Archive pour le 29 août, 2014

Goya’s painting of the repentant Apostle Peter

29 août, 2014

 Goya’s painting of the repentant Apostle Peter   dans images sacrée 810goya

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BENOÎT XVI – LE MARTYRE DE SAINT JEAN-BAPTISTE

29 août, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20120829_fr.html

BENOÎT XVI – LE MARTYRE DE SAINT JEAN-BAPTISTE

AUDIENCE GÉNÉRALE

Castel Gandolfo

Mercredi 29 août 2012

Chers frères et sœurs,

En ce dernier mercredi du mois d’août, est célébrée la mémoire liturgique du martyre de saint Jean-Baptiste, le précurseur de Jésus. Dans le calendrier romain, il s’agit de l’unique saint dont on célèbre tant la naissance, le 24 juin, que la mort survenue par le martyre. La fête d’aujourd’hui remonte à la dédicace d’une crypte de Sébaste, en Samarie, dans laquelle, dès le milieu du ive siècle, on vénérait sa tête. Le culte s’étendit ensuite à Jérusalem, dans les Églises d’Orient, sous le titre de Décollation de saint Jean-Baptiste. Dans le Martyrologe romain, il est fait référence à une deuxième découverte de la précieuse relique, transportée, pour l’occasion, dans l’église Saint-Sylvestre au campo Marzio, à Rome.
Ces petites références historiques nous aident à comprendre combien la vénération de saint Jean-Baptiste est ancienne et profonde. Les Évangiles mettent très bien en évidence son rôle en référence à Jésus. En particulier, saint Luc raconte sa naissance, sa vie dans le désert, sa prédication, et saint Marc nous parle de sa mort dramatique dans l’Évangile d’aujourd’hui. Jean-Baptiste commence sa prédication sous le règne de l’empereur Tibère, en 27-28 après Jésus Christ, et la claire invitation qu’il adresse à la foule venue l’écouter est celle de préparer le chemin pour accueillir le Seigneur, de rendre droits les sentiers tortueux de sa vie à travers une conversion radicale du cœur (cf. Lc 3, 4). Mais Jean-Baptiste ne se limite pas à prêcher la pénitence, la conversion, mais, en reconnaissant Jésus comme « l’Agneau de Dieu » venu ôter le péché du monde (Jn 1, 29), il a l’humilité profonde de montrer en Jésus le véritable Envoyé de Dieu, se mettant de côté afin que le Christ puisse grandir, être accueilli et suivi. Comme dernier acte, Jean-Baptiste témoigne par le sang de sa fidélité aux commandements de Dieu, sans céder ni faire marche arrière, en accomplissant jusqu’au bout sa mission. Saint Bède, moine du ixe siècle, dit dans ses homélies : « Saint Jean donna sa vie pour [le Christ], même si l’on ne lui ordonna pas de renier Jésus Christ, on lui ordonna uniquement de taire la vérité » (cf. Hom. 23 : ccl 122, 354). Et il ne taisait pas la vérité et ainsi, il mourut pour le Christ qui est la Vérité. Précisément pour l’amour de la vérité, il ne fit pas de compromis et n’eut pas peur d’adresser des paroles fortes à ceux qui avaient égaré la voie de Dieu.
