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L’ASSOMPTION DU CORPS ET DE LA VIERGE MARIE – PÈRE MATTA EL MASKINE
12 août, 2014L’ASSOMPTION DU CORPS ET DE LA VIERGE MARIE
PÈRE MATTA EL MASKINE
Chapitre XVII de la Communion d’Amour
Ce jour 1 nous permet d’honorer le corps de la Vierge. L’assomption de son corps manifeste combien le ciel l’honore au plus haut point. Et la doctrine orthodoxe en ce qui concerne les honneurs rendus au corps des saints n’est pas une invention gratuite. Après le long entretien avec Dieu, au cours duquel Moïse avait reçu les commandements et toute la Loi, son visage rayonnait d’une telle lumière que les Israélites ne pouvaient le regarder en face. La lumière que reflétait son visage était une lumière divine, celle qui manifeste la présence de Dieu. Dieu était ainsi rendu visible sur le visage de Moïse, et c’est pourquoi le peuple pécheur ne pouvait regarder son visage, car le péché et Dieu ne peuvent se rencontrer face à face. Aussi Moïse portait-il un voile, voile dans lequel saint Paul voit un symbole de l’aveuglement spirituel du peuple2 .
Et saint Paul poursuit : Si le ministère de la Loi – qui conduit à la condamnation et à la mort – se traduisait par une telle gloire, visible aux yeux de chair, par un tel resplendissement du visage, combien le ministère de justice ne l’emporte t-il pas en gloire?
Nous appuyant sur cela, nous pouvons dire à propos de la Vierge, de son corps et de son visage :
Si le visage de Moïse, alors qu’il· avait reçu de simples paroles écrites par le doigt de Dieu, rayonnait pour manifester la gloire qu’avait revêtu son corps, combien plus grande la gloire qui a revêtu le corps de la Vierge alors qu’elle a reçu en son sein la Parole même de Dieu, la personne du Fils de Dieu, prenant chair de sa chair après la préparation opérée par l’Esprit Saint et alors que la puissance du Très-Haut la prenait entièrement sous son ombre, intérieurement et extérieurement. Quelle gloire a alors envahi le corps de la Vierge ! Ou, pour reprendre les paroles de l’apôtre Paul, si le ministère de condamnation, ministère reçu par Moïse avec la Loi, lui a conféré une gloire qui a rempli son corps humain d’une lumière divine, combien plus le ministère de justice confié à la Vierge par la descente de la Lumière véritable en son sein et son incarnation à partir de son corps !
Nous savons tous comment Dieu a mis fin à la vie de Moïse et l’a lui-même enterré sur le mont Nebo, loin de la vue de son peuple, de peur qu’ils ne s’égarent et n’en viennent à adorer son corps qui, semble-t-il, continuait à rayonner même après sa mort. C’est pourquoi le livre du Deutéronome dit de lui: personne ne connait l’emplacement de son tombeau jusqu’à ce jour3 .
D’autre part, l’Épître de Jude fait spécialement mention du corps de Moïse. Alors que l’archange Michel, luttant contre le diable, lui disputait le corps de Moïse, il lui dit : « Que le Seigneur te châtie ! »4 . On peut donc supposer que l’archange Michel avait été chargé de garder le corps ou de l’enlever au ciel et que, tandis que le diable essayait de le remettre à terre ou d’en révéler l’emplacement pour égarer le peuple, au cours de la lutte qui les opposait, l’archange invoqua l’aide du Seigneur, comme chef des armées célestes.
Si donc Dieu s’est personnellement chargé de l’ensevelissement de Moïse et a assigné à l’archange Michel la tâche de garder le corps – ou peut-être, selon la tradition juive, de l’enlever au ciel -, et cela parce que le corps de Moïse reflétait la lumière et la gloire de Dieu depuis qu’il s’était tenu en présence de Dieu pendant quarante jours et avait reçu les tables de la Loi, on ne peut dire que la coutume orthodoxe d’honorer les corps ne repose sur rien.
