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LE TRAVAIL : PARCOURS BIBLIQUE
2 octobre, 2014http://it.mariedenazareth.com/12845.0.html?&L=0
LE TRAVAIL : PARCOURS BIBLIQUE
En paroles brèves :
- Le travail fait partie de l’existence authentiquement humaine, il est donné lors de la Création, avant le péché (livre de la Genèse).
- Le travail n’est pas une idole, il est orienté vers repos sabbatique (livre de l’Exode).
– Jésus a travaillé :
Il a travaillé à Nazareth comme charpentier.
Sa vie publique est aussi un travail : il enseigne, il guérit les malades, il transforme les hommes, il accomplit une oeuvre de Rédemption jusqu’à la croix où il transforme tout dans l’amour.
– Jésus honore notre travail et nous enseigne à le vivre sans angoisse.
Chacun, d’une manière ou d’une autre doit « travailler ».
a) Le devoir de cultiver et de conserver la terre
L’Ancien Testament présente Dieu comme le Créateur tout-puissant (cf. Gn 2, 2; Jb 38, 41; Ps 104; Ps 147), qui modèle l’homme à son image, l’invite à travailler la terre (cf. Gn 2, 5-6) et à garder le jardin d’Éden où il l’a placé (cf. Gn 2, 15).
Au premier couple humain, Dieu confie la tâche de soumettre la terre et de dominer sur tout être vivant (cf. Gn 1, 28). La domination de l’homme sur les autres êtres vivants ne doit cependant pas être despotique et insensée; au contraire, il doit « cultiver et garder » (cf. Gn 2, 15) les biens créés par Dieu: biens que l’homme n’a pas créés, mais reçus comme un don précieux placé par le Créateur sous sa responsabilité. Cultiver la terre signifie ne pas l’abandonner à elle-même; exercer une domination sur elle, cela veut dire en prendre soin, comme un roi sage prend soin de son peuple et un berger de son troupeau.
Dans le dessein du Créateur, les réalités créées, bonnes en elles-mêmes, existent en fonction de l’homme. L’émerveillement face au mystère de la grandeur de l’homme fait s’exclamer le psalmiste:
« Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, un fils d’homme pour que tu en prennes souci? Tu l’as créé un peu moindre qu’un dieu, tu l’as couronné de gloire et d’honneurs: tu lui as donné pouvoir sur les œuvres de tes mains, tu as mis toutes choses à ses pieds » (Ps 8, 5-7).
Le travail appartient à la condition originelle de l’homme et précède sa chute; il n’est donc ni une punition ni une malédiction.
Il devient fatigue et peine à cause du péché d’Adam et Ève, qui brisent leur rapport de confiance et d’harmonie avec Dieu (cf. Gn 3, 6-8). L’interdiction de manger « de l’arbre de la connaissance du bien et du mal » (Gn 2, 17) rappelle à l’homme qu’il a tout reçu en don et qu’il continue à être une créature et non pas le Créateur.
Le péché d’Adam et Ève fut précisément provoqué par cette tentation: « Vous serez comme des dieux » (Gn 3, 5). Ils voulurent la domination absolue sur toutes les choses, sans se soumettre à la volonté du Créateur. Depuis lors, le sol se fait avare, ingrat, sournoisement hostile (cf. Gn 4, 12); ce n’est qu’à la sueur de son front qu’il sera possible d’en tirer la nourriture (cf. Gn 3, 17.19). Cependant, en dépit du péché des premiers parents, le dessein du Créateur, le sens de ses créatures et, parmi elles, de l’homme, appelé à cultiver et à garder la création, demeurent inaltérés.
