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COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 10 AOÛT – 1ROIS 19, 9A. 11-
8 août, 2014http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut/
COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 10 AOÛT
PREMIERE LECTURE – PREMIER LIVRE DES ROIS 19, 9A. 11-13A
Lorsque le prophète Elie fut arrivé à l’Horeb,
la montagne de Dieu,
9 il entra dans une caverne et y passa la nuit.
11 La parole du SEIGNEUR lui fut adressée :
« Sors dans la montagne et tiens-toi devant le SEIGNEUR,
car il va passer. »
A l’approche du SEIGNEUR,
il y eut un ouragan, si fort et si violent
qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers,
mais le SEIGNEUR n’était pas dans l’ouragan ;
et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre,
mais le SEIGNEUR n’était pas dans le tremblement de terre ;
12 et après le tremblement de terre, un feu,
mais le SEIGNEUR n’était pas dans ce feu,
et, après ce feu, le murmure d’une brise légère.
13 Aussitôt qu’il l’entendit,
Elie se couvrit le visage avec son manteau,
il sortit et se tint à l’entrée de la caverne.
Ce récit est celui de la grande découverte d’Elie, le jour où il a compris qu’il s’était lourdement trompé sur Dieu. Je m’explique : Tout avait commencé par l’idolâtrie de la reine Jézabel : nous sommes à Samarie (capitale du royaume du Nord) au 9ème siècle av.J.C. Le roi Achab (qui a régné à Samarie de 875 à 853) avait épousé une princesse païenne, Jézabel, fille du roi de Sidon. Celle-ci, comme tout son peuple, pratiquait le culte des Baals : en entrant à la cour de Samarie, elle aurait dû abandonner sa religion, car le roi d’Israël se devait de proscrire de son royaume toute idolâtrie ; car l’Alliance avec le Dieu UN, était exclusive de toute autre ; c’était le sens du tout premier commandement donné par Dieu au Sinaï : « Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi. » (Ex 20, 2).
Mais, bien au contraire, Jézabel avait introduit à la cour de Samarie de nombreux prêtres de Baal : quatre cents prêtres de ce culte idolâtre paradaient au palais et prétendaient désormais que Baal est le vrai Dieu de la fertilité, de la pluie, de la foudre et du vent. Quant au roi Achab, trop faible, il laissait faire ! C’était la honte pour le prophète et les fidèles du Seigneur.
Alors Elie s’était dressé pour défendre l’honneur de son Dieu, face à la paganisation croissante. Dressé avec tant de vigueur que le livre de Ben Sirac a pu dire de lui : « Alors se leva le prophète Elie, brûlant comme une torche. » (Si 48, 1-11). Il s’était fait le champion de l’Alliance : d’emblée, il s’était situé comme le représentant du Dieu d’Israël combien plus puissant que Baal. Inexorablement, les relations entre le prophète et la reine étaient devenues un concours de puissance entre le Dieu d’Israël et le Baal de Jézabel : « Mon Dieu à moi est le plus fort » était leur refrain commun.
Elie s’était placé sur le terrain même de l’idole des Cananéens : d’après lui, seul, le Dieu d’Israël pouvait annoncer la sécheresse et la famine. Qui donc a le pouvoir de donner ou de retenir la pluie ? On va voir ce qu’on va voir. On connaît la suite : une longue période de sécheresse annoncée par Elie jusqu’au jour où Dieu lui demanda de prévenir le roi qu’il allait envoyer la pluie. Or Elie fit du zèle, pourrait-on dire, ce jour-là : au lieu de se contenter de faire ce que Dieu lui avait demandé, c’est-à-dire de porter au roi la bonne nouvelle, il décida d’en profiter pour faire un grand coup d’éclat en l’honneur de son Dieu. Pour que l’on sache bien que le Dieu d’Israël seul maîtrise les éléments, il organisa une sorte de joute entre les prophètes de Baal d’un côté et lui tout seul de l’autre.
C’est le fameux épisode du sacrifice du mont Carmel : on construisit deux autels, un pour Baal, l’autre pour le Dieu d’Israël. Sur chacun des deux autels, on prépara un taureau pour le sacrifice. Et l’on convint que le dieu qui répondrait aux prières par le feu du ciel serait bien évidemment le vrai Dieu.
