Archive pour mai, 2014

LA FOI ET L’ÉMOTION

8 mai, 2014

http://www.france-catholique.fr/La-foi-et-l-emotion.html

Traduit par Isabelle

LA FOI ET L’ÉMOTION

Par David G. Bonagura, Jr., 2014

« Je ne sens rien quand je prie. » « Je m’ennuie à la messe. » « Quand je parle à Dieu, je n’ai pas le sentiment que quelqu’un m’écoute. » Ces plaintes, expérimentées un jour ou l’autre aussi bien par les gens pieux que par ceux qui sont perdus, s’élèvent du cœur même de la praxis chrétienne. Elles expriment le désir humain bien naturel de vibrer d’émotion sensible dans la prière, expérience qui manque à beaucoup, surtout quand on a la foi depuis longtemps.
L’émotion en tant que réalité de l’expérience humaine, a un rôle au sein de la vie de foi. Les écritures elles-mêmes expriment tout un panthéon de sentiments humains : la joie et la peine, la gratitude et la jalousie, la confiance et le doute, l’amour et la haine font tous partie de l’économie divine du salut parce que, chacun à sa manière, nous met en contact avec Dieu. Mais il est critique pour les croyants de comprendre que leurs émotions ne sont qu’un aspect du contexte plus large de leur foi et de leur relation à Dieu – et ne sont pas constitutives de leur foi.
Du fait de l’importance et de la puissance des sentiments, la tentation a toujours existé, souvent dans une bonne intention, de réduire la foi à l’émotion et à l’expérience. Au 19° siècle, Friedrich Schleiermacher déclarait : « La foi n’est rien d’autre que l’expérience naissante de la satisfaction par le Christ d’un besoin spirituel. » De nos jours les « messes de jeunes » tentent de rendre vraie la définition de Schleiermacher parmi les jeunes par des exclamations excitées et de la musique contemporaine. D’autres messes sont au bord de la sentimentalité avec des chants exagérément sirupeux tels que « Me voici Seigneur » et Tu es mien ». Alors, nous sommes censés sentir la présence du Christ et lui répondre dans la Foi.
Ces expériences personnelles et ces sentiments peuvent en effet attiser la foi, mais elles ne peuvent pas être les seuls piliers de notre vie spirituelle parce que les émotions ne sont pas l’essence de la foi. La foi repose plutôt sur un Dieu d’amour qui n’est pas le produit de nos désirs subjectifs mais un être réel et indépendant qui nous appelle à nous unir à Lui à travers la révélation de Son Fils. La foi implique que nous reconnaissions et acceptions la révélation. La réponse que nous faisons à Dieu peut être stimulée et accompagnée par un étalage de sentiments, mais c’est avec notre intellect que nous adhérons à Dieu et à sa volonté. C’est pour cette raison que Saint Thomas d’Aquin a classé la foi comme une vertu intellectuelle :
« Croire est une action de l’intellect qui adhère à la vérité par un acte de volonté. »
L’intellect est premier parce qu’il accepte ce qui vient de Dieu, et pourtant il le fait par l’insistance
de la volonté, qui peut être mûe par la puissance d’expériences religieuses. Ces expériences, si elles sont correctement intégrées dans les contours de la foi, peuvent contribuer au futur développement de notre relation à Dieu.
Mais comme la foi est du domaine de l’intellect, nous n’avons pas besoin de nous inquiéter ou de douter quand l’émotion ou le sentiment religieux déclinent ou même disparaissent de nos vies comme cela arrive inévitablement. L’aridité spirituelle – le fait de ne rien sentir dans sa vie de foi – est un évènement normal de la vie spirituelle, et cela peut être temporaire, ou prolongé. Les saints qui, pour bon nombre d’entre eux ont enduré une douloureuse aridité spirituelle pendant des dizaines d’années, nous enseignent que l’absence de sentiment religieux est la manière qu’a Dieu de purifier notre foi qui repose en définitive, non pas sur l’émotion, mais sur notre confiance dans l’autorité de la parole de Dieu.
Souvent, la foi au fond de nous, est mue par une profonde expérience qui nous propulse joyeusement dans notre relation à Dieu. Mais, alors que la puissance de ces expériences décline avec le temps, nous sommes obligés de faire confiance au fait que nous demeurons en communion avec Dieu, alors même que Sa présence semble disparaître. Notre situation se rapproche de celle des apôtres : pendant 3 ans, ils ont expérimenté directement la présence du Christ, et la joie et la sécurité qu’elle leur apportait. Mais après sa mort et sa résurrection, ils ont appris (grâce à Thomas) que ce n’est pas le sentiment, mais la confiance pure qui constitue la foi. « Tu as cru parce que tu avais vu. Bienheureux celui qui croit sans avoir vu. » (Jean XX 29)
Parce que Dieu est réel et non le produit de nos émotions, nous savons qu’Il entend nos prières, et qu’il nous est présent, même si nous ne Le « sentons » pas. Nos cœurs impatients doivent continuer à tendre vers Dieu sachant que Lui seul est leur terme et leur accomplissement. On montre souvent le contraste entre le culte catholique, plus stoïque, et l’énergie de certains offices protestants. Les différents styles sont des chemins de foi ; Le sentiment religieux en soi ne constitue ni ne mesure la foi qui règne dans la communauté ou dans les individus. La vraie vitalité de notre foi dépend du degré de notre confiance en Dieu, et de notre adhésion à la Révélation. Quand notre confiance et notre adhésion sont assez fortes pour que nous nous donnions entièrement à Dieu, alors nous avons dans notre cœur l’amour de Dieu. Et l’amour n’est pas seulement un sentiment, il est aussi action et engagement.
Le Père Gabriel, carme à Sainte Marie Magdeleine, écrit que « ce n’est pas la joie que l’âme peut éprouver qui enflamme notre amour, mais plutôt la ferme détermination de notre volonté de se donner entièrement à Dieu ». La foi nous unit à l’amour de Dieu. Inutile de nous tourmenter du manque d’émotion religieuse dans notre vie, et inutile de penser que notre expérience religieuse privilégiée devrait être partagée par tout le monde. L’amour vrai résiste au flux de toutes les émotions parce qu’il est ancré dans l’espérance en Dieu qui nous a faits pour Lui.

