Archive pour septembre, 2014

LE NOUVEL AN JUIF – ROSH HASHANA

24 septembre, 2014

http://www.massorti.com/Le-nouvel-an-juif

LE NOUVEL AN JUIF – ROSH HASHANA

Quelques explications -

Rosh Hashana c’est quoi ? En savoir un peu plus sur le nouvel an juif.

Rosh Hashana est le nouvel an juif, l’expression Rosh Hashana veut littéralement dire tête de l’année. Rosh Hashana est toujours à la fin de l’été, début de l’automne, le 1er du mois de Tishri dans le calendrier hébraïque, le mois le plus chargé de fêtes juives puisqu’il cumule Rosh Hashana, Yom Kippour et Soukkot.
Rosh Hashana est une fête à la fois joyeuse, marquée par un kiddoush et des repas en famille, mais aussi austère du fait d’une longue liturgie emprunte de grande solennité mettant l’accent sur la culpabilité humaine et le jugement de Dieu. On résout cette contradiction entre joie et gravité en affirmant que notre confiance dans le jugement de Dieu nous rend joyeux.
Le rite principal de Rosh Hashana est la sonnerie du Shofar durant l’office du matin, à la synagogue. Le shofar est une corne de bélier de laquelle on extrait une série de sons bien définis à leur longueur : Tekya, shevarim et teroua. On agence ces différents sons, pas moins d’une centaine, afin d’exprimer les différentes combinaisons possibles entre les différents rythmes.
Le moment de la sonnerie du shofar est considéré comme un des plus solennels de l’année juive, celui qui sonne s’appelle le Baal Tekya et doit être très concentré, l’assemblée se recueille particulièrement pour écouter ces sonneries.
Sur le plan de la Halakha, Rosh Hashana est un Yom Tov, un jour de fête chômé durant lequel aucun travail ne doit être exécuté. On applique les mêmes interdits que pour shabbat à l’exception de la cuisson des repas et de la possibilité de porter.
Depuis l’époque talmudique, à cause de doutes sur l’exactitude du calendrier, on respecte deux jours de Rosh Hashana, y compris en Israël. Mais à l’origine, il n’y avait qu’un jour de Rosh Hashana (les communautés réformées sont revenues à un seul jour, mais ni les communautés massorti, ni les communautés orthodoxes).
Si Rosh Hashana tombe un samedi, on ne sonne pas de Shofar par respect du Shabbat et on ne sonne que le jour suivant.
Dans la Bible, cette fête ne s’appelle pas Rosh Hashana, mais Yom Teroua, jours des sonneries, et sa signification originelle n’est pas explicitée.
Il semble que la coutume de compter les années à partir de ce jour soit tardive et on n’en trouve aucune trace avant la Mishna au 3e siècle. Celle-ci se souvient d’ailleurs d’une pratique de commencer l’année à partir du 1er Nissan, au printemps, ce qui est également signalé dans d’autres sources comme le livre des Macchabées. Dans la tradition rabbinique, c’est le 1er Tishri qui l’emporte et qui est considéré comme le jour anniversaire du monde et le jour de son jugement annuel.
Mais les rabbins, qui aiment la complication, ont recensé pas moins de quatre Rosh Hashana ! un pour les années, un autre pour les mois, un troisième pour les arbres et un quatrième pour les animaux. Pour ce qui concerne les arbres et les animaux, le sens était fiscal et il s’agissait d’avoir une date de référence en vue des dons au temple. De nos jours, le nouvel an des arbres (Tou beshevat) est devenu une sorte de fête écologique, occasion de manger des fruits et de planter des arbres. Du fait que les années sont comptées à partir de Tishri, alors que les mois le sont à partir de Nissan, on obtient ce résultat étrange que si Rosh Hashana est le 1er Tishri, Tishri est le 7e mois !
Dans le calendrier juif nous entrons cette année dans l’an 5773 à dater de la création du monde.
L’idée de compter à partir de la création du monde est apparue tardivement dans le judaïsme, en fait pour se démarquer du compte chrétien à partir de Jésus. Ce compte est symbolique et repose sur un calcul à partir des récits bibliques. Il n’a donc aucune valeur scientifique ou historique. Par contre, il est intéressant de constater que le judaïsme prend pour référence un évènement par nature universel et une époque où les Juifs n’existaient pas encore.
Rosh Hashana est relié à Yom Kippour qui survient 10 jours plus tard, le 10 Tishri. Rosh Hashana est considéré comme le jour de jugement (yom hadin) et Kippour comme le jour du pardon. Entre les deux, il y a les jours de pénitence (de teshouva), moment de délibération céleste durant lequel l’homme doit revenir à de meilleures résolutions. L’idée centrale de Rosh Hashana est donc que nous devons faire Teshouva.
La Teshouva est une notion qui mérite explication : il s’agit littéralement de donner réponse. Comme si notre conscience nous interrogeait et qu’il fallait lui répondre, c’est-à-dire la calmer en revenant à de meilleures résolutions.
On dit de quelqu’un qui est devenu pratiquant qu’il a fait Teshouva, mais ce n’est pas tout à fait le sens de ce terme. Il ne s’agit pas tant de pratique religieuse que d’éthique. Nous devons travailler vraiment sur nous même pour faire Teshouva et pas seulement nous fondre dans un moule religieux, même si celui-ci est bien sûr là pour nous aider à être meilleurs.
L’idée de la teshouva est centrale pour la pensée juive, c’est le fait que l’humain n’est pas enfermé dans un déterminisme inéluctable et soumis à des forces insurmontables, au contraire, l’humain peut se surpasser et devenir meilleur, il peut se changer et changer le monde. Rien n’est écrit une fois pour toute et si on insiste fortement sur la culpabilité, elle n’est pas écrasante, mais responsabilité par rapport à nos actes qui peuvent tous être améliorés.
