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HOMÉLIE PAPE JEAN-PAUL II – LE PATRIARCHE ABRAHAM (2000)
9 juillet, 2014HOMÉLIE PAPE JEAN-PAUL II – LE PATRIARCHE ABRAHAM
Mercredi 23 février 2000
1. « Je suis Yahvé qui t’ai fait sortir d’Ur des Chaldéens, pour te donner ce pays en possession [...] Ce jour-là Yahvé conclut une alliance avec Abraham en ces termes: « A ta postérité je donne ce pays, du Fleuve d’Egypte jusqu’au Grand Fleuve, le fleuve d’Euphrate » (Gn 15, 7.18).
Avant que Moïse n’entendit sur le Mont Sinaï les célèbres paroles de Yahvé: « Je suis Yahvé, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude » (Ex 20, 2), le Patriarche Abraham avait déjà entendu d’autres paroles: « Je suis Yahvé, ton Dieu, qui t’ai fait sortir d’Ur des Chaldéens ». Nous devons donc nous tourner par la pensée vers ce lieu important dans l’histoire du Peuple de Dieu, pour y chercher les prémisses de l’alliance de Dieu avec l’homme. Voilà pourquoi, en cette année du grand Jubilé, alors que nous retournons le coeur ouvert aux débuts de l’alliance de Dieu avec l’humanité, notre regard se tourne vers Abraham, vers le lieu où il entendit l’appel de Dieu et où il répondit à celui-ci avec l’obéissance de la foi. En même temps que nous, les juifs et les musulmans se tournent eux aussi vers la figure d’Abraham comme vers un modèle de soumission inconditionnée à la volonté de Dieu. (cf. Nostra aetate, n. 3).
L’auteur de la Lettre aux Hébreux écrit: « Par la foi, Abraham obéit à l’appel de partir vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit ne sachant où il allait » (11, 8). Voilà: Abraham appelé par l’Apôtre Paul « notre Père dans la foi » (cf. Rm 4, 11-16), crut à Dieu, se fia à Lui qui l’appelait. Il crut à la promesse. Dieu dit à Abraham: « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom; sois une bénédiction. [...] Par toi se béniront tous les clans de la terre » (Gn 12, 1-3). Peut-être sommes-nous en train de parler de l’itinéraire d’une des multiples migrations typiques d’une époque où l’élevage des troupeaux était une forme fondamentale de la vie économique? C’est probable. Certainement, mais cependant, il ne s’agit pas seulement de cela. Dans l’histoire d’Abraham, à partir duquel commença l’histoire du salut, nous pouvons déjà percevoir une autre signification de l’appel et de la promesse. La terre, vers laquelle se dirige l’homme guidé par la voix de Dieu, n’appartient pas exclusivement à la géographie de ce monde. Abraham, le croyant qui accueille l’invitation de Dieu, est celui qui se dirige dans la direction d’une terre promise qui ne se trouve pas ici bas.
2. Nous lisons dans la Lettre aux Hébreux: « Par la foi, Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac, et c’est son fils unique qu’il offrait en sacrifice, lui qui était le dépositaire des promesses, lui à qui il avait été dit: C’est par Isaac que tu auras une postérité » (11, 17-18). Voilà l’apogée de la foi d’Abraham. Abraham est mis à l’épreuve par ce Dieu en qui il avait placé sa confiance, par ce Dieu duquel il avait reçu la promesse concernant un avenir lointain: « C’est par Isaac que tu auras une postérité » (He 11, 18). Il est cependant appelé à offrir précisément Isaac en sacrifice à Dieu, son fils unique, à qui étaient liées toutes ses espérances, du reste conformes à la promesse divine. Comment pourra s’accomplir la promesse que Dieu lui a faite d’une nombreuse descendance, si Isaac, l’unique fils, devra être offert en sacrifice?
Grâce à la foi, Abraham sort victorieux de cette épreuve, une épreuve dramatique qui mettait directement en question sa foi. « Dieu, pensait-il, – écrit l’auteur de la Lettre aux Hébreux – est capable même de ressusciter les morts » (11, 19). En cet instant humainement tragique, où il était désormais prêt à infliger le coup mortel à son fils, Abraham ne cessa pas de croire. Au contraire, sa foi dans la promesse de Dieu atteint son sommet. Il pensait: « Dieu est capable même de ressusciter les morts » (He 11, 19). Ainsi pensait ce père éprouvé, humainement parlant, au-delà de toute mesure. Et sa foi, son total abandon en Dieu, ne le déçut pas. Il est écrit: « C’est pour cela qu’il recouvra son fils ». Il recouvra Isaac, car il crut à Dieu jusqu’au bout et de façon inconditionnée.
