Archive pour le 15 juillet, 2014

Madonna del Carmelo

15 juillet, 2014

Madonna del Carmelo dans images sacrée

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LA VIERGE MARIE DANS NOTRE VIE (LE CARMEL)

15 juillet, 2014

http://www.ocd.pcn.net/mad_fr.htm

(Ce que je propose, se poursuit avec avec une deuxième partie: Orientations et Suggestions)

LA VIERGE MARIE DANS NOTRE VIE

Spiritualité mariale du Carmel

INTRODUCTION

L’une des notes caractéristiques de la spiritualité du Carmel est la présence de la Vierge Marie dans notre vie, la communion avec sa personne, l’imitation de ses vertus, le culte de spéciale vénération qui lui est rendu. Le Carmel, selon une expression médiévale, est « entièrement à Marie ».
Il ne s’agit donc pas d’une note secondaire du charisme, mais de l’une des expressions les plus intimes et les plus chères de notre tradition.
Le Chapitre 3 de la Première Partie des Constitutions se présente comme une nouveauté importante dans la législation des Carmélites Déchaussées. Pour la première fois, un thème de fondement spirituel aussi important que l’esprit marial de l’Ordre reçoit une place de choix et donne forme, par de brèves touches synthétiques, au sens global de la consécration religieuse et de la vie contemplative des Carmélites Déchaussées. IL ne fait aucun doute que la conscience de l’esprit marial de l’Ordre a toujours été vive dans le Carmel. Mais la richesse doctrinale du Concile Vatican II quant à la place de Marie dans le mystère du Christ et de l’Eglise, ainsi que les orientations de quelques documents post-conciliaires, spécialement l’Exhortation de Paul VI Marialis Cultus, aient offert aux textes législatifs la possibilité d’un traitement adéquat de l’un des points de base de notre spiritualité.
Ce Chapitre 3, bien que bref, nous propose une excellente synthèse d’histoire et de spiritualité mariales, traçant le modèle d’une consécration religieuse qui doit être, selon la plus pure tradition du Carmel, une imitation de Marie. Méditant la Parole de Dieu, il indique le point de convergence entre la spiritualité carmélitaine et l’imitation de Marie qui « méditait toutes ces choses dans son coeur » (cf Lc 2,19.51). Ce texte, selon une tradition ininterrompue d’amour et de vénération envers Notre-Dame, concentre cette consécration spéciale au service et au culte de la Vierge qui caractérise le Carmel, dans la célébration liturgique et la dévotion personnelle et communautaire.
Le début du n° 53 des Constitutions résume bien les motifs et les aspects de cette vie mariale:
« Appelées à faire partie de l’Ordre de la bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel, les carmélites déchaussées appartiennent à une famille consacrée particulièrement à l’amour et au culte de la sainte Mère de Dieu, entendre à la perfection évangélique en communion avec elle ».
Nous pouvons en tirer les phrases clés qui seront développées tout an long de ce commentaire.
« L’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel »: dans ce titre est explicitement affirmé le sens plein de notre identité comme Ordre lié à Marie. « Le Carmel est totalement marial » (Léon XIII), comme le reconnaît 1′Église.
La présence de la Vierge dans nos communautés accroît notre « esprit de famille » par la constante et commune référence à la Vierge, présence maternelle au milieu de ses enfants; le don de nous-mêmes à son amour et à son culte, en vertu d’une consécration toute spéciale, détermine l’intensité du culte marial, à l’intérieur de la plus pure tradition liturgique et spirituelle de l’Eglise, particulièrement bien remise en évidence par les orientations du dernier Concile.