Sur la base de la Mishna, Maimonide a codifié les lois de la Teshouva. Il explique entre autre que le véritable maitre de la Teshouva est celui qui se retrouve dans les mêmes conditions que celles où il a échoué par le passé, mais résiste et ne faute plus. Cette non récidive exige une véritable révolution intérieure et une grande maitrise de soi.
Même si on n’atteint pas le niveau très élevé du « Baal Teshouva », nous devons profiter des grandes solennités de Tishri, Rosh Hashana et Kippour pour commencer ce retour et ébranler nos mauvaises habitudes. C’est donc nos murailles intérieures que vient faire tomber la sonnerie du shofar, tout comme le shofar servit à faire tomber les murailles de Jéricho dans le récit biblique.
Il va de soi qu’un véritable et complet processus de Teshouva ne peut se faire du jour au lendemain. Mais une prise de conscience est possible et à partir de celle-ci un long travail sur soi peut commencer. C’est pourquoi le calendrier des fêtes s’étale sur plusieurs jours et surtout que ce cycle de Teshouva est repris d’années en années.
Dès avant Rosh Hashana on récite tôt le matin les selikhot qui sont des prières implorant le pardon. Les séfarades commencent les selikhot au début du mois d’Elloul et les ashkénazes la semaine précédent Rosh Hashana. On continue ces slikhot jusqu’à Kippour. Ces poèmes liturgiques, dont certains sont admirables, constituent également le cœur du rituel de Kippour. Dès le début du mois d’Elloul on sonne brièvement du shofar chaque matin.
Le shofar de Rosh Hashana rappelle également le bélier sacrifié par Abraham à la place de son fils Isaac. La lecture biblique principale à Rosh Hashana est le récit de la ligature d’Isaac, akédat Yitsh’ak, qui représente de la part d’Abraham comme de son fils Isaac, lié sur l’autel du sacrifice, la brisure parfaite de l’égo et la soumission à la souveraineté divine.
Cette souveraineté divine est particulièrement mise en avant dans la liturgie de Rosh hashana et l’on insiste sur le fait que Dieu est roi de l’univers, melekh !
A Rosh Hashana, on insiste également sur l’importance de la Tefila, la prière et son influence positive sur l’âme humaine. La liturgie juive atteint alors son sommet, et les compositions musicales qui l’accompagnent sont particulièrement grandioses. Pour un Hazan, un chantre de synagogue, Rosh Hashana et Kippour sont des occasions incomparables d’exercer son art.
On parle aussi beaucoup de Tsedaka, la charité ou plus précisément le fait de soutenir les autres, même modestement. Il s’agit donc aussi de reconstruire un tissu social déliquescent et de mettre l’accent sur la solidarité.
On dit qu’à chaque Rosh Hashana, Dieu fait le bilan du monde. Celui-ci serait trop coupable pour ne pas mériter d’être détruit et chaque individu trop plein de défauts pour mériter de vivre, mais la miséricorde sauve tout. Il faut donc se souvenir de notre petitesse et assumer nos faiblesses. La sonnerie du Shofar vient ainsi briser notre cœur et notre orgueil. C’est alors que l’on peut revenir à de meilleures dispositions et demander pardon.
Dans le Talmud, on dit de façon imagée qu’à Rosh Hashana, un grand registre céleste est ouvert dans le ciel, Dieu fait les comptes et prend note… Celui qui aura assez de mérites sera inscrit directement dans le « Livre de la vie », le méchant sera inscrit dans le « Livre de la mort » et le moyen devra attendre le verdict positif de Yom Kippour. D’où l’expression « soyez inscrit dans le livre de la vie » « גמר חתימה טובה » qu’on se souhaite les uns aux autres.
Sur les cartes de vœux de bonne année, on emploie aussi diverses formules traditionnelles en allusion à cet examen de passage, mais le souhait le plus courant reste tout simplement « שנה טובה » « bonne année ».
La coutume de la pomme dans le miel marque le premier repas de l’année, c’est-à-dire le soir de Rosh Hashana. On l’accompagne du souhait : « que cette année soit bonne et douce ». C’est une coutume ashkénaze, mais il en existe beaucoup d’autres : on mange de la tête de poisson en ce souhaitant d’être à la tête et non à la queue… on mange aussi des grenades en se souhaitant avoir autant de mérites que la grenade a de grains… En Afrique du Nord, certains font même un véritable « seder de Rosh Hashana », cela consiste à manger une série de mets à portée symbolique accompagnés d’une formule adéquate faisant un jeu de mot sur le nom ou la forme de l’aliment.
L’après midi de Rosh Hashana, on fait le Tashlikh. Il s’agit d’aller au bord d’une source d’eau, lac ou rivière et de réciter des versets faisant allusion à l’eau purificatrice et au fait que nos fautes doivent disparaitre dans l’abîme. C’est une coutume relativement ressente, datant du 16e siècle, devenue très populaire et on voit dans toutes les grandes villes des groupes de Juifs venir ensemble « jeter leur fautes aux poissons »…
Il est intéressant de voir qu’une fête sans signification connue dans la Bible et qui n’avait peut-être au départ qu’une valeur administrative, s’est chargée au cours des siècles d’un sens de plus en plus fort, de coutumes de plus en plus riches et surtout d’une dimension morale essentielle.
Rosh Hashana est donc un jour joyeux, mais aussi grave et l’occasion de penser à se renouveler et à s’améliorer. Cela passe par la confiance en nos capacités à être meilleurs et par l’idée que l’homme se façonne toute sa vie pour chercher à être digne de se présenter devant son créateur avec humilité mais aussi fierté du chemin parcouru.