L’Auteur de la Lettre semble exprimer quelque chose de plus: toute l’expérience d’Abraham lui apparaît une analogie de l’événement salvifique de la mort et de la résurrection du Christ. Cet homme, placé à l’origine de notre foi, fait partie du dessein divin éternel. Selon une tradition, le lieu où Abraham fut sur le point de sacrifier son propre fils, est le même sur lequel un autre père, le Père éternel, devait accepter l’offrande de son Fils unique, Jésus-Christ. Le sacrifice d’Abraham apparaît ainsi comme une annonce prophétique du sacrifice du Christ. « Car Dieu – écrit saint Jean – a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (3, 16). Le Patriarche Abraham, notre père dans la foi, sans le savoir, introduit d’une certaine façon tous les croyants dans le dessein éternel de Dieu, dans lequel se réalise la rédemption du monde.
3. Un jour le Christ affirma: « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham existât, Je Suis » (Jn 8, 58), et ces paroles provoquèrent l’émerveillement des auditeurs qui objectèrent: « Tu n’as pas cinquante ans et tu as vu Abraham? » (Jn 8, 57). Ceux qui réagissaient ainsi, raisonnaient de façon purement humaine, et c’est pourquoi ils n’acceptèrent pas ce que le Christ disait: « Es-tu donc plus grand qu’Abraham, notre Père, qui est mort? Les prophètes aussi sont morts. Qui prétends-tu être? » (Jn 8, 53). Jésus leur répliqua: « Abraham, votre père exulta à la pen-sée qu’il verrait mon Jour. Il l’a vu et fut dans la joie » (Jn 8, 56). La vocation d’Abraham apparaît complètement orientée vers le jour dont parle le Christ. Là, les calculs humains ne sont pas valables; il faut appliquer la mesure de Dieu. Ce n’est qu’alors que nous pouvons comprendre la juste signification de l’obéissance d’Abraham, qui « en espérant contre tout espérance, crut » (Rm 4, 18). Il espéra devenir le père de nombreuses nations, et aujourd’hui il se réjouit certainement avec nous, car la promesse de Dieu s’accomplit au cours des siècles, de génération en génération.
Avoir cru, en espérant contre toute espérance, « lui fut compté comme justice » (Rm 4, 22), non seulement pour lui, mais également pour nous tous, ses descendants dans la foi. Nous « qui croyons en celui qui ressuscita d’entre les morts Jésus notre Seigneur » (Rm 4, 24), mis à mort pour nos péchés et ressuscité pour notre justification (cf. Rm 4, 25). Cela, Abraham ne le savait pas; toutefois grâce à l’obéissance de la foi, Abraham se dirige vers l’accomplissement de toutes les promesses divines, animé par l’espérance qu’elles se seraient réalisées. Et existe-t-il plus grande promesse que celle qui s’est accomplie dans le mystère pascal du Christ? Dans la foi d’Abraham, Dieu tout-puissant a véritablement établi une alliance éternelle avec le genre humain, et l’accomplissement définitif de celle-ci est Jésus-Christ. Le Fils unique du Père, de sa même substance, s’est fait Homme pour nous introduire, à travers l’humiliation de la Croix et la gloire de la résurrection, dans la terre de salut que Dieu, riche de miséricorde, a promis à l’humanité dès le début.
4. Le modèle inimitable du peuple racheté, en marche vers l’accomplissement de cette promesse universelle, est Marie, « celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur » (Lc 1, 45).
Fille d’Abraham selon la foi, outre que selon la chair, Marie en partagea en première personne l’expérience. Elle aussi, comme Abraham, accepta l’immolation du Fils, mais alors que le sacrifice effectif d’Isaac ne fut pas demandé à Abraham, le Christ but le calice de la souffrance jusqu’à la dernière goutte. Et Marie participa personnellement à l’épreuve de son Fils, croyant et espérant, debout à côté de la croix (cf. Jn 19, 25).
C’était l’épilogue d’une longue attente. Formée dans la méditation des pages prophétiques, Marie savait ce qui l’attendait et en exaltant la miséricorde de Dieu, fidèle à son peuple de génération en génération, elle exprimait sa propre adhésion à son dessein de salut; elle exprimait en particulier son « oui » à l’événement central de ce dessein, le sacrifice de cet Enfant qu’elle portait dans son sein. Comme Abraham, elle acceptait le sacrifice de son Fils.
Aujourd’hui, nous unissons notre voix à la sienne, et avec Elle, la Vierge Fille de Sion, nous proclamons que Dieu s’est rappelé de sa miséricorde, « selon qu’il l’avait annoncé à nos pères – en faveur d’Abraham et de sa postérité à jamais » (Lc 1, 55).
