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SAINTE CLAIRE D’ASSISE

11 août, 2014

 SAINTE CLAIRE D'ASSISE  dans images sacrée S_Chiara+Assisi

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11 AOÛT : SAINTE CLAIRE D’ASSISE

11 août, 2014

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11 AOÛT : SAINTE CLAIRE D’ASSISE

1193-1253, Cofondatrice avec saint François du second ordre franciscain, celui des Pauvres Dames, appelées aussi dans la suite Clarisses, première abbesse de Saint-Damien.

Sources
Les sources fondamentales d’une biographie de sainte Claire peuvent être réparties en quatre groupes :

les propres écrits de la sainte : sa correspondance, sa règle et son testament ;
les documents contemporains parmi lesquels les plus importants sont la règle du cardinal Hugolin, le privilège de pauvreté et la lettre de faire-part annonçant la mort de Claire ;
les biographies : la Legenda Sanctae Clarae virginis et la Vita di Santa Chiara ;
les documents relatifs à sa canonisation.
Tous ces textes ont fait l’objet d’une très bonne analyse critique (M. Fassbinder, Untersuchungen über die Quellen zum Leben der hl. Klara von Assisi, dans Franziskanische Studien, XXIII, 1936, p. 296-335). Nous nous arrêterons ici uniquement à ceux qui, mieux édités ou découverts seulement depuis la fin du XIXe siècle, ont amené les historiens récents à corriger certaines traditions au sujet de l’origine de sainte Claire, de la chronologie de son curriculum vitae, de quelques faits miraculeux rapportés à son actif. Tels sont :
la règle de sainte Claire ; l’original de la bulle Solet annuere d’Innocent IV (9 août 1253), qui confirme solennellement la règle, a été retrouvé en 1893 dans un coffret d’ébène placé dans le tombeau de la sainte ; il est actuellement conservé au monastère de Sainte-Claire à Assise ;
la lettre de faire-part de la mort de Claire, découverte dans un codex de la bibliothèque privée Landau de Florence et publiée par le Père Z. Lazzeri (Il processo de canonizzazione di Santa Chiara d’Assisi, appendice I, dans Archivum franc. hist., XIII, 1920, p. 494-499) ; elle émane de la chancellerie du cardinal Rainaldo, évêque d’Ostie ; c’est une brève biographie de sainte Claire ;
la Legenda Sanctae Clarae virginis ; l’édition de F. Pennacchi (Assise, 1910, in-8°, LXX-140 p.), qui dépasse celle des bollandistes (A. S., août, II, 754-768, avec Commentarius praevius du Père Cuper, ibid. 739-754) a remis en question plusieurs données traditionnelles ; elle se fonde sur le manuscrit 338 de la bibliothèque communale d’Assise, que l’éditeur juge être, sinon l’original, du moins la copie la plus proche du texte primitif ; la paternité de cette Légende est encore discutée : Pennachi et la plupart des historiens versés dans les questions franciscaines continuent à l’attribuer à Thomas de Calano, tandis que le Père Lazzeri tient pour saint Bonaventure ; quoi qu’il en soit, cette biographie révèle un auteur contemporain, écrivant deux ans seulement après la mort de Claire, s’appuyant à la fois sur les actes du procès de canonisation et sur les assertions de témoins immédiats ; un seul point à sa charge : sa propension à la crédulité ;
la Vita di Santa Chiara, par un franciscain toscan anonyme du début du XVIe siècle, qui a utilisé la Légende, les actes du procès de canonisation et la chronique de l’ordre ; elle a été publiée par le Père Lazzeri (La Vita di Santa Chiara, Quaracchi, 1920, in-8°, XIV-22 p.) ;
les actes du procès de canonisation ; nous n’en connaissons pas l’original, mais une traduction italienne du XVe siècle a été découverte, en 1920, dans la bibliothèque Landau de Florence, par B. Bughetti, O.F.M., et éditée par le Père Lazzeri (Archivum franc. hist., XIII, 1920, p. 403-507) ; c’est un document de la plus haute importance, qui en authentique plusieurs autres et apporte une solution à des questions douteuses.