Nous voyons cette grande figure, cette force dans la passion, dans la résistance contre les puissants. Nous nous demandons : d’où naît cette vie, cette intériorité si forte, si droite, si cohérente, consacrée de façon si totale à Dieu et à préparer la voie pour Jésus ? La réponse est simple : de la relation avec Dieu, de la prière, qui est le fil conducteur de toute son existence. Jean est le don divin longuement invoqué par ses parents, Zacharie et Elisabeth (cf. Lc 1, 13) ; un don grand, humainement impensable, car tous deux avaient un certain âge et Élisabeth était stérile (cf. Lc 1, 7) ; mais rien n’est impossible à Dieu (cf. Lc 1, 36). L’annonce de cette naissance a lieu précisément dans le lieu de la prière, au temple de Jérusalem, elle a même lieu lorsque Zacharie reçoit le grand privilège d’entrer dans le lieu le plus sacré du temple pour faire l’offrande de l’encens au Seigneur (cf. Lc 1, 8-20). La naissance de Jean-Baptiste est marquée elle aussi par la prière : le chant de joie, de louange et d’action de grâce que Zacharie élève au Seigneur et que nous récitons chaque matin dans les Laudes, le Benedictus, exalte l’action de Dieu dans l’histoire et indique de façon prophétique la mission du fils Jean : précéder le Fils de Dieu qui s’est fait chair pour lui préparer les routes (cf. Lc 1, 67-79). L’existence tout entière du Précurseur de Jésus est nourrie par la relation avec Dieu, en particulier la période passée dans des régions désertes (cf. Lc 1, 80) ; les régions désertes qui sont le lieu de la tentation, mais également le lieu où l’homme sent sa pauvreté car privé d’appuis et de sécurités matérielles, et comprend que l’unique point de référence solide demeure Dieu lui-même. Mais Jean-Baptiste n’est pas seulement un homme de prière, du contact permanent avec Dieu, mais également un guide pour cette relation. L’évangéliste Luc, en rapportant la prière que Jésus enseigne aux disciples, le « Notre Père », souligne que la demande est formulée par les disciples à travers ces paroles : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples » (cf. Lc 11, 1).
Chers frères et sœurs, célébrer le martyre de saint Jean-Baptiste nous rappelle également à nous, chrétiens de notre temps, qu’aucun compromis n’est possible avec l’amour du Christ, avec sa Parole, avec sa Vérité. La Vérité est Vérité, il n’existe pas de compromis. La vie chrétienne exige, pour ainsi dire, le « martyre » de la fidélité quotidienne à l’Évangile, c’est-à-dire le courage de laisser le Christ grandir en nous et de le laisser orienter notre pensée et nos actions. Mais cela ne peut avoir lieu dans notre vie que si notre relation avec Dieu est solide. La prière n’est pas du temps perdu, elle ne vole pas de place aux activités, même apostoliques, mais elle est exactement le contraire : ce n’est que si nous sommes capables d’avoir une vie de prière fidèle, constante, confiante que Dieu lui-même nous donnera la capacité et la force de vivre de façon heureuse et sereine, de surmonter les difficultés et de témoigner de Lui avec courage. Que saint Jean-Baptiste intercède pour nous, afin que nous sachions toujours conserver le primat de Dieu dans notre vie. Merci.