Le travail doit être honoré car il est source de richesse ou, du moins, de dignes conditions de vie et, en général, c’est un instrument efficace contre la pauvreté (cf. Pr 10, 4), mais il ne faut pas céder à la tentation de l’idolâtrer, car on ne peut pas trouver en lui le sens ultime et définitif de la vie. Le travail est essentiel, mais c’est Dieu, et non le travail, qui est la source de la vie et la fin de l’homme. Le principe fondamental de la Sagesse est en effet la crainte du Seigneur; l’exigence de la justice, qui en découle, précède celle du gain:
« Mieux vaut peu avec la crainte du Seigneur qu’un riche trésor avec l’inquiétude » (Pr 15, 16)
« Mieux vaut peu avec la justice que d’abondants revenus sans le bon droit » (Pr 16, 8)
Le sommet de l’enseignement biblique sur le travail est le commandement du repos sabbatique. Le repos ouvre à l’homme, lié à la nécessité du travail, la perspective d’une liberté plus pleine, celle du Sabbat éternel (cf. He 4, 9-10). Le repos permet aux hommes d’évoquer et de revivre les œuvres de Dieu, de la Création à la Rédemption, de se reconnaître eux- mêmes comme son œuvre (cf. Ep 2, 10) et de rendre grâce pour leur vie et leur subsistance, à lui qui en est l’Auteur.
La mémoire et l’expérience du sabbat constituent un rempart contre l’asservissement au travail, volontaire ou imposé, et contre toute forme d’exploitation, larvée ou évidente. De fait, le repos sabbatique a été institué non seulement pour permettre la participation au culte de Dieu mais aussi pour défendre le pauvre; il a aussi une fonction libératrice des dégénérescences anti-sociales du travail humain.
Ce repos, qui peut aussi durer un an, comporte en effet une expropriation des fruits de la terre en faveur des pauvres et, pour les possesseurs de la terre, la suspension des droits de propriété:
« Pendant six ans tu ensemenceras la terre et tu en engrangeras le produit. Mais la septième année, tu la laisseras en jachère et tu en abandonneras le produit; les pauvres de ton peuple le mangeront et les bêtes des champs mangeront ce qu’ils auront laissé. Tu feras de même pour ta vigne et pour ton olivier » (Ex 23, 10-11).
Cette coutume répond à une intuition profonde: l’accumulation des biens par certains peut conduire à une soustraction des biens à d’autres.
Conseil Pontifical Justice et Paix,
Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, 2 avril 2004, § 255-258
b) Jésus, homme du travail
Dans sa prédication, Jésus enseigne à apprécier le travail.
Lui-même, « devenu en tout semblable à nous, a consacré la plus grande partie de sa vie sur terre au travail manuel, à son établi de charpentier », dans l’atelier de Joseph (cf. Mt 13, 55; Mc 6, 3), à qui il était soumis (cf. Lc 2, 51).
Jésus condamne le comportement du serviteur paresseux, qui enfouit sous terre le talent (cf. Mt 25, 14-30) et loue le serviteur fidèle et prudent que le maître trouve en train d’accomplir les tâches qu’il lui a confiées (cf. Mt 24, 46).
Il décrit sa propre mission comme une œuvre: « Mon Père est à l’œuvre jusqu’à présent et j’œuvre moi aussi » (Jn 5, 17) et ses disciples comme des ouvriers dans la moisson du Seigneur, qui est l’humanité à évangéliser (cf. Mt 9, 37-38). Pour ces ouvriers vaut le principe général selon lequel « l’ouvrier mérite son salaire » (Lc 10, 7); ils sont autorisés à demeurer dans les maisons où ils sont accueillis, à manger et à boire ce qui leur est offert (cf. ibid.).
Dans sa prédication, Jésus enseigne aux hommes à ne pas se laisser asservir par le travail.
Ils doivent se soucier avant tout de leur âme; gagner le monde entier n’est pas le but de leur vie (cf. Mc 8, 36). De fait, les trésors de la terre se consument, tandis que les trésors du ciel sont impérissables: c’est à ceux-ci qu’il faut lier son cœur (cf. Mt 6, 19-21).
Le travail ne doit pas angoisser (cf. Mt 6, 25.31.34): préoccupé et agité par bien des choses, l’homme risque de négliger le Royaume de Dieu et sa justice (cf. Mt 6, 33), dont il a vraiment besoin; tout le reste, y compris le travail, ne trouve sa place, son sens et sa valeur que s’il est orienté vers l’unique chose nécessaire, qui ne sera jamais enlevée (cf. Lc 10, 40-42).
Durant son ministère terrestre, Jésus travaille inlassablement, accomplissant des œuvres puissantes pour libérer l’homme de la maladie, de la souffrance et de la mort. Le sabbat, que l’Ancien Testament avait proposé comme jour de libération et qui, observé simplement pour la forme, était vidé de sa signification authentique, est réaffirmé par Jésus dans sa valeur originelle: « Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat! » (Mc 2, 27).
