Archive pour le 1 août, 2014
SUR LA PRIÈRE (7) PAR ST JEAN CHRYSOSTOME : Une chose est commune aux anges et aux hommes
1 août, 2014http://priere-orthodoxe.blogspot.it/
SUR LA PRIÈRE (7) PAR ST JEAN CHRYSOSTOME :
Une chose est commune aux anges et aux hommes : la prière
Que la prière soit la source de tout bien, le principe du salut et de la vie éternelle, il n’est personne qui l’ignore. Cependant il ne sera pas inutile de traiter ce sujet dans la mesure de nos forces, a?n que les personnes accoutumées à une vie de prière et à s’appliquer avec zèle au culte de Dieu, deviennent par ces paroles plus ferventes ; et pour celles qui vivent dans la négligence et qui laissent leur âme privée de prière, afin que comprenant le temps qu’elles ont perdu, elles n’achèvent pas de compromettre leur salut durant le reste de leur vie.
Une grande chose que nous pouvons dire de suite sur la prière est que quiconque prie s’entretient avec Dieu. Or, quel honneur, il y a pour l’homme à s’entretenir avec Dieu, tout le monde le comprend ; mais expliquer cet honneur par des paroles, personne ne le pourrait. Cet honneur s’élève même au-dessus de la dignité des anges; et, comme ils le savent bien, nous les voyons tous dans les prophètes offrir au Seigneur avec un profond saisissement leurs cantiques et leurs hommages, se couvrir le visage et les pieds dans le respect dont ils sont pénétrés, exprimer la frayeur qui les anime par leur vol et par leur incessante mobilité ; nous instruisant, ce me semble, à oublier nous-mêmes notre humanité au temps de la prière, et dans la terreur et la crainte dont nous serons remplis, à ne voir aucune des choses présentes, à nous croire transportés au milieu de ces purs esprits pour rendre à Dieu le culte qu’ils lui rendent eux-mêmes. Si des différences profondes séparent en tout le reste la condition des anges et la nôtre ; s’ils se distinguent de nous par la nature, par la manière de vivre, par la sagesse, par l’intelligence et par une foule d’autres points, une chose est cependant commune aux anges et aux hommes, la prière, et sous ce rapport il n’y a point de différence entre ces deux natures. La prière vous sépare des bêtes, la prière vous réunit aux anges: il ne tardera pas à partager leur société, leurs moeurs, leur genre de vie, leur dignité, leur noblesse, leur sagesse, leur intelligence, celui qui s’appliquera à consacrer toute sa vie à la prière et au culte de Dieu.
ST AUGUSTIN LIT ET COMMENTE ST JEAN – L’EGLISE ET LES PÊCHES MIRACULEU
1 août, 2014http://peresdeleglise.free.fr/Augustin/eglise2.htm
ST AUGUSTIN LIT ET COMMENTE ST JEAN
CHAPITRE 8E : L’EGLISE (SUITE ET FIN)
L’EGLISE ET LES PÊCHES MIRACULEUSES.
Au Tr. 122, 6-7, Augustin, en rapprochant la pêche après la Résurrection avec la première pêche miraculeuse intervenue avant que Jésus ne commence sa prédication, montre que ces pêches sont des figures de l’Eglise :
ON RELIRA JN XXI, 3-11 :
Simon-Pierre leur dit: « Je m’en vais pêcher. » Ils lui dirent: « Nous venons nous aussi avec toi. » Ils sortirent, montèrent dans le bateau et, cette nuit-là, ils ne prirent rien.
Or, le matin déjà venu, Jésus se tint sur le rivage; pourtant les disciples ne savaient pas que c’était Jésus.
Jésus leur dit: « Mes enfants, n’auriez vous rien à manger? » Ils lui répondirent: « Non! »
Il leur dit: « Jetez le filet à droite du bateau et vous trouverez. » Ils le jetèrent donc et ils n’avaient plus la force de le tirer, tant il était plein de poissons.
Le disciple que Jésus aimait dit alors à Pierre: « C’est le Seigneur! » A ces mots: « C’est le Seigneur! » Simon-Pierre mit son vêtement-car il était nu-et il se jeta à l’eau.
Les autres disciples, qui n’étaient pas loin de la terre, mais à environ deux cents coudées, vinrent avec la barque, traînant le filet de poissons.
Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise, avec du poisson dessus, et du pain.
Jésus leur dit: « Apportez de ces poissons que vous venez de prendre. »
Alors Simon-Pierre monta dans le bateau et tira à terre le filet, plein de gros poissons: cent cinquante-trois; et quoiqu’il y en eût tant, le filet ne se déchira pas.