David Bonagura, professeur de théologie au séminaire Saint Joseph à New à New York

BENOÎT XVI : ART ET PRIÈRE

8 mai, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110831_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Castel Gandolfo

Mercredi 31 août 2011

ART ET PRIÈRE

Chers frères et sœurs,

Ces derniers temps, j’ai rappelé à plusieurs reprises la nécessité pour chaque chrétien de trouver du temps pour Dieu, pour la prière, parmi les nombreuses préoccupations qui remplissent nos journées. Le Seigneur lui-même nous offre de nombreuses occasions pour que nous nous souvenions de Lui. Aujourd’hui, je voudrais m’arrêter brièvement sur l’une des voies qui peuvent nous conduire à Dieu et nous aider également à le rencontrer: c’est la voie des expressions artistiques, qui font partie de la via pulchritudinis — «voie de la beauté» — dont j’ai parlé à plusieurs reprises et dont l’homme d’aujourd’hui devrait retrouver la signification la plus profonde.
Il vous est sans doute parfois arrivé, devant une sculpture ou un tableau, les vers d’une poésie ou en écoutant un morceau de musique, d’éprouver une émotion intime, un sentiment de joie, c’est-à-dire de ressentir clairement qu’en face de vous, il n’y avait pas seulement une matière, un morceau de marbre ou de bronze, une toile peinte, un ensemble de lettres ou un ensemble de sons, mais quelque chose de plus grand, quelque chose qui «parle», capable de toucher le cœur, de communiquer un message, d’élever l’âme. Une œuvre d’art est le fruit de la capacité créative de l’être humain, qui s’interroge devant la réalité visible, s’efforce d’en découvrir le sens profond et de le communiquer à travers le langage des formes, des couleurs, des sons. L’art est capable d’exprimer et de rendre visible le besoin de l’homme d’aller au-delà de ce qui se voit, il manifeste la soif et la recherche de l’infini. Bien plus, il est comme une porte ouverte vers l’infini, vers une beauté et une vérité qui vont au-delà du quotidien. Et une œuvre d’art peut ouvrir les yeux de l’esprit et du cœur, en nous élevant vers le haut.
Mais il existe des expressions artistiques qui sont de véritables chemins vers Dieu, la Beauté suprême, et qui aident même à croître dans notre relation avec Lui, dans la prière. Il s’agit des œuvres qui naissent de la foi et qui expriment la foi. Nous pouvons en voir un exemple lorsque nous visitons une cathédrale gothique: nous sommes saisis par les lignes verticales qui s’élèvent vers le ciel et qui attirent notre regard et notre esprit vers le haut, tandis que, dans le même temps, nous nous sentons petits, et pourtant avides de plénitude… Ou lorsque nous entrons dans une église romane: nous sommes invités de façon spontanée au recueillement et à la prière. Nous percevons que dans ces splendides édifices, est comme contenue la foi de générations entières. Ou encore, lorsque nous écoutons un morceau de musique sacrée qui fait vibrer les cordes de notre cœur, notre âme est comme dilatée et s’adresse plus facilement à Dieu. Il me revient à l’esprit un concert de musiques de Jean Sébastien Bach, à Munich, dirigé par Leonard Berstein. Au terme du dernier morceau, l’une des Cantate, je ressentis, non pas de façon raisonnée, mais au plus profond de mon cœur, que ce que j’avais écouté m’avait transmis la vérité, la vérité du suprême compositeur, et me poussait à rendre grâce à Dieu. A côté de moi se tenait l’évêque luthérien de Munich et, spontanément, je lui dis: «En écoutant cela, on comprend que c’est vrai; une foi aussi forte est vraie, de même que la beauté qui exprime de façon irrésistible la présence de la vérité de Dieu. Mais combien de fois des tableaux ou des fresques, fruit de la foi de l’artiste, dans leurs formes, dans leurs couleurs, dans leur lumière, nous poussent à tourner notre pensée vers Dieu et font croître en nous le désir de puiser à la source de toute beauté. Ce qu’a écrit un grand artiste, Marc Chagall, demeure profondément vrai, à savoir que pendant des siècles, les peintres ont trempé leur pinceau dans l’alphabet coloré qu’est la Bible. Combien de fois, alors, les expressions artistiques peuvent être des occasions de nous rappeler de Dieu, pour aider notre prière ou encore la conversion du cœur! Paul Claudel, célèbre poète, dramaturge et diplomate français, ressentit la présence de Dieu dans la Basilique Notre-Dame de Paris, en 1886, précisément en écoutant le chant du Magnificat lors de la Messe de Noël. Il n’était pas entré dans l’église poussé par la foi, il y était entré précisément pour chercher des arguments contre les chrétiens, et au lieu de cela, la grâce de Dieu agit dans son cœur.
Chers amis, je vous invite à redécouvrir l’importance de cette voie également pour la prière, pour notre relation vivante avec Dieu. Les villes et les pays dans le monde entier abritent des trésors d’art qui expriment la foi et nous rappellent notre relation avec Dieu. Que la visite aux lieux d’art ne soit alors pas uniquement une occasion d’enrichissement culturel — elle l’est aussi — mais qu’elle puisse devenir surtout un moment de grâce, d’encouragement pour renforcer notre lien et notre dialogue avec le Seigneur, pour nous arrêter et contempler — dans le passage de la simple réalité extérieure à la réalité plus profonde qu’elle exprime — le rayon de beauté qui nous touche, qui nous «blesse» presque au plus profond de notre être et nous invite à nous élever vers Dieu. Je finis par une prière d’un Psaume, le psaume 27: «Une chose qu’au Seigneur je demande, la chose que je cherche, c’est d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, de savourer la douceur du Seigneur, de rechercher son palais» (v. 4). Espérons que le Seigneur nous aide à contempler sa beauté, que ce soit dans la nature ou dans les œuvres d’art, de façon à être touchés par la lumière de son visage, afin que nous aussi, nous puissions être lumières pour notre prochain. Merci

