Archive pour octobre, 2014
BENOÎT XVI : SIMON LE CANANÉEN ET JUDE THADDÉe – 28 OCTOBRE
28 octobre, 2014BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 11 octobre 2006
SIMON LE CANANÉEN ET JUDE THADDÉe – 28 OCTOBRE
Chers frères et soeurs,
Nous prenons aujourd’hui en considération deux des douze Apôtres: Simon le Cananéen et Jude Thaddée (qu’il ne faut pas confondre avec Judas Iscariote). Nous les considérons ensemble, non seulement parce que dans les listes des Douze, ils sont toujours rappelés l’un à côté de l’autre (cf. Mt 10, 4; Mc 3, 18; Lc 6, 15; Ac 1, 13), mais également parce que les informations qui les concernent ne sont pas nombreuses, en dehors du fait que le Canon néo-testamentaire conserve une lettre attribuée à Jude Thaddée.
Simon reçoit un épithète qui varie dans les quatre listes: alors que Matthieu et Marc le qualifient de « cananéen », Luc le définit en revanche comme un « zélote ». En réalité, les deux dénominations s’équivalent, car elles signifient la même chose: dans la langue juive, en effet, le verbe qana’ signifie: « être jaloux, passionné » et peut être utilisé aussi bien à propos de Dieu, en tant que jaloux du peuple qu’il a choisi (cf. Ex 20, 5), qu’à propos des hommes qui brûlent de zèle en servant le Dieu unique avec un dévouement total, comme Elie (cf. 1 R 19, 10). Il est donc possible que ce Simon, s’il n’appartenait pas précisément au mouvement nationaliste des Zélotes, fût au moins caractérisé par un zèle ardent pour l’identité juive, donc pour Dieu, pour son peuple et pour la Loi divine. S’il en est ainsi, Simon se situe aux antipodes de Matthieu qui, au contraire, en tant que publicain, provenait d’une activité considérée comme totalement impure. C’est le signe évident que Jésus appelle ses disciples et ses collaborateurs des horizons sociaux et religieux les plus divers, sans aucun préjugé. Ce sont les personnes qui l’intéressent, pas les catégories sociales ou les étiquettes! Et il est beau de voir que dans le groupe de ses fidèles, tous, bien que différents, coexistaient ensemble, surmontant les difficultés imaginables: en effet, Jésus lui-même était le motif de cohésion, dans lequel tous se retrouvaient unis. Cela constitue clairement une leçon pour nous, souvent enclins à souligner les différences, voire les oppositions, oubliant qu’en Jésus Christ, nous a été donnée la force pour concilier nos différences. Rappelons-nous également que le groupe des Douze est la préfiguration de l’Eglise, dans laquelle doivent trouver place tous les charismes, les peuples, les races, toutes les qualités humaines, qui trouvent leur composition et leur unité dans la communion avec Jésus.
En ce qui concerne ensuite Jude Thaddée, il est ainsi appelé par la tradition qui réunit deux noms différents: en effet, alors que Matthieu et Marc l’appellent simplement « Thaddée » (Mt 10, 3; Mc 3, 18), Luc l’appelle « Jude fils de Jacques » (Lc 6, 16; Ac 1, 13). Le surnom de Thaddée est d’une origine incertaine et il est expliqué soit comme provenant de l’araméen taddà, qui veut dire « poitrine » et qui signifierait donc « magnanime », soit comme l’abréviation d’un nom grec comme « Théodore, Théodote ». On ne connaît que peu de choses de lui. Seul Jean signale une question qu’il posa à Jésus au cours de la Dernière Cène. Thaddée dit au Seigneur: « Seigneur, pour quelle raison vas-tu te manifester à nous, et non pas au monde? ». C’est une question de grande actualité, que nous posons nous aussi au Seigneur: pourquoi le Ressuscité ne s’est-il pas manifesté dans toute sa gloire à ses adversaires pour montrer que le vainqueur est Dieu? Pourquoi s’est-il manifesté seulement à ses Disciples? La réponse de Jésus est mystérieuse et profonde. Le Seigneur dit: « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui » (Jn 14, 22-23). Cela signifie que le Ressuscité doit être vu et perçu également avec le coeur, de manière à ce que Dieu puisse demeurer en nous. Le Seigneur n’apparaît pas comme une chose. Il veut entrer dans notre vie et sa manifestation est donc une manifestation qui implique et présuppose un coeur ouvert. Ce n’est qu’ainsi que nous voyons le Ressuscité.
A Jude Thaddée a été attribuée la paternité de l’une des Lettres du Nouveau Testament, qui sont appelées « catholiques » car adressées non pas à une Eglise locale déterminée, mais à un cercle très vaste de destinataires. Celle-ci est en effet adressée « aux appelés, bien-aimés de Dieu le Père et réservés pour Jésus Christ » (v. 1). La préoccupation centrale de cet écrit est de mettre en garde les chrétiens contre tous ceux qui prennent le prétexte de la grâce de Dieu pour excuser leur débauche et pour égarer leurs autres frères avec des enseignements inacceptables, en introduisant des divisions au sein de l’Eglise « dans leurs chimères » (v. 8), c’est ainsi que Jude définit leurs doctrines et leurs idées particulières. Il les compare même aux anges déchus et, utilisant des termes forts, dit qu’ »ils sont partis sur le chemin de Caïn » (v. 11). En outre, il les taxe sans hésitation de « nuages sans eau emportés par le vent; arbres de fin d’automne sans fruits, deux fois morts, déracinés; flots sauvages de la mer, crachant l’écume de leur propre honte; astres errants, pour lesquels est réservée à jamais l’obscurité des ténèbres » (vv. 12-13).