La consécration religieuse et la vie chrétienne vécues dans le Carmel ont pour but, selon la spiritualité de l’Ordre, la perfection de la charité, de l’amour de Dieu et du prochain; la marche vers la sainteté qui caractérise notre vie a, en Marie, non seulement le modèle le plus élevé mais aussi la compagnie la plus efficace; notre vie carmélitaine possède en l’amour de la Vierge son exemple le plus signifiant; en outre, la doctrine et l’expérience de nos Saints montrent que Marie est la Mère gui accompagne notre cheminement dans la vie spirituelle pour que, avec son aide, nous parvenions « au sommet du Mont de la perfection qui est le Christ ».
L’empreinte mariale, si présente à notre histoire et à notre spiritualité, doit se manifester par une vie qui reflète à travers ses enfants la présence vivante de la Mère. Cette dernière imprime à nos communautés un caractère de profondeur spirituelle, de simplicité personnelle et communautaire, d’harmonie et de charité, du fait que nous désirons imiter les attitudes les plus caractéristiques de la vie de la Vierge, que Paul VI a résumées dans une belle page de Marialis Cultus n° 57.
Parmi les caractéristiques de la Carmélite Déchaussée, il est mentionné l’esprit d’oraison et de contemplation. En Marie, ces caractéristiques sont des attitudes permanentes: méditation de 1′Écriture, mémoire des merveilles de Dieu dans son histoire personnelle et dans celle de son peuple, communion attentive aux mystères de son Fils. Telle est bien aussi une constante du Carmel thérésien: s’identifier le plus parfaitement possible aux sentiments et à l’oeuvre du Christ et de son Esprit. En d’autres termes, la dimension ecclésiale de notre vocation contemplative trouve en Marie son degré le plus élevé, qu’il s’agisse de sa consécration totale à sa mission maternelle envers l’Église (sur terre et maintenant au ciel) ou du caractère caché et fécond du service de l’oraison et de la communion avec le Christ pour l’Église: fervente intercession pour le salut de tous les hommes et invocation constante de l’envoi de l’Esprit-Saint en une continuelle Pentecôte.
L’abnégation évangélique elle-même doit avoir un caractère marial: en sa qualité de première disciple du Seigneur, elle est le modèle de l’abnégation évangélique: Elle exercice en effet les attitudes du disciple si soulignées par la spiritualité mariale des Saints du Carmel: l’humilité, l’obéissance à la volonté du Père, la pauvreté, l’oubli de soi, le service désintéressé, la communion aux souffrances du Christ pour son Corps qui est l’Église. L’abnégation évangélique de Marie, Immaculée et Sainte, est centrée sur l’essentiel, intérieure; de même pour nous, sans nous détourner de l’essentiel, nous devons nous mortifier volontairement, choisir l’austérité, opter pour le refus de tout ce qui pourrait obscurcir le sens totalement marial d’une vie qui tend à la pureté du coeur.
Par ces quelques traits doctrinaux, énoncés par les Constitutions et présents dans la féconde tradition spirituelle de l’Ordre, c’est tout le sens de notre vocation carmélitaine qui est globalement présenté. Nous y retrouvons cette note mariale qui est demeurée inchangée dans l’histoire de notre famille religieuse et qui est même allée en s’enrichissant, spécialement à travers la vie des témoins les plus éminents de notre vocation.