Enfance et jeunesse de Claire,
jusqu’à la fondation du monastère de Saint-Damien
Claire naquit à Assise, en 1193 ou 1194. Son père, du prénom de Favarone, était probablement de la lignée des comtes de Coccorano. De ses ancêtres, le procès de canonisation livre les noms d’Offreduccio et de Bernardino ; ce qui a amené certains auteurs à parler de Messire Favarone d’Offreduccio de Bernardino. Un frère de Favarone s’appelait Scipio ou Cipio, d’où l’expression frater Rufinus Cipii, …consanguinus Sanctae Clarae, rencontrée dans un document littéraire franciscain (Chron. XXIV Generalium, cf. Anal. Franc., III, 46), qui a donné naissance à une interprétation erronée apparentant sainte Claire à une imaginaire famille de comtes de Scifi (déformation de Scipii) dénommés, au surplus, seigneurs de Sasso Rosso. Une tradition, qui remonte seulement au XVe siècle, la rattache, du côté maternel, aux Fiumi, de Sterpeto, famille d’authentique noblesse. La Légende rapporte que la mère de Claire, Ortolane, femme de grande piété, reçut mystérieusement, avant la naissance de l’enfant, le présage de sa haute destinée. Claire eut certainement deux sœurs cadettes, Agnès et Béatrice ; une généalogie, non absolument sûre, lui attribue deux aînés : un frère, Boson, et une sœur, Penenda.
En 1198, les troubles qui éclatèrent à Assise obligèrent les nobles, et notamment Favarone et Leonardo de Gislerio, seigneur de Sasso Rosso, à mettre leur famille en sécurité à Pérouse. Claire y vécut cinq ans. De retour à Assise en 1203, la fillette se tint à l’écart du monde, joignant une excessive réserve aux vertus d’amour pour les pauvres, de mortification et de piété, qui l’avaient déjà signalée à Pérouse.
Vers 1210, alors que ses parents songent pour elle à un riche mariage, Claire n’aspire qu’à une vie de renoncement et d’oraison. C’est alors qu’elle entendit, en l’église Saint-Georges à Assise, un sermon de François, le fondateur des Frères Mineurs. L’aide d’une amie, Bona de Guelfuccio, lui ménagea une entrevue avec le prédicateur ; des entretiens poursuivis pendant une année aboutirent à la décision définitive : le soir des Rameaux 1211 (1212 nouveau style), Claire, s’enfuyant de la maison par la « porte des morts » – celle qui, selon la coutume ombrienne, ne s’ouvre que devant les cercueils – se rendit à Sainte-Marie-des-Anges pour s’y consacrer totalement à Dieu. C’est Pacifica de Guelfuccio qui l’accompagna, cette fois ; Bona, craignant, et non sans raison, les représailles de la famille, s’était rendue à Rome sous prétexte d’y gagner les indulgences du carême.
François confia d’abord sa première « pauvre dame » aux Bénédictines de Saint-Paul, près de Bastia ; puis, après la tentative spectaculaire des parents pour reprendre la jeune fille, il la conduisit aux Bénédictines de Saint-Ange in Panzo, au sud-est de la ville. Seize jours plus tard, Agnès, qui n’avait que quinze ans, venait rejoindre sa sœur aînée (Voir Agnès d’Assise). quelques temps après, François transféra les deux sœurs dans les dépendances de Saint-Damien, la petite église qu’il avait autrefois restaurée de ses mains. Le premier monastère du second ordre franciscain était fondé.