The crucified glory

7 mai, 2014

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http://imgarcade.com/1/gero-crucifix/

MÉDITATION DU CARD. LUSTIGER: « LA NUIT DU JEUDI SAINT, PRIEZ LA NUIT ! »

7 mai, 2014

http://www.zenit.org/fr/articles/meditation-du-card-lustiger-la-nuit-du-jeudi-saint-priez-la-nuit

MÉDITATION DU CARD. LUSTIGER: « LA NUIT DU JEUDI SAINT, PRIEZ LA NUIT ! »

Extraits publiés sur le site du diocèse de Paris

12 avril 2001

ROME, Jeudi 12 avril 2001 (ZENIT.org) – « En cette anticipation de l´épreuve qui doit venir, désirez que la Passion nous soit douce : d´abord, le Salut reçu ! », invite l´archevêque de Paris, en ce Jeudi Saint.

« Je vous invite à prier les Jours Saints », c´est sous ce titre que les méditations du cardinal Jean-Marie Lustiger sont publiées par le site (http://catholique-paris.cef.fr). Nous reprenons ci-dessous les méditations pour le Jeudi Saint et pour le Vendredi Saint.
L´intégralité du texte est publié dans l´hebdo de l´Eglise de Paris: « Paris-Notre Dame » (Contact: ++ 33 (0)1 56 56 44 11).
La méditation du Jeudi saint s´achève par cette autre invitation: « La nuit du Jeudi Saint, priez la nuit ! »

Le Jeudi Saint
« Le mystère de la croix nous est déjà donné dans sa plénitude puisque le Christ offre et célèbre au Cénacle le sacrifice qu´il va accomplir le lendemain sur la Croix. Vraiment, c´est une bénédiction que l´institution de l´Eucharistie ait lieu avant la Passion. Le Seigneur nous instruit et donne d´abord à son Eglise, constituée par les Douze, la réalité sacramentelle de l´Amour, du pardon, de la Rédemption, le Sacrifice de l´Alliance nouvelle en son sang, avant de les entraîner, à sa suite, dans l´offrande de sa vie par le supplice de la croix. Comment réagirions-nous si nous étions face au Crucifié sans avoir d´abord reçu l´Eucharistie ? Probablement comme les passants qui, regardant la croix, sont pris dans les ténèbres (cf. Luc 23, 44), foudroyés par l´incompréhensible signe dressé entre ciel et terre.
L´attitude spirituelle du Jeudi Saint nous demande d´accepter la bénédiction que représente l´Eucharistie, dans la mémoire de la délivrance d´Israël. Dieu fait naître en nous la joie profonde de l´action de grâce. Demandez alors à Dieu, avec force, la grâce de le bénir dans l´Eucharistie et de recevoir le Corps livré et le Sang versé comme un don de paix, de bénédiction et de réconciliation.
En cette anticipation de l´épreuve qui doit venir, désirez que la Passion nous soit douce : d´abord, le Salut reçu ! Qu´elle nous soit communion et union au Christ, lui qui est « avec nous, tous les jours jusqu´à la fin des temps » (Mt 28, 20). Le mystère eucharistique nous est « transmis », nous dit saint Paul, pour constituer l´Eglise tout au long de l´Histoire.
- Le Christ nous donne son Corps et son Sang, vraie nourriture, vrai breuvage, Pain de Vie, gage de résurrection ultime.
- L´Esprit saisit nos corps mortels, nous donne la Vie, nous transfigure, nous divinise.
Voici, au-delà de notre sensibilité et de ses obscurcissements, le signe et le gage de la Présence du Seigneur donnée à son Eglise et gardée dans son Eglise par son acte liturgique.
Rendez grâce ce jour-là, même si, pour quelque motif que ce soit, votre peine est grande ! Ne vous laissez pas accabler. Avec le Christ, rendez grâce. Epousez l´action de grâce de tout le peuple de Dieu. Laissez-vous porter par cette vague d´action de grâce, par les psaumes du Hallel (113 à 118) que le Christ chante cette nuit-là. Laissez cette action de grâce monter de plus loin que vous et vous porter au-delà de vous-mêmes. Car, à ce moment-là, vous accomplissez le mystère sacerdotal du peuple de Dieu.
Le Jeudi Saint, il vaut la peine de méditer la trahison de Judas. Ne pas prendre ce récit avec horreur, mais comprendre par la foi que cette trahison est le signe déchiffrable de la réalité du péché – infidélité, rupture, division – qui mène le Christ à la Croix. Et, pourtant, Judas n´est pas d´un autre bois que les Onze. Judas demeure pour nous un frère aimé et perdu que nous ne devons pas exécrer. Si Pierre pleure et reçoit la miséricorde, Judas désespère et se détruit. Mais c´est le secret de Dieu de savoir où l´a conduit son désespoir et jusqu´où l´amour du Rédempteur va le chercher. Le Christ l´a aimé et est mort pour lui aussi. Le Christ, descendu aux enfers, a parcouru tous les abîmes de la mort. Judas, brebis perdue, aurait-il le pouvoir de se dérober au Bon Pasteur qui veut le retrouver ? La trahison de Judas nous permet de mesurer la gravité de notre péché, d´éclairer le véritable enjeu de nos choix face à l´amour du Christ. A cet égard, le verset 23 « Et eux (les Douze) se mirent à se demander quel était donc parmi eux celui qui allait faire cela » est remarquable. Tous se jugent donc capables de trahir ! Ils sont moins sûrs d´eux-mêmes que nous.

