Archive pour le 25 juin, 2014

martyre de saints Apôtres Pierre et Paul

25 juin, 2014

martyre de saints Apôtres Pierre et Paul dans images sacrée 9622

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LA VISITE DE BARTHOLOMEOS Ier À ROME – FÊTE DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL (2004) -

25 juin, 2014

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LA VISITE DE BARTHOLOMEOS Ier À ROME – FÊTE DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL (2004) -

L’unité que nous souhaitons voir de nos yeux durant notre vie sur terre

Le Patriarche œcuménique de Constantinople a défini, dès son premier discours du 29 juin, les bases de cette unité que les Églises doivent demander «fixant les yeux sur Jésus, le chef de notre foi qui la mène à la perfection, sans lequel nous ne pouvons rien faire»

par Gianni Valente

«C’est avec des sentiments mêlés de tristesse et de joie que nous venons à vous en ce jour important de la fête des saints apôtres Pierre et Paul». L’exorde ambivalent de l’homélie prononcée par Bartholomeos Ier durant la messe du soir du 29 juin sur le parvis de Saint-Pierre, où était réunie une foule de cardinaux et d’archevêques catholiques attendant de recevoir le pallium des mains tremblantes du Pape, représente comme l’emblème de la façon dont s’est déroulée la visite du patriarche œcuménique de Constantinople à l’Église de Rome et à son Évêque, à l’occasion de la fête patronale de la Ville éternelle. Une sincérité sans calcul, peu accoutumée aux schémas préfabriqués des habituelles et vaines courtoisies dans les rapports du monde œcuménique. Une grande loyauté qui lui fait dire: «Tout en nous réjouissant avec vous, nous regrettons que manque ce qui aurait rendu totale notre joie à tous deux à savoir le rétablissement de la pleine communion entre nos Églises».
Bartholomeos connaît bien Rome. Il y a poursuivi ses études pendant quelques années au temps du Concile. C’est la troisième fois qu’il vient dans la Ville sainte en tant que patriarche, mais cette fois-ci sa visite a donné lieu à des attentes particulières. À la suite de la lettre que, le 29 novembre dernier, Bartholomeos avait envoyée au Pape pour manifester l’hostilité de toute l’Orthodoxie à la reconnaissance – dont il était question – du patriarcat pour les catholiques ukrainiens de rite oriental, il était nécessaire de dissiper les malentendus et de mettre fin aux mauvaises humeurs. Il fallait célébrer le réouverture de l’église romaine San Teodoro al Palatino qui a été confiée, sur décision du Pape, pour usage liturgique, aux grecs-orthodoxes de Rome. Et puis tombent cette année des anniversaires importants d’événements liés à l’histoire des rapports entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe: le schisme d’Orient (1054), la quatrième Croisade avec le sac de Constantinople (1204) et l’accolade que se sont donnée à Jérusalem le pape Paul VI et le patriarche Athênagoras (1964), après des siècles d’hostilité entre évêques de la Première et de la Seconde Rome.
Les gestes et les mots de Bartholomeos, dans ses journées romaines, sont passés comme une brise fraîche au milieu des manières obséquieuses et formalistes des représentants de l’Église. Sans s’engager dans les impasses des querelles brûlantes sur le prosélytisme et l’uniatisme (seule une allusion dans la rencontre finale avec des journalistes pour réduire toute la question au zèle «excessif, incompréhensible et inacceptable» de «certains prêtres polonais»), Bartholomeos a défini, dès son premier discours du 29 juin, les bases de cette unité que les Églises doivent demander «fixant les yeux sur Jésus, le chef de notre foi qui la mène à la perfection, sans lequel nous ne pouvons rien faire». Une unité que pourtant», a-t-il dit, «nous souhaitons de tout notre cœur voir de nos yeux durant notre vie sur terre ».
L’accolade de Jean Paul II et du patriarche Bartholomeos Ier sur la place Saint-Pierre, à la fin de la messe dans la solennité des apôtres saint Pierre et saint Paul, le soir du 29 juin
L’accolade de Jean Paul II et du patriarche Bartholomeos Ier sur la place Saint-Pierre, à la fin de la messe dans la solennité des apôtres saint Pierre et saint Paul, le soir du 29 juin