LES PATRIARCHES
9 juillet, 2014http://www.regard.eu.org/Livres.2/Le.cri.des.pierres/06.html
LES PATRIARCHES
ABRAHAM
UR EN CHALDÉE
LE CHAPITRE XIV
MELCHISEDEK
JACOB ET ESAU
LES LETTRES DE TEL-EL-AMARNA
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ABRAHAM
L’histoire d’Abraham offre un intérêt de premier ordre pour l’archéologue. Elle nous met en rapport avec trois civilisations distinctes : la civilisation chaldéenne, cananéenne et égyptienne. Elle fait passer devant nos yeux un grand nombre de peuples et de localités et nous fait connaître des événements historiques de réelle importance. Elle comble, sur certains points, les lacunes de l’histoire profane ; d’autre part, l’histoire profane complète le texte sacré, l’explique et le confirme sans la moindre exception.
A cet égard, nous sommes bien plus privilégiés que les hommes d’il y a deux générations et même que ceux d’il y a trente ans à peine; car les découvertes se sont multipliées, surtout en ces dernières années, qui nous permettent de beaucoup mieux connaître qu’autrefois l’époque d’Abraham.
Les théories de la critique ont cherché, soit à nier la réalité historique d’Abraham et des événements qui se rattachent à son nom, soit à présent les hommes de cette époque comme des barbares à peine sortis de l’animalité, des primitifs ignorants, incapables d’écrire, sans vie littéraire, ni sociale. Mais elles sont venues se heurter, les unes après les autres, contre les ruines, contre les inscriptions mises à nu par les fouilles..
UR EN CHALDÉE
L’archéologie a réussi, tout récemment, à nous faire connaître la ville d’Ur, d’où est sortie Abraham, ville dont on a nié longtemps l’existence, ou que l’on ne savait retrouver. On sait maintenant que cette ville, autrefois si considérable, si puissante, constitue, par ses décombres, le monticule appelé Mugheir, sur le bras occidental de l’Euphrate, peu au-dessous de son embouchure. Ur était une capitale presque aussi considérable que le fut plus tard Babylone, et cela longtemps avant Abraham. Elle était célèbre par son temple en l’honneur du dieu Sin (la lune), aussi grandiose que celui d’Erech, autre ville prospère située à peu de distance d’Ur.
Ur était aussi célèbre par sa haute civilisation, ses sculpteurs, ses peintres, ses hommes de lettres. On a découvert en 1926 et l’on continue de découvrir dans ses ruines des poteries, des bijoux de très grande valeur qui indiquent une immense richesse et une haute culture. Ainsi Abraham, qui était certainement d’une condition sociale élevée, un chef de tribu puissant et respecté, a été, comme plus tard Moïse, au bénéfice d’une science et d’un art très avancés. Les archéologues ont retrouvé à Ur un grand nombre de tablettes qui portent les noms des différents rois d’Ur, qui s’intitulaient aussi rois de Babylone, de Sumer et d’Accad, bien avant Abraham. Voici, d’ailleurs, ce que nous lisons dans les journaux de 1927:
« Grâce à la collaboration étroite de deux missions, l’une anglaise, envoyée par le British Museum, l’autre américaine, formée par l’Université de Pennsylvanie, on a pu déblayer tout un quartier de la ville datant de 2.000 ans avant Jésus-Christ, dont les habitations sont fort bien conservées, ayant été pendant des siècles ensevelies dans un terrain sec, à une profondeur de plus de 6 mètres.
« Grâce aux tablettes trouvées dans certaines de ces maisons et déchiffrées sans difficultés par les savants, on a appris qu’elles avaient abrité des contemporains d’Abraham!
« Elles sont cependant très commodément aménagées, et on en rencontre encore, de nos jours, en Syrie, du même type.
« Dans la ville antique, les rues, étroites, menaient toutes vers le centre, vers la ville sacrée, entourée de murs construits par le roi Nabuchodonosor.
« On a retrouvé également à Ur des fragments de verre, ce qui prouve que l’industrie phénicienne du verre n’était pas ignorée des Chaldéens.
« Le mois de décembre a été fructueux dans les fouilles d’Ur, en Chaldée, la ville d’Abraham, détruite il y a si longtemps qu’au moment où Darius traversa la Mésopotamie pour attaquer les Grecs, il passa sur son emplacement sans se douter qu’une ville avait existé là.
« On a retrouvé deux grands bâtiments, datant l’un de 2100 environ avant Jésus-Christ, l’autre de 2300, qui ont permis de compléter utilement la topographie et notamment le dessin des remparts de la ville. On a également trouvé, à un mille environ de distance de l’enceinte sacrée, une grande halle qui peut avoir été une cour de justice royale et qui date des environs de 2000 avant Jésus-Christ. Cette trouvaille prouve l’étendue qu’avait toute la ville, mais elle est surtout importante par le fait que cette chambre avait un plafond arqué et voûté qu’on aurait jugé jusqu’à ces derniers temps tout à fait impossible à une date aussi ancienne. Les découvertes de portes arquées dans des maisons privées de la même période et de tombes voûtées en briques avaient déjà, d’ailleurs, sur ce point, modifié les idées que l’on se faisait de l’histoire de l’architecture dans l’Orient.