Yeshaya Dalsace

PAPE FRANÇOIS : AUDIENCE GÉNÉRALE – 17.9.14

24 septembre, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2014/documents/papa-francesco_20140917_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

MERCREDI 17 SEPTEMBRE 2014

Chers frères et sœurs, bonjour.

Cette semaine, nous continuons de parler de l’Église. Lorsque nous professons notre foi, nous affirmons que l’Église est « catholique » et « apostolique ». Mais quelle est réellement la signification de ces deux mots, de ces deux aspects caractéristiques de l’Église ? Et quelle valeur ont-ils pour les communautés chrétiennes et pour chacun de nous ?
Catholique signifie universelle. Une définition complète et claire nous est offerte par l’un des Pères de l’Église des premiers siècles, saint Cyrille de Jérusalem, lorsqu’il affirme : « L’Église est sans aucun doute dite catholique, c’est-à-dire universelle, du fait qu’elle s’est diffusée partout, d’une extrémité à l’autre de la terre ; et qu’universellement et immanquablement elle enseigne toutes les vérités qui doivent parvenir à la connaissance des hommes, tant en ce qui concerne les choses célestes que les choses terrestres » (Catéchèse XVIII, 23).
Le signe évident de la catholicité de l’Église est qu’elle parle toutes les langues. Et cela n’est autre que l’effet de la Pentecôte (cf. Ac 2, 1-13) : c’est l’Esprit Saint, en effet, qui a rendu les apôtres et l’Église tout entière capables de faire retentir à tous, jusqu’aux extrémités de la terre, la Belle Nouvelle du salut et de l’amour de Dieu. Ainsi, l’Église est née catholique, c’est-à-dire « symphonique » dès ses origines, et ne peut qu’être catholique, projetée vers l’évangélisation et la rencontre avec tous. La Parole de Dieu aujourd’hui se lit dans toutes les langues, tous disposent de l’Evangile dans leur langue, pour le lire. Et je reviens sur le même concept : il est toujours bon d’avoir avec nous un petit Évangile, pour l’emporter dans sa poche, dans son sac, et d’en lire un passage au cours de la journée. Cela nous fait du bien. L’Évangile est diffusé dans toutes les langues parce que l’Église, l’annonce de Jésus Christ Rédempteur, est dans le monde entier. C’est pourquoi on dit que l’Église est catholique, parce qu’elle est universelle.
Si l’Église est née catholique, cela veut dire qu’elle est née « en sortie », qu’elle est née missionnaire. Si les apôtres étaient restés là, au cénacle, sans sortir pour apporter l’Évangile, l’Église serait uniquement l’Église de ce peuple, de cette ville, de ce cénacle. Mais tous sont sortis pour aller dans le monde, depuis la naissance de l’Église, depuis que l’Esprit Saint est descendu sur eux. C’est pourquoi l’Église est née « en sortie », c’est-à-dire missionnaire. C’est ce que nous exprimons en la qualifiant d’apostolique, parce que l’apôtre est celui qui apporte la bonne nouvelle de la Résurrection de Jésus. Ce terme nous rappelle que l’Église, sur le fondement des apôtres et en continuité avec eux — ce sont les apôtres qui sont allés et ont fondé de nouvelles églises, qui ont constitué de nouveaux évêques et cela dans le monde entier, dans une continuité ; aujourd’hui, nous sommes tous dans la continuité de ce groupe d’apôtres qui a reçu l’Esprit Saint et qui est allé en « sortie », pour prêcher —, est envoyée pour apporter à tous les hommes cette annonce de l’Évangile, en l’accompagnant par les signes de la tendresse et de la puissance de Dieu. Cela aussi dérive de l’événement de la Pentecôte: en effet, c’est l’Esprit Saint qui surmonte toute résistance, qui vainc la tentation de se refermer sur soi-même, entre quelques élus, et de se considérer comme les uniques destinataires de la bénédiction de Dieu. Si par exemple, certains chrétiens font cela et disent : « Nous sommes les élus, nous seuls », à la fin, ils meurent. Ils meurent d’abord dans leur âme, puis ils mourront dans leur corps, parce qu’ils n’ont pas de vie, ils ne sont pas capables d’engendrer la vie, d’autres personnes, d’autres peuples: ils ne sont pas apostoliques. Et c’est précisément l’Esprit qui nous conduit vers nos frères, même ceux qui sont le plus éloignés dans tous les sens, afin qu’ils puissent partager avec nous l’amour, la paix, la joie que le Seigneur Ressuscité nous a laissés en don.
Que signifie, pour nos communautés et pour chacun de nous, faire partie d’une Église qui est catholique et apostolique ? Avant tout, cela signifie avoir à cœur le salut de toute l’humanité, ne pas se sentir indifférents ou étrangers face au destin d’un grand nombre de nos frères, mais ouverts et solidaires à leur égard. Cela signifie en outre avoir le sens de la plénitude, de la totalité, de l’harmonie de la vie chrétienne, en repoussant toujours les positions partielles, unilatérales, qui nous referment sur nous-mêmes.
Faire partie de l’Église apostolique signifie être conscients que notre foi est ancrée à l’annonce et au témoignage des apôtres de Jésus eux-mêmes — elle est ancrée là, c’est une longue chaîne qui vient de là — ; et donc se sentir toujours envoyés, se sentir mandatés, en communion avec les successeurs des apôtres, pour annoncer, le cœur plein de joie, le Christ et son amour à toute l’humanité. Et je voudrais rappeler ici la vie héroïque de nombreux, de très nombreux hommes et femmes missionnaires qui ont quitté leur patrie pour aller annoncer l’Évangile dans d’autres pays, sur d’autres continents. Un cardinal brésilien, qui travaille beaucoup en Amazonie, me disait que lorsqu’il va dans un endroit, dans un village ou dans une ville de l’Amazonie, il se rend toujours au cimetière et là, il voit les tombes de ces missionnaires, prêtres, frères, sœurs, qui sont allés prêcher l’Évangile des apôtres. Et il pense : ils peuvent être tous canonisés maintenant, ils ont tout quitté pour annoncer Jésus Christ. Rendons grâce au Seigneur parce que notre Église possède de nombreux missionnaires, a eu tant de missionnaires et en encore davantage besoin ! Rendons grâce au Seigneur pour cela. Peut-être parmi tant de jeunes, garçons et filles, qui sont ici, quelqu’un a envie de devenir missionnaire : allez-y ! C’est beau d’apporter l’Évangile de Jésus. Soyez courageux et courageuses !
Demandons alors au Seigneur de renouveler en nous le don de son Esprit, afin que chaque communauté chrétienne et que chaque baptisé soit une expression de notre sainte mère l’Église catholique et apostolique.

 

Icon of the Mother of God “the Unexpected Joy”

23 septembre, 2014

 Icon of the Mother of God “the Unexpected Joy” dans images sacrée 0501bUnexpectedjoy

http://oca.org/saints/lives/2014/01/25/100313-icon-of-the-mother-of-god-ldquothe-unexpected-joyrdquo

LE BONHEUR COMME ÉTAT NATUREL – LA JOIE EST-ELLE UNE CONSÉQUENCE OU UNE CAUSE ?