Unité de l’Église et alliances mondaines
Il y a une façon de comprendre l’unité souhaitée entre les Églises qui se fonde sur des catégories et des interprétations «mondaines». Bartholomeos, dans les discours qu’il a prononcés à Rome, a utilisé plusieurs fois cet adjectif pour décrire le modus operandi qui conçoit cette unité comme une «soumission des Églises et de leurs fidèles à un unique schéma administratif» ou comme une «alliance idéologique ou une alliance d’action pour atteindre un but commun», une unité égale «aux unions des États, aux corporations de personnes et de structures avec lesquelles se crée une union d’organisation plus élevée».
Cette conception n’a rien à voir avec «l’expérience qui vient d’une telle communion de chacun avec le Christ que l’unité se fait dans le vécu du Christ». Une unité dans laquelle «on ne cherche pas à niveler les traditions, les usages et les habitudes de tous les fidèles», mais on demande seulement de vivre «la communion dans le vécu de l’incarnation du Logos de Dieu et de la descente de l’Esprit Saint dans l’Église ainsi que dans le vécu commun de l’événement de l’Église comme Corps du Christ». Le seul dialogue intéressant, «le plus important de tous», a lieu à l’intérieur de cet horizon.
Si n’existe pas cette insertion gratuite dans le «vécu du Christ», le risque est que l’on se serve du nom du Christ pour couvrir ses propres prétentions de pouvoir ecclésiastique. «Il est arrivé bien des fois», a expliqué Bartholomeos dans son homélie de la place Saint-Pierre, que «des fidèles, au cours des siècles, aient demandé au Christ d’approuver des œuvres qui n’étaient pas en accord avec son esprit». «On a encore plus souvent», poursuit-il, «attribué au Christ ses propres opinions, son propre enseignement en prétendant que les unes et l’autre étaient l’expression de l’esprit du Christ. De là sont nées des discordes entre les fidèles».
Le patriarche Bartholomeos Ier dépose un bouquet de fleurs sur la tombe de Paul VI, dans les Grottes du Vatican, le matin du 29 juin
Le patriarche Bartholomeos Ier dépose un bouquet de fleurs sur la tombe de Paul VI, dans les Grottes du Vatican, le matin du 29 juin