Aujourd’hui, nous ne sommes peut-être plus habitués à utiliser un langage aussi polémique qui, toutefois, nous dit quelque chose d’important. Au milieu de toutes les tentations qui existent, avec tous les courants de la vie moderne, nous devons conserver l’identité de notre foi. Certes, la voie de l’indulgence et du dialogue, que le Concile Vatican II a entreprise avec succès, doit assurément être poursuivie avec une ferme constance. Mais cette voie du dialogue, si nécessaire, ne doit pas faire oublier le devoir de repenser et de souligner toujours avec tout autant de force les lignes maîtresses et incontournables de notre identité chrétienne. D’autre part, il faut bien garder à l’esprit que notre identité demande la force, la clarté et le courage face aux contradictions du monde dans lequel nous vivons. C’est pourquoi le texte de la lettre se poursuit ainsi: « Mais vous, mes bien-aimés, – il s’adresse à nous tous – que votre foi très sainte soit le fondement de la construction que vous êtes vous-mêmes. Priez dans l’Esprit Saint, maintenez-vous dans l’amour de Dieu, attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ en vue de la vie éternelle. Ceux qui sont hésitants, prenez-les en pitié… » (vv. 20-22). La Lettre se conclut sur ces très belles paroles: « Gloire à Dieu, qui a le pouvoir de vous préserver de la chute et de vous rendre irréprochables et pleins d’allégresse, pour comparaître devant sa gloire: au Dieu unique, notre Sauveur, par notre Seigneur Jésus Christ, gloire, majesté, force et puissance, avant tous les siècles, maintenant et pour tous les siècles. Amen » (vv. 24-25).
On voit bien que l’auteur de ces lignes vit en plénitude sa propre foi, à laquelle appartiennent de grandes réalités telles que l’intégrité morale et la joie, la confiance et, enfin, la louange; le tout n’étant motivé que par la bonté de notre unique Dieu et par la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ. C’est pourquoi Simon le Cananéen, ainsi que Jude Thaddée, doivent nous aider à redécouvrir toujours à nouveau et à vivre inlassablement la beauté de la foi chrétienne, en sachant en donner un témoignage à la fois fort et serein.
PAPE FRANÇOIS – (l’Eglise est le corps du Christ!) – 22.10.14
28 octobre, 2014PAPE FRANÇOIS – (l’Eglise est le corps du Christ!)
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 22 octobre 2014
Chers frères et sœurs, bonjour.
Lorsque l’on veut mettre en évidence que les éléments qui composent une réalité sont étroitement unis les uns aux autres et forment une seule chose, on utilise souvent l’image du corps. Depuis l’apôtre Paul, cette expression a été appliquée à l’Eglise et a été reconnue comme son trait caractéristique le plus profond et le plus beau. Aujourd’hui, alors, nous voulons nous demander: dans quel sens l’Eglise forme-t-elle un corps? Et pourquoi est-elle définie «corps du Christ»?
Dans le livre d’Ezéchiel est décrite une vision un peu particulière, impressionnante, mais capable de transmettre la confiance et l’espérance dans nos cœurs. Dieu montre au prophète une étendue d’ossements, détachés les uns des autres et desséchés. Une scène désolante… Imaginez toute une vallée pleine d’ossements. Dieu lui demande alors d’invoquer sur eux l’Esprit. A ce moment, les os se mettent à bouger, commencent à se rapprocher et à s’unir, sur eux poussent d’abord les nerfs, plus la chair, et ainsi se forme un corps, complet et plein de vie (cf. Ez 37, 1-14). Voilà, c’est cela l’Eglise! Je compte sur vous, aujourd’hui, chez vous, prenez la Bible, au chapitre 37 du prophète Ezéchiel, n’oubliez pas, et lisez-le, c’est très beau. C’est cela l’Eglise, c’est un chef d’œuvre, le chef d’œuvre de l’Esprit, qui insuffle en chacun la vie nouvelle du Ressuscité et qui nous place les uns aux côtés des autres, les uns au service et à l’aide des autres, faisant ainsi de nous tous un seul corps, édifié dans la communion et dans l’amour.
Mais l’Eglise n’est pas seulement un corps édifié dans l’Esprit: l’Eglise est le corps du Christ! Et il ne s’agit pas simplement d’une façon de dire: mais nous le sommes vraiment! C’est le grand don que nous recevons le jour de notre baptême! Dans le sacrement du baptême, en effet, le Christ nous fait siens, nous accueillant dans le cœur du mystère de la croix, le mystère suprême de son amour pour nous, pour nous faire ensuite renaître avec lui, comme nouvelles créatures. Voilà: c’est ainsi que naît l’Eglise, et c’est ainsi que l’Eglise se reconnaît corps du Christ! Le baptême constitue une véritable renaissance, qui nous régénère dans le Christ, qui fait de nous une partie de lui, et nous unit intimement entre nous, comme membres du même corps, dont il est la tête (cf. Rm 12, 5; 1 Co 12, 12-13).
Ce qui en découle, alors, est une profonde communion d’amour. Dans ce sens, il est illuminant que Paul, exhortant les maris à «aimer leurs femmes comme leur propre corps», affirme: «C’est justement ce que le Christ fait pour l’Eglise: ne sommes-nous pas les membres de son Corps?» (Ep 5, 28-30). Comme il serait beau que nous nous rappelions plus souvent ce que nous sommes, ce que le Seigneur Jésus a fait de nous: nous sommes son corps, ce corps que rien ni personne ne peut plus arracher de lui et qu’il couvre de toute sa passion et de tout son amour, précisément comme un époux avec son épouse. Cette pensée, toutefois, doit faire naître en nous le désir de correspondre au Seigneur Jésus et de partager son amour entre nous, comme membres vivants de son corps lui-même. A l’époque de Paul, la communauté de Corinthe rencontrait de nombreuses difficultés dans ce sens, vivant, comme nous aussi souvent, l’expérience des divisions, des envies, des incompréhensions et de la marginalisation. Toutes ces choses ne sont pas bonnes, parce que, au lieu d’édifier et de faire croître l’Eglise comme corps du Christ, elles la font éclater en mille morceaux, la démembrent. Et cela a lieu également de nos jours. Pensons dans les communautés chrétiennes, dans certaines paroisses, pensons dans nos quartiers à combien de divisions, combien de jalousies, comment l’on médit, combien d’envies, et