« Voici un grand mystère renfermé dans le sublime Evangile de saint Jean, et il l’a écrit en dernier lieu pour en faire ressortir l’importance à nos yeux. Les sept disciples qui prennent part à cette pêche, Pierre, Thomas, Nathanaël, les deux fils de Zébédée, et deux autres dont l’Evangéliste ne dit pas les noms, sont par leur nombre de sept la figure de la fin des temps, dont la révolution s’accomplit dans un espace de sept jours. C’est pour signifier la même vérité que le matin venu, Jésus se tient sur le rivage, car le rivage est comme l’extrémité de la mer et représente la fin du monde. Une autre figure de la fin du monde, c’est que Pierre tire le filet à terre, c’est-à-dire sur le rivage. Notre-Seigneur nous découvre lui-même le sens de cette figure, lorsque parlant dans un autre endroit de la comparaison du filet jeté dans la mer, il dit : « Et ils le tirent sur le rivage. » Qu’est-ce que ce rivage ? Il nous l’explique en ajoutant : « Il en sera ainsi à la fin du monde. » (Mt 13, 49)
Mais ce n’était là qu’un récit parabolique, et non un fait réel quoique figuratif. Or, c’est par un fait véritable que Notre-Seigneur a voulu figurer ici ce que sera l’Eglise à la fin du monde, de même qu’il a voulu figurer par une autre pêche (Luc, 5) ce qu’elle est pendant cette vie. Le premier miracle eut lieu au commencement de sa prédication, le second après sa résurrection. La première pêche représente les bons et les mauvais dont l’Eglise est maintenant composée, et la seconde les bons seulement dont elle sera exclusivement formée pour l’éternité après la résurrection des morts. Enfin la première fois Jésus ne se tenait pas comme ici sur le rivage, lorsqu’il commanda de jeter les filets, mais : « Etant monté dans une des barques qui était à Simon, il le pria de s’éloigner un peu de terre ; et s’étant assis il enseignait le peuple de dessus la barque. Lorsqu’il eut cessé de parler, il dit à Simon : Avance en pleine mer, et jetez vos filets pour pêcher. » (Ibid, 3, etc.) Les poissons qui furent pris alors, restèrent dans la barque, et on ne tira point comme ici le filet sur la terre. Toutes ces circonstances et les autres qu’on pourrait encore trouver sont autant de figures de l’Eglise tant qu’elle est dans ce monde ; la pêche actuelle représente au contraire l’Eglise à la fin du monde, voilà pourquoi l’une eut lieu avant, l’autre après la résurrection du Sauveur, d’un côté, Notre-Seigneur voulait figurer notre vocation, de l’autre notre résurrection. Dans la première pêche, les filets ne sont point jetés à droite de la barque pour n’être point le symbole exclusif des bons, ni à gauche pour n’être que la figure des mauvais, mais ils sont jetés indifféremment et sans distinction : « Jetez vos filets pour pêcher », leur dit Jésus pour nous faire comprendre le mélange nécessaire des bons et des mauvais. Ici, au contraire, il dit à Pierre : « Jetez le filet à droite de la barque », pour figurer seulement ceux qui se tiendront à la droite c’est-à-dire les bons exclusivement. La première fois le filet se rompait, image des schismes qui devaient déchirer l’Eglise ; ici ou dans la paix suprême dont jouiront des saints les schismes ne pourront plus trouver place, l’Evangéliste a pu dire : « Et malgré la grosseur des poissons, le filet ne se rompit pas. » Il semble faire allusion à la première pêche où le filet se rompit et faire ressortir par opposition la supériorité de la pêche actuelle où le filet ne se rompit pas. D’un côté, ils prirent une si grande quantité de poissons que les deux barques qui en étaient remplies étaient près de couler à fond, c’est-à-dire qu’elles étaient surchargées au point de couler à fond, car elles évitèrent en réalité ce danger dont elles avaient été menacées. D’où viennent dans l’Eglise ces scandales déplorables qui nous arrachent tant de gémissements ? C’est que nous sommes impuissants contre cette multitude innombrable qui entre dans l’Eglise et par ses mœurs diamétralement opposées à la voie que suivent les saints menace de submerger pour ainsi dire la discipline. Ici au contraire ils jetèrent le filet à la droite de la barque, « et ils ne pouvaient le tirer tant il y avait de poissons ». Que signifie cette circonstance : « Ils ne pouvaient le tirer » ? c’est que ceux qui auront part à la résurrection de la vie, en d’autres termes ceux qui sont à droite et