Défis et gestes concrets
Jean Paul II a lui aussi situé la rencontre avec Bartholomeos dans la perspective historique qui va des déchirures de 1054 et de 1204 au “revirement” de l’accolade entre Athênagoras et Paul VI et à la reprise du dialogue théologique entre les Églises d’Orient et d’Occident. Le matin du 29 juin, dans le discours qu’il a adressé à la délégation venant du Phanar, il s’est arrêté en particulier sur les événements de la IVe croisade, époque où «une armée partie pour récupérer pour la chrétienté la Terre Sainte se dirigea vers Constantinople pour prendre et saccager la ville, versant le sang de nos frères dans la foi». Dans l’homélie qu’il a prononcée durant la messe du soir, il a rappelé la rencontre entre Paul VI et Athênagoras comme «un défi pour nous», rappelant que l’engagement à marcher vers l’unité «pris par l’Église catholique avec le Concile Vatican II est irrévocable». Mais plus que les discours et les homélies, ce sont certains gestes concrets qui ont donné la mesure du peu qui sépare les Églises catholique et orthodoxe. Un peu qui les empêche pourtant de manifester et de vivre dans toutes ses conséquences la pleine communion visible. Des gestes comme le Credo que le Pape et le Patriarche ont récité ensemble en langue grecque, dans la formulation originale nicéo-constantinopolitaine, durant la messe du 29 juin. Ou comme l’hymne à l’apôtre Pierre, entonné par Bartholomeos devant le sépulcre de l’apôtre Pierre, le matin du 29 juin, quand le Patriarche est descendu dans les Grottes du Vatican pour réciter une prière et déposer un bouquet de fleurs sur la tombe de Paul VI.
L’Orthodoxie dans le cœur de Rome
Les Turcs appellent la résidence de Bartholomeos sur la Corne d’Or, à Istanbul, Rum Patrikhanesi, Patriarcat “Romain”. Dans le jargon local, le Patriarcat et sa cour sont aujourd’hui encore les Rum, les “Romains”, autrement dit les descendants de la tradition byzantine, laquelle se considérait comme l’héritière exclusive de la civilisation romaine impériale. Mis à part sa visite au Vatican, les trajets accomplis par Bartholomeos durant ses journées romaines ont tous été compris dans le triangle formé par le Capitole, le Palatin et l’île Tibérine, au cœur de Rome. Trajets qui ont consolidé le lien qui unit le patriarcat œcuménique à la réalité ecclésiale et civile de la Ville éternelle.
Dans l’après-midi du 30 juin, le Patriarche et toute la délégation (dont faisaient partie le métropolite Chrysostome d’Ephèse, Jean de Pergame et Gennadios de l’archidiocèse d’Italie) ont été accueillis par le maire de Rome, Walter Veltroni, dans la Salle des Drapeaux, au Capitole. Recevant la décoration de la Louve de Rome, Bartholomeos a souligné que «c’est l’idée de la réconciliation et de la collaboration entre les peuples européens qui a fait naître justement, ici, à Rome, l’Union européenne». Il a encore rendu hommage à la Cité éternelle, en tant que point concret de fusion des trois éléments constitutifs de la civilisation européenne: «La démocratie, la philosophie, l’art», a-t-il dit, «sont issus de l’ancien esprit grec. La suprématie du droit, l’organisation de l’État, la paix comme effet de la domination sur le monde expriment le réalisme de l’esprit romain. Le respect du faible, de la femme, de l’enfant, la diffusion de la charité, l’adoucissement de la cruauté et la clémence sociale expriment l’esprit chrétien […]. Souhaitons que l’esprit chrétien, partant de Rome, la ville qui cultive et mêle depuis des siècles les principes de ces trois civilisations, imprègne de son parfum la vie de tous les habitants de l’Europe».
La rencontre avec le maire Walter Veltroni , au Capitole, l’après-midi du 30 juin
La rencontre avec le maire Walter Veltroni , au Capitole, l’après-midi du 30 juin
La rencontre de la délégation patriarcale avec la Communauté de Sant’Egidio, qui s’est déroulée dans l’église san Bartolomeo, sur l’Île Tibérine, a confirmé les liens d’amitié qui existent depuis longtemps entre le Patriarche et le groupe ecclésial romain. Bartholomeos a loué les membres de la communauté «de poursuivre le dialogue interreligieux dans un esprit de paix», à un moment où des «heurts réciproques survenus au nom de la religion, ont répandu parmi les hommes l’idée erronée que la haine et l’extrémisme religieux plaisent à Dieu». Une idée qui attribue ainsi à Dieu un reniement pervers «de sa sagesse et de son amour, c’est-à-dire de lui-même».
Le matin du 1er juillet, les progrès accomplis par les Églises de la Première et de la Seconde Rome sur la voie de la pleine communion se sont manifestés de façon stable et concrète par la remise de l’église San Teodoro Tirone al Palatino (dédiée au martyr du même nom), qui a été confiée par le diocèse de Rome, sur décision de son Évêque, à l’archidiocèse orthodoxe d’Italie et qui est destinée à devenir la paroisse romaine des orthodoxes de langue grecque. Une église à plan circulaire, lieu de culte dès le VIe siècle, restaurée dans les deux dernières années selon les exigences de la liturgie byzantine, aux frais de Mme Fotini Livanos, qui appartient à une riche famille d’armateurs grecs. C’est dans cette église que Bartholomeos a présidé, pendant plus de deux heures, le thyranixion, célébration solennelle d’inauguration de l’usage liturgique de la part de la communauté grecque-orthodoxe, en présence de nombreux ecclésiastiques catholiques dont le cardinal vicaire Camillo Ruini, le cardinal Walter Kasper et l’archevêque substitut de la Secrétairerie d’État, Leonardo Sandri. Dans la petite église, avant-poste orthodoxe dans le cœur de l’aire archéologique de Rome, Bartholomeos a exprimé sa gratitude au Pape et à ses collaborateurs et a situé la concession de l’usage de l’«ancien temple» dans la perspective souhaitée de «l’accord qui plaît à Dieu sur les points importants, accord qui portera à l’union sacramentelle désirée».