« Des inscriptions trouvées dans le temple de la Lune prouvent que celui-ci fut restauré de 1.117 à 1.100 avant Jésus-Christ par un roi de Babylone. Cette découverte a une grande importance historique, car c’est la première fois que l’on trouve les traces d’un intérêt quelconque des rois de Babylone pour les régions situées au sud de leur empire.
« Mais, en ce qui concerne les objets, les découvertes les plus intéressantes ont été celles d’une cassette portant une inscription phénicienne, la première trouvée en Mésopotamie, et surtout un nécessaire de toilette en ivoire : miroir à main, boîte à poudre, pot à lard et surtout un peigne magnifique en ivoire, portant de chaque côté des peintures exquises.
« Un peu plus loin on a trouvé un cimetière qui date des environ de l’an 3000 avant Jésus-Christ et qui contient une foule d’objets de nature à nous informer très exactement des moeurs du peuple de ce temps. On est surpris surtout de l’abondance de métal précieux qui s’y trouve, diadèmes, anneaux, boucles d’oreilles en or et en argent, longues aiguilles d’or ou d’argent à tête de lapis-lazuli, chaînes d’or et lapis-lazuli entremêlés, fleurs de lotus en argent, avec des pétales garnis de lapis-lazuli et d’or, qui doivent avoir servi d’ornements pour les cheveux, etc., etc. On a trouvé 180 tombes et l’on suppose qu’il y en a encore, dans le même cimetière, plus du double. »
D’Ur, Abraham alla à Charan ou Haran (Genèse, XI, 3), où Thérach, son père, mourut. On a pu retrouver les ruines de Haran. C’était une ville assez importante de la Mésopotamie septentrionale, à une forte journée au sud-est d’Edesse. Cette ville était très ancienne ; elle avait des rapports fréquents avec Ur et surtout avec Babylone et avait aussi un temple dédié à la lune. Abraham ne se sentait pas étranger dans cette localité, où il avait sans doute des amis et où l’on retrouvait un peu de la civilisation chaldéenne. Aussi semble-t-il avoir eu l’intention de s’y établir à demeure. Quoi qu’il en soit, Haran était l’itinéraire tout indiqué pour aller d’Ur en Palestine en évitant le désert. C’était le chemin qui unissait Babylone à l’ouest. D’ailleurs Haran signifie proprement « le chemin ».
Le nom d’Abram se retrouve dans les anciennes inscriptions babyloniennes sous la forme « Abreramu » et signifie « le père exalté, glorifié ». Quant au nom de Saraï, il est la forme syrienne du nom chaldéen Sara, qui signifie « princesse ».
Nous trouvons au chapitre XIII une indication précieuse relative aux habitants de la Palestine à l’époque d’Abraham. Le texte sacré dit que « les Cananéens et les Phéréziens étaient alors dans le pays » (XIII, V, 7). Il est encore mention des Phéréziens au chapitre XVII de Josué, V, 15. Ils constituaient une partie de la population primitive du pays, sans doute avant l’établissement de la puissance Amorrite.
A la fin du chapitre XIII (v, 18), nous trouvons la mention d’Hébron, ville qui apparaît plusieurs fois dans l’Ancien Testament et que l’on a pu identifier avec El-Chabil, qui signifie l’ami, à cause du souvenir d’Abraham. – Cette ville s’appelait primitivement Kirjath-Arba (Genèse XXIII, 2 ; XXXV, 27 ; Josué XIV, 15). A partir du livre des Juges, le nom de Kirjath-Arba disparaît complètement. Là, pendant une assez longue période, on pouvait voir des Amorrites et des Hittites mêlés les uns aux autres, comme aussi à Jérusalem même, avant l’occupation israélite. Le nom d’Hébron signifie « confédération » ; il indique que cette localité était le lieu de rendez-vous des diverses tribus. Dans les lettres de Tel-el-Amarria, nous voyons le roi de Jérusalem, Ebed-Tob, se plaindre sans cesse des habitants d’Hébron qu’il appelle, en égyptien, les « Khabiri », c’est-à-dire les confédérés. – C’était sans doute une confédération d’Amorrites et d’Hittites, tandis que, plus tard, ce lut la confédération des enfants d’Israël. Le nom d’Hébron serait donc expliqué par des circonstances politiques, provoquées, d’ailleurs, par l’excellence de la situation géographique de la localité, très propice à des rassemblements de peuples.
