Archive pour le 9 septembre, 2014

Sainte Anne et Marie enfant

9 septembre, 2014

Sainte Anne et Marie enfant dans images sacrée

http://en.wikipedia.org/wiki/Saint_Anne

4. L’ENFANCE DE MARIE

9 septembre, 2014

http://voiemystique.free.fr/mieux_connaitre_marie_04.htm

4. L’ENFANCE DE MARIE

Les Évangiles ne nous disent rien de l’enfance de la Saine Vierge. Aussi, des auteurs inconnus, pour contenter de pieuses curiosités, l’ont-il racontée en donnant d’aimables détails sur sa venue, enfant, au Temple de Jérusalem. Le principal de ces textes vient du Protévangile de Jacques. Ce texte, présenté comme l’œuvre de Jacques le Mineur, fut utilisé par Origène qui s’y réfère explicitement dans son Commentaire de S. Matthieu. Étonnant! Officiellement nous ne savons rien de l’enfance de la Vierge Marie, et pourtant nos esprits sont très imprégnés d’images candides montrant la toute petite Marie qui monte l’escalier conduisant dans le Temple de Jérusalem. À partir de ces images, notre imagination peut travailler. Ce qui en sortira ne sera jamais dogme de foi; mais peu importe, l’essentiel étant de s’imprégner des pensées de Marie qui, dès son plus jeune âge, se donne à son Seigneur, sans aucune restriction.

Marie, Joachim et Anne, ses parents
La petite Marie est donc confiée aux maîtres et maîtresses du temple pour y être éduquée conformément aux exigences de la Loi d’Israël. Marie est pensionnaire dans « l’école des filles » du Temple. Que va-t-elle y apprendre? Certainement les prières et le chant des psaumes. Apprendra-t-elle à lire et à écrire? On peut le supposer, mais on n’en aura jamais la pleine certitude. Et ses connaissances littéraires seront toujours très élémentaires compte tenu des habitudes de cette époque concernant les femmes. Par contre, Marie apprendra à coudre, à filer, à tisser, et à se débrouiller dans toutes les compétences que les femmes, futures mères de famille, devaient obligatoirement connaître. Et puis, Marie priait…
Marie priait. Mais comment priait-elle? Il est certain qu’elle ne se faisait pas remarquer; au milieu de ses compagnes, elle était l’une d’elles. Avec elles, elle chantait les psaumes et tous les cantiques liés à la liturgie du Temple. Avec elles, elle devait réciter de nombreuses prières et aussi prier dans son cœur et retrouver son Seigneur quand elle était seule. Que pouvait-elle dire à Dieu? Son amour, c’est sûr; le désir de faire toujours sa sainte Volonté. Certainement. Et puis, elle devait prier aussi pour la venue du messie que l’on croyait toute proche. Comme elle le désirait ce Messie qui sauverait son peuple et qui délivrerait les hommes du péché! Mais comment le voyait-elle, ce messie? Comme un grand roi qui délivrerait Israël de l’occupation romaine, ainsi que l’imaginaient tous les juifs d’alors? Ou bien comme un grand prophète qui revivifierait la foi de tous les peuples en un Dieu unique et bon? Nous ne saurons jamais.
Nous ne connaîtrons jamais la teneur et le contenu de la prière de Marie enfant ou adolescente. Nous savons seulement qu’elle avait voué à Dieu sa virginité, chose inexplicable, car la seule raison d’être de toutes les femmes juives, c’était de donner la vie. Marie savait-elle qu’un jour une Femme écraserait la tête du dragon? Probablement, mais dans son humilité, elle ne pouvait pas imaginer que cette Femme, ce serait elle. Marie savait aussi qu’on la marierait un jour, mais elle avait tellement confiance en Dieu qu’elle savait que quelque chose se passerait et qu’elle pourrait garder sa virginité. Marie baignait dans la foi, dans la confiance en Dieu, dans l’humilité et dans l’amour pour Dieu qui la conduisait à faire seulement ce qui était la volonté de Dieu.

RAIMON PANIKKAR : PAIX ET DÉSARMEMENT CULTUREL

9 septembre, 2014

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=2726

RAIMON PANIKKAR

PAIX ET DÉSARMEMENT CULTUREL

SR CÉCILE RASTOIN

Traduit de l’italien par Jacqueline Rastoin. – Arles, Actes Sud, coll. « Spiritualité », 2008. – Esprit & Vie n°220 – février 2010, p. 45-51.