23 septembre, 2014

http://www.aschkel.info/article-35676603.html

LE BONHEUR COMME ÉTAT NATUREL – LA JOIE EST-ELLE UNE CONSÉQUENCE OU UNE CAUSE ?

par Tali Loewenthal

Pour la plupart d’entre nous, le temps des vacances est maintenant révolu. L’atmosphère détendue de l’été a été remplacée par les challenges de la saison nouvelle, que ce soit par les études académiques, le travail ou, tout simplement, la vie quotidienne. A ce moment précis, les gens se demandent parfois : suis-je vraiment heureux ? N’aurais-je pas préféré vivre toujours dans l’ambiance décontractée des vacances, voyager, faire ce que j’ai envie, être libre ?…
En fait, pour un bon nombre de personnes, les mois estivaux étaient tendus et problématiques, pour quelques raisons que ce soient. Comment envisagent-elles les mois de l’automne qui approche ? Avec joie ou appréhension ?
C’est là que la Paracha de cette semaine nous éclaire. Elle révèle que la joie et l’ennui ne sont pas, comme cela pourrait paraître, une sorte de thermomètre de notre situation générale dans la vie : si tout va bien, la personne est heureuse et sinon, elle se sent misérable.
La Torah suggère que la joie est un état d’esprit auquel nous devons aspirer virtuellement dans chaque situation, tout particulièrement quand les choses vont bien, mais même quand, malheureusement, nous subissons des revers de situation.
Une longue section de la Torah décrit les terribles souffrances qui affecteront le Peuple Juif si, quand ils seront en terre Sainte, ils ne servent pas correctement D.ieu. La Torah parle de destruction, de famine, de guerre, de maladie, d’exil. Les péchés qui sont à l’origine de ces punitions terribles semblent être ceux de l’idolâtrie et de la révolte généralisée contre la loi de D.ieu.
Et pourtant surgit une déclaration étonnante. Pourquoi ces terribles événements arrivent-ils ? « Parce que vous n’avez pas servi D.ieu avec joie et un cœur heureux, alors que aviez tout » (Deutéronome 28, 47)
Maimonide écrit que ce verset montre que nous devons servir D.ieu avec joie. Le grand Kabbaliste Rabbi Its’hak Louria propose le même commentaire et c’est un thème central du mouvement ‘hassidique. Nos vies, en tant que Juifs, doivent être joyeuses. Observer les commandements doit se faire joyeusement. Même si nous avons mal agi, peut-être même très mal agi, et que nous regrettons le passé et tentons de nous amender dans l’avenir, nous devons être joyeux que D.ieu nous donne la possibilité de changer.1
Les Maîtres ‘hassidiques nous demandent d’être joyeux même lorsque nous avons de sérieux problèmes ! Rabbi Chnéour Zalman, dans son Tanya, prodigue des conseils pour parvenir à cette joie même lorsque, à D.ieu ne plaise, une personne a de graves soucis concernant la santé, les enfants ou la subsistance, ou encore souffre d’un sentiment de culpabilité désespérant au sujet de son passé ou bien se considère comme une personne terrible dans le présent. Dans chacune de ces situations, il indique un chemin permettant d’atteindre un état d’esprit équilibré et joyeux, malgré toutes les vicissitudes. Cette joie, dit-il, est la clé de la maîtrise de soi. Elle permet à la personne de l’emporter en tant qu’être humain et en tant que Juif, malgré la souffrance.
Paradoxalement, une personne peut éprouver de la souffrance et en même temps ressentir de la joie.2

LA JOIE JUIVE

Les prémices ou le rapport à autrui

par Yossy Goldman

Cette semaine, nous lisons dans la Paracha qu’il était enjoint aux fermiers juifs habitant la terre d’Israël d’apporter au Temple les Bikourim, les premiers fruits de leur récolte, en remerciement à D.ieu pour la terre et ses produits. A la base, les Bikourim nous rappellent qu’il nous faut toujours être reconnaissants pour les bénédictions que nous apporte la vie.
Il est intéressant de noter que la loi ne prit effet que quatorze ans après que le Peuple Juif ne fut entré en Terre Promise. Il fallut sept ans pour conquérir la terre et sept ans encore pour la partager entre les douze tribus d’Israël. Ce n’est qu’une fois ce processus achevé que la loi des premiers fruits s’appliqua.
Mais pourquoi ? Il est sûr que certaines tribus s’étaient déjà installées. Il ne fait aucun doute que ceux des fermiers qui avaient reçu leur part de terre l’avaient déjà plantée et voyaient les premiers fruits de leur labeur. Pourquoi, dans ce cas-là, n’étaient-ils pas, eux, enjoints de montrer immédiatement leur gratitude, en apportant l’offrande des Bikourim ?
Le Rabbi nous explique qu’en nous commandant cette Mitsva, la Torah utilise la phrase : « Et tu te réjouiras de tout le bien que D.ieu t’a accordé ». Pour pouvoir pleinement ressentir la joie pour ses propres bénédictions de la vie, un Juif doit savoir que ses frères et ses sœurs ont été également bénis. Tant qu’un Juif savait que certains de ses frères n’étaient pas encore installés sur la terre, il ne pouvait se réjouir pleinement. Puisque la Sim’ha, la joie véritable, était une composante nécessaire de la Mitsva des Bikourim, elle ne pouvait être accomplie que lorsque tout le monde serait satisfait.
Savoir que nos amis et nos cousins se battent encore pour conquérir la terre, ou ne jouissent pas encore des fruits de leur portion, efface en quelque sorte le désir de célébrer, même si nous, personnellement, avons toutes les raisons de nous réjouir. Notre satisfaction ne peut être complète que si nous savons que tout le monde a été exaucé.
Dans son journal, le précédent Rabbi, Rabbi Yossef Its’hak, décrit son arrestation et son emprisonnement par les communistes, dans la Russie de 1927. Rabbi Yossef Its’hak était alors l’héroïque chef spirituel du Judaïsme russe et les Soviétiques l‘avaient condamné à mort pour ses activités religieuses au profit de son peuple (c’est miraculeusement que la sentence fut commuée et que le Rabbi fut libéré après trois semaines d’emprisonnement et neuf jours d’exil). Rabbi Yossef Its’hak était un écrivain très expressif et il a décrit son incarcération et les tortures qu’il a subies aux mains de ses tortionnaires.
L’un des gardes de la prison était incroyablement cruel. Il dit lui-même au Rabbi que, quand il battait et torturait un prisonnier, il tirait tellement de plaisir à regarder l’homme souffrir qu’il pouvait boire son thé sans avoir besoin de sa dose habituelle de sucre. Le spectacle de la torture adoucissait son thé…
Tel était un antisémite vicieux. Mais un Juif vit les sensations inverses. Il ne peut apprécier son thé ou ses premiers fruits tant que son prochain n’est pas encore installé. Le plus doux des fruits prend un goût amer tant que nos frères sont encore dans le besoin.
Ainsi, si vous avez un emploi, pensez à ceux qui sont au chômage. Si vous êtes heureusement mariés, pensez à ceux qui cherchent encore leur âme sœur et essayez de les aider. Et puisque la période des vacances est présente et que vous pouvez faire des frais pour votre famille, n’oubliez pas ceux qui ne peuvent se le permettre. Et quand vous allez bientôt organiser vos repas de fête avec vos amis et votre famille, rappelez-vous d’inviter les solitaires, les veuves et les parents isolés.
Par ce mérite, avec l’aide de D.ieu, nous serons tous bénis d’une nouvelle année douce et joyeuse.