Combien plus encore Dieu et le Christ lui-même ont-ils pris soin du corps de la Vierge, après sa mort. Ce corps avait connu l’habitation permanente de l’Esprit Saint, la plénitude de la grâce; la puissance du Très-Haut l’avait pris sous son ombre et la Parole de Dieu avait résidé pendant neuf mois dans ses entrailles ! Assurément, aucun texte ne nous dit que le corps de la Vierge rayonnait de la lumière céleste, mais nous savons que c’est l’effet de la » kénose » 5 que le Christ a choisie et qui a voilé la gloire de sa divinité. Pendant sa vie terrestre, le corps du Christ lui-même n’a pas rayonné cette lumière, sinon – pour peu de temps – au jour de la Transfiguration. Et pourtant, il était la Lumière véritable 6 , la Lumière du monde 7 , qui rayonne éternellement et pour tous,
Il est donc évident que le dessein de Dieu impliquait que la gloire du Christ soit voilée, et donc aussi celle de la Vierge, de peur que la foi au Christ ne se dévoie, que l’humiliation de la croix ne soit éclipsée et que la vénération de la Vierge ne devienne un culte, une apothéose qui ne conviennent qu’à Dieu.
Comme la mort de Moïse, celle de la Vierge devait être discrète. D’autant plus que, lorsqu’elle est survenue, l’Évangile s’était répandu et on proclamait déjà que le Christ était le Fils de Dieu, Dieu en toute vérité, né de la Vierge Marie. C’est pour cette raison que ni les évangiles, ni les épîtres ne mentionnent la dormition de la Vierge et que – pendant les trois premiers siècles – l’assomption de son corps n’a été connue que par une tradition secrète. Il ne fallait pas qu’elle retienne exagérément l’attention et que le culte dû à Dieu s’en trouve dévoyé.
Il a fallu que Dieu lui-même se charge de l’ensevelissement du corps de Moïse, parce qu’il rayonnait de la lumière divine, et c’est l’archange Michel qui en a reçu la garde. Nous ne devons donc pas nous étonner d’entendre la tradition dire que le Christ lui-même est venu, à la mort de la Vierge, recevoir son âme sainte et l’enlever au ciel. Quant à son corps, il a sans aucun doute été confié à la garde de l’archange Michel jusqu’à ce qu’il soit enlevé au ciel au temps fixé. Ainsi le corps de la Vierge, objet de l’attention du Père céleste depuis le moment de l’annonciation et réceptacle de la conception divine, n’a pas cessé d’être honoré jusqu’au moment où Dieu l’a enlevé tandis qu’il était entouré d’honneurs par les anges.
Notre vénération de l’assomption du corps de la Vierge fait partie intégrante de notre foi dans les réalités eschatologiques – celles qui ont trait à la vie qui vient. On sait bien que la résurrection des corps est le propre de l’œuvre du Christ dans le monde à venir. Et si l’assomption de la Vierge n’est pas, à strictement parler, un acte de résurrection, c’est un état de transfiguration où le corps a été transporté par les puissances angéliques, comme préparation d’une résurrection ultérieure, que celle-ci soit déjà accomplie maintenant ou reste à accomplir.
Le Nouveau Testament offre de nombreux exemples de transfigurations. C’est dans sa propre personne que le Christ a inauguré cette action eschatologique, dans la chair qu’il a prise de nous, sur la montagne de la Transfiguration, avec Pierre, Jean et Jacques, rendant son corps plus brillant que le soleil, prémices et prototype de ce que sera le nôtre lorsque sa rédemption sera complète. Depuis lors, l’humanité – et même la création toute entière – gémissent dans les douleurs de l’enfantement 8 .Et jusqu’à présent, nous attendons notre adoption en tant que fils, la rédemption de notre corps 9 . Toute la création, et non seulement nos corps, est appelée à être transfigurée. Les vêtements du Christ devenus étincelants10 , plus blancs que neige, indiquent clairement que le Christ est la Lumière du monde et de la création et que toutes les créatures recevront leur nouvelle forme du Christ qui vient.
La vénération des corps saints et lumineux est un acte eschatologique, c’est un prolongement dans le temps présent du jour de la Transfiguration, un acte de foi en la réalité de la vie future. Depuis le jour de la Transfiguration, le Christ n’a pas cessé de répandre sa lumière sur les corps et les visages des saints. Le désert de Scété en témoigne et a reçu une part abondante de la lumière céleste.
