Dieu dans l’unité, vous chantiez d’une seule voix » (4, 1-2). Et après avoir recommandé aux Smyrniotes de ne « rien entreprendre qui concerne l’Eglise sans l’évêque » (8, 1), confie à Polycarpe: « J’offre ma vie pour ceux qui sont soumis à l’Evêque, aux prêtres et aux diacres. Puissé-je avec eux être uni à Dieu. Travaillez ensemble les uns pour les autres, luttez ensemble, courez ensemble, souffrez ensemble, dormez et veillez ensemble comme administrateurs de Dieu, ses assesseurs et ses serviteurs. Cherchez à plaire à Celui pour lequel vous militez et dont vous recevez la récompense. Qu’aucun de nous ne soit jamais surpris déserteur. Que votre baptême demeure comme un bouclier, la foi comme un casque, la charité comme une lance, la patience comme une armure » (6, 1-2).
D’une manière générale, on peut percevoir dans les Lettres d’Ignace une sorte de dialectique constante et féconde entre les deux aspects caractéristiques de la vie chrétienne: d’une part, la structure hiérarchique de la communauté ecclésiale, et de l’autre, l’unité fondamentale qui lie entre eux les fidèles dans le Christ. Par conséquent, les rôles ne peuvent pas s’opposer. Au contraire, l’insistance sur la communauté des croyants entre eux et avec leurs pasteurs est continuellement reformulée à travers des images et des analogies éloquentes: la cithare, la corde, l’intonation, le concert, la symphonie. La responsabilité particulière des Evêques, des prêtres et des diacres dans l’édification de la communauté est évidente. C’est d’abord pour eux que vaut l’invitation à l’amour et à l’unité. « Ne soyez qu’un », écrit Ignace aux Magnésiens, en reprenant la prière de Jésus lors de la Dernière Cène: « Une seule supplique, un seul esprit, une seule espérance dans l’amour; accourez tous à Jésus Christ comme à l’unique temple de Dieu, comme à l’unique autel; il est un, et procédant du Père unique, il est demeuré uni à Lui, et il est retourné à Lui dans l’unité » (7, 1-2). Ignace, le premier dans la littérature chrétienne, attribue à l’Eglise l’adjectif de « catholique », c’est-à-dire « universelle »: « Là où est Jésus Christ », affirme-t-il, « là est l’Eglise catholique » (Smyrn. 8, 2). Et c’est précisément dans le service d’unité à l’Eglise catholique que la communauté chrétienne de Rome exerce une sorte de primat dans l’amour: « A Rome, celle-ci préside, digne de Dieu, vénérable, digne d’être appelée bienheureuse… Elle préside à la charité, qui reçoit du Christ la loi et porte le nom du Père » (Romains, prologue).
Comme on le voit, Ignace est véritablement le « docteur de l’unité »: unité de Dieu et unité du Christ (au mépris des diverses hérésies qui commençaient à circuler et divisaient l’homme et Dieu dans le Christ), unité de l’Eglise, unité des fidèles « dans la foi et dans la charité, par rapport auxquelles il n’y a rien de plus excellent » (Smyrn. 6, 1). En définitive, le « réalisme » d’Ignace invite les fidèles d’hier et d’aujourd’hui, il nous invite tous à une synthèse progressive entre la configuration au Christ (union avec lui, vie en lui) et le dévouement à son Eglise (unité avec l’Evêque, service généreux de la communauté et du monde). Bref, il faut parvenir à une synthèse entre communion de l’Eglise à l’intérieur d’elle-même et mission proclamation de l’Evangile pour les autres, jusqu’à ce que, à travers une dimension, l’autre parle, et que les croyants soient toujours davantage « dans la possession de l’esprit indivis, qui est Jésus Christ lui-même » (Magn. 15). En implorant du Seigneur cette « grâce de l’unité », et dans la conviction de présider à la charité de toute l’Eglise (cf. Romains, prologue), je vous adresse le même souhait que celui qui conclut la lettre d’Ignace aux chrétiens de Tralles: « Aimez-vous l’un l’autre avec un cœur non divisé. Mon esprit s’offre en sacrifice pour vous, non seulement à présent, mais également lorsqu’il aura rejoint Dieu… Dans le Christ, puissiez-vous être trouvés sans tache » (13). Et nous prions afin que le Seigneur nous aide à atteindre cette unité et à être enfin trouvés sans tache, car c’est l’amour qui purifie les âmes.