Hébron existait bien avant Abraham sous son ancien nom. Cette ville fut détruite et rebâtie plus tard, ainsi que le dit le livre des Nombres (XIII, 22) . « Hébron avait été bâti sept ans avant Tsoan en Egypte. » Il se produisit pour Hébron ce qui s’était produit pour Tsoan (Tanis), en Egypte. Tanis avait existé longtemps avant l’époque de Moïse, puisque c’était la capitale des Hyksos ; mais elle avait été assez longtemps délaissée après la disparition de la dynastie des rois Bergers. Ce n’est guère qu’avec Séti 1er et surtout Ramsès II qu’elle est ramenée à sa prospérité d’autrefois ; elle est alors bâtie à nouveau. Ces deux reconstructions, celle de Tanis et celle d’Hébron, furent à peu près simultanées et se produisirent peu avant l’Exode. Il n’y a donc aucune contradiction entre l’affirmation que ces deux villes étaient très anciennes, et que, d’autre part, elles avaient été récemment rebâties après une période plus ou moins longue de décadence.
C’est à Hébron que furent ensevelis les patriarches c’est à Hébron que David vengea le meurtre d’Ishbosheth (II, Sam., IV, 12). Hébron a longtemps été en possession des Croisés et c’est là que se trouve l’un des sanctuaires les plus vénérés des Musulmans.
La mosquée se trouve exactement sur l’ancienne caverne de Macpéla (XXIII, 17) dont l’entrée est jalousement gardée, mais dont l’exploration minutieuse pourrait bien, un jour, réserver des surprises.
LE CHAPITRE XIV
Le chapitre XIV est l’un des plus remarquables au point de vue des confirmations archéologiques ; l’un de ceux qui avaient été le plus attaqués, le moins compris, mais que les découvertes du XXe siècle sont venues légitimer de toutes manières.
Les tablettes de Tel-El-Amarna nous apprennent que, longtemps avant l’Exode, la Syrie et la Palestine étaient en contact étroit avec la Babylonie. Les armées babyloniennes avaient envahi la Palestine, du moins en partie. Les rois hyksos avaient fortifié Jérusalem contre les attaques des Babyloniens qui étaient maîtres, à ce moment, de toute une partie de la côte méditerranéenne. Les inscriptions font mention d’une expédition d’un roi Sargon, d’Accad, le long de la Méditerranée. Il envahit quatre fois ce qu’il appelle « le pays des Amorrites ». Son fils et successeur Naram-Sin envahit le pays de Madian et la péninsule du Sinaï. Il suivit à peu près le même chemin que, plus tard, Kedorlaomer, dans sa campagne contre les rois de Sodome et de Gomorrhe. Mr. Pinches a trouvé une tablette d’un roi de Babylone, Ammi-Satana (2241-2216), qui s’appelle « Roi du pays des Amorrites » et qui prétend vouloir dominer sur toute la Syrie (1).
La découverte la plus importante en ce qui concerne les premiers versets de notre chapitre, c’est celle qui nous a fait connaître l’existence d’un vaste empire élamite antérieur à l’empire babylonien et au grand roi Hammurabi. On a longtemps ignoré cet empire élamite et plusieurs criaient à l’invraisemblance en face de l’épisode de Kedorlaomer et de ses confédérés. Mais tout s’explique depuis qu’on possède, entre autres preuves péremptoires, une inscription du roi assyrien Assurbanipal qui raconte comment il a trouvé à Suse, ancienne capitale de l’empire élamite, l’idole de la déesse Nana qu’un roi d’Elam, Koudour-Nakhountéa, avait dérobée, comme il avait pillé les autres temples d’Accad. Il ressort de tout ce que nous savons que la puissance élamite fut très étendue, mais de courte durée, et fut surtout soutenue par trois rois : Koudour-Nachoundi ou Koudour-Nakhountéa qui s’empara de la Babylonie; Koudour-Maboug, qui prit le pays de Canaan et, enfin, Koudour-Lagamar, le Kédorlaomer de la Genèse, qui vint réprimer une révolte, au sud de son immense royaume.
Avec Kédorlaomer, nous voyons d’autres rois qui ont été identifiés: Arjoc, roi d’Ellasar, que l’on croit être Rim-Sin, roi de Larsa. Larsa (Ellasar, aujourd’hui Sinkéreh) était une capitale importante de la Basse-Chaldée, sur l’un des bras de l’Euphrate, au nord d’Ur.
Amraphel, roi de Sinéar ou de Sennaar, a été identifié avec Hammurabi ou Hammurapi, roi de Babylone, qui régna quarante-trois ans et dont le nom nous est surtout connu par le fameux code que l’on peut voir au Musée du Louvre. Nous savons combien ce roi avait d’autorité, non seulement par son pouvoir politique, mais aussi par ses remarquables capacités de législateur. Ce code si curieux, si suggestif, que nous comparerons plus tard au code mosaïque, est donc contemporain d’Abraham et montre combien la société d’où il était sorti était organisée savamment et combien la vie économique, sociale, intellectuelle était alors développée dans toute la Chaldée.