La nuit du Jeudi Saint, priez la nuit ! »

JE LOUE (MÉDITATION SUR LE PSAUME 30)

7 mai, 2014

http://www.lueur.org/textes/je-loue.html

JE LOUE (MÉDITATION SUR LE PSAUME 30)

Psaume 30 :

2 Je te loue, ô Eternel car tu m’as tiré du gouffre
Tu n’as pas permis que mes ennemis rient à mes dépens.
3 Eternel, mon Dieu, je t’ai appelé à mon aide, et tu m’as guéri :
4 Eternel tu m’as retiré de la mort, tu m’as rendu à la vie, quand j’allais vers le tombeau.
5 Chantez donc à l’Eternel, vous qui êtes ses fidèles !
Apportez lui vos louanges, proclamez sa Sainteté !
6 Son courroux dure un instant, sa faveur est pour la vie.
Car sa colère dure un instant, mais sa grâce toute la vie (Version Segond)
Si le soir, des pleurs subsistent, au matin la joie éclate.
7 Je vivais paisiblement, et je me disais  » je ne tomberais jamais »
8 Eternel,dans ta faveur tu avais fortifiée la montagne ou je demeure.
Tu t’es détourné de moi et je fus désemparé.
Tu cachas ta face (Version Segond)
9 J’ai crié vers toi, Eternel, et j’ai imploré ta grâce, ô Seigneur :
10 « Si je descends dans la tombe, si je meure, quel avantage en retires-tu ?
Celui qui n’est plus que poussière peut-il te louer encore ?
Peut-il proclamer ta fidélité ?
11 Ecoute, Eternel, aie pitié de moi, viens à mon aide ! »
12 Tu as transformé mes pleurs en une danse de joie et tu m’as ôté mes habits de deuil pour me revêtir d’un habit de fête,
13 afin que de tout mon cœur et sans me lasser, je te chante.
Eternel, mon Dieu, je te louerais à jamais.
(Version Bible du Semeur)

Le premier verset de ce texte et le dernier parlent de louange à l’Eternel.
Entre ces deux versets, il y a toutes les variations de la vie chrétienne, avec ses hauts et avec ses bas.
David se plaint que ses ennemis rient à ses dépends (v2) : quelles difficultés ne rencontrons-nous pas nous-mêmes dans notre témoignage chrétien ?
- Combien de fois rejetés ?
- Combien de fois a-t-on dû supporter la moquerie, y compris de ceux qui nous sont proches et parfois très chers.
- D’autres fois l’incompréhension et le rejet de la part de ceux que nous voulions aider, nous ont laissé perplexes et frustrés.
David parle également de sa descente vers le tombeau (v10). Nous savons combien de fois David a risqué sa vie, face à la multitude d’ennemis qui l’entouraient, mais dans le cas présent ne s’agit-il pas plutôt de péchés dans sa vie qui l’entraînaient vers la mort ?
- Voilà un autre aspect de notre vie de chrétien, celui ou nous réalisons notre faiblesse et notre impossibilité à être tel que Dieu le souhaiterait !
- Sentiment d’échec, culpabilité parfois, découragement…
« Je ne tomberais jamais » (v7) Présomption lorsque nous comptons sur nos propres forces, nos propres capacités, nos propres compétences. Et bien que le sachant, qui parmi nous peut dire aujourd’hui qu ‘il n’est jamais tombé dans ce travers ? – présomption dans notre aptitude à vivre notre vie de chrétien
- présomption dans la nature de nos relations ( dans la communauté fraternelle )
- présomption dans notre service pour le Seigneur
- etc…
Dieu qui cache sa face ! (v8)
- Je suis dans l’épreuve, dans la difficulté ( familiale, au niveau de la santé, financièrement, professionnellement etc…) et c’est le désert !
- Ou est Dieu ? Il semble que je ne reçoive pas de réponse à mes prières…
- Il semble que les jours se suivent sans qu’il n’y ait de bénédictions particulières.
- Dieu a-t-Il encore des yeux pour voir et des oreilles pour entendre ?
- Notre foi est ébranlée ! Et plutôt que d’y voir un moyen de pédagogie de la part de Dieu qui veut que nous lui fassions confiance en toute circonstances, nous sommes assaillis par le doute et nous lui laissons prendre toute la place dans notre vie.
On a bien là tout les aspects de la vie qui avance en « dents de scie », et qui nous renvoie à notre réalité humaine faible, inconstante, irrégulière ou les peurs, les craintes, les faiblesses, les échecs quelque fois répétés sont omni- présents…
Pourtant, il y a quelque chose de linéaire, de droit, d’intouchable dans nos vies et c’est l’invitation que nous lance l’Eternel lui-même dans les versets du début et de la fin de ce psaume : je te loue Eternel…de tout mon cœur, sans me lasser, je te chante. Eternel, mon Dieu, je te louerais à jamais…
L’Eternel fait GRACE. Ma vie est GRACE en l’Eternel. Je sais que je peux renvoyer dans le camp de Dieu tout ce qui est problème dans ma vie.
C’est Lui qui me délivrera de mes peurs, qui affermira mon pied qui chancelle, qui me relèvera de mes fautes, qui me remplira de compassion pour ceux qui me font souffrir : Eternel, je t’ai appelé à mon aide et tu m’as guéri.(v3)
Ainsi ma vie est faite de soirs qui pleurent, mais aussi de matins où ma joie éclate !
Ce qui est droit et ferme dans ma vie, c’est l’expression, en vérité, devant Dieu, de ce que je suis (je me montre à Lui tel que je suis).
Accepter d’être transparent devant Dieu, accepter de le laisser percer ma personnalité dans toute sa profondeur, sans me garder un jardin secret est une forme de louange qui, quelque soit les circonstances que je traverse est là pour le glorifier !
Mes soirs qui pleurent glorifient le Seigneur. A condition qu’ils ne se transforment pas en apitoiement sur moi-même.
Mes matins qui chantent également !
Nous pouvons conclure cette méditation par le verset 13 du psaume :
…Que de tout mon coeur et sans me lasser, je te chante. Eternel, mon Dieu, je te louerais à jamais…

L’icône de la joie inattendue

6 mai, 2014

L'icône de la joie inattendue dans images sacrée gioiainattesa-1

http://www.reginamundi.info/icone/gioiainattesa.asp

PUISQU’IL EST SANS NOM.. .