Rendez-vous à Istanbul (via Ankara?)
L’annonce-surprise, Bartholomeos la réserve pour les dernières heures de son séjour romain. Après avoir été reçu par le Pape pour le déjeuner d’adieu et avoir souscrit avec lui la Déclaration conjointe rituelle, le soir du jeudi 1er juillet, il confie à un groupe de journalistes qu’il a profité de cette occasion pour inviter le Pape à Istanbul pour la fête de Saint Andréa, le 30 novembre prochain. «Et comme le Pape», ajoute-t-il, «est un chef d’État, il ira d’abord à Ankara, la capitale, puis il viendra chez nous». Bartholomeos évoque aussi la possibilité que, dans cet hypothétique voyage au Phanar, le Pape puisse rapporter sur la Corne d’Or les précieuses reliques des patriarches saint Jean Chrysostome et saint Grégoire de Naziance qui ont disparu de Constantinople, dans le sac de 1204. «Selon nos recherches», fait savoir Bartholomeos, «elles devraient se trouver à Saint-Pierre. On nous a dit au Vatican que l’on ferait des recherches. Quand elles auront été retrouvées, j’enverrai une lettre pour demander qu’elles nous soient restituées».
L’activisme politico-ecclésial de Bartholomeos (quelques heures avant de voir le Pape, il avait rencontré à Istanbul le président des États-Unis George W. Bush) suscite souvent des réserves dans les milieux ecclésiaux. Le caractère élevé du point de vue doctrinal de ses interventions (et ceux de Rome en sont un exemple) s’accorderait mal, au dire de certains, avec la faiblesse institutionnelle du patriarcat œcuménique qui conserve une juridiction directe sur quelques millions de fidèles, dont quelques milliers seulement sont en Turquie. M. Andrea Riccardi, fondateur de Sant’Egidio, a parlé du patriarcat œcuménique comme d’une «force faible dans le sens indiqué par l’apôtre Paul, qui dit: quand je suis faible, c’est alors que je suis fort». En ce sens, le rôle assumé par Barholomeos dans la partie qui se joue pour l’entrée du pays anatolien dans l’Union européenne est encore plus intéressant.
Dans la rencontre avec les journalistes, le Patriarche a fait l’éloge des pas accomplis par le gouvernement d’Erdogan pour aligner son pays sur les normes législatives européennes («certains députés kurdes ont été libérés, des émissions de télévision en langue kurde ont été créées, la peine de mort, qui est encore en vigueur aux États-Unis, a aussi été abolie»). Il a confié qu’il avait insisté pour que, dans la déclaration commune qu’il a souscrite avec le Pape, il y eût une allusion au dialogue nécessaire entre l’Europe et l’islam, en pensant précisément à la Turquie. Il a aussi annoncé que le gouvernement turc, guidé par des musulmans modérés, avait autorisé la réouverture de l’École de Théologie patriarcale de Halki, l’académie orthodoxe fermée dans les années Soixante-dix par le laïcisme rigide de la législation inspirée de Mustapha Kémal («nous comptons la remettre en fonction à la prochaine rentrée universitaire»).
Une rencontre entre le Pape et Erdogan orchestrée par Bartholomeos, un mois avant le Conseil de l’Europe qui devra se prononcer sur l’épineuse question de l’entrée de la Turquie dans l’Europe (et passer éventuellement outre les nombreuses objections à cette entrée, dont certaines viennent de l’Église et mettent parfois en avant les racines chrétiennes de l’Europe), serait pour le moins un coup magnifique.

 

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – Mercredi 18 juin 2014

25 juin, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2014/documents/papa-francesco_20140618_udienza-generale.html

(la traduction française n’arrive pas bientôt, il ya quelques jours plus tard, donc aujourd’hui je mets que le 18 Juin)

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 18 juin 2014

Chers frères et sœurs, bonjour.

Je vous fais mes compliments parce que vous avez eu du courage, avec ce temps où on ne sait pas s’il va pleuvoir, s’il ne va pas pleuvoir…. Bravo! Espérons finir l’audience sans pluie, que le Seigneur aie pitié de nous.

