Archive pour mai, 2014

UNE FORCE VITALE

5 mai, 2014

http://www.interbible.org/interBible/ecritures/symboles/2003/sym_030923.htm

UNE FORCE VITALE

La notion d’esprit, aujourd’hui, est difficile à cerner. Souvent elle est associée à l’âme, à l’imagination, à la conscience, à la raison, somme toute à une sorte de réalité informe qui est essentiellement opposée à la matière, particulièrement au corps. Nous sommes loin de la mentalité de l’Hébreu qui conçoit le monde d’une manière concrète. Pour lui, l’esprit c’est le souffle, l’atmosphère, le vent, l’haleine, la respiration. L’esprit est une force extérieure, une énergie qui produit le mouvement. Un peu comme le vent qui fait bouger les feuilles des arbres, ou comme le souffle lancé sur le front d’un enfant pour le faire sourire. Ou encore, comme la respiration qui fait gonfler les poumons et montre clairement un signe de vie. En d’autres termes, la matière est là; mais sans un souffle qui provient d’ailleurs, rien ne se meut. Plutôt qu’un opposant au corps, l’esprit, dans la perspective hébraïque, est un compagnon nécessaire pour que s’anime la vie. Plus encore, l’esprit est un souffle qui pénètre et fait agir non seulement la chair et les os, mais la personne entière avec tout ce qu’elle est : joie, bonheur, souffrance, projets, foi, espérance, raison, forces et faiblesses.

Ainsi donc, la personne humaine est animée d’un souffle. Mais s’il en est ainsi, c’est parce qu’il lui a été donné par Dieu. Dieu est source de vie et, pour la communiquer, la vie, il l’insuffle en nous. Que le souffle de l’homme et de la femme provienne de la source divine, cela implique que la vie, ici-bas, s’accomplit non pas dans le désordre, mais selon le plan de salut inscrit dans la volonté de Dieu. Le souffle de Dieu, c’est l’Esprit Saint qui accomplit l’œuvre de Dieu dans le monde. En d’autres termes, notre vie est portée par un sens, par une histoire dont la fin n’est ni le néant ni la désolation, mais un Royaume éternel où nous serons comblés de joie.

Nous pourrions dire que le souffle de Dieu est la voie de salut qui nous est donné. Mais n’est donné que ce qui est librement reçu. Il est possible alors de refuser ce qui est déjà en nous. Dès lors, on s’engage dans la voie de la perdition associée à l’esprit mauvais. On choisit la mort dans la vie plutôt que la vie en dépit de la mort; le souffle qui s’éteint plutôt que celui qui pousse vers l’avant. Mais il n’en demeure pas moins que le souffle de Dieu est une force vitale qui pénètre les cœurs de tous et de toutes. Il n’attend qu’à être désiré pour qu’à travers nous soit transformé le monde dans la perspective d’une terre nouvelle, d’un Royaume qui vient.

Le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint un être vivant (Genèse 2, 7).

Benoît Miller
Bibliste, Beauport

Pour lire la Bible sur le souffle…
• Les ouvriers du sanctuaire : Exode 31, 1-11
• L’esprit mauvais : 1 Samuel 18, 10-16
• Les vivants conduits par l’esprit : Ézéchiel 1, 15-21
• Un esprit neuf : Psaume 51(50)
• Dieu envoie et reprend son souffle : Psaume 104(103)
• L’entretien avec Nicodème : Jean 3, 1-8

 

Saint Philippe et saint Jacques le Mineur – le lien est à l’histoire des deux apôtres

3 mai, 2014

Saint Philippe et saint Jacques le Mineur - le lien est à l'histoire des deux apôtres dans images sacrée santi%20filippo%20e%20giacomo

http://missel.free.fr/Sanctoral/05/03.php

RATZINGER « L’ESPRIT DE LA LITURGIE »

3 mai, 2014

http://blodhorn.blogspot.it/2010/02/ratzinger-lesprit-de-la-liturgie.html

RATZINGER « L’ESPRIT DE LA LITURGIE »

