Archive pour septembre, 2014

HOMÉLIE: 25E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

19 septembre, 2014

http://www.homelies.fr/homelie,,3962.html

25E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

DIMANCHE 21 SEPTEMBRE 2014

FAMILLE DE SAINT JOSEPH

HOMÉLIE – MESSE

Les plans de Dieu dépassent toujours, et souvent de loin, les plans des hommes. L’oracle du prophète Isaïe l’affirme de façon très claire : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins […]. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » (Cf. 1ère lecture) L’esprit humain est petit, fragile et sujet à l’erreur. L’homme ne devrait-il pas être conscient que Dieu a ses projets et que c’est à lui de les accueillir et non pas l’inverse ?
Cette vérité est contenue dans l’évangile de ce dimanche qui nous présente le Règne de Dieu comme le maître d’un domaine qui va embaucher des ouvriers pour sa vigne : « Le Royaume de Dieu est comparable au maître d’un domaine qui sortit au petit jour afin d’embaucher des ouvriers à sa vigne. » Seuls les premiers sont embauchés sur un contrat précis ; aux autres il est uniquement certifié qu’ils recevront ce qui est juste. Aux derniers rien n’est précisé, sinon d’aller eux aussi à la vigne. Vient le soir et le moment de rémunérer chacun. Le Maître ménage alors l’effet de surprise en commençant par payer les derniers ouvriers, à qui il donne une pièce d’argent, c’est-à-dire ce qui correspond au salaire d’une journée de travail, pour terminer par ceux qui ont commencé à l’aube, et qui reçoivent eux aussi le même salaire. Un sens naturel de la justice nous porterait à penser que les ouvriers qui ont supporté le poids de toute la journée devraient recevoir plus que ceux qui ont travaillé seulement quelques heures. Mais si nous considérons les choses de plus prêt nous voyons qu’il n’y a aucune injustice dans l’attitude du maître. Celui qui a travaillé toute la journée a reçu ce qui lui avait été promis : « une pièce d’argent ». Du coup, donner le même salaire tant à celui qui a travaillé une heure qu’à celui qui a travaillé onze heures n’est pas injustice mais pure générosité.
La thématique des plans de Dieu rejoint ainsi celle de la gratuité de son Amour qui surpasse de loin les mérites humains. Cet amour parce qu’il est divin est un et ne peut se diviser. C’est la symbolique qu’ont retirée les Pères de l’Eglise de l’unique pièce d’argent distribuée à chacun. En outre, cet amour a comme finalité la vie de celui à qui il est destiné. En effet, une pièce d’argent était, à l’époque, le minimum qui permettait à une famille de vivre. En donnant cette somme à chacun, le maître manifeste qu’il se montre plus inquiet de la vie de ses ouvriers que de l’application d’une stricte justice distributive. La thématique des projets de Dieu rejoint à ce point celle du salut et de la vie éternelle que Dieu veut offrir en plénitude à chacun.
Nous comprenons qu’en fait de projets de Dieu, fondamentalement il n’en existe qu’un seul auquel tous les autres se ramènent : celui de nous sauver. Et Dieu nous le manifeste à travers un Amour infini et inconditionnel. Dieu n’est pas un comptable qui, en fonction de nos mérites, nous donnerait plus ou moins part à sa vie éternelle. Quand il donne la vie, il donne tout parce qu’il se donne. Il ne peut faire autrement parce que c’est sa nature de se donner et de ne rien retenir pour lui. Et cela, il le fait sans condition parce qu’il est pure gratuité, pur don.
Cette bonté et cette générosité se révèlent aussi dans une patience infatigable qui prend le temps de nous inviter sans cesse à l’accueillir et ce jusqu’à la dernière seconde de notre vie.
Mais la délicatesse de Dieu ne s’arrête pas là. Il souhaite notre participation à la construction de son projet de salut. Il ne veut pas que nous soyons des spectateurs passifs sur la place, que nous demeurions sans rien faire. Il désire que nous soyons des collaborateurs actifs, ouvriers de sa vigne : hommes qui souffrent de la soif et de la chaleur et qui marquent d’un rythme et d’une empreinte chrétienne la société humaine, la vie publique. Il désire que nous adoptions les mêmes mœurs, que nous ayons le même regard et les mêmes pensées que lui vis-à-vis de nos frères en humanité. Il désire que nous travaillions avec lui à inviter tous les hommes à son Royaume éternel. Les derniers arrivés seront tout autant les bienvenus dans la maison du Père que les premiers. Leur place demeure réservée à la Table du Royaume.
Mais dans la perspective de construire le Royaume, l’important n’est pas d’arriver à la première ou à la dernière heure. L’important est de prendre conscience que du moment où nous sommes appelés, notre vie reste définitivement orientée vers le Royaume de Dieu. Si nous sommes arrivés parmi les premiers, notre fatigue contribuera sans doute mystérieusement à faire fléchir les retardataires pour qu’ils s’engagent eux aussi à travailler à la vigne du maître et puissent ainsi avoir part au Royaume éternel.
Ne cherchons pas dans les événements qui nous arrivent à connaître quels sont les plans de Dieu car ils nous dépasseront toujours. La meilleure manière d’y adhérer et surtout de ne pas y faire obstacle c’est de vivre, comme nous invite saint Paul dans la deuxième lecture, en Christ et de mener une vie digne de son Evangile. Cette vie en Christ, greffée sur la générosité infinie de l’Amour et de la patience divine, amène saint Paul à préférer continuer à travailler à l’œuvre du Seigneur auprès des Philippiens plutôt que de mourir et de rejoindre définitivement le Seigneur. Ce n’est pas pour autant qu’il perd le Christ. Au contraire, il le trouve peut-être même davantage en choisissant de ne pas vivre pour soi mais de travailler au salut de ses frères.

« Seigneur, tu as voulu que toute la loi consiste à t’aimer et à aimer son prochain : donne-nous de garder tes commandements, et de parvenir ainsi à la vie éternelle » (Cf. Collecte de la messe)

Frère Elie

Icône de la Sainte Communion – «Recevez le Corps du Christ; goûter à la fontaine de l’immortalité ».

18 septembre, 2014

Icon of Holy Communion

 

Icon of Holy Communion – « Receive ye the Body of Christ; taste the Fountain of Immortality ».

http://en.wikipedia.org/wiki/Eastern_Orthodox_Church

(sur) JOSEPH RATZINGER LA FILLE DE SION. CONSIDÉRATIONS SUR LA FOI MARIALE DE L’ÉGLISE

18 septembre, 2014

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=232

JOSEPH RATZINGER

LA FILLE DE SION. CONSIDÉRATIONS SUR LA FOI MARIALE DE L’ÉGLISE

P. FRANCIS DE CHAIGNON

Traduction, présentation et annotations par Sophie BINGELLI, Paris, Éd. Parole et Silence, coll. « Cahiers de l’École Cathédrale », n° 55, 2002.
Esprit & Vie n°72 / décembre 2002 – 2e quinzaine, p. 13-14.

Ce récent Cahier de l’École Cathédrale est la traduction de trois conférences de théologie mariale données en 1975 par Joseph RATZINGER, peu avant sa nomination comme archevêque de Munich (le texte allemand en avait été publié deux ans plus tard puis réédité en 1990).

