Archive pour le 9 octobre, 2014

Saint Denis de Paris, Portail de la Vierge, Notre-Dame de Paris

9 octobre, 2014

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9 OCTOBRE: SAINT DENIS – PREMIER ÉVÊQUE DE PARIS (IIIE SIÈCLE)

9 octobre, 2014

http://perso.numericable.com/gabriel.floricich/saint-ouen/pages/y-stdenis_bio.html

SAINT DENIS – 9 OCTOBRE

Premier évêque de Paris (IIIe siècle).
Fête liturgique: le 9 octobre

Qui est saint Denis ? Saint Denis est resté au cours des 17 siècles écoulés un personnage important dans l’histoire parisienne, voire de France, puisqu’il amena le christianisme dans la capitale et que cette religion eût un rôle considérable sur la manière dont la ville s’est développée. Son histoire est d’ailleurs très liée à celle de Montmartre, dont l’etymologie serait liée à la fin tragique de cet évêque missionnaire (« Mons martyrum »).

Saint Grégoire de Tours, historien et évêque de Tours, raconte que vers 250, l’évêque de Rome envoie Denis en Gaule avec six autres évêques, pour y porter l’Evangile.
Denis se rend à Lutèce et devient ainsi le premier évêque de la ville . Il est mis à mort, décapité, avec deux de ses compagnons Rustique et Éleuthère, sans doute sous la persécution de Valérien (253-260) sur les pentes de la colline qui porte aujourd’hui le nom de Montmartre, à Paris.
Une légende raconte (voir plus loin l’origine de cette légende) qu’après sa décapitation, il porta sa tête de Montmartre jusqu’ au « vicus Catulliacus », situé à six kilomètres au nord de Lutèce, devenu la ville qui nous connaissons sous le nom de Saint-Denis.
Il aurait été enseveli là où s’élève la basilique de Saint Denis.
Le nom de saint Denis apparaît vers 520 dans la « Vie de sainte Geneviève » qui témoigne de la dévotion de la sainte envers l’évêque martyr.
Elle obtint du clergé parisien l’érection d’une église sur sa tombe .
Elle se rendait également et souvent dans une église de la Cité dont il était le titulaire.
Un demi-siècle plus tard, le « Martyrologe hieronymien » mentionne la fête au 9 octobre de saint Denis et de ses compagnons Eleuthère, le prêtre, et Rustique, le diacre.
Saint Venance Fortunat atteste la diffusion de son culte jusqu’à Bordeaux.

Au VIIe siècle, une abbaye est fondée près de l’église où reposent les reliques de saint Denis.
Elle devient prestigieuse grâce aux largesses royales depuis Dagobert.
Elle contribue au rayonnement de son saint patron en le dotant d’une merveilleuse légende. À partir de 835, Hilduin, abbé du monastère, se met à propager en Occident un récit selon lequel Denis de Paris ne ferait qu’un même personnage avec Denys l’Aréopagite, converti par saint Paul. Comme ce Denys vécut au Ier siècle, cette légende n’a pas tenu.
Une autre légende, plus tenace, apparaît vers le Vè siècle. La version habituelle de la légende est celle qui figure dans la « Vie des Saints » de Jacques de Voragine (XIIIè siècle). Voici l’essentiel.
Denis, Éleuthère et Rustique sont torturés puis condamnés à être décapités devant le temple de Mercure, au sommet de la butte Montmartre. Les soldats renonçant à monter jusqu’au sommet exécutent leurs victimes à mi-chemin de la pente (au niveau de l’actuelle rue Yvonne-le-Tac).
Une fois décapité, saint Denis se relève, ramasse sa tête et continue à grimper la butte guidé par un ange. Puis poursuit sa route jusqu’à l’actuelle ville de Saint-Denis où il tombe. Une noble dame chrétienne, Catulla, le fit alors inhumer à l’endroit même selon les rites chrétiens.