I. – LA SPIRITUALITÉ MARIALE DE L’ORDRE
Le n° 54 des Constitutions présente, en son texte et en ses notes, une synthèse de la spiritualité mariale de l’Ordre, dans ses origines que dans l’expérience de sainte Thérèse et de saint Jean de la Croix. Un texte législatif, sobre et dense, ne pouvait tracer d’une autre manière les lignes maîtresses d’une histoire.
1. Aux origines de notre dévotion mariale
Trois mots résument les traits les plus sûrs qui ont marqué notre spiritualité mariale aux origines: le lieu du Mont-Carmel, le nom marial de l’Ordre, la mention explicite de la consécration de l’Ordre au service de la Vierge.
a. Le lieu : une chapelle en l’honneur de la Vierge Marie sur le Mont Carmel
Un pèlerin anonyme des débuts du XIII siècle nous donne dans un document sur les pèlerinages en Terre Sainte le premier témoignage historique marial concernant l’Ordre en parlant d’ »une belle petite église de Notre-Dame » (que les ermites latins, appelés « frères du Carmel »), avaient dans le Wadi ‘ain es-Siah; une autre rédaction du même manuscrit parle d’une « église de Notre-Dame ».
Par la suite, le titre de la Vierge sera donné à tout le monastère lorsque la chapelle sera agrandie notablement, comme il apparaît dans divers documents anciens (cf Bullarium Carmelitanum, I, pp. 4 et 28). Ce fait primordial de la chapelle du Mont Carmel dédiée à la Mère de Dieu est significatif, car c’est de là que la plus ancienne dévotion des Carmes envers la Vierge tire son origine. Une petite chapelle érigée en son honneur, et probablement ornée de son image, indique que les ermites du Mont Carmel voulaient vivre entièrement à la suite du Christ sous le regard d’amour de la Vierge Mère; c’est elle qui préside à la naissance d’une nouvelle expérience ecclésiale. De là le fait qu’on la reconnaît comme Patronne, selon les paroles du Général Pierre de Millaud au roi d’Angleterre Edouard I à propos de la Vierge Marie (« à la louange et à la gloire de laquelle l’Ordre lui-même a été fondé spécialement »: cf ibidem, 606-607). Affirmation que la tradition postérieure confirmera constamment.
b. Le nom : « Frères de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel »
. Tel est le titre de l’Ordre tel qu’il apparaît dans quelques documents pontificaux, comme la Bulle d’Innocent IV Ex parte dilectorum » I-1252 : « De la part des fils aimés, les ermites frères de l’Ordre de Sainte Marie du Mont Carmel »… (Analecta Ordinis Carmelitarum 2 (1911-1912) p.128). Dans un document postérieur (20-2-1233), Urbain IV, dans la Bulle Quoniam, ut ait, fait référence au « Prieur Provincial de l’Ordre de la Bienheureuse Marie du Mont Carmel en Terre Sainte » et ajoute que « sur le Mont Carmel se trouve le lieu de l’origine de cet Ordre où va s’édifier un nouveau monastère en l’honneur de Dieu et de la glorieuse Vierge sa Patronne » (Bullarium Carmelitanum I, p.88).
Ce nom, qui est signe de familiarité et d’intimité avec la Vierge, a été reconnu par l’Église et sera par la suite source de spiritualité pour les auteurs carmélitains postérieurs, qui parleront de « patronage de la Vierge » et de sa qualité de « Soeur » des Carmes.
c. La consécration à la Vierge
Le Carmel professe sa totale consécration à la Vierge Marie dans son engagement total au service de Jésus-Christ comme Seigneur de la Terre Sainte, selon le sens de « suite » et de service que présente la Règle dans son contexte historique et géographique. C’est ce que manifeste un texte législatif ancien du Chapitre de Montpellier tenu en 1287: « Nous implorons l’intercession de la glorieuse Vierge Marie, Mère de Dieu, à la suite et en l’honneur de laquelle a été fondée notre religion du Mont-Carmel » (cf Acta del Capitolo Generale de Montpellier, Acta cap.gen., Ed. Wessels-Zimmermann, Roma, 1912, p. 7). Cette consécration spéciale, qui est liée au souvenir de la « suite du Christ », aura une conséquence logique dans la formule de la profession qui inclura la mention explicite de la Vierge Marie.
2. Une tradition spirituelle vivante
