Archive pour août, 2014

Sainte Monique et Saint Augustin

26 août, 2014

Sainte Monique et Saint Augustin dans images sacrée 640px-Sainte_Monique

http://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Monica_of_Hippo?uselang=it

AUGUSTIN D’HIPPONE : LA MORT DE MONIQUE, SA MAMAN

26 août, 2014

http://www.patristique.org/Augustin-d-Hippone-La-mort-de.html

AUGUSTIN D’HIPPONE : LA MORT DE MONIQUE, SA MAMAN

VOUS TROUVEREZ ICI LE RÉCIT, PAR SON FILS SAINT AUGUSTIN, DES DERNIERS INSTANTS DE SAINTE MONIQUE.

Seigneur, tu sais que ce jour-là, alors que j’étais avec ma mère, comme nous parlions ainsi et que ce monde pour nous au fil des paroles perdait tout intérêt avec tous ses plaisirs, ma mère dit alors :
- Mon fils, en ce qui me concerne, plus rien n’a de charme pour moi dans cette vie. Que pourrais-je faire encore ici-bas ? Pourquoi y serais-je ? Je ne sais pas ; je n’ai plus rien à espérer en ce siècle. Une seule chose me faisait désirer de rester assez longtemps dans cette vie : te voir chrétien catholique avant ma mort. Je suis plus que comblée dans ce que mon Dieu m’a accordé : tu es allé jusqu’à mépriser les félicités de la terre et je te vois son serviteur. Qu’est-ce que je fais ici ?
Que lui ai-je répondu ? Je ne m’en souviens pas bien, d’autant que sur ces entrefaites, dans les cinq jours à peine ou ce ne fut guère plus, la fièvre la mit au lit. Et pendant sa maladie, un jour, elle subit une défaillance et son esprit perdit un instant conscience de ce qui l’entourait. Nous accourûmes, mais elle eut vite repris ses sens ; elle nous vit, mon frère et moi, debout près d’elle, et nous dit avec l’air de quelqu’un qui cherche quelque chose :
- Où étais-je ?
Puis arrêtant ses regards sur nous que la tristesse consternait :
- Vous enterrerez ici votre mère, dit-elle.
Moi, je me taisais et maîtrisais mes larmes ; mais mon frère lui dit quelque chose pour souhaiter, comme un sort plus heureux, qu’elle ne finît pas ses jours sur une terre étrangère, mais dans la patrie. Dès qu’elle entendit cela, son visage devint anxieux, et ses yeux lui lançaient des reproches parce qu’il avait de tels sentiments. Et puis, le regard fixé sur moi :
- Vois ce qu’il dit ! me fit-elle ;
et presque aussitôt, elle ajouta pour tous les deux :
- Enterrez ce corps n’importe où ! Ne vous troublez pour lui d’aucun souci ! Tout ce que je vous demande, c’est de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, où que vous soyez.
Elle expliqua sa pensée en s’exprimant comme elle pouvait, puis se tut ; la maladie qui s’aggravait la faisait souffrir.
Mais moi, qui songeais à tes dons, ô Dieu invisible, à ce que tu sèmes dans le cœur de tes fidèles et d’où proviennent les moissons admirables, je me réjouissais et te rendais grâce, me rappelant ce que je savais, l’inquiétude si grande qui l’avait toujours agitée au sujet de la sépulture, qu’elle avait prévue et préparée pour elle près du corps de son mari. Oui, parce qu’ils avaient vécu en parfaite concorde, elle voulait encore, tant l’âme humaine a de peine à comprendre les choses divines, ajouter à ce bonheur et faire dire à son sujet par la postérité : il lui fut accordé, après un long voyage outre-mer, qu’une terre conjointe couvrît la terre des deux conjoints.
Mais à quel moment cette vanité, par la plénitude de ta bonté, avait-elle cessé d’occuper son cœur ? Je l’ignorais et j’étais dans la joie, tout surpris que ma mère me fut apparue ainsi. Déjà cependant, lors de notre entretien à la fenêtre, elle avait dit : « Que fais-je encore ici ? » et rien n’avait laissé voir qu’elle désirait mourir dans sa patrie. De plus, je l’appris plus tard, à peine étions-nous à Ostie que quelques-uns de mes amis, avec qui en toute confiance maternelle elle s’entretenait un jour sur le mépris de cette vie et le bienfait de la mort, en mon absence, furent stupéfaits d’une telle vertu dans une femme – c’est toi qui la lui avais donnée -, et lui demandèrent si elle ne redoutait pas de laisser son corps si loin de son pays.
- Rien n’est loin pour Dieu, répondit-elle, et il n’y a pas à craindre qu’il ne sache point où me retrouver à la fin du monde pour me ressusciter.
Ainsi donc, au neuvième jour de sa maladie, à la cinquante-sixième année de son âge, à trente-troisième de mon âge, cette âme religieuse et pieuse se détacha du corps. Je lui fermais les yeux et dans mon cœur s’amassaient les flots d’une immense tristesse…

Source :
Saint Augustin, Les confessions, BA 14, X,26- XII,29.