Alors les prêtres de Baal se mirent en prière les premiers. Mais ils eurent beau implorer toute une journée leur dieu d’envoyer son feu sur leur bûcher, il ne se passa rien. Elie ne leur épargna pas les moqueries et les conseils de crier plus fort, mais rien n’y fit.
Le soir venu, Elie se mit à prier à son tour et Dieu, aussitôt, embrasa le bûcher et le sacrifice préparé par son prophète. Celui-ci avait donc gagné la première manche devant le peuple d’Israël tout entier, médusé ; et sur sa lancée, Elie avait massacré tous les prêtres de Baal ; cela, Dieu ne le lui avait pas demandé !
La reine Jézabel n’était pas présente à l’événement, mais lorsque le roi lui raconta l’histoire, elle entra dans une grande fureur et jura de tuer Elie. Il s’enfuit donc, descendit dans le royaume du Sud, puis dans le désert du Sinaï. Dans sa fuite, il en arrivait à désirer la mort : « Je n’en peux plus ! Maintenant, SEIGNEUR, prends ma vie, car je ne vaux pas mieux que mes pères. » (1 R 19, 4).
Cette phrase « je ne vaux pas mieux que mes pères » était le début de sa conversion : il était en train de prendre conscience que, lui aussi, comme ses pères avait exigé que Dieu opère des prodiges. Il lui restait à découvrir que la puissance de Dieu est faite de douceur, celle qui « ne crie pas, n’élève pas le ton, ne fait pas entendre dans la rue sa clameur, ne brise pas le roseau ployé, n’éteint pas la mèche qui s’étiole… » comme dit le prophète Isaïe (Is 42, 2-3). Au bout d’une marche de quarante jours et quarante nuits, au mont Horeb (autre nom du mont Sinaï), Dieu l’attendait 1 : il aura fallu tout ce long chemin à Elie pour s’apercevoir qu’il n’avait pas choisi le bon terrain et que peut-être lui-même se trompait de Dieu : comme ses adversaires, il imaginait un Dieu de puissance.
Mais Dieu ne l’a pas abandonné pour autant, au contraire, il l’a accompagné dans sa longue marche et, peu à peu l’a converti jusqu’à se révéler à lui dans la vision émouvante du mont Horeb (1 R 19, 12) ; dernière préparation à la rencontre, la question du Seigneur à Elie réfugié dans une caverne : « Pourquoi es-tu ici, Elie ? » Elie répondit : « Je suis passionné pour le SEIGNEUR, le Dieu des puissances ; les fils d’Israël ont abandonné ton alliance, ils ont démoli tes autels et tué tes prophètes par l’épée ; je suis resté moi seul et l’on cherche à m’enlever la vie. »
Puis vient cette étonnante manifestation de Dieu : il n’est ni dans l’ouragan, ni dans le feu ni dans le tremblement de terre, mais dans le murmure d’une brise légère. Et encore, notre traduction est-elle trop forte si j’ose dire. En hébreu, c’est, littéralement « le son d’un silence en poussière » : un silence, c’est l’absence de son, précisément ! Et que dire d’une poussière de silence ? C’est dire que nous sommes en présence d’un Dieu de douceur, bien loin du vacarme auquel Elie s’attendait peut-être. Mais non, Dieu n’est ni dans l’ouragan, ni dans le feu ni dans le tremblement de terre, mais dans le son du silence.
On est bien loin de la démonstration de puissance qui avait accompagné une autre manifestation de Dieu, quelques siècles plus tôt, sur cette même montagne (Ex 19) 2. Au temps de Moïse, le peuple n’était pas encore prêt à mettre sa confiance en un Dieu qui n’aurait pas déployé les forces des éléments déchaînés. A l’époque d’Elie, l’heure est venue pour une nouvelle étape de la Révélation.
C’est l’honneur et la gloire du peuple élu d’avoir livré au monde cette révélation dont ils ont été les premiers bénéficiaires, avec Elie. C’est dire aussi à quelle douceur nous devons tendre si nous voulons être à l’image de notre Père du ciel !