Sept pères éminents ont témoigné avoir vu saint Macaire le Grand rayonner de lumière dans l’obscurité de sa cellule. À l’heure de sa mort, les pères assis autour de saint Sisoës ont constaté que son visage resplendissait comme le soleil et que cette lumière allait en augmentant alors qu’il rendait le souffle. La lumière finit par devenir aussi éblouissante que l’éclair et la cellule fut remplie d’une odeur d’encens.
On rapporte encore que Dieu a donné un tel honneur à abba Pambo, qu’il était difficile de le regarder en face à cause du rayonnement qui émanait de lui: il paraissait un roi sur son trône.
Les disciples de saint Arsène, entrant à l’improviste dans la cellule où il se trouvait en prière, ont trouvé son corps lumineux, comme de feu.
On a également vu saint Joseph le Grand en prière, les mains levées : ses doigts semblaient dix langues de feu.
Ces exemples de visages et de corps illuminés – et d’autres encore – ne peuvent se comprendre que comme un prolongement de la Transfiguration du Christ à travers la Pentecôte, par la descente de l’Esprit Saint reposant sur les corps sous forme de langues de feu, pour les préparer à la transfiguration et à la résurrection à venir. La vénération des corps des saints, dans l’Orthodoxie, prolonge la joie communiquée à saint Pierre par la lumière qui rayonnait du Christ et qui lui avait fait dire avec foi, encore que de manière irréfléchie: Rabbi, il est bon pour nous d’être ici 11 .
Le Seigneur transfiguré est présent dans ses saints. Sa lumière et son Esprit Saint brillent dans leurs esprits et dans leurs corps. La sanctification se manifeste parfois, au-delà de l’âme et de l’esprit, dans le corps lui-même. Bien que le corps soit encore en ce monde, il n’est déjà plus de ce monde. Il se nourrit à la fois du pain terrestre et du pain céleste, il est illuminé à la fois par la lumière de ce monde et par la lumière céleste. N’est-ce pas la réponse à l’invitation de l’apôtre: Glorifiez donc Dieu dans votre corps 12 ?
En commémorant aujourd’hui l’assomption du corps de la Vierge, nous glorifions bien le Seigneur qui continue à être glorifié chaque jour dans ses saints : Que le nom de notre Seigneur Jésus soit glorifié en vous et vous en lui 13 .
Extrait de « La Communion d’Amour, Abbaye de Bellefontaine, SO 55 – 1992, 302 p. »
Traduction: Jacques Porthault et Père Wadid, St Macaire
Notes:
1. Dans l’Église copte, la fête de l’Assomption du corps de la Vierge Marie se célèbre le 22 août. Les autres Églises orthodoxes fêtent la Dormition de la Mère de Dieu le 15 août (le 28, selon l’ancien calendrier utilisé par les églises de rite slavon)
2. Cf 2 CO 3,7-18. Cité librement dans ce qui suit.
3. DT 34, 6-7 : « Il l’enterra…. ».
4. Jude 9, citant Za 3,2 qui vise une dispute au sujet du grand prêtre Yehoshua.
5. Le mot kénose transcrit du grec traduit l’abaissement, l’anéantissement volontaire. Voir Ph 2,7 : Il se vida de lui-même.
6. Jn 1,9.
7. Jn 8,12.
8. Rm 8,22.
9. Rm 8,23.
10. Mc 9,3.
11. Mc 9,5.
12.1 Co 6,20.
13. 2 Th 1, 12.
LE DEVENIR DE LA MÈRE DE DIEU – Le « Transitus Mariae
12 août, 2014http://bible.archeologie.free.fr/merededieu.html
LE DEVENIR DE LA MÈRE DE DIEU – Le « Transitus Mariae »
(beaucoup de belles photos sur le site, voir)
A condition de les utiliser avec prudence, les documents apocryphes sont susceptibles de contenir des informations véridiques complémentaires du canon des Ecritures. Toutefois la crédibilité de ces documents est laissée à l’appréciation de chacun. Ainsi la vie de personnages bibliques tels que la mère de Jésus se trouve enrichie d’épisodes inconnus dans la Bible, qui peuvent être confrontés aux recherches sur le terrain, parfois avec succès.