DIGNITÉ ET MISSION DES PERSONNES ÂGÉES DANS L’EGLISE ET DANS LE MONDE

9 octobre, 2014

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/laity/documents/rc_pc_laity_doc_05021999_older-people_fr.html

PONTIFICIUM CONSILIUM PRO LAICIS
Documents

DIGNITÉ ET MISSION DES PERSONNES ÂGÉES DANS L’EGLISE ET DANS LE MONDE

INTRODUCTION

Les conquêtes de la science et les progrès de la médecine qui s’ensuivent ont contribué de manière décisive, ces dernières décennies, à prolonger la durée moyenne de la vie. L’expression « troisième âge » embrasse désormais une couche considérable de la population mondiale : des personnes qui sortent des circuits de production, disposant encore de grandes ressources et de grandes capacités de participation au bien commun. A cette foule de « young old » (« vieux jeunes », comme les démographes qualifient ces nouvelles catégories de la vieillesse, situant leur fourchette d’âge entre 65 et 75 ans) s’ajoute celle des « oldest old » (« les plus vieux des vieux », qui dépassent les 75 ans), un quatrième âge dont les rangs sont destinés à grossir de plus en plus. (1)
L’allongement de la durée moyenne de la vie, d’un côté, et la chute parfois dramatique de la natalité, (2) de l’autre, ont engendré une transition démographique sans précédent, qui inverse littéralement la pyramide des âges telle qu’elle se présentait il n’y a pas plus de cinquante ans : le nombre des personnes âgées connaît une croissance constante, tandis que celui des jeunes est en chute libre. Amorcé au cours des années 60 dans les pays de l’hémisphère nord, ce phénomène touche aussi actuellement ceux de l’hémisphère sud dans lesquels le processus de vieillissement est encore plus rapide.
Cette sorte de « révolution silencieuse », qui va bien au-delà des données démographiques, pose des problèmes d’ordre social, économique, culturel, psychologique et spirituel dont la portée fait l’objet, depuis déjà un certain temps, d’une attention soutenue de la part de la communauté internationale. Dès 1982 – au cours de l’Assemblée mondiale sur les problèmes du vieillissement de la population, convoquée par les Nations Unies à Vienne (Autriche), du 26 juillet au 6 août – un Plan international d’action avait été élaboré. Il demeure aujourd’hui encore un point de référence au niveau mondial. D’autres études avaient ensuite conduit à la définition de dix-huit Principes des Nations Unies pour les personnes âgées (regroupés en cinq chapitres: indépendance, participation, soins, réalisation personnelle, dignité) (3) et à la décision de consacrer aux personnes âgées une Journée mondiale dont la date fut fixée au 1er octobre de chaque année.
La résolution de l’ONU de proclamer 1999 Année internationale des personnes âgées et le choix même du thème « Vers une société pour tous les âges » confirment cet intérêt. « Une société pour tous les âges – a affirmé le secrétaire général, Kofi Annan, dans son message pour la Journée mondiale des personnes âgées 1998 – est une société qui, loin de réduire les personnes âgées au rang caricatural d’infirmes et de retraités, les considère au contraire comme des agents et bénéficiaires du développement ». Donc une société prenant en compte toutes les générations et s’efforçant de créer des conditions de vie capables de favoriser la réalisation du grand potentiel du troisième âge.
Le Saint-Siège – qui apprécie l’intention de jeter les bases d’une organisation sociale s’inspirant de la solidarité, où chaque génération apporte sa contribution en union avec les autres – désire collaborer à l’Année internationale des personnes âgées en faisant entendre la voix de l’Eglise, aussi bien au niveau de la réflexion que de l’action.