L’auteur évalue, tout d’abord, la situation de la mariologie dans la théologie catholique et propose comme piste de réflexion de rechercher « dans l’Ancien Testament les éléments par lesquels le Nouveau Testament interprète théologiquement la figure de Marie ». Il s’agit de trois motifs vétérotestamentaires qui dessinent une théologie de la femme : la figure d’Ève, les figures de mères (fécondes ou stériles), les figures de femmes salvatrices (telles Déborah, Judith, Esther). À travers ces motifs s’élabore, en fait, une théologie du peuple que ces femmes incarnent et donc une théologie de l’Alliance ; nous accédons de la sorte à la révélation de Dieu lui-même. Dans les textes plus tardifs apparaît la figure de la sagesse, présentée comme créature de Dieu et pure réponse à son action. Or, cette figure de la sagesse demande à être réinterprétée, non seulement, de façon christologique mais également de façon mariale. La sagesse trouve son accomplissement à la fois dans le Christ, Verbe incarné, et dans l’accueil fécond de cette Parole en Marie.
Il est ainsi clairement montré que « la figure de la femme est indispensable à la cohérence de la foi biblique » (p. 43). Or, un tel principe trouve sa réalisation personnelle en Marie. Sans elle, sans le caractère marial de la foi, la création est niée, la grâce ne respecte pas la liberté humaine, le Dieu de l’Alliance est méconnu.
Le deuxième chapitre s’intéresse alors à la foi mariale de l’Église. Certes, les dogmes mariaux ne peuvent être déduits de textes isolés du Nouveau Testament. Mais ce que le premier chapitre a établi nous permet de comprendre que ces dogmes expriment l’unité de l’Ancien et du Nouveau Testament, grâce au recours à l’exégèse typologique. Sans cela, nous l’avons vu, on dissocie l’unité de l’Écriture et l’on compromet la vérité de la création et de la grâce. Nous pouvons donc voir dans la mariologie un critère d’équilibre de la théologie.
L’auteur vérifie cela sur chacun des trois dogmes mariaux fondamentaux : la maternité virginale, la conception immaculée, l’Assomption. Concernant le premier dogme, il convient de rappeler que, d’une part, l’incarnation de Dieu en Jésus-Christ a nécessairement une signification mariologique et que, d’autre part, la maternité divine de Marie a nécessairement une signification christologique (on sera attentif ici à la note 26, p. 94, qui constitue une retractatio de la position tenue par l’auteur dans Foi chrétienne hier et aujourd’hui, paru en 1969, et qui ne soulignait pas avec assez de précision la correspondance profonde entre la conception virginale et l’affirmation que la personne du Christ est celle du Fils de Dieu, de sorte que Jésus n’a que Dieu pour Père). Cette réflexion sur une vérité très contestée saisit le lien entre le biologique et le spirituel, par-delà nos tentations de les dissocier. D’ailleurs, note l’auteur, le nœud du refus de la conception virginale n’est pas, en dernier ressort, celui de l’historicité des récits évangéliques mais un présupposé implicite, une vision du monde et de Dieu qui interdit à ce dernier, au nom de notre raison scientifique, d’intervenir dans le monde. Mais c’est là régresser à une philosophie païenne…
La conception immaculée, quant à elle, éclaire la compréhension catholique de la grâce. Il n’y a pas opposition entre la Parole de Dieu et l’homme, ni irruption purement verticale, il y a un dialogue, une réponse et une correspondance. À la question du fondement scripturaire d’une telle affirmation dogmatique, il faut à nouveau répondre par le recours à la typologie. Or, ce type n’est pas abstrait mais se réalise dans une personne, celle de Marie. On lira avec soin les pages pénétrantes (spécialement p. 75-77) qui relient la question de l’immaculée conception à celle du péché originel, lui aussi intelligible uniquement grâce au recours à la typologie, à la suite de saint Paul. Dans un cas comme dans l’autre, on n’accède au fait que par la typologie qui unit Ancien et Nouveau Testament.
La dogmatisation de l’Assomption, enfin, est à comprendre comme l’acte le plus haut de vénération de Marie reflétant à nouveau l’unité des Testaments et la réalisation personnelle en Marie de ce que l’Église attend pour elle-même : la victoire définitive sur la mort, la participation de tous et de chacun non seulement à la Résurrection mais aussi à l’Ascension du Christ.
On l’aura compris, ces pages lumineuses sont d’une réelle pénétration théologique. Si elles demandent au lecteur d’être un tant soit peu familiarisé avec les grands thèmes de la théologie mariale, elles ne sont pas excessivement ardues. On regrettera seulement que la traduction soit souvent trop proche du texte allemand, d’où des obscurités qu’une réécriture aurait dû dissiper. Notons l’originalité de l’introduction qui met en perspective les propos de Joseph RATZINGER et l’anthropologie d’Edith STEIN. La troisième annexe, qui est le texte de la « Déclaration christologique commune entre l’Église catholique et l’Église assyrienne de l’Orient », datée du 11 novembre 1994, pourra surprendre. Elle n’est accompagnée d’aucun commentaire.

LA RÉSURRECTION DE JÉSUS ÉTAIT-ELLE NÉCESSAIRE À NOTRE SALUT?

18 septembre, 2014

http://cahierslibres.fr/2014/04/resurrection-jesus-etait-necessaire-notre-salut/

LA RÉSURRECTION DE JÉSUS ÉTAIT-ELLE NÉCESSAIRE À NOTRE SALUT?

AUTHOR JM Castaing DATE 22 avril 2014

En quoi sommes-nous concernés par la résurrection du Christ ?
Si la Croix nous sauve, pourquoi la résurrection est-elle nécessaire à notre salut? A Pâques, nous nous réjouissons du sort final du Crucifié, soit. Mais en quoi sa levée d’entre les morts affecte-t-elle nos destinées? Jésus a-t-il fourni des indications à ce sujet? Sa prédication fait-elle explicitement mention du lien de cause à effet entre sa résurrection et notre rédemption? Certes, devant ses disciples, il a prédit sa mort et sa résurrection avant qu’elles ne surviennent. Mais quel lien établir entre sa victoire sur la mort et son enseignement au sujet de son Royaume? Les évangiles sont-il si clairs que cela sur la liaison nécessaire entre sa victoire sur la mort et son message concentré sur l’amour?
Interrogations d’ autant plus cruciales que pour beaucoup de chrétiens, le message de l’Evangile ne perdrait rien de sa force ni de son actualité si on lui retirait l’annonce de la résurrection de Jésus. Que leur répondre? Comment concilier cette minoration de l’événement de la résurrection avec son intégration dans le Credo de l’Eglise? Comment dire aujourd’hui, avec des mots compréhensibles par tous, la dimension de révélation et de rédemption de la Résurrection? Est-elle un mythe? Ou bien un événement facultatif, appelé à le céder en importance à l’enseignement de Jésus? Sinon, comment s’intègre-t-elle à son message d’amour? Est-ce vital d’y croire? Autant de questions sur lesquelles les fêtes pascales ne peuvent faire l’impasse.

Un Royaume sans résurrection de Jésus est-il possible ?
Jésus, en tant que personnage historique, a prêché le Royaume. L’Eglise, née de sa résurrection d’entre les morts, prêche, de son côté, la mort et la Résurrection de son fondateur. Comment expliquer cette différence ? Le Royaume annoncé par le rabbi galiléen a-t-il partie liée avec sa Pâque vécue à Jérusalem, que nous célébrons ces jours-ci ? Jésus a-t-il compris sa propre résurrection comme une donnée essentielle du Royaume dont il était le héraut ? Ou bien existe-t-il un « plus » dans le kérygme de l’Eglise, c’est à dire dans la proclamation de l’événement pascal, du Christ ressuscité, par rapport à la prédication du Jésus historique?
Pour répondre à ces questions, il est important de préciser au préalable que nous n’avons accès au Jésus historique que grâce à la médiation de l’Eglise. Celle-ci naît à cause de la Résurrection. Si Jésus n’était pas sorti vainqueur du séjour des morts, il n’existerait pas de communauté se réclamant de lui – ou bien elle n’aurait pas duré bien longtemps. Ainsi l’Eglise, avant de prêcher comme l’avait fait le prophète itinérant de Nazareth, avant de reprendre son enseignement, a d’abord annoncé au monde que le Crucifié était ressuscité. Il y allait de l’attestation de son acte de naissance.
Ceci étant établi, existe-t-il un rapport entre le Royaume prêché par Jésus durant sa vie terrestre et le mystère pascal ? La prédication du Jésus terrestre, telle que les évangiles la transmettent, la proclamation du Royaume, est-elle l’annonce, plus implicite qu’explicite, de la Résurrection? Comment la vie et les paroles du Galiléen constituent-t-elles une prophétie de ce qui lui arrivera à Jérusalem au terme de son existence ?