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Notes
1 – D’après notre traduction liturgique « Elie entra dans une caverne et y passa la nuit ». Mais le texte hébreu précise : « Il arriva là, à la caverne et y passa la nuit ». Il s’agit d’une certaine caverne déjà connue, celle où Moïse, bien avant lui, avait eu la révélation du « SEIGNEUR, Dieu miséricordieux et bienveillant, lent à la colère, plein de fidélité et de loyauté. » (Ex 34, 6).
2 – « Il y eut des voix, des éclairs, une nuée pesant sur la montagne et la voix d’un cor très puissant… Le mont Sinaï n’était que fumée, parce que le SEIGNEUR y était descendu dans le feu ; sa fumée monta, comme la fumée d’une fournaise et toute la montagne trembla violemment. La voix du cor s’amplifia : Moïse parlait et Dieu lui répondait par la voix du tonnerre. » (Ex 19, 16… 19).
Complément
On ne peut pas ignorer qu’Elie n’est pas devenu un doux pour autant ! Il suffit de relire le premier chapitre du deuxième livre des Rois. Même un très grand prophète ne se convertit pas en un jour !
19E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – HOMÉLIE
8 août, 2014http://www.homelies.fr/homelie,,3920.html
19E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
DIMANCHE 10 AOÛT 2014
FAMILLE DE SAINT JOSEPH
HOMÉLIE – MESSE
Les trois lectures de ce dimanche nous parlent de trois hommes en prise au doute, à la peur, à la tristesse qui vont être amenés par le Seigneur à surmonter ces états d’âme à travers une purification de leur foi.
La première lecture nous situe à un moment clef de la geste d’Elie. Le coup d’éclat du Mont Carmel a plutôt un goût amer. Après que le roi Achab a relaté à Jézabel comment Elie a passé au fil de l’épée tous les prophètes de Baal, celle-ci se promet de les venger. Elie a peur et entame un exode qui à travers le désert le va le conduire jusqu’à la montagne de Dieu, l’Horeb. Elie en vient même à douter de l’efficacité de sa mission de prophète : « C’en est assez maintenant, Seigneur ; prends ma vie car je ne suis pas meilleur que mes pères… » (1 R 19, 4). Arrivé finalement à l’Horeb, il se réfugie dans la caverne de ses peurs face à l’ouragan, au tremblement de terre et au feu qui successivement se manifestent devant lui.
Au départ, Elie était parti « pour sauver sa vie ». Sa vie sera sauvé mais par Dieu qui se révèlera à lui dans « le murmure d’une brise légère », littéralement « la voix d’un fin silence ». Il est dit que « dès qu’il l’entendit, Elie se voila le visage avec son manteau » comme autrefois Moïse au même mont Horeb.
Contrairement à ce qui se passa au mont Carmel, Dieu n’est pas dans le feu. Ce n’est pas une manifestation toute-puissante du Seigneur, que l’on pourrait presque croire obtenue par le prophète lui-même, qui est à la base de l’adhésion de foi. Non, il s’agit d’une manifestation simple et discrète d’un Dieu qui vient rejoindre un homme démuni, pauvre et fragile bien loin de celui qui paraissait aussi sûr de lui sur le Mont Carmel. Elie découvre que la puissance de Dieu n’est pas celle qu’il croyait. Parce qu’il a reconnu sa fragilité, parce qu’il a fait l’expérience de son besoin d’être sauvé, il est maintenant fort dans la foi et il peut reprendre sa mission au service du Seigneur.
La deuxième lecture, quant à elle, propose à notre méditation ce passage de la lettre aux Romains où saint Paul s’interroge douloureusement sur la destinée de ses frères juifs qui contrairement à lui ne se sont pas convertis.
Sur la route de Damas, lui, il a compris que croire au Christ n’était pas un reniement de sa foi juive, bien au contraire, puisque Jésus accomplissait en sa personne toutes les promesses contenues dans les Ecritures. Mais il est bien obligé de constater que la majorité de ses frères juifs ne l’ont pas suivi sur ce chemin et que beaucoup même sont devenus ses pires persécuteurs.
Comment Dieu pourrait-il laisser ses enfants dans un tel égarement ? Aurait-il oublié son Alliance avec eux ? Aurait-il oublié cette merveilleuse promesse qu’il adressait à son peuple par la bouche du prophète Isaïe : « Une femme oublierait-t-elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas » (Is 49, 15) ?