En appelant au respect de la dignité et des droits fondamentaux des personnes âgées et convaincu que celles-ci ont encore beaucoup à donner et peuvent encore beaucoup donner à la vie de la société, il souhaite que la question soit affrontée avec un grand sens de responsabilité par tous : individus, familles, associations, gouvernants et organisations internationales selon les compétences et les devoirs de chacun et en vertu du principe très important de la subsidiarité. En effet, ce n’est qu’ainsi que l’on pourra parvenir à garantir aux personnes âgées des conditions d’une vie toujours plus humaine et à donner de la valeur à leur rôle irremplaçable dans une société connaissant des mutations économiques et culturelles continuelles et rapides. Alors il sera également possible d’adopter des initiatives bien structurées visant à exercer une influence sur les aspects socio-économico-éducatifs destinés à rendre accessibles à tous les citoyens, sans aucune discrimination, les ressources nécessaires pour satisfaire les besoins anciens et nouveaux de ceux qui ont été éloignés des circuits de la vie en société, pour assurer la tutelle effective de leurs droits, pour leur rendre des raisons de croire et d’espérer, de participer activement à la vie de la société et d’y appartenir.
L’attention et l’engagement de l’Eglise aux côtés des personnes âgées ne datent pas d’aujourd’hui. Celles-ci ont compté parmi les destinataires de sa mission et de son attention pastorale à travers les siècles et dans les circonstances les plus variées. La « caritas » chrétienne a pris en compte leurs besoins, suscitant les œuvres les plus diverses au service des personnes âgées, grâce surtout à l’initiative et à la sollicitude de congrégations religieuses et d’organisations laïques. Pour sa part, le magistère ecclésial, loin de considérer la question comme un simple problème d’assistance et de bienfaisance, a toujours rappelé l’importance primordiale de la mise en valeur des personnes de tous âges, rappelant à tous de faire en sorte que la richesse humaine et spirituelle et les réserves d’expérience et de conseil accumulées au cours de vies entières ne soient pas perdues. Pour confirmer cela, s’adressant à quelque huit mille personnes âgées reçues en audience le 23 mars 1984, Jean-Paul II déclarait : « Ne vous laissez pas surprendre par la tentation de la solitude intérieure. Malgré la complexité de vos problèmes [...], les forces qui progressivement s’affaiblissent et malgré les insuffisances des organisations sociales, les retards de la législation officielle, les incompréhensions d’une société égoïste, vous n’êtes pas et vous ne devez pas vous sentir en marge de la vie de l’Eglise, comme des éléments passifs d’un monde en excès de mouvement, mais des sujets actifs d’une période humainement et spirituellement féconde de l’existence humaine. Vous avez encore une mission à accomplir, une contribution à apporter ». (4)
La situation actuelle – inédite par de nombreux aspects – interpelle toutefois l’Eglise à procéder à une révision de la pastorale des troisième et quatrième âges. La recherche de formes et de méthodes nouvelles, correspondant davantage à leurs besoins et à leurs attentes spirituelles, et l’élaboration de parcours pastoraux enracinés dans le terrain de la défense de la vie, de sa signification et de son destin semblent être, en effet, une condition incontournable pour inciter les personnes âgées à apporter leur contribution à la mission de l’Eglise et pour les aider à tirer un bénéfice spirituel particulier de leur participation active à la vie de la communauté ecclésiale.
Tel est, à grands traits, le contexte dans lequel s’insère ce document du Conseil Pontifical pour les Laïcs. Un groupe de travail constitué de représentants de divers dicastères de la Curie romaine et de la Secrétairerie d’Etat a contribué à sa rédaction, ainsi que des responsables de réalités ecclésiales (mouvements, associations, congrégations religieuses) ayant une longue expérience du monde du troisième âge. En le mettant à la disposition des conférences épiscopales, des évêques et des prêtres, des religieuses et des religieux, des mouvements et des associations, des jeunes, des adultes et des personnes âgées elles-mêmes, le Conseil Pontifical pour les Laïcs – désigné pour être le creuset des activités du Saint-Siège pour l’Année internationale des personnes âgées – espère qu’il stimulera la réflexion et les efforts de chacun.