Aujourd’hui, je commence un cycle de catéchèses sur l’Eglise. C’est un peu comme un fils qui parle de sa propre mère, de sa propre famille. Parler de l’Eglise signifie parler de notre mère, de notre famille. En effet, l’Eglise n’est pas une institution finalisée à elle-même ou une association privée, uneong, et nous devons encore moins restreindre notre regard au clergé ou au Vatican… «L’Eglise pense…». Mais nous sommes tous l’Eglise! «De qui parles-tu». «Non, des prêtres…». Ah, les prêtres font partie de l’Eglise, mais nous sommes tous l’Eglise! Il ne faut pas la restreindre aux prêtres, aux évêques, au Vatican… Ce sont des parties de l’Eglise, mais nous sommes tous l’Eglise, nous appartenons tous à la famille, tous à la mère. Et l’Eglise est une réalité beaucoup plus vaste, qui s’ouvre à toute l’humanité et qui ne naît pas dans un laboratoire, l’Eglise n’est pas née dans un laboratoire, elle n’est pas née à l’improviste. Elle est fondée sur Jésus, mais elle est un peuple qui a une longue histoire derrière lui et une préparation qui commence bien avant le Christ lui-même.
Cette histoire, ou «préhistoire», de l’Eglise se trouve déjà dans les pages de l’Ancien Testament. Nous avons entendu le Livre de la Genèse: Dieu choisit Abraham, notre père dans la foi, et lui demanda de partir, de quitter sa patrie terrestre et d’aller vers une autre terre, qu’Il lui indiquerait (cf. Gn 12, 1-9). Et dans cette vocation, Dieu n’appelle pas Abraham tout seul, comme individu, mais il interpelle dès le début sa famille, sa parenté et tous ceux qui sont au service de sa maison. Ensuite, une fois en chemin — oui, c’est ainsi que commence à marcher l’Eglise —, Dieu élargira encore l’horizon et comblera Abraham de sa bénédiction, en lui promettant une descendance nombreuse comme les étoiles du ciel et comme le sable sur la rive de la mer. Une première donnée importante est précisément celle-ci: en commençant par Abraham, Dieu forme un peuple pour qu’il apporte sa bénédiction à toutes les familles de la terre. Et Jésus naît à l’intérieur de ce peuple. C’est Dieu qui fait ce peuple, cette histoire, l’Eglise en chemin, et Jésus naît là, dans ce peuple.
Un deuxième élément: ce n’est pas Abraham qui constitue autour de lui un peuple, mais c’est Dieu qui donne vie à ce peuple. C’était habituellement l’homme qui s’adressait à la divinité, en cherchant à combler la distance et en invoquant son soutien et sa protection. Les gens priaient les dieux, les divinités. Dans ce cas, en revanche, on assiste à quelque chose d’inouï : c’est Dieu lui-même qui prend l’initiative. Ecoutons cela: c’est Dieu lui-même qui frappe à la porte d’Abraham et lui dit: pars, quitte ta terre, commence à marcher et je ferai de toi un grand peuple. Et cela est le début de l’Eglise et dans ce peuple naît Jésus. Dieu prend l’initiative et adresse sa parole à l’homme, en créant un lien et une relation nouvelle avec lui. «Mais, père, comment se fait-il? Dieu nous parle?». «Oui». «Mais nous pouvons avoir une conversation avec Dieu?». «Oui». Cela s’appelle la prière, mais c’est Dieu qui a fait cela dès le début. Ainsi Dieu forme un peuple avec tous ceux qui écoutent sa Parole et qui se mettent en chemin, en se fiant à Lui. Telle est l’unique condition: avoir confiance en Dieu. Si tu as confiance en Dieu, tu l’écoutes et tu te mets en chemin, cela signifie faire l’Eglise. L’amour de Dieu précède tout. Dieu est toujours le premier, il arrive toujours avant nous, Il nous précède. Le prophète Isaïe, ou Jérémie, je ne me souviens pas bien, disait que Dieu est comme la fleur de l’amandier, car c’est le premier arbre qui fleurit au printemps. Pour dire que Dieu fleurit toujours avant nous. Quand nous arrivons, Il nous attend, Il nous appelle, Il nous fait marcher. Il est toujours en avance par rapport à nous. Et cela s’appelle l’amour, car Dieu nous attend toujours. «Mais père, je ne crois pas à cela, car si vous saviez, père, ma vie a été si affreuse, comment est-ce que je peux penser que Dieu m’attend?». «Dieu t’attend. Et si tu as été un grand pécheur, il t’attend encore plus, et il t’attend avec beaucoup d’amour, car Il est le premier. Cela est la beauté de l’Eglise, qui nous conduit à ce Dieu qui nous attend! Il précède Abraham, il précède aussi Adam».