dimanche 14 février 2010

La liturgie a connut un grand mouvement de renouveau au début du XX° siècle. C’est à ce moment qu’est nait une bien étrange comparaison. La liturgie serait comme un jeu avec ses règles, elle créerait une « réalité » à laquelle tous les individus adhèrent tant qu’ils participent.
En outre, la liturgie et le jeu sont gratuits, ils sont libérateurs pour les gens car ces mondes ne sont pas basés sur des critères économiques et ne tiennent pas compte des clivages sociaux-culturels. Ils sont des oasis, des évasions bienvenues dans notre monde comme le rappelait aussi Paul de CLERCK dans son « Intelligence de la liturgie ».
Néanmoins, cette comparaison a ses limites car le jeu n’est qu’une distraction et n’a pas la profondeur ni l’importance de la liturgie. Aucun jeu n’engage l’avenir de son participant ni ne répond aux questions existentielles des hommes alors que la liturgie si, et ce depuis l’origine des temps comme en atteste les textes relatifs à l’exode.
Rien que les négociations entre Moïse et pharaon sont éloquents car ce dernier fait de nombreuses propositions au prophète afin de la contenter (d’abord laisser partir les hommes, puis les hommes et les femmes mais en laissant le bétail) mais rien n’y fait, Moïse ne transigea pas car il savait que la liturgie qu’il devait rendre avec les juifs était d’origine divine, que son enjeu était de taille et que de fait aucun compromis ne pouvait être envisagé.
Et quel était cet enjeu précisément ? Il ne s’agissait pas tant d’adoration de Dieu dans le culte que de donner naissance à une nation avec certes ses instructions liturgiques mais aussi ses règles légales et une éthique. En outre, le texte met l’accent sur l’importance de ces trois notions culte-loi-éthique. L’un sans l’autre n’a pas de fondement. Une loi sans éthique ne peut être juste. Une éthique sans culte revient à donner foi au plus fort ou à l’arbitraire.
De fait, le culte dépasse la liturgie car il est l’une des pierres fondatrices de toute civilisation. Un ethnologue le confirmera si besoin, il n’existe aucune société qui n’adore et même celles qui se réclament d’un athéisme ne peuvent s’empêcher de célébrer certaines choses. Pourquoi ? Parce que le rapport à Dieu détermine tous les rapports qu’on les hommes entre eux et avec la création.
Ce qui nous permet de dire que l’adoration est constitutive de l’essence humaine et c’est le besoin de prévenir une vie éternelle qui nous permet aussi de correctement vivre notre simple existence. Sans cette perspective, la vie terrestre serait vide et sans intérêt.
Maintenant pour bien adorer il faut à l’humanité une liturgie et il faut que cette dernière soit institutionnalisée et ceci n’est permit qui si Dieu se révèle à nous pour nous dire comment le vénérer. Quand on reprend l’épisode du veau d’or, qu’est ce qui nous scandalise ? Ce qui nous révulse c’est que pour voir Dieu, des hommes ont cru qu’ils leur suffisaient d’abaisser Dieu à leur niveau alors que le propre de la liturgie est d’élever l’âme pour se rapprocher du créateur.
Se faisant les hommes ont commis un acte hautement blasphématoire car en faisant de Dieu quelque chose d’accessible aux humains, ils se sont mis à considérer comme son égal ce qui équivaut au pire orgueil qui soit.
Cet épisode est une leçon d’une grande importance. La liturgie, et le culte en général, ne doivent pas venir de l’homme sous peine de n’être qu’une conception égocentrique de la foi, vide de tout sens ou de tout fondement, bien loin de la félicité que l’on peut ressentir en prenant par aux véritables célébrations de Dieu.
Lors de ces célébrations, Dieu se donne à l’homme et l’homme de donne à Dieu. Dans un cas c’est de l’amour et dans l’autre de l’adoration mais dans tous les cas c’est la création tout entière qui est transcendée. Cette opération se réalise dans la liturgie qui, sans formellement s’y opposer, a remplacé les rites sacrificiels antérieurs au christianisme.
En effet, avant l’avènement de l’Eglise, les peuples faisait des offrandes volontaires à leur(s) dieu(x). Ils offraient ce qu’ils avaient de plus précieux afin de montrer à quel point ils étaient dévoués à cette entité. Mais l’Eglise a posé cette question : quelle joie apporte ce sacrifice à Dieu ? Le dieu d’amour décrit dans la bible ne saurait apprécier que ses créatures se privent de quelque chose d’essentiel pour lui. D’autant plus quand ce dieu s’est pris la peine, comme nous venons de le voir, de montrer aux mortels que nous sommes comment l’adorer et de fait faire s’élever notre âme jusqu’à lui.
Toute autre considération serait totalement irrationnelle.
Parler d’élévation de l’âme en opposition à la chute, c’est faire référence Plotin qui, le premier, a écrit que la vie hors de Dieu est une longue déchéance et qu’il est nécessaire à l’humanité de découvrir le fond de l’abyme pour pouvoir rebondir et recommencer l’ascension. Dans cette perspective, le but des religions est de faire prendre conscience de cette descente et de mettre fin à la chute afin de retourner vers Dieu en acceptant de fait de n’être qu’une créature. Une créature dotée d’un libre arbitre permettant le choix de revenir dans la lumière ou de continuer de s’enfoncer. Pour que cette rédemption se face, il faut un rédempteur et c’est là que l’Eglise intervient.
Elle intervient comme nous le vîmes plus haut en réfléchissant le sacrifice et en le remettant en question afin que les hommes cessent de se fourvoyer en sacrifiant ce qui leurs tiennent plus que tout à cœur. Elle intervient en réfléchissant sur la rédemption et le pardon. Là où le catholicisme se différencie des autres religions, c’est dans sa volonté de permettre la réconciliation avec Dieu pour l’humanité toute entière et cette réconciliation passe par l’Eucharistie, par la destruction du temple et l’élévation d’un nouveau temple, le Christ.
La liturgie est ce qui rend possible le dialogue intra-trinitaire. La crucifixion à chaque fois renouvelée n’est pas le besoin de se souvenir ou de ritualiser l’événement fondateur du christianisme mais plutôt de commémorer le passage d’un temps à un autre. Nous ne sommes plus aux temps antiques, nous ne sommes pas non plus arrivé à la nouvelle Jérusalem, nous sommes dans une époque de transition où l’humanité chemine vers Dieu selon les enseignements du Christ.
De ce fait, nous le voyons bien, puisque l’homme n’est pas encore en mesure de vivre parfaitement, il a besoin de l’Eglise et de la liturgie pour mieux vivre et devenir chaque jour un homme meilleur.
Pour pouvoir bénéficier de la liturgie, il faut à l’homme un lieu de culte et celui des catholiques se nomme l’église. L’église chrétienne est la digne héritière des synagogues. Ceci est cohérent puisque le christianisme partage beaucoup avec le judaïsme. Comme les synagogues, les églises ont deux parties distinctes, celles pour la prêche et celle pour le tabernacle.
Là où se distingue l’église est qu’elle a apporté des modifications inhérentes à ses croyances. Voyons lesquels.