d’exclusion. Et que cela entraîne-t-il? Cela nous démembre. C’est le début de la guerre. La guerre ne commence pas sur les champs de bataille: la guerre, les guerres commencent dans le cœur, avec les incompréhensions, les divisions, les envies, avec cette lutte avec les autres. La communauté de Corinthe était ainsi; eux, c’étaient des champions! L’apôtre Paul a donné aux Corinthiens certains conseils concrets qui valent également pour nous: ne pas être jaloux, mais apprécier dans nos communautés les dons et les qualités de nos frères. Les jalousies: «Celui-là a acheté une voiture», et là, je sens une jalousie; «Celui-là a gagné au loto», et une autre jalousie; «Et cet autre a beaucoup de chance dans tel domaine», et une autre jalousie encore. Tout cela démembre, fait du mal, il ne faut pas le faire! Parce qu’ainsi, les jalousies grandissent et remplissent le cœur. Un cœur jaloux est un cœur aigre, un cœur qui au lieu du sang, semble avoir du vinaigre; c’est un cœur qui n’est jamais heureux, c’est un cœur qui démembre la communauté. Mais que dois-je faire alors? Apprécier dans nos communautés les dons et les qualités des autres, de nos frères. Et lorsque je ressens de la jalousie — parce que cela arrive à tous, nous sommes tous pécheurs — je dois dire au Seigneur: «Merci, Seigneur, parce que tu as donné cela à cette personne». Apprécier les qualités, se faire proches et participer à la souffrance des derniers et des plus nécessiteux; exprimer sa gratitude à tous. Le cœur qui sait dire merci est un cœur bon, c’est un cœur noble, c’est un cœur qui est content. Je vous demande: savons-nous tous dire merci, toujours? Pas toujours, parce que l’envie, la jalousie nous freine un peu. Et, un dernier conseil que l’apôtre Paul donne aux Corinthiens et que nous aussi, nous devons nous donner les uns aux autres: ne considère personne supérieur aux autres. Combien de personnes se sentent supérieures aux autres! Nous aussi, tant de fois, nous disons comme ce pharisien de la parabole: «Je te remercie Seigneur, car je ne suis pas comme celui-là, je suis supérieur». Mais cela n’est pas beau, il ne faut jamais le faire! Et lorsque nous sommes sur le point de le faire, rappelons-nous de nos péchés, de ceux que personne ne connaît, ayons honte devant Dieu et disons: «Mais toi Seigneur, tu sais qui est supérieur, moi, je me tais». Et cela fait du bien. Et toujours, dans la charité, se considérer comme membres les uns des autres, qui vivent et se donnent au profit de tous (cf. 1 Co 12-14).
Chers frères et sœurs, comme le prophète Ezéchiel et comme l’apôtre Paul, invoquons nous aussi l’Esprit Saint, afin que sa grâce et l’abondance de ses dons nous aident à vivre véritablement comme corps du Christ, unis, comme famille, mais une famille qui est le corps du Christ, et comme signe visible et beau de l’amour du Christ.
Je salue cordialement les pèlerins de langue française, notamment les jeunes confirmés du diocèse de Bayeux-Lisieux, ainsi que les personnes en situation de précarité du diocèse de Lyon. Elles sont particulièrement les bienvenues et je les assure de ma prière.
Invoquons le Saint Esprit pour que sa grâce et l’abondance de ses dons nous aident à vivre vraiment comme Corps du Christ, signe visible de son amour.
Maria, Coptic style Stella Maris icon,
27 octobre, 2014LE PÉRES COPTE: MACAIRE L’EGYPTIEN (+390)
27 octobre, 2014http://eocf.free.fr/text_prieres_hamman_copte.htm
Les Pères coptes
MACAIRE L’EGYPTIEN (+390)
Sous le nom de Macaire (qui signifie bienheureux) ont eu cours quantité d’écrits, d’homélies ascétiques surtout, des lettres et des apophtegmes.
Les 5èmes homélies de » Macaire » le placent au nombre des premiers mystiques de l’antiquité chrétienne.
Mais toute cette production littéraire semble l’ oeuvre de moines qui se couvrirent du nom de Pères illustres.
Macaire l’Égyptien, appelé » l’Ancien » ou » le Grand « , a vécu pendant 60 ans dans le désert de Scété ; il s’acquit, parmi les moines de la Basse Egypte, une exceptionnelle célébrité, pour sa sagesse et sa parole.
La » prière du soir « , qui lui est attribuée, est insérée à l’office de None, dans l’Église Jacobite.
Prière du soir
DIEU qui es venu à la fin des temps pour nous sauver, à la chute du jour, tu as chassé Adam du paradis et tu l’as rouvert pour lui.
Par ta mort sur la croix, aie pitié de moi, maintenant que la fin de ma vie approche, que le soir m’atteint.
Le temps est trop court pour laver toutes mes souillures.
Je ne puis demander une multitude d’années, pour expier la multitude de mes fautes.
Épargne-moi, Seigneur, devant ton redoutable tribunal, aie pitié de moi, ô Dieu, en ces jours où la miséricorde sera mesurée.
Jette sur moi un regard de paix et de douceur, à l’heure où tu jugeras avec rigueur .
Guéris-moi dès cette terre et je serai en santé.
Relève-moi dans ta miséricorde et conduis-moi à la pénitence, afin que je puisse te rencontrer là-haut, à visage découvert.
Ne me laisse pas au pouvoir de mes ennemis, Seigneur, que je ne devienne pas la proie de ceux, qui tendent des embûches à mon âme; que je ne sois pas privé de ta grâce, ni dépouillé du don de l’Esprit.
Je laverai, Seigneur, la souillure de ma robe, pour n’être pas jeté aux ténèbres extérieures, avec celui qui n’a pas été jugé digne du festin. Conserve, dans ma lampe, l’huile des bons serviteurs, afin que je ne sois pas rejeté avec les vierges folles.
Épargne-moi, Seigneur, cette parole terrifiante adressée à ceux qui se tiennent à ta gauche: Je ne vous connais pas.
Par le sang de la Croix, que tu as répandu pour nous, délivre-moi, vivifie-moi, selon tes miséricordes, afin que je garde le témoignage de ta parole, que je vive pour ta gloire et que j’obtienne la joie de ton royaume durant les siècles des siècles.
Amen.
Prière à l’ange gardien
ANGE saint, qui veilles sur ma pauvre âme et sur ma misérable vie, ne me quitte pas je suis pécheur, et ne m’abandonne pas à cause de mes souillures.
Ne laisse pas approcher les esprits mauvais, dirige-moi en exerçant ton pouvoir sur mon corps périssable.
Prends ma main blessée et impuissante, conduis-moi sur le chemin du salut.