6 mai, 2014

http://www.dieumaintenant.com/puisquilestsansnom.html

PUISQU’IL EST SANS NOM..
.
JEAN-CLAUDE CAILLAUX

 » Qui est Dieu pour vous ?  » demande le philosophe. Pour les croyants, à cette question peut-être n’y a-t-il d’autre réponse que celle esquissée ici et prononcée dans un murmure : « Je l’aime, je l’aime… »

Dans une de ses nouvelles intitulée Joie, Isaac B. Singer, cet aïeul débordant de souvenirs, raconte la mort du rabbin Bainish. Au seuil de la chambre où il s’était couché, le rabbin vit ses enfants et son père que retenait un mystérieux et invisible obstacle. De chacun d’eux émanait une lumière différente. « C’est donc cela, pensa le rabbin. Eh bien, à présent, je comprends tout… » Sa femme sanglotait, il voulut la consoler, mais eut juste le temps de murmurer pour son disciple le plus proche : « On devrait toujours être joyeux… » Ce furent ses dernières paroles.

Et cette femme, romancière, face à face avec le vieux philosophe, dans un de ces salons qui travestissent et révèlent à la fois…
« Qui est Dieu pour vous ? » questionne le philosophe.
La femme recherche en sa mémoire les définitions, les certitudes acquises. Pour répéter… ces abstractions qui tiennent lieu de présence… Le philosophe écoute, attentif et surpris. Silencieux.
« Et pour vous ? » risque la romancière.
Silence.
Puis en un murmure, – éblouissant plus que l’aube visitant la nuit : « Je l’aime, je l’aime… »

Un homme habité – comme l’eau de la fontaine vibrante de soleil -, parce que traversé par l’assaut de ce soleil invisible inconnu de la plupart.
Qui du sein de son savoir découvre le silence – comme s’engendre au cœur de la nuit le sourire de lumière qui parle de l’obscur.

Qui porte trace de la blessure : fascinante est la brûlure.
Qui aime…
Ce Dieu…
Comme la source, et ce grand vent transfigurant qui passe en nos visages.

Oui comme la source, cristal du désert qu’en nous l’enfant désire chemin mystérieux qui va vers l’intérieur.
D’où jaillissent en nos racines l’espérance et l’amour. Et la joie.

Et point n’est besoin de m’appeler Dmitri Fiodorovitch Karamazov pour m’écrier : « Vive Dieu et sa joie divine. Je l’aime. »

Jean-Claude Caillaux

 

BENOÎT XVI: LE ‘GRAND HALLEL’, PSAUME 136 (135)

6 mai, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20111019_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

PLACE SAINT-PIERRE

MERCREDI 19 OCTOBRE 2011

LE ‘GRAND HALLEL’, PSAUME 136 (135)

Chers frères et sœurs,

je voudrais méditer aujourd’hui avec vous sur un Psaume qui résume toute l’histoire du salut dont l’Ancien Testament nous apporte le témoignage. Il s’agit d’un grand hymne de louange qui célèbre le Seigneur dans les manifestations multiples et répétées de sa bonté tout au long de l’histoire des hommes : c’est le Psaume 136 — ou 135 selon la tradition gréco-latine.
Prière solennelle d’action de grâce, connu comme le « Grand Hallel », ce Psaume est chanté traditionnellement à la fin du repas pascal juif et a probablement été prié également par Jésus lors de la dernière Pâque célébrée avec les disciples ; c’est à lui en effet que semble faire allusion l’annotation des évangélistes : « Après le chant des psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers » (cf. Mt 26, 30; Mc 14, 26). L’horizon de la louange illumine ainsi le chemin difficile du Golgotha. Tout le Psaume 136 se déroule sous forme de litanie, rythmée par la répétition de l’antienne « car éternel est son amour ». Tout au long de la composition, sont énumérés les nombreux prodiges de Dieu dans l’histoire des hommes et ses interventions constantes en faveur de son peuple ; et à chaque proclamation de l’action salvifique du Seigneur répond l’antienne avec la motivation fondamentale de la louange : l’amour éternel de Dieu, un amour qui, selon le terme hébreu utilisé, implique fertilité, miséricorde, bonté, grâce, tendresse. Tel est le motif unifiant de tout le Psaume, répété toujours sous la même forme, tandis que changent ses manifestations ponctuelles et paradigmatiques : la création, la libération de l’exode, le don de la terre, l’aide providentielle et constante du Seigneur à l’égard de son peuple et de chaque créature.
