Archive pour le 4 juillet, 2014

Coronation of the Virgin, altar of the Charterhouse of Villeneuve-lès-Avignon.

4 juillet, 2014

Coronation of the Virgin, altar of the Charterhouse of Villeneuve-lès-Avignon.  dans images sacrée 711px-Enguerrand_Quarton%2C_Le_Couronnement_de_la_Vierge_%281454%29
http://www.freerepublic.com/focus/religion/3054871/posts

DEUXIEME LECTURE – ROMAINS 8, 9. 11-13

4 juillet, 2014

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

DEUXIEME LECTURE – ROMAINS 8, 9. 11-13

Frères, 9    vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous l’emprise de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas. 11    Mais si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. 12    Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais ce n’est pas envers la chair ; nous n’avons pas à vivre sous l’emprise de la chair. 13    Car si vous vivez sous l’emprise de la chair, vous devez mourir ; mais si, par l’Esprit, vous tuez les désordres de l’homme pécheur, vous vivrez.

La grosse difficulté de ce texte est dans le mot « chair » : chez Saint Paul, il n’a pas le même sens que dans notre français courant du vingt-et-unième siècle. Nous, nous sommes tentés d’opposer deux composantes de l’être humain que nous appelons le corps et l’âme et nous risquons donc de faire un épouvantable contresens : quand Paul parle de chair et d’esprit, ce n’est pas du tout cela qu’il a en vue. Ce que Saint Paul appelle « chair », ce n’est pas ce que nous appelons le corps ; ce que Paul appelle l’Esprit, ce n’est pas ce que nous appelons l’âme. D’ailleurs Paul précise plusieurs fois qu’il s’agit de l’Esprit de Dieu, ou encore il dit « l’Esprit du Christ ». Et encore, si on y regarde de plus près, il n’oppose pas deux mots « chair » et « Esprit », mais deux expressions « vivre selon la chair » et « vivre selon l’Esprit ». Pour lui, il faut choisir entre deux modes de vie ; ou pour le dire autrement, il faut choisir nos maîtres, ou notre ligne de conduite, si vous préférez. Vivre « selon la chair », pour Saint Paul, c’est vivre sans Dieu, vivre de nos seules forces, enfermé dans les limites de l’intelligence et des forces humaines ; évidemment, cela ne va pas loin ! Ou plutôt si, cela peut aller très loin, mais dans le mauvais sens. (Nous retrouvons, comme toujours chez Paul, le thème des deux voies). Car vivre sans Dieu finit toujours par vouloir dire vivre loin de Dieu, et d’un éloignement qui ne peut que s’aggraver. C’est ce que Paul a décrit dans les premiers chapitres de cette lettre aux Romains. Pour reprendre les images de la Genèse, vivre selon la chair, c’est vivre comme Adam : il veut devenir comme Dieu, mais sans l’aide de Dieu : il se trompe. Nous aussi, à nos heures, qui cherchons notre bonheur tout seuls, sans lui, ou même contre lui, sans nous apercevoir que c’est le meilleur moyen de faire notre malheur. Au contraire, vivre « selon l’Esprit », c’est nous laisser guider par lui, et donc vivre de la force de Dieu : cela change tout ! Or la grande nouvelle de ce texte, c’est « L’Esprit de Dieu habite en vous » donc « vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous l’emprise de l’Esprit ». Le mot « habiter » revient trois fois dans le texte d’aujourd’hui, c’est dire l’importance que