sont morts dans les filets du nom chrétien, n’apparaîtront que sur le rivage, c’est-à-dire à la fin des siècles, après la résurrection. Aussi les disciples ne purent tirer les filets pour verser dans la barque les poissons qu’ils avaient pris, comme on avait fait pour cette multitude de poissons qui rompaient les filets et surchargeaient les barques. Ces poissons qui sont à la droite, l’Eglise les conserve cachés dans le sommeil de la paix comme dans les profondeurs de la mer, jusqu’à ce que le filet soit tiré sur le rivage distant de deux cents coudées. Dans la première pêche il y avait deux barques qui figuraient le peuple de la circoncision et les Gentils ; dans la seconde ces deux cents coudées figuraient les élus des deux peuples de la circoncision et des Gentils, composé chacun du nombre cent ; parce qu’arrivé à la somme de cent le nombre passe à droite. Enfin dans la première pêche on ne parle point du nombre des poissons, et nous y voyons comme un accomplissement de la prédiction du Roi-prophète : « J’ai voulu annoncer vos œuvres, leur multitude m’a paru innombrable ». (Ps 39, 6). Ici au contraire ce nombre est précisé, il y en avait cent cinquante-trois, et il nous faut avec la grâce de Dieu donner la raison de ce nombre. »
Augustin va commenter ce chiffre, y voyant un chiffre symbolique, dont il veut donner la raison à son auditoire : même si le goût d’Augustin pour la numérologie et les explications qu’ils donnent prêtent souvent à sourire, et sans s’arrêter sur tout le détail de sa démonstration dont l »intérêt est inégal, on y verra cependant, si l’on veut aller au bout de la lecture, en se reportant au Tr. 122, 8-9 une source supplémentaire de méditation spirituelle car Augustin découvre à nos yeux et développe de nouveaux symboles et de nouveaux sens.
Les sacrements de l’Eglise
Augustin va développer, après plusieurs Pères, l’idée que l’Eglise a été formée, comme la nouvelle Eve, du côté percé du Christ en croix. : cette blessure est la source des sacrements. Dans les Tr. IX, 10, 15, 8, 120, 2… (ci-dessous), mais ailleurs aussi (Sermons, Enn in Ps…). On a là le rapprochement mystérieux de l’épisode du coup de lance (Jn 19, 34) de la création de la femme à partir de la côte d’Adam (Gn 2, 21-24).
Augustin souligne le parallélisme des deux scènes : on a deux éléments semblables sur trois :
« Deux sont semblables, le sommeil et la mort, le côté et le côté… Mais du côté d’Adam Eve a été formée qui, en péchant, nous mènerait à la mort ; du côté du Christ l’Eglise a été formée qui, en nous enfantant, nous mènerait à la vie. »
Avec ce thème, Augustin prolonge ce qu’il a déjà dit de l’Eglise : en s’unissant à la chair humaine dans le sein de la Vierge, le Verbe a épousé l’Eglise dans son principe puisque « l’origine et les prémices de l’Eglise sont la chair du Christ » (Commentaire sur la 1ère Ep. de St Jean, Tr. 2, 2).
Noter encore que l’ouverture pratiquée sur le côté de l’arche de Noé explique ce que signifie l’ouverture du côté du Christ :
« La porte que l’arche reçut sur le côté, c’est assurément la blessure qu’ouvrit la lance dans le côté du Crucifié : par là, en vérité, entrent ceux qui viennent à lui, car de là découlèrent les sacrements par lesquels les croyants sont initiés » (De la cité de Dieu, 15, 26, 1)
« Adam dort pour qu’Eve soit formée ; le Christ meurt pour que l’Eglise soit formée. Pendant le sommeil d’Adam Eve est formée de son côté ; après la mort du Christ son côté est frappé par la lance afin que jaillissent les sacrements dont sera formée l’Eglise. Qui ne verrait que dans ces faits du passé l’avenir était figuré, puisque l’Apôtre déclare qu’Adam lui-même était le type de celui qui doit venir : Il est, dit-il, le type de celui qui doit venir. Tout était d’avance mystérieusement figuré. Il ne faut pas croire en effet que Dieu n’était pas réellement capable de tirer une côte d’Adam éveillé pour en former la femme. Ou bien pour que son côté ne souffrît pas quand la côte lui fut enlevée, était-il nécessaire qu’il dormît ? Mais qui pourrait dormir si profondément qu’on puisse lui arracher des os sans qu’il s’éveille ? Ou bien l’homme était-il insensible parce que c’était Dieu qui lui enlevait cette côte ? Il pouvait donc aussi la lui arracher sans douleur pendant qu’il était éveillé puisqu’il a pu le faire durant son sommeil. » (Tr. IX, 10, p. 531).