Marie dans les textes canoniques
Ce que le Nouveau Testament nous apprend de la vie de la Vierge figure essentiellement dans les évangiles de Matthieu et de Luc. Peu d’informations sont fournies pour la période de la mission de son fils à travers la terre sainte. Marie resta probablement à Nazareth jusqu’à la mort de Jésus à Jérusalem. Elle assista effondrée à son supplice et à sa mise au tombeau. Quelques instants avant d’expirer, Jésus crucifié demanda à l’apôtre Jean de la prendre sous son toit.
Après la mort de Jésus, il n’est pratiquement plus question de Marie dans le Nouveau Testament, si ce n’est qu’elle semble avoir été présente auprès des apôtres le jour de la Pentecôte (Act. 1, 11-13). Il est possible que saint Jean l’ait hébergée conformément à la demande du crucifié.
La Bible ne donne aucune information sur les dernières années de sa vie. Mais d’autres sources documentaires existent comme les textes apocryphes, dont quelques-uns parlent de la mort de Marie. Ce type de documents semble faire écho à des lieux de pèlerinage qui sont visités depuis des siècles.
L’un des plus anciens de ces textes est le Transitus Mariae (littéralement « passage de Marie »), un traité du IIème siècle attribué à l’évêque Méliton de Sardes, et qui relate les circonstances du décès de la Vierge. Il rapporte que l’ange Gabriel lui serait apparu une seconde fois pour lui annoncer sa mort prochaine. Marie demanda d’être assistée de la présence les apôtres. Les disciples de Jésus rentrèrent donc de leurs missions respectives, et ce fut en leur présence que la Vierge rendit l’âme. Le corps de Marie fut porté dans une sépulture de la vallée du Cédron ; trois jours plus tard il fut « emporté en Paradis ». Cet événement appelé l’Assomption dans la tradition chrétienne, est l’élévation posthume du corps de Marie vers le Ciel.
La mort de Marie à Jérusalem
Jérusalem compte aujourd’hui deux monuments en rapport avec la mort de Marie : l’abbaye de la Dormition et l’église de l’Assomption.
L’abbaye de la Dormition commémore le lieu traditionnel où la Vierge serait décédée. Bâtie sur le mont Sion au sud du rempart actuel et à proximité du Cénacle, elle fut construite entre 1900 et 1910 par des moines bénédictins allemands. L’imposant monument de style néo-byzantin est conçu sur un plan circulaire, et se remarque extérieurement par sa massive rotonde au toit conique entourée de quatre flèches. L’intérieur se distingue par la splendeur des mosaïques multicolores qui ornent les parois des chapelles latérales. Au sous-sol se trouve une crypte, au centre de laquelle repose un gisant de la mère de Jésus en bois et en ivoire. Nous savons seulement que cette église a été construite à la place de plusieurs sanctuaires successifs qui ont perpétué le souvenir de l’évènement au cours des siècles.
Certaines versions du Transitus Mariae fournissent quelques détails quant au lieu de l’inhumation de Marie. Elles précisent que son tombeau se trouve à Gethsémané, et qu’il s’agit d’une petite chambre taillée dans le rocher ; il possèderait dans sa paroi orientale une banquette sur laquelle le corps fut déposé.
Sur le mont des Oliviers, l’église de l’Assomption est bâtie autour d’une « tombe de la Vierge » qui marque le lieu traditionnel de sa sépulture. On y accède par une cour rectangulaire entourée d’un mur et qui intègre la façade d’une église médiévale. A sa droite, un étroit couloir mène à la grotte de Gethsémané. L’entrée de l’église de l’Assomption s’ouvre sur un large escalier qui descend vers un ensemble de tombes souterraines. Le niveau inférieur est une nécropole du Ier siècle, transformée en église et taillée en forme de croix. C’est dans la branche de droite que se trouve la tombe de Marie. Elle consiste en un petit monument cubique qui occupe le centre de l’espace. Ses deux entrées étroites mènent à un volume réduit, contenant un sarcophage de marbre scellé dans la paroi rocheuse.