Thidéal, roi de Goïm. L’archéologue Pinches a découvert et déchiffré une tablette qui donne sans doute l’explication du mot « goïm ». Cette tablette nous informe que Kédorlaomer rassembla les « Umman-Manda » (hordes nomades de l’est) quand il fit la guerre au peuple et au pays de Bel. M. Pinches écrit à ce sujet : « Les « goïm » de la Bible ou « nations » seraient l’équivalent hébreu du mot Umman-Manda; et dans Thidéal, par conséquent, je vois un roi de hordes nomades qui avoisinaient Elam, au nord. Ceci éclaire un passage d’un grand ouvrage babylonien sur l’astronomie. Voici ce passage: « Les Umman-Manda viennent et dominent le pays ; les sanctuaires des grands dieux sont dévastés; Bel va en Elam. » Comme Kédorlaomer était roi d’Elam, nous pouvons comprendre pourquoi la conséquence de l’incursion des Umman-Manda fut que les dieux de Babylone allèrent en Elam.
Shinéab, roi d’Admah. Ce roi a été identifié par Sayce avec Sambu, roi de Ammon, dont il est question sur une inscription de Tiglath-Piléser III.
L’énumération des peuples vaincus par Kédorlaomer et ses alliés est aussi remarquable par sa précision et nous donne une indication précieuse sur les populations de cette région au temps d’Abraham: Les Réphaïm, dont il est aussi question au chapitre XV de la Genèse, appartenaient à la population primitive de Canaan ; il est fait mention d’eux sous la forme Anau-repsâ sur une inscription donnant la liste des villes conquises par Thotmès III. Les Horiens qui habitaient « la montagne de Séir » et possédaient El-Paran que l’on a identifié avec Elath, port qui a donné son nom au golfe élanitique. Les Amorrites dont l’empire a été un moment si puissant. Ils possédaient, dans cette région, « Hatsatson-Thamar » (XIV, 7). D’après II Chroniques (XX, 2), cette localité serait’ Enguédi, sur la côte occidentale de la mer Morte, dans une contrée autrefois très riche en palmiers, selon Pline. « Hatsatson-Thamar » signifie : « Rangée de palmiers ».
MELCHISEDEK
Le chapitre XIV se termine par un récit extrêmement intéressant, qui a inspiré à l’auteur de l’épître aux Hébreux un magnifique exposé de l’oeuvre rédemptrice de Jésus-Christ, le souverain sacrificateur, et le roi souverain, sans généalogie, sans commencement ni fin, éternel, « selon l’ordre de Melchisédek ». Ici encore, la critique a fait appel au mythe et a voulu enlever toute valeur historique à ce récit, pourtant si précis et si simple.
Or, on a trouvé dans les tablettes de Tel-El-Amarna plusieurs lettres d’un roi de Jérusalem, tributaire du Pharaon d’Egypte, qui correspond assez souvent avec son suzerain. s’appelle Ebed-Tob. Ces lettres nous montrent que Jérusalem était, au temps du roi Akhounaton, et sans doute longtemps avant, une cité assez importante pour avoir un roi. Les archéologues sont presque unanimes à identifier la Salem de Melchisédek avec la Jérusalem d’Ebed-Tob. Rien ne nous empêche de croire, qu’au temps d’Abraham, il y avait aussi un roi à Jérusalem.
Mais le principal intérêt de l’histoire d’Ebed-Tob et de ses lettres est, sans contredit, dans le langage qu’il tient et qui jette une vive lumière sur le récit sacré, comme aussi sur le commentaire de l’épître aux Hébreux. Ebed-Tob se vante, en effet, d’occuper une place unique, d’avoir une gloire unique parmi les gouverneurs d’Egypte en Palestine. Il proclame qu’il a été mis à son poste non par Pharaon, « ni par le moyen de son père et de sa mère », mais uniquement par la décision et la puissance du « Grand Roi », du Dieu dont il dépend. Il proclame aussi qu’il est le roi de Jérusalem parce qu’il est le prêtre du Dieu de la cité.
Ainsi s’explique cette expression mystérieuse à propos de Melchisédek: « Il est sans père, sans mère, sans généalogie ; il n’a ni commencement ni fin. » (Hébreux, VII, 3).
Ainsi s’explique aussi le fait, mis en lumière par l’épître, que Melchisédek est à la fois prêtre et roi. Comme roi de Jérusalem, ville sainte dès les temps les plus reculés, Melchisédek a droit à la prêtrise, d’autant plus que, selon la Genèse, il est vraiment prêtre de Dieu Lui-même, du « Dieu Très-Haut, du Dieu qui a fondé les cieux et la terre » (XIV, 19).