I SENS ET VALEUR DE LA VIEILLESSE
Les attentes d’une longévité vécue dans des conditions de santé meilleures que par le passé, la perspective de pouvoir cultiver des intérêts liés à un degré d’instruction plus élevé des personnes, le fait que la vieillesse n’est plus toujours synonyme de dépendance et qu’elle ne nuit donc pas toujours à la qualité de la vie ne semblent pas suffir à faire accepter cette période de l’existence que bon nombre de nos contemporains considèrent exclusivement comme une fatalité inévitable et pénible.
En effet, l’image la plus répandue aujourd’hui est celle du troisième âge comme phase de déclin où l’insuffisance humaine et sociale est donnée pour acquise. Il s’agit pourtant d’un stéréotype qui ne correspond pas à une condition des faits qui, dans la réalité, est beaucoup plus diversifiée car les personnes âgées ne constituent pas un groupe humain homogène et la vieillesse est vécue de façons fort différentes. Il existe une catégorie de personnes capables de saisir la signification de la vieillesse dans l’existence humaine et qui la vit non seulement avec sérénité et dignité, mais aussi comme une saison de vie offrant de nouvelles occasions de croissance et d’engagement. Et puis il y a une autre catégorie – précisément la plus nombreuse de nos jours – pour laquelle la vieillesse constitue un traumatisme. Il s’agit de personnes qui, face à leur propre vieillissement, adoptent des comportements allant de la résignation passive à la rébellion et au refus désespérés. En se repliant sur elles-mêmes et en se plaçant en marge de la vie, ces personnes enclenchent un processus de dégradation physique et mentale.
Nous pouvons donc affirmer que les visages des troisième et quatrième âges sont aussi nombreux qu’il existe de personnes âgées et que chaque personne prépare la façon de vivre sa vieillesse au cours de l’ensemble de sa vie. En ce sens, la vieillesse croît avec nous et la qualité de notre vieillesse dépendra surtout de notre capacité à saisir son sens et sa valeur, aussi bien sur le plan purement humain que sur celui de la foi. Il faut donc situer la vieillesse dans un dessein précis de Dieu qui est amour, en la vivant comme une étape sur le chemin par lequel le Christ nous conduit à la maison du Père (cf. Jn 14, 2). De fait, ce n’est qu’à la lumière de la foi, forts de l’espérance qui ne déçoit jamais (cf. Rm 5, 5), que nous serons capables de la vivre comme un don et comme un devoir, d’une manière véritablement chrétienne. C’est le secret de la jeunesse de l’esprit que nous pouvons cultiver malgré le passage des années. Linda, une femme qui a vécu 106 ans, a laissé un merveilleux témoignage en ce sens. A l’occasion de son 101ème anniversaire, elle confiait à une amie : « J’ai 101 ans, mais je suis forte, tu sais. Physiquement, j’ai quelques problèmes, mais spirituellement je fais tout, je ne me laisse pas affliger par les choses physiques, je ne les écoute pas. Je ne vis pas la vieillesse parce que je n’écoute pas ma vieillesse : elle va de l’avant toute seule, mais moi je ne lui accorde pas d’importance. Le seul moyen de bien la vivre, c’est de la vivre en Dieu ».
Corriger la représentation négative que l’on se fait actuellement de la vieillesse constitue donc un engagement culturel et éducatif qui doit impliquer toutes les générations. La responsabilité envers les personnes âgées consiste à les aider à saisir le sens de leur âge, en en appréciant les ressources et en rejetant la tentation du refus, de l’autoisolement, de la résignation, du sentiment d’inutilité et du désespoir. Nous avons une responsabilité envers les générations futures : celle de préparer un contexte humain, social et spirituel au sein duquel chaque personne puisse vivre pleinement et dignement cette étape de la vie.