SOMMES-NOUS FAITS POUR LA JOIE ?

23 septembre, 2014

http://www.croire.com/Definitions/Ecole-de-priere/Vie-spirituelle/Sommes-nous-faits-pour-la-joie

SOMMES-NOUS FAITS POUR LA JOIE ?

Mai 2007

Il est souvent question de joie dans les évangiles. De quelle joie s’agit-il ? Ne serait-elle qu’un trait de caractère ? La bonne nouvelle chrétienne est souvent décrite comme une aventure de la joie !

« Je vous ai dit ces paroles pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Évangile de Jean)
Beaucoup de grands saints, comme Dominique ou mère Teresa, étaient joyeux, malgré les difficultés qu’ils ont traversées. Cette joie trouve sa source dans la grande annonce chrétienne : Jésus est ressuscité après sa mort sur la croix, il est vivant ! Cette joie peut donc nous habiter, même dans les difficultés. Mieux : elle nous est donnée et nous pouvons en vivre.

La joie au jour le jour : comment y arriver?
1 – En chaque homme, il y a une attirance vers le divin, il y a le désir d’une rencontre intérieure, personnelle, d’une plénitude de vie. Ce désir-là, on peut le percevoir en soi très tôt, dès l’enfance. Mais il peut aussi se manifester tardivement, au cours d’une expérience spirituelle forte, d’une « conversion » . Dieu répond toujours à ce désir, il se fait connaître à celui qui le lui demande et sa présence le remplit de joie . C’est toujours Dieu qui initie à la joie.
2 – Une fois que Dieu s’est fait connaître, se mettre à son écoute et se laisser aller?à la joie de l’accueillir ! Cette disposition du cour s’acquiert au fur et à mesure de la vie, elle est le fruit d’un cheminement personnel qui est à la fois de l’ordre de l’ascèse et du don de Dieu. Cela se fait dans la prière personnelle, par la lecture de la Parole de Dieu (révélée dans la Bible), par les sacrement de l’Église. En particulier le baptême et l’eucharistie.
3 – Accueillir dans sa vie le beau et le bon, y consentir, les accepter comme un cadeau, s’ouvrir de tout son être à la capacité de reconnaître Dieu comme étant à l’origine de ce bien. La joie, souvent, se vit comme un débordement d’amour. Elle va de pair avec un grand sentiment de paix et de plénitude. Pour le chrétien, elle est alors le fruit de l’action de l’Esprit saint et se vit dans « l’action de grâce ».
4 – Ne pas consentir au travail du malheur sur soi, ne pas céder au rétrécissement de sa vie, au découragement, au défaitisme, mais toujours remercier, rendre grâce pour la vie donnée. Même si les difficultés sont nombreuses ! La vie spirituelle peut être parsemée de vrais moments de doute, de « déserts », de sécheresse du cœur. La prière est impossible, Dieu absent, pire, improbable ! Beaucoup de grands saints, comme la petite Thérèse de Lisieux, ont connu de tels moments. Ils les ont surmontés par la foi et la confiance en Dieu, envers et contre tout.
5 – Souvent le malheur empêche d’accueillir la joie. Trop de malheurs enferment, envahissent la vie et le cœur. L’épreuve est trop grande, pousse au refus, à l’enfermement sur soi. Comment se réjouir alors que les deuils se succèdent, que le chômage guette, que la dépression s’immisce ? C’est impossible… L’épreuve est un obstacle à la vie. Dans ces cas-là, accueillir la souffrance sans se laisser dévorer par elle est une forme de résistance qui conduit à percevoir, au milieu des pires épreuves, une profonde joie. Cela peut sembler impossible et pourtant, beaucoup en témoignent.
6 – Être joyeux c’est vouloir rendre ce que l’on a reçu, c’est vouloir partager ce cadeau, c’est le répandre autour de soi. La joie engage à aimer, elle pousse à reconnaître et approfondir ses qualités profondes. Elle est aussi contagieuse. Qui n’a jamais été séduit par une personnalité joyeuse ? Jésus et ses apôtres, nous disent les évangiles, étaient joyeux, aimaient les fêtes et leurs amis. La joie transforme notre regard sur les gens et les événements. Elle est, profondément, le signe du chrétien.

Saint Matthew (voir le site, intéressant)

22 septembre, 2014

Saint Matthew (voir le site, intéressant) dans images sacrée 16-07
http://schools.nashua.edu/myclass/lavalleev/Art%20History%20Pictures/ch16/index16.html