L’Eglise n’a compris Jésus que rétrospectivement
En écrivant le récit de l’existence du Nazaréen à la lumière de sa Pâque, l’Eglise a compris que sa vie tout entière était une parabole de la Résurrection qui allait le toucher. Un exemple: quand les écrivains inspirés relatent tel miracle de Jésus, telle guérison opérée par ses soins (recouvrement de la vue par un aveugle, guérison d’un boiteux, d’un lépreux), c’est un signe de la Résurrection qu’ils donnent à voir aux destinataires de leurs écrits. Un malade alité se relève: le verbe décrivant le rétablissement en lui de la station debout sera le même que celui par lequel les évangiles rendent compte de la levée de Jésus d’entre les morts. Aussi la proclamation « en actes » du Royaume par le Jésus historique est-elle déjà, à ce niveau, proclamation de la Résurrection.
Cette interprétation des actions de Jésus n’est pas l’effet d’une relecture tendancieuse de la part de l’Eglise. Les disciples ne connaissaient pas en effet, durant leur compagnonnage avec le rabbi galiléen, la notion de résurrection individuelle. Ils ne la découvriront qu’à la faveur de celle de Jésus. En effet, au premier siècle, la croyance en la résurrection ne concernait que le peuple pris en son intégralité, non les individualités prises séparément. La résurrection collective était reportée à la fin des temps pour les courants du judaïsme qui la confessaient. Or voici que celle de Jésus arrive en plein milieu de l’histoire!
Aussi, si les disciples ont compris les guérisons de Jésus comme des signes de sa propre résurrection, ce n’est qu’a posteriori, après qu’il se fût levé d’entre les morts. Cependant cela ne signifie pas qu’ils aient forcé leur interprétation des miracles opérés par Jésus, qu’ils aient « tordu » les faits afin de leur faire dire leur propre version des événements. C’est le processus inverse qui a présidé à la rédaction des évangiles. La Résurrection de Jésus a décidé de l’interprétation de sa vie publique.
Le désir des fidèles, que les récits évangélistes représentent toujours dans l’erreur et le malentendu durant le séjour terrestre du Christ, tout concentré qu’il était sur l’établissement d’un royaume messianique terrestre, n’est pour rien dans cette juste interprétation. Seul l’Esprit Saint descendu sur eux leur dessillera les yeux au sujet de la signification des actes posés par Jésus, et plus globalement de sa vie et de sa mort. Ce que Jésus est devenu (le Ressuscité) a ouvert les yeux aux disciples sur ses intentions véritables: nous ressusciter en Eglise. nous ressusciter comme enfants de Dieu.
Lorsque Jésus guérit un malade, ce n’est pas l’écrivain, avec son génie religieux propre, qui nous donne la signification de ce miracle, c’est la Résurrection qui nous en livre la clef d’interprétation. Les miracles de Jésus l’ont prophétisée. Ainsi, si le miracle est guérison pour nous, la Résurrection l’est-elle pareillement. Elle nous concerne très directement! La Croix n’est pas seule à nous sauver. L’établissement du Royaume passe bien par la Résurrection. Celle-ci n’est pas une case facultative dans le jeu de l’oie du chrétien.

« Passer de la mort à la vie »: un slogan aussi pompeux que vide ?
Si la Résurrection de Jésus est si importante pour nous, si elle ne représente pas une croyance superfétatoire, c’est que notre résurrection comme enfants de Dieu s’appuie sur ce que Jésus est depuis toujours, et que sa relève d’entre les morts a consacré tout en le portant à notre connaissance: le Fils éternel du Père. Ainsi se rejoignent l’enseignement de Jésus et sa victoire sur la mort. Ne nous a-t-il pas appris à prier Dieu comme « Notre Père »? Jésus veut faire de nous des fils du Père, ce qu’il est lui-même. A cette fin, nous devons passer de la mort à la vie, de l’égoïsme à l’amour, c’est à dire, en langage chrétien, ressusciter.
Mais, dira-t-on, Jésus n’a pas eu, quant à lui, à passer de l’égoïsme à la charité. Que signifie alors, pour nous, ce mouvement de la mort à la vie? Ce passage est-il la voie obligée pour devenir enfant de Dieu? Quant à Jésus, était-il dans la nécessité de le franchir lui aussi? Pourquoi? Tout simplement parce que le Christ a pris sur lui notre condition afin de la faire entrer dans la vie divine. Sur le Calvaire, le Christ a porté le « vieil homme » pour le transformer en lui-même, en mettant l’amour et le pardon là nous mettions la haine et la rancune. Aussi est-ce notre condition humaine qui ressuscite trois jours plus tard, c’est à dire nous tous – à condition de l’accepter dans la foi. Comme premier de cordée, le Christ a élagué le chemin (de la mort à la vie) en l’empruntant le premier. Non pour son propre plaisir, mais afin de faire traverser la nature humaine (que le Fils éternel a assumée) la mort en direction de la vie divine, en la faisant mourir à l’égoïsme et au ressentiment.
En nous enseignant l’amour des ennemis, en le mettant lui-même en pratique, Jésus nous montre par quelle voie nous passons de la mort à la vie: en faisant de nos existences une Pâque continuelle, c’est à dire des passages (« Pâque » signifiant « passage ») du repliement sur soi à l’amour. A cette fin nous devons passer par des transformations, intérieures et spirituelles au début, et qui affecteront ensuite nos comportements. Telle est la raison pour laquelle la fête que nous célébrons à Pâques est en lien profond, intrinsèque, avec l’ enseignement du Maître des Béatitudes. Cette voie est coûteuse. Coûteuse en effet est la voie qui conduit au pardon, à l’acceptation de l’autre, à l’amour oblatif, désintéressé. Celui qui soutiendrait le contraire ne connaîtrait pas grand chose au coeur humain.
Difficile passage pour nous. Coûteux passage également pour Jésus. Il a lié son destin au nôtre, parce qu’il désirait que son enseignement ne fût pas séparé de son existence. Le Christ n’est pas seulement Maître: il est aussi Sauveur. Durant la Passion, Jésus vit les Béatitudes qu’il a apprises à ses disciples. Comme celui qui ressuscite n’est pas un autre que celui qui a été crucifié, ce sont les Béatitudes incarnées qui entrent dans le monde de Dieu à la Résurrection. Celle-ci consacre la victoire de l’enseignement du rabbi galiléen.
Ainsi la Résurrection n’est pas un luxe mythique rajouté à la pure « essence » du christianisme. Elle est au coeur de son message, car elle nous nous dit que les paroles du Christ, sa doctrine, touchent nos existences de la manière la plus charnelle possible, en leur profondeur viscérale. En vivant la doctrine de Jésus, nous passons du repliement sur nous-mêmes au service des autres. Et ce passage représente une véritable résurrection, qui affecte toutes les composantes de notre personnalité. Le christianisme n’est pas une simple « idée », ni une école de « savoir vivre ». Il transforme nos êtres, de même que la Résurrection a fait passer Jésus à un état nouveau, sans changer son identité.
Accueillir dans la foi la Résurrection, c’est reconnaître que la mort à soi-même, à ses petits intérêts, le choix pleinement conscient du service de nos frères et soeurs, débouche sur la Vie en plénitude. C’était là le coeur de l’enseignement du prophète de Nazareth: « Qui aime sa vie la perdra, mais qui la haïra en ce monde la conservera en vie éternelle » (Jn 12,25) – et cette vie éternelle, elle déjà présente aujourd’hui. A ce niveau également la Résurrection est en parfaite continuité avec la prédication du Royaume où le plus grand se fait le serviteur de tous. C’est bien ce qui arrive la dimanche de Pâques. Le plus grand, Jésus, de sa condition glorieuse, va se faire le serviteur de ses frères en humanité durant toute l’histoire de l’humanité.

La Résurrection, événement de salut
Si la Résurrection apporte un plus par rapport à la simple prédication du Royaume, c’est qu’elle n’a pas simple valeur de légitimation de ce que le rabbi de Nazareth avait prêché. Elle est également événement de salut en elle-même. Par elle la nature humaine est exaltée à la droite de Dieu, en Dieu. La rédemption-divinisation est acquise par le « premier né d’entre les morts ». Non qu’il dût être sauvé lui-même. Mais comme il devait nous préparer une place auprès de son Père, et nous la préparer en tant qu’homme, son geste impliquait ses épousailles avec notre condition, et donc son engloutissement dans la mort. Le Christ est sauvé de la mort, non du péché.
A la droite de Dieu, le Christ nous rejoint tous. Par sa Résurrection il se rend contemporain de tous les instants de la durée de l’histoire. Le mouvement pascal par lequel il est passé de ce monde à Dieu, que les chrétiens célèbrent dans l’Eucharistie, accompagne les hommes durant leur pèlerinage terrestre. Cette contemporanéité du Christ, en sa Pâque, à tous les hommes de l’histoire, est la condition de son agir sacramentel. C’est ainsi que la Résurrection apporte un plus par rapport à la prédication du rabbi itinérant de la Palestine du premier siècle. Sans Résurrection, la prédication ecclésiale ne dépasse pas le moralisme, ou bien la simple prise de conscience par l’humanité de son « mythe vrai », de son essence idéale qu’il faudrait dépoussiérer de ses « représentations religieuses mythiques ».