Oui, saint ange de Dieu, qui veilles sur mon âme et sur mon corps, pardonne-moi tout ce qui a pu t’offenser au cours de ma vie et toutes mes fautes d’aujourd’hui.
Protège-moi dans la nuit qui s’approche et garde-moi des embûches et des attaques de l’Ennemi, pour que je n’offense point Dieu par un péché.
Intercède pour moi, auprès du Seigneur, afin qu’il m’affermisse dans sa crainte, et qu’il fasse de moi un serviteur digne de sa sainteté.
Amen.
SCHENOUTÉ (+466)
A Atrépé, en Égypte, Schenouté organisa, comme Pacôme, la vie monastique.
Dans son célèbre » Couvent blanc « , il modifia les règles cénobitiques.
Il est le plus grand écrivain copte.
Son oeuvre se compose de lettres, de sermons, d’apocalypses.
Il est malaisé de discerner ce qui est authentique dans les écrits qui lui sont attribués.
La prière que nous citons est utilisée à l’office de midi et du soir .
Prière à Dieu
DIEU, protège-moi, sans cesse, dans le travail, dans la parole et dans la pensée du coeur .
Dieu, aie pitié de moi, dans ce monde et dans celui qui doit venir .
Dieu, aie pitié de moi, car j’ai péché contre toi, comme un mortel; mais toi, Maître bon et doux, pardonne-moi.
Dieu ne m’effraie pas et ne me trouble pas à l’heure où l’âme quitte le corps.
Dieu, ne me réprimande pas alors dans ta colère et ne me châtie pas dans ton couroux.
Dieu, ne t’irrite pas contre moi, comme le méritent mes péchés et mes actions mauvaises.
Dieu, ne me cache pas ton visage, lorsque je paraîtrai devant toi et ne détourne pas ta face de moi au jour où tu jugeras les actions cachées et connues des hommes.
Dieu, ton Verbe, s’est incarné, il a été crucifié pour moi, il est mort, a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour; attache-moi à toi, pour que les mauvais esprits ne dominent pas sur moi et ne m’arrachent pas de tes mains !
Dieu, ne me laisse pas succomber à la perfidie, ne permets pas que l’Adversaire trouve en moi quelque chose qui lui appartienne.
Dieu, rends mon coeur comme un glaive aiguisé contre toute pensée de péché, afin que je puisse les chasser de mon coeur .
Dieu qui as parlé à la mer et elle s’est apaisée, chasse les passions mauvaises de ma nature pécheresse, afin que le péché soit éteint et disparaisse de tous mes membres.
Dieu donne-moi pour toujours un coeur pur avec la foi orthodoxe, dans les siècles des siècles.
Amen.
HISTOIRE DE L’EGLISE COPTE
27 octobre, 2014http://www.copticchurch.ch/a-propos-de-nous/histoire-de-leglise-copte
HISTOIRE DE L’EGLISE COPTE
Ecrit par Sa Sainteté le Pape Shenouda III
En réalité, l’Eglise Copte se distingue de toutes les Eglises du monde, par des privilèges tirés de l’Ecriture Sainte et de l’Histoire. Nous démontrerons toutes ces réalités par des faits concrets.
1- Une prophétie qui lui est propre
L’Eglise d’Egypte est la seule de toutes les Eglises des gentils, qu’une prophétie, de l’Ancienne Testament, signale sa fondation.
Le Livre d’Isaïe, chapitre 19, parle, sous l’Inspiration divine, de la fondation de notre Eglise :
“Ce jour-là, il y aura un autel dédié à l’Eternel au milieu du pays d’Egypte, et près de la frontière une stèle dédiée à l’Eternel. Ce sera un signe et un témoin de l’Eternel des armées au pays d’Egypte.Et l’Eternel se fera connaître des Egyptiens, et les Egyptiens connaîtront l’Eternel, en ce jour-là. Ils offriront sacrifices et oblations.” (Isaïe 19 :19-21).
Cet autel n’est pas un autel païen, mais un autel de l’Eternel. comme il n’est pas particulier aux Juifs dont les sacrifices ne sont pas offerts hors de Jérusalem.
C’est donc l’autel chrétien, sur lequel les Egyptiens ont offert un sacrifice au Seigneur, quand ils ont connu le Seigneur et le Seigneur a été connu par eux. C’est un signe et un témoignage pour l’Eternel des armées. Par une prophétie du Livre du prophète Isaïe.
Sans l’importance de cet autel, aucune prophétie ne l’aurait spécifiée. Et Dieu a béni l’Egypte, pour cette raison. Dieu a béni l’Egypte, comme son peuple.
Ce verset du Livre d’Isaïe se termine par ces mots du Seigneur «Béni soit l’Egypte, mon peuple » (Is.19 :25 ). Que de plus beau, que cette expression de « mon peuple » ici. Par elle, nous réfutons les Juifs qui se considèrent comme le seul peuple de Dieu. Mais voici que l’Eternel des armées déclare «Béni soit l’Egypte, mon peuple »
C ‘est aussi certain, que Dieu ne bénit pas le peuple égyptien dans son paganisme, mais dans sa foi. Ici, Dieu bénit l’Eglise de l’Egypte, l’Eglise égyptienne. Et nous terminons cette partie de notre article par ces paroles : que la prophétie ne s’est pas bornée à la fondation de l’Eglise d’Egypte, mais à sa bénédiction aussi.
2- La visite de la Sainte Famille
Le seul pays visité par le Christ, autre que son pays, est le pays d’Egypte. Et certainement, Dieu a un motif à le faire et un but spirituel…
Il y avait d’autres pays au voisinage et dans le même continent. Mais Dieu a spécifiquement choisi l’Egypte, et en voulut un autel comme un signe et un témoignage pour le Dieu des armées. L’Evangile selon Saint Matthieu a signalé cette visite.
« Ce qui arriva selon l’ordre divin, qui envoya un ange lui dire de prendre l’enfant Jésus, de fuir en Egypte et d’y rester jusqu’à ce que le Seigneur lui dise de revenir. »(Mat.2 :14).