27 AOÛT : SAINTE MONIQUE

26 août, 2014

http://viedessaints.free.fr/vds/monique.html

27 AOÛT : SAINTE MONIQUE

C’est en Afrique dans la ville de Tagaste, que Dieu plaça le berceau de notre sainte. Elle naquit l’an 332 et fut appelée Monique. Le nom de son père nous fut inconnu ; sa mère se nommait Faconda. Grâce aux soins de ses parents, qui étaient chrétiens, et à la surveillance d’une vieille servante toute dévouée à sa jeune maîtresse, Monique grandit dans la crainte et l’amour de Dieu ; c’était un lis de pureté. On put voir dès son enfance le degré éminent de sainteté qu’elle atteindrait un jour. Elle était encore toute petite qu’elle sortait déjà seule de la maison paternelle pour aller prier à l’église, au risque d’être réprimandée au retour. Quelquefois elle quittait ses compagnes de jeux : on la trouvait à genoux au pied de quelque arbre voisin. Souvent même, pendant la nuit, elle se levait et récitait à Dieu les prières que sa pieuse mère lui avait apprises.
Son cœur s’ouvrit de bonne heure aussi à l’amour des pauvres. Elle ne négligeait rien pour les secourir : elle donnait tout, jusqu’au pain qu’on lui servait à table ; elle le cachait dans son sein et le leur distribuait. C’était pour elle un bonheur de leur laver les pieds et de les servir autant qu’elle pouvait le faire à cet âge. Enfin on remarquait en elle une douceur et une paix inaltérables, vertus que nous lui verrons pratiquer jusqu’à l’héroïsme une fois épouse et mère.
Sortie de l’adolescence, elle fut demandée en mariage. Patrice, né à Tagaste comme Monique, et comme elle d’une famille noble, aspirait à sa main : il l’obtint. Il paraissait pourtant peu digne d’une telle alliance : un païen violent, brutal, libertin, voilà quel était le futur époux de Monique. Ajoutez à cela une différence d’âge considérable. Monique avait vingt deux ans, et Patrice plus du double. On serait tenté de se demander comment les parents de Monique consentirent à une union qui ne présageait que des tristesses, si on ne savait combien malheureusement les parents, même chrétiens, se font facilement illusion quand il s’agit de marier leurs enfants. Du reste, c’est sans doute ici un effet de la Providence divine, qui voulait que Monique méritât par d’amères douleurs d’être la mère de saint Augustin. Les épreuves ne manqueront pas. Elles viendront de Patrice lui-même, elles viendront aussi de la belle-mère, païenne comme son fils et comme lui d’une humeur violente, excitée encore contre sa belle-fille par les calomnies des servantes. Pauvre Monique ! la voilà isolée, malheureuse dès les premiers jours de son mariage ; mais c’est précisément ici qu’elle est admirable. C’est dans le creuset de la souffrance qu’on reconnaît les grandes âmes. Sachant qu’elle peut tout en Celui qui la fortifie, elle ne recule pas devant les difficultés, elle accepte dans toute son étendue sa douloureuse mission d’épouse. Elle comprend que Dieu l’a unie à Patrice pour le convertir ; elle se fait l’apôtre du petit monde qui l’entoure. Sa prédication, c’est l’exemple ; ses moyens de conversion, la douceur et la prière. Et quels exemples de vertu en effet ne donna-t-elle pas ? exemple de douceur vis à vis des emportements de Patrice, exemple de patience à l’endroit de ses infidélités ! Jamais une plainte ne sortit de sa bouche contre son mari, nous apprend saint Augustin, et pourtant comme elle souffrait ! comme elle pleurait ! et des larmes d’autant plus amères qu’elles étaient versées en secret. Elle se contentait de demander à Dieu la foi pour Patrice, car c’était là qu’il devait trouver la chasteté.
Ce fut au milieu de ces tristesses que, pour la consoler, Dieu la rendit mère à l’âge de vingt-deux ans. Elle mit au monde cet Augustin qu’elle devait enfanter une seconde fois, à la vie spirituelle, au prix de tant de larmes ; puis Navigius et Perpétua, dont la sainteté devait être plus tard dépassée par celle de leur frère aîné. Elle leur fit sucer à tous, avec son lait, le nom et l’amour de Jésus-Christ. De ses trois enfants elle fera trois saints, tant est puissante l’influence d’une mère ! Tout semble d’abord conspirer contre elle, et un père païen et une belle-mère païenne et des servantes menteuses. Mais tous ces obstacles ne tardent pas à s’évanouir devant sa douceur et sa résignation. La belle-mère se rend la première. Elle reconnaît la fausseté des calomnies de ses servantes. Les esclaves elles-mêmes laissent gagner leur cœur. « Alors je croyais, dit saint Augustin, ma mère croyait aussi, toute la maison croyait avec nous ; il n’y avait que mon père qui ne croyait pas. »
Sans doute saint Augustin croyait, mais le sang païen qu’il avait reçu de son père commençait à bouillonner dans ses veines. Que va-t-il devenir ? A cause de son éducation, le voilà loin de sa mère, à Epidaure, dans les premiers feux de la jeunesse. C’est là qu’au souffle des mauvaises lectures et des tristes impressions des théâtres, commence cet orage affreux qui éclate à Tagaste et qui s’achève à Carthage par la plus honteuse défaite. Pauvre mère, quel martyre ! Du moins pour répandre une goutte d’huile dans son cœur, Dieu permet que Patrice abjure la paganisme et fasse profession de la foi chrétienne.
Il en est ainsi jusqu’à la mort de Patrice : à mesure qu’Augustin s’éloigne, Monique voit son mari se rapprocher d’elle.
Cependant saint Augustin part pour Carthage, le cœur brûlé plus que jamais par le feu des passions. Ce départ pour une ville si pleine de périls, et pour l’esprit et pour le cœur d’Augustin, coûte bien des larmes à sa mère. Plût à Dieu que ce ne fût qu’une vaine crainte ! Mais hélas ! elle apprend bientôt la naissance d’Adéodat. Cette triste chute la rend inconsolable. On craint un instant pour sa vie ; elle triomphe enfin de la douleur ; c’était pour elle un soutien de voir Patrice s’associer à ses larmes. Patrice avait embrassé la foi chrétienne, sa vie devenait chaque jour plus parfaite. Tombé malade, il demande le baptême, le reçoit avec ferveur et s’endort chrétiennement entre les bras de l’ange que Dieu lui avait donné pour compagne.
Délivrée du lien du mariage, Monique prend un nouvel essor vers Dieu. Elle se retire plus complètement du monde ; ses mortifications sont plus austères ; son amour pour les pauvres, gêné pendant dix-sept ans, a maintenant un libre épanchement. Elle sert de mère aux orphelinx ; elle se fait la consolatrice des veuves et des femmes mariées déçues dans leurs rêves de bonheur. Le service des pauvres et la prière, voilà son unique occupation.
Mais d’autre part cette mort la laissait dans de vives inquiétudes vis-à-vis de son fils : Monique seule ne pouvait plus rien pour son éducation. Dieu, qui n’abandonne jamais ses serviteurs, vint à son secours. Un des principaux citoyens de Tagaste, un ami de Patrice, voyant la détresse de Monique, mit ses richesses à sa disposition. Augustin put donc continuer à Carthage ses brillantes études. Mais sa foi allait s’affaiblissant depuis le triomphe de ses passions. Il finit par abdiquer publiquement la foi de son enfance. Le voilà manichéen. Quelle fut alors la douleur de Monique, il serait difficile de le dire. « C’est un fleuve de larmes qui s’écoule par ses yeux ; c’est la douleur d’une mère qui a perdu son fils unique, ce sont les gémissements de Rachel, la mère rebelle à toutes les consolations… Images incomplètes ! » s’écrie encore Augustin !
Monique avait versé tant de larmes sur son fils libertin, que lui restait-il pour Augustin apostat ? C’est ici qu’elle se montre mère réellement chrétienne. Elle a le courage de le chasser loin d’elle et de lui interdire l’entrée de sa maison. Acte magnifique d’énergie chrétienne ; exemple admirable d’amour vrai, de cet amour selon le cœur de Dieu qu’une mère doit avoir pour son fils ! C’était une séparation bien dure pour elle qui chérissait tant Augustin. Dieu vient la consoler, lui seul le pouvait. Il lui envoie un songe qui lui présage sa conversion.
Une nuit donc, elle se voit debout sur une règle de bois. Et comme elle pleurait amèrement, un ange resplendissant de lumière, s’approchant d’elle, lui demande la cause de sa douleur.
- C’est la perte de mon fils que je déplore ainsi, dit-elle.
- Ne pleurez plus, répond l’ange, mettez votre esprit en repos ; ce fils est avec vous et en sûreté.
Alors se détournant elle voit, en effet, son fils debout, sur la même règle qu’elle.
Consolée par cette vision, Monique va aussitôt en faire le récit à son fils. Lui qui ne songeait point à se convertir :
- Courage ! ma mère, dit-il, voyez comme le ciel se prononce pour ma doctrine ; il vous promet qu’un jour vous la partagerez.
- Non, mon fils, reprend-elle avec assurance, il ne m’a point été dit : Vous serez où il est, mais : Il sera où vous êtes.
Cette réponse fit plus d’impression sur le jeune homme que le récit de la vision. Aussi, dès ce moment Monique s’adresse-t-elle aux hommes dont la doctrine était en réputation et les presse-t-elle instamment d’entrer en conférence avec son fils pour le ramener à la foi catholique. Mais la discussion, avec un esprit aussi puissant que celui dont Augustin donnait des preuves, n’est point facile à soutenir, et plus tard saint Ambroise, si l’on en croit certaines traditions, fera ajouter aux invocations des Litanies : A logica Augustini, libera nos, Domine. « De la logique d’Augustin, délivrez-nous, Seigneur. »
Comme donc sainte Monique pressait un évêque d’Afrique de travailler à convaincre son fils, celui-là la renvoya avec ces paroles :
« Allez en paix, il est impossible que le fils de tant de larmes périsse. »
La prophétie devait se réaliser, mais Monique ne se lasse point de tout mettre en œuvre pour en hâter l’accomplissement. Augustin conçoit le dessein de quitter Carthage, où il enseignait la rhétorique, pour se rendre à Rome et y montrer son génie. Sa mère essaye en vain de l’en détourner. Il part secrètement ; Monique n’hésite pas à s’embarquer pour l’aller rejoindre. La tempête s’élève et la mer semble pouvoir prendre le parti du démon. Mais tandis que les matelots pâlissent de terreur, intrépide au milieu des flots courroucés, Monique les rassure et prend leur place à l’aviron ; le navire ne peut périr, car le salut de son fils y est engagé. Que l’on aille après cela vanter l’intrépidité de César rassurant le nautonier ! Ce qu’il fit par ambition et par vanité est bien au-dessous de ce qu’une simple femme fait pour aller au secours de son fils exposé à perdre son âme.
Elle arrive à Rome. Son fils vient de partir pour Milan ; elle se précipite à sa poursuite et le rejoint. Des jours plus heureux se lèvent maintenant pour elle, des jours de résurrection et de gloire. Au contact de saint Ambroise, Augustin sent ses luttes intérieures s’apaiser peu à peu. Enfin il reçoit le baptême des mains de l’évêque de Milan. Il en sort tout transfiguré, c’est désormais saint Augustin. Une des grâces de son baptême fut sa vocation religieuse. Ce rêve le poursuit ; mais pourquoi exécuter un pareil dessein sur une terre étrangère ? Il se décide donc à retourner dans sa patrie avec ses amis et sa mère. Ils se mettent en route pour Ostie, où ils doivent s’embarquer. Mais Monique avait accompli son œuvre : Augustin était converti. Elle croyait se rendre à Ostie, elle allait au ciel. Avant qu’elle disparaisse, contemplons-la dans tout l’éclat de sa resplendissante beauté, assise auprès de saint Augustin au bord de la mer. Les yeux et le cœur en haut, elle passe en revue toute la création : la terre, la mer, les astres ; mais tout cela lui paraît passager ; elle monte plus haut, dans la région de l’éternel amour. C’est là qu’elle trouve le bonheur ; elle y reste ravie en extase. Ce n’est qu’en soupirant qu’elle descend vers le triste séjour de la terre. Après ce ravissement, désolée de se retrouver dans cette vallée de larmes, elle disait à saint Augustin : « Pourquoi suis-je ici-bas, mon fils, maintenant que mes espérances se sont réalisées ? Il était une seule chose pour laquelle je désirais vivre, c’était de vous voir chrétien et catholique. Bien plus, je vous vois mépriser le bonheur de ce monde pour le servir. Que fais-je donc ici ? » Monique, en effet, n’avait plus qu’à monter au ciel. Cinq jours après elle est prise d’un violent accès de fièvre. Elle sent sa fin prochaine. Elle recommande à son fils de se rappeler d’elle à l’autel du Seigneur, puis elle se recueille, elle se prépare à la venue de l’époux ; neuf jours s’écoulent ainsi. Enfin, comme on lui refusait la communion à cause de l’état de son estomac, un petit enfant entre dans sa chambre. Il s’approche de son lit, la baise à la poitrine, et aussitôt son âme s’envole vers le ciel. Monique n’était plus. Elle avait vécu cinquante-six ans. Augustin en avait trente-trois. C’était en l’année trois cent sept, au commencement de mai.