« Des soldats vinrent donc et rompirent les jambes du premier et de l’autre qu’on avait crucifié avec lui. Et s’approchant de Jésus, quand ils virent qu’il était déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes ; mais un des soldats lui ouvrit le côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau » (Jn 19, 32, 34). L’Evangéliste s’est servi d’une expression choisie à dessein ; il ne dit pas : il frappa ou il blessa son côté, ou toute autre chose semblable ; mais : « Il ouvrit son côté », pour nous apprendre qu’il ouvrait ainsi la porte de la vie d’où sont sortis les sacrements de l’Eglise, sans lesquels on ne peut avoir d’accès à la véritable vie. Ce sang a été répandu pour la rémission des péchés ; cette eau vient se mêler pour nous au breuvage du salut ; elle est à la fois un bain qui purifie et une boisson rafraîchissante. Nous voyons une figure de ce mystère dans l’ordre donné à Noé d’ouvrir sur un des côtés de l’arche une porte par où pussent entrer les animaux qui devaient échapper au déluge et qui représentaient l’Eglise (Gn 6, 16). C’est en vue de ce même mystère que la première femme fut faite d’une des côtes d’Adam pendant son sommeil, et qu’elle fut appelée la vie et la mère des vivants. (Gn 2, 22). Elle était la figure d’un grand bien, avant le grand mal de la prévarication. Nous voyons ici le second Adam s’endormir sur la croix, après avoir incliné la tête, pour qu’une épouse aussi lui fût formée par ce sang et cette eau qui coulèrent de con côté après sa mort. O mort, qui devient pour les morts un principe de résurrection et de vie ! Quoi de plus pur que ce sang ? Quoi de plus salutaire que cette blessure ? » (Tr 120, 2).
L’Eglise Corps du Christ.
Il convient d’approfondir cette idée partout développée. Le Temple de Jérusalem, construction de pierres et de bois, n’était pour Augustin qu’une image du vrai Temple qu’est le Corps du Christ (en entendant alors que le Temple est l’assemblée des croyants). En tant qu’ils vivent dans la charité, les fidèles forment tous ensemble l’Eglise qui est ainsi le Corps du Christ. Tous ceux qui croient dans le Christ en aimant « sont comme les pierres vivantes dont le Temple de Dieu est bâti » (Tr. 10). Dans cette perspective prend tout son sens l’expulsion des vendeurs du Temple :
« C’est en figure que le Seigneur a chassé du Temple les hommes qui cherchaient leurs propres intérêts, c’est-à-dire qui allaient au Temple pour vendre et pour acheter. Mais si ce Temple était une figure, il est évident que le corps du Christ, qui est le vrai Temple dont l’autre était une image, renferme aussi des acheteurs et des vendeurs, c’est-à-dire des gens qui recherchent leurs propres intérêts, non ceux de Jésus-Christ. » (Enn. in Ps. 130).
L’union de la Tête et du Corps, du Christ et de l’Eglise n’est pas pour Augustin un image ou une comparaison : il prend toujours cela au sens littéral comme exprimant une réalité mystérieuse et désignant l’organisme vivant que forment ensemble le Christ et l’Eglise avec ses membres. Il dit notamment à propos de la Vigne et des sarments :
« [Le Seigneur] s’exprime en tant que le Christ Jésus homme, médiateur entre Dieu et les hommes est la Tête de l’Eglise et que nous sommes ses membres. La vigne et les sarments sont en effet d’une seule nature : c’est pourquoi, alors qu’il était Dieu, à la nature duquel nous n’appartenons pas, il s’est fait homme pour que la nature humaine soit en lui la vigne dont nous-mêmes, les hommes, nous pourrions être les sarments. » (Tr. 80, 1, vol. 74B, p. 69).
Les apôtres et l’Eglise.
Augustin insiste tout particulièrement sur Pierre et Jean tels qu’ils sont présentés dans la fin de l’Evangile de Jean (Jn, 21). Tous deux sont les figures de l’Eglise, chacun à sa façon.