L’abbesse de Saint-Damien
Nombreuses arrivèrent auprès de Claire et d’Agnès les jeunes filles séduites comme elles par l’idéal franciscain de renoncement et de pauvreté : Pacifica de Guelfuccio, Filippa, fille du seigneur de Sasso Rosso, Benvenuta de Pérouse, et bien d’autres dont les noms sont cités dans le procès de canonisation. Plus tard, Claire accueillera à Saint-Damien Ortolana, sa mère, et Béatrice, sa plus jeune sœur, ainsi que ses nièces Balbina et Amata de Coccorano.
Il fallait à cette communauté une abbesse. Le choix de François se porta sur Claire ; on était en 1214, elle n’avait que vingt et un ans, mais l’obéissance la contraignit à accepter une charge que son humilité lui a avait d’abord fait refuser. Dès lors, Claire fut pour ses filles un modèle et une mère : mille traits édifiants et charmants à la fois, consignés dans la Légende et dans les actes du procès de canonisation, témoignent de sa charité et de sa mortification, de son amour du silence et de la prière. Bientôt ses excès dans la pénitence délabrèrent sa santé. Dès l’âge de trente et un ou trente-deux ans, elle est atteinte d’une maladie qui la tenaillera jusqu’à la mort. Mais sa sainteté déjà est révélée par des miracles, tels ceux du pain qui se multiplie, de la cruche d’huile qui se remplit. En 1241, sa dévotion à l’eucharistie sauve le monastère, assailli par des Sarrasins à la solde de Frédéric II ; l’année suivante, la prière des Damianites donne à la ville d’Assise la victoire sur les troupes du capitaine Vitale d’Aversa. Plus merveilleuse est sa vie intérieure, dont quelques reflets transparaissent au dehors, telle l’extase qui la saisit une fois du jeudi saint au soir du vendredi saint.

La « petite plante » de saint François
Tel est le nom que Claire se donne dans son testament. De fait, François, qui avait précisé pour cette âme la vocation de haut renoncement à laquelle elle se sentait appelée, continua à la cultiver jusqu’à sa mort. À l’abbesse de Saint-Damien, il donna une courte Formula vitae, non point une règle à proprement parler, mais l’essence d’une règle pour le gouvernement des Pauvres Dames. Il la visitait et c’est, sans doute, une de leurs conversations tout enflammées de l’amour de Dieu que symbolise le légendaire récit du repas à Sainte-Marie-des-Anges, où la forêt parut embrasée aux yeux des habitants d’alentour. Par lui-même ou par des frères de son ordre, il dispensait aux Damianites la parole de Dieu. Alors qu’il hésitait entre la contemplation et la prédication, François recourut à Claire – en même temps qu’à Frère Sylvestre, l’ermite – pour connaître la volonté divine. Vers la fin de sa vie, lorsque, marqué des stigmates du Christ sur l’Alverne, il revint à Assise, Claire lui construisit une petite hutte de branchages pour qu’il pût se reposer dans le jardin de Saint-Damien. C’est là que, durant l’hiver 1224-25, fut composé l’hymne de louange à Dieu par les créatures, que nous appelons le Cantique du soleil ou Cantique des créatures. Peu avant sa mort, de la Portioncule où il s’était fait ramener, François envoya aux Damianites un ultime conseil, celui de « vivre toujours dans la vie très sainte d’imitation du Seigneur et dans la pauvreté ». Une de ses dernières volontés fut que son corps, lorsqu’on le transporterait à Assise pour les funérailles, fût porté dans l’église de Saint-Damien, afin que Claire et les Pauvres Dames pussent voir une dernière fois leur père.