Le Bon Pasteur (armoire de la « Velatio » dans les catacombes de Priscille, Rome) à partir du troisième siècle.

25 août, 2014

Le Bon Pasteur (armoire de la

http://arsartisticadventureofmankind.wordpress.com/2014/07/07/early-western-christian-art-during-the-iiird-ivth-and-vth-centuries-the-painting-of-the-catacombs/

LES PREMIERS CHRÉTIENS : COMMENT VIVAIENT-ILS ? UN EXEMPLE DE VIE (1)

25 août, 2014

http://www.hermas.info/article-les-premiers-chretiens-comment-vivaient-ils-1-55995044.html

LES PREMIERS CHRÉTIENS : COMMENT VIVAIENT-ILS ? UN EXEMPLE DE VIE (1)

(Il existe d’autres articles sur le sujet)

Publié le 26 août 2010 par L’Equipe d’Hermas

SECTION I : UN EXEMPLE DE VIE

1. Une vie de sainteté
Les premiers chrétiens « observent strictement (les) commandements (du Christ), vivant saintement et justement, comme le Seigneur Dieu le leur a ordonné, lui rendant grâces à toute heure pour la nourriture, la boisson ou les autres biens » (1).
« Tel est, ô Roi [l'empereur Adrien], le commandement de la loi des chrétiens, et telle est leur manière de vivre. Comme des hommes qui connaissent Dieu, ils lui présentent des demandes qui sont convenables pour lui d’accorder et pour eux de recevoir. C’est ainsi qu’ils emploient toute leur vie. Et comme ils connaissent l’amour bienfaisant de Dieu pour eux, ils voient que toutes les glorieuses choses qui sont répandues sous nos yeux dans le monde ont été faites pour eux. Ce sont eux, vraiment, qui ont trouvé la vérité qu’ils ont recherchée, et de ce que nous avons examiné, nous avons appris que ce sont les seuls qui se soient approchés de la connaissance de la vérité » (2).
« La tempérance habite parmi (les chrétiens), ils honorent la continence, ils respectent le mariage, ils gardent la chasteté ; l’injustice est proscrite, le péché détruit, la justice pratiquée, la loi accomplie ; on rend à Dieu le culte qui lui est dû et on célèbre ses louanges ; la vérité domine, la grâce conserve, la paix met en sûreté ; la parole sainte conduit, la sagesse enseigne, la véritable vie est connue, et Dieu règne » (3).

2. Le service des autres
« Ils secourent ceux qui les offensent, en faisant en sorte qu’ils deviennent leurs amis ; ils prennent soin de faire du bien à leurs ennemis ; ils sont doux et d’un commerce agréable ; ils s’abstiennent de toute conversation malsaine et de toute impureté ; ils ne méprisent pas la veuve, n’oppressent pas l’orphelin ; et celui qui possède donne sans rechigner à celui qui n’a rien ; s’ils voient un étranger, ils l’accueillent sous leur toit, et se réjouissent de sa présence comme s’il était véritablement leur frère ; c’est pourquoi ils se donnent le nom de frères, non pas selon la chair, mais selon l’esprit ».
« Si l’un de leurs pauvres vient à mourir, chacun, selon ses possibilités, contribue à ses funérailles ; s’ils apprennent que quelqu’un d’eux est emprisonné ou persécuté au nom de leur Messie, alors tous pourvoient avec empressement à ses nécessités, et s’il leur est possible de le libérer, alors ils s’y emploient. Si parmi eux quelqu’un est pauvre, ou dans le besoin, et qu’ils n’ont pas assez de nourriture, alors ils jeûnent deux ou trois jours pour pourvoir au besoin de nourriture du nécessiteux » (4).