LE 21 SEPTEMBRE, MÉMOIRE DU SAINT PROPHÈTE JONAS

22 septembre, 2014

http://calendrier.egliseorthodoxe.com/sts/stsseptembre/sept21.html

LE 21 SEPTEMBRE, MÉMOIRE DU SAINT PROPHÈTE JONAS

Jonas était fils d’Amittay, qui était de Gat-hahépher, situé près de la ville d’Azot, sur le bord de la mer, dans le territoire des Philistins. Sa mère était la femme auprès de laquelle fut envoyé le Prophète Elie, lorsque régnait la sécheresse déclenchée par sa prière (1 Rois 17:7-24). Comme elle lui avait offert l’hospitalité alors qu’il ne lui restait plus qu’un pot de farine et une cruche d’huile, Elie la bénit et la farine et l’huile se renouvelèrent jusqu’à la fin de la sécheresse. Jonas était donc le jeune garçon qu’Elie ressuscita des morts en s’étendant sur lui à trois reprises. Lorsque la sécheresse prit fin, Jonas partit pour la Judée, prophétiser sous l’action du Saint Esprit. De là, le Seigneur lui ordonna d’aller prêcher à Ninive sa destruction prochaine, si ses habitants ne se repentaient pas. Pris de peur, Jonas chercha à s’enfuir loin du Seigneur, à Tarsis. Mais Dieu, qui est partout présent et remplit tout, envoya une violente tempête, si bien que le vais
seau sur lequel il avait embarqué menaçait de se briser. Les marins, ayant appris que Jonas était la cause de la tempête, le jetèrent à la mer, qui se calma aussitôt. Au moment où il tombait à l’eau Jonas fut englouti par un énorme monstre marin. Il resta ainsi trois jours et trois nuits, dans le ventre de l’animal, en prophétie du séjour du Christ dans les entrailles de la terre. Trois jours, après la bête le rejeta sur le rivage par ordre de Dieu, en signe de la Résurrection du Christ. Jonas partit donc pour Ninive et pendant trois jours parcourut la ville en prêchant le repentir. A sa surprise, les habitants crurent à sa parole, se repentirent, publièrent un jeûne universel, auquel ils soumirent même leurs animaux, si bien que Dieu apaisa sa colère et ne les châtia pas. Jonas retourna dans sa patrie et emmena avec lui sa mère jusqu’à Assur; car loin de se réjouir de la miséricorde divine, il se lamentait d’avoir prophétisé la destruction de la ville, qui ne s’était pas produite. Mais Dieu lui montra qu’il préfère la miséricorde à la justice et qu’en tout temps Il attend la conversion des pécheurs pour les faire vivre et non mourir. Sa mère mourut et fut enterrée à Assur. Jonas partit alors pour Saraar (ou Senaar), où il décéda et fut enterré dans une grotte. A l’approche de sa fin, il prophétisa que lorsque les hommes verront une pierre élever une voix plaintive et un scarabé attaché au bois crier vers Dieu, alors le temps du salut sera proche. Ils verront alors Jérusalem renversée jusque dans ses fondements. Toutes les nations de la terre y accourreront pour y adorer le Seigneur et voudront déplacer ses pierres vers l’Occident, là où l’on se prosterna devant le Messie. Jérusalem sera méprisée et réduite en ruines. Elle sera la demeure des bêtes sauvages. Alors viendra la fin de toutes choses1.

1. Cette Prophétie ne se trouve pas dans la Sainte Ecriture.

BENOÎT XVI : SAINT MATTIEW – 21 SEPTEMBRE

22 septembre, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060830_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 30 août 2006

SAINT MATTIEW – 21 SEPTEMBRE

Chers frères et soeurs,

En poursuivant la série de portraits des douze Apôtres, que nous avons commencée il y a quelques semaines, nous nous arrêtons aujourd’hui sur Matthieu. En vérité, décrire entièrement sa figure est presque impossible, car les informations qui le concernent sont peu nombreuses et fragmentaires. Cependant, ce que nous pouvons faire n’est pas tant de retracer sa biographie, mais plutôt d’en établir le profil que l’Evangile nous transmet.

Pour commencer, il est toujours présent dans les listes des Douze choisis par Jésus (cf. Mt 10, 3; Mc 3, 18; Lc 6, 15; Ac 1, 13). Son nom juif signifie « don de Dieu ». Le premier Evangile canonique, qui porte son nom, nous le présente dans la liste des Douze avec une qualification bien précise: « le publicain » (Mt 10, 3). De cette façon, il est identifié avec l’homme assis à son bureau de publicain, que Jésus appelle à sa suite: « Jésus, sortant de Capharnaüm, vit un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de publicain. Il lui dit: « Suis-moi ». L’homme se leva et le suivit » (Mt 9, 9). Marc (cf. 2, 13-17) et Luc (cf. 5, 27-30) racontent eux aussi l’appel de l’homme assis à son bureau de publicain, mais ils l’appellent « Levi ». Pour imaginer la scène décrite dans Mt 9, 9, il suffit de se rappeler le magnifique tableau du Caravage, conservé ici, à Rome, dans l’église Saint-Louis-des-Français. Dans les Evangiles, un détail biographique supplémentaire apparaît: dans le passage qui précède immédiatement le récit de l’appel, nous est rapporté un miracle accompli par Jésus à Capharnaüm (cf. Mt 9, 1-8; Mc 2, 1-12) et l’on mentionne la proximité de la mer de Galilée, c’est-à-dire du Lac de Tibériade (cf. Mc 2, 13-14). On peut déduire de cela que Matthieu exerçait la fonction de percepteur à Capharnaüm, ville située précisément « au bord du lac » (Mt 4, 13), où Jésus était un hôte permanent dans la maison de Pierre.

Sur la base de ces simples constatations, qui apparaissent dans l’Evangile, nous pouvons effectuer deux réflexions. La première est que Jésus accueille dans le groupe de ses proches un homme qui, selon les conceptions en vigueur à l’époque en Israël, était considéré comme un pécheur public. En effet, Matthieu manipulait non seulement de l’argent considéré impur en raison de sa provenance de personnes étrangères au peuple de Dieu, mais il collaborait également avec une autorité étrangère odieusement avide, dont les impôts pouvaient également être déterminés de manière arbitraire. C’est pour ces motifs que, plus d’une fois, les Evangiles parlent à la fois de « publicains et pécheurs » (Mt 9, 10; Lc 15, 1), de « publicains et de prostituées » (Mt 21, 31). En outre, ils voient chez les publicains un exemple de mesquinerie (cf. Mt 5, 46: ils aiment seulement ceux qui les aiment) et ils mentionnent l’un d’eux, Zachée, comme le « chef des collecteurs d’impôts et [...] quelqu’un de riche » (Lc 19, 2), alors que l’opinion populaire les associait aux « voleurs, injustes, adultères » (Lc 18, 11). Sur la base de ces éléments, un premier fait saute aux yeux: Jésus n’exclut personne de son amitié. Au contraire, alors qu’il se trouve à table dans la maison de Matthieu-Levi, en réponse à ceux qui trouvaient scandaleux le fait qu’il fréquentât des compagnies peu recommandables, il prononce cette déclaration importante: « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs » (Mc 2, 17).