La cofondatrice du second ordre franciscain
Du vivant de François déjà, nombre de monastères s’étaient fondés se réclamant de l’esprit de Saint-Damien ; des communautés, obéissant jusqu’alors à une autre règle, demandaient leur incorporation au nouvel ordre. François avait confié à la sœur de Claire, Agnès, le couvent de Monticelli à Florence ; Claire envoya sa nièce Balbina fonder celui d’Arezzo ; son amie Pacifica, celui de Vallis Gloriae à Spello ; d’autres, à Pérouse, à Terni, à Spolète, à Volterra, à Pise, à Bologne, à Crémone, à Vérone, à Venise. Bientôt le second ordre s’introduisait à l’étranger, en Espagne, en France, en Allemagne, en Belgique ; à signaler particulièrement le monastère de Prague, que gouverna Agnès, fille de Primislas Ottokar Ier, roi de Bohême, et celui de Bruges, fondé par Ermentrude de Cologne.
La brève Formula vitae de saint François ne pouvait suffire à maintenir dans l’unité d’une même discipline tous ces monastères dispersés. Déjà, le cardinal Hugolin, protecteur du second ordre, avait obtenu d’Honorius III, en 1218, l’exemption, pour les Pauvres Dames, de la juridiction épiscopale ; en 1219, il leur donna une règle qui, suivant les récentes prescriptions du concile de Latran, se fondait sur celle d’un ordre préexistant, en l’occurrence celui de Saint-Benoît. Toutefois, en dehors des dispositions relatives aux trois vœux fondamentaux, toute liberté était laissée de suivre les observances propres au second ordre franciscain. Ces observances, Hugolin les rendit plus austères que dans l’ordre bénédictin : clôture stricte, silence perpétuel, jeûnes et mortification sont minutieusement codifiés. Le pape Honorius III donna son approbation par la bulle Sacrosancta du 9 décembre 1219.
D’aucuns ont imputé à Claire l’austérité de cette règle. L’étude des documents permet de croire qu’elle ne prit aucune part à sa rédaction. Sans doute, l’abbesse de Saint-Damien était portée – et depuis son enfance – à une mortification extraordinaire ; mais, imprégnée de l’esprit du Poverello, c’est sur la pauvreté qu’elle mit l’accent, sur la pauvreté absolue pour laquelle elle lutta jusqu’à sa mort. Elle revendiqua comme un privilège pour ses filles le droit de ne rien posséder jamais, pas plus en commun qu’en propre, et de vivre uniquement d’aumônes. L’examen attentif des sources a prouvé qu’elle obtint gain de cause auprès d’Innocent III. Grégoire IX, autrefois cardinal Hugolin, eût voulu mitiger cette disposition. En 1228, il discuta personnellement avec Claire la possibilité pour les couvents du second ordre d’accepter la possession de biens en commun ; il proposa même de la délier de son vœu d’absolue pauvreté, qu’il croyait être le seul obstacle à son adhésion, mais l’abbesse lui répondit : « Saint Père, déliez-moi de mes péchés, mais non point de l’obligation de suivre Notre-Seigneur Jésus-Christ. » Vaincu, le pape confirma le privilegium paupertatis, mais uniquement pour Saint-Damien, le 17 septembre 1228. Selon une étude plus récente, il semble que ces faits devraient être reportés à l’année 1231 (P. Pancratius, Het privilegie der armoede, dans Franc. leven, XXII, 1939, p. 176). Quand Innocent IV, le 6 août 1247, autorisa tous les monastères de Clarisses à posséder des revenus, Claire se retrancha derrière son privilège de pauvreté ; et lorsqu’elle même composa une règle pour les Pauvres Dames, elle y enchâssa la pratique de la pauvreté absolue pour tous les couvents de son ordre.
Aux observances en usage à Saint-Damien, conformes d’ailleurs à la Formula vitae, cette règle ajouta quelques prescriptions tirées de la règle d’Hugolin et de celle d’Innocent IV ; dans sa composition comme dans son expression, elle emprunte à la règle des Frères Mineurs de 1223, dont elle reproduit textuellement plusieurs passages. Le cardinal Rainaldo, évêque d’Ostie, alors protecteur du second ordre et, peut être, « rédacteur » de la règle, l’approuva le 16 septembre 1252 et obtint pour elle l’approbation papale. Claire eut le bonheur d’en recevoir la confirmation solennelle, sanction décisive et définitive, par la bulle Solet annuere, qu’un frère mineur, messager d’Innocent IV, lui apporta le 9 août 1253, deux jours avant sa mort.