Ce double titre de prêtre et de roi, Melchisédek, comme plus tard Ebed-Tob, ne le tient d’aucune autorité humaine, ni de ses ancêtres, mais de Dieu directement. Voilà ce qui le met à part des autres rois, qui sont toujours préoccupés d’appuyer leur puissance sur leur généalogie ou sur les faveurs de leur supérieur. Melchisédek n’a personne au-dessus de lui que le Très-Haut ; il ne dépend que du Très-Haut. Abraham le sait et il s’empresse, lui qui croit aussi au Dieu Très-Haut, d’aller lui rendre hommage en lui offrant la dîme.
Au reste, voici des extraits de cette lettre du roi Ebed-Tob qui est sûrement un descendant, par la fonction, de Melchisédek lui-même… « Ni mon père, ni ma mère ne m’ont élevé à cet honneur ; c’est le bras du Roi puissant qui m’a permis d’entrer dans la maison de mon père… Ni mon père, ni ma mère, mais l’oracle du Grand Roi m’a établi dans la maison de mon père. »
Sans doute, le cas de Ebed-Tob n’est pas absolument identique à celui de Melchisédek; mais il apporte une lumière précieuse sur certaines expressions qui paraissaient étranges ; et surtout il montre le rôle mystérieux, providentiel, qu’a joué, à travers les âges, cette ville de Jérusalem, cette ville de la paix (Salem), dont le chef a toujours été, semble-t-il, roi et prêtre, symbolisant ainsi à l’avance Celui qui est le Roi Souverain, le Prêtre Souverain et le Prince de la Paix. Le Seigneur Lui-même faisait allusion à ce rôle prophétique de la ville sainte qui, tout au moins avec Melchisédek, a servi le vrai Dieu, le Dieu Très-Haut, le véritable Grand Roi, et qui L’a servi ensuite avec David, en attendant de Le recevoir Lui-même dans son Temple, lorsqu’Il s’écriait, Parlant au peuple sur la montagne: « Mais moi, je vous dis de ne point jurer du tout : ni par le ciel, ni par la terre, ni par Jérusalem, car c’est la ville du Grand Roi » (Matthieu, v, 35).
L’énumération donnée, à la fin du chapitre XV, des peuples habitant le pays promis à Abraham, « depuis le fleuve d’Egypte jusqu’au grand fleuve, au fleuve d’Euphrate », est très précieuse pour l’archéologie. Plusieurs de ces peuples nous sont encore inconnus: les Kéniziens, les Kéniens, les Kadmoniens. D’autres ont été récemment identifiés: les Amorrites et les Hittites, dont nous avons eu déjà l’occasion de parler. Cette liste, qui paraissait, il y a quelques années, ne reposer sur aucun fondement solide, est à l’heure actuelle confirmée d’une manière éclatante.
La catastrophe qui entraîna la disparition des villes de la Plaine, en particulier de Sodome et de Gomorrhe, est confirmée par l’histoire profane. « Strabon raconte, dans sa description de la mer Morte, que, d’après le témoignage des habitants du pays, il y avait eu là autrefois treize villes, dont Sodome était la capitale. Ces villes auraient été détruites par un tremblement de terre accompagné de jets de flammes et d’asphalte liquide; les rochers eux-mêmes se seraient embrasés et les villes auraient été les unes exploitées, les autres abandonnées par leurs habitants. Tacite aussi parle d’éclairs et de flammes qui auraient réduit en désert cette contrée précédemment fertile et couverte de grandes villes. »
Il est probable que ce cataclysme a provoqué une extension considérable de la mer Morte et que les villes sont enfouies sous l’eau, au nord de la mer. Des explorateurs modernes prétendent avoir découvert de ce côté des vestiges de constructions qui proviendraient sans doute de l’une ou l’autre de ces villes condamnées (Genèse, XIX).
Nous arrivons au v, 1 du chapitre XX: « Abraham partit de là pour la contrée du Midi, et s’établit entre Kadès (ou Kadesh) et Sur (ou Shur), et il séjourna à Guérar. » – « Sur » était le nom donné par les tribus sémites à la ligne de forts qui allait du nord au sud, le long de la frontière du canal actuel de Suez, et qui protégeait l’Egypte de l’invasion des Bédouins d’Asie. – Kadès où Kadesh est la même localité que Kadesh-Barnea ; son site a été découvert, en 1844, par John Rowlands. C’est un fertile oasis, connu pour sa source d’eau pure ; c’est de là que Moïse envoya des espions en Canaan. Les Amorrites en étaient alors les maîtres. Elle était, pour les rois d’Orient, un centre important, la clef de la route d’Orient en Egypte. – Guérar, où Abraham séjourna ensuite, se trouvait au sud de Gaza, dans le pays des Philistins (Genèse, XXVI). Elle s’appelle aujourd’hui Khirbet-el-Djérâr. Elle était, aux premiers siècles de notre ère, le siège d’un évêché chrétien.