Tout d’abord, l’édifice n’est plus tourné vers Jérusalem mais vers l’orient où le lever de soleil n’est pas sans évoquer le Christ, véritable lumière du monde qui illumine nos esprits et réchauffe nos cœurs. Cette considération ne parle pas beaucoup aux occidentaux moderne qui ont trop bien comprit que si Dieu est partout et si je peux prier à tout moment, il n’est plus pertinent de se rendre dans des lieux de cultes pour se faire. Cette conception est purement catholique et montre à la fois que le christianisme imprègne nos sociétés mais aussi que les gens ne comprennent pas ce qui caractérise la liturgie chrétienne, ne comprenne pas que la liturgie et en particulier l’Eucharistie est quelque chose de merveilleux qui a chaque fois permet à l’homme de se rapprocher un peu plus de Dieu en non pas l’ingérant mais en l’acceptant dans son corps et dans son esprit.
Ensuite, autre changement, un autel a été ajouté pour célébrer l’Eucharistie. Il n’est pas nécessaire d’en dire plus.
Enfin, le tabernacle n’est plus le simple dépositaire des paroles de la Torah mais il a aussi en son sein les évangiles – preuve que la tradition chrétienne ne rompt pas avec celle juive mais s’inscrit dans la continuité – ainsi que l’Eucharistie. Chez les juifs, le tabernacle est la tente de Dieu, le lieu où Il est. Pour un chrétien qui sait, par sa foi, que l’hostie consacrée est dépositaire de la présence divine, le tabernacle est l’endroit idéal pour recueillir la substance transformée par la présence de Dieu.
On le voit, les modifications apportées ne sont pas en franche rupture de la tradition juive mais au contraire dans son évolution. Elles tiennent compte des spécificités chrétiennes. Il n’y a nulle raison de s’en étonner puisque la religion chrétienne elle-même découle du judaïsme. Mais qu’en est-il du rite précisément ?
Parler de rite c’est aborder une notion à forte connotation péjorative. Le rite fait penser à l’ancestral, à l’immuable, à l’obsolète ce qui dans une société de l’immédiateté et de l’exclusivité n’est pas pour plaire. Paul de Clerck nous dit que dans son « Intelligence de la Liturgie » que mai 68 a encore plus accentué cet écart. Mais le rite correspond il vraiment la détestable image qu’il véhicule?
Au II° siècle, un juriste romain a définit le rite comme étant la manière la plus juste et loyale pour les hommes d’honorer leurs divinités.
Dans le cas du catholicisme, le rite est la communion des prières et des actions des fidèles tournés vers le même Dieu d’amour. Alors certes, il n’est pas, plus créatif. Voilà plusieurs siècles que le rite catholique est établi avec ses moments forts et ses moments normaux mais comprenons aussi que la création se fait toujours par la destruction et le renouveau. Ce n’est pas là le rôle de la foi chrétienne que de détruire le monde pour en créer un nouveau. Le christianisme est là pour sauver le monde, ce monde, et surtout ceux qui y vivent et ça ne passe pas par une destruction créatrice mais par la liturgie et le rite tels qu’on vient de les définir.
Le rite catholique demande une « participation active » de l’ensemble de la communauté. Cette expression fut même reprise par le concile du Vatican II. Mais qu’entend-on par là ? Pour la majorité, c’est juste le souhait émis par l’Eglise pour qu’un plus grand nombre aille plus souvent à la messe. S’il est indéniable que l’Eglise ait ce souhait, il serait débile de croire que le souhait du concile se limite à ça. Non, c’est plus complexe.
Dans participation active, il faut distinguer les deux mots. Comprendre que l’action est la prière eucharistique. Le reste de la liturgie n’est pas anecdotique mais ce sont des hommes qui s’échangent des lectures et des savoirs entre eux. Ceci renvoie aux enseignements faits dans les synagogues. L’Eucharistie est elle particulière car lorsque le prêtre dit « Ceci est mon corps », on sait que ce n’est pas de lui dont il parle. C’est Dieu qui s’exprime par lui, c’est Dieu qui nous parle, c’est Dieu qui vient à nous. Il est donc tout à fait indispensable que lorsque Dieu fait l’effort de nous tendre les bras, nous donnions suite à sa sollicitation.
On parle de participation active lorsque et les hommes et Dieu agissent et interagissent ensemble. Nous sommes bien loin du cliché véhiculé auparavant.
A ce stade, on a tous comprit que l’essentiel de la participation active humaine est spirituelle mais est effectivement le cas ?
Dieu nous a façonné à son image et nous a doté d’un corps. Ce n’est pas pour rien. Nous sommes corps et esprit et c’est tout entier que nous adorons le Seigneur. Si l’esprit par la prière joue un rôle, le corps est aussi sollicité. Pendant la liturgie, il est attendu du fidèles de faire divers gestes, d’adopter des postures.
Le premier des gestes est le signe de croix dont la signification a déjà largement été évoquée sur ce blog.
Autre mouvement, l’agenouillement. Ce mot revient 59 fois dans le nouveau testament ce qui n’est pas anecdotique. Toute une réflexion accompagne l’acte de se prosterner. Il est pour ses détracteurs un acte qui brime, qui nie la volonté et l’indépendance de l’homme, un signe de soumission devant un Dieu esclavagiste qui tente d’imposer sa volonté à ses créatures en humiliant ces dernières. Quiconque s’est un jour intéressé à la foi chrétienne et aux saintes écritures sait que le Dieu révélé par le Christ n’est pas ce genre de divinité. Il est amour mais pour que son amour soit possible, il nous faut l’accepter et pour l’accepter, il nous faut nous remettre en question. Refuser de s’agenouiller devant Dieu n’est pas faire acte d’indépendance mais d’orgueil car c’est nier que nous sommes des créatures finies. S’agenouiller devant Dieu s’est reconnaitre avec humilité notre finitude et c’est accepter de vivre en accord avec la volonté de Dieu sans pour autant que cette volonté n’occulte la notre. C’est plus un partenariat qu’une soumission car si nous vivons en accord avec les principes de Dieu sans pour autant être au diapason avec, alors toute notre vie aura été vaine, littéralement.
Autre position du corps, le fait d’être assis ou debout. Pendant la messe, on s’assoit au moment des lectures, des psaumes et de l’homélie. Pendant ces moments, le corps est au repos et à permet au fidèle d’écouter et de réfléchir. C’est une position de recueillement et d’écoute.
Le fait d’être debout est une réponse à Dieu. C’est une manière de témoigner et de notre écoute et de notre détermination.
Ainsi, nous venons de voir que la liturgie engage l’homme en corps et en esprit, qu’elle a une place fondamentale dans la vie de tous, dans la formation de l’âme du fidèle et qu’elle est fondamentale pour tout croyant car elle est la seule façon qu’a le chrétien de se rapprocher du Christ, de s’élever, de se purifier.
La liturgie est la seule manière qu’a le chrétien pour se sauver et sauver le monde. Dans notre société, elle est une alternative salutaire face à la rationalisation des comportements humains mais elle demande des efforts. Des efforts d’humilité pour les fidèles, des efforts de compréhension quant aux enjeux et aux significations des gestes et paroles qui seront les siens pendant le rite, des efforts d’abnégation dans sa foi afin de mieux la vivre. Ce n’est pas rien mais ça vaut le coup non ?