La mort et la gloire posthume
Malade depuis près de trente ans, Claire, plus d’une fois, avait été aux portes du tombeau. En septembre 1252, on la croyait à toute extrémité ; elle vécut encore cependant jusqu’au début d’août 1253. Innocent IV, alors de passage à Assise, l’honora d’une visite personnelle au cours de laquelle l’abbesse mourante lui recommanda ses filles et leur si précieuse pauvreté. Les derniers instants de Claire, comme tant d’autres circonstances de sa vie, au dire de la Légende, s’accompagnèrent de merveilles célestes ; elle mourut le lundi 11 août 1253.
Le 18 octobre de cette même année, la bulle Gloriosus Deus d’Innocent IV confiait à l’évêque Barthélemy de Spolète la mission d’instruire le procès de canonisation. Les témoins entendus, les actes furent rédigés du 24 au 29 novembre 1253 ; moins de deux ans plus tard, le pape Alexandre IV, l’ancien cardinal Rainaldo, proclamait la nouvelle sainte en l’église d’Agnani, le 15 août 1255. Bientôt s’éleva en son honneur l’église de Sainte-Claire à Assise, où sa vie fut retracée par des disciples de Giotto, tandis que Simone Martini la représentait dans une fresque célèbre de l’église Saint-François.

 

AUDIENCE GÉNÉRALE DE JEAN-PAUL II : PS 146, 1.4-7.11

11 août, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/audiences/2003/documents/hf_jp-ii_aud_20030723_fr.html