LE LIVRE DE LA SAGESSE – INTRODUCTION
16 octobre, 2014http://jesusmarie.free.fr/bible-fillion-sagesse-introduction.html
La Sainte Bible Commentée d’après la Vulgate et les textes originaux
LE LIVRE DE LA SAGESSE
INTRODUCTION
l° Le titre. – Dans la Vulgate, Liber Sapientiœ; d’après les Septante, S?f?a Sa??µ??t??, Sagesse de Salomon. Le syriaque et l’arabe paraphrasent ces noms: « La grande Sagesse de Salomon » et : « Livre de la Sagesse de Salomon, fils de David, qui régna sur les enfants d’Israël. » Les Pères grecs nomment quelquefois ce livre, comme les Proverbes: ? pa???et?? s?f?a, la sagesse qui procure toutes les vertus; ou bien: ? ?e?a s?f?a, la divine sagesse. Ces différentes dénominations expriment très bien la pensée dominante de l’écrit, qui traite, en effet, de la sagesse, de son origine et de ses effets.
2° La canonicité. – Le livre de la Sagesse ne fait point partie de la Bible hébraïque; il est donc deutérocanonique (voyez le tome 1, p. 13). Mais il n’est pas douteux qu’il n’ait été admis depuis longtemps dans la synagogue comme une portion intégrante des saintes Écritures, puisqu’il est contenu dans la Bible des Septante, destinée aux Juifs dits Hellénistes. Les écrivains du Nouveau Testament ne le citent pas d’une manière directe; mais ils y font souvent et clairement allusion, et c’est là un argument très sérieux en faveur de son autorité divine, car il est bien évident que les apôtres n’auraient pas traité avec tant d’honneur un livre profane et apocryphe (plusieurs rationalistes admettent la force de ce raisonnement. Comp. 8, 5 et ss, et Joan. 1, 1; 9, 1, et Joan. 1, 3; 16, 5 et ss., et Joan. 3, 14-15; 11, 16, et Rom. 1, 21; 15, 7, et Rom. 9, 21; 12, 20-21, et Rom. 9, 22-23; 3, 8, et 1 Cor. 6, 2; 9, 15, et 2 Cor. 5, 4; 5, 18-20, et Eph. 6, 13-17; 3, 18, et 1 Thess. 4, 13; 7, 25, et Jac. 3, 15; 3, 5-7, et 1 Petr. 1, 6-7; 7, 26, et Hebr. 1, 3; 7, 22-24, et Hebr. 4, 12-13. Etc). Les Églises, soit grecque, soit latine, n’ont jamais hésité sur ce point, ainsi qu’il résulte des témoignages des Pères et des Conciles. Déjà le pape saint Clément, dans sa première lettre aux Corinthiens, 27, citait deux passages de la Sagesse (11, 22, et 12, 12). Saint Irénée, saint Hippolyte, Clément d’Alexandrie, Origène, Tertullien, saint Cyprien, Lactance, saint Hilaire de Poitiers, saint Jérôme, etc., lui attribuent entièrement l’autorité d’un livre inspiré, et regardent son auteur comme un « prophète ». « Cum veneratione divinae auctoritatis, » disait saint Augustin, résumant toute la tradition (De Praedestinat. Sanct., 1, 14).
C’est absolument à tort que, de nos jours, on a attaqué la canonicité et l’inspiration, en prétendant trouver dans le livre de la Sagesse des erreurs historiques ou philosophiques, des légendes sans portée et les systèmes de Platon ou de l’école d’Alexandrie. Ces fausses assertions tombent d’elles-mêmes devant l’examen attentif et impartial des textes incriminés (voyez Cornely, Introductio specialis in didacticos et propheticos V.T. Libros, Paris, 1887, p. 232-237).
3° L’auteur et l’époque de la composition. – En accolant le nom de Salomon au titre du livre, les Septante, le syriaque et l’arabe n’ont nullement voulu attribuer sa composition à ce prince. Le traducteur syrien a fait des réserves formelles sur ce point, niant ouvertement que Salomon soit l’auteur réel. C’est donc là un pseudonyme, mais manifeste, « transparent » qui ne voulait tromper personne, et auquel bien peu se sont laissé prendre dans l’antiquité même (néanmoins quelques écrivains de marque, tels que Clément d’Alexandrie, Tertullien, saint Cyprien, etc., ont regardé Salomon comme le véritable auteur). Saint Irénée, Origène, saint Jérôme et saint Augustin sont aussi nets que possible à ce sujet : « Non… esse ipsius (Salomonis) non dubitant doctiores, » dit expressément ce dernier Père (De civit. Dei, 17, 20). Et ailleurs (De doct. Christ., 2, 8): « Salomonis libri tres: Proverbiorum, Cantica canticorum et Ecclesiastes; nam illi duo libri…, Sapientia… et Ecclesiasticus, de quadam similitudine Salomonis esse dicuntur. ». C’est donc, tout le monde en convient, dans un sens très large que, parfois, les Conciles tenus en Occident et les documents pontificaux mentionnent cinq livres de Salomon (les Proverbes, le Cantique, l’Ecclésiaste, la Sagesse et l’Ecclésiastique): simple formule d’abréviation, basée sur une coutume très ancienne, mais qui ne veut rien définir sur la question d’auteur.