Saint Paul s’interroge, doute peut-être. Lui aussi d’une certaine manière éprouve la fragilité de sa foi. Lui non plus, il ne trouvera pas son assurance dans ses propres sécurités, mais dans la fidélité même de Dieu à son Alliance. Ses doutes ne se verront levés que par un acte de foi reposant uniquement sur la promesse de salut total faite par Dieu à tout Israël. C’est ce qu’il exprime un peu plus loin dans sa lettre : « Car je ne veux pas, frères, vous laisser ignorer ce mystère, de peur que vous ne vous complaisiez en votre sagesse : une partie d’Israël s’est endurcie jusqu’à ce que soit entrée la totalité des païens, et ainsi tout Israël sera sauvé, comme il est écrit : ‘De Sion viendra le libérateur, il ôtera les impiétés du milieu de Jacob. Et voici quelle sera mon alliance avec eux lorsque j’enlèverai leurs péchés’ » (Rm 11, 25-27).
Enfin, l’évangile nous présente les apôtres et tout particulièrement saint Pierre paralysés par leurs peurs devant la tempête qui les a surpris au cœur de la nuit et devant ce qu’il croit être un fantôme qui s’avance vers eux. Mais résonne ces paroles de Jésus : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! ». Invitation à la foi qui se fonde sur la sécurité des propres paroles du Seigneur : « C’est moi », par lesquelles Jésus ne déclare pas seulement son identité pour se faire reconnaître mais renvoie au mystère divin de sa personne en faisant directement référence aux paroles à travers lesquelles Dieu s’était révélé à Moïse dans le buisson ardent (Cf. Ex 3, 14).
Mais pour que cette foi le conduise à une rencontre authentique avec le Seigneur, Pierre devra faire l’expérience que Jésus le sauve : « Seigneur sauve-moi ». Alors seulement sa foi se voit purifiée de toute prétention à rejoindre Dieu par ses propres moyens.
Ces trois personnages d’Elie, de Paul et de Pierre, nous enseignent à travers les trois lectures de ce dimanche que pour être forte et nous libérer de tous les doutes qui parfois peuvent nous assaillir, notre foi doit reposer sur Dieu seul en naissant de ce cri du cœur : « Seigneur sauve-moi ». Notre foi ne peut nous conduire à une rencontre en vérité avec le Seigneur que lorsque nous avons fait l’expérience de notre propre fragilité à vouloir faire sa volonté, que lorsque nous nous sommes purifiés de toutes prétentions à pouvoir nous avancer vers lui en comptant sur nous-mêmes.
Les tempêtes susceptibles de mettre en péril notre foi et donc notre relation au Seigneur ne manquent pas dans une vie. La victoire que nous accorde le Seigneur n’est pas dans le fait de marcher sur les eaux des tentations qui nous assaillent mais dans le fait de regarder vers lui, d’aller vers lui. Pierre demande à Jésus non pas de marcher sur la mer mais de venir à lui. Ce qu’il désire plus que tout c’est Jésus. Et précisément, il commence à couler lorsqu’il se met à prêter plus d’attention au vent qu’à la personne du Seigneur.
Notre vie est un véritable chemin de foi qui s’approfondit au fur et à mesure que nous dépouillons de nous-mêmes, un exode où comme pour Elie, le Seigneur nous fait quitter nos fausses sécurités pour nous attacher à lui seul. Etre fragile n’est pas un obstacle sur cet itinéraire de conversion mais refuser de se reconnaître tel et de demander l’aide de Dieu pourrait bien en être un.
« Seigneur, chaque fois que je me trouverai dans la tempête, dans les moments de doute, de souffrance, de solitude, de lassitude dans ma foi, donne-moi de réentendre ta voix qui me dit : ‘Confiance, c’est moi, n’aie pas peur. Moi aussi, j’ai éprouvé la solitude et l’angoisse dans ma passion. Mais maintenant, vivant et ressuscité, je demeure à tes côtés. Unis ta souffrance à la mienne, tes peurs aux miennes. Tu expérimenteras alors la joie de la résurrection et de la vie nouvelle’ »
Frère Elie