Parmi les données historiques évoquées et qui appartiennent aux origines de l’expérience mariale du Carmel, les Constitutions signalent les éléments les plus significatifs de la spiritualité mariale de sainte Thérèse et de saint Jean de la Croix. Cependant nous pouvons condenser en quelques orientations la richesse doctrinale de l’esprit marial de l’Ordre, tel qu’il a été vécu depuis les origines et tel qu’il a été enrichi par la dévotion et les écrits spirituels de quelques carmes insignes.
a. Les titres d’amour et de vénération
On peut affirmer que la tradition carmélitaine ancienne a exprimé les liens d’amour avec la Vierge à travers une série de titres relatifs au mystère de Marie, mais perçus avec une saveur spéciale à partir de l’expérience du Carmel. Ainsi, aux origines, prédomine la dénomination de « Patronne de l’Ordre », mais l’expression plus douce de « Mère » va son chemin, comme il ressort de formules anciennes des Chapitres et des Constitutions: « En l’honneur de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de la glorieuse Vierge, Mère de notre Ordre du Carmel »; « Pour la louange de Dieu et de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu et notre Mère » (Constitutions de 1369).
Dans l’ancienne Flos Carmeli, il est parlé de « douce Mère » (« Mater mitis ») et Jean de Chimineto parle de Marie comme « source de miséricordes et Notre Mère ». Ces deux appellations sont en relation avec le mystère de la Vierge Mère dans l’extension de sa maternité à tous les hommes. A ces titres, il faut ajouter celui de « Soeur », assumé par les Carmes du XIV siècle dans la littérature dévotionnelle qui raconte les origines de l’Ordre avec les ermites du Mont Carmel.
D’un autre point de vue doctrinal, dans la contemplation du mystère de la Vierge, les Carmes ont mis en relief sa Virginité, admirant en elle le modèle du choix d’une vie virginale dans le Carmel et sa relation avec la contemplation. Pour les mêmes raisons, les Carmes ont toujours pris part parmi les défenseurs de l’Immaculée Conception de la Vierge, au cours des controverses du Moyen Age, soit au niveau de la théologie, ou soit par l’introduction de cette fête dans le calendrier de l’Ordre qui la célèbre avec une particulière dévotion. De là l’insistance des auteurs carmes sur la contemplation filiale de la Vierge très pure et l’engagement à l’imiter dans cette attitude spirituelle, représentée symboliquement par la cape blanche, vêtement traditionnel.
b. Privilèges marials de l’Ordre
L’histoire et la spiritualité mariale de l’Ordre, surtout durant les XIV-XVI siècles, vont en s’enrichissant de motifs dévotionnels qui développent la tradition historique primitive. La Vierge Marie est l’authentique Protectrice de l’Ordre dans les moments difficiles de son évolution et de son expansion en Occident. Le Catalogue des Saints Carmes a recueilli la vision que le Général de l’Ordre, Simon Stock, a eue vers l’an 1251 lorsque la Vierge lui apparut et lui remit l’habit de l’Ordre assurant le salut éternel pour tous ceux qui le porteraient avec dévotion. Il est attribué au Pape Jean XXII un document communément appelé Bulle Sabbatine (3 mars 1322) et dans lequel est relatée la vision de la Vierge qui lui promettait sa protection personnelle en échange de l’aide qu’il donnerait aux Carmes; la Bulle fait allusion au privilège d’une libération des peines du Purgatoire pour tous ceux qui auront porté dignement le Saint Scapulaire: moyennant l’intercession de la Vierge, ils seront délivrés le samedi suivant leur mort.
Ces deux faits ont polarisé l’attention populaire sur la dévotion mariale proposée par les Carmes et ont monopolisé, en un certain sens, la vision spirituelle que l’Ordre a eue du mystère de Marie.
