SAINT CÉSAIRE D’ARLES- MEDITATION

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SAINT CÉSAIRE D’ARLES- MEDITATION

 » Les saintes Ecritures nous ont été transmises pour ainsi dire comme des lettres venues de notre patrie. Notre patrie, en effet, c’est le paradis ; nos parents, ce sont les patriarches, les prophètes, les apôtres et les martyrs ; nos concitoyens, les anges ; notre roi, le Christ. Quand Adam a péché, nous avons alors été pour ainsi dire jetés, en lui, dans l’exil de ce monde ; mais parce que notre roi est pieux et miséricordieux plus qu’on ne peut le penser ou le dire, il a daigné nous envoyer, par l’intermédiaire des patriarches et des prophètes, les saintes Ecritures, comme des lettres d’invitation, par lesquelles il nous invitait dans notre éternelle et première patrie.
Et comme, dans un esprit de rébellion, la faiblesse humaine dédaignait ses écrits, il a daigné descendre en personne pour nous libérer tout à la fois de la tyrannie et de l’orgueil du diable… et il nous a invités, dans sa clémence et sa miséricorde à régner avec lui.
Dans ces conditions, frères très chers, quelle idée se font d’eux-mêmes les serviteurs qui ont ainsi la présomption de mépriser les préceptes de leur Seigneur au point de ne même pas daigner relire les propres lettres d’invitation par lesquelles il les invite à la béatitude de son royaume ? …
Les cultivateurs s’efforcent de semer différentes sortes de semences afin de pouvoir se préparer une nourriture suffisante pour eux-mêmes et pour les leurs. Combien plus, lorsqu’il s’agit de bénéfices spirituels, ne devez-vous pas vous contenter d’entendre lire la Parole de Dieu à l’église : vous devez prolonger la lecture sacrée dans vos maisons, au cours de vos repas, et, quand les jours sont courts, y consacrer encore quelques heures de nuit. C’est ainsi que vous amasserez un froment spirituel dans le grenier de votre cœur et rangerez dans le trésor de vos âmes les perles précieuses des Écritures.
Je vous prie, frères bien-aimés, de vous appliquer à consacrer à la lecture des textes sacrés autant d’heures que vous le pourrez. Et puisque les lectures… dont nous avons voulu nous munir dans cette vie sont la nourriture de l’âme pour l’éternité, que personne ne cherche d’excuse en disant qu’il n’a pas du tout appris à lire ; car ceux qui ne savent pas lire, s’ils aiment vraiment Dieu, essaient de trouver des gens instruits capables de leur lire les saintes Ecritures…
Et comme il arrive souvent qu’un homme instruit manque de nourriture et de vêtement et qu’un autre qui ne sait pas lire possède une plus grande fortune, que celui qui ne sait pas lire et regorge de biens terrestres s’adjoigne ce pauvre instruit et qu’ils se donnent l’un à l’autre ce dont chacun a besoin ; que l’un nourrisse l’autre de la douceur de Dieu en lisant sa Parole, que l’autre fournisse au premier sa subsistance terrestre et ne le laisse pas souffrir dans le besoin; que celui qui est instruit rassasie l’âme du riche ; que le riche réchauffe de vêtements le corps débile du pauvre et le restaure de nourriture terrestre. Si cela est fait avec charité, ce mot de l’Ecriture s’accomplira en eux : « Le riche et le pauvre sont allés au devant l’un de l’autre; le Seigneur les a créés tous deux » (Prov 22, 2)…
Quand nous poussons les gens à s’appliquer à la lecture, il y en a qui cherchent à s’excuser en disant que, soit à cause de leurs obligations militaires, soit à cause de l’administration de leur maison, ils ne peuvent avoir le loisir de s’adonner à la lecture des textes sacrés. Mais… quand les jours sont courts, ceux qui ne prolongent pas jusqu’au milieu de la nuit leurs dîners somptueux et raffinés en s’enivrant, peuvent lire suffisamment dès le chant des coqs…. En effet, alors que le genre humain tout entier a en lui un homme intérieur et un homme extérieur, l’homme intérieur fait à l’image de Dieu, l’homme extérieur fait du limon de la terre, est-il juste que l’homme extérieur, fait de terre, se soutienne de quantité de mets raffinés et très souvent se rassasie même deux fois par jour, tandis que l’homme intérieur, fait à l’image de Dieu, n’est pas soutenu par la nourriture de la parole de Dieu dont l’âme se nourrit, parfois pendant plusieurs jours ou, ce qui est pire, même pendant des mois ?
D’où il est à craindre que si quelqu’un par négligence ou ignorance en vient à accueillir avec dégoût la lecture des textes sacrés, e’est peut-être que son âme a été tellement affaiblie par la faim de la parole de Dieu que non seulement elle ne veut plus mais ne peut plus prendre sa nourriture… « 
Monition sur la méditation de la Parole de Dieu (Sermons 6 à 8) – Cf. Sources Chrétiennes, 175. Cerf

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