PREMIERE LECTURE – JÉRÉMIE 20, 7 – 9 – MARIE NOËLLE THABUT, 31 AOÛT

29 août, 2014

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 31 AOÛT

PREMIERE LECTURE – JÉRÉMIE 20, 7 – 9

7 SEIGNEUR, tu as voulu me séduire, et je me suis laissé séduire ;
tu m’as fait subir ta puissance,
et tu l’as emporté.
A longueur de journée je suis en butte à la raillerie,
tout le monde se moque de moi.
8 Chaque fois que j’ai à dire la Parole,
je dois crier,
je dois proclamer :
« Violence et pillage ! »
A longueur de journée, la parole du SEIGNEUR
attire sur moi l’injure et la moquerie.
9 Je me disais : « Je ne penserai plus à lui,
je ne parlerai plus en son nom. »
Mais il y avait en moi comme un feu dévorant,
au plus profond de mon être.
Je m’épuisais à le maîtriser,
sans y réussir.

Jérémie nous décrit ici l’expérience spirituelle de persécution et de déchirement intérieur qu’il a vécue toute sa vie ; et il n’est pas le seul ; de nombreux autres prophètes et, plus tard, Jésus lui-même, ont affronté de telles situations 1.
Revenons à Jérémie, je vous rappelle le contexte de sa prédication : il a exercé son ministère pendant les quarante années qui ont précédé le désastre de Jérusalem en 587 av.J.C. et la déportation à Babylone. Quarante années de décadence spirituelle, et son ministère, précisément, consistait à prédire la catastrophe : pas pour le plaisir de jouer les oiseaux de mauvais augure, évidemment, mais au contraire dans l’espoir d’obtenir in extremis la conversion du roi et du peuple.
Il ne néglige rien pour alerter ses contemporains, s’il est encore temps ; mais eux-mêmes ne négligent rien non plus pour faire taire cet empêcheur de danser en rond. C’est dans ce contexte très polémique et donc très angoissant pour lui que sont nées ces confidences dont nous venons de lire un extrait, ce que nous appelons ses « confessions » ; malheureusement, le mot « jérémiades », qui vient de là, bien sûr, est devenu péjoratif, ce qui est tout à fait injuste ; car les confessions de Jérémie sont magnifiques, pleines de douleur, c’est vrai, mais plus encore pleines de foi et de passion pour la cause de son Dieu.
Dans le texte d’aujourd’hui, par exemple, il nous livre le débat intérieur qui se joue au plus profond de lui : écartelé entre l’appel de Dieu qui le pousse à parler, et la sagesse humaine qui le pousse à se taire : « Je me disais : Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son nom. Mais il y avait en moi comme un feu dévorant, au plus profond de mon être. Je m’épuisais à le maîtriser, sans y réussir. » Mais abandonner la partie serait abandonner ses concitoyens à leur triste sort et tromper la confiance de Dieu.
On voit bien pourquoi ce texte nous est proposé ce dimanche où nous entendrons l’évangile de la confession de Pierre à Césarée. Quand Jésus avait demandé à ses disciples « Pour vous, qui suis-je ? » Pierre avait su répondre que Jésus était bien le Messie attendu ; mais aussitôt, Jésus avait dévoilé à ses disciples le sort qui l’attendait : la Passion, la croix, la mort, la résurrection ; je vous rappelle ce passage de l’évangile de saint Matthieu : « Pierre avait dit à Jésus : Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. A partir de ce moment, Jésus le Christ commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter. » Pierre, évidemment, s’était récrié : « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas. » Mais Jésus l’avait traité de Satan et avait prévenu ses disciples qu’ils ne seraient pas mieux traités que leur maître : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la gardera. »