La Résurrection fait de Jésus notre contemporain
Enfin, tant du point de vue gnoséologique (relativement à la connaissance) que sotériologique (relativement au salut), la Révélation et la Rédemption n’arrivent pas simplement par le Jésus historique, ou celui que l’Eglise prêche comme ayant été homme parmi les hommes. Révélation et Rédemption sont consécutives à la Résurrection, ainsi qu’au don subséquent de l’Esprit Saint. Dans l’Esprit nous rejoignons en effet Jésus directement, sans nous arrêter à la médiation de l’histoire qui risque toujours de le statufier, ou bien de le momifier, ou encore d’en faire le lieu de nos projections idéologiques, un « Jésus à nous ». Dans l’Esprit, au contraire, Jésus se rend notre contemporain, au lieu de rester un personnage du passé, disparu à jamais, qui nous aurait laissé pour seul héritage un bel exemple et de belles maximes.
L’Evangile, qui est le Christ, n’est pas un recueil de belles formules seulement, mais une dynamique de liberté (2 Co 3,4-18). La religion chrétienne est religion de la Parole, non du Livre. De plus l’histoire, délestée de la Résurrection, réduit notre foi en la foi de Jésus, quand, dans l’Esprit, elle est foi en Jésus. L’histoire, laissée à elle-même, nous propose un simple exemple, voire l’ imitation séculière d’un modèle, tandis que l’Esprit nous met en relation avec une personne. Quel écart entre un modèle et une personne vivante! Pour toutes ces raisons, la Résurrection ajoute un grand « plus » à la prédication et à la vie du Jésus terrestre, même si cette dernière en est la prophétie.

Révélation de la miséricorde divine
Enfin la Résurrection est préfigurée d’une autre manière par l’histoire de Jésus de Nazareth. Les actes et les paroles de Jésus, durant son ministère public, en privilégiant la miséricorde sur le sacrifice, Dieu sur le succès, la vie sur la fixité de la lettre, nous avertissent que l’ accès à Dieu, dont la Résurrection représente la plus parfaite réalisation, passe souvent par la traversée de l’échec, par l’accueil de sa miséricorde – comme le Christ souffrant de la croix l’a expérimenté en sa chair – par l’abandon confiant et filial au milieu des situations de mort, d’échecs, de souffrance.
C’est ainsi que le parcours terrestre du Nazaréen est une parabole de la Résurrection. Il n’est pas jusqu’à sanativité qui ne la prophétise. En effet, « conçu de l’Esprit Saint », Jésus, même s’il assume charnellement la généalogie humaine, n’en marque pas moins une césure dans la chaîne biologique. Sa naissance terrestre est déjà nouvelle création. La généalogie de l’évangile selon Saint Matthieu présente sa conception virginale comme une nouvelle genèse, une nouveau commencement de l’humanité.

« Livre de la Genèse de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham » (Mt 1,1).
La même expression revient lorsque l’ange explique à Joseph la naissance virginale de Jésus, sa conception par l’Esprit Saint: « Voici comment eut lieu la Genèse de Jésus-Christ » (1,18). Ces deux expression de Matthieu font signe en direction de la première Création, celle d’Adam, avec ce verset de la Genèse: « Voici le livre de la Genèse d’Adam » (Gn 5,1). « Il en résulte que Matthieu établit un parallélisme entre la création d’Adam et l’Incarnation du Verbe. L’accent est d’abord mis sur l’événement de l’Incarnation. Celle-ci est la création d’une humanité nouvelle, une reprise de la première création. ((J Daniélou, Les Evangiles de l’Enfance, Seuil, 1967, p 12)) »
Or cette nouvelle naissance pointe bien sûr en direction de la nouvelle Création inaugurée par la Résurrection. L’existence de Jésus est finalisée par la Création nouvelle de Pâques. Celle-ci est la cause finale de celle-là. Privée de la perspective de sa lutte victorieuse contre le mal, le mensonge et la mort, la vie de Jésus devient une promesse non tenue, une série de voeux pieux, ou bien sombre dans l’insignifiance en scellant le triomphe universel de la mort, donnant raison à Staline: « A la fin, c’est toujours la mort qui gagne ».
Parler du salut universel apporté par la levée de Jésus d’entre les morts, suscite automatiquement une autre question: comment la Résurrection peut-elle informer l’histoire qui s’est déroulée avant elle? Autrement dit, comment peut-elle sauver la totalité de l’histoire humaine? C’est qu’il existe une solidarité inter-générationnelle qui ne se fait pas uniquement d’arrière en avant. L’honneur des fils rejaillit sur leurs parents, c’est bien connu. Il en va de même avec le Christ.
Cette répercussion de la Résurrection est toutefois qualitativement autre que celles des réalités humaines ordinaires, du fait de l’union hypostatique (l’union de la nature humaine et de la nature divine en la personne de Jésus Christ) et de la qualité, sans mesure avec le nôtre, de l’Amour vécu par Jésus et couronné par sa Pâque. Le Christ est solidaire de toutes les générations de l’histoire, que son Incarnation a assumées. Aussi bien représente-t-il lui-même le fruit de toute l’histoire humaine qui l’a préparé, même inconsciemment. En toute logique la Résurrection rejaillit rétrospectivement sur toute l’histoire d’avant. Miséricorde peut ainsi être faite à l’ensemble des générations humaines.

Avec la Résurrection, l’impossible, c’est maintenant !
Le Christ continue d’éclairer beaucoup d’hommes qui ne croient pas en sa résurrection. Nous ne nous en plaindrons pas. Cependant assimiler son enseignement en intégralité, sans prendre en compte la perspective de la résurrection, le galvaude très sérieusement. Sans elle, le disciple ne pourra plus compter que sur ses propres forces pour tenter d’ « appliquer » le message du rabbi juif. Surtout il restera dans le doute de savoir si le mal et la mort peuvent être définitivement surmontés.
Il n’est pas inutile pour les chrétiens de rappeler à leurs frères, à temps et à contretemps, que la Résurrection est la suite logique de l’enseignement de Jésus. Sans elle, notre foi n’est plus qu’un message, ou une morale. Le dimanche de Pâques, ils pourraient ainsi témoigner, face à leur incrédulité: « Rien n’est impossible à Dieu! Vous n’avez pas besoin d’attendre la fin du monde pour réaliser, mettre en pratique le sublime commandement d’amour du Maître! Vous êtes ressuscités avec le frère aîné. Aussi ses paraboles sublimes ne sont-elles pas hors de portée! Oui, la Résurrection apporte un plus par rapport à la simple prédication du Jésus historique, même si le contenu de celle-ci restera inchangée jusqu’à la fin du monde! Ce « plus », c’est la possibilité de la réalisation de son enseignement! Dès aujourd’hui. Dés aujourd’hui le Ressuscité nous livre son Esprit. Les Béatitudes, c’est maintenant! »

Jean-Michel Castaing

Cherubino placé à garder le jardin d’Eden, la basilique de l’Assomption, Torcello, XI sec. c.ca

17 septembre, 2014

Cherubino placé à garder le jardin d'Eden, la basilique de l'Assomption, Torcello, XI sec. c.ca dans images sacrée cherubino+torcello

http://wwwbisanzioit.blogspot.it/2012/08/gli-angeli.html

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE (10 septembre 2014)

17 septembre, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2014/documents/papa-francesco_20140910_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 10 septembre 2014

Chers frères et sœurs, bonjour.