En 1972, des pluies torrentielles provoquèrent une inondation qui noya totalement la tombe de Marie. Cette catastrophe fit quelques dégats, mais elle fut aussi l’occasion de faire des fouilles fort instructives. Ce fut l’oeuvre des archéologues franciscains dirigés par le père Bellarmino Bagatti.
L’examen des caveaux de la nécropole montra d’abord qu’elle fut bien en usage à partir du Ier siècle. D’autre part, l’édicule de la tombe de Marie qui était jusque-là entièrement recouvert de plâtre, fut débarrassé de son enduit et montra les murs maçonnés qui le constituaient. A l’intérieur, les fouilleurs soulevèrent le couvercle de marbre de la tombe, et y trouvèrent une banquette sépulcrale fort endommagée. Il est certain que les pélerins des siècles passés l’avaient largement « échantillonnée ». Enfin, l’arrière du choeur de l’église souterraine révéla un étrange couloir ascendant taillé en biseau, dont l’extrémité était obturée. Où ce passage menait-il ? Son examen montra que c’était en fait l’ancienne entrée du cimetière, condamnée au moment de la transformation du site en église. Son style était typique des entrées de tombes de la vallée du Cédron. Ainsi, tous les indices sont a priori compatibles avec la tradition littéraire de la sépulture de Marie.
Marie à Ephèse
La présence à Jérusalem de deux monuments relatifs à la mort de Marie n’empêche pas un tout autre lieu de constituer une alternative pour l’endroit supposé de son décès et de son inhumation. En effet, certains documents rapportent que l’apôtre Jean l’aurait emmenée vivre à Ephèse, et qu’elle y serait réellement décédée. Jean l’aurait hébergée selon le souhait qu’avait exprimé le Christ crucifié.
Le riche patrimoine archéologique d’Ephèse compte effectivement une église de la Vierge Marie, construite au IVème ou au Vème siècle sur les restes d’un temple d’Hadrien. Ce sanctuaire disposé tout en longueur comprend quelques pans de murs où alternent la brique et le calcaire, des alignements de colonnes de marbre, des sols en mosaïques et un intéressant baptistère.
Cette église fut la première au monde à être dédiée à Marie. Elle est devenue plus tard une cathédrale dans les murs de laquelle se déroula un évènement-clef de l’histoire religieuse chrétienne : le concile d’Ephèse (431). Troisième concile oecuménique de l’Eglise, ce rassemblement d’évêques décida en particulier d’accorder à la Vierge le titre de « Mère de Dieu ». En 1930, on découvrit dans le narthex de cette église une plaque inscrite du VIème siècle, par laquelle l’évêque Hypatius confirmait la tenue du concile dans ce sanctuaire.
Mais l’élement le plus spectaculaire se trouve à quelques kilomètres au sud de l’ancienne métropole. Parmi les documents se rapportant à la vie de Marie à Ephèse, figure un recueil de révélations étonnantes faites il y a seulement deux siècles par une religieuse allemande, Anne-Catherine Emmerich (1774-1824). Sans avoir jamais quitté sa Westphalie natale, cette grande mystique dit avoir eu des visions surnaturelles de la maison d’Ephèse dans laquelle la Vierge Marie aurait vécu. Ses révélations contiennent de nombreux détails descriptifs sur cette habitation. Les paroles de la religieuse furent recueillies et publiées au XIXème siècle par l’écrivain allemand Clemens Brentano.
En 1881, l’abbé français Julien Gouyet fit une excursion dans les environs d’Ephèse en cherchant d’éventuelles traces de ce lieu oublié. A son retour il déclara avoir retrouvé la maison de Marie à partir des indications de la voyante allemande. Mais ses affirmations ne furent pas prises au sérieux.
La décennie suivante vit cependant la redécouverte du même site par deux enseignants d’un lycée français religieux implanté à Izmir, à proximité d’Ephèse. En 1891, une religieuse de l’hôpital français d’Izmir entendit pendant un repas la lecture d’un extrait de la « Vie de la Vierge » d’Anne-Catherine, qui décrivait précisément la maison de Marie implantée dans la région d’Ephèse. Interpellée par la quantité de détails concrets qu’il contenait, elle suggéra à deux pères lazaristes, Eugène Poulin et Henri Jung, d’aller vérifier ces révélations sur le terrain.