Et il avait expliqué pourquoi : les pensées de Dieu ne sont pas celles des hommes, comme disait Isaïe ; un véritable prophète est donc inévitablement dérangeant pour les idées à la mode ; le feu dévorant de la parole de Dieu invitant à la conversion n’est pas fait pour plaire : « A longueur de journée je suis en butte à la raillerie, tout le monde se moque de moi » avoue Jérémie, et il ne cache pas qu’il lui arrive d’avoir peur. Il lui arrive d’entendre les gens parler dans son dos et comploter pour l’éliminer : « J’entends les propos menaçants de la foule » (Jr 20, 10).
Le prophète est d’autant plus dérangeant qu’on n’arrive pas à s’en débarrasser : car s’il est vraiment l’envoyé du Seigneur, celui-ci lui donne la force de continuer malgré toutes les persécutions ; si bien qu’il n’y a pas moyen de le faire taire. On comprend bien pourquoi la persécution est inévitable.
Par exemple, les versets qui précèdent notre lecture d’aujourd’hui nous décrivent un épisode particulièrement difficile de la vie du prophète : Jérémie avait tellement cassé les oreilles de tout le monde dans le Temple avec tous ses reproches que le prêtre Pashehour l’avait fait attacher au pilori la tête en bas, sur la place publique ; le lendemain, quand Pashehour en personne est venu le détacher, pensant que cette rude punition l’avait enfin calmé, Jérémie avait repris de plus belle et s’en était pris carrément à Pashehour lui-même.
Et pourtant, ces confessions de Jérémie, empreintes de douleur, sont en même temps un aveu de la passion dévorante qui le brûle et, finalement, illumine sa vie : « SEIGNEUR, tu as voulu me séduire, et je me suis laissé séduire ; tu m’as fait subir ta puissance, et tu l’as emporté. » Il se plaint, oui, mais il ne donnerait pas sa place à un autre. « Il y avait en moi comme un feu dévorant, au plus profond de mon être. »
Ce feu dévorant fait évidemment penser à la phrase du psaume 68 : « Le zèle de ta maison me dévorera », qui exprime bien la persécution endurée par tous les prophètes ; pour commencer, ce fut le cas du peuple d’Israël lui-même, investi d’une mission prophétique au service des nations. Tout au long de son histoire, il a cherché à rester fidèle à sa mission et cela lui valut par moments de terribles persécutions.
Puis ce fut le cas de tous les prophètes, les uns après les autres, parmi lesquels Jérémie ; et, bien sûr, les premiers chrétiens ont relu la vie de Jésus de la même manière. Comme Jérémie, Jésus a finalement été réduit au silence. Mais rien ne peut faire taire la Parole de Dieu : le Christ est ressuscité ; et désormais nous savons qu’un jour viendra où les hommes écouteront la Parole et y trouveront enfin leur lumière. Qui accepte de perdre sa vie la sauvera, la sienne et celle des autres.
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Note
On lit un texte tout à fait semblable de Jérémie dans la liturgie du douzième dimanche ordinaire de l’année A : Jr 20, 10-13.
Compléments
« Le zèle de ta maison me dévorera » : Saint Jean, lui, a appliqué cette phrase à Jésus ; comme Jérémie, il a prêché à Jérusalem, et comme lui, il a été amené à déplaire ; et comme lui encore, il a risqué sa vie pour continuer à annoncer à temps et à contre-temps la parole qui aurait pu sauver ses contemporains, si seulement ils avaient bien voulu l’écouter. L’épisode que Jean a choisi pour évoquer la parole de ce psaume, c’est ce que l’on appelle la « purification du temple », c’est-à-dire le jour où Jésus a chassé les vendeurs du Temple de Jérusalem. Ce jour-là, d’ailleurs, Jésus citait une phrase de Jérémie : « Cette Maison sur laquelle mon nom a été proclamé, (dit Dieu, traduisez le temple), la prenez-vous pour une caverne de bandits ? » (Jr 7, 11).