Par les guérisons, accomplies en ce jour de repos (cf. Mt 12, 9-14; Mc 3, 1-6; Lc 6, 6-11; 13, 10-17; 14, 1-6), il veut démontrer que le sabbat est à lui, car il est vraiment le Fils de Dieu et que c’est le jour où l’on doit se consacrer à Dieu et aux autres.
Libérer du mal, pratiquer la fraternité et le partage, c’est conférer au travail sa signification la plus noble, celle qui permet à l’humanité de s’acheminer vers le Sabbat éternel, dans lequel le repos devient la fête à laquelle l’homme aspire intérieurement. Précisément dans la mesure où il oriente l’humanité à faire l’expérience du sabbat de Dieu et de sa vie conviviale, le travail inaugure sur la terre la nouvelle création.
Le travail inaugure sur la terre la nouvelle création.
L’activité humaine d’enrichissement et de transformation de l’univers peut et doit faire apparaître les perfections qui y sont cachées et qui, dans le Verbe incréé, trouvent leur principe et leur modèle.
De fait, les écrits de Paul et de Jean mettent en lumière la dimension trinitaire de la création et, en particulier, le lien qui existe entre le Fils-Verbe, le « Logos », et la création (cf. Jn 1, 3; 1 Co 8, 6; Col 1, 15-17).
Créé en lui et par lui, racheté par lui, l’univers n’est pas un amas occasionnel, mais un « cosmos », dont l’homme doit découvrir l’ordre, le favoriser et le porter à son achèvement: En Jésus-Christ, le monde visible, créé par Dieu pour l’homme – ce monde qui, lorsque le péché y est entré, a été soumis à la caducité (Rm 8, 20; cf. ibid., 8, 19-22) -, retrouve de nouveau son lien originaire avec la source divine de la sagesse et de l’amour.
De la sorte, c’est-à- dire en mettant en lumière, en une progression croissante « les insondables richesses du Christ » (Ep 3, 8), dans la création, le travail humain se transforme en un service rendu à la grandeur de Dieu.
Le travail représente une dimension fondamentale de l’existence humaine comme participation à l’œuvre non seulement de la création, mais aussi de la rédemption.
Celui qui supporte la fatigue pénible du travail en union avec Jésus, coopère en un certain sens avec le Fils de Dieu à son œuvre rédemptrice et témoigne qu’il est disciple du Christ en portant la Croix, chaque jour, dans l’activité qu’il est appelé à accomplir. Dans cette perspective, le travail peut être considéré comme un moyen de sanctification et une animation des réalités terrestres dans l’Esprit du Christ.
Ainsi conçu, le travail est une expression de la pleine humanité de l’homme, dans sa condition historique et dans son orientation eschatologique: son action libre et responsable en dévoile la relation intime avec le Créateur et le potentiel créatif, tandis que chaque jour il combat contre la défiguration du péché, notamment en gagnant son pain à la sueur de son front.
Conseil Pontifical Justice et Paix,
Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, 2 avril 2004, § 259-263
c) Le devoir de travailler
La conscience du caractère transitoire de la « scène de ce monde » (cf. 1 Co 7, 31) ne dispense d’aucun engagement historique, et encore moins du travail (cf. 2 Th 3, 7-15), qui fait partie intégrante de la condition humaine, bien que n’étant pas l’unique raison de vivre.
Aucun chrétien, du fait qu’il appartient à une communauté solidaire et fraternelle, ne doit se sentir en droit de ne pas travailler et de vivre aux dépens des autres (cf. 2 Th 3, 6-12); tous sont plutôt exhortés par l’Apôtre Paul à se faire « un point d’honneur » à travailler de leurs propres mains afin de « n’avoir besoin de personne » (1 Th 4, 11-12) et à pratiquer une solidarité, aussi au plan matériel, en partageant les fruits du travail avec « les nécessiteux » (Ep 4, 28).
Saint Jacques défend les droits violés des travailleurs:
« Voyez: le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont fauché vos champs crie, et les clameurs des moissonneurs sont parvenues aux oreilles du Seigneur des Armées » (Jc 5, 4).
Les croyants doivent vivre le travail selon le style du Christ et en faire une occasion de témoignage chrétien « au regard de ceux du dehors » (1 Th 4, 12).