Dans notre itinéraire de catéchèses sur l’Eglise, nous nous arrêtons sur la considération que l’Eglise est mère. La dernière fois, nous avons souligné que l’Eglise nous fait grandir et, avec la lumière et la force de la Parole de Dieu, elle nous indique la route du salut et nous défend du mal. Je voudrais aujourd’hui souligner un aspect particulier de cette question éducative de notre mère l’Eglise, c’est-à-dire la manière dont elle nous enseigne les œuvres de miséricorde.
Un bon éducateur vise à l’essentiel. Il ne se perd pas dans les détails, mais veut transmettre ce qui compte vraiment pour que le fils ou l’élève trouve le sens et la joie de vivre. C’est la vérité. Et l’essentiel, selon l’Evangile, c’est la miséricorde. L’essentiel de l’Evangile est la miséricorde. Dieu a envoyé son Fils, Dieu s’est fait homme pour nous sauver, c’est-à-dire pour nous donner sa miséricorde. Jésus le dit clairement, résumant son enseignement pour les disciples : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36). Peut-il exister un chrétien qui ne soit pas miséricordieux ? Non. Le chrétien doit nécessairement être miséricordieux, car cela est le centre de l’Evangile. Et fidèle à cet enseignement, l’Eglise ne peut que répéter la même chose à ses enfants : « Soyez miséricordieux », comme l’est le Père, et l’a été Jésus. Miséricorde.
Et l’Eglise se comporte alors comme Jésus. Elle ne fait pas de leçons théoriques sur l’amour, sur la miséricorde. Elle ne diffuse pas dans le monde une philosophie, une voie de sagesse… Bien sûr, le christianisme est aussi tout cela, mais comme conséquence, en reflet. Notre mère l’Eglise, comme Jésus, enseigne à travers l’exemple, et les paroles servent à éclairer le sens de ses gestes.
Notre mère l’Eglise nous enseigne à donner à manger et à boire à qui a faim et soif, à vêtir celui qui est nu. Et comment le fait-elle ? Elle le fait à travers l’exemple de nombreux saints et saintes qui ont fait cela de façon exemplaire ; mais elle le fait également à travers l’exemple de très nombreux pères et mères, qui enseignent à leurs enfants que ce que nous avons en trop, doit aller à ceux qui manquent du nécessaire. Il est important de savoir cela. Dans les familles chrétiennes les plus simples, la loi de l’hospitalité a toujours été sacrée : une assiette et un lit pour ceux qui en ont besoin ne manquent jamais. Une fois, une mère me racontait — dans l’autre diocèse — qu’elle voulait enseigner cela à ses enfants et elle leur disait d’aider et de donner à manger à ceux qui ont faim ; elle en avait trois. Et un jour, pendant le déjeuner, — le papa était parti travailler, elle était avec ses trois enfants, petits, de plus ou moins 7, 5 et 4 ans — et on frappe à la porte : il y avait un homme qui demandait à manger. Et la maman lui a dit : « Attends un moment ». Et après être rentrée, elle a dit à ses enfants : « Il y a là un homme qui demande à manger, que faisons-nous ? ». « Nous lui donnons, maman, nous lui donnons ! ». Chacun avait dans son assiette un beefsteak avec des frites. « Très bien — a dit la maman —, prenons la moitié de chacun de vous, et nous lui donnerons la moitié du beefsteak de chacun de vous ». « Ah non, maman, comme ça cela ne va pas ! ». « C’est ainsi, tu dois donner ce qui est à toi ». De cette façon, la maman a enseigné à ses enfants à donner à manger ce qui était à eux. Cela est un bel exemple qui m’a beaucoup aidé. « Mais je n’ai rien en plus… ». « Donne ce qui est à toi ! ». C’est ce que nous enseigne notre mère l’Eglise. Et vous, les nombreuses mamans qui êtes ici, vous savez ce que vous devez faire pour enseigner à vos enfants qu’ils partagent ce qui est à eux avec ceux qui en ont besoin.
Notre mère l’Eglise enseigne à être proche de ceux qui sont malades. Combien de saints et de saintes ont-ils servi Jésus de cette façon ! Et combien d’hommes et de femmes communs, chaque jour, mettent en pratique cette œuvre de miséricorde dans une chambre d’hôpital, ou d’une maison de repos, ou dans leur propre maison, en assistant une personne malade.
Notre mère l’Eglise enseigne à être proche de ceux qui sont en prison. « Mais père non, cela est dangereux, ce sont des personnes mauvaises ». Mais chacun de nous est capable… Ecoutez bien cela: chacun de nous est capable de faire la même chose qu’a fait cet homme ou cette femme qui est en prison. Nous avons tous la capacité de pécher et de faire la même chose, de faire des erreurs dans la vie. Il n’est pas plus mauvais que toi ou moi ! La miséricorde franchit chaque mur, chaque barrière, et te conduit toujours à chercher le visage de l’homme, de la personne. Et c’est la miséricorde qui change le cœur et la vie, qui peut régénérer une personne et lui permettre de s’insérer de manière nouvelle dans la société.
Notre mère l’Eglise enseigne à être proche de celui qui est abandonné et meurt seul. C’est ce qu’a fait la bienheureuse Teresa dans les rues de Calcutta ; c’est ce qu’a fait et font tant de chrétiens qui n’ont pas peur de serrer la main de celui qui va quitter ce monde. Et ici aussi, la miséricorde apporte la paix à celui qui part et à celui qui reste, en nous faisant sentir que Dieu est plus grand que la mort, et qu’en restant en Lui, même la dernière séparation est un « au revoir »… La bienheureuse Teresa avait bien compris cela ! On lui disait : « Mère, vous perdez votre temps ! ». Elle trouvait des personnes mourantes dans la rue, des personnes auxquelles les rats des rues commençaient à dévorer le corps, et elle les conduisait chez elle afin qu’ils meurent dans la propreté, tranquilles, entourés de caresses, en paix. Elle donnait l’« au revoir » à toutes ces personnes… Et tant d’hommes et de femmes comme elle ont fait cela. Et ils les attendent, là [il indique le ciel], à la porte, pour leur ouvrir la porte du Ciel. Aider les personnes à bien mourir, en paix.
Chers frères et sœurs, c’est ainsi que l’Eglise est mère, en enseignant à ses enfants les œuvres de miséricorde. Elle a appris cette voie de Jésus, elle a appris que cela est l’essentiel pour le salut. Il ne suffit pas d’aimer qui nous aime. Jésus dit que ce sont les païens qui le font. Il ne suffit pas de faire du bien à qui nous fait du bien. Pour changer le monde en mieux, il faut faire du bien à qui n’est pas en mesure de nous donner quelque chose en retour, comme le Père l’a fait avec nous, en nous donnant Jésus. Combien avons-nous payé pour notre rédemption ? Rien, tout a été gratuit ! Faire le bien sans attendre quelque chose en retour. C’est ainsi qu’a fait le père avec nous et nous devons faire la même chose. Fais le bien et va de l’avant !
Qu’il est beau de vivre dans l’Eglise, dans notre mère l’Eglise qui nous enseigne ces choses que nous a enseignées Jésus. Rendons grâce au Seigneur, qui nous a donné la grâce d’avoir l’Eglise comme mère, elle qui nous enseigne la voie de la miséricorde, qui est la voie de la vie. Rendons grâce au Seigneur.