3. Citoyens de la terre et du ciel
« Nous n’avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous recherchons celle de l’avenir » (Hébreux, 13,14).
« Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère.
« Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils prennent place à une table commune, mais qui n’est pas une table ordinaire. Ils sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois. Ils aiment tout le monde, et tout le monde les persécute. On ne les connaît pas, mais on les condamne ; on les tue et c’est ainsi qu’ils trouvent la vie. Ils sont pauvres et font beaucoup de riches. Ils manquent de tout et ils ont tout en abondance. On les méprise et, dans ce mépris, ils trouvent leur gloire. On les calomnie, et ils y trouvent leur justification. On les insulte, et ils bénissent. On les outrage, et ils honorent. Alors qu’ils font le bien, on les punit comme des malfaiteurs. Tandis qu’on les châtie, ils se réjouissent comme s’ils naissaient à la vie » (5).
« Ils ont reçu de Dieu des commandements qu’ils ont gravés dans leurs esprits et qu’ils observent dans l’espoir et l’attente du monde qui doit venir. C’est pourquoi ils ne commettent pas d’adultère ni de fornication, ne portent pas de faux témoignages, ne détournent pas ce qui ne leur appartient pas. Ils honorent leurs pères et leurs mères, et manifestent de la tendresse à leurs proches ; et lorsqu’ils jugent, ils le font avec droiture. Ils n’adorent pas les idoles faites à l’image de l’homme, et tout ce qu’ils ne veulent pas qu’on leur fasse, ils ne le font pas eux-mêmes aux autres ; ils ne mangent pas la nourriture qui est consacrée aux idoles, car ils sont purs. Ils apaisent leurs oppresseurs et en font leurs amis ; ils font du bien à leurs ennemis ; et leurs femmes, ô Roi, sont pures comme des vierges, et leurs filles sont modestes ; et leurs hommes se gardent eux-mêmes de toute union illégitime et de toute impureté, dans l’espoir d’une récompense à venir dans l’autre monde » (6).

4. L’eucharistie
Dans l’un des premiers textes chrétiens, saint Justin explique comment on célèbre l’eucharistie dans les premiers temps.
« Le jour du soleil, comme on l’appelle, tous ceux qui habitent les villes ou les campagnes se réunissent dans un même lieu, et on lit les récits des apôtres ou les écrits des prophètes, selon le temps dont on peut disposer. Quand le lecteur a fini, celui qui préside fait un discours pour exhorter à l’imitation de ces sublimes enseignements. Ensuite nous nous levons tous et nous prions (…) pour nous-mêmes et pour tous les autres, dans l’espoir d’obtenir, avec la connaissance que nous avons de la vérité, la grâce de vivre dans la droiture des oeuvres et dans l’observance des préceptes, et de mériter ainsi le salut éternel.
« Ensuite on apporte à celui qui est le chef des frères du pain, de l’eau et du vin. Il les prend et célèbre la gloire et chante les louanges du Père de l’univers, par le nom du Fils et du Saint-Esprit, et fait une longue action de grâces, pour tous les biens que nous avons reçus de lui (…).
« Quand le chef des frères a fini les prières et l’action de grâces, que tout le peuple y a répondu, ceux que nous appelons diacres distribuent à chacun des assistants le pain, le vin et l’eau eucharistiés, et ils en portent aux absents.
« Nous appelons cet aliment Eucharistie, et personne ne peut y prendre part, s’il ne croit la vérité de notre doctrine, s’il n’a reçu l’ablution pour la rémission de ses péchés et sa régénération, et s’il ne vit selon les enseignements du Christ. Car nous ne prenons pas cet aliment comme un pain ordinaire et une boisson commune. Mais de même que, par la parole de Dieu, Jésus-Christ, notre Sauveur, ayant été fait chair, a pris sang et chair pour notre salut ; de même aussi cet aliment, qui par l’assimilation doit nourrir nos chairs et notre sang, est devenu, par la vertu de l’action de grâces, contenant les paroles de Jésus-Christ lui-même, le propre sang et la propre chair de Jésus incarné : telle est notre foi. Les apôtres, dans leurs écrits, que l’on nomme Evangiles, nous ont appris que Jésus-Christ leur avait recommandé d’en agir de la sorte, lorsque ayant pris du pain, il dit : “Faites ceci en mémoire de moi: ceci est mon corps” ; et semblablement ayant pris le calice, et ayant rendu grâces: “Ceci est mon sang”, ajouta-t-il ; et il le leur distribua à eux seuls (…).
« Après l’assemblée, nous nous entretenons les uns les autres dans le souvenir de ce qui s’y est passé. Si nous avons du bien, nous soulageons les pauvres et nous nous aidons toujours ; et dans toutes nos offrandes, nous louons le Créateur de l’univers par Jésus-Christ son Fils et par le Saint-Esprit » (7).

5. La dimension chrétienne du travail
Les premiers chrétiens gardèrent très présent à l’esprit l’exemple de la vie de travail du Christ lui-même, car « il était considéré comme charpentier, et ce fut comme tel qu’il fabriqua des charrues et des attelages tandis qu’il vivait parmi les hommes, en enseignant de la sorte la nécessité d’une juste vie de travail » (8).
Le message chrétien sur cette structure du travail manifeste que le travail même le moins estimé aquiert une dimension nouvelle dans le Christ (9). La dimension surnaturelle du travail sera comme une incitation divine à dépasser largement l’impact des conditionnements sociaux, mais sans violence ni rébellion. Le travail avait, pour les premiers chrétiens, une valeur de signe distinctif entre le véritable croyant et le faux frère, et constituait aussi une manière délicate de vivre la charité pour n’être à la charge d’aucun frère (10).
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les premiers chrétiens étaient immergés dans un monde où le travail était conçu de manière péjorative. « Comme le travail était ce qui déterminait la vie de l’esclave, s’est imposée la distinction connue entre le travail “servile” et le travail “libre”, en identifiant le premier au travail proprement dit et le second à toute cette gamme d’activités qui, outre la culture, comprend les loisirs et les arts » (11).