Conseil Pontifical Justice et Paix,
Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, 2 avril 2004, § 264
Conseil Pontifical Justice et Paix,
Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, 2 avril 2004, § 255-264
20. MÉTHODE DE TRAVAIL DE PAUL
2 octobre, 2014http://www.cursillos.ca/action/st-paul/paul20-methode.htm
20. MÉTHODE DE TRAVAIL DE PAUL
Nous pouvons nous demander si Paul avait une méthode de travail qu’il utilisait de façon systématique dans ses voyages missionnaires. Bien qu’il n’eût pas toujours un plan déterminé, il savait bien ce qu’il voulait et où il allait. Nous retrouvons deux constantes dans ses déplacements.
Juifs priant à la synagogue
Juifs de la diaspora
priant dans une synagogue.
Paul y retrouvait
une ambiance familière.
En premier lieu, il suivait le chemin des émigrants juifs, ceux qu’on appelait les Juifs de la diaspora. Des colonies étaient établies dans différentes villes de l’empire romain et avaient développé tout un réseau de synagogues. Cela permettait à Paul de retrouver rapidement une ambiance familière.
Ensuite, il choisissait les endroits où il pouvait exercer son métier. Cela lui permettait de vivre au milieu d’artisans laborieux, de les mieux connaître et de rester indépendant au point de vue financier. Barnabé agissait de la même manière.
En arrivant dans une ville, Paul et Barnabé se rendaient dans le quartier juif et y cherchaient du travail. Selon la coutume orientale, on les recevait dans la communauté, et Paul commençait tout de suite à exercer son métier de tissage. Les jours de sabbat, les deux missionnaires se rendaient à la synagogue.
La loi impériale interdisait de prêcher ouvertement une nouvelle religion (religio illicita). Seule la Synagogue avait la permission expresse de faire des prosélytes. Ceci favorisait les chrétiens car pendant des dizaines d’années, les non-Juifs ne distinguaient pas entre le christianisme et le judaïsme. Ça leur semblait être la même religion.
Dans le quartier juif d’Antioche, le jour du Sabbat, tous les bazars étaient fermés. De nombreux Juifs et de nombreux «craignant-Dieu» (sympathisants non-Juifs) se rendaient à la synagogue. Au-dessus de la porte d’entrée, on voyait deux branches d’olivier encadrant l’inscription : «Temple des Hébreux.» Dans le sous-sol étaient aménagées des salles de bain. Quiconque avait touché à de la viande interdite ou à un cadavre, devait d’abord faire les ablutions de purification rituelle. À l’étage, il y avait la salle de prières, où se dressait le candélabre à sept branches. Au milieu de la salle se trouvait le pupitre de lecture et, derrière un rideau, on conservait les rouleaux de la Bible. Pendant les prières et les réflexions, les femmes étaient assises sur le côté, derrière une grille de bois.
Paul prêchant à la synagogueLa nouvelle de l’arrivée de deux scribes se répandit rapidement. Paul et Barnabé portaient le manteau blanc et brun (le talith) qui les distinguait des prosélytes. Paul se présenta comme docteur de la Loi et Barnabé comme lévite. Après la lecture du texte des Écritures, on invita Paul à adresser la parole à l’assemblée.
Ben-Chorin, un écrivain Juif, estime qu’il était conforme à la tradition d’inviter Paul, un disciple de Gamaliel, à prononcer la réflexion du jour. Il commence alors par présenter une interprétation traditionnelle de l’Écriture; puis il annonce le message de Jésus, ce qui est régulièrement ressenti comme un scandale par ses auditeurs juifs.
Paul disposait d’un double schéma de prédication missionnaire : le premier à l’usage des Juifs, l’autre à l’usage des non-Juifs. Dans les Actes des Apôtres (13, 15) Luc nous a conservé les grands traits d’une réflexion missionnaire adressée à un public de synagogue.
