L’ÉPREUVE DE JOB. COMMENTAIRE DE JOB 1,1-2,10

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L’ÉPREUVE DE JOB. COMMENTAIRE DE JOB 1,1-2,10

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Job sur son tas de fumier, Rome, catacombe saints Pierre et …
Le Satan a lancé un défi à Dieu . L’épreuve de Job peut commencer.
Le Satan lance un défi à Dieu :  »Tu dis qu’il n’y a pas d’homme plus juste sur terre ? Je parie que Job te maudira en face ! » Commence l’épreuve. Mais ne nous y trompons pas : derrière un schéma simpliste à première vue, se cache une question fondamentale : d’où vient le mal ? Parcourons pas à pas le prologue du livre de Job.
La première phrase donne le ton :  »Il y avait… », devons-nous entendre :  »Il était une fois… » comme dans les contes ? Le héros est présenté : Job. Il n’est pas israélite. Il vient d’Ouç, pays lointain. Il est paré de toutes les qualités. Très riche, ses nombreux enfants sont le signe vivant d’une bénédiction divine. Il les élève dans la droiture et la crainte de Dieu, offrant l’holocauste pour eux. Le décor est planté, l’histoire peut commencer. Elle se déploie en diptyque : dans chacun des deux tableaux, l’action débute à la cour céleste, entre le Seigneur et le Satan et se prolonge sur terre, avec Job qui subit malheur sur malheur mais  »ne pèche point » (1, 22 et 2, 10).
Mise à l’épreuve (1, 6-22)
Au début du premier tableau, à la cour céleste, le Seigneur est présenté à l’instar d’un roi tenant audience, recevant les rapports de ses serviteurs (appelés ici  »Fils de Dieu ») sur la situation du royaume. Parmi eux s’en trouve un, nommé  »le Satan ». Le Satan (notez l’article) n’est pas encore le diable de la théologie juive et chrétienne, mais un prince de la cour. Les v. 6 à 12 le présentent comme une figure déplaisante, un accusateur, qui met en doute la sincérité des actions humaines et qui critique l’optimisme du Seigneur lui-même. Job, l’homme juste, ne serait pas sincère. Le Satan demande donc une mise à l’épreuve, persuadé que la foi de Job ne résistera pas. Le Seigneur accepte le pari, mais avec une restriction :  »Évite seulement de porter la main sur lui ».
Au v. 13, nous redescendons sur terre pour rejoindre Job et sa famille. Les lecteurs que nous sommes savent qu’il s’agit d’une épreuve. Pas Job. En quatre coups, il va tout perdre : ses ânes et ses bœufs, ses moutons, ses chameaux, et enfin, le pire pour un père, ses fils et ses filles (v. 14-19). À chaque fois, les serviteurs sont tués également. Ne subsistent que les messagers de mauvaises nouvelles. En quatre coups, Job est passé de la grande richesse au dénuement total. Il est à terre et il ne lui reste rien. Il a perdu ses enfants, fruits de la bénédiction divine. Va-t-il se révolter ? La réponse est aux v. 20-22 : Job demeure fidèle et, attitude étrange pour nous, il magnifie le nom du Seigneur.
Le fond du malheur (2, 1-10)
Le deuxième volet du diptyque répète le déroulement du premier : nouvelle audience à la cour céleste, nouvelle intervention du Satan, et prise de parole louangeuse du Seigneur envers Job. Le récit pourrait s’arrêter là, puisque l’épreuve est accomplie. Job en est sorti vainqueur. Mais le Satan n’accepte pas sa défaite. Il réplique, réclame une autre épreuve, plus dure, qui touchera Job dans son corps. Le Seigneur accepte. La restriction première change : il ne s’agit plus d’éviter de porter la main sur Job – ce qui va être fait – mais de respecter sa vie.
Au v. 7 on a une étonnante transition en  »fondu enchaîné ». Le Satan demeure sur scène, la cour céleste s’évanouit, Job apparaît. Dans le premier tableau, la transition avait été plus nette, le Satan disparaissant en même temps que le Seigneur pour laisser place au monde de Job. Ici, le Satan rejoint l’univers terrestre et frappe lui-même Job. Atteint dans sa chair, de la tête aux pieds, celui-ci est mis plus bas que terre, sur la cendre. Et voici un nouveau personnage : sa femme. Elle lui enjoint de maudire Dieu. Elle a la réaction que le Satan attendait de Job. Mais Job résiste, correspondant exactement au portrait que le Seigneur faisait de lui. Il accepte ce qui lui arrive et s’il ne magnifie plus le nom divin (comme à la fin du premier tableau), il ne pèche pas.
La machine infernale
L’histoire de Job ne fait que commencer. Déjà touché dans ses biens, son amour paternel, sa chair, Job va être touché, au long des 40 chapitres suivants, dans sa dignité et sa foi. Trois amis, Elifaz, Bildad et Tsofar, vont s’avancer. Plus tard, un quatrième, Élihu, les rejoindra. Le Satan, lui, ne reparaîtra plus. Il a mis en route une machine infernale qui va se nourrir désormais des représentations de Dieu qui habitent ces  »amis » et qu’ils exposent à longueur de discours : Dieu ne faisant rien sans raison, ils cherchent la faute cachée qui justifierait le déferlement des malheurs. Job a beau protester de son innocence, ils ne le croient pas. Job est seul. Seul il va se révolter et crier contre le ciel… Or – surprise – le Seigneur va l’approuver ! Et, dans l’épilogue (chap. 42), Job retrouvera santé et richesses.
Ce  »happy-end » ne saurait faire oublier que le livre pose des questions qui passent les générations : d’où vient le mal ? S’il ne vient pas de Dieu, qui donc est responsable ? Le prologue du livre de Job accuse l’obstination perverse du Satan. Est-ce si simple ? Derrière ces questions, d’autres surgissent, tout aussi existentielles : le Satan met en doute la gratuité des actions humaines. Pour lui, tout ce qui advient chez l’homme, même ses sentiments les plus profonds, est le fruit d’un calcul. La grandeur de Job, dans son épreuve et sa révolte, est de montrer qu’il n’en est rien.

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