« L’AMOUR QUI EMBRASSE » PAR NICOLAS P. PAPAS

25 août, 2014

http://www.iconsexplained.com/iec/iecf_citation_serge_boulgakov.htm#citation

« L’AMOUR QUI EMBRASSE » PAR NICOLAS P. PAPAS

Ré-imprimé avec permission, courtoisie Nicholas Papas

Traduit de l’anglais par P.W. de Ruyter avec l’aide d’un moine

L’icône « Plus spacieux que les Cieux » occupe une place très en vue dans une église orthodoxe, peut-être parce qu’elle exprime quelques unes de nos croyances essentielles au centre de notre Foi, principalement la volonté de notre Mère, l’Église, de nous recevoir avec ses bras grand-
ouverts qui nous attendent.
L’icône est souvent connue par son nom grec « Platytera Ton Ouranon », ou tout simplement « Platytera ». Dans la plupart des églises orthodoxes, on la retrouve à une place la mettant bien en évidence — en position haute dans l’abside — et souvent ses proportions énormes mettent toutes les autres icônes dans l’ombre. Ceci peut donner une impression un peu étrange à un visiteur non-orthodoxe. Ses grandes dimensions peuvent d’ailleurs causer un dilemme même chez les orthodoxes. Comment se peut-il, dans une église chrétienne, lieu où la vie tourne autour du Christ, qu’une image de Sa mère semble tout dominer? En réalité, il y a une image du Christ, le Tout-Puissant, reproduite à une place d’honneur : sur le plafond [ou dans le dôme, si le bâtiment de l'église en a un]. Deuxièmement, le Christ se trouve au centre du Platytera, sur les genoux de Marie.
Cela nous montre une équilibre dans la perspective, de l’Église, de la place et du rôle de Marie. Elle est essentielle et significative en raison de sa relation avec le Christ. Le Christ n’aurait pas pu naître sans son libre consentement. Elle est rendue significative par Celui qu’elle a porté. Elle fournit le trône. Elle est à l’arrière-plan. Ces caractéristiques révèlent son humilité, et paradoxalement l’icône la glorifie à sa manière propre, à cause de cela.
Elle est significative pour nous comme exemple de ce qui peut résulter d’une soumission libre à la bonté de Dieu. Elle est indispensable parce que, sans elle, la naissance du Christ n’aurait pas eu avoir lieu. La position architecturale de la Platytera nous enseigne clairement qu’elle est la personne par laquelle le ciel et la terre sont unis, parce que la peinture murale est l’endroit où le plafond et le plancher se rencontrent. Son icône « unit » l’icône du Christ représentée au plafond à nous qui sommes debout sur le plancher.
Une chose remarquable s’est passée avec la venu de l’Esprit Saint à la Pentecôte: Dieu révéla à l’humanité que chacun a la capacité que Dieu demeure dans son intérieur. Cela représentait un concept radicalement différent pour les Juifs de cette époque qui voyaient le trône de Dieu comme une structure physique, le Temple à Jérusalem. Maintenant, tous les croyants pouvaient être comme Marie — la première et la plus belle exemple que le corps physique de chaque croyant « est un temple de l’Esprit Saint » (1 Corinthiens 6:19). En raison du fait que Marie est cet exemple premier et parfait de « temple », la sagesse du choix de l’emplacement de la Platytera s’avère confirmée. Dans une même manière la Pentecôte portait les gens à repenser leur croyance concernant la demeure exacte de Dieu. D’une façon concrète, il nous faut prendre conscience de cette question : comment Dieu vit-il en nous, les croyants?
Dans cette icône les mains de Marie sont ouvertes et tendues. C’est une attitude de prière. Nous pouvons voir clairement qu’elle prie toujours pour nous, comme la bonne mère qu’elle est. En même temps nous pouvons voir dans ses bras ouverts une invitation qui signifie son désir intense de nous laisser embrasser par elle. Dans un sens spirituel, personne ne peut nous embrasser plus parfaitement qu’elle. En tant que Marie est une image de « l’Église », nous pouvons voir comment nous sommes « embrassés ».
Comme chaque bonne mère, notre Mère l’Église voit tous nos besoins. Et avec l’Église, nos besoins les plus profonds et les plus vrais sont finalement comblés. Elle nous donne à manger avec le « Pain de Vie » (Jean 6:35), elle nous habille avec une « vêtement de salut » et un « manteau de justice » (Isaïe 61:10), elle nous lave de nos péchés (Actes 22:16) avec « l’eau qui régénère », elle nous donne à boire de la « Source de Vie », elle nous abrite « sous l’ombre » des Ses ailes (Psaume 17:8), et elle nous donne une place pour trouver du « repos pour nos âmes ». Notre bonne Mère qui nous aime inconditionnellement est toujours prête et elle nous attend. Dans la superbe image de la Platytera elle se montre prête à nous embrasser. C’est une image précise et véridique qui nous montre le mystère merveilleux de la volonté intense mais patiente de Dieu de nous donner l’amour inconditionnel. Il y a un message simple dans l’image de Marie « Platytera »: viens et laisse-toi embrasser par l’amour parfait. »

 

Murillo, Saint Pierre Apôtre

22 août, 2014

Murillo, Saint Pierre Apôtre dans images sacrée 640px-San_Pedro_en_l%C3%A1grimas_-_Murillo
http://en.wikipedia.org/wiki/Saint_Peter

Romains: 11, 33 – 36 – COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 24 AOÛT

22 août, 2014

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut/#Deuxieme_lecture

COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 24 AOÛT

DEUXIEME LECTURE – Romains 11, 33 – 36

33 Quelle profondeur dans la richesse,
la sagesse et la science de Dieu !
Ses décisions sont insondables,
ses chemins sont impénétrables !
34 Qui a connu la pensée du Seigneur ?
Qui a été son conseiller ?
35 Qui lui a donné en premier
et mériterait de recevoir en retour ?
36 Car tout est de lui, et par lui, et pour lui.
A lui la gloire pour l’éternité ! Amen.

Ces lignes clôturent une méditation de Paul sur une situation historique et religieuse à proprement parler bouleversante : depuis plusieurs siècles, le peuple d’Israël se savait et se sentait messager du seul et unique vrai Dieu dans un monde où l’idolâtrie apparaissait comme la relation normale entre l’homme et le divin. Toute l’histoire de ce peuple était celle de l’Alliance que Dieu avait scellée avec lui au cours des événements de l’Exode : d’une troupe de fuyards évadés de l’Egypte, pays de leur servitude, Dieu avait fait un peuple libre ; il lui avait donné des règles de vie, et lui avait promis une fidélité sans faille et un avenir resplendissant : « Interroge donc les jours du début, ceux d’avant toi, depuis le jour où Dieu créa l’humanité sur la terre… Est-il rien arrivé d’aussi grand ?… Est-il arrivé à un peuple d’entendre comme toi la voix d’un dieu parlant du milieu du feu et de rester en vie ?… A toi, il t’a été donné de voir, pour que tu saches que c’est le Seigneur qui est Dieu ; il n’y en a pas d’autre que lui. » (Dt 4, 32… 35).
Les prophètes avaient de siècle en siècle, et surtout aux pires moments, rappelé à Israël qu’il était le peuple élu et qu’il pouvait compter sur la solidité du pacte que Dieu avait fait avec lui et sur le lumineux avenir qu’il lui avait promis : « Je t’ai destiné à être la lumière des nations, afin que mon salut soit présent jusqu’aux extrémités de la terre. » (Is 49, 6).
Et voilà que tout avait basculé : la naissance de la communauté chrétienne a représenté pour Israël un déchirement de toutes les certitudes : au sein même du peuple juif et émanant de lui est né un nouveau groupe de croyants, les fidèles de Jésus ; Paul est l’un d’eux : il est à la charnière de ces deux communautés, la juive et la chrétienne ; lui-même au début a ressenti comme une trahison de la cause juive la fidélité des disciples de Jésus à leur maître ; devenu Chrétien à son tour, il éprouve au plus profond de son coeur un nouveau déchirement. Nous avons lu depuis deux dimanches la souffrance qu’il éprouve et les questions qu’il se pose : le peuple élu va-t-il être écarté ? L’Alliance entre Dieu et Israël peut-elle être rompue au bénéfice d’un autre peuple ?
Pour méditer sur ce problème, Paul, en bon Juif qu’il est toujours, fait appel à toutes les ressources de l’Ecriture, ce que nous appelons aujourd’hui l’Ancien Testament. Il y trouve plusieurs motifs d’espérance.
Tout d’abord, Dieu est fidèle à son Alliance, aucun Juif ne saurait en douter. Comme dit le livre du Deutéronome, « Si le SEIGNEUR vous a libérés, c’est que le SEIGNEUR vous aime et tient le serment fait à vos pères. » (Dt 7, 8). Le « Dieu d’amour et de vérité » (au sens de fidélité) tel qu’il s’est révélé lui-même ne saurait se renier. Les prophètes avaient été jusqu’à comparer cette alliance entre Dieu et son peuple à un lien d’amour tel que celui des fiançailles ou du mariage. Dans un moment de grande infidélité du peuple, Osée affirmait que Dieu déployait toutes les ressources de son amour pour ramener la fiancée infidèle : « C’est moi qui vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son coeur… Là elle répondra comme au temps de sa jeunesse. » (Osée 2, 16-7). Et vous vous souvenez des promesses du prophète Isaïe qui comparait l’amour de Dieu pour Israël à celui d’un époux qu’aucune infidélité ne peut lasser : nous les avions lues à propos de cette même lettre aux Romains, pour le dix-neuvième dimanche (Is 54, 6-7. 10). Par exemple : « Mon Alliance de paix jamais ne sera branlante, dit celui qui te manifeste sa tendresse, le SEIGNEUR. » (Is 54, 10). C’est pour cela que Paul a pu affirmer un peu plus tôt : « Les dons de Dieu et son appel sont irrévocables » (Rm 11, 29). C’était notre lecture de dimanche dernier.
Deuxième motif d’espérance, Dieu sait tirer le bien de tous les événements, même du mal. Paul l’a affirmé un peu plus haut, dans cette même lettre aux Romains (Rm 8, 28) : « Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment » (c’est-à-dire de ceux qui lui font confiance) ; et ce peuple continue à croire en Dieu, Paul en est sûr. Dans un premier temps, c’est le refus des Juifs devant l’évangile qui est devenu, grâce à Dieu, la chance des païens qui ont été accueillis dans l’Eglise du Christ. Seul un petit nombre de Juifs, un Reste d’Israël, pour parler comme l’Ancien Testament, y est entré aussi. Dans un deuxième temps, c’est ce Reste d’Israël qui sauvera l’ensemble du peuple qui n’a jamais cessé d’être le peuple de l’Alliance.
Comment cela se fera-t-il ? Paul n’en sait rien, mais cet avenir lui apparaît absolument certain. Devant cette certitude, il tombe en admiration : « Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu ! » Humblement, il retrouve les versets des contemplatifs de l’Ancien Testament : l’auteur du psaume 138/139, par exemple, qui chantait : « Mystérieuse connaissance qui me dépasse, si haute que je ne puis l’atteindre… Dieu, que tes projets sont difficiles pour moi ! » (Ps 138/139, 6. 17). Ou le livre de la Sagesse : « Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! » (Sg 17, 1).
Quand il s’exclame : « Qui a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ? », il cite en fait les propos du prophète Isaïe : « Qui a mesuré l’Esprit du SEIGNEUR ?… De qui donc a-t-il pris conseil qui puisse l’éclairer, lui enseigner la voie du jugement, lui enseigner la science et lui indiquer le chemin de l’intelligence ? » (Is 40, 13-14 1). Et c’est au livre de Job encore qu’il emprunte un autre verset : « Qui lui a donné en premier et mériterait de recevoir en retour ? » (Jb 41, 3).
Rappel salutaire pour les Chrétiens auxquels il s’adresse, qui sont majoritairement de culture grecque et donc amoureux de la philosophie : elle était à leurs yeux la plus haute vertu. Manière aussi de ramener ses lecteurs à une saine humilité : les Juifs les précèdent sur le chemin de la Sagesse. Et dans cette foi même qu’il a héritée du Judaïsme, Paul ne perd pas espoir : les desseins de Dieu sont impénétrables : il saura sauver son Alliance.
—————————–
Note
1 – Paul cite les paroles d’Isaïe non pas d’après l’original hébreu (d’où la différence avec nos traductions d’Isaïe) mais d’après la traduction grecque, la Septante.
Complément
La doxologie qui termine chacune de nos prières eucharistiques « Par lui, avec lui et en lui tout honneur et toute gloire » ressemble à la finale du texte de Paul (verset 36).