La bonne annonce de l’Evangile consiste précisément en cela: dans l’offrande de la grâce de Dieu au pécheur! Ailleurs, dans la célèbre parabole du pharisien et du publicain montés au Temple pour prier, Jésus indique même un publicain anonyme comme exemple appréciable d’humble confiance dans la miséricorde divine: alors que le pharisien se vante de sa propre perfection morale, « le publicain… n’osait même pas lever les yeux vers le ciel, mais il se frappait la poitrine en disant: « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis! »". Et Jésus commente: « Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste. Qui s’élève sera abaissé; qui s’abaisse sera élevé » (Lc 18, 13-14). Dans la figure de Matthieu, les Evangiles nous proposent donc un véritable paradoxe: celui qui est apparemment le plus éloigné de la sainteté peut même devenir un modèle d’accueil de la miséricorde de Dieu et en laisser entrevoir les merveilleux effets dans sa propre existence. A ce propos, saint Jean Chrysostome formule une remarque significative: il observe que c’est seulement dans le récit de certains appels qu’est mentionné le travail que les appelés effectuaient. Pierre, André, Jacques et Jean sont appelés alors qu’ils pêchent, Matthieu précisément alors qu’il lève l’impôt. Il s’agit de fonctions peu importantes – commente Jean Chrysostome – « car il n’y a rien de plus détestable que le percepteur d’impôt et rien de plus commun que la pêche » (In Matth. Hom.: PL 57, 363). L’appel de Jésus parvient donc également à des personnes de basse extraction sociale, alors qu’elles effectuent un travail ordinaire.

Une autre réflexion, qui apparaît dans le récit évangélique, est que Matthieu répond immédiatement à l’appel de Jésus: « il se leva et le suivit ». La concision de la phrase met clairement en évidence la rapidité de Matthieu à répondre à l’appel. Cela signifiait pour lui l’abandon de toute chose, en particulier de ce qui lui garantissait une source de revenus sûrs, même si souvent injuste et peu honorable. De toute évidence, Matthieu comprit qu’être proche de Jésus ne lui permettait pas de poursuivre des activités désapprouvées par Dieu. On peut facilement appliquer cela au présent: aujourd’hui aussi, il n’est pas admissible de rester attachés à des choses incompatibles avec la « sequela » de Jésus, comme c’est le cas des richesses malhonnêtes. A un moment, Il dit sans détour: « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi » (Mt 19, 21). C’est précisément ce que fit Matthieu: il se leva et le suivit! Dans cette action de « se lever », il est légitime de lire le détachement d’une situation de péché et, en même temps, l’adhésion consciente à une nouvelle existence, honnête, dans la communion avec Jésus.
Rappelons enfin que la tradition de l’Eglise antique s’accorde de façon unanime à attribuer à Matthieu la paternité du premier Evangile. Cela est déjà le cas à partir de Papia, Evêque de Hiérapolis en Phrygie, autour de l’an 130. Il écrit: « Matthieu recueillit les paroles (du Seigneur) en langue hébraïque, et chacun les interpréta comme il le pouvait » (in Eusèbe de Césarée, Hist. eccl. III, 39, 16). L’historien Eusèbe ajoute cette information: « Matthieu, qui avait tout d’abord prêché parmi les juifs, lorsqu’il décida de se rendre également auprès d’autres peuples, écrivit dans sa langue maternelle l’Evangile qu’il avait annoncé; il chercha ainsi à remplacer par un écrit, auprès de ceux dont il se séparait, ce que ces derniers perdaient avec son départ » (Ibid., III, 24, 6). Nous ne possédons plus l’Evangile écrit par Matthieu en hébreu ou en araméen, mais, dans l’Evangile grec que nous possédons, nous continuons à entendre encore, d’une certaine façon, la voix persuasive du publicain Matthieu qui, devenu Apôtre, continue à nous annoncer la miséricorde salvatrice de Dieu et écoutons ce message de saint Matthieu, méditons-le toujours à nouveau pour apprendre nous aussi à nous lever et à suivre Jésus de façon décidée.

Les ouvriers dans la vigne, Matthieu 20,1-16

19 septembre, 2014

 

Les ouvriers dans la vigne, Matthieu 20,1-16 dans images sacrée workers_in_vineyard

 
http://pericope.org/buls-notes/matthew/matthew_20_1_16.htm

LES COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE – Isaïe 55, 6 – 9

19 septembre, 2014

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

LES COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – Isaïe 55, 6 – 9

6 Cherchez le SEIGNEUR tant qu’il se laisse trouver.
Invoquez-le tant qu’il est proche.
7 Que le méchant abandonne son chemin,
et l’homme pervers, ses pensées !
Qu’il revienne vers le SEIGNEUR qui aura pitié de lui,
vers notre Dieu, qui est riche en pardon.
8 Car mes pensées ne sont pas vos pensées,
et mes chemins ne sont pas vos chemins,
déclare le SEIGNEUR.
9 Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre,
autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres,
et mes pensées, au-dessus de vos pensées.

