KARL RAHNER SERMONS (2 Co 6, 1-10)
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KARL RAHNER SERMONS (2 Co 6, 1-10)
Extraits d’un Sermon prononcé le 1er dimanche de Carême, 10 mars 1957, commentant 2 Co 6, 1-10)
Commentaire de l’extrait suivant de la 2e lettre de Paul aux Corinthiens (2 Co 6, 1-10) :
« Puisque nous sommes ses coopérateurs, nous vous exhortons à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu. Car il est dit : « Au temps favorable, je t’exauce, au jour de salut, je te viens en aide ». Le voici maintenant le temps favorable, le voici le jour du salut. »
Extrait du Sermon de Karl Rahner :
« Nous le savons tous, la vie humaine n’est vécue qu’une fois et c’est à partir de cette unicité du temps que, tel un fruit, croît l’éternité. Nous autres chrétiens, nous savons que ce temps unique nous est donné par Dieu. Nous sommes appelés dans un temps déterminé et nous avons un temps dont nous ne décrétons pas la longueur : c’est Dieu qui la détermine. Dans ce temps, encore une fois, chaque moment est unique et précieux, car, en définitive, aucun moment ne peut être remplacé par un autre. Et puisque nous autres chrétiens, nous sommes, en tant que chrétiens, appelés dans le temps du Christ, puisqu’on nous prêche la Parole de Dieu révélée, la Parole de sa réconciliation, de son amour, de sa miséricorde, puisque la Parole de Dieu faite chair appartient à notre temps, c’est donc que le jour du salut est vraiment là ainsi que le moment favorable, le moment convenable, le moment opportun, selon la trauction qu’on pourrait peut-être aussi donner à ce mot chez Paul. C’est pourquoi Paul affirme (et l’Eglise le dit avec lui maintenant, au début de ce temps de Carême) : c’est maintenant le temps favorable, le « Kairos » pour vous, c’est maintenant le jour du salut. Ce maintenant n’existe pas toujours, mais il passe ; ce maintenant est un don qui n’est pas en notre pouvoir. Peut-être avons-nous encore une longue vie devant nous, peut-être vivrons-nous encore de nombreux Carêmes, et pourtant chaque moment de notre vie est précieux et chacun est un don de Dieu. Souvent nous aimerions bien avoir d’autres temps, dans l’histoire du mondee et dans notre vie. Peut-être avons-nous un temps de détresse, et nous aimerions avoir un temps de joie. Peut-être aimerions-nous connaître des temps magnifiques et nous avons un temps de travail pauvre, pénible, monotone, ennuyeux, dont – croyons-nous – il ne sort pas grand-chose. Et pourtant, de chacun de nos instants, l’Ecriture peut dire : Le voici maintenant le temps favorable, le voici maintenant le jour du salut : ce jour que tu as maintenant, l’heure qui t’est donnée maintenant. Sans cesse nous devrions, de toute la force de notre coeur, adresser à Dieu cette prière : Donne-moi la lumière et la force pour reconnaître le temps que j’ai maintenant comme tu veux que je le reconnaisse : comme quelque chose qu’il faut peut-être supporter et qui est peut-être ennuyeux et amer, comme l’heure, peut-être, de la mort et de la lente agonie, mais surtout comme ton heure, comme le don que tu me fais, et comme le jour de ton salut.
Si nous commencions ainsi chaque journée, si nous acceptions chaque heure de la main de Dieu, c’est-à-dire de là d’où elle nous vient vfraiment, si nous ne nous plaignions pas, si nous ne nous attaquions pas à la situation dans laquelle nous sommes placés sans pouvoir y échapper, mais si nous disions avec foi et humilité, dans la force de l’Esprit et dans la lumière du Seigneur : c’est maintenant le jour du salut, l’heure du salut, le moment favorable, d’où peut surgir mon éternité, est-ce que notre vie ne serait pas alors mieux vécue ? Est-ce qu’alors nos journées – même si, humainement, elles sont vides et désolées – ne seraient pas plus remplies, plus lumineuses, plus grandes, plus larges et plus heureuses de ce bonheur secret que le chrétien peut connaître même sur la croix et dans la désolation. Redisons une fois encore avec l’Apôtre : Le voici maintenant le temps favorable, le voici maintenant le jour du salut. Ô Dieu, donne-nous dans ta grâce la lumière et la force de reconnaître et de vivre le jour, le moment tel que tu ne cesses de nous le donner : comme le don que tu nous fais, comme ta grâce et comme notre mission, afin que de ce temps, de ce temps favorable du salut germe ton éternité. »
(Sermon cité in Homélies et méditations, Salvator, 2005, pp. 223-225)
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