 

HOMÉLIE 21E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

22 août, 2014

http://www.homelies.fr/homelie,,3934.html

21E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

DIMANCHE 24 AOÛT 2014

FAMILLE DE SAINT JOSEPH

HOMÉLIE – MESSE

Les deux évangélistes Marc et Matthieu précisent tous deux la localisation géographique du dialogue que nous venons d’entendre entre Jésus et ses apôtres ; c’est donc que celle-ci est significative. Il s’agit de « la région de Césarée-de-Philippe », ville construite par le tétrarque Hérode-Philippe près des sources du Jourdain, et ainsi dénommée en l’honneur de l’empereur Auguste. Jésus a-t-il voulu susciter la reconnaissance de son identité messianique sur l’horizon de cette cité élevée à la gloire des grands de ce monde, afin de suggérer l’antagonisme irréconciliable entre le Royaume de son père et les Empires d’ici-bas ? Ou bien a-t-il choisi ce lieu paradisiaque où l’eau coule en abondance et où la végétation est luxuriante, pour signifier que l’accueil de la révélation donne accès à la nouvelle création ? Peut-être faut-il conjuguer les deux interprétations : Jésus pourrait en effet suggérer par ce choix géographique, que l’on n’accède au nouvel Eden qu’en renonçant aux fastes d’ici-bas ?
« Le Fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? » La question introductrice semble relever d’un sondage d’opinion ; en terme médiatique nous pourrions traduire : « où en est ma cotte de popularité ? » De fait les disciples répondent en se référant à ce qu’ils ont pu entendre autour d’eux dans les murmures de la foule émerveillée par les miracles du Rabbi : « Pour les uns, il est Jean Baptiste ; pour d’autres, Elie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes ». Le point commun entre toutes ces propositions, est qu’elles se réfèrent toutes à des personnages du passé. Réflexe spontané des masses qui occultent la nouveauté du message et des interventions de Jésus, en tentant de les renvoyer à du déjà vu et déjà connu. Il est toujours rassurant de se dire que ce Rabbi n’apporte somme toute rien d’original, mais ne fait que répéter ce qui s’est déjà dit par le passé : cela permet d’éluder la question d’une véritable conversion.
Mais une telle interprétation de la Personne du Christ se méprend totalement sur son identité et sa mission ; car Jésus n’est pas venu pour redire, mais pour accomplir ; il n’est pas venu pour prolonger une histoire ancienne, mais pour ouvrir des temps nouveaux. Il ne se contente pas de faire écho aux enseignements des Rabbis de la tradition ancestrale, mais il ouvre une brèche vers un au-delà que l’homme ne pouvait même pas pressentir – et encore moins atteindre – par lui-même. Plus encore qu’une doctrine, c’est un chemin que Jésus déploie devant nous ; un chemin sur lequel il passe en premier pour rejoindre le Père, entraînant à sa suite ceux qui ont pressenti la radicale nouveauté de son enseignement et qui lui font confiance.
Lorsque Simon proclame que Jésus est « le Messie, le Fils du Dieu vivant », son affirmation n’est vraie qu’à condition de donner à ces termes une signification radicalement nouvelle, qui correspond à Jésus seul, mais qui ne sera révélée qu’au matin de la Résurrection. Il est dès lors probable que lorsque Pierre attribue à Jésus le titre de « Christ », et de « Fils de Dieu », il est loin de mesurer la portée de ce qu’il affirme : ce n’est qu’au terme de la deuxième partie de son cheminement à la suite de Jésus, culminant dans le triduum pascal, qu’il le découvrira – non sans peine. C’est bien pourquoi pour le moment Notre-Seigneur ordonne aux disciples « de ne dire à personne qu’il était le Messie ».
Pourtant, même s’il n’a pas encore tout compris, Simon a cependant fait un pas décisif dans la bonne direction, comme le confirme la réponse très solennelle de Jésus, dont on devine la joie intérieure. Son disciple vient en effet de manifester son ouverture à la grâce d’en haut : ce qu’il vient de proclamer n’est pas le vestige de son catéchisme d’enfance, ni le fruit d’un raisonnement humain. Mais il s’agit d’une véritable confession de foi, c’est-à-dire de l’adhésion, à travers des mots connus, à une réalité inconnue, radicalement nouvelle, que Simon a pressentie à la lumière de la grâce, en la Personne de son Maître.
Cet accueil de l’action de l’Esprit Saint, fait de Simon un homme nouveau : il est désormais bien plus que le fils de Yonas ; car un autre s’est joint à lui : le Père de Jésus, qui vient de parler par sa bouche. Par cette intervention divine, Simon est élevé au-dessus de sa simple hérédité naturelle, au-dessus de la « chair et du sang » : il participe désormais à la filiation de Jésus dans l’Esprit.
Cette nouvelle généalogie est confirmée par le don d’un nom nouveau : Simon devient « Pierre ». Or ce nom n’est rien de moins qu’un titre messianique : la pierre, le rocher, est une des dénominations par lesquelles la Bible désignait le Christ à venir. Ainsi donc la foi naissante de Simon l’unit d’emblée à son Maître, au point de le rendre participant à son identité et à sa mission.
Le ministère des « clés du Royaume » qui lui est confié est également un pouvoir messianique : seul le Christ enseigne, condamne et absout avec l’autorité de Dieu son Père. Ce qui ne signifie pas que celui-ci se plie désormais aux caprices de Pierre et de ses successeurs, mais bien plutôt qu’il s’engage à leur accorder une grâce particulière de discernement, de manière à ce que leurs décisions correspondent à ses desseins.
Ce pouvoir inouïe est conféré non seulement à Simon-Pierre et à ses successeurs – qui l’exercent d’une manière paradigmatique – mais il le sera bientôt à tous ceux qui suivent le Christ (Mt 18, 18), c’est-à-dire à l’Eglise entière. Tous, si nous confessons que le Christ est « la pierre angulaire rejetée par les bâtisseurs mais choisie par Dieu » (Mt 21, 42), nous recevrons une « caillou blanc, portant gravé un nouveau nom » (Ap 2, 17). Tous nous sommes appelés à devenir des pierres vivantes de l’édifice de Dieu (1 P 2, 4-6) – à condition de nous laissons équarrir par l’Esprit.