Il y demeura jusqu’à la mort d’Hérode et retourna ensuite, ainsi s’accomplit ce qui avait été déclaré par la prophétie : « j’ai appelé mon fils hors d’Egypte ». Plus encore, la visite de Dieu à l’Egypte, a été citée dans une prophétie du Livre du prophète Isaïe et dans le même chapitre qui commence par cette expression :
« Oracle sur l’Egypte. Voici que l’Eternel sur un nuage léger, vient en Egypte. (Is.19 :1).
L’Inspiration divine signale ensuite la disparition du paganisme de l’Egypte et note tout de suite après « Les faux dieux d’Egypte chancellent devant lui et le coeur de l’Egypte défaille en elle ». (Is,19:2).ce qui arriva à la lettre.
Pendant cette sainte visite, le pays où entrait le Seigneur, voyait choir ses idoles et de là, chassait la Sainte Famille qui se dirigeait vers un autre pays, d’où s’ensuivit que plusieurs endroits d’Egypte furent ainsi sanctifiés.
Le Seigneur a été accompagné en Egypte : par la Sainte Vierge Marie, et Saint Joseph le menuisier
Quel pays, sinon l’Egypte, a été visité, par la Vierge ?
Cette visite que l’Ecriture a signalée. Tout comme l’histoire qui a mentionné les endroits visités par la Sainte Famille, et où ont été élevés, plus tard, des églises, que des touristes viennent visiter des extrémités de la terre.
Quelle est l’Eglise qui pourrait se vanter de ce qui fait la gloire de l’Eglise d’Egypte ?
Nous disons qu’il se peut que la Vierge a eu le désir de visiter une fois de plus le pays d’Egypte, et apparut sur les dômes de l’Eglise du Zeïtoun en 1968 P.C. Ou bien, Dieu a voulu que la prophétie d’Isaïe soit permanente, ou encore Il aurait voulu la retracer aux gens pour commencer à répéter son expression que nous aimons tant « Béni soit mon peuple d’Egypte »’ et cette autre « J’ai appelé mon fils hors de l’Egypte ».
3- La fondation de la 1ère école théologique
La première école théologique, au monde fut celle d’Alexandrie, fondée par Saint Marc. Ce fut au milieu du premier siècle P.J, pour contredire l’école philosophique d’Alexandrie d’une grande renommée, avec sa bibliothèque.
Cette bibliothèque possédait plus de trois cents mille manuscrits. Dans cette bibliothèque fut traduit l’Ancien Testament, dans la langue grecque; cette traduction est connue sous le nom de la traduction Septante.
C’est ainsi que l’Egypte a pourvu le monde, imprégné par la culture grecque, de la première traduction grecque de l’Ancien Testament, avec toutes ses prophéties et ses symboles.
L’école théologique d’Alexandrie a présenté au monde chrétien, une grande équipe de savants, et une plus grande équipe des propos des Pères…
Nous citons parmi ses savants : Saint Pantaenus, Clément d’Alexandrie, Origène, Saint Dionysius (Le quatorzième Pape d’Alexandrie), Saint Didyme, l’aveugle, qui fut le premier à inventer l’écriture en relief, quinze siècles, avant Braille, il était directeur du collège théologique sous l’ère de l’apôtre Saint Athanase.
Comme résultat de la grandeur de cette école théologique, les Pères d’Alexandrie furent exceptionnellement talentueux, dans les sciences théologiques tout comme les débats théologiques aussi.
4- Notre Eglise est la mère du monachisme
Le premier moine au monde fut le grand Saint Antoine. C’était un Copte de Haute-Egypte.
Il est né en l’an 251 P.J. et est trépassé en l’an 356 P.J. Tous les premiers moines furent ses disciples. Saint Athanase écrit sa biographie dans un livre intitulé « Vita Antoni » (La vie d’Antoine ) qu’il envoya à Rome, ce qui aida à la propagation du monachisme dans ce pays.
Il était derrière la conversion de Saint Augustin. Saint Antoine fut intitulé « Père de tous les moines ». Tous ses enfants, devenus moines sont redevables de sa paternité et leur commandement dans cette voie ascétique.
Le premier Père, fondateur des monastères, fut le grand Saint Pakhomius. Lui aussi, était un Copte de la Haute-Egypte.
Il est le premier à établir les lois du monachisme, que Jean Cassian a emportées en France. Sur ces lois, furent instituées les lois des monastères bénédictins catholiques. Saint Basile le grand en a aussi profité, pour établir les lois de son monachisme.
Là, nous voulons signaler une vérité spirituelle, importante : Les moines d’Egypte ont vécu comme moines, sans écrire leur biographie, mais les touristes qui les ont visités, le firent.
Il se peut que, parmi les plus importants, fut Pladius qui a écrit son livre très répandu « Historia Lausiaca » (il fut dédié à un noble nommé Lausiaca ». Ce livre fut traduit sous le nom du « Paradis des Pères ». Comme il fut traduit en arabe sous le même nom. On lui doit sa grande influence à propager les histoires de ces moines coptes et leur biographie angélique à travers le monde entier dont les populations ont ardemment désiré savoir.
Ensuite, Réfinius a écrit de la vie des Pères du désert. Et Jean Cassian a écrit ses deux livres très répandus : les Institutions et les Conférences où il explique la vie monastique des moines d’Egypte, comme il signale son entrevue avec plusieurs d’entre eux, leurs conversations mutuelles portant sur de nombreux sujets spirituels.
Saint Jérôme a écrit la biographie de quelques Pères Coptes comme celle de Saint Paul l’anachorète, Saint Jean d’Assiout et d’autres encore.
Tous ses écrits ont contribué à la propagation de la vie monacale dans le monde entier, beaucoup des Pères furent les disciples des moines coptes d’Egypte.
Citons, entre autre, les deux princes romains Maximus et Domadius, fils de l’empereur Valentinien. Saint Arsène éducateur des fils des rois, il fut le professeur des deux princes Honorios et Arcadios. La princesse Hilairi, fille du roi Zéno, et d’autres encore.
Saint Hilaire, qui répandit le monachisme en Syrie, fut un des disciples de Saint Antoine. Les pères coptes eurent d’autres disciples comme Saint Euquin qui enseigna le monachisme en Iraq. Saint Ephraïm, le syrien, a visité les monastères d’Egypte et devint un disciple dans le désert de Chéhit, tout comme Saint Evagrius des pays de Pontoce.