Depuis le XIV siècle, l’Ordre a voulu célébrer, par une fête spéciale, la commémoration solennelle de la Vierge Marie du Mont-Carmel, les grâces reçues de la Vierge; cette fête avait pour but de rappeler la protection de Marie et de manifester l’action de grâces de l’Ordre. Dans le choix de la date a influé, comme on sait, l’approbation partielle de l’Ordre obtenue au Concile de Lyon II, le 17 juillet 1274, alors que l’Ordre était en danger de disparaître. Ultérieurement, la date du 16 juillet a été considérée comme la date de l’apparition de la Vierge à saint Simon Stock et le souvenir de la protection de la Vierge s’est concentré dans la gratitude particulière pour ce qui constitue la somme et le résumé de l’amour de la Vierge pour les Carmes : le Saint Scapulaire.
c. Spiritualité mariale de l’Ordre : Marie modèle et Mère
Une note caractéristique de l’attitude des Carmes envers la Vierge Marie est le désir d’imiter ses vertus à l’intérieur de leur vocation religieuse. Déjà le théologien carme bien connu Jean Baconthorp (1294-1348) avait essayé de faire un parallèle entre la vie du carme et la vie de la Vierge Marie, dans son commentaire de la Règle; il s’agissait d’un principe exégétique de grande importance, car il centre la dévotion sur l’imitation. Un autre grand mariologue, Arnold Botius (1445-1499), a magnifié dans son oeuvre, à propos du Patronage marial de l’Ordre, le sens d’intimité avec la Vierge, la filiation spéciale du carme, la communion des biens avec la Mère, le sens de la « fraternité » avec elle. Le bienheureux Baptiste Mantouan (1447-1516), dans sa production poétique, est un chantre insigne de la Vierge. Fidèles interprètes de la tradition carmélitaine, le P. Michel de Saint-Augustin (1621-1684) et sa dirigée Marie de Sainte-Thérèse (1623-1677), ont porté à sa perfection le sens de l’intimité avec la Vierge et de la conformité intérieure à son mystère.
Bien que ce ne soit pas ici le lieu pour développer la doctrine de tous ces auteurs, nous avons voulu rendre témoignage à la riche tradition doctrinale et spirituelle que l’on trouvera dans les représentants du Carmel thérésien.
d. Liturgie et dévotion populaire
Les Carmes ont particulièrement exprimé leur consécration à la Vierge au moyen de la liturgie. Ils ont édifié des églises à sa mémoire et vénéré son image. Les anciens rituels de l’Ordre, à partir du XIII siècle, montrent la ferveur liturgique du Carmel dans la célébration des fêtes mariales de l’Eglise et dans l’adoption de nouvelles célébrations qui en d’autres lieux et dans d’autres Ordres ne sont pas accueillies avec tant de ferveur (par exemple: la fête de l’Immaculée Conception). La fête de la commémoration solennelle de la Vierge du Mont-Carmel devient sa fête principale. L’ancien rite hiérosolomitain réserve à Marie de multiples invocations dans les Heures Canoniques: antiennes mariales à la fin de chaque heure et solennisation spéciale du « Salve Regina » à Complies.
En l’honneur de Marie, on célèbre des messes votives et son nom est introduit fréquemment dans les textes liturgiques de la vêture et de la Profession. On peut dire que la liturgie carmélitaine a laissé de profondes traces d’esprit marial dans la tradition spirituelle et a modelé intérieurement la consécration que l’Ordre a professée à la Vierge. À côté de la liturgie, des pratiques caractéristiques de dévotion populaire fleurissent, tels l’ »Angelus », le chapelet et d’autres propres à l’Ordre, unies à la dévotion au Scapulaire.
3. La spiritualité mariale dans le Carmel thérésien
La deuxième partie du n°54 des Constitutions présente la continuité logique de l’expérience mariale du Carmel chez sainte Thérèse et saint Jean de la Croix : « Sainte Thérèse de Jésus et saint Jean de la Croix ont confirmé et rénové la piété mariale du Carmel… ». Suit une brève et substantielle synthèse de la pensée mariale des deux saints. Dans l’espace du bref commentaire qu’offrent ces pages, il vaut la peine d’élargir un peu plus la vision que les Constitutions présentent de ce point de vue, pour voir jusqu’à quel point le thème marial a été enrichi par les Saints de l’Ordre et comment il reste actuellement représenté dans notre spiritualité à partir de l’expérience et de la doctrine de Thérèse de Jésus, de Jean de la Croix et des autres témoins du Carmel thérésien.