« Seigneur, par la foi, tu ouvres devant nous une histoire radicalement nouvelle ; tu nous invites à ta suite sur un chemin qui nous fait quitter ce monde ancien et nous donne accès dès à présent à la nouveauté du Royaume. La seule exigence, est que nous nous nourrissions de ta Parole, et que nous consentions à l’action transformante de ton Esprit, afin d’entrer chaque jour davantage dans la compréhension de “la profondeur de ta richesse, de ta sagesse et de ta science” (2nd lect.). Donne-nous de ne pas être des enfants timorés ou ingrats, mais d’oser risquer notre vie en réponse à ton appel, “car tout est de toi, et par toi, et pour toi. A toi la gloire pour l’éternité ! Amen” (Ibid.). »

Père Joseph-Marie

LA BEAUTÉ COMME RÉVÉLATION DE DIEU ET OFFRANDE DE L’HOMME

20 août, 2014

http://www.pagesorthodoxes.net/liturgie/beaute.htm

LA BEAUTÉ COMME RÉVÉLATION DE DIEU ET OFFRANDE DE L’HOMME dans image sacré et texte rejouit2

« En toi se réjouit toute créature »
Icône de Novgorod, fin XVe siècle

LA BEAUTÉ COMME RÉVÉLATION DE DIEU ET OFFRANDE DE L’HOMME

La liturgie de l’Église orthodoxe est toute entière une icône de la liturgie céleste, une image du siècle à venir. Tout y est utilisé afin de révéler au coeur de l’homme la beauté du Royaume de Dieu. En grec comme en hébreu, le même mot signifie à la fois le beau et le bon. La vérité de Dieu est aussi beauté : une beauté qui appelle au coeur de l’homme. Pour comprendre cela, l’homme doit acquérir cet esprit d’enfance auquel nous invite le Christ, non pas dans la naïveté ou la mièvrerie, mais dans cette faculté irremplaçable d’émerveillement par laquelle Dieu se laisse découvrir au plus profond de nous-mêmes. Seuls les coeurs purs, simples et humbles devant Dieu peuvent saisir cette beauté dans laquelle Dieu nous montre sa Face, dans la splendeur rayonnante de son amour.
L’enseignement de l’hymnographie, la richesse des textes liturgiques, comme l’ensemble de ce que l’on peut appeler l’esthétique liturgique, ne s’adressent pas uniquement à la raison ; ils parlent aussi directement au coeur de l’homme.
Ainsi la liturgie est-elle faite pour englober l’homme, le nourrir, l’illuminer. Le fidèle qui participe à la prière de l’Église ne vient pas pour se concentrer intellectuellement sur un enseignement figé, mais pour s’imprégner de la beauté de la liturgie, se plonger dans son atmosphère, pour s’en nourrir l’âme, le coeur autant que l’esprit. Répétons-le, il faut être dans la liturgie comme un enfant qui goûte aux merveilles du monde, ce qui signifie une attitude paisible, détendue, autant que concentrée. C’est pourquoi les offices souvent fort longs ne sont pas vécus comme une contrainte, mais comme une vie dans la vie, où le temps est suspendu, dans un avant-goût du Royaume, tout en nécessitant une certaine ascèse, dans l’effort de se tenir debout et attentif. Dans la liturgie, la beauté n’est pas seulement une icône de la gloire de Dieu. Ou plutôt, elle ne l’est que parce qu’elle a été consacrée à Dieu. Par  » consacrée « , il faut entendre littéralement  » offerte à Dieu comme une offrande sacrificielle « .

Au sein de la liturgie, l’homme est appelé à apporter à Dieu tout ce qui fait sa vie, tout ce qui la rend précieuse, en définitive tout ce qui y constitue un don de Dieu et qui lui est rapporté en action de grâces. Or le sens du beau est certainement la marque la plus profonde de l’image divine en l’homme.
En développant la beauté liturgique dans tous ses aspects, l’homme offre à Dieu non seulement les talents que Dieu a mis en lui pour les réaliser, mais aussi cette faculté inestimable de pouvoir s’émerveiller devant la beauté façonnée par l’homme pour en faire une icône du Royaume.