« Cherchez le SEIGNEUR tant qu’il se laisse trouver. Invoquez-le tant qu’il est proche » : cela ne veut pas dire « Dépêchez-vous, il pourrait s’éloigner ! » Voilà, je crois, le contresens à ne pas faire ! Il n’existe pas de temps où Dieu ne se laisse pas trouver, il n’existe pas de temps où Dieu ne serait pas proche ! Il faut comprendre (et c’est le texte de la Traduction Oecuménique de la Bible, la TOB), « Cherchez le SEIGNEUR puisqu’il se laisse trouver. Invoquez-le puisqu’il est proche ». C’est toujours nous qui nous éloignons de Dieu. Et il est vrai que, dans notre liberté, nous nous éloignons parfois tellement de lui que nous perdons jusqu’au goût de le chercher.
Il faut bien voir dans quel esprit ces lignes sont écrites : Isaïe s’adresse ici à des gens complètement découragés ; en Exil à Babylone, dans des conditions extrêmement dures, le peuple d’Israël est tenté de croire que Dieu l’a abandonné. Et il en vient à se demander s’il est encore possible d’oser espérer le pardon de Dieu et la restauration du peuple élu. Ce doute et ce soupçon, il faut résolument leur tourner le dos ; ce sont, dit le prophète, des pensées méchantes, perverses. Elles nous trompent sur Dieu et nous éloignent de lui. La pensée perverse, précisément, ce serait de croire que Dieu pourrait n’être pas proche, que Dieu pourrait être inaccessible, que Dieu pourrait ne pas pardonner. Voilà déjà certainement une leçon très importante de ce texte. Ce n’est pas parce que Dieu semble silencieux qu’il est absent ou lointain.
On a là, comme très souvent dans la Bible, le thème du chemin : douter de Dieu, l’imaginer méchant, dur, vengeur, c’est prendre le chemin à l’envers, c’est nous éloigner de lui de plus en plus ; et du coup, puisque nous ne croyons pas à sa tendresse et à sa sollicitude, c’est nous en priver nous-mêmes ; l’adolescent soupçonneux ne profite plus des marques de tendresse que ses parents lui donnent pourtant ; il ne les voit plus puisqu’il leur tourne le dos. Isaïe dit : retournez-vous, revenez vers Dieu, vous redécouvrirez que Dieu a pitié de vous et qu’il est riche en pardon.
Cette découverte du Dieu de tendresse et de pardon est très présente dans l’Ancien Testament, bien avant la venue de Jésus sur la terre. Il suffit de relire les prophètes ; Osée, par exemple, a su trouver des phrases magnifiques pour dire les pensées de Dieu : « Mon coeur est bouleversé en moi, dit Dieu, en même temps ma pitié s’est émue. Je ne donnerai pas cours à l’ardeur de ma colère… Car je suis Dieu et non pas homme, au milieu de toi, je suis saint. » (Osée 11, 8-9). En langage biblique, le mot « Saint » veut dire le Tout-Autre. Et c’est en cela que Dieu est le Tout-Autre, le Saint : Il est miséricorde, et Pitié et Pardon.
Ou encore Jérémie : « Moi, je sais les projets que j’ai formés à votre sujet – oracle du SEIGNEUR – projets de prospérité et non de malheur : je vais vous donner un avenir et une espérance ». (Jr 29, 11) Et bien sûr, on pense à cette phrase magnifique de l’évangile : « Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5, 45).
Il y a aussi ce merveilleux dialogue dans le livre de Jonas ; Jonas prend très mal l’indulgence de Dieu pour ces affreux Ninivites, l’ennemi héréditaire d’Israël : et il reproche à Dieu d’être trop bon « Je savais bien moi, que tu es un Dieu bienveillant et miséricordieux, lent à la colère et plein de fidélité » (Jonas 4, 2). Et Dieu se défend en disant « Et moi, je n’aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, où il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ne savent même pas choisir entre le bonheur et le malheur ? » (Jonas 4,11).
La Bible, dès l’Ancien Testament, est donc pleine de cette révélation du pardon de Dieu… à partir du moment où on l’a découvert, on ne voit plus que cela. A l’inverse, chaque fois que nous ne trouvons pas dans la Parole de Dieu cette annonce de la miséricorde et du pardon de Dieu toujours offert, c’est que nous n’avons pas compris le texte ! Le peuple d’Israël a eu le privilège de faire cette double découverte extraordinaire : Dieu est à la fois le Tout-Autre, le Saint et aussi le Tout-Proche, le « Dieu de tendresse et de pitié » révélé à Moïse (Exode 34, 6).
Isaïe ramasse cette découverte dans cette phrase superbe : « Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, et mes pensées, au-dessus de vos pensées ». Cette distance infinie qui sépare le ciel de la terre est une image très parlante pour nous dire que Dieu, décidément, est le Tout-Autre. En même temps, il est le Tout-Proche, celui qui est « riche en pardon ».
Et je crois même qu’il faut aller plus loin : c’est précisément cette richesse de pardon qui constitue la distance infinie dont parle Isaïe et qui nous sépare de Dieu, autant que le ciel est séparé de la terre. Notre texte dit bien : « Notre Dieu est riche en pardon »… « CAR vos pensées ne sont pas mes pensées … » Tout tient dans cette petite conjonction « Car » ; mais, malheureusement, elle risque de passer inaperçue. Ce qu’Isaïe nous dit là, c’est que nous ne sommes pas sur le même registre que Dieu : Lui qui est l’amour même, Il est sur le registre de la gratuité, on dit « la grâce », le registre du pardon sans conditions. Nous, nous sommes sur le registre du calcul, du donnant-donnant. Nous voulons que les bons soient récompensés et les méchants punis. Nous parlons de « gagner » notre ciel ; nous calculons nos mérites ; ou bien nous disons « je ne mérite pas » sans nous apercevoir qu’en disant cela, nous nous permettons de calculer à sa place ! Dieu, lui, ne nous demande pas de mériter quoi que ce soit ! Il dit seulement : « Que le méchant abandonne ses chemins, et l’homme pervers ses pensées. Qu’il revienne vers notre Dieu qui est riche en pardon. CAR vos pensées ne sont pas mes pensées… » Il nous propose de vivre tout simplement une relation d’amour, donc gratuite, par définition. Il n’y a pas de banque ni de chéquier dans le royaume de l’amour, nous le savons bien.
Dernière remarque : « Mes pensées ne sont pas vos pensées » ; cette distance infinie qui nous sépare de Dieu explique la faiblesse de notre langage sur Lui ! Du coup, cette phrase devrait être pour nous une invitation à l’humilité et à la tolérance : humilité quand nous osons parler de Dieu, tolérance pour la façon dont les autres parlent de Lui : qui d’entre nous peut prétendre sonder les pensées de Dieu ?
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Complément
- Il y a encore cette phrase magnifique dans le livre des Chroniques : « Si mon peuple s’humilie, s’il prie, cherche ma face et revient de ses voies mauvaises, moi, j’écouterai des cieux, je pardonnerai son péché et je guérirai son pays ». (2 Ch 7, 14). Malheureusement, tant qu’on n’a pas découvert que Dieu est toujours et seulement Amour et Pardon, on risque encore de lire à l’envers des phrases comme celle-ci : comme si Dieu mettait une condition à son pardon : « Si mon peuple s’humilie »… En réalité, c’est nous qui mettons une condition : comment recevoir le pardon si nous ne le désirons pas ?

 

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