MONT CARMEL: SANCTUAIRE STELLA MARIS

15 juillet, 2014

http://www.fr.josemariaescriva.info/article/article-mont-carmel-sanctuaire-stella-maris

MONT CARMEL: SANCTUAIRE STELLA MARIS

TRACES DE NOTRE FOI

Jésus parcourut de nombreuses villes et villages de Palestine durant les trois années de sa vie publique pour annoncer le Royaume de Dieu.

Son ministère itinérant eut surtout lieu autour de la mer de Génésareth, à Jérusalem et lorsqu’il séjourna entres ces deux endroits, du nord au sud et du sud au nord, sur la route longée par le Jourdain ou à travers la Samarie.
« L’histoire du Carmel est intimement liée au prophète Élie qui vécut au IXème siècle avant le Christ. »
Les évangélistes nous disent aussi qu’à un moment donné, il se retira aux confins de la Galilée, dans la région de Tyr et de Sidon, l’ancienne Phénicie, devenue le Liban de nos jours (Cf. Mt 15, 21 y Mc 7, 24); nous n’avons cependant aucun indice d’un voyage sur la côte méditerranéenne où les habitants étaient des gentils pour la plupart. C’est là que se trouve le Mont Carmel, spécialement rattaché au souvenir d’Élie et d’Élisée, deux grands prophètes de l’Ancien Testament et c’est là que plus tard, à l’époque chrétienne, est né l’Ordre des Carmes.
L’histoire du Carmel est intimement liée au prophète Élie qui vécut au IXème siècle avant le Christ. Le Carmel est une chaîne de montagnes de formation calcaire, qui se détache des montagnes de Samarie pour s’avancer vers la Méditerranée et surplomber, comme une proue, la ville de Haïfa. Il a vingt cinq kilomètres de long et dix ou quinze de large, il culmine à 525 m. Son nom vient de kerem qui veut dire jardin/verger divin, vignoble de Dieu.