SAINT ATHANASE

2 mai, 2014

SAINT ATHANASE  dans images sacrée St.-Athanasius-The-Great-$28d.C.295$29
http://www.1st-art-gallery.com/Anonymous-Artist/St.-Athanasius-The-Great-(d.C.295).html

BENOÎT XVI – SAINT ATHANASE -2 MAI

2 mai, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070620_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 20 juin 2007

SAINT ATHANASE -2 MAI

Chers frères et sœurs,

En poursuivant notre évocation des grands Maîtres de l’Eglise antique, nous voulons aujourd’hui tourner notre attention vers saint Athanase d’Alexandrie. Cet authentique protagoniste de la tradition chrétienne, déjà quelques années avant sa mort, fut célébré comme « la colonne de l’Eglise » par le grand théologien et Evêque de Constantinople Grégroire de Nazianze (Discours 21, 26), et il a toujours été considéré comme un modèle d’orthodoxie, aussi bien en Orient qu’en Occident. Ce n’est donc pas par hasard que Gian Lorenzo Bernini en plaça la statue parmi celles des quatre saints Docteurs de l’Eglise orientale et occidentale – avec Ambroise, Jean Chrysostome et Augustin -, qui dans la merveilleuse abside la Basilique vaticane entourent la Chaire de saint Pierre.

Athanase a été sans aucun doute l’un des Pères de l’Eglise antique les plus importants et les plus vénérés. Mais ce grand saint est surtout le théologien passionné de l’incarnation, du Logos, le Verbe de Dieu, qui – comme le dit le prologue du quatrième Evangile – « se fit chair et vint habiter parmi nous » (Jn 1, 14). C’est précisément pour cette raison qu’Athanase fut également l’adversaire le plus important et le plus tenace de l’hérésie arienne, qui menaçait alors la foi dans le Christ, réduit à une créature « intermédiaire » entre Dieu et l’homme, selon une tendance récurrente dans l’histoire et que nous voyons en œuvre de différentes façons aujourd’hui aussi. Probablement né à Alexandrie vers l’an 300, Athanase reçut une bonne éducation avant de devenir diacre et secrétaire de l’Evêque de la métropole égyptienne, Alexandre. Proche collaborateur de son Evêque, le jeune ecclésiastique prit part avec lui au Concile de Nicée, le premier à caractère œcuménique, convoqué par l’empereur Constantin en mai 325 pour assurer l’unité de l’Eglise. Les Pères nicéens purent ainsi affronter diverses questions et principalement le grave problème né quelques années auparavant à la suite de la prédication du prêtre alexandrin Arius.