Paul y attache : or, celui qui habite la maison, c’est le maître, c’est lui qui dirige. Nous sommes donc devenus littéralement des maisons de l’Esprit : c’est lui qui commande désormais. Encore faut-il savoir quelle place nous lui laissons dans notre maison ; car nous sommes libres d’ouvrir plus ou moins la porte. Dans de nombreux textes, Paul insiste sur notre liberté : « vous n’êtes plus sous l’emprise de la chair » signifie que nous ne sommes plus esclaves des forces du mal, que nous avons désormais la force de faire triompher les vraies valeurs : l’amour, la paix, la vérité, la justice. Nous en avons la force, mais nous n’y sommes pas obligés non plus : à chaque instant, le choix est à refaire. Plus nous laisserons de place à l’Esprit Saint dans notre maison (c’est-à-dire plus nous ferons ce qu’il nous souffle de faire dans la voie de l’amour, de la bienveillance, du pardon), plus nous serons des vivants. Avant sa conversion, Paul appliquait des quantités de règles morales et religieuses avec beaucoup de fidélité mais l’Esprit du Christ n’habitait pas en lui ; il vivait encore « sous l’emprise de la chair ». Et cela pouvait l’amener à la violence et au meurtre, avec la meilleure foi du monde. Désormais, sa vie tout entière est inspirée par l’Esprit du Christ, jusqu’à pouvoir dire : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Nous aussi, depuis notre Baptême, nous pouvons laisser l’Esprit prendre possession de notre maison. Paul en déduit deux conséquences : premièrement, nous ressusciterons avec le Christ ; c’est une promesse pour le futur : l’Esprit exercera en nous sa puissance et réalisera en nous ce qu’il a réalisé en Jésus-Christ : « Si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. » Deuxièmement, dès maintenant, notre vie est transformée, comme l’a été celle de Paul, car, désormais, nous sommes « sous l’emprise de l’Esprit ». « Je mettrai mon esprit en vous et vous vivrez » annonçait le prophète Ezéchiel ; Paul parle souvent de cette nouvelle vie spirituelle qui est la nôtre depuis notre Baptême : tout en demeurant encore dans notre corps mortel, nous pouvons déjà vivre de l’Esprit du Christ. C’est ce que Saint Jean appelle la « vie éternelle ». Concrètement, on voit bien ce que cela veut dire, il suffit de remplacer le mot « Esprit » par le mot « amour » : « vivre selon l’Esprit » c’est se laisser souffler par lui des paroles et des gestes d’amour. Quelques chapitres plus haut, Paul écrivait aux Romains : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Rm 5, 5). Et dans la lettre aux Galates, il explique ce que sont les fruits de l’Esprit : « joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi », (Ga 5, 22) en un mot l’amour décliné selon toutes les circonstances concrètes de nos vies. Paul, en cela, est bien l’héritier de toute la tradition des prophètes : tous affirment que notre relation à Dieu se vérifie dans la qualité de notre relation aux autres ; et dans les chants du Serviteur, en particulier, Isaïe affirme que vivre selon l’Esprit de Dieu, c’est aimer et servir nos frères. Comme dit Saint Jean (1 Jn 3, 14) : « Qui n’aime pas demeure dans la mort… Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie (la vraie vie s’entend) parce que nous aimons nos frères ».