Après une triple invitation à l’action de grâce au Dieu souverain (vv. 1-3), on célèbre le Seigneur comme Celui qui a fait « des merveilles » (v. 4), dont la première est la création : le ciel, la terre, les étoiles (vv. 5-9). Le monde créé n’est pas un simple scénario dans lequel s’inscrit l’action salvifique de Dieu, mais c’est le début même de cette action merveilleuse. Avec la création, le Seigneur se manifeste dans toute sa bonté et sa beauté, il se compromet avec la vie, révélant une volonté de bien dont jaillit toute autre action de salut. Et dans notre Psaume, faisant écho au premier chapitre de la Genèse, le monde créé est synthétisé dans ses éléments principaux, en insistant en particulier sur les astres, le soleil, la lune, les étoiles, créatures magnifiques qui gouvernent le jour et la nuit. On ne parle pas ici de la création de l’être humain, mais il est toujours présent ; le soleil et la lune sont pour lui — pour l’homme — pour rythmer le temps de l’homme, le mettant en relation avec le Créateur en particulier à travers l’indication des temps liturgiques.
C’est précisément la fête de Pâques qui est évoquée immédiatement après lorsque, passant à la manifestation de Dieu dans l’histoire, commence le grand événement de la libération de l’esclavage de l’Egypte, de l’exode, retracé dans ses éléments les plus significatifs : la libération de l’Egypte avec la plaie des premiers-nés égyptiens, le départ de l’Egypte, le passage de la Mer Rouge, le cheminement dans le désert jusqu’à l’entrée en terre promise (vv. 10-20). Nous nous trouvons au moment originel de l’histoire d’Israël. Dieu est intervenu à travers toute sa puissance pour conduire son peuple à la liberté; à travers Moïse, son envoyé, il s’est imposé au pharaon, se révélant dans toute sa grandeur et, enfin, a écrasé la résistance des Egyptiens par le terrible fléau de la mort des premiers-nés. Ainsi, Israël peut quitter le pays de l’esclavage, avec l’or de ses oppresseurs (cf. Ex 12, 35-36), « sortant la main haute » (Ex 14, 8), sous le signe exultant de la victoire. Au bord de la Mer rouge également, le Seigneur agit avec une puissance miséricordieuse. Devant un peuple d’Israël effrayé à la vue des Egyptiens qui le poursuivent, au point de regretter d’avoir quitté l’Egypte (cf. Ex 14, 10-12), Dieu, comme le dit notre Psaume, « sépara en deux parts la mer des Joncs… fit passer Israël en son milieu… Y culbutant pharaon et son armée » (vv. 13-15). L’image de la Mer rouge « séparée en deux » semble évoquer l’idée de la mer comme un grand monstre qui est coupé en deux morceaux et est rendu ainsi inoffensif. La puissance du Seigneur vainc le danger des forces de la nature et des forces militaires déployées par les hommes: la mer, qui semblait barrer la route au peuple de Dieu, laisse passer Israël au sec, puis se referme sur les Egyptiens, les emportant. « La main forte et le bras étendu » du Seigneur (cf. Dt 5, 15; 7, 19; 26, 8) se montrent ainsi dans toute leur force salvifique: l’oppresseur injuste a été vaincu, englouti par les eaux, tandis que le peuple de Dieu « passe en son milieu » pour poursuivre son chemin vers la liberté.
Notre Psaume fait à présent référence à ce chemin, en rappelant par une phrase très brève le long pèlerinage d’Israël vers la terre promise : « Il mena son peuple au désert, car éternel est son amour ! » (v. 16). Ces quelques mots contiennent une expérience de quarante ans, un temps décisif pour Israël qui, se laissant guider par le Seigneur, apprend à vivre de la foi, dans l’obéissance et dans la docilité à la loi de Dieu. Ce sont des années difficiles, marquées par la dureté de la vie dans le désert, mais aussi des années heureuses, de confiance dans le Seigneur, de confiance filiale; c’est le temps de la « jeunesse » comme le définit le prophète Jérémie en parlant à Israël, au nom du Seigneur, avec des expressions pleines de tendresse et de nostalgie : « Je me rappelle l’affection de ta jeunesse, l’amour de tes fiançailles, alors que tu marchais derrière moi au désert, dans une terre qui n’est pas ensemencée » (Jr 2, 2). Le Seigneur, comme le pasteur du Psaume 23 que nous avons contemplé dans une catéchèse, a guidé son peuple pendant quarante ans, l’a éduqué et aimé, le conduisant jusqu’à la terre promise, vainquant également les résistances et l’hostilité de peuples ennemis qui voulaient faire obstacle à son chemin de salut (cf. vv. 17-20).