 

LES CHÉRUBINS BIBLIQUES

17 septembre, 2014

http://mieville.chez-alice.fr/cherubins/memoire_ch5.html

LES CHÉRUBINS BIBLIQUES

CHAPITRE V – SYNTHESE ET CONCLUSION

1. Synthèse : que sont les chérubins ?

Au terme de notre étude il est temps de faire une synthèse de tous les éléments que nous avons recueilli, en particulier dans notre chapitre sur les textes bibliques. Cette synthèse nous permettra de répondre à la question qui fait l’objet de notre travail : que sont les chérubins ? Nous reprendrons les trois mêmes caractéristiques qui ont présidé à notre étude des textes bibliques : l’apparence, la fonction et la nature des chérubins.

a. l’apparence des chérubins
Les textes bibliques nous montrent que l’apparence des chérubins est variable. Il s’agit soit de quadrupèdes (p.ex. dans le temple) soit de bipèdes (p.ex. dans le tabernacle), avec pour ces derniers une variante complexe dans les visions d’Ezéchiel. Le chérubin biblique ne peut donc pas être assimilé au seul sphinx ailé.
Malgré ces différences notables, nous pouvons relever deux constantes dans l’apparence des chérubins bibliques. Tout d’abord, il s’agit toujours d’êtres hybrides, mêlant des traits humains à des traits animaux. De plus, les chérubins ont toujours des ailes. Les ailes peuvent d’ailleurs être le seul attribut animal du chérubins (c’est probablement le cas des chérubins du tabernacle).
Il est à noter que ces deux caractéristiques distinguent les chérubins des anges. En effet, dans la Bible les anges apparaissent sous une forme humaine (cf. p. ex. Gn 18:2) et n’ont jamais d’ailes. Daniel 9:21 semble toutefois attribuer à l’ange Gabriel la capacité de voler. L’expression mou’aph bî’aph est habituellement traduite « d’un vol rapide » (Colombe, TOB, Français courant…). Mais on peut aussi analyser cette expression en faisant dériver les deux termes du verbe ya’aph, « être fatigué ». Le sens de l’expression serait donc « fatigué de fatigue » ou « tout essoufflé » (Rabbinat français). La fatigue peut être la conséquence d’un vol ou d’une course. L’expression n’implique pas nécessairement la présence d’ailes sur l’ange Gabriel.
Voici donc tout ce que l’on peut dire de l’apparence des chérubins bibliques : ce sont des êtres hybrides mêlant des traits humains à des traits animaux, et toujours munis d’ailes.

b. la fonction des chérubins
Il apparaît que les chérubins bibliques ne remplissent pas toujours la même fonction. On en distingue deux principales : (1) une fonction protectrice, de gardien (les chérubins en Eden et au-dessus de l’arche, dans le tabernacle et le temple) ; (2) une fonction de porteurs de Dieu, de son trône (le chérubin que Dieu chevauche et ceux des visions du trône d’Ezéchiel). Il est à noter que ces deux fonctions ne dépendent pas de l’apparence des chérubins. En effet, la même fonction de gardien est remplie par des chérubins anthropomorphes (dans le tabernacle) et par des chérubins quadrupèdes (dans le temple). De même pour la fonction de porteurs de Dieu (anthropomorphes dans les visions d’Ezéchiel et quadrupèdes dans le Psaume 18).
A ces deux fonction vient s’ajouter une fonction plus générale, celle de manifester la présence de Dieu : là où sont les chérubins, là aussi se trouve l’Eternel. C’est ce que nous avons appelé la fonction « théophanique ». Elle est liée en particulier à l’expression yoshev hakerouvîm, mais aussi aux chérubins brodés et gravées dans le tabernacle et le temple. On pourrait même, de manière plus indirecte, appliquer cette dernière fonction à tous les cas de figure. De cette façon, les fonctions de gardiens et de porteurs de Dieu sont deux aspects de la fonction « théophanique » générale. Ainsi, les chérubins gardiens de l’arche protègent l’endroit où Dieu se manifeste de manière toute particulière. Il en va de même pour les gardiens du jardin d’Eden. Quant aux chérubins porteurs du trône de Dieu, par leur fonction ils manifestent la présence de celui qui est assis sur le trône.
En résumé, les chérubins ont tous une fonction « théophanique » générale, ils manifestent la présence de Dieu. De plus, deux fonctions plus précises leur sont attribuées parfois : celle de gardiens et celle de porteurs de Dieu ou de son trône.

c. la nature des chérubins
Le problème de la nature des chérubins est plus indécis. Dans aucun des textes bibliques nous n’avons trouvé d’indication claire sur cette question. Les chérubins bibliques pourraient être de réelles créatures célestes ou de simples êtres symboliques. S’il existe vraiment des êtres célestes qui répondent au nom de chérubins, les images du tabernacle et du temple, ou celles des visions d’Ezéchiel, ne sont certainement pas l’exacte représentation des chérubins célestes. Il y a sans doute des éléments symboliques dans ces descriptions.
Sans pouvoir trancher d’une manière absolue, il nous semble tout de même qu’une compréhension toute symbolique des chérubins s’accorde mieux aux données bibliques. La grande variété des apparences des chérubins, l’étroite association aux nuages d’orage (peut- être même est-ce la trace de leur origine comme personnification de ces nuages), l’utilisation fortement symbolique d’Ezéchiel, reprise en partie et remaniée dans l’Apocalypse, tous ces éléments font plutôt pencher la balance en faveur d’une compréhension symbolique des chérubins. A notre avis, seule une interprétation assez littérale de Genèse 3 permettrait d’inverser la tendance. En effet, si l’on considère le récit de la chute comme un écrit historique stricte, où tous les éléments doivent être compris dans son sens premier, littéral, alors il doit en être de même pour les chérubins qui doivent être des êtres réels. Mais pour notre part, nous considérons que le langage utilisé dans ce récit emprunte au langage mythologique et use du symbolique pour relater le fait historique de la chute de l’homme. Selon cette interprétation, les chérubins gardiens de l’arbre de la vie peuvent très bien être des symboles.
Si les chérubins sont des êtres symboliques, il faut en comprendre le sens. La signification du symbole est lié à la fonction qui est attribuée aux chérubins, celle de manifester la présence de Dieu. Ainsi, par les chérubins, c’est Dieu qui interdit à l’homme le retour à l’arbre de la vie. Les chérubins du tabernacle et du temple manifestent la présence particulière de Dieu en ces lieux. L’expression yoshev hakerouvîm désigne le lieu de résidence céleste de Dieu. Et c’est dans le cadre d’une théophanie que les chérubins portent Dieu ou son trône. Nous proposons donc de voir dans les chérubins des symboles de la présence de Dieu.
Pour terminer cette synthèse nous proposons une définition des chérubins bibliques : il s’agit d’êtres symboliques, représentés sous la forme de créatures hybrides ailées et dont la fonction est de manifester la présence de Dieu, en étant porteurs de Dieu ou gardiens.

2. Conclusion
En guise de conclusion, nous suggérerons quelques idées de prolongements possibles à notre travail. Il va de soi que nous ne développerons pas ces idées qui, chacune, mériterait une étude approfondie.
Une réflexion sur l’art pourrait être menée à partir des chérubins. Y a-t-il un art « religieux », opposé à un art « profane » ? Les chérubins gravés ou sculptés qui ornaient le tabernacle et le temple de Salomon étaient des oeuvres d’art. C’est un art que l’on pourrait qualifier de « religieux » puisqu’il est lié au domaine cultuel. Or, en particulier pour le temple, Salomon fit appel aux talents d’artistes tyriens. Comme nous l’avons vu, nul doute que la forme des chérubins fut fortement influencée par le style habituel de ces artistes. Et plus globalement, nous avons vu combien l’apparence des créatures mythologiques du Proche- Orient ancien eut une forte influence sur celle des chérubins bibliques.
Sans entrer dans le débat, il nous semble que ces quelques remarques permettent de mettre en doute une distinction religieux/profane trop radicale dans l’art. A l’instar de Salomon avec Hiram de Tyr, il est tout à fait concevable que les chrétiens fassent appel à des artistes non-chrétiens (musiciens, architectes, peintres…) pour enrichir leur culte à Dieu. Sans doute à cause de la grâce commune, des artistes incroyants sont également capables de créer des oeuvres qui puissent glorifier le Seigneur.
Les prophètes sont-ils des artistes ? Cette question un peu lapidaire concerne en fait le processus d’élaboration des visions prophétiques. Le prophète est-il aussi actif dans ce processus, son imagination est-elle mise en oeuvre, est-il une sorte de poète dirigé par l’Esprit de Dieu ? Les visions d’Ezéchiel, en particulier ses chérubins, avaient pour origine des objets (les statues du temple) ou des phénomènes réels (nuage d’orage). La touche personnelle du prophète est sensible. Et nous avons sans doute là la marque de la composante humaine dans le processus de révélation de la Parole de Dieu.
Notre étude sur les chérubins permet donc de percevoir que l’expression artistique est un moyen particulièrement adéquat pour l’homme de parler du divin, et pour Dieu de se révéler à l’homme.