Le temps me manque, pour parler des disciples du monachisme copte, en Egypte ou en lisant leurs biographies et leurs enseignements. Et qui ensuite, ont propagé, le monachisme dans leurs pays.
De tous ces faits, nous déduisons, une vérité historique très importante : Si tu vois un moine dans le monde, tu peux lui certifier qu’il a une origine monacale copte.
Tous, sont les disciples de Saint Antoine, le copte, fondateur du monachisme et le père de tous les moines.
5- Les premiers héros de la foi
Il me suffit, en cette occasion, d’en mentionner deux des plus renommés qui sont : l’apôtre Saint Athanase, quatrième siècle, et Saint Cyrille un, du cinquième siècle.
Le Credo chrétien, établi au Concile œcuménique de Nicée, a été élaboré par le diacre Alexandrin Athanase.
C’est le copte génial, qui a défendu la foi contre l’hérétique Arien et l’a réfuté. Il réfuta toutes ses assertions fausses, ce qui poussa le Saint Concile à le déclarer anathème en l’an 325 P.C. Il possédait l’instruction théologique qui commandait parmi 318 évêques représentants les Eglises du monde entier.
Il devint patriarche et publia son livre populaire « Contre les Ariens» « Contra Arianos », de quatre volumes, où il réfuta la conception erronée de quelques versets de l’Ecriture Sainte que les ariens ont exploités pour protester.
Pour avoir défendu la foi, des Conciles ont été tenus contre lui, et des empereurs l’ont pris en inimité ; il fut exilé quatre fois loin de sa Chaire. On lui dit « le monde est contre toi Athanase » et il répondit « et moi je suis contre le monde »… de là, ils l’ont notifié du titre de « Athanasius Contra Mondum »
Et par sa ténacité, il nous conserva la foi. Ce que Saint Jérôme interprète ainsi : Sans l’intervention d’Athanase, le monde tout entier, à un moment donné, serait devenu arien. »
Saint Athanase était un patriarche copte, mais il devint le champion de tout le monde chrétien, et le père de tous les savants théologiens.
Son livre intitulé « l’Incarnation du Verbe » qu’il écrit quand il n’était qu’un jeune diacre, peut être le fondement inébranlable de la doctrine chrétienne, sur lequel s’appuient tous les savants théologiques comme une valide et solide référence écrite par le maître de l’univers : Saint Athanase le héros de la foi…
La ténacité d’Athanase, a encouragé tous les autres pères à se tenir fermes.
Notons que quand Saint Hilaire, évêque de Poitiers, a publié son livre contre les ariens, intitulé «De Irinitate» il devint si populaire qu’on lui donna le titre d’Athanase de l’Occident. Athanase devint ainsi un symbole et un exemple.
Tandis que le grand Saint Cyrille, fut le héros de la foi, contre Nestorius.
C’est lui qui a démasqué l’hérésie de Nestorius, patriarche de Constantinople, capitale de l’Etat Romain oriental. Il lui expliqua la foi, mais quand il s’obstina et persista dans son hérésie, il formula contre lui les douze anathèmes « 12 , Anathemas » qui firent partie des lois théologiques de l’Eglise.
Le Concile œcuménique se tint à Ephèse en l’an 431 P.C. sous la présidence de Saint Cyrille d’Alexandrie et déclara Nestorius anathème.
Et le Pape Cyrille devint l’un des pères de l’Eglise catholique et apostolique, ses propos furent des arguments de théologie pour tous les disciples, du monde entier, qui s’adonnent à sa recherche.
6- L’Eglise Des Martyrs
C’est bien certain que toutes les Eglises du monde furent martyrisées, mais l’Eglise Copte s’est caractérisée par deux faits fondamentaux :
a) Des villes entières ont été martyrisées comme les martyrs des villes de Akhmim et de Esna, ou encore des milliers de personnes comme le martyr de la légion Thébienne.
b) Elle endura le martyr pendant des siècles, quand d’autres Eglises vivaient en paix, après l’ère païenne, ou encore étaient en possession d’un puissant pouvoir.
Le martyr romain était tellement oppressant en Egypte, surtout sous le règne de Dioclétien, que l’Eglise dut rectifier son Calendrier annuel depuis l’an 284 par un autre Calendrier débutant par cette année, et qui prit le nom du « Calendrier Des Martyrs ».
L’Eglise a encore souffert d’un autre genre de martyr, infligé par ses frères chrétiens, après le désaccord de Chalcédoine qui dura depuis l’an 451 jusqu’à l’an 644 P.C. où des dizaines de milliers de ses enfants furent martyrisés. Le martyr engloba aussi les Pères patriarches, dont les Romains ont confisqué les églises, pour élever à leur place des patriarches Melkites auxquels ils ont remis le pouvoir civil scellé du pouvoir religieux. Ce fut le cas de « El Moquakas », gouverneur romain, contemporain de l’intrusion des arabes en Egypte, quand le Pape Benjamin, patriarche copte orthodoxe, était en exil loin de sa Chaire depuis 13 ans.
Le martyr se poursuivit, et surtout sous le règne du Hakem Bi Amr Allah, des Mamluks et des Ottomans.
L’histoire de l’Eglise Copte est glorieuse et prioritaire. Mais beaucoup d’historiens en bannissent les caractéristiques fondamentales, quand ils discutent des particules, des détails et des faits.
« L’Eglise Copte est unique dans ce qui la caractérise de toutes les Eglises du monde »
« la Sainte Vierge en 40 hypostases » (texte à lire)
25 octobre, 2014« MIS À PART DÈS LE SEIN DE MA MÈRE » (JÉRÉMIE ET PAUL)
25 octobre, 2014http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/1319.html
« MIS À PART DÈS LE SEIN DE MA MÈRE » (JÉRÉMIE ET PAUL)
Théologie
Choisis par Dieu pour une mission divine, Jérémie et Paul sont « mis à part dès le sein maternel » : pour quels enjeux ?
Parmi les personnages bibliques choisis par Dieu pour une mission divine, Jérémie et Paul sont » mis à part dès le sein maternel ». Si l’expression n’est pas utilisée pour Samson, Jean-Baptiste ou Jésus, les parallèles sont pourtant nombreux. Quels sont les enjeux de cette mise à part ? Comment éclaire-t-elle la mission donnée à l’élu ? Et quelle liberté réserve-t-elle à l’appelé ?