Abraham et les siens écoutent l’appel de Dieu et se mettent en route, bien qu’ils ne sachent pas bien qui est ce Dieu et où il veut les conduire. C’est vrai, car Abraham se met en chemin en se fiant à ce Dieu qui lui a parlé, mais il ne possédait pas de livre de théologie pour étudier qui était ce Dieu. Il se fie, il se fie à l’amour. Dieu lui fait sentir l’amour et il a confiance. Cela ne signifie pourtant pas que ces personnes soient toujours convaincues et fidèles. Au contraire, dès le début, il y a des résistances, le repli sur elles-mêmes et sur leurs propres intérêts et la tentation de marchander avec Dieu et de résoudre les choses à leur propre manière. Ce sont là les trahisons et les péchés qui marquent le chemin du peuple au cours de toute son histoire de salut, qui est l’histoire de la fidélité de Dieu et de l’infidélité du peuple. Mais Dieu ne se lasse pas, Dieu a de la patience, il a beaucoup de patience, et dans le temps il continue à éduquer et à former son peuple, comme un père avec son propre fils. Dieu marche avec nous. Le prophète Osée dit: «J’ai marché avec toi et je t’ai enseigné à marcher comme un père enseigne à marcher à son enfant». Comme cette image de Dieu est belle! Et il fait de même avec nous: il nous enseigne à marcher. Et c’est la même attitude qu’il conserve à l’égard de l’Eglise. Nous aussi, en effet, malgré notre intention de suivre le Seigneur Jésus, nous faisons chaque jour l’expérience de l’égoïsme et de la dureté de notre cœur. Mais quand nous nous reconnaissons pécheurs, Dieu nous remplit de sa miséricorde et de son amour. Et il nous pardonne, il nous pardonne toujours. Et c’est précisément cela qui nous fait grandir comme peuple de Dieu, comme Eglise: ce n’est pas notre bravoure, ce ne sont pas nos mérites — nous sommes peu de chose, ce n’est pas cela —, mais c’est l’expérience quotidienne de combien le Seigneur nous aime et prend soin de nous. Et cela nous fait sentir que nous lui appartenons véritablement, que nous sommes entre ses mains, et cela nous fait croître dans la communion avec Lui et entre nous. Etre Eglise signifie se sentir entre les mains de Dieu, qui est père et qui nous aime, nous caresse, nous attend, nous fait sentir sa tendresse. Et cela est très beau!
Chers amis, cela est le projet de Dieu; quand il a appelé Abraham, Dieu pensait à cela: former un peuple béni par son amour et qui porte sa bénédiction à tous les peuples de la terre. Ce projet ne change pas, il est toujours à l’œuvre. Il a eu son accomplissement en Christ et aujourd’hui encore, Dieu continue à le réaliser dans l’Eglise. Demandons alors la grâce de rester fidèles à la sequela du Seigneur Jésus et à l’écoute de sa Parole, prêts à partir chaque jour, comme Abraham, vers la terre de Dieu et de l’homme, notre véritable patrie, et à devenir ainsi une bénédiction, signe de l’amour de Dieu pour tous ses fils. Il me plaît de penser qu’un synonyme, un autre nom que nous pouvons avoir, nous chrétiens, serait celui-ci: nous sommes des hommes et des femmes, nous sommes des personnes qu’il bénit. Par sa vie, le chrétien doit toujours bénir, bénir Dieu et bénir tous. Nous, chrétiens, sommes des personnes qui bénissent, qui savent bénir. Il s’agit-là d’une belle vocation!
Je suis heureux de saluer les pèlerins de langue française, en particulier l’Institut des Hautes Études de la Défense Nationale, avec le Cardinal Jean-Pierre Ricard. Chers amis, le projet de Dieu est de former un peuple béni par son amour, qui porte cette bénédiction à tous les peuples de la terre. Je vous invite à demeurer fidèles à l’Église, pour devenir signe de l’amour de Dieu pour tous les hommes. Bon pèlerinage !