Dans l’énumération des « grandes merveilles » que notre Psaume énonce, on parvient ainsi au moment du don conclusif, dans l’accomplissement de la promesse divine faite aux pères : « Il donna leur terre en héritage, car éternel est son amour ! En héritage à Israël son serviteur, car éternel est son amour ! » (vv. 21-22). Dans la célébration de l’amour éternel du Seigneur, on fait à présent mémoire du don de la terre, un don que le peuple doit recevoir sans jamais en prendre possession, vivant continuellement dans une attitude de recueillement reconnaissant et plein de gratitude. Israël reçoit le territoire dans lequel habiter comme « héritage », un terme qui désigne de manière générique la possession d’un bien reçu d’un autre, un droit de propriété qui, de manière spécifique, fait référence au patrimoine paternel. Une des prérogatives de Dieu est de « donner » ; et à présent, à la fin du chemin de l’exode, Israël, destinataire du don, comme un fils, entre dans le pays de la promesse accomplie. Le temps du vagabondage, sous les tentes, dans une vie marquée par la précarité, est fini. A présent a commencé le temps heureux de la stabilité, de la joie de construire des maisons, de planter les vignes, de vivre dans la sécurité (cf. Dt 8, 7-13). Mais c’est également le temps de la tentation de l’idolâtrie, de la contamination avec les païens, de l’autosuffisance qui fait oublier l’Origine du don. C’est pourquoi le psalmiste mentionne l’humiliation et les ennemis, une réalité de mort dans laquelle le Seigneur, encore une fois, se révèle comme le Sauveur : « Il se souvint de nous dans notre abaissement, car éternel est son amour ! Il nous sauva de la main des oppresseurs, car éternel est son amour ! » (vv. 23-24).
Dès lors se pose la question: comment pouvons-nous faire de ce Psaume une prière qui soit nôtre, comment pouvons-nous nous approprier, par notre prière, de ce Psaume ? Le cadre du Psaume est important, au début et à la fin : c’est la création. Nous reviendrons sur ce point: la création comme le grand don de Dieu dont nous vivons, dans lequel il se révèle dans sa bonté et sa grandeur. Et donc, avoir à l’esprit la création comme don de Dieu est un point qui nous est commun à tous. Vient ensuite l’histoire du salut. Naturellement, nous pouvons dire: cette libération de l’Egypte, le temps du désert, l’entrée en Terre Sainte puis les autres problèmes, sont très loin de nous, ils n’appartiennent pas à notre histoire. Mais nous devons être attentifs à la structure fondamentale de cette prière. La structure fondamentale est qu’Israël se rappelle de la bonté du Seigneur. Dans cette histoire, il y a beaucoup de vallées obscures, il y a beaucoup de moments marqués par la difficulté et la mort, mais Israël se rappelle que Dieu était bon et qu’il peut survivre dans cette vallée obscure, dans cette vallée de la mort, parce qu’il se souvient. Il garde en mémoire la bonté du Seigneur, de sa puissance ; sa miséricorde vaut pour l’éternité. Et cela est important pour nous aussi : garder en mémoire la bonté du Seigneur. La mémoire devient force de l’espérance. La mémoire nous dit : Dieu existe, Dieu est bon, éternelle est sa miséricorde. Et ainsi, la mémoire ouvre, même dans l’obscurité d’un jour, d’un temps, la route vers l’avenir : elle est lumière et étoile qui nous guide. Nous avons nous aussi une mémoire du bien, de l’amour miséricordieux, éternel de Dieu. L’histoire d’Israël appartient déjà à notre mémoire aussi, la mémoire de la façon dont Dieu s’est montré, a créé son peuple. Puis Dieu s’est fait homme, l’un d’entre nous : il a vécu avec nous, il a souffert avec nous, il est mort pour nous. Il reste avec nous dans le Sacrement et dans la Parole. C’est une histoire, une mémoire de la bonté de Dieu qui nous assure sa bonté: son amour est éternel. Et puis aussi en ces deux mille ans de l’histoire de l’Eglise, il y a toujours, à nouveau, la bonté du Seigneur. Après la période obscure de la persécution nazie et communiste, Dieu nous a libérés, il a montré qu’il est bon, qu’il a de la force, que sa miséricorde vaut pour toujours. Et, comme dans l’histoire commune, collective, est présente cette mémoire de la bonté de Dieu, elle nous aide, elle devient étoile de l’espérance, ainsi, chacun aussi a son histoire personnelle de salut, et nous devons réellement tirer profit de cette histoire, avoir toujours à l’esprit la mémoire des grandes choses qu’il a faites dans ma vie aussi, pour avoir confiance : sa miséricorde est éternelle. Et si aujourd’hui, je suis dans la nuit obscure, demain, Il me libère car sa miséricorde est éternelle.
Revenons au Psaume, parce que, à la fin, il revient à la création. Le Seigneur — c’est ce qui est dit — « à toute chair, il donne le pain, éternel est son amour ! » (n. 25). La prière du Psaume se conclut par une invitation à la louange : « Rendez grâce au Dieu du ciel, éternel est son amour ! ». Le Seigneur est le Père bon et prévoyant, qui donne son héritage à ses fils et offre à tous la nourriture pour vivre. Le Dieu qui a créé les cieux et la terre et les grandes lumières célestes, qui entre dans l’histoire des hommes pour conduire au salut tous ses enfants est le Dieu qui comble l’univers de sa présence de bien en étant attentif à la vie et en donnant du pain. La puissance invisible du Créateur et Seigneur chantée dans le Psaume se révèle dans la petite visibilité du pain qu’il nous donne, avec lequel il nous fait vivre. Et ainsi, ce pain quotidien symbolise et synthétise l’amour de Dieu comme Père, et nous ouvre à l’accomplissement néo-testamentaire, à ce « pain de vie », l’Eucharistie, qui nous accompagne dans notre existence de croyants, en anticipant la joie définitive du banquet messianique au Ciel.
Frères et sœurs, la louange de bénédiction du Psaume 136 nous a fait reparcourir les étapes les plus importantes de l’histoire du salut, jusqu’à parvenir au mystère pascal, où l’action salvifique de Dieu arrive à son sommet. Avec une joie reconnaissante nous célébrons donc le Créateur, Sauveur et Père fidèle, qui « a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle » (Jn 3, 16). Dans la plénitude des temps, le Fils de Dieu se fait homme pour donner la vie, pour le salut de chacun de nous, et il se donne comme pain dans le mystère eucharistique pour nous faire entrer dans son alliance qui fait de nous ses fils. C’est à ce point que s’élève la bonté miséricordieuse de Dieu et la sublimité de son « amour pour toujours ».
Je veux donc conclure cette catéchèse en faisant miennes les paroles que saint Jean écrit dans sa Première Lettre et que nous devrions toujours avoir à l’esprit dans notre prière : « Voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés fils de Dieu — et nous le sommes » (1 Jn 3, 1). Merci.