 

PREMIERE LECTURE -ZACHARIE 9, 9 – 10

4 juillet, 2014

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

PREMIERE LECTURE -ZACHARIE 9, 9 – 10

9 Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient vers toi ; il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, un âne tout jeune. 10    Ce roi fera disparaître d’Ephraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l’arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations. Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre, et de l’Euphrate à l’autre bout du pays.

Première remarque : l’expression « fille de Sion » ou « fille de Jérusalem » ne désigne pas une personne précise, une certaine jeune fille ou jeune femme qui serait originaire de Jérusalem (Sion ou Jérusalem, c’est la même chose). Cette expression désigne la ville elle-même ; c’est exactement comme si le prophète disait : « Jérusalem, réjouis-toi ». Et pourquoi Jérusalem doit-elle se réjouir ? Cela m’amène à ma deuxième remarque : car, justement, l’heure n’est pas à la joie ! Deuxième remarque : le ton général de ces versets est triomphant ; mais nous savons bien que c’est toujours signe de période difficile : cette prédication de Zacharie a certainement été prononcée en temps de guerre : c’est ce qu’on appelle un oracle de consolation. Cela explique des phrases telles que « Ce roi fera disparaître d’Ephraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l’arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations. » On situe généralement ce texte au début de la domination grecque (donc vers 330) après les conquêtes éclair d’Alexandre ; c’est un moment où, plus que jamais, il faut se raccrocher à l’espérance d’une intervention de Dieu. Je reprends cette annonce de Zacharie : les termes qu’il emploie sont ceux qui désignaient habituellement le Messie. On attendait un roi qui apporterait la justice et la paix pour tous. C’est exactement ce que promet Zacharie : « Voici ton roi qui vient vers toi ; il est juste et victorieux… Ce roi fera disparaître d’Ephraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l’arc de guerre… Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre, et de l’Euphrate à l’autre bout du pays. » Jusqu’ici, il n’y a rien de particulièrement neuf dans les paroles de Zacharie ; d’autres paroles prophétiques ou des psaumes disaient déjà à peu près la même chose ; par exemple je vous rappelle quelques versets du psaume 71/72 : « Dieu confie au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice. Qu’il gouverne ton peuple avec justice… Qu’il domine d’une mer à l’autre, et du Fleuve jusqu’au bout de la terre. » Ce qui est audacieux dans les paroles de Zacharie, c’est de proclamer ce message d’espérance à un moment précisément où on aurait de bonnes raisons de penser que tout espoir est perdu. Mais j’ai laissé de côté jusqu’ici trois affirmations de Zacharie ; la première n’est pas exactement une nouveauté mais elle mérite d’être notée : « Il proclamera la paix aux nations ». C’est seulement depuis l’Exil à Babylone que le peuple juif a pris conscience que le projet de Dieu englobait l’humanité tout entière. Voici la deuxième : « Ce roi fera disparaître d’Ephraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat… ». Discrètement, au passage, le texte annonce la restauration et la réunification de l’antique royaume de David ; pour l’instant, quand ce texte est écrit, il n’en reste plus grand chose : le Nord (Ephraïm) comme le Sud (Jérusalem) qui avaient perdu depuis bien longtemps leur unité, ont perdu également toute souveraineté.

Enfin, la troisième affirmation de Zacharie est véritablement une nouveauté : « (Voici ton roi qui vient vers toi) humble et monté sur un âne, un âne tout jeune. » Or l’âne était considéré comme une monture modeste : les conquérants d’Alexandre étaient autrement mieux montés. Et à Jérusalem même, le roi Salomon avait introduit le cheval comme monture de guerre et aussi de parade ; on lui a assez reproché ses goûts de grandeur. On n’avait pas l’habitude de voir un roi sur un âne 1. Isaïe, il est vrai, avait déjà entrevu un Messie humble : il annonçait un Serviteur de Dieu, humble et fidèle, qui accomplira l’oeuvre de Dieu et n’hésitera pas à affronter la persécution ; il la subira, mais c’est dans sa souffrance même que son peuple trouvera le chemin de la paix et de la réconciliation avec Dieu. (C’était dans les chants du Serviteur : Is 50, 6 ; 53,7) ; Il faut noter que le Serviteur d’Isaïe ne porte absolument pas le titre de roi, mais il est néanmoins présenté comme un Messie, en ce sens, d’une part, qu’il accomplit bien l’oeuvre du Messie attendu et, d’autre part, qu’il est rempli de l’Esprit de Dieu comme doit l’être le Messie. Au contraire, le Messie de Zacharie est d’emblée présenté comme un Roi : il représente donc l’attente traditionnelle du Messie-Roi ; mais la nouveauté du texte de Zacharie, c’est qu’il combine cette attente traditionnelle du Messie-Roi avec celle de l’humilité du Serviteur décrit par Isaïe : puisque son roi est humble : finis les rêves de grandeur, de guerre, de puissance ; une seule chose compte à ses yeux : instaurer la paix pour son peuple. Les quatre récits de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem ressemblent très fort à la venue de ce roi monté sur un âne. Matthieu (Mt 21, 5) et Jean (Jn 12, 15) citent même expressément ce passage. Peut-être Jésus lui-même a-t-il cité ce texte aux disciples d’Emmaüs ? Puisque Luc nous dit qu’il a relu avec eux dans les Ecritures tout ce qui le concernait (Lc 24, 27). Or, de toute évidence, ce texte concerne bien le Messie, mais d’une manière nouvelle pour son époque. Pourquoi les évangiles s’intéressent-ils tant à ce texte de Zacharie ? Parce que, dans un premier temps après la mort et la Résurrection de Jésus, les apôtres ont été confrontés à un mystère inexplicable : pour eux, qui étaient témoins de la Résurrection de Jésus, il ne faisait pas de doute que celui-ci était le Messie ; mais il était doux, humble et pacifique, c’est-à-dire bien différent du roi triomphant qu’ils imaginaient spontanément. C’est alors que ce texte de Zacharie (tout comme les chants du Serviteur d’Isaïe) leur est apparu comme un chemin pour entrer dans « l’intelligence des Ecritures ».