 

« J’attens la resurrection des mort »

16 septembre, 2014

http://www.orthodoxie.com/wp-content/uploads/2014/03/Fresque_paroisse-Sartrouville.pdf

L’ESPÉRANCE DE CHARLES PEGUY

16 septembre, 2014

http://www.paroisse-sthugues-bonnevaux.fr/spip.php?article198&lang=fr

L’ESPÉRANCE DE CHARLES PEGUY

La foi que j’aime le mieux, dit Dieu,
c’est l’espérance.
La foi, ça ne m’étonne pas,
ça n’est pas étonnant.
J’éclate tellement dans ma création.

Mais l’espérance, dit Dieu,
voilà ce qui m’étonne.
Ça c’est étonnant,
que ces pauvres enfants voient comment tout ça se passe
et qu’ils croient que demain ça ira mieux,
qu’ils voient comment ça se passe aujourd’hui
et qu’ils croient que ça ira mieux demain matin.

Ça c’est étonnant
et c’est bien la plus grande merveille de notre grâce.
Et j’en suis étonné moi-même.

Il faut, en effet, que ma grâce soit d’une force incroyable,
et qu’elle coule d’une source
et comme un fleuve inépuisable.

La petite espérance s’avance entre ses deux grandes sœurs,
et on ne prend seulement pas garde à elle.
Sur le chemin du salut,
sur le chemin charnel,
sur le chemin raboteux du salut,
sur la route interminable,
sur la route entre ses deux sœurs,
la petite espérance s’avance.

C’est elle, cette petite, qui entraîne tout.
Car la foi ne voit que ce qui est,
Et elle, elle voit ce qui sera.

La charité n’aime que ce qui est,
Et elle, elle voit ce qui sera.
La foi voit ce qui est dans le temps et l’éternité.

L’espérance voit ce qui sera dans le temps et l’éternité.
Pour ainsi dire dans le futur de l’éternité même.

Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu

CIERGES ET BOUGIES: LEUR SIGNIFICATION ET SYMBOLISME (IERA MONI VATOPEDI)

16 septembre, 2014

http://stmaterne.blogspot.it/2011/03/cierges-et-bougies-leur-signification.html

CIERGES ET BOUGIES: LEUR SIGNIFICATION ET SYMBOLISME (IERA MONI VATOPEDI)

http://vatopaidi.wordpress.com/2009/09/16/%E2%80%9Cthese-truths-we-hold%E2%80%9D-part-ix/

Allumer un cierge et des lampes d’icônes (lampadas) a une signification symbolique spéciale dans l’Église Chrétienne, et on ne saurait accomplir d’Office Chrétien sans cela. Dans l’Ancien Testament, lorsque le premier Temple de Dieu a été construit sur terre – le Tabernacle – les Offices y étaient célébrés avec des lampes, comme le Seigneur Lui-même l’avait ordonné (Exode 40,5; 40,25). Suivant l’exemple de l’Église de l’Ancien Testament, l’allumage des cierges et des lampadas n’a pas manqué d’être inclus dans les Offices de l’Église du Nouveau Testament.
Le Livre des Actes d’Apôtres mentionne l’allumage de lampes pendant les Offices à l’époque des Apôtres. Ainsi, à Troas, où les disciples du Christ se réunissaient le premier jour de la semaine (dimanche), afin de « rompre le Pain, » à savoir célébrer l’Eucharistie, il y avait beaucoup de lampes dans la chambre haute (Actes 20,8). Cette référence à un grand nombre de lampes signifie qu’elles ne servaient pas qu’à l’éclairage mais pour leur signification spirituelle.
L’antique rituel Chrétien d’apporter une lampe pour l’office vespéral a mené à l’actuel ordo des Vêpres avec son entrée et au chant de l’ancien hymne « Joyeuse Lumière, » qui exprime l’enseignement Chrétien de la lumière spirituelle qui illumine l’homme – le Christ, la Source de la Lumière qui donne la grâce. L’ordo de l’Office des Matines est aussi lié à l’idée de la Lumière Incrée du Christ, manifestée dans Son Incarnation et Sa Résurrection.
Les Pères de l’Église témoignent aussi de la signification spirituelle des cierges. Au 2ème siècle, Tertullien écrivait « Nous ne célébrons jamais un Office sans cierges, et pourtant nous ne les utilisons pas simplement pour disperser les ténèbres de la nuit – nous célébrons aussi nos Offices en plein jour – mais afin de représenter de la sorte le Christ, la Lumière Incréée, sans Qui en plein jour nous errerions comme si nous étions perdus dans les ténèbres de la nuit » (Oeuvres, 3ème éd., Kiev, 1915, p.76). Saint Jérôme écrivait au 4ème siècle que « dans toutes les Églises d’Orient, on allume des cierges même quand il fait jour, lorsque l’on va lire les Évangiles, en vérité non pas pour dissiper les ténèbres, mais comme signe de joie.. afin que par cette lumière matérielle nous puissions ressentir la Lumière dont nous lisons dans les Psaumes (119,105) : Ta Parole, lampe à mes pieds, et lumière sur mon chemin » (Oeuvres, 4ème partie, 2ème édition, Kiev, 1900) [Traité contre Vigilantius, ndt]
Saint Sophrone, patriarche de Jérusalem, écrivait au 7ème siècle : « Les lampadas et les cierges représentent la Lumière Éternelle, et aussi la lumière qui rayonne du juste » (« écrits des saints pères, Saint-Petersbourg 1855, vol 1). Suite au « horos » des saints pères du 7ème Concile Oecuménique, dans l’Église Orthodoxe, les saintes Icônes et reliques, la Croix du Christ et le saint Évangile ont à être honorés par encensement et bougies.
Et saint Siméon de Thessalonique (15ème siècle) écrivait que « l’on allume aussi des cierges devant les Icônes des saints, par honneur pour leurs bonnes oeuvres qui resplendissent en ce monde » (oeuvres, Moscou, 1916, p. 108).
Le fidèle Orthodoxe allume des cierges devant les Icônes comme signe de sa foi et de son espérance dans l’aide de Dieu, qui est toujours accordée à ceux qui se tournent vers Lui et vers Ses saints avec foi et prières. La bougie est aussi un symbole de notre amour brûlant et reconnaissant envers Dieu. Pendant la lecture des 12 Évangiles de la Passion, lors des Matines du Vendredi Saint, les fidèles se tiennent avec une bougie ou un cierge à la main, remémorant les souffrances du Seigneur et brûlant d’amour pour Lui. Une ancienne coutume chez les Chrétiens Orthodoxes de tradition russe est de ramener à la maison un cierge allumé durant cet Office, et de tracer un Signe de Croix avec sa flamme sur leur porte, en souvenir des souffrances de notre Seigneur et comme protection contre le mal.
Lors des Vêpres du Vendredi Saint, quand l’Epitaphion / Plashchanitsa (linceul) est amené depuis l’Autel et aussi pendant les Matines des Lamentations le Samedi Saint, les fidèles se tiennent avec une bougie allumée, comme signe d’amour pour le Christ crucifié et décédé, montrant leur foi dans Sa radieuse Résurrection. Pour Pâques, au moment de la procession autour de l’église, en mémoire des femmes Myrophores qui étaient venues avec des lampes allumées au sépulcre du Seigneur, les fidèles s’avancent avec une bougie allumée à la main, qu’ils gardent jusqu’à la fin de la Liturgie pascale, exprimant leur grande joie et le triomphe spirituel.
Depuis les temps anciens, lors des offices hiérarchiques, on emploie des porteurs de cierges. Les fidèles se courbent avec révérence lorsqu’ils sont bénis par l’évêque avec le dikeri – le cierge double représentant les deux Natures du Christ, Sa divinité et Son humanité – et le trikeri – le cierge triple représentant la Sainte Trinité. On allume aussi cierges et bougies pendant la célébration de la sainte Eucharistie.
Le saint Baptême est célébré avec le prêtre portant tous ses habits liturgiques et tous les cierges et bougies sont allumés. Trois cierges sont allumés devant le font baptismal comme signe que le Baptême est accompli au Nom de la Sainte Trinité. Et la personne qui va être baptisée (si c’est un adulte) ainsi que ses parrain et marraine, tiennent un cierge en main pendant la procession autour du font baptismal, exprimant ainsi la joie de l’entrée d’un nouveau membre dans l’Église du Christ.
Lors de la cérémonie de mariage, le prêtre remet un cierge allumé à l’époux et à l’épouse avant qu’ils n’entrent dans l’église pour y recevoir le Sacrement de Mariage; ils garderont ce cierge allumé en main tout au long de la cérémonie afin de symboliser leur profond amour l’un pour l’autre, et leur désir de vivre avec la bénédiction de l’Église.
Lors du Sacrement des Malades, on allume 7 bougies autour du récipient d’huile bénite, comme signe de l’action de la grâce venant des dons du Saint Esprit. Et lorsque le corps d’une personne décédée est apporté à l’église, on place 4 cierges autour du cercueil afin de former une croix, pour montrer que le défunt est Chrétien. Pendant l’Office des funérailles, de même que les Offices de commémoration, les fidèles se tiennent avec une bougie allumée, comme signe que l’âme du défunt a quitté ce monde et est entrée dans le Royaume des Cieux – celui de la Lumière de Dieu, celle qui jamais ne s’éteint.
Pendant la Liturgie des Présanctifiés, dans la partie Vêpres, le prêtre béni l’assemblée avec un cierge allumé et un encensoir, proclamant « La Lumière du Christ illumine tout! » La veille de la Nativité du Christ et de la Théophanie, on place un cierge allumé devant l’Icône de la fête, qui est placée au milieu de l’église, pour nous rappeler la naissance et la venue sur terre du Christ notre Sauveur, le Donateur de la Lumière. Lors de toutes les Divines Liturgies, des cierges allumés sont portés en procession dans diverses parties de l’office liturgique.
On allume donc des cierges, bougies et lampadas lors de tous les offices religieux, et cela avec une grande varité de significations spirituelles et symboliques. « En effet le Dieu qui a dit: Que des ténèbres resplendisse la lumière, est Celui qui a resplendi dans nos coeurs, pour faire briller la connaissance de la gloire de Dieu, qui est sur la face du Christ » (2 Co 4,6). Dès lors, allumer des cierges à l’église est aussi une expression pour les fidèles de leur adoration et amour de Dieu, leurs sacrifices pour Lui, et en même temps leur joie et le triomphe spirituel de l’Église. En se consummant, les cierges nous rappellent la Lumière qui ne s’éteint jamais, celle qui réjouit les âmes des justes qui sont dans le Royaume des Cieux pour avoir plu à Dieu.
Extrait de « These Truths We Hold – The Holy Orthodox Church: Her Life and Teachings ». Compiled and Edited by A Monk of St. Tikhon’s Monastery. Copyright 1986 by the St. Tikhon’s Seminary Press, South Canaan, Pennsylvania 18459.