Pierre à qui sont données les clefs du royaume (pour suivre Jésus : Viens, suis moi)
Jean qui reposa sur Sa poitrine (pour contempler et attendre dans le désir le retour du Christ : « s’il me plaît qu’il demeure… « )
Nous avons un commentaire concernant les caractéristiques symboliques des deux apôtres tout particulièrement dans le Tr 122, mais Augustin revient à diverses reprises sur cette « opposition » significative qui révèle le mystère de l’Eglise : chacun à sa façon est figure de l’Eglise.
Pierre
Le Christ ne confie pas les clefs à Pierre à titre personnel, mais comme un don qu’il fait à son Eglise : « En beaucoup de passages des Ecritures, il apparaît que Pierre joue le rôle de l’Eglise, mais surtout dans ce passage où il est dit : Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux ; tout ce que tu lieras sur la terre sera aussi lié dans le ciel et tout ce que tu délieras sur la terre sera aussi délié dans le ciel [Mt 16, 19]. Est-ce que Pierre a reçu ces clefs et que Paul ne les a pas reçues ? Est-ce que Pierre a reçu ces clefs et que Jacques, Jean et les autres apôtres ne les ont pas reçues ? Ou bien ces clefs ne sont-elles pas dans l’Eglise où chaque jour les péchés sont remis ? Mais parce que Pierre jouait le rôle de l’Eglise en figure, ce qui lui a été donné à lui seul a été donné à l’Eglise. Pierre par conséquent figurait l’Eglise et l’Eglise est le Corps du Christ. » (Sermon 149, 6, 7)
« … si le mystère de l’Eglise ne se trouvait pas symboliquement en Pierre, le Seigneur ne lui dirait pas : Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux ; tout ce que tu délieras sur la terre sera aussi délié dans le ciel et tout ce que tu lieras sur la terre sera aussi lié dans le ciel. Si cette parole a été dite seulement à Pierre, l’Eglise ne le fait pas. Mais s’il se fait aussi dans l’Eglise que ce qui est lié sur la terre est lié dans le ciel et que ce qui est délié sur la terre est délié dans le ciel, puisque, quand l’Eglise prive de sa communion, celui qui est privé de sa communion est lié dans le ciel et que, quand il est réconcilié, celui qui est réconcilié est délié dans le ciel, si donc cela se fait dans l’Eglise, c’est que Pierre, quand il recevait les clefs, signifiait la sainte Eglise. » (Tract L, 12, p. 281).
Jean
« Le disciple que Jésus aimait ». De toute la vie de l’apôtre c’est l’épisode du dernier repas qu’Augustin rappelle le plus souvent et avec le plus d’insistance.
Augustin insiste à maintes reprises sur le type de connaissance donné à Jean qui reposait sur la poitrine du Christ. Nous avons déjà cité dans l’introduction :
« Il reposait à la Cène sur la poitrine du Seigneur pour indiquer par là en signe qu’il buvait les plus profonds secrets à l’intime de son cœur » (Tr 18, 1)
« L’évangéliste Jean ne reposait pas sans cause sur la poitrine du Seigneur, mais pour y boire les secrets de sa plus haute sagesse et reprêcher dans son Evangile ce qu’il avait bu dans son amour. » (Tr 20, 1)
« En le faisant reposer sur sa poitrine, je crois que le Seigneur recommandait plus fortement de cette manière l’excellence divine de cet Evangile qui serait prêché par lui. » (Tr 119, 2)
On peut signaler à ce propos que la traduction de la « Bible Bayard » rapproche explicitement le Prologue et Jn 13, 23-25 :
« Dieu, personne ne l’a jamais vu, mais le Fils unique, Dieu appuyé contre le cœur du Père, l’a raconté. »
« Un des disciples était appuyé contre le cœur de Jésus, le bien-aimé de Jésus : Simon-Pierre lui fait signe de s’informer : De qui peut-il bien parler ? Et lui, appuyé contre le cœur de Jésus demande : Qui est-ce, Seigneur ? » [c'est nous qui soulignons].
Ce repos sur la poitrine est ce qui explique le caractère si singulier des écrits de Jean qui est le seul à souligner aussi profondément l’intimité du Père et du Fils : Le Père et moi nous sommes un, Celui qui m’a vu a vu le Père, etc.
Augustin met explicitement en rapport avec le geste de la Cène, la solennelle proclamation qui ouvre le 4e Evangile :
« A la poitrine du Seigneur Jean buvait les secrets des mystères et, ayant bu à la poitrine du Seigneur, il a reprêché sa divinité : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu. » (Comment. 1ère Epître, 1, 8).
Nous avons déjà signalé le rapport entre « sein » et « secret » que l’on peut établir à partir du mot latin sinus.