Et c’est bien vrai : cette chaîne est pleine de sources d’eau jaillissantes dotant ses collines et ses gorges d’une flore riche et variée, typiquement méditerranéenne : des lauriers, des myrtes, des chênes, des tamariniers, des cèdres, des pins, des caroubiers, des lentisques.
Cette fertilité proverbiale dont parlent plusieurs livres de l’Ancien Testament est le symbole de la prospérité d’Israël, mais aussi de son malheur en cas de désolation : « Yahweh rugira de Sion; de Jérusalem il fera entendre sa voix ; les pâturages des bergers seront en deuil, et le sommet du Carmel sera desséché » (Am 1, 2. Cf. Is 33, 9 et 35, 2; Jr 50, 19; et Na 1, 4). Il y a aussi plus de mille cavernes, à l’ouest surtout, dont l’accès est très réduit mais qui sont très spacieuses à l’intérieur.
D’après des traditions que rapportent les Saints Pères et les auteurs anciens, plusieurs de ces endroits étaient marqués par l’empreinte de sa présence dont une caverne sur le flanc nord, sur le cap de Haïfa où Élie puis Élisée s’étaient installés. Près de là, se trouve la caverne où ils convoquaient leurs disciples et que les chrétiens ont appelé l’École des Prophètes, El Hader, en langue arabe. Dans cette zone-là, vers l’ouest, il y a une source dite source d’Élie qu’il aurait lui-même fait jaillir du rocher. Au sud-est du massif on trouve le sommet d’El Muhraqa et le torrent du Qison, où il affronta les quatre cents prophètes de Baal : grâce à sa prière, Dieu fit descendre du feu du ciel et le peuple se détourna de l’idolâtrie comme le rapporte le premier livre des Rois (Cf. 1 R 18, 19-40).
Sur ces lieux vénérés depuis le début du christianisme, où l’on avait bâti des églises et des monastères en souvenir d’Élie, est né l’Ordre des Carmes. Vers la moitié du XII siècle, un croisé français, saint Berthold de Malifaye, rassembla quelques ermites dispersés sur El Hader, dans la zone du Mont Carmel près de Haïfa.
Ils construisirent un sanctuaire. Vers l’an 1200, ils en bâtirent un second sur le versant occidental, à Wadi es-Siah. Saint Brocard, successeur de Berthold, au tout début du XIIIème s demanda au patriarche de Jérusalem son approbation officielle et une règle pour organiser sa vie religieuse dans la solitude, l’ascèse et la prière contemplative : c’est la Règle du Carmel, appelée aussi Règle de notre Sauveur, qui est toujours en vigueur actuellement.
Des circonstances diverses firent que le pape ne l’approuve qu’en 1226, date à partir de laquelle, à cause de l’incertitude qui planait sur les chrétiens en orient, quelques carmélites rentrèrent chez eux, en Europe, où ils constituèrent de nouveaux monastères. Cet exode fut providentiel pour la survie et l’expansion de l’Ordre puisqu’en 1291 les armées d’Égypte conquirent Acre et Haïfa, brûlèrent les sanctuaires du mont Carmel et assassinèrent leurs moines.
L’histoire de l’Ordre du Carmel serait longue à raconter ici. Concernant la Terre Sainte, il suffit de dire qu’après une parenthèse au XVII siècle, cet ordre ne put s’établir de nouveau au mont Carmel qu’au début du XIX. Entre 1827 et 1836, le monastère actuel de Stella Maris fut construit à la pointe nord, sur une grotte qui rappelle la présence d’Élie. De même que le petit nuage que perçut le serviteur d’Élie apporta la pluie qui féconda la terre d’Israël, après l’épisode des faux prophètes (Cf. 1 Re 18, 44), de même le Christ naquit de la Vierge Marie par laquelle la grâce de Dieu se déverse sur toute la terre. Les bâtiments sont construits sur trois hauteurs et dans un complexe architectural rectangulaire de soixante mètres de long par trente six mètres de large.
Au nord, la vue de la baie d’Haïfa est magnifique et, par temps dégagé, on arrive à voir Acre en suivant la ligne du littoral. On pénètre dans l’église par la façade ouest : l’espace central est octogonal, recouvert d’un dôme avec des fresques d’Élie et d’autres prophètes, de la Sainte Famille, des Évangélistes et de quelques saints carmélites. Ces peintures furent réalisées en 1928.
Le revêtement de marbre de ce temple, de cette époque-là, fut terminé en 1931. Le regard est attiré vers le chœur : sur l’autel, dans une grande niche, il y a une statue de la Vierge du Carmel placée au-dessus de la grotte où, d’après la tradition, vécut Élie. Il s’agit d’une enceinte d’à peu près trois mètres sur cinq, séparée de la nef par deux colonnes en porphyre et des marches. Au fond, il y a un autel et une représentation du prophète.
Avec le sanctuaire Stella Maris, l’Ordre du Carmel a un autre temple à la pointe sud du mont Carmel, à l’El-Muhraga, dit aussi temple du Sacrifice d’ Élie : il évoque l’épisode des prophètes de Baal dont nous avons déjà parlé. L’ordre avait aussi un monastère fondé à Wadi es-Siah —actuellement Nahal Siakh— qui est en ruines.
Au fil des siècles, l’ordre du Carmel a offert à la chrétienté d’innombrables trésors spirituels. On pense en effet aux vies exemplaires et aux enseignements de sainte Thérèse d’Avila, de saint Jean de la Croix ou de sainte Thérèse de Lisieux, trois docteurs de l’Église. Parmi ces richesses se trouve le scapulaire dont saint Josémaria diffusa la coutume qu’il pratiqua lui-même : « Porte sur ta poitrine le scapulaire du Carmel. Peu de dévotions, —et il y a de nombreuses et très bonnes dévotions mariales—, sont si enracinées parmi les fidèles et ont reçu autant de bénédictions des Pontifes. Et puis ce privilège sabbatin est si maternel !» (Chemin, n. 500).
Lorsque l’on porte avec dévotion ce scapulaire on peut être assuré des secours pour persévérer dans le bien jusqu’au moment de la mort et de la grâce d’être délivrés des peines du purgatoire. L’ordre du Carmel faisait ses premiers pas en Europe et en 1251, dans des circonstances particulièrement pénibles de contradiction, cette dévotion lui apporta la consolation. C’est dans une ancienne rédaction du catalogue des saints carmélites que l’on trouve le récit de cette histoire. Un certain Simon, que l’on identifia par la suite à saint Simon Stock, prieur général anglais, avait instamment recours à Notre Dame :