Celui-ci, avec sa théorie, menaçait l’authentique foi dans le Christ, en déclarant que le Logos n’était pas le vrai Dieu, mais un Dieu créé, un être « intermédiaire » entre Dieu et l’homme, ce qui rendait ainsi le vrai Dieu toujours inaccessible pour nous. Les Evêques réunis à Nicée répondirent en mettant au point et en fixant le « Symbole de la foi » qui, complété plus tard par le premier Concile de Constantinople, est resté dans la tradition des différentes confessions chrétiennes et dans la liturgie comme le Credo de Nicée-Constantinople. Dans ce texte fondamental – qui exprime la foi de l’Eglise indivise, et que nous répétons aujourd’hui encore, chaque dimanche, dans la célébration eucharistique – figure le terme grec homooúsios, en latin consubstantialis: celui-ci veut indiquer que le Fils, le Logos est « de la même substance » que le Père, il est Dieu de Dieu, il est sa substance, et ainsi est mise en lumière la pleine divinité du Fils, qui était en revanche niée par le ariens.

A la mort de l’Evêque Alexandre, Athanase devint, en 328, son successeur comme Evêque d’Alexandrie, et il se révéla immédiatement décidé à refuser tout compromis à l’égard des théories ariennes condamnées par le Concile de Nicée. Son intransigeance, tenace et parfois également très dure, bien que nécessaire, contre ceux qui s’étaient opposés à son élection épiscopale et surtout contre les adversaires du Symbole de Nicée, lui valut l’hostilité implacable des ariens et des philo-ariens. Malgré l’issue sans équivoque du Concile, qui avait clairement affirmé que le Fils est de la même substance que le Père, peu après, ces idées fausses prévalurent à nouveau – dans ce contexte, Arius lui-même fut réhabilité -, et elles furent soutenues pour des raisons politiques par l’empereur Constantin lui-même et ensuite par son fils Constance II. Celui-ci, par ailleurs, qui ne se souciait pas tant de la vérité théologique que de l’unité de l’empire et de ses problèmes politiques, voulait politiser la foi, la rendant plus accessible – à son avis – à tous ses sujets dans l’empire.

La crise arienne, que l’on croyait résolue à Nicée, continua ainsi pendant des décennies, avec des événements difficiles et des divisions douloureuses dans l’Eglise. Et à cinq reprises au moins – pendant une période de trente ans, entre 336 et 366 – Athanase fut obligé d’abandonner sa ville, passant dix années en exil et souffrant pour la foi. Mais au cours de ses absences forcées d’Alexandrie, l’Evêque eut l’occasion de soutenir et de diffuser en Occident, d’abord à Trèves puis à Rome, la foi nicéenne et également les idéaux du monachisme, embrassés en Egypte par le grand ermite Antoine, à travers un choix de vie dont Athanase fut toujours proche. Saint Antoine, avec sa force spirituelle, était la personne qui soutenait le plus la foi de saint Athanase. Réinstallé définitivement dans son Siège, l’Evêque d’Alexandrie put se consacrer à la pacification religieuse et à la réorganisation des communautés chrétiennes. Il mourut le 2 mai 373, jour où nous célébrons sa mémoire liturgique.

L’oeuvre doctrinale la plus célèbre du saint Evêque alexandrin est le traité Sur l’incarnation du Verbe, le Logos divin qui s’est fait chair en devenant comme nous pour notre salut. Dans cette œuvre, Athanase dit, avec une affirmation devenue célèbre à juste titre, que le Verbe de Dieu « s’est fait homme pour que nous devenions Dieu; il s’est rendu visible dans le corps pour que nous ayons une idée du Père invisible, et il a lui-même supporté la violence des hommes pour que nous héritions de l’incorruptibilité » (54, 3). En effet, avec sa résurrection le Seigneur a fait disparaître la mort comme « la paille dans le feu » (8, 4). L’idée fondamentale de tout le combat théologique de saint Athanase était précisément celle que Dieu est accessible. Il n’est pas un Dieu secondaire, il est le vrai Dieu, et, à travers notre communion avec le Christ, nous pouvons nous unir réellement à Dieu. Il est devenu réellement « Dieu avec nous ».

Parmi les autres œuvres de ce grand Père de l’Eglise – qui demeurent en grande partie liées aux événements de la crise arienne – rappelons ensuite les autres lettres qu’il adressa à son ami Sérapion, Evêque de Thmuis, sur la divinité de l’Esprit Saint, qui est affirmée avec netteté, et une trentaine de lettres festales, adressées en chaque début d’année aux Eglises et aux monastères d’Egypte pour indiquer la date de la fête de Pâques, mais surtout pour assurer les liens entre les fidèles, en renforçant leur foi et en les préparant à cette grande solennité.