« Abraham planta un tamaris à Beer-Shéba » (XXI, 33). C’était une coutume très répandue dans l’antiquité, que de planter, près d’un puits ou près d’une source, un arbre qui était considéré comme sacré et qui devenait une occasion de pèlerinage. Abraham n’est pas un adorateur de l’Arbre, comme le sont encore les Bédouins de ces régions où Abraham séjournait ; mais il était tout naturel pour lui de marquer, par la plantation d’un arbre, sa reconnaissance envers le Seigneur. Aussi le texte sacré ajoute-t-il : « Et il invoqua le nom de l’Eternel, Dieu d’éternité. »
L’épisode si pittoresque du voyage d’Eliézer à Haran, en Mésopotamie, la ville de Nachor, et le récit du mariage de Rébecca avec Isaac, nous met en présence d’un fait que les découvertes récentes ont pleinement confirmé, à savoir les relations des patriarches avec les populations Araméennes du Nord. Ces populations avaient, elles aussi, une civilisation assez avancée et une langue qui offre de nombreux traits de ressemblance avec la langue hébraïque. Cette ville de Haran fit partie, à un certain moment, d’un royaume araméen indépendant. Il y eut toujours, depuis le temps d’Abraham et d’Isaac, des relations fréquentes et amicales entre les Israélites et les Araméens du Nord de la Syrie ; ce qui explique que les Israélites aient si longtemps (jusqu’au temps du Seigneur tout au moins) parlé et écrit en Araméen.
Nous apprenons, au chapitre XXV, quelle fut la postérité d’Ismaël, fils d’Abraham et d’Hagar. Ces descendants d’Abraham habitèrent surtout l’Arabie du Nord. Plusieurs de ces tribus ont été identifiées, entre autres les descendants de Nebajoth ou Nabatéens; les descendants de Kédar (en Assyrien Kidrou) ; les descendants de Abdéel (en Assyrien Idibilé) ; les descendants de Massa: les Masanoi dont parle Ptolémée ou les Masaï des inscriptions assyriennes ; les descendants de Jétur, dont parle Strabon comme d’une tribu de brigands montagnards, probablement les ancêtres des Druses ; les descendants de Naphis, dont il est question au 1er livre des Chroniques (v, 19).
En somme, on peut dire que les Ismaélites ont occupé l’Arabie septentrionale et le désert syrien. C’est ce que dit Josèphe : c Les Ismaélites s’étendaient de l’Euphrate à la mer Rouge. »
JACOB ET ESAU
L’histoire de Jacob et d’Esaü nous apporte aussi des données intéressantes au point de vue historique. Jacob retrouve la ville de Haran où Abraham avait séjourné, où Eliézer avait rencontré Rébecca.> Les liens entre les enfants d’Abraham et les Araméens se resserraient ainsi de plus en plus par les mariages successifs d’Isaac avec Rébecca, de Jacob avec Léa et Rachel, filles de l’Araméen Laban.
Nous rencontrons, dans le récit, des détails frappants sur les moeurs et la religion de ces tribus araméennes. C’est ainsi que l’auteur sacré nous parle des « théraphim » : « Rachel déroba les théraphim de son père. » (XXXI, 19).
Les théraphim étaient des divinités domestiques de forme humaine (1, Samuel, XIX, 13) et de diverses grandeurs. Ils servaient à consulter l’avenir et étaient considérés comme les protecteurs attitrés de la famille. Aussi voyons-nous Rachel emporter ceux de son père, comme Enée emporte ses dieux pénates. L’habitude de posséder des dieux domestiques et de les porter avec soi quand on voyageait s’est longtemps conservée parmi les populations syriennes.
Le chapitre XXXVI est digne de remarque à cause de la généalogie des enfants d’Esaü, c’est-à-dire des Edomites. A l’encontre de son frère Jacob qui lui avait pris des femmes araméennes, de même race que lui, Esaü prit des femmes cananéennes, des femmes originaires du pays de Canaan, mais de diverses tribus. Nous apprenons que les Edomites eurent des rois « avant qu’un roi régnât sur les enfants d’Israël » ; chaque tribu eut son chef. Toutes ces tribus ont vécu dans le voisinage de la « montagne de Séir ». Elles formèrent assez vite un vaste peuple, puissant et organisé qui fut, malheureusement, un danger constant pour Israël.
La liste des rois d’Edom est remarquable par sa précision ; elle ne peut avoir été inventée, et d’ailleurs pourquoi aurait-elle été inventée ? A quoi ou à qui aurait-elle servi ? Elle a sans doute été fournie à Moïse par les documents édomites eux-mêmes. Un peuple organisé, discipliné comme le peuple édomite avait certainement une littérature, des archives tout au moins. Plusieurs archéologues pensent que nous avons, dans les proverbes de Lemuel, roi de Massa (Proverbes: XXXI, 1) (Massa de Genèse, XXV, 14, localité de la région de Séir, connue aussi par les inscriptions assyriennes), un échantillon de la littérature édomite.