La dernière ligne de saint Augustin que nous venons de citer indique le motif pour lequel l’écrivain sacré, à jamais inconnu, auquel nous devons le livre de la Sagesse, a probablement placé lui-même le nom de Salomon en tête de son œuvre; il voulait montrer ainsi qu’il allait traiter un sujet digne du roi renommé entre tous par sa sagesse, et analogue à ceux qui avaient en réalité servi de thème à Salomon dans ses écrits authentiques (c’est pour cela qu’il le met quelquefois en scène et le fait parler directement. Cf. 7, 1-21; 8, 10 et ss.; 9, 7-8). Ne pourrait-on pas aller plus loin et penser, avec des exégètes de renom (entre autres Bonfrère, Bellarmin, Lorin, Cornelius a Lap., Haneberg, Cornely. Voyez ce dernier, l.c., p. 224 et ss.), que l’auteur aurait mis à profit des notes laissées par le grand roi, de sorte que Salomon aurait eu une part réelle dans la composition du livre? Le fait n’est pas impossible en soi, et il expliquerait le double courant qui s’est formé dès le temps des Pères sur ce point délicat; mais ce n’est malheureusement qu’une conjecture sans fondement solide.
C’est aussi en vertu de simples hypothèses, mais certainement erronées, que l’on attribué, dans les temps anciens ou modernes, le livre de la Sagesse tantôt à Jésus, fils de Sirach, auteur de l’Ecclésiastique (saint Augustin, De doctr. Christ., 2, 8, qui abandonna plus tard ce sentiment. Cf. Retract., 2, 4), tantôt au célèbre théosophe juif Philon (« Nennulli scriptorum veterum » soutenaient déjà cette opinion au temps de saint Jérôme. Sur sa fausseté, voyez le Man. Bibl., t. 2, n. 868. Les ressemblances entre les théories de Philon et le livre de la Sagesse sont purement superficielles), tantôt à Zorobabel revenu de Babylone, tantôt à quelques chrétiens, notamment à Apollos.
A défaut d’une tradition certaine, on peut du moins présenter quelques arguments intrinsèques, qui aboutissent à une conclusion très sérieuse et assez généralement admise aujourd’hui. Ils sont tirés du style et du genre littéraire du livre. Sous ce rapport, la Sagesse offre deux particularités, contradictoires en apparence, mais qui se concilient parfaitement. D’une part, on y remarque souvent un coloris hébraïque très prononcé (locutions empruntées à l’hébreu (cf. 1, 1: qui judicatis terram, in bonitate, in simplicitate cordis; 2, 9 :haec est pars nostra; 2, 15: immutatae… viae ejus; 4, 15, etc.), parallélisme des membres (cf. 1, 1; 2, 1-6; 7, 17-21; 11, 9-10, etc.), construction des phrases parfois un peu lourde, etc.). D’autre part, comme l’affirmait à bon droit saint Jérôme, « ipse stylus graecam eloquentiam redolet, » à un degré vraiment inouï dans tout le reste de la Bible des Septante (emploi fréquent d’expressions très classiques, et spécialement de mots composés; assonances, allitérations et autres jeux de mots qui supposent une connaissance assez approfondie du grec (1, 1: ??ap?sate…, f????sate… ?? ??a??t?t? ?a? ?p??t?t?… ??t?sate. 1, 2: pe??????s??… ?p?st??s??. 1, 4: ???…?a? ?????. Etc.); familiarité avec les coutumes (cf. 1, 14; 4, 2, 3; 7, 22; 10, 12; 11, 17; 19, 20, etc. dans le texte grec) et les théories grecques (cf. 1, 16; 2, 2-3; 5, 10; 8, 5-9; 12, 3-8, etc.)). Cet écrit est donc « remarquable au point de vue littéraire ». Mais tout s’explique aisément, si l’on admet qu’il a été composé, pour ses coreligionnaires d’Égypte, par un Juif d’Alexandrie, très au courant de la langue et des choses helléniques, et qui connaissait également à fond, sinon 1’hébreu, du moins la traduction de la Bible par les Septante, toute parsemée d’hébraïsmes. De là le double coloris de son style (ce style est loin « d’être toujours égal : très élevé et sublime dans quelques parties, comme dans le portrait de l’épicurien (2), dans le tableau du jugement dernier (5, 15-24), dans la description de la sagesse (7, 26-8, 1), incisif et mordant dans la peinture des idoles (13, 11-19), il est diffus et surchargé d’épithètes… dans d’autres passages. » Man. Bibl, t.2, n. 868).