L’église : Lieu sacré
L’édifice de l’église a une architecture répondant au besoins de la célébration selon le rite de l’Église orthodoxe. Ce qui différencie l’église de tout autre lieu, c’est l’autel. C’est sur l’autel que s’opère le mystère de l’Eucharistie, le sommet de toutes les célébrations de l’Église, où le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Christ. Il est assimilé dans le sacrement au tombeau du Christ où eut lieu la Résurrection de son corps. L’espace entourant l’autel, le sanctuaire, est délimité par une cloison supportant des icônes, l’iconostase. Au centre de cette cloison s’ouvre une porte à double-battants donnant directement sur l’autel. De chaque côté de cette porte, on trouve généralement l’icône du Christ à droite, et celle de la Mère de Dieu à gauche. Seuls les célébrants franchissent cette porte. De même, seuls ceux qui sont appelés au service liturgique entrent dans le sanctuaire. Cette disposition de l’autel dans le sanctuaire et de l’iconostase caractérise toutes les églises orthodoxes, même lorsque le lieu de culte n’est qu’un local aménagé.
À gauche de l’autel, une table de petite taille sert à la préparation des saints dons : la prothèse. Avant le début de la célébration, le calice et la patène (disque sur lequel vient reposer le saint pain pendant la célébration) sont disposés sur la prothèse. Le célébrant remplit le calice de vin et d’eau et découpe dans un petit pain préparé spécialement le morceau qui deviendra le Corps du Christ et le dispose sur la patène. Au moment de l’offertoire, durant la célébration de l’eucharistie, le calice et la patène (disque) sont solennellement portés en procession à partir de la prothèse jusqu’à l’autel. Les célébrants sortent du sanctuaire par une porte latérale, viennent jusqu’au milieu de l’église puis entrent dans le sanctuaire pour les déposer sur l’autel. À droite du sanctuaire se trouve le diaconicon ou sacristie, où sont rangés les ornements et les objets liturgiques.
Hors du sanctuaire, les fidèles et le choeur ou les chantres se tiennent dans la nef. C’est dans la nef que la communion est donnée aux fidèles. C’est là aussi que se déroulent la plupart des sacrements, à l’exception du sacrement de l’ordination, qui a lieu à l’autel, et de l’onction des malades, qui peut se faire au domicile du souffrant ou à l’hôpital.
Le narthex est un vestibule entre la nef et l’extérieur où se tiennent les pénitents. Les moines, qui sont des pénitents avant toute chose, y disent les offices typiquement monastiques. Lors des offices liturgiques solennels, on y prononce une grande prière appelée Litie, destinée à l’intercession pour le monde, afin de le préserver des calamités et des catastrophes naturelles. À l’extérieur, on trouve enfin un péristyle, sorte de préau avec parfois une fontaine. Ces deux parties, le narthex et le péristyle, ne se trouvent que dans les églises bâties. Lorsqu’un simple local est aménagé en vue de la célébration, on se contente généralement du sanctuaire avec son iconostase et de la nef.
Dans une église construite, l’élévation en hauteur se fait toujours en harmonie avec le plan au sol, de manière à ce que les proportions soit agréables à l’homme, pour qu’il puisse s’y sentit chez lui, tout en lui inspirant un sentiment d’élévation de l’esprit. L’harmonie des proportions crée une impression de paix et de bien-être, quelle que soit la taille de l’édifice. Ainsi, l’église Sainte-Sophie de Constantinople, un des plus merveilleux exemples de l’architecture liturgique orthodoxe mais aussi une des plus grandes basiliques de la chrétienté, n’engendre aucune sensation d’écrasement, à l’inverse de bien des cathédrales de style gothique. La coupole hémisphérique de cette basilique enveloppe l’espace intérieur, en reproduisant l’harmonie du cosmos récapitulée dans l’église.
Cette coupole se retrouve dans la plupart des église orthodoxes, surmontant la nef. Une fresque représentant le Christ Pantocrator, c’est-à-dire  » souverain de l’univers  » y est peinte. La plupart des murs sont ainsi ornés de fresques peintes selon la même technique picturale que les icônes ; elles représentent les scènes de la vie du Christ et des figures de saints. Le fidèle se trouve ainsi  » environné d’une nuée de témoins « . Cette omniprésence de la sainteté et du mystère de l’oeuvre du Christ a l’immense avantage de créer par sa profusion même un climat psychologique particulièrement propice à la prière et à la paix intérieure. En outre, les couleurs utilisées pour ces fresques mariées au jeu des lumières particulièrement étudié dans la construction de l’édifice, contribuent elles aussi à créer l’ambiance inexprimable de la liturgie orthodoxe.

L’icône : Fenêtre sur le Royaume
La vénération des icônes est bien connue du grand public à propos de l’Orthodoxie. Le mystère de l’icône est d’ordre sacramentel : le sacrement de la présence de celui qui est représenté. Une photo d’un être cher nous remémore sa présence. En faisant ainsi mémoire de lui, nous nous sentons proches de lui, au moins sur le plan affectif. L’icône développe cela à la mesure du mystère de l’Église et surtout, elle donne à cette commémoraison une dimension liturgique. Car l’icône n’a pas pour objet de flatter nos sens par sa beauté, mais elle nous permet de prier en présence de ce qui est représenté, soit face au mystère de l’économie divine lorsqu’elle représente une scène comme la Transfiguration ou la Résurrection du Christ, soit dans un face-à-face direct avec le Christ, la Mère de Dieu ou les saints.
Vénérée par les fidèles, encensée par les célébrants, portée en procession, l’icône est intégrée à la liturgie de l’Église. À chaque fête liturgique correspond une icône qui en est l’expression picturale, comme les chants liturgiques en sont l’expression verbale.
En se faisant chair, en habitant parmi les hommes, Dieu est  » sorti  » de sa transcendance pour s’abaisser (Saint Paul va jusqu’à parler d’ » anéantissement  » pour traduire cet abaissement – cf. Ph. 2,7) et se rendre ainsi visible et descriptible sous les traits d’un homme, dans la personne même du Fils de Dieu. Et cette face n’est pas anonyme, elle porte un nom, celui de Jésus, le Sauveur et le Seigneur du monde, vrai Dieu et vrai homme (Symbole de foi de Nicée-Constantinople). Avant le fait inouï de l’Incarnation, nulle représentation n’était possible parce que la révélation de Dieu ne s’était pas accomplie avec une telle clarté ni une telle plénitude : la face de Dieu ne s’était pas encore montrée.
Qui a vu le Fils a vu le Père (cf. Jn 14,9), mais aussi l’Esprit qui repose sur lui. En effet, aucune représentation du Père et de l’Esprit ne sont possibles. La seule icône de la Trinité qui soit acceptable pour l’Orthodoxie est une icône symbolique : celle des trois anges accueillis par Abraham sous le chêne de Mambré.
L’icône n’est donc pas le Christ lui-même, mais son image, image par laquelle il se rend mystérieusement présent. L’icône est un moyen, un support de la prière et un soutien de l’amour. La vénération qui lui est portée est une vénération relative, elle ne va pas à l’objet lui-même, mais à celui qui est représenté. Au lieu d’être une réalité matérielle close sur elle-même, comme le serait une idole, elle est une  » fenêtre sur le Royaume « , un moyen d’accès à l’invisible.
C’est pourquoi elle répond à des canons et à une esthétique qui lui sont propres. À l’inverse d’un portrait ou d’une photo, l’icône décrit de manière dynamique un état qui n’est pas de ce monde : celui de la nature humaine transfigurée, telle qu’elle est apparue aux disciples lors de la Transfiguration du Christ au le Mont Thabor, mais aussi à tous ceux qui ont vu le Christ ressuscité. Dans les icônes, quelle que soit le moment de la vie de l’existence du Christ ou des saints représentés, la chair est déjà ressuscitée, illuminée de l’intérieur par une lumière qui n’est pas de ce monde. C’est pourquoi les formes, la perspective, les couleurs, le sens de la lumière et l’absence d’ombres dans l’icône lui donnent cet aspect à nul autre pareil, totalement étranger à un art figuratif qui ne cherche qu’à imiter la réalité visible. Ces formes esthétiques sont un parti pris conscient et avoué de la part des iconographes, selon une science picturale très aboutie.

Le chant : Louange de Dieu
Le chant liturgique est complémentaire de l’icône et il tient une très grande place dans la liturgie. L’homme est particulièrement sensible à ce qu’il entend, et la musique exerce sur lui une influence très grande, tant sur son esprit que sur son corps. L’Église, reprenant les usages de l’Ancien Testament (les Psaumes, par exemple, sont avant tout des prières chantées), a toujours utilisé le chant dans ses célébrations. Elle a ainsi créé un univers sonore apte à élever l’esprit de l’homme en le pacifiant, pour l’ouvrir à la contemplation des mystères célébrés.
Le chant liturgique répond à des exigences précises, en tous points comparables à celles qui gouvernent l’iconographie. Il ne vise pas à exprimer des sentiments ou des émotions humaines ; comme l’icône, il a pour but d’ouvrir l’esprit de l’homme à la présence de Dieu, en lui faisant oublier les soucis de ce monde pour s’élever vers son Créateur. L’usage des instruments de musique est proscrite dans l’Église orthodoxe. Seule la voix humaine est apte à louer Dieu. D’autant que les textes des chants priment sur la mélodie, celle-ci n’en est que le support, même si à certains moments de la célébration le chant finit par n’être plus qu’une mélodie pure.
Le chant crée une harmonie de sons s’unissant à l’harmonie des couleurs et des formes au sein de l’édifice liturgique. Mais l’aspect rythmique en est tout aussi important. Le rythme du chant doit se greffer sur celui de la célébration et sur les gestes des célébrants, en soulignant les moments importants ou en créant des temps de transition nécessaires

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