LA PRÉSENCE DE L’ESPRIT-SAINT par Saint Séraphim de Sarov

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LA PRÉSENCE DE L’ESPRIT-SAINT

par Saint Séraphim de Sarov

Extraits de « L’entretien avec Motovilov »

Comment alors, demandai-je au Père Séraphim, pourrais-je reconnaître en moi la présence de la grâce du Saint-Esprit ?
C’est fort simple, répondit-il. Dieu dit : Tout est simple pour celui qui acquiert la Sagesse (Pr 14,6). Notre malheur, c’est que nous ne la recherchons pas, cette Sagesse divine qui, n’étant pas de ce monde, n’est pas présomptueuse. Pleine d’amour pour Dieu et pour le prochain, elle façonne l’homme pour son salut. C’est en parlant de cette Sagesse que le Seigneur a dit : « Dieu veut que tous soient sauvés et parviennent à la Sagesse de la vérité » (1 Tm 2,4). A ses Apôtres qui manquaient de cette Sagesse, il dit : Combien vous manquez de Sagesse ! N’avez-vous pas lu les Écritures ? (Lc 24,25-27). Et l’Évangile dit qu’il « leur ouvrit l’intelligence afin qu’ils puissent comprendre les Écritures. » Ayant acquis cette Sagesse, les Apôtres savaient toujours si, oui ou non, l’Esprit de Dieu était avec eux et, remplis de cet Esprit, affirmaient que leur oeuvre était sainte et agréable à Dieu. C’est pourquoi, dans leurs Épîtres, ils pouvaient écrire : Il a plu au Saint-Esprit et à nous… (Ac 15,28), et c’est seulement persuadés qu’ils étaient de sa présence sensible, qu’ils envoyaient leurs messages. Alors, ami de Dieu, vous voyez comme c’est simple ?
Je répondis : Quand même, je ne comprends pas comment je peux être absolument sûr de me trouver dans l’Esprit-Saint ? Comment puis-je moi-même déceler en moi sa manifestation ?
Le Père Séraphim répondit : Je vous ai déjà dit que c’était très simple et je vous ai expliqué en détail comment les hommes se trouvaient dans l’Esprit-Saint et comment il fallait comprendre sa manifestation en nous… Que vous faut-il encore ?
– Il me faut, répondis-je, le comprendre vraiment bien…
Alors le Père Séraphim me prit par les épaules et les serrant très fort dit : Nous sommes tous les deux, toi et moi, en la plénitude de l’Esprit-Saint. Pourquoi ne me regardes-tu pas ?
– Je ne peux pas, Père, vous regarder. Des foudres jaillissent de vos yeux. Votre visage est devenu plus lumineux que le soleil. J’ai mal aux yeux…
Le Père Séraphim dit : N’ayez pas peur, ami de Dieu. Vous êtes devenu aussi lumineux que moi. Vous aussi vous êtes à présent dans la plénitude du Saint-Esprit, autrement vous n’auriez pas pu me voir.
Inclinant sa tête vers moi, il me dit à l’oreille : Remerciez le Seigneur de nous avoir accordé cette grâce indicible. Vous avez vu – je n’ai même pas fait le signe de la croix. Dans mon coeur, en pensée seulement, j’ai prié : « Seigneur, rends-le digne de voir clairement, avec les yeux de la chair, la descente de l’Esprit-Saint, comme à tes serviteurs élus lorsque tu daignas leur apparaître dans la magnificence de ta gloire ! » Et immédiatement Dieu exauça l’humble prière du misérable Séraphim. Comment ne pas le remercier pour ce don extraordinaire qu’à tous les deux il nous accorde ? Ce n’est même pas toujours aux grands ermites que Dieu manifeste ainsi Sa grâce. Comme une mère aimante, cette grâce a daigné consoler votre coeur désolé, à la prière de la Mère de Dieu elle-même… Mais pourquoi même regardez-vous pas dans les yeux ? Osez me regarder sans crainte ; Dieu est avec nous.
Après ces paroles, je levai les yeux sur son visage et une peur plus grande encore s’empara de moi. Imaginez-vous au milieu du soleil, dans l’éclat le plus fort de ses rayons de midi, le visage d’un homme qui vous parle. Vous voyez le mouvement de ses lèvres, l’expression changeante de ses yeux, vous entendez le son de sa voix, vous sentez la pression de ses mains sur vos épaules, mais en même temps vous n’apercevez ni ses mains, ni son corps, ni le vôtre, rien qu’une étincelante lumière se propageant tout autour, à une distance de plusieurs mètres, éclairant la neige qui recouvrait la prairie et tombait sur le grand starets et sur moi-même…

Extrait de l’Entretien avec Motovilov,
Irina Goraïnoff, Séraphim de Sarov, DDB, 1979.

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