 

The dove symbolizes the Holy Spirit, and the book symbolizes Scripture, Belgrade

5 mai, 2014

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FIDÉLITÉ DE DIEU ET GRANDEUR DE L’HOMME. RETRAITE À TIMADEUC

5 mai, 2014

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FIDÉLITÉ DE DIEU ET GRANDEUR DE L’HOMME. RETRAITE À TIMADEUC

Sr Marie-Pascale Gounon

Esprit & Vie n°231 – janvier 2011, p. 23-25.

Maurice Zundel (1897-1975), prêtre suisse méconnu de son vivant, est l’un des grands spirituels de notre temps, à la fois poète, mystique, théologien, philosophe. D’une immense culture, il n’appartient à aucune école. Proche de François d’Assise, il puise dans tous les courants théologiques, philosophiques et les avancées scientifiques contemporains. Tout cela assimilé pour délivrer un message original aux chercheurs de Dieu.
Cet ouvrage est la transcription inédite d’une retraite prêchée aux trappistes de Timadeuc en 1973, après celle au Vatican l’année précédente : Quel homme et quel Dieu, publiée à la demande de Paul VI. En cette période de turbulences, l’abbé Zundel ne s’appesantissait pas sur les problèmes de l’heure, mais posait deux questions : « De quel homme parlons-nous ? et de quel Dieu ? » Serons-nous « toujours davantage, un simple regard d’amour vers Lui », pour être et vivre comme Dieu-Trinité ? On a là l’essentiel de la doctrine de Zundel : fidélité de Dieu et grandeur de l’homme dans sa recherche de vérité, de pauvreté, de liberté sans oublier qu’il a prêché d’exemple.
Pour lui, l’homme devient homme en prenant conscience de son inviolabilité fondée dans la révélation par Dieu de sa vie trinitaire. Cette inviolabilité, c’est Dieu au-dedans de nous, mais on ne l’y rencontre « qu’en entrant jusqu’au fond du silence », dans un engagement de tout l’être à sortir de soi, à tendre « notre oreille vers le cœur de Dieu qui bat dans le nôtre ». « Dieu est Amour, c’est que Dieu trouve dans son intimité l’Autre à qui se donner. […] Dieu ne se possède pas : il se donne […]. Il est tout dans l’Être parce qu’il n’a rien dans l’avoir. »
Zundel aborde les problèmes existentiels, le regard toujours tourné vers la Trinité.
L’enfer ? Il ne s’agit pas de notre sort, mais de la vie de Dieu en nous, de la fragilité de son amour lié à notre réponse. « Aimer Dieu, c’est vouloir Le protéger contre nous-mêmes » (p. 76). Le mal ? L’humilité de Dieu laisse à l’homme la possibilité de « se faire origine », c’est-à-dire oui ou non à son amour, leitmotiv de cette retraite. Ses différentes approches lèvent totalement l’ambiguïté parfois reprochée à Zundel : « En créant Dieu s’est fait l’esclave de la création et Il a traité les créatures intelligentes comme si chacune était son dieu. » Dans tout malheur, il se trouve du côté des victimes totalement innocent de ce qui arrive. La croix et l’agonie de notre Seigneur sont les seules réponses : « Ce sommet qui est l’Incarnation définitive et indépassable en Jésus de Nazareth. […] La désappropriation infinie qui constitue la personnalité du Verbe. » Elle est inouïe, insensée à qui n’est pas chrétien et pourtant chemin normal des communications de « Dieu réellement présent dans une humanité qui le laisse transparaître ».
La Rédemption ? « Nous ne connaissons Dieu que dans la mesure où nous entrons dans la réalité de notre être sous ses auspices […] et, en l’entraînant avec nous, nous ne sommes plus qu’un élan vers Lui. » La rédemption, c’est notre Seigneur qui écrit dans l’histoire cette équation sanglante : « Au regard de Dieu, l’homme égale Dieu !… » Dieu en Christ pèse la vie humaine au poids de sa propre Vie à cause du lien nuptial tissé par Dieu entre lui et l’humanité mais qui a été rompu par le péché. « La Rédemption ne signifie pas une rançon payée à quelqu’un, mais signifie que Dieu lui-même va faire contrepoids, par son amour, à tous les refus d’amour. » Dans la croix du Christ où Dieu s’est fait péché pour nous, éclate de manière incomparable l’éternelle pauvreté de Dieu « qui est la Vie de la Très Sainte Trinité », qui nous rend à la vie par notre libération.
Marie ? Inséparable de Joseph « en ces deux silences affrontés chez ces deux êtres qui vivent le plus grand amour du monde ». Marie « est née de Jésus avant qu’Il naisse d’elle ». L’aube de la Rédemption éclate dans l’Immaculée Conception et Marie « trace la voie à cette humanité qui ne sait plus qu’elle est sa fin ; elle lui trace la voie de sa grandeur ». Et lui révèle le sens de la maternité de Dieu dont elle tient la sienne.
Morale et fidélité
En abordant la question de la sexualité, Zundel établit une ligne de visée pour des hommes voués à la chasteté dans le célibat pour Dieu, permettant de vivre la sexualité sans la subir et d’envisager l’amour au niveau de l’esprit. Peut-être étrangère à la mentalité actuelle, sa réflexion au plan physique, psychique et spirituelle est riche de sens au niveau de la personne, de sa dignité, de « tout ce monde qui nous est confié ; c’est toute cette histoire que nous avons à réassumer pour l’achever, aujourd’hui, dans une offrande d’amour qui transfigure les vivants et qui ressuscite les morts ».
« Il s’agit de savoir ce qu’est l’homme, ce que nous avons à faire de nous-mêmes, si nous avons à nous créer ou pas ! […] une mystique, puisque c’est au cœur de la Trinité que notre liberté a son suprême secret. » Notre vie doit montrer « que nous sommes passionnés de grandeur humaine, et que cette passion coïncide avec notre passion pour Dieu ». Il faut prendre acte qu’une morale collective n’existe plus. Les deux guerres ont fait sauter tous les garde-fous, mais « rien n’est perdu, en ce sens que ces structures qui s’effondrent ne faisaient pas corps avec l’Évangile », cette nouveauté qui nous ramène toujours à l’origine, à notre devenir dans l’amour du Seigneur. « C’est ici, maintenant, dans le silence que nous avons à faire de nous un Bien universel. »
« Atteindre Dieu, vivre de Dieu, c’est vivre l’humanité par le sommet. » Affirmer la présence de Dieu dans une fidélité intégrale, réalise dans la même mesure la grandeur humaine. Pour étayer cette parole le prédicateur recourt à des exemples concrets tous pris en dehors du monde monastique illustrant la « voie de l’expérience » et concluant par cet axiome : « Il n’y a qu’une seule manière d’exister, c’est d’aimer ; d’aimer en donnant tout, et en commençant d’abord par se donner. »
Moine et prêtre
Pour M. Zundel, la vie monastique est une « sorte de synthèse entre le sacerdoce universel de toute l’Église et le sacerdoce ministériel ». Le moine exerce une mission apostolique par sa vie donnée, consacrée dans le silence qui de lui-même doit parler d’une Présence, d’une Vie qui ouvre le monde à Dieu. Le silence doit d’abord ordonner notre inconscient, l’évangéliser pour ôter les bruits parasites qui font obstacle à la présence de Dieu à la liberté intérieure qui permet à la vie monastique d’exercer sa mission jusqu’à être une vivante eucharistie qui révèle le secret d’amour que l’on porte en soi sans le savoir.
Jusqu’à la Pentecôte la personne de Jésus est l’Église. Depuis lors l’Église est sacrement de Jésus, signe de sa présence et qui la communique. Le sacerdoce qui reçoit la mission de donner Jésus en personne est une démission radicale du prêtre lui-même le faisant participer à la joie de la divine pauvreté.
Comme le dit la quatrième de couverture : « Avec son talent oratoire, son style inimitable, la force de ses convictions puisées dans le silence intérieur et la méditation, Zundel offre dans cette retraite un parcours passionnant sur la vie chrétienne. »

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