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Métropolite Vitaly : « Les cierges sont apparus dans toutes les églises Orthodoxes aux premiers siècles de notre ère. Eusèbe de Césarée rapporte que pendant la vigile pascale, les fidèles allumaient une telle quantité de bougies que la nuit semblait être comme le jour. C’était des cierges de cire, dont la taille les faisait ressembler plutôt à des cierges-pilliers actuels »
Parish Life, mai 1988

 

 

Un jour Abba Lot alla voir Abba Joseph, et lui dit : « Abba, selon ce que je peux, je fais mon petit Office de prière, je jeûne un peu, je prie et je médite, je vis en paix, et autant que je peux, je purifie mes pensées. Que puis-je donc faire d’autre ? » L’ancien se leva, il étendit ses mains vers le ciel, et ses doigts devinrent comme dix lampes de feu. Et il dit à Abba Lot : « Si tu le veux, tu peux devenir tout entier comme un feu ».

 

La signification des bougies dans les Offices (saint Jean de Cronstadt)
http://orthodoxservices.blogspot.com/2007/07/meaning-of-candles-in-services.html
Les cierges qui brûlent sur l’Autel représentent la Lumière incréée de la Trinité, car le Seigneur demeure dans une lumière qu’on ne saurait approcher. Ils représentent aussi le feu de la Divinité qui détruit notre impiété et nos péchés. Les bougies que l’on allume devant les icônes du Sauveur signifient qu’Il « est la Vraie Lumière qui illumine tout homme venant dans le monde » (Jean 1,9); en même temps, Il est un feu qui englobe et ravive nos âmes et nos corps. Les cierges allumés devant les icônes de la Mère de Dieu sont un symbole du fait qu’elle est la Mère de la Lumière Inapprochable, et aussi de son amour si pur et brûlant pour Dieu, et de son amour pour l’humanité. Les cierges allumés devant les icônes des saints reflètent leur ardent amour pour Dieu, pour Qui ils ont tout donné, abandonnant tout ce à quoi tiennent les hommes dans cette vie, y compris leur propre vie, comme l’ont fait les saints apôtres, les martyrs et tant d’autres. Ces bougies signifient aussi que ces saints sont des lampes qui brûlent pour nous, et nous apportent la lumière par leur propre vie de sainteté, leurs vertus, et leur ardente intercession pour nous devant Dieu par leurs constantes prières jour et nuit. Les cierges qui brûlent sont là aussi pour représenter notre ardent zèle et notre sincère sacrifice que nous faisons par dévotion et reconnaissance envers eux pour leur sollicitude en notre faveur devant Dieu.

Saint Nicolas Velimirovic : Les lampes de vigiles sont allumées pour nombre de raisons
http://96.0.18.35/forum/viewtopic.php?p=1452&hilit=deeds
1. Parce que notre foi est lumière. Le Christ a dit « Je suis la Lumière du monde » (Jean 8,12). La lumière des lampadas nous rappelle cette Lumière par laquelle le Christ illumine nos âmes.
2. Afin de nous rappeler le caractère radieux du saint devant l’icône duquel nous allumons la lampada, car les saints sont appelés « fils de la Lumière » (Jean 12,36; Luc 16,8).
3. Afin de nous servir de reproche pour nos oeuvres de ténèbres, nos mauvais désirs et pensées, et afin de nous appeler à revenir sur le chemin de la lumière évangélique; de sorte que nous nous efforcions avec plus de zèle à accomplir le commandement du Sauveur « que votre lumière brille devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes oeuvres » (Mathieu 5,16).
4. Afin que la lampada soit notre petit sacrifice à Dieu, Qui S’est donné Lui-même entièrement en sacrifice pour nous, et comme petit signe de notre grande gratitude et de notre ardent amour pour Celui dont nous demandons en prière pour la vie, la santé, et le Salut, et toutes choses que seul un infini amour céleste pourrait nous donner.
5. Afin que la terreur frappe les puissances du mal, qui nous attaquent parfois même pendant la prière et nous écartent les pensées loin du Créateur. Les puissances maléfiques aiment les ténèbres et tremblent devant toute lumière, en particulier celle qui appartient à Dieu et à ceux qui Lui plaisent.
6. Afin que cette lumière nous guide vers le désintéressement. De même que l’huile et la mèche (ou la cire) brûlent dans la lampada, soumises notre volonté, que nos âmes brûlent aussi de la flamme de l’amour dans toutes nos souffrances, étant toujours soumises à la volonté de Dieu.
7. Afin de nous enseigner que de même que la lampada ne sait pas s’allumer sans notre intervention, ainsi notre coeur, qui est notre lampe intérieure, ne sait pas s’allumer sans le saint feu de la Grâce de Dieu, quand bien même nous serions remplis de toutes les vertus. Car toutes nos vertus ne sont, après tout, que comme du combustible, mais le feu qui les consomme provient de Dieu.
8. Afin de nous rappeler qu’avant toute chose, le Créateur du monde a créé la lumière, et puis ensuite tout le restant dans l’ordre : « Et Dieu dit ‘que lumière soit’, et lumière fut » (Genèse 1,3). Et cela doit aussi être un commencement pour notre vie spirituelle, afin qu’avant toute chose, la lumière de la vérité du Christ brille en nous. De cette lumière de la vérité du Christ naîtra tout bien, qui jaillira et grandira en nous.
saint Nicolas, évêque de Zica et Ochrid
et quand nous n’avons pas la possibilité d’allumer nos cierges.. ils s’allument tous seuls!

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