Flos Carmeli /; vitis florigera / vid florida; splendor coeli /; Virgo puerpera /; singularis /; Mater mitis /; sed viri nescia /; Carmelitis /; da privilegia /; Stella Maris /.
« Ô Fleur du Carmel, Vigne fleurie, Splendeur du Ciel, Vierge féconde, Unique, Ô Douce Mère, mais qui ne connut pas d’homme, aux Carmes accorde tes faveurs, Étoile de la mer ».

À l’extrême nord du Mont Carmel, se dresse l’actuel monastère et le sanctuaire Stella Maris.
Sa prière fut exaucée et la Sainte Vierge lui apparut tenant à la main un Scapulaire. Elle le lui remit et lui dit : `Voici un signe pour toi et un privilège pour tous les Carmes : celui qui mourra dans cet habit sera préservé des flammes éternelles ». Le scapulaire faisait partie de l’habit de l’époque. À l’origine c’était un vêtement de travail que portaient les serfs et les artisans, destiné à protéger les vêtements ordinaires, normalement serré à la taille par une ceinture. Il se composait de deux pans d’étoffe, devant et derrière, tombant jusqu’aux pieds

Privilège sabbatin
« Le scapulaire devient le signe de l’alliance et de la communion réciproque entre Marie et les fidèles »
La seconde prérogative, dite privilège sabbatin, découle d’une tradition médiévale. Le saint-siège promulgua un décret en 1613 affirmant que le peuple chrétien est en droit de croire que la Sainte Vierge vient au secours des âmes des frères et des confrères de l’Ordre du Carmel décédés en grâce de Dieu qui ont porté le scapulaire, observé la chasteté selon leur état, dit le Petit Office, et, s’ils ne savent pas lire, ont observé les jeûnes et abstinences prescrits par l’Église. Notre Dame les protègera spécialement le samedi, jour consacré par l’Église à la Mère de Dieu.
Ce privilège sabbatin découle d’une vérité de la doctrine chrétienne : la sollicitude maternelle de Sainte Marie envers ses enfants qui expient leurs fautes au purgatoire pour qu’ils atteignent la gloire du Ciel le plus vite possible grâce à son intercession.
L’ordre des Carmes se développa surtout aux XVIème et XVIIème siècles ainsi que ses confrèreries. Elles attiraient beaucoup de fidèles qui tout en ne faisant pas partie des religieux, partageaient la dévotion à Notre Dame diffusée par la spiritualité des carmélites. Ils revêtaient ainsi le scapulaire dont la forme se simplifia petit à petit pour devenir deux morceaux de laine brune de forme rectangulaire ou carrée, non tricotés mais tissés, reliés entre eux par deux fils de manière à pouvoir être portés, un morceau sur la poitrine et l’autre sur le dos.
Le saint-siège, qui a tenu à plusieurs reprises à cultiver cette coutume, lui a rattaché la faculté de gagner des indulgences et a fixé quelques question pratiques : la cérémonie d’imposition est faite d’une fois pour toutes, tout prêtre peut la réaliser. On bénit un nouveau scapulaire qui remplace l’ancien trop usé. On peut remplacer le scapulaire en tissu par une médaille frappée aux images du Sacré-Cœur de Jésus et de la Sainte Vierge.
Lorsque le bienheureux Jean-Paul II, qui le portait depuis sa jeunesse, célébra le 750ème anniversaire de la remise du scapulaire lors de l’apparition de Marie à saint Simon, il évoqua ainsi sa valeur religieuse : « Il y a deux vérités évoquées par le signe du scapulaire : d’un côté la protection continuelle de la Très Sainte Vierge, non seulement sur le chemin de la vie, mais aussi dans le passage à la plénitude de la gloire éternelle et de l’autre, la conscience que la dévotion envers elle ne saurait se limiter à des prières et des hommages en son honneur en des circonstances particulières parce qu’elle doit être une « habitude », c’est-à-dire un style de vie chrétienne, tissée de prière et de vie intérieure, moyennant la pratique fréquente des sacrements et la pratique concrète des œuvres de miséricorde spirituelles et corporelles. Ainsi le scapulaire devient le « signe de l’alliance » et de la « communion réciproque » entre Marie et les fidèles, en somme, une façon concrète de traduire les paroles de Jésus en Croix à Jean, en lui confiant sa Mère, et « notre Mère spirituelle » (Bienheureux Jean-Paul II, message à l’Ordre du Carmel lors de la consécration de l’année 2001 à Marie, 25 mars 2001).
C’est le contenu de la prière que dit le célébrant dans la bénédiction du scapulaire :
« Père saint, qui aimes à nous faire grandir dans ta charité par ton Esprit qui a fécondé le sein de la Vierge Marie, tu as voulu revêtir ton Fils unique, Jésus-Christ, d’un corps semblable au nôtre ; accorde à ton fils (à ta fille) qui va endosser avec dévotion le scapulaire de la famille de la bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel la grâce de revêtir le Seigneur Jésus-Christ dans toutes les circonstances de la vie présente et d’avoir part ainsi à la gloire éternelle » (De benedictionibus, n. 1218).
« Le début du chemin qui conduit à la folie de l’amour de Dieu est un amour confiant envers la Très Sainte Vierge »
Lorsqu’il parlait de notre amitié avec Dieu, saint Josémaria nous encourageait souvent à nous faire tout-petits, à reconnaître que nous avons toujours besoin de l’aide de la grâce. Il nous apprit aussi à parcourir ce chemin la main dans la main de Notre Dame : « Le début du chemin qui conduit à la folie de l’amour de Dieu est un amour confiant envers la Très Sainte Vierge ». « C’est parce que Marie est Mère que sa dévotion nous apprend à être fils : à aimer vraiment, sans mesure ; à être simples, sans ces complications issues de l’égoïsme de ne penser qu’à soi ; à être joyeux, conscients que rien ne saurait démolir notre espérance. Le début du chemin qui conduit à la folie de l’amour de Dieu est un amour confiant envers la Très Sainte Vierge, ai-je écrit il y a déjà très longtemps, dans le prologue à des commentaires sur le saint rosaire et depuis, j’ai très souvent constaté la vérité de ces paroles. Je ne vais pas me livrer ici à développer cette idée : je vous invite plutôt à en faire l’expérience, à le découvrir par vous-mêmes en entourant Marie de votre amour, en lui ouvrant votre cœur, en lui confiant vos joie et vos peines, en lui demandant de vous aider à connaître et à suivre Jésus » (Quand le Christ passe, n. 143).