Enfin, Athanase est également l’auteur de textes de méditation sur les Psaumes, ensuite largement diffusés, et d’une œuvre qui constitue le best seller de la littérature chrétienne antique: la Vie d’Antoine, c’est-à-dire la biographie de saint Antoine abbé, écrite peu après la mort de ce saint, précisément alors que l’Evêque d’Alexandrie, exilé, vivait avec les moines dans le désert égyptien. Athanase fut l’ami du grand ermite, au point de recevoir l’une des deux peaux de moutons laissées par Antoine en héritage, avec le manteau que l’Evêque d’Alexandrie lui avait lui-même donné. Devenue rapidement très populaire, traduite presque immédiatement en latin à deux reprises et ensuite en diverses langues orientales, la biographie exemplaire de cette figure chère à la tradition chrétienne contribua beaucoup à la diffusion du monachisme en Orient et en Occident. Ce n’est pas un hasard si la lecture de ce texte, à Trèves, se trouve au centre d’un récit émouvant de la conversion de deux fonctionnaires impériaux, qu’Augustin place dans les Confessions (VIII, 6, 15) comme prémisses de sa conversion elle-même.

Du reste, Athanase lui-même montre avoir clairement conscience de l’influence que pouvait avoir sur le peuple chrétien la figure exemplaire d’Antoine. Il écrit en effet dans la conclusion de cette œuvre: « Qu’il fut partout connu, admiré par tous et désiré, également par ceux qui ne l’avaient jamais vu, est un signe de sa vertu et de son âme amie de Dieu. En effet, ce n’est pas par ses écrits ni par une sagesse profane, ni en raison de quelque capacité qu’Antoine est connu, mais seulement pour sa piété envers Dieu. Et personne ne pourrait nier que cela soit un don de Dieu. Comment, en effet, aurait-on entendu parler en Espagne et en Gaule, à Rome et en Afrique de cet homme, qui vivait retiré parmi les montagnes, si ce n’était Dieu lui-même qui l’avait partout fait connaître, comme il le fait avec ceux qui lui appartiennent, et comme il l’avait annoncé à Antoine dès le début? Et même si ceux-ci agissent dans le secret et veulent rester cachés, le Seigneur les montre à tous comme un phare, pour que ceux qui entendent parler d’eux sachent qu’il est possible de suivre les commandements et prennent courage pour parcourir le chemin de la vertu » (Vie d’Antoine 93, 5-6).
Oui, frères et soeurs! Nous avons de nombreux motifs de gratitude envers Athanase. Sa vie, comme celle d’Antoine et d’innombrables autres saints, nous montre que « celui qui va vers Dieu ne s’éloigne pas des hommes, mais qu’il se rend au contraire proche d’eux » (Deus caritas est, n. 42).

DIMANCHE 4 MAI : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE

2 mai, 2014

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 4 MAI : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE LECTURE – Actes des Apôtres 2, 14. 22b – 33
Le jour de la Pentecôte,
14 Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, prit la parole ;
il dit d’une voix forte :
« Habitants de la Judée, et vous tous qui séjournez à Jérusalem,
comprenez ce qui se passe aujourd’hui,
écoutez bien ce que je vais vous dire.
22 Il s’agit de Jésus le Nazaréen,
cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission
en accomplissant par lui des miracles,
des prodiges et des signes au milieu de vous,
comme vous le savez bien.
23 Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l’avez fait mourir
en le faisant clouer à la croix par la main des païens.
24 Or, Dieu l’a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort,
car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir.
25 En effet, c’est de lui que parle le psaume de David :
Je regardais le Seigneur sans relâche, s’il est à mon côté, je ne tombe pas,
26 Oui, mon coeur est dans l’allégresse, ma langue chante de joie ;
ma chair elle-même reposera dans l’espérance :
27 Tu ne peux pas m’abandonner à la mort
ni laisser ton fidèle connaître la corruption.
28 Tu m’as montré le chemin de la vie,
tu me rempliras d’allégresse par ta présence.
29 Frères, au sujet de David notre père,
on peut vous dire avec assurance, qu’il est mort, qu’il a été enterré,
et que son tombeau est encore aujourd’hui chez nous.
30 Mais il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré
de faire asseoir sur son trône un de ses descendants.
31 Il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi :
il n’a pas été abandonné à la mort,
et sa chair n’a pas connu la corruption.
32 Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ;
nous tous, nous en sommes témoins.
33 Elevé dans la gloire par la puissance de Dieu,
il a reçu de son Père l’Esprit Saint qui était promis,
et il l’a répandu sur nous :
c’est cela que vous voyez et que vous entendez. »

