Archive pour le 13 mai, 2014

Saint Matthias Apostle

13 mai, 2014

Saint Matthias Apostle dans images sacrée st_matthias_by_rubens

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SAINT MATHIAS, APOTRE – 14 MAI

13 mai, 2014

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome01/047.htm

LA LÉGENDE DORÉE

SAINT MATHIAS, APOTRE – 14 MAI

Mathias est un nom hébreu qui signifie donné par Dieu, ou donation du Seigneur, ou humble, petit, car il fut donné par le Seigneur quand il le choisit, et le sépara du monde et en fit un des soixante-douze disciples. Il fut donation du Seigneur quand; ayant été choisi par le sort, il mérita d’être du nombre des apôtres. Il fut petit, car toujours il garda une véritable humilité. Il y a trois sortes d’humilité, dit saint Ambroise : la première d’affliction quand quelqu’un est humilié ; la seconde de considération qui vient de la considération de (315) soi; la troisième de dévotion qui procède de la connaissance du créateur. Saint Mathias eut la première en souffrant le martyre, la seconde en se méprisant lui-même, la troisième en admirant la majesté de Dieu. Mathias vient encore de manu, qui veut dire bon, et thésis, qui signifie placement. De là Mathias, le bon à la place du méchant, savoir de Judas. Sa vie, qu’on lit dans les Eglises, est attribuée à Bède.
Mathias remplaça Judas dans l’apostolat. Mais voyons d’abord en peu de mots la naissance et l’origine de ce Judas le traître. On lit donc dans une histoire (toutefois elle est apocryphe), qu’il y eut à Jérusalem un homme du nom de Ruben, appelé autrement Simon, de la tribu de Dam, ou d’après saint Jérôme, de la tribu d’Issachar, qui eut pour femme. Cyborée. Or; une nuit qu’ils s’étaient mutuellement rendus le devoir, Cyborée s’endormit. et eut un songe dont elle fut effrayée et qu’elle raconta comme il suit à son mari avec sanglots et soupirs : « Il me semblait enfanter un fils souillé de vices qui devait être la cause de la ruine de toute notre nation. » Ruben lui dit : « Tu racontes là une chose affreuse; qu’on ne devrait jamais réciter : et tu as, je pense, été le jouet d’un esprit pithon. » Elle lui répondit : « Si. je m’aperçois que j’ai conçu; et si je mets au monde un fils, il n’y aura certainement pas là d’esprit pithon; dès lors la. révélation devient évidente. ». Or, son temps expiré, elle enfanta un fils ; ses parents furent dans une grande angoisse et réfléchirent sur ce qu’ils feraient de cet enfant; comme ils avaient horreur de le tuer, et qu’ils ne voulaient pas élever le destructeur de leur race, ils le placèrent dans. un panier de jonc qu’ils exposèrent sur la mer, dont les flots le jetèrent sur une île, (316) appelée Scarioth. Judas a donc pris de cette île son nom d’Iscarioth. Or, la reine de ce pays n’avait point , d’enfant. Etant allée se promener sur le bord de la mer, et voyant cette corbeille ballottée par les flots, elle l’ouvrit. En trouvant cet enfant qui était de forme élégante, elle dit avec un soupir : « Oh! que n’ai-je la consolation d’avoir un si grand enfant pour ne pas laisser mon royaume sans successeur! » Elle fit donc nourrir l’enfant en cachette, simula une grossesse; enfin elle déclara mensongèrement avoir mis au monde un fils, et cette grande nouvelle fut répandue par tout le royaume. Le prince fut dans l’ivresse d’avoir un fils et le peuple en conçut une grande joie. L’enfant fut élevé avec une magnificence royale. Mais peu de temps après la reine conçut du roi et elle enfanta un fils à son terme. Les enfants avaient déjà grandi un peu, fort souvent ils jouaient ensemble, et Judas tourmentait l’enfant du roi par de fréquentes taquineries et par des injures, au point de le faire souvent pleurer. Or, la reine, qui le souffrait avec chagrin, et qui savait que Judas ne lui était de rien, le frappait souvent. Mais cela ne corrigea pas Judas de molester l’enfant. Enfin le fait est divulgué et Judas déclaré n’être pas le vrai fils de la reine, mais un enfant trouvé. Après cette découverte, Judas tout honteux tua, sans qu’on le vit, son frère putatif, le fils du roi. Craignant d’être condamné à perdre la tête pour ce crime, il s’enfuit à Jérusalem avec ceux qui étaient soumis au tribut, et se mit au service de la cour de Pilate pour lors gouverneur, et comme qui se ressemble se rassemble, Pilate trouva que Judas lui (317) convenait et conçut pour lui une grande affection. Judas est donc mis à la tête de la cour de Pilate, et tout se fait d’après ses ordres. Un jour que Pilate regardait de son palais dans un verger enclos, il fut pris d’une telle envie d’avoir des pommes qui s’y trouvaient qu’il faillit presque tomber faible. Or, ce jardin appartenait à Ruben, le père de Judas; mais Judas ne connaissait pas son père