AUDIENCE GÉNÉRALE DE JEAN-PAUL II

Mercredi 23 juillet 2003

PUISSANCE ET BONTÉ DU SEIGNEUR

LECTURE: PS 146, 1.4-7.11

1. Le Psaume qui vient d’être chanté est la première partie d’une composition qui comprend également le Psaume 147, qui suit, et que l’original hébreu a conservé dans son unité. Ce sont l’ancienne version grecque et la version latine qui ont divisé le cantique en deux Psaumes distincts.
Le Psaume commence par une invitation à louer Dieu, puis énumère une longue série de motifs de louange, tous exprimés au présent. Il s’agit d’activités de Dieu considérées comme caractéristiques et toujours actuelles; elles sont cependant de genres très divers: certaines concernent les interventions de Dieu dans l’existence humaine (cf. Ps 146, 3.6.11) et en particulier en faveur de Jérusalem et d’Israël (cf. v. 2); d’autres concernent l’univers créé (cf. v. 4) et plus particulièrement la terre avec sa végétation et les animaux (cf. vv. 8-9).
En disant, à la fin, de qui le Seigneur est satisfait, le Psaume nous invite à une double attitude: de crainte religieuse et de confiance (cf. v. 11) Nous ne sommes pas abandonnés à nous-mêmes ou aux énergies cosmiques, mais nous sommes toujours entre les mains du Seigneur pour son projet de salut.
2. Après l’invitation joyeuse à la louange (cf. v. 1), le Psaume se déploie en deux mouvements poétiques et spirituels. Dans le premier (cf. vv. 2-6), est introduite avant tout l’action historique de Dieu, sous l’image d’un bâtisseur qui reconstruit Jérusalem revenue à la vie après l’exil de Babylone (cf. v. 2). Mais ce grand artisan qu’est le Seigneur se révèle également comme un père qui se penche sur les blessures intérieures et physiques, présentes chez son peuple humilié et opprimé (cf. v. 3).
Faisons place à saint Augustin qui, dans le Commentaire au Psaume 146 fait à Carthage en 412, commentait la phrase « Le Seigneur guérit les coeurs brisés » de la manière suivante: « Celui qui n’a pas le coeur brisé n’est pas guéri… Qui sont ceux qui ont le coeur brisé? Les humbles. Et ceux qui ne l’ont pas? Les orgueilleux. Quoi qu’il en soit, le coeur brisé est guéri, le coeur gonflé d’orgueil est abaissé à terre. Et même, selon toute probabilité, s’il est abaissé à terre, c’est pour pouvoir être redressé, pour pouvoir être guéri… « Il guérit les coeurs brisés et bande leurs blessures »… En d’autres termes, il guérit ceux qui ont le coeur humble, ceux qui confessent, qui se punissent, qui se jugent avec sévérité pour pouvoir faire l’expérience de sa miséricorde. Voilà ceux qu’il guérit. La santé parfaite ne sera toutefois atteinte qu’au terme de l’état mortel présent, lorsque notre être corruptible se sera revêtu d’incorruptibilité et que notre être mortel se sera revêtu d’immortalité » (5-8: Commentaires sur les Psaumes, IV, Rome, 1977, pp. 772-779).
3. Mais l’oeuvre de Dieu ne se manifeste pas seulement en guérissant son peuple de ses souffrances. Lui qui entoure de tendresse et d’attention les pauvres, s’élève en juge sévère à l’égard des impies (cf. v. 6). Le Seigneur de l’histoire n’est pas indifférent face à la fureur des tyrans qui croient être les seuls juges de l’histoire humaine; Dieu abaisse jusqu’à terre ceux qui défient le ciel par leur orgueil (cf. 1 S 2, 7-8; Lc 51-53).
L’action de Dieu ne se limite pourtant pas à la domination sur l’histoire; il est également le roi de la création, l’univers tout entier répond à son appel de Créateur. Il peut non seulement compter le nombre infini d’étoiles, mais il est également en mesure de donner un nom à chacune d’elles, définissant ainsi sa nature et sa caractéristique (cf. Ps 146, 4).
Le prophète Isaïe chantait déjà: « Levez les yeux là-haut et voyez: qui a créé ces astres? Il déploie leur armée en bon ordre, il les appelle tous par leur nom » (40, 26). Les « armées » du Seigneur sont donc les étoiles. Le prophète Baruch poursuivait ainsi: « Les étoiles brillent à leur poste, joyeuses; les appelle-t-il, elles répondent: Nous voici! elles brillent avec joie pour leur créateur » (3, 34-35).
4. Après une nouvelle invitation joyeuse à la louange (cf. Ps 146, 7), voici que s’ouvre le deuxième mouvement du Psaume 146 (cf. vv. 7-11). Celui-ci met encore en scène l’action créatrice de Dieu dans le cosmos. Dans un paysage souvent aride comme peut l’être le paysage oriental, le premier signe de l’amour divin est la pluie qui féconde la terre (cf. v. 8). Par ce moyen, le Seigneur organise un festin pour les animaux. Il se préoccupe même de donner de la nourriture aux plus modestes êtres vivants, comme les petits corbeaux qui crient de faim (cf. v. 9). Jésus nous invitera à regarder « les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent ni ne recueillent en des greniers, et votre Père céleste les nourrit! » (Mt 6, 26; cf. également Lc 12, 24 avec une référence explicite aux « corbeaux »).
Mais une fois de plus, l’attention passe de la création à l’existence humaine. Et ainsi, le Psaume se conclut en montrant le Seigneur qui se penche sur celui qui est juste et humble (cf. Ps 146, 10-11), comme il était déjà apparu dans la première partie de l’hymne (cf. v. 6). A travers deux symboles de puissance, le cheval et le « jarret de l’homme » qui court, est définie l’attitude divine, qui ne se laisse pas conquérir ou intimider par la force. Une fois de plus, la logique du Seigneur ignore l’orgueil ou l’arrogance du pouvoir, mais prend le parti de ceux qui sont fidèles et « espèrent son amour » (v. 11), c’est-à-dire qui se laissent entièrement guider par Dieu dans leur action et leur pensée, dans leur programme et dans leur vie quotidienne elle-même.
L’orant doit lui aussi se placer parmi ces derniers, en fondant son espérance sur la grâce du Seigneur, assuré d’être enveloppé par le manteau de l’amour divin; « L’oeil de Yahvé est sur ceux qui le craignent, sur ceux qui espèrent son amour, pour préserver leur âme de la mort et les faire vivre au temps de la famine… en lui la joie de notre coeur, en son nom de sainteté notre foi » (Ps 32, 18-19.21).