Nous avons vu précédemment [1] que la relation des chrétiens au peuple juif était primordiale, précédant tout dialogue avec les autres religions, et que celle avec les musulmans était certes d’un autre ordre de proximité mais néanmoins marquée par un même terreau de références, repris tout autrement. Nous voudrions ici élargir encore la perspective dans un double mouvement : en envisageant ce que signifie la rencontre interreligieuse en incluant toutes les expressions religieuses de la planète.
Le P. Christian de Chergé, prieur de Tibhirine, piégé dans l’effroyable conflit algérien entre forces de l’ordre et islamistes, appelait les premiers ses « frères de la plaine » et les seconds ses « frères de la montagne » ; il renouvelait souvent cette magnifique prière : « Désarme-moi, désarme-les. » Dans un tout autre contexte, le P. Raimon Panikkar, riche de sa double culture catalane et indienne, appelle aujourd’hui au « désarmement culturel ». De quoi s’agit-il ? Il s’agit de comprendre que la paix sociale, politique a intrinsèquement une dimension religieuse, et vice versa. C’est donc un enjeu planétaire. On peut dire, pour plagier encore une fois la phrase de Malraux, que le « xxie siècle sera celui du désarmement ou ne sera pas ».
Le désarmement culturel est le préalable à tout dialogue qui ne soit pas une violence pour convaincre l’autre. Toute culture doit se désarmer peu à peu, mais il faut bien admettre que la première à devoir le faire est la culture dominante, à savoir la culture technologique et commerciale occidentale. C’est la condition pour qu’elle puisse entrer dans une rencontre sur un pied d’égalité avec les autres cultures. Selon R. Panikkar, les Occidentaux ont pris l’habitude de considérer la raison comme une arme et la vérité comme un objet possédé à donner (voire imposer) aux autres. Sinon, nous transformons la vérité en idéologies, qui furent les grands fléaux du xxe siècle, suscitant des enfers sur terre, en comparaison desquels la peste noire du Moyen Âge semble dérisoire. « L’exactitude et la cohérence s’imposent à nous, mais pas la vérité. La vérité est relation et, toujours, une relation à double sens » (p. 76-77).
Pour être dans la vérité, nous avons donc besoin d’une relation avec les autres. Nous avons besoin de la contribution des autres cultures. Et nous devons voir en l’autre « non seulement un objet d’observation ou de connaissance mais aussi une source d’intelligibilité et un sujet indépendant de nos catégories. Il nous faut pour cela le dialogue ; mais celui-ci n’est possible, comme nous l’avons dit, que dans des conditions d’égalité. Et celles-ci ne peuvent être réalisées sans le désarmement culturel » (p. 78). Il ne s’agit donc plus d’un dialogue rationnel pour convaincre mais d’une rencontre personnelle concrète pour s’enrichir de la différence de l’autre.
Pour le dire autrement, même si une des conséquences d’une vraie rencontre doit être la paix avec l’autre, la paix n’est pas la première motivation de la rencontre. La première motivation est de se donner, à soi et à l’autre, la possibilité de devenir humain. Pour un chrétien, il n’y a pas moyen d’être fidèle à lui-même sans être comme le Christ serviteur de la rencontre, sans être, comme la Trinité, inséré dans des relations avec autrui. La première motivation de la rencontre interreligieuse, pour des chrétiens, est donc non pas d’être « gentils » avec les autres, mais bien de devenir Christ.
Les obstacles à la rencontre
Le premier obstacle à la rencontre, c’est la peur. Ce n’est pas un hasard si l’injonction « N’ayez pas peur » est un leitmotiv de la Bible, qu’elle a ouvert le pontificat de Jean-Paul II, comme celui de Benoît XVI. Avancer désarmé vers l’autre demande d’affronter la peur. Jacob l’a appris dans la nuit au gué du Yabboq. Terrassant la peur qu’il avait de son frère, il reçut la bénédiction divine. Dans chaque contexte géopolitique, la peur est bien là, unilatérale ou bilatérale, et elle engendre la violence. La peur des religions « étrangères » engendre les violences des groupes extrémistes hindous contre chrétiens et/ou musulmans en Inde. La peur des communistes a engendré la terreur et la torture systématiques dans les dictatures militaires d’Amérique latine, et vice versa [2]. Les peurs mimétiques du bloc occidental et du bloc communiste ont engendré une prolifération des armements que l’on peine à résorber, alors même que la peur de l’islamisme engendre une « contre-terreur » dont la guerre d’Irak ou Guantánamo demeurent les emblèmes.
La peur engendre la violence parce qu’elle la justifie. Celui qui a peur pour les siens peut tuer avec bonne conscience, entrant avec l’autre dans la spirale de la violence. […]
[1] Voir Esprit & Vie nos 217 et 218 (novembre et décembre 2009), p. 17-21 et p. 18-23.
[2] Voir W. Cavanaugh, Torture et Eucharistie, Genève, Ad Solem, 2009.