L’expression « mis à part » (ou « consacré » selon les traductions), signifie « choisi parmi un groupe pour être institué dans une mission ». Elle sous-entend une délimitation, une définition et une séparation. Dans l’Ancien Testament, elle qualifie la distinction entre le pur et l’impur, entre le profane et le sacré. Elle désigne également la mission confiée au peuple élu (Cf. Lv 20,26).
• Le choix de Dieu
La mise à part s’inscrit dans le mouvement de l’appel de Dieu. Pour Jérémie, Paul, Samson ou Jean-Baptiste, choisis dès le sein de leur mère, l’initiative du choix revient à Dieu de manière absolue. La perception d’un Dieu qui façonne sa créature dans le sein maternel, qui en connaît d’emblée toute l’existence (Cf. Ps 139), est placée ici au cœur de la vocation. Cette tradition est complétée dans le Psaume 51 (50) où l’élu de Dieu se reconnaît pécheur dès le sein de sa mère, et donc déjà placé sous le regard de Dieu. On peut parler d’une « prédestination » de la part de Dieu qui raisonne comme un appel à orienter et engager toute sa vie sur la voie qu’il nous ouvre.
La mise à part est liée aussitôt à une mission. C’est là son fondement et son but. Jérémie est mis à part dès le sein maternel car Dieu « fait (de lui) un prophète pour les nations « . De même, Paul est mis à part pour voir se révéler le Fils et l’annoncer aux païens. Jean-Baptiste, lui, reçoit la mission d’être prophète du Très-Haut, de marcher devant, sous le regard du Seigneur, et de préparer ses chemins (Lc 1,16.76).
• La réponse de l’élu
Pour accomplir sa mission, l’élu est supposé avoir une vie intime avec le Seigneur, une connaissance particulière. L’assurance de la présence du Seigneur avec lui ou de l’Esprit en lui, le rendra fidèle à sa mission. Sa fidélité ne lui vient pas d’une qualité personnelle qu’il détiendrait mais de sa capacité à accueillir la grâce de Dieu. Ainsi Jérémie se considère trop jeune ou incapable d’assumer sa mission au point de maudire le jour de sa naissance. Mais le Seigneur lui confirme son choix à plusieurs reprises pour lui ôter ses doutes. L’élu devient comme l’instrument du Seigneur.
La consécration réduirait-elle la liberté de l’élu, puisque sa mise à part a lieu dès le sein de sa mère ? Le Seigneur appelle et suscite une réponse de l’élu. Celui-ci accepte d’accueillir sa grâce, son Esprit, devenir son mandataire et rester fidèle en dépit de l’adversité rencontrée. Les réticences de Jérémie à l’encontre de l’appel divin montrent qu’entre Dieu et son envoyé, s’instaure un dialogue. La liberté de l’élu se situe non pas du côté de l’appel, mais du côté de sa réponse et de son consentement à faire la volonté de Dieu. L’appelé ne connaît pas d’emblée la mission qui lui est confiée. Il la découvrira progressivement, se laissera modeler par elle, et aura à l’accepter librement (ou y renoncer) à chaque instant. Elle s’inscrit dans le dessein de Dieu, lequel échappe à l’élu. C’est dans ce oui à la volonté de Dieu que se dit la liberté de l’appelé.
Jésus accomplit pleinement cette adhésion libre à la volonté du Père. Sa mise à part et sa mission sont exprimées dès l’Annonciation : le fruit du sein de Marie est saint et béni, recevra le nom de Jésus, sera grand et appelé fils du Très-Haut, recevra le trône de David son père et régnera pour toujours (Lc 1,31-32). Sa conception mystérieuse par l’action de l’Esprit Saint manifeste la volonté de Dieu. Sa mission accueillie et assumée, Jésus la vivra dans la connaissance intime du Père. Il priera pour la partager avec ceux que le Père lui a donnés et qu’il lui demande de consacrer alors (Jn 17). Mis à part et consacré pour la mission, Jésus vient accomplir et donner sens à toute vocation.
Christophe RAIMBAULT.
Moses holding up his arms during the battle, assisted by Aaron and Hur. Painting by John Everett Millais
24 octobre, 2014COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 26 OCTOBRE – Exode 22, 20 – 26
24 octobre, 2014COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 26 OCTOBRE
PREMIERE LECTURE – Exode 22, 20 – 26
Quand Moïse transmettait au peuple
les lois du Seigneur, il disait :
20 « Tu ne maltraiteras point l’immigré qui réside chez toi,
tu ne l’opprimeras point,
car vous étiez vous-mêmes des immigrés en Egypte.
21 Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin.
22 Si tu les accables et qu’ils crient vers moi,
j’écouterai leur cri.
23 Ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par l’épée :
vos femmes deviendront veuves, et vos fils, orphelins.
24 Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple,
à un pauvre parmi tes frères,
tu n’agiras pas envers lui comme un usurier :
tu ne lui imposeras pas d’intérêts.
25 Si tu prends en gage le manteau de ton prochain,
tu le lui rendras avant le coucher du soleil.
26 C’est tout ce qu’il a pour se couvrir ;
c’est le manteau dont il s’enveloppe,
la seule couverture qu’il ait pour dormir;
S’il crie vers moi, je l’écouterai,
car moi, je suis compatissant ! »
Les lois dites ‘de Moïse’
Le livre de l’Exode contient plusieurs textes de lois qui sont tous attribués à Moïse : en réalité, Moïse en personne n’a promulgué qu’un premier ensemble de lois ; puis au long de la vie du peuple d’Israël, de nouvelles lois adaptées aux nouvelles conditions sociales ont vu le jour et ont été insérées dans le livre de l’Exode, à la suite des premières. Tout comme notre Code civil ou pénal est régulièrement modifié, complété et pourtant c’est le même livre et il continue à porter le même nom. Mais les lois nouvelles reflètent le contexte nouveau dans lequel elles ont été votées ; elles répondent à de nouvelles questions, de nouvelles formes de délits : toute loi est toujours de circonstance !
En fait, toutes les lois données par Moïse et par ses successeurs, à des époques différentes, dans des conditions de vie différentes, ont été rassemblées là à la suite du Décalogue (ou des Dix Paroles du Sinaï), parce qu’elles en étaient la suite logique, au long des siècles et de l’évolution historique d’Israël.