Tous les jours de sabbat, les Juifs lisaient le Psaume 22. Ils le savaient par coeur et le considéraient comme un psaume messianique. L’ancêtre inspiré a peint, mille ans avant Paul, un tableau grandiose des souffrances du Messie. C’est le psaume que Jésus a récité sur la Croix : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» (Ps 22, 2)
Faisant référence à ce psaume, Paul disait aux Juifs que ce n’est pas leur rêve de domination mondiale que le Messie réalisera, mais cet autre rêve des prophètes : la conversion et la réunion de tous les peuples et la constitution du royaume universel de Dieu, à travers les souffrances du Messie. Le psaume 22 se termine par cette vision d’avenir : «Toutes les extrémités de la terre se souviendront et se tourneront vers Yahvé. Toutes les familles des nations païennes se prosterneront devant sa face. Car au Seigneur appartient l’empire, et il domine sur les nations.»
L’affrontement est dû au
fait que Paul semble
déprécier la Loi de Moïse
et que, d’autre part,
il prône l’égalité absolue
entre païens et juifs,
ce qui revient à supprimer l’Élection d’Israël.
Dans son exposé, Paul en appelle à l’expérience intime de chacun : «Vous savez bien que la Loi de Moïse ne vous a pas rendus justes (ne vous a pas justifiés). C’est en Jésus que vous trouverez la rémission des péchés, la paix et la réconciliation avec Dieu.»
Paul s’aventurait en terrain miné en affirmant que la Loi de Moïse comportait des limites et que ces limites pouvaient être franchies ? Un seul l’avait fait avant lui : Etienne, et on l’avait mis à mort. Non seulement Paul lui emboîte le pas mais il va encore plus loin.
Les lettres de Paul sont pleines de citations qu’il puise dans la version grecque de la Septante. Il a été le premier à qualifier les Écritures «d’Ancien Testament» (2 Co 3, 14). Il a compris que le Christ était venu accomplir la promesse. Pour lui, le christianisme est dans la continuité de cette histoire extraordinaire du salut qui a commencé avec Abraham et qui s’est réalisée en Jésus Christ.
Les discours de Paul a l’habitude de remuer profondément ses auditeurs, Juifs et Païens. À Antioche de Pisidie, on en parle tout au long de la semaine, et le samedi suivant, la synagogue est pleine à capacité. Au milieu des païens avides d’écouter les prédicateurs étrangers, les juifs se découvrent en minorité et ils sont furieux : «À la vue de cette foule, les Juifs furent pris de fureur, et c’était des injures qu’ils opposaient aux paroles de Paul. Paul et Barnabé eurent alors la hardiesse de déclarer : C’est à vous d’abord que devait être adressée la parole de Dieu ! Puisque vous la repoussez et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, alors nous nous tournons vers les païens. Car tel est bien l’ordre que nous tenons du Seigneur: «Je t’ai établi lumière des nations, pour que tu apportes le salut aux extrémités de la terre». (Actes, 13, 44-46)
Selon Ben-Chorin, «si Paul s’était contenté d’annoncer le Messie en la personne de Jésus de Nazareth, il n’aurait pas provoqué un tel conflit avec la synagogue. L’affrontement est dû au fait que d’une part, il semble déprécier la Loi de Moïse et que, d’autre part, il prône l’égalité absolue entre païens et juifs, ce qui revient à supprimer l’Élection d’Israël.» Paul explique que la situation privilégiée d’Israël a joué son rôle, mais avec la venue du Christ, elle a pris fin. Ce n’est pas l’appartenance au peuple élu qui décide du salut, mais la foi en Jésus Christ. Le Messie est venu pour renverser le mur qui séparait les Juifs et les païens : «Dans le Christ il n’y a pas de différence entre Juifs et païens, entre hommes libres et esclaves, entre hommes et femmes.»
Paul et Barnabé ne cessent de marquer des points et la colère des juifs atteint son paroxysme. Les femmes se montrent les plus exaltées. Elles assaillent de leurs plaintes les notables de la ville. Le résultat ne se fait pas attendre : c’est aux faiseurs de troubles que s’en prennent les dirigeants. Ils sont chassés de la ville. «Ceux-ci, ayant secoué contre eux la poussière de leurs pieds, gagnèrent Iconium ; quant aux disciples, ils restaient remplis de joie et d’Esprit Saint.» (Actes 13, 51-52)
Parmi les chrétiens, Paul est celui qui a le mieux compris l’esprit universaliste du Christ. Pour avoir prêché le salut pour tous, il sera persécuté comme apostat et la haine de son peuple le poursuivra sans relâche, partout où il ira.