Dans son message adressé à l’Assemblée mondiale sur les problèmes du vieillissement de la population, Jean-Paul II affirmait : « La vie est un don que Dieu fait aux hommes créés par amour à son image et à sa ressemblance. Cette compréhension de la dignité sacrée de la personne humaine conduit à accorder une valeur à toutes les étapes de la vie. C’est une question de cohérence et de justice. En effet, il est impossible d’accorder véritablement une valeur à la vie d’une personne âgée si l’on ne donne pas vraiment sa valeur à la vie d’un enfant dès le moment de sa conception. Personne ne sait où l’on pourrait arriver si la vie n’était plus respectée comme un bien inaliénable et sacré ». (5)
La construction d’une société prenant en compte toutes les générations ne perdurera que si elle est fondée sur le respect de la vie dans toutes ses phases. La présence de tant de personnes âgées dans le monde contemporain est un don, une richesse humaine et spirituelle nouvelle. Un signe des temps qui, s’il est pleinement compris et accueilli, peut aider l’homme d’aujourd’hui à retrouver le sens de la vie qui va bien au-delà des significations contingentes qui lui sont attribuées par le marché, par l’Etat et par la mentalité dominante.
L’expérience que les personnes âgées peuvent apporter au processus d’humanisation de notre société et de notre culture est on ne peut plus précieux et doit être sollicité en mettant en valeur ce que nous pourrions qualifier de charismes propres à la vieillesse :
– La gratuité. La culture dominante mesure la valeur de nos actions avec les paramètres d’une efficacité qui ignore la dimension de la gratuité. La personne âgée, qui vit le temps de la disponibilité, peut attirer l’attention d’une société trop occupée sur l’exigence d’abattre les barrières de l’indifférence qui avilit, décourage et endigue le flux des impulsions altruistes.
– La mémoire. Les générations les plus jeunes sont en train de perdre le sens de l’histoire et, avec lui, celui de leur identité. Une société qui minimise le sens de l’histoire élude la formation des jeunes. Une société qui ignore le passé risque aisément de reproduire ses erreurs. La perte du sens de l’histoire est également imputable à un système de vie qui a éloigné et isolé les personnes âgées, rendant ainsi plus difficile le dialogue entre les générations.
– L’expérience. Nous vivons aujourd’hui dans un monde où les réponses de la science et de la technique semblent avoir supplanté l’utilité de l’expérience de vie accumulée par les personnes âgées au cours de toute leur existence. Cette sorte de barrière culturelle ne doit pas décourager les personnes des troisième et quatrième âges car elles ont beaucoup de choses à dire aux jeunes générations, beaucoup de choses à partager avec elles.
– L’interdépendance. Personne ne peut vivre seul, mais l’individualisme et la volonté exagérée des personnes de toujours se mettre au premier plan masquent cette vérité. Les personnes âgées, qui recherchent la compagnie des autres, contestent une société au sein de laquelle les plus faibles sont souvent livrés à eux-mêmes. Elles rappellent la nature sociale de l’homme et la nécessité de recoudre le tissu des rapports interpersonnels et sociaux.
– Une vision plus complète de la vie. Notre vie est dominée par la hâte, par l’agitation, et souvent même par la névrose. C’est une vie dispersée, qui oublie les interrogations fondamentales concernant la vocation, la dignité et le destin de l’homme. Le troisième âge est aussi l’âge de la simplicité, de la contemplation. Les valeurs affectives, morales et religieuses vécues par les personnes âgées représentent une ressource indispensable pour l’équilibre de la société, des familles et des personnes. Elles vont du sens de la responsabilité, de l’amitié, de la non-recherche du pouvoir à la prudence de jugement, à la patience et à la sagesse, en passant par l’intériorité, le respect de la création et l’édification de la paix. La personne âgée saisit bien la supériorité de l’« être » sur le « faire » et sur l’« avoir ». Les sociétés humaines seront meilleures si elles savent bénéficier des charismes de la vieillesse.

