Archive pour le 10 septembre, 2014
KARL RAHNER SERMONS (2 Co 6, 1-10)
10 septembre, 2014http://peresdeleglise.free.fr/auteurscontemporains/rahner2.htm
KARL RAHNER SERMONS (2 Co 6, 1-10)
Extraits d’un Sermon prononcé le 1er dimanche de Carême, 10 mars 1957, commentant 2 Co 6, 1-10)
Commentaire de l’extrait suivant de la 2e lettre de Paul aux Corinthiens (2 Co 6, 1-10) :
« Puisque nous sommes ses coopérateurs, nous vous exhortons à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu. Car il est dit : « Au temps favorable, je t’exauce, au jour de salut, je te viens en aide ». Le voici maintenant le temps favorable, le voici le jour du salut. »
Extrait du Sermon de Karl Rahner :
« Nous le savons tous, la vie humaine n’est vécue qu’une fois et c’est à partir de cette unicité du temps que, tel un fruit, croît l’éternité. Nous autres chrétiens, nous savons que ce temps unique nous est donné par Dieu. Nous sommes appelés dans un temps déterminé et nous avons un temps dont nous ne décrétons pas la longueur : c’est Dieu qui la détermine. Dans ce temps, encore une fois, chaque moment est unique et précieux, car, en définitive, aucun moment ne peut être remplacé par un autre. Et puisque nous autres chrétiens, nous sommes, en tant que chrétiens, appelés dans le temps du Christ, puisqu’on nous prêche la Parole de Dieu révélée, la Parole de sa réconciliation, de son amour, de sa miséricorde, puisque la Parole de Dieu faite chair appartient à notre temps, c’est donc que le jour du salut est vraiment là ainsi que le moment favorable, le moment convenable, le moment opportun, selon la trauction qu’on pourrait peut-être aussi donner à ce mot chez Paul. C’est pourquoi Paul affirme (et l’Eglise le dit avec lui maintenant, au début de ce temps de Carême) : c’est maintenant le temps favorable, le « Kairos » pour vous, c’est maintenant le jour du salut. Ce maintenant n’existe pas toujours, mais il passe ; ce maintenant est un don qui n’est pas en notre pouvoir. Peut-être avons-nous encore une longue vie devant nous, peut-être vivrons-nous encore de nombreux Carêmes, et pourtant chaque moment de notre vie est précieux et chacun est un don de Dieu. Souvent nous aimerions bien avoir d’autres temps, dans l’histoire du mondee et dans notre vie. Peut-être avons-nous un temps de détresse, et nous aimerions avoir un temps de joie. Peut-être aimerions-nous connaître des temps magnifiques et nous avons un temps de travail pauvre, pénible, monotone, ennuyeux, dont – croyons-nous – il ne sort pas grand-chose. Et pourtant, de chacun de nos instants, l’Ecriture peut dire : Le voici maintenant le temps favorable, le voici maintenant le jour du salut : ce jour que tu as maintenant, l’heure qui t’est donnée maintenant. Sans cesse nous devrions, de toute la force de notre coeur, adresser à Dieu cette prière : Donne-moi la lumière et la force pour reconnaître le temps que j’ai maintenant comme tu veux que je le reconnaisse : comme quelque chose qu’il faut peut-être supporter et qui est peut-être ennuyeux et amer, comme l’heure, peut-être, de la mort et de la lente agonie, mais surtout comme ton heure, comme le don que tu me fais, et comme le jour de ton salut.