————————————————————————————————————————————-

Note 1 – Lors de son sacre, Salomon était monté sur la mule de son père, David (1 R 1, 32), mais, plus tard, il ne s’en contentait plus.

HOMÉLIE – 14E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

4 juillet, 2014

http://www.homelies.fr/homelie,,3885.html

14E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

FAMILLE DE SAINT JOSEPH JUILLET

HOMÉLIE – MESSE

« Dieu qui as relevé le monde par les abaissements de ton Fils, donne à tes fidèles une joie sainte : tu les as tirés de l’esclavage du péché ; fais-leur connaître le bonheur impérissable, par Jésus- Christ, Notre-Seigneur. » L’oraison d’ouverture nous invite à oser demander à Dieu « le bonheur impérissable », c’est-à-dire la participation à sa propre béatitude. Pourtant, l’affirmation de Jésus est très claire : « Personne ne connaît le Père, sinon le Fils ». Il est inutile de nous hisser sur la pointe des pieds : nous n’atteindrons jamais le ciel par nos propres forces. Car Dieu est l’infiniment autre, d’une nature incommensurable à la nôtre ; nous ne pouvons le connaître que dans la mesure où il se révèle à nous, et que nous nous mettons dans les dispositions d’accueillir cette révélation en son Fils unique. C’est précisément cette attitude de réceptivité à l’égard de l’initiative du Père, que Notre-Seigneur décrit par le terme de « tout-petits ». Seuls ceux qui, reconnaissant leur ignorance, renoncent à leur propre sagesse et acceptent de s’ouvrir à Dieu, peuvent découvrir son visage de Père. Car le Très-Haut se révèle en se donnant, et c’est précisément en se recevant de lui, comme le Fils unique se reçoit à chaque instant de son Père que les « petits » découvrent sa paternité. « Personne ne connaît le Fils sinon le Père » qui l’engendre de toute éternité. C’est en regardant le Père que le Fils se connaît dans son essence. A fortiori ne nous connaissons-nous pas nous-mêmes, mais devons-nous recevoir la révélation de notre identité filiale dans le don que le Père nous fait à chaque instant de la « vie, du mouvement et de l’être » (cf. Ac 17, 28). « Personne ne connaît le Père » : comment pourrions-nous connaître Dieu ? Ne s’agit-il pas plutôt d’être connus de lui en nous laissant combler de sa Présence dans l’Esprit, en qui nous devenons ses enfants ? C’est précisément cela la foi : connaître Dieu dans la lumière de sa présence au plus intime de nous-mêmes où il a voulu élire sa demeure. Cette connaissance est bien réelle, même si elle n’est pas ressentie, car le Tout-Autre se reflète réellement en nos cœurs pour y reconstituer son image et nous unir à lui dans l’amour. Le plus humble acte de foi nous rend participants de la vie divine (cf. 2 P 1, 4) par l’action de l’Esprit Saint qui s’unit à notre esprit pour nous permettre de confesser Jésus-Christ Seigneur et Sauveur, unique chemin vers le Père. Croire, c’est prendre sur soi le joug de Jésus, devenir son disciple ; c’est renoncer à être à nous-même notre propre origine, et oser courir le risque de la confiance filiale, en acceptant de dépendre totalement d’un Autre reconnu comme Père. Cette proposition est au cœur du christianisme, et dans la foi, nous en reconnaissons la pertinence ; mais qu’elle est difficile à mettre en pratique dans notre monde qui exalte tout au contraire la suffisance de l’individu, et exècre toute forme de dépendance, fût-elle de l’amour. Celui qui en nous revendique cette autonomie n’est autre que le vieil homme, c’est-à-dire la part obscure de nous-même agissant « sous l’emprise