Le même Pierre, qui avait succombé à la peur pendant le procès de Jésus, au point de le renier publiquement, le même qui, après la mort du Christ, se calfeutrait avec les autres disciples dans une salle verrouillée, c’est bien le même que nous retrouvons aujourd’hui, un peu plus d’un mois après, (cinquante jours exactement) et cette fois, il improvise un grand discours devant des milliers de gens ! Il est debout ; si Luc note l’attitude de Pierre, c’est parce qu’elle est symbolique : d’une certaine manière Pierre est en train de se réveiller, de revivre, de se relever…
Première remarque avant d’aller plus loin : jusque là Pierre n’a donc pas été un modèle d’audace et c’est à lui que Jésus confie désormais la mission la plus audacieuse : continuer l’oeuvre d’évangélisation, une mission qui a coûté la vie au Fils de Dieu lui-même ! Celui qui avait renié son maître il n’y a pas si longtemps se réjouira bientôt d’être persécuté pour avoir trop parlé. C’est certainement l’un des plus grands miracles des Actes des Apôtres ! Quand je dis miracle, je veux dire que cette force toute neuve, cette audace, Pierre ne la puise pas en lui-même, elle est don de Dieu.
Je reviens à cette matinée de Pentecôte, l’année de la mort de Jésus ; Jérusalem grouille de monde. Comme chaque année, des pèlerins sont venus de partout pour cette fête de Pentecôte ; ce sont des Juifs, et s’ils sont venus en pèlerinage à Jérusalem, c’est parce que, tout comme Pierre et les autres apôtres de Jésus, ils partagent l’espérance d’Israël ; tout au long du trajet, et ils viennent parfois de très loin, ils ont chanté les psaumes en suppliant Dieu de hâter la venue de son Messie.
Précisément, Pierre s’appuie sur cette espérance pour annoncer : ce Messie que vous attendez, il est venu, nous avons eu le privilège de le connaître. Dieu a accompli sa promesse : le nouveau monde est déjà commencé. A première vue, les auditeurs de Pierre sont les hommes du monde les mieux préparés à entendre ce message : puisque toute leur vie de prière mais aussi leur vie quotidienne est baignée dans la mémoire des oeuvres de Dieu pour son peuple et dans l’attente du Messie, celui qui accomplira la libération définitive d’Israël et de l’humanité tout entière.
Et donc, Pierre insiste dans son discours sur cet aspect de continuité de l’oeuvre de Dieu qui est pour lui une évidence ; et je crois que c’est très important que nous retrouvions ce sens de la continuité de l’oeuvre de Dieu, si nous voulons approcher la Bible. Pour mettre en évidence cette continuité, Pierre invoque le témoignage du psaume 15/16 ; mais je n’en parle pas ici parce que c’est précisément celui que la liturgie nous propose pour ce troisième dimanche de Pâques, nous aurons donc l’occasion d’en reparler.
En même temps, les auditeurs de Pierre sont aussi les moins préparés à accepter les paroles de Pierre : précisément parce que, s’ils attendent le Messie depuis toujours, ils ont eu le temps de se faire des idées sur lui, des idées d’hommes… Or Dieu ne peut que surprendre nos idées d’hommes…
L’un des aspects les plus inacceptables du mystère de Jésus, pour ses contemporains, c’est sa mort sur la croix. Le Vendredi Saint, Jésus, abandonné de tous, semblait bien maudit de Dieu lui-même. Il ne pouvait donc pas être le Messie… du moins selon les idées des hommes. Et pourtant, les apôtres l’ont compris le soir de Pâques, il était bien le Messie envoyé par Dieu ; s’ils l’ont compris, c’est parce qu’ils ont été témoins de la Résurrection de Jésus : alors seulement ils ont pu s’ouvrir aux pensées de Dieu et comprendre la mission de Jésus.
Pierre sait bien tout cela et c’est pour cette raison qu’il insiste sur l’accomplissement du projet de Dieu en Jésus : « Il s’agit de Jésus le Nazaréen, cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission en accomplissant par lui des prodiges et des signes au milieu de vous… Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu… ce Jésus, Dieu l’a ressuscité… Elevé dans la gloire par la puissance de Dieu, il a reçu de son Père l’Esprit-Saint qui était promis… ».
Pierre termine en faisant appel à l’expérience de ses auditeurs ; il leur dit : « C’est ce que vous voyez et entendez » (verset 33) et, là, il parle du spectacle que donnent les apôtres désormais. Il sait qu’on ne peut devenir témoin à son tour que lorsqu’on a l’expérience de l’oeuvre de Dieu. Pour les auditeurs de Pierre, qui n’ont pas été directement témoins de la résurrection, la seule expérience possible, c’est celle de voir et entendre les douze apôtres transformés par l’Esprit-Saint. Pour nos contemporains, c’est la même chose : cela veut dire l’urgence pour nos communautés chrétiennes de se laisser transformer par l’Esprit.