 

22E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – HOMÉLIE – MESSE

29 août, 2014

http://www.homelies.fr/homelie,,3941.html

22E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

DIMANCHE 31 AOÛT 2014

FAMILLE DE SAINT JOSEPH

HOMÉLIE – MESSE

Dans son encyclique Populorum progressio, le pape Paul VI affirmait : « Toute vie est une vocation » parce qu’elle est un appel : un appel à la sainteté c’est-à-dire un appel à vivre de la vie même de Dieu en étant totalement transfiguré par son amour, un appel à collaborer à son œuvre divine de salut en chaque homme, en somme un appel à vivre en Christ en qui nous communions à la plénitude de la divinité et en qui nous coopérons à l’œuvre divine de rédemption.
En tant qu’appel, la vocation invite à une réponse. Celle que le Seigneur attend de nous est une réponse de foi. Pierre, lui aussi, fut appelé par le Seigneur et sa réponse s’exprima dans cette confession admirable : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. »
Mais Pierre ne perçut sans doute pas la portée de ses paroles. La suite du récit évangélique nous le montre. En effet, en ce moment crucial où il vient expressément d’obtenir de ses disciples et de Pierre en particulier la première profession de foi en sa messianité, Jésus fait la première annonce de sa Passion. Matthieu nous rapporte : « A partir de ce jour, Jésus commença de montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et le troisième jour ressusciter ». Au rôle glorieux du Messie, il vient ajouter le rôle douloureux du Serviteur Souffrant du livre d’Isaïe.
Jésus montre par là à ses disciples que s’engager à sa suite en réponse à son appel à partager sa vie implique le passage par la croix : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera. »
Ces propos de notre Seigneur furent tout autant incompréhensibles pour Pierre qu’ils peuvent l’être pour nous. Suivre le Christ pour accomplir sa vocation est crucifiant. Mais cela ne doit pas nous rebuter. En effet, nous devons voir les épreuves, souffrances et incompréhensions que nous traversons comme autant d’occasions d’entrer davantage dans la dynamique du don et de l’amour qui en fin de compte représente la dynamique propre à la vocation chrétienne. Dieu nous a créés pour l’amour, pour une communion d’amour avec lui. La vocation chrétienne ne consiste-t-elle pas précisément à passer de l’observance des commandements de la Loi divine à un niveau plus élevé de la donation de nous-mêmes à l’imitation de notre Seigneur Jésus-Christ ? La souffrance et les épreuves contribuent à cela en nous poussant à nous donner jusqu’au bout sans rien attendre en retour, gratuitement, comme Dieu l’a fait pour nous en son Fils.
Celui qui choisit délibérément de répondre à sa vocation ne manquera pas de connaître la persécution, la souffrance, voire même de se sentir peut-être abandonné de Dieu. Il se trouvera inévitablement écartelé entre le feu de l’appel de Dieu et la sagesse humaine qui ne manquera pas de lui montrer comme absurde la volonté de répondre à cet appel. C’est tout le débat intérieur que vit le prophète Jérémie, entre l’appel de Dieu qui le pousse à parler, et la sagesse humaine qui le pousse à se taire : « Je me disais : Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son nom. Mais il y avait en moi comme un feu dévorant, au plus profond de mon être. Je m’épuisais à le maîtriser, sans y réussir. »
Il est consolant de voir que le feu de l’appel de Dieu demeure ici le plus fort. Mais il ne supprime pas pour autant l’épreuve qui purifie la vocation en la ramenant à ce qui en est son essence : Dieu lui-même. Pour ne pas abandonner la partie, il est important d’entendre ici l’exhortation de saint Paul : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait » (Cf. 2ème lecture).
Saint Paul nous invite à nous transformer en renouvelant notre manière de penser afin que nous soyons capables de reconnaître le projet de Dieu sur notre vie et ce au cœur même des épreuves. Juste avant d’ailleurs, il nous exhortait à offrir nos vies en sacrifice : « Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu ». Qu’est-ce sinon une invitation à reconnaître que le projet de Dieu passe par la croix. C’est bien là que nous ne devons pas modeler nos pensées selon l’esprit du monde. Nous tomberions alors dans le même piège que Pierre dans l’évangile et ferions obstacle à la volonté de Dieu, à notre vocation : « Passe derrière moi Satan, tu es un obstacle sur ma route, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes » (Cf. Evangile).
Fondamentalement, répondre à sa vocation c’est perdre sa vie pour la trouver en Dieu : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera ». Pour accéder à la résurrection, il s’agit de passer avec Jésus à travers la mort : « Perdre sa vie pour la trouver ». Il n’y a pas d’autre chemin. Mais il ne s’agit de mourir pour mourir. Il s’agit de perdre sa vie à cause de Jésus autrement dit, il s’agit de risquer sa vie sur la personne même de Jésus-Christ non pas dans un volontarisme orgueilleux ou dans un acte de désespoir fataliste mais dans une humilité profonde qui consent à recevoir sa vie d’un Autre. Alors seulement, cette vie humaine prendra les couleurs de la vie éternelle, d’une vie qui n’a pas de prix parce qu’elle est divine. Alors seulement, notre vocation à communier à la vie divine se trouvera réalisée.
« Père, dans la force de l’Esprit Saint, donne-nous la grâce de consentir à ton dessein de salut tel qu’il se manifeste dans la vie de Jésus, ton Fils bien-aimé. Donne la grâce de ne pas réduire ton salut à nos vues humaines et de rendre vaine la croix de ton Fils.
Seigneur Jésus, donne-nous la grâce de répondre à notre vocation en nous dépossédant toujours plus de nous-mêmes pour nous recevoir de toi seul. Que les épreuves et les souffrances ne nourrissent en nous aucune révolte mais nous conduisent à nous unir toujours plus à toi dans un don toujours plus grand de nous-mêmes.
Tu nous appelles à la sainteté, à communier à ta vie divine en allant jusqu’au bout de l’amour. Toi qui es pur Amour, apprends-nous à aimer non pas pour être aimé, ni à aimer pour aimer mais à aimer (Cf. Saint Augustin). C’est bien là la vocation première et fondamentale à laquelle nous voulons répondre avec le secours de ta sainte grâce ! »

Frère Elie