de la chair », que Saint Paul dénonce dans la seconde lecture. Or le « fardeau » dont Jésus veut nous soulager, est précisément celui de nos fausses identités accumulées au fil des années et des circonstances, celui de notre prétention à l’autosuffisance, voire celui de la rivalité avec un Dieu que nous cherchons secrètement à manipuler. Le « joug » qu’il nous offre en échange, est la douceur et l’humilité d’un cœur filial qui s’abandonne entre les mains du Très Haut comme un enfant dans les bras de sa mère. Car ce Père est aussi une Mère : le baptême n’est-il pas une nouvelle naissance ? Dieu ne nous a-t-il pas engendrés à la vie divine par la résurrection de son Fils et dans l’Esprit (2nd lect.) ? Père, Mère et Epoux : si Dieu nous recrée à son image, n’est-ce pas ultimement pour nous unir à lui dans l’amour comme l’Epoux s’unit à son Epouse ? « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient vers toi : il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, un âne tout jeune » (1ère lect.). Par sa victoire sur « les désordres de l’homme pécheur » (2nd lect.), ce Roi d’humilité et de douceur fera fleurir la justice et la paix, ces dons messianiques par excellence, que l’homme charnel ne peut cultiver. A condition bien sûr que nous acceptions de venir à lui et de prendre sur nous son joug. Le « joug » dans le langage biblique, représente la Loi. Cette Loi qui nous accuse et nous enferme dans la peur des représailles d’un Législateur intransigeant. C’est de cette idole et de nos culpabilités morbides que Jésus veut nous sauver, en nous manifestant le vrai visage de Dieu ; visage d’un Père qui se révèle « dans sa bonté » ; visage d’une Mère « pleine de tendresse et de pitié » (Ps 144), qui nous réengendre dans sa miséricorde afin de nous « procurer le repos » ; visage du Roi Epoux qui triomphe de nos résistances par la douceur et l’humilité de son amour crucifié. Et si nous prenions comme résolution de demeurer attentifs, tout au long de cette semaine qui s’ouvre devant nous, aux invitations concrètes que Notre-Seigneur nous adresse à venir à lui, lorsque nous peinons sous le poids du fardeau de l’épreuve, de la contradiction, de l’incompréhension, d’un travail que nous ne parvenons pas à assumer, voire d’un péché dont nous ne réussissons pas à nous débarrasser ? Plutôt que de nous raidir dans une attitude volontariste, ou de nous refermer sur nous-même et sur notre impuissance, ou encore de nous laisser glisser dans le victimisme ou le découragement, faisons plutôt mémoire de la Parole que nous venons d’entendre : un ami nous attend, qui est capable de nous arracher à notre trouble, notre lassitude, notre culpabilité, notre impuissance ; un ami qui peut nous procurer le repos, au moment où nous en sommes le plus éloignés. C’est ainsi que nous découvrirons peu à peu que nous ne sommes jamais seuls ; une lumière reste allumée au cœur des situations les plus obscures ; dans les impasses les plus resserrées, une porte demeure ouverte. Alors nous nous exclamerons comme Jacob : « Vraiment, le Seigneur est dans ce lieu ! Et moi, je ne le savais pas ! ». Saisi de crainte filiale, d’émerveillement et de reconnaissance, nous ajouterons avec le patriarche : « Que ce lieu est redoutable ! Il est réellement la maison de Dieu, la porte du ciel ! » (Gn 28, 16-17). « Dieu de tendresse, par Jésus ton Fils, tu nous a montré ton visage de Père. Qu’à ton image, nous devenions doux et humbles de cœur pour annoncer ton Royaume aux siècles des siècles » (Or. Pr. Univ.). Père Joseph-Marie