3E DIMANCHE DE PÂQUES – 4 MAI 2014 – HOMÉLIE

2 mai, 2014

http://www.homelies.fr/homelie,,3822.html

3E DIMANCHE DE PÂQUES – 4 MAI 2014

FAMILLE DE SAINT JOSEPH

HOMÉLIE – MESSE

La liturgie de ce troisième dimanche de Pâques nous invite à nous mettre en route, à la suite du Christ ressuscité, et à la lumière de son Esprit. La vie s’était arrêtée, pour les disciples, au pied de la croix : « Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé » – autrement dit : il n’y a plus rien à espérer, la mort a définitivement englouti sa victime. Ils fuient la Cité sainte par peur des responsables religieux, et s’apprêtent à reprendre « la vie sans but qu’ils menaient à la suite de leurs pères » (2nd lect.).
Les Apôtres à vrai dire n’en menaient pas plus large. Même lorsqu’ils auront enfin compris que Jésus est vivant, ressuscité, ils demeureront encore cinquante jours à l’écart, évitant de se faire remarquer, enfermés eux aussi dans la peur. Ce n’est qu’au matin de Pentecôte, après avoir été « baptisés dans l’Esprit Saint » (Ac 1, 5) et avoir reçu la « force » d’en haut (Ac 1, 8) promise par le Christ, qu’ils pourront enfin s’arracher à leur inertie et témoigner ouvertement de la Résurrection du Seigneur Jésus.
C’est en effet l’Esprit qui entraîne les Apôtres dans le sillage de leur Maître. Celui-ci leur avait « montré le chemin de la vie » (1ère lect.) ; l’Esprit le leur fait emprunter à sa suite. Quant au Christ, après avoir traversé la mort qui ne pouvait le retenir en son pouvoir, il poursuit sa course victorieuse : « Elevé dans la gloire par la puissance de Dieu, il a reçu de son Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu » (Ibid.) comme il l’avait annoncé.
C’est lui, l’Esprit de vérité (Jn 14, 17), qui permet aux disciples de comprendre à la lumière des Ecritures, qu’il « fallait que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ».
C’est lui le « Défenseur » (Jn 14, 16) qui leur donne de « croire en Dieu, qui a ressuscité Jésus d’entre les morts et lui a donné la gloire » (2nd lect.).
C’est lui qui leur « ouvre les yeux » et leur permet de regarder le Seigneur qui demeure à leurs côtés sans relâche afin qu’ils ne tombent pas » (cf. 1ère lect.).
C’est lui le Consolateur qui embrase leur cœur à l’écoute de la Parole, les remplit d’une sainte allégresse et leur donne de proclamer : « C’est vrai ! Le Seigneur est ressuscité ».
En regardant autour de nous, et en relisant la manière dont nous-mêmes nous vivons notre foi, n’avons-nous pas l’impression de ne pas avoir accédé à la Pentecôte ? Ou du moins d’avoir perdu la jeunesse de l’Esprit ?
A moins que peu à peu, sans même nous en rendre compte, nous ayons pris sa place ? Un prédicateur disait, non sans une pointe de provocation : « Si l’Esprit Saint s’était retiré de l’Eglise primitive, 99% de son activité se serait immédiatement arrêtée. Aujourd’hui, si l’Esprit se retirait de notre Eglise, 99% de son activité continuerait comme si rien n’avait changé ! »
Or seul l’Esprit nous permet de « mettre notre foi et notre espérance en Dieu » (2nd lect.). Si nous nous « arrêtons, tout tristes » au bord du chemin, n’est-ce pas le signe que nous ne sommes plus sous l’onction de l’Esprit, dont la mission consiste précisément à éclairer notre route et à nous communiquer la force d’y progresser dans la joie et la confiance ?
A travers chacun de nos actes, chacune de nos décisions, nous sommes appelés à donner du sens à notre vie. Pour un croyant cela signifie : confirmer le sens chrétien que nous donnons à notre existence à partir de l’accueil de la Bonne Nouvelle de la Résurrection de Notre-Seigneur.
Mais si nous perdons de vue ce mystère de grâce qui devrait éclairer toute notre vie, quel sens lui donnerons-nous ? Ce n’est pas pour rien que saint Séraphim de Sarow introduisait ses dialogues en disant : « Ma joie : Christ est ressuscité ! » Ce faisant, il mettait ses pensées sous l’onction de l’Esprit saint et orientait son regard vers « l’espérance de la gloire ». C’est pourquoi son discernement sur les situations, événements et personnes était-il sûr et digne de confiance.
Lorsque Jésus demande aux disciples d’Emmaüs de lui expliciter les événements auxquels ils font allusion, il ne fait pas semblant d’ignorer ce qui s’est passé : sa lecture et son interprétation des faits sont tout simplement totalement différentes. Les disciples ne parlent pas de la Passion telle que Jésus l’a vécue ; ou du moins, ils en font une lecture erronée, parce qu’ils n’ont pas la clé d’interprétation qui leur permettrait de comprendre les enjeux de ce qui s’est passé. Ils se sont « arrêtés, tout tristes », ne percevant pas qu’à travers la mort de leur Maître, les Écritures trouvaient enfin leur accomplissement : la vie se frayait un chemin victorieux qui déboucherait bientôt sur le triomphe du matin de Pâque.
Il en est ainsi pour chacun d’entre nous : si nous lisons les événements de notre vie et de ce monde à la seule lumière de notre discernement naturel, nous avons toutes les raisons de désespérer et de nous éloigner tous tristes. Si nous voulons échapper à l’absurdité et à la morosité d’une vie sans but, il nous faut éclairer notre route par la Parole de vérité, et accueillir l’Esprit de sainteté pour pouvoir avancer dans la paix et la confiance, les yeux fixés sur celui qui est définitivement « glorifié à la droite du Père » (Col 3, 1).
Approchons-nous de la table où le Seigneur va rompre le pain ; alors nos yeux s’ouvriront, et nous pourrons reprendre notre route, le cœur tout brûlant du Feu de l’Esprit qui proclamera par nos lèvres : « “C’est vrai : le Seigneur est ressuscité ! ” Nous l’avons reconnu à la fraction du pain. »

« Manifeste-toi Seigneur, redonne-nous de l’assurance, car la nuit du doute étend son ombre. Viens encore embraser nos cœurs lents à croire, en nous expliquant, dans toute l’Ecriture, ce qui te concerne. Ouvre nos yeux à la fraction du pain que nous puissions te reconnaître. Nous pourrons alors, nous aussi, nous lever et reprendre joyeusement notre route, vivant pendant notre séjour sur terre, dans la crainte de Dieu, et annonçant à nos frères le salut par ton Sang précieux, toi l’Agneau sans défaut et sans tache (cf. 2nd lect.) ».
Père Joseph-Marie

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