II LA PERSONNE ÂGÉE DANS LA BIBLE

Il suffit d’ouvrir la Bible pour mieux comprendre le sens et la valeur de la vieillesse. Seule la Parole de Dieu peut nous rendre capables de sonder la plénitude spirituelle, morale et théologique de cette saison de la vie. Pour aider à approfondir la signification des troisième et quatrième âges, nous souhaitons donc proposer ici plusieurs passages bibliques accompagnés d’observations ou de réflexions sur les défis qui se présentent à ceux-ci dans la société contemporaine.

Tu honoreras la personne du vieillard (Lv 19, 32)

L’estime manifestée au vieillard dans les Ecritures se transforme en loi : « Tu te lèveras devant une tête chenue, [...] et tu craindras ton Dieu » (ibid.). Et encore : « Honore ton père et ta mère » (Dt 5, 16). Une exhortation très délicate en faveur des parents, en particulier dans leur grand âge, se trouve également au troisième chapitre du Siracide (vv. 1-16), qui s’achève par une affirmation d’une gravité particulière : « Tel un blasphémateur, celui qui délaisse son père, un maudit du Seigneur, celui qui fait de la peine à sa mère ». Il faut œuvrer pour endiguer la tendance, aujourd’hui répandue, à ignorer les personnes âgées, à les marginaliser et qui « apprend » aux nouvelles générations à les abandonner : jeunes, adultes et personnes âgées ont besoin les uns des autres.

Nos pères nous ont raconté l’œuvre
que tu fis de leurs jours,
aux jours d’autrefois (Ps 43 [44], 2)

Les récits des patriarches sont particulièrement éloquents à cet égard. Lorsque Moïse vit l’expérience du buisson ardent, Dieu se présente à lui en disant: « Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob » (Ex 3, 6). Dieu lie son nom aux grands vieillards qui représentent la légitimité et la garantie de la foi d’Israël. Le fils, le jeune homme, rencontre Dieu – nous pourrions même dire « reçoit » Dieu – toujours et seulement à travers ses pères, les vieux. Dans le passage que nous venons de citer, pour chaque patriarche nous retrouvons l’expression « Dieu de … », comme pour signifier que chacun d’eux a fait sa propre expérience de Dieu. Or, cette expérience, qui était le legs des personnes âgées, était également la raison de leur jeunesse intérieure et de leur sérénité devant la mort. De façon paradoxale, en transmettant ce qu’il a reçu, le vieillard dessine le présent : dans un monde qui exalte la jeunesse éternelle, sans mémoire et sans avenir, cet élément donne à réfléchir.

Dans la vieillesse encore
ils portent fruit (Ps 91 [92], 15)

La puissance de Dieu peut se révéler dans la période de sénilité, à un âge marqué par les limites et les difficultés. « Mais ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi; ce qui n’est pas, pour réduire à rien ce qui est, afin qu’aucune chair n’aille se glorifier devant Dieu » (1 Co 1, 27-29). Le dessein de salut de Dieu se réalise également dans la fragilité de corps qui ne sont plus jeunes, mais faibles, stériles, impuissants. Ainsi, c’est des entrailles stériles de Sarah et du corps centenaire d’Abraham que naît le Peuple élu (cf. Rm 4, 18-20). Plus tard, les entrailles stériles d’Elisabeth et un vieillard croulant sous le poids des ans, Zacharie, donnent naissance à Jean-Baptiste, le précurseur du Christ. Même lorsque sa vie est marquée par la faiblesse, le vieillard a donc des raisons de se considérer comme un instrument de l’histoire du salut : « De longs jours, je veux le rassasier, et je ferai qu’il voie mon salut » (Ps 90 [91], 16), promet le Seigneur.

Et souviens-toi de ton Créateur aux jours
de ton adolescence, avant que viennent
les jours mauvais et qu’arrivent les années
dont tu diras : « Je ne les aime pas » (Qo 12, 1)

Cette approche biblique de la vieillesse frappe surtout par son objectivité désarmante. En outre, comme le rappelle le psalmiste, la vie passe en un rien de temps et elle n’est pas toujours légère et indolore : « Le temps de nos années, quelque soixante-dix ans, quatre-vingts si la vigueur y est; mais leur grand nombre n’est que peine et mécompte, car elles passent vite, et nous nous envolons » (Ps 89 [90], 10). Les paroles du Qohélet – qui décrit longuement, à l’aide d’images symboliques, le déclin physique et la mort – tracent un portrait amer de la vieillesse. L’Ecriture nous met ici en garde contre les illusions que nous pourrions nous faire sur un âge qui réserve des ennuis, des problèmes et des souffrances. Elle nous invite à nous tourner vers Dieu durant toute notre existence car il est le point d’ancrage vers lequel il nous faut toujours nous diriger, mais surtout au moment de la peur que nous procure une vieillesse vécue comme un naufrage.