Quoi de neuf en Israël ?
Israël n’est ni le premier ni le seul peuple à avoir promulgué des lois ; on a retrouvé au Proche-Orient des codes de lois beaucoup plus anciens : à Ur par exemple, (la patrie d’Abraham), on connaît un code qui date de 2050 av.J.C. ; et le fameux code d’Hammourabi (qui se trouve au Musée du Louvre) remonte à environ 1750, toujours av.J.C. Ces codes ont des quantités de points communs1 : dans toutes les civilisations, la loi est faite pour protéger les faibles : rien d’étonnant donc à ce que la Loi d’Israël, comme les autres, défende les intérêts de la veuve, de l’orphelin, de l’immigré, de l’emprunteur. Mais ce qui est nouveau ici c’est le fondement de la Loi.
Au nom du Dieu libérateur
Le fondement de la Loi d’Israël, c’est la libération d’Egypte : ou, plus exactement, c’est la double expérience de l’esclavage en Egypte et de la libération par Dieu. Et parce que Dieu s’est révélé comme celui qui entend la plainte des humiliés, qui leur rend leur liberté et leur dignité, très logiquement, il continue à travers la Loi à prendre la défense des humiliés. Si bien que toutes les lois bibliques sont émaillées de rappels : rappel de la souffrance endurée quand on était esclaves, humiliés… rappels de l’oeuvre de Dieu libérant son peuple. Par exemple, les premiers mots du Décalogue ne sont pas encore un commandement mais un rappel : « C’est moi le SEIGNEUR ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude » (Ex 20, 2) ; ou encore « Vous avez vu vous-mêmes ce que j’ai fait à l’Egypte, comment je vous ai portés (comme) sur des ailes d’aigle et vous ai fait arriver jusqu’à moi » (Ex 19, 4).
Et si Dieu a libéré son peuple c’est parce qu’il a entendu le cri des malheureux : « Les fils d’Israël gémirent du fond de la servitude et crièrent. Leur appel monta vers Dieu du fond de la servitude. Dieu entendit leur plainte ; Dieu se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob… » (Ex 2, 23-24). De même dans l’épisode du buisson ardent : « Le SEIGNEUR dit : J’ai vu la misère de mon peuple en Egypte et je l’ai entendu crier sous les coups de ses chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer » (Exode 3, 7).
Voilà le fondement de toute Loi en Israël : le Dieu qui entend le cri des malheureux, qui connaît leurs souffrances et donc prend leur défense. « Car moi, je suis compatissant » dit la dernière phrase de notre texte.1
Pour ce peuple qui a fait l’expérience de l’humiliation, il n’est pas difficile de se mettre à la place des humiliés : « Tu ne maltraiteras point l’immigré qui réside chez toi, tu ne l’opprimeras point, car vous étiez vous-mêmes des immigrés en Egypte. »2 Traduisez : parce que vous savez ce que c’est qu’être humilié, vous n’humilierez personne. Ce n’est pas affaire de raisonnement, de beaux sentiments, c’est affaire d’expérience, quelque chose comme « vous savez ce que c’est, alors mettez-vous à leur place ».
Petite précision au passage : l’immigré dont il s’agit ici, c’est l’étranger qui réside durablement dans le pays, qui s’y installe ; il ne s’agit pas de l’étranger de passage, du touriste, qui bénéficiait de l’hospitalité proverbiale en Orient.
La règle d’or : se mettre à la place
Les quelques commandements du texte d’aujourd’hui relèvent tous de la même logique : mettez-vous à la place du pauvre, de l’emprunteur, de la veuve, de l’orphelin ; ne les maltraitez pas, car Dieu entend leur cri ; nous sommes encore au tout début de la Révélation biblique (même si ces textes sont postérieurs à Moïse) mais déjà on sait que Dieu est concerné par la souffrance humaine, et qu’il vient au secours des pauvres et des humiliés.
Malheureusement, pour l’instant, il faut encore menacer pour que la loi soit respectée : « Ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par l’épée ». Un jour viendra, nous le savons, où l’homme éduqué peu à peu par Dieu et par la Loi n’aura plus besoin de menaces, car il aura appris à voir en tout homme un frère.
————————————–
Notes
1 – Parmi les points communs les plus frappants, on remarque la formulation de type qu’on appelle « casuistique » : par exemple « Si tu prêtes de l’argent … » ou « Si tu prends en gage le manteau de quelqu’un… ». Mais ce qui est intéressant pour nous, ce sont les nouveautés que la Loi d’Israël apporte par rapport aux peuples voisins.
2 – Un peu plus loin, le même thème est repris : « Tu n’opprimeras pas l’émigré : vous connaissez vous-mêmes la vie de l’émigré, car vous avez été émigrés au pays d’Egypte » (Ex 23, 9).
Compléments
- Verset 26 : le mot « compatissant » n’est pas à entendre ici au sens latin (« compatir », en latin, signifie « souffrir avec »). En hébreu, le mot employé dans ce texte signifie « bienveillant », « ayant pitié ».
- Les lois nouvelles reflètent le contexte nouveau dans lequel elles ont été votées.
Prenons un exemple : supposons que vous soyez dans une galerie de tableaux et que vos yeux s’arrêtent sur une Annonciation ; si la Vierge est représentée en costume Renaissance, vous saurez que le peintre ne vivait certainement pas au temps de Jésus, au premier siècle en Palestine… de la même manière, des textes juridiques rédigés après l’installation en Palestine reflètent la société de leur temps et non plus le contexte sociologique de l’Exode. Par exemple, dans ce même chapitre 22, il y a un l’article qui prévoit le cas d’un « voleur surpris à percer le mur d’une maison » (Ex 22, 1) ; il ne date certainement pas des campements sous tente dans le désert du Sinaï ! C’est également le cas dans le texte de ce dimanche : si on s’intéresse au sort des émigrés, c’est que le peuple d’Israël est entré en Palestine, qu’il peut désormais la considérer comme sa terre et que des étrangers viennent à leur tour s’y installer. Toutes conditions, évidemment, non réunies dans le Sinaï pendant l’Exode. Autre chose est un peuple de pasteurs nomades, autre chose un peuple installé, sédentarisé.