Si nous commencions ainsi chaque journée, si nous acceptions chaque heure de la main de Dieu, c’est-à-dire de là d’où elle nous vient vfraiment, si nous ne nous plaignions pas, si nous ne nous attaquions pas à la situation dans laquelle nous sommes placés sans pouvoir y échapper, mais si nous disions avec foi et humilité, dans la force de l’Esprit et dans la lumière du Seigneur : c’est maintenant le jour du salut, l’heure du salut, le moment favorable, d’où peut surgir mon éternité, est-ce que notre vie ne serait pas alors mieux vécue ? Est-ce qu’alors nos journées – même si, humainement, elles sont vides et désolées – ne seraient pas plus remplies, plus lumineuses, plus grandes, plus larges et plus heureuses de ce bonheur secret que le chrétien peut connaître même sur la croix et dans la désolation. Redisons une fois encore avec l’Apôtre : Le voici maintenant le temps favorable, le voici maintenant le jour du salut. Ô Dieu, donne-nous dans ta grâce la lumière et la force de reconnaître et de vivre le jour, le moment tel que tu ne cesses de nous le donner : comme le don que tu nous fais, comme ta grâce et comme notre mission, afin que de ce temps, de ce temps favorable du salut germe ton éternité. »
(Sermon cité in Homélies et méditations, Salvator, 2005, pp. 223-225)
HUMILITÉ (les mots pour le dire)
10 septembre, 2014http://www.interbible.org/interBible/ecritures/mots/2002/mots_020531.htm
HUMILITÉ (les mots pour le dire)
Hébreu : ‘anawah
Grec: tapeinophrosunè
Latin: humilitas (cf. humilité)
L’humilité est la vertu qui s’oppose à l’orgueil, à la suffisance ou à l’arrogance. La personne humble est celle qui reconnaît ses limites et ses fragilités, comme en fait foi la prière de ce psalmiste:
Seigneur, je n’ai pas le coeur fier,
ni le regard hautain.
Je n’ai pas pris un chemin de grandeurs
ni de prodiges qui me dépassent.
Non, je me tiens en paix et en silence;
comme un petit enfant contre sa mère,
comme un petit enfant, telle est mon âme en moi.
(Psaume 131, 1-2)
Au cours de son histoire, le peuple d’Israël a appris l’humilité en faisant l’expérience de la toute-puissance de Dieu qui l’a libéré de la servitude en Égypte et lui a fait don d’une terre. Ce qu’il est et ce qu’il possède, il le doit à la bonté et à la générosité de Dieu. Il est le peuple choisi, non en raison de sa supériorité sur les autres peuples ou de ses mérites, mais uniquement à cause de l’amour que Dieu a eu pour lui. Après avoir connu une période de faste et de confiance en lui-même, l’épreuve de l’exil sera pour Israël une école de pauvreté et d’humilité.
En ce qui concerne l’individu, l’humilité est souvent apprise à partir des épreuves comme la maladie, l’échec, l’expérience du péché comme révélatrice de la fragilité humaine. En prenant conscience de sa pauvreté intérieure et de sa fragilité, l’être humain peut se tourner vers Dieu avec confiance. L’humilité apparaît alors comme une attitude de dépendance et de docilité, d’abandon confiant à Dieu qui seul peut mener l’être humain à son achèvement, à la pleine réalisation de son être. L’humble est quelqu’un qui cherche Dieu, non seulement pour vivre en communion avec lui, mais aussi pour atteindre l’unité et la cohérence de sa personne. L’humble sait qu’il ne peut compter seulement sur ses propres forces pour se réaliser. Il a besoin d’assises, d’un roc solide sur lequel édifier sa vie. Et ce roc ne peut être que le Seigneur. Dans l’Ancien Testament, Moïse est reconnu comme le modèle de l’humilité parce qu’il a mis sa confiance en Dieu et a vécu en étroite communion avec lui: Moïse était un homme très humble, l’homme le plus humble que la terre ait porté (Nombres 12,3).
L’origine latine de notre mot « humilité » peut nous aider à nous débarrasser d’une fausse idée de l’humilité. En effet, le mot « humilité » vient du latin humus qui se traduit par « terre, sol ». Ce mot est passé directement en français pour désigner la couche superficielle du sol, très féconde, qui accueille la semence pour lui faire porter du fruit. On comprend alors que l’humilité chrétienne est cette qualité d’ouverture qui permet au croyant d’accueillir la Parole de Dieu avec joie, comme une semence qui donne à sa vie une dimension nouvelle. Être humble, c’est reconnaître que nous ne détenons pas tous les éléments qui répondent à notre recherche du sens de la vie; c’est accepter que Dieu soit celui qui apporte cette réponse par le don de son Fils. L’humilité assure alors la fécondité de notre vie puisque la Parole de Dieu ne peut y être semée sans la transformer et lui faire porter des fruits de foi, d’espérance et d’amour, de bonté, de paix et de miséricorde. Être humble, c’est reconnaître que ce que nous sommes est l’oeuvre de l’amour de Dieu et de l’accueil de l’Évangile.
Yves Guillemette