Les deux prêtres se montrèrent fort sceptiques, mais acceptèrent néanmoins de se rendre sur place, persuadés de ne rien trouver. Une petite expédition se mit en route en suivant les indications du livre d’Anne-catherine, qui les conduisit à faire l’ascension du mont Bülbül-Dag, au sud d’Ephèse. Parvenus sur un plateau difficilement accessible, les explorateurs aperçurent un rocher en à-pic et les ruines d’un château, éléments conformes à la description donnée. Dans un bosquet d’arbres et tout près d’une source, ils trouvèrent les pans de murs délabrés d’une petite chapelle désaffectée. En comparant les détails de l’édifice au contenu du texte d’Anne-Catherine, il s’aperçurent que sa forme et ses dimensions coïncidaient avec une exactitude qui les stupéfia. Ils furent dès lors convaincus d’avoir retrouvé la maison de Marie.
L’édifice était composé de deux pièces successives, terminées par une abside en demi-cercle et deux pièces latérales. D’après Anne-Catherine, l’habitation avait été transformée en chapelle après sa mort. Les deux premières pièces étaient séparées par une cheminée centrale. L’abside abritait l’oratoire de Marie, la pièce de droite était sa chambre à coucher et celle de gauche un cellier. Dans la chambre, la couchette était appuyée contre le mur le long duquel une saillie horizontale avait servi de support.
La concordance constatée entre le texte et le terrain incita les pères à organiser d’autres expéditions sur place, qui confirmèrent les observations faites et suscitèrent la réalisation de véritables fouilles. Dans les années 1898-99, des sondages furent réalisés dans le sous-sol de l’édifice. On retrouva un ancien dallage, puis des restes calcinés d’un ancien foyer, et au fond le chevet d’origine polygonal de l’oratoire. Chaque résultat obtenu correspondait en tout point à ce qui était annoncé dans le document. Une enquête menée auprès de la population locale révéla qu’une vieille tradition associait ce lieu à la maison de Marie.
L’authenticité du site fut officiellement reconnue, d’abord en 1899 par l’archevêque d’Izmir, puis en 1967 par le pape Paul VI. Dès lors les visites et les pélerinages affluèrent. La maison fut reconstruite à partir de ses ruines, et le lieu fut appelé en turc Meryem Ana Evi (maison de la mère Marie), ou encore Panaya Kapulu (porte de la toute-sainte).
Les révélations d’Anne-Catherine Emmerich ne se limitent pas à une description statique du site. Elles relatent également des épisodes de la vie quotidienne de Marie alors qu’elle séjournait dans sa demeure. Elles décrivent le traumatisme psychologique dû au souvenir de la terrible mort de son fils, dont elle ne se remit jamais. Elles indiquent que la Vierge aménagea un chemin de croix à l’extérieur, toujours marqué aujourd’hui. Elles relatent comment elle décéda et fut inhumée par les apôtres, dans une tombe rupestre qu’ils trouvèrent vide trois jours plus tard.
Bien que la religieuse allemande fasse état d’une sépulture de Marie à Ephèse, une telle tombe n’a pas encore été retrouvée. Mais la voyante explique également pourquoi il existe aussi un tombeau de Marie à Jérusalem. Selon elle, Marie s’étant rendue âgée et malade dans la ville sainte, aurait choisi un tombeau pour elle-même sur le mont des Oliviers. Elle aurait pourtant pu regagner Ephèse où elle serait décédée, laissant inutilisée la sépulture réservée à Jérusalem.
Références :
[1] – « L’Assomption racontée », 26 nov. 2009 (prophetesetmystiques.blogspot.com).
[2] – « La maison de Marie à Ephèse » (ac-emmerich.fr).
[3] – A. P. Timoni (Mgr) : « Panaghia-Capouli, ou maison de la Sainte Vierge près d’Ephèse ». Librairie religieuse H. Oudin, Paris, Poitiers 1896 (livres-mystiques.com).