Abraham expira, il mourut dans une vieillesse heureuse,
âgé et rassasié de jours, et il fut réuni à sa parenté (Gn 25, 8)

Ce passage biblique apparaît d’une grande actualité. Le monde contemporain a oublié la vérité sur le sens et la valeur de la vie humaine, imprimée par Dieu dès le commencement dans la conscience de l’homme et, avec elle, le sens plénier de la vieillesse et de la mort. Aujourd’hui, la mort a perdu son caractère sacré, sa signification d’accomplissement. Elle est devenue taboue et l’on fait tout pour qu’elle passe inaperçue, pour qu’elle ne dérange pas. Son contexte aussi a changé : surtout si l’on est vieux, on meurt de moins en moins chez soi et toujours plus à l’hôpital ou dans une maison de retraite, séparé de sa communauté humaine. Les temps rituels du deuil et de nombreuses formes de piété ont pratiquement disparu, surtout en ville. L’homme d’aujourd’hui, comme anesthésié face aux représentations médiatiques quotidiennes de la mort, fait tout pour éviter de se mesurer à une réalité qui lui provoque des sensations d’égarement, d’angoisse et de peur. Alors, inévitablement, face à sa propre mort, il est souvent seul. Mais, sur la croix, le Fils de Dieu fait homme a renversé la signification de la mort, ouvrant toutes grandes les portes de l’espérance: « Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (cf. Jn 11, 25-26). A la lumière de ces mots, la mort – non plus condamnation, ni même conclusion irrationnelle de la vie dans le néant – se révèle être le temps de l’espérance vive et certaine de la rencontre face à face avec le Seigneur.

Fais-nous savoir comment compter nos jours,
que nous venions de cœur à la sagesse (Ps 89 [90], 12)

Un des « charismes de la longévité », selon la Bible, est la sagesse. Mais la sagesse n’est pas une prérogative automatique de l’âge; c’est un don de Dieu que le vieillard doit accueillir et se fixer pour but, afin de parvenir à la sagesse du cœur qui permet de « savoir compter [ses] jours », c’est-à-dire de vivre de façon responsable le temps que la Providence concède à chacun. Le point essentiel de cette sagesse est la découverte du sens le plus profond de la vie humaine et du destin transcendant de la personne en Dieu. Or, si cela est déjà important pour le jeune, il l’est encore plus pour le vieux, appelé à orienter sa vie sans jamais perdre de vue la « seule chose nécessaire » (cf. Lc 10, 42).

En toi, Seigneur, j’ai mon abri,
sur moi pas de honte à jamais (Ps 70 [71], 1)

Ce psaume, qui frappe par sa beauté, n’est qu’une des nombreuses prières de vieillards que l’on rencontre dans la Bible et qui témoignent des sentiments religieux de l’âme devant le Seigneur. La prière est la voie royale de la compréhension de la vie selon l’esprit, propre aux personnes âgées. La prière est un service, c’est un ministère que les personnes âgées peuvent accomplir pour le bien de toute l’Eglise et du monde. Même les vieux les plus malades ou ceux qui sont contraints à l’immobilité peuvent prier. La prière est leur force, la prière est leur vie. A travers la prière, ils participent aux douleurs et aux joies des autres; ils peuvent rompre le cercle de l’isolement, sortir de leur condition d’impuissance. Le discours sur la prière est un discours central qui touche également la façon dont une personne âgée peut devenir contemplative. Un vieil homme ou vieille femme réduit à la dernière extrémité, sur son lit, devient comme une sorte de moine, d’ermite et, par sa prière, peut englober le monde entier. Il semble impossible qu’une personne ayant vécu toute sa vie d’une manière très active puisse devenir contemplative. Et pourtant, il y a des moments de la vie où des ouvertures se produisent au profit de toute la communauté humaine. Or, la prière est l’ouverture par excellence, car « il n’y a pas de renouveau, même social, qui ne parte de la contemplation. La rencontre avec Dieu dans la prière introduit dans les méandres de l’histoire une force [...] qui touche les cœurs, les conduit à la conversion et au renouveau, et par cela elle devient alors une puissante force historique de transformation des structures sociales ». (6)