Relativement à l’époque de la composition, la seule chose qu’on puisse affirmer avec certitude, c’est que le livre est notablement antérieur au christianisme, et postérieur aux Septante, attendu qu’il cite leur version à plusieurs reprises (cf. 2, 12, et Is. 3, 10; 15, 10 et Is. 44, 20, etc.). Il fait allusion à d’assez rudes épreuves par lesquelles passaient alors les Juifs, (cf. 6, 5; 12, 2; 15,·14): circonstance qui peut convenir au règne soit de Ptolémée Philopator (222-205 av. J.-C.), soit de Ptolémée Physcon (145-117 av J.·C.).
4° Le sujet, le but, la division.- Ce livre est au fond un long discours, une sorte de manifeste adressé aux Juifs et aux païens contemporains, afin d’opposer aux faux principes et à la conduite mauvaise que suggère la sagesse humaine la perfection de la foi et de la vie, telle que la recommande la vraie sagesse. Mais ce sont les Juifs d’Égypte qu’il a plus particulièrement en vue, et cela dans un triple but : 1° pour les consoler et les encourager au milieu des souffrances qu’ils enduraient de la part de leurs ennemis; 2° pour attaquer ceux d’entre eux qui avaient lâchement apostasié, et qui ne craignaient pas de persécuter leurs frères, de concert avec les païens; 3° pour attaquer aussi le paganisme lui-même et en démontrer 1’ignominie et la folie.
La division est très nette. Deux parties: la première, générale et théorique (chap; 1-9), considère la sagesse dans son essence et ses heureux effets; la seconde, plus spéciale et historique (chap. 10-19), envisage les œuvres admirables de la sagesse dans un certain nombre d’événements de l’histoire des Hébreux. Deux sections dans la première partie : 1° la sagesse, source de vrai bonheur et d’immortalité, 1, 1,-5, 24; 2° la sagesse, guide très sûr de la vie humaine, 6 , 1-9, ,19. Trois sections dans la seconde partie : 1° puissance de la sagesse soit pour sauver, soit pour châtier, 10,1-12,27; 2° la sagesse démontre que l’idolâtrie est une folie criminelle, 13, 1-14, 31; 3° Contraste entre les païens et les adorateurs de Jéhovah, 15, 1-19, 22 (pour les détails de l’analyse, voyez le commentaire, et notre biblia sacra, p. 714-729).
5° L’importance du livre de la Sagesse est reconnue par ceux-là même qui le traitent comme un écrit apocryphe. Elle consiste surtout en ce qu‘ « il nous conduit au seuil du christianisme » par les idées qu’il exprime, et par le langage dont il se sert pour les exprimer. Et parmi ces idées, la principale est celle qui concerne l’origine et la nature de la Sagesse, cette divine hypostase, qui se confond avec le Logos du Nouveau Testament (voyez le Man. Bibl., t. 2, n. 874). Rien de plus net et de plus saisissant; aussi saint Jean et saint Paul emploient-ils une phraséologie analogue pour décrire les attributs de Notre-Seigneur Jésus-Christ en tant que Verbe incarné, Fils du Père. D’autres dogmes sont encore enseignés clairement dans ces pages, spécialement ceux de l’immortalité de l’âme et du jugement dernier (cf. 2, 23; 3, 1 et ss.; 4, 2, 7 et ss.; 5, 1 et ss.; 8, 17; 15, 3, etc). Elles occupent donc réellement une place d’honneur dans l’histoire de la Préparation évangélique.
6° Commentateurs catholiques. Lorin, Cornelius a Lapide, Jansénius de Gand (Annotationes in librum Sapientiœ) , Bossuet, Calmet. De nos jours, Gutberlet , das Buch der Weisheit übersetzt und erklaert (Munster, 1874), et Lesêtre, le Livre de la Sagesse (Paris, 1880) (La Vulgate ne fait guère que reproduire, pour ce livre, la traduction de l’ancienne Itala, légèrement retouchée par saint Jérôme. Elle est assez conforme à l’original grec. Elle contient un grand nombre d’expressions populaires, et le style est souvent peu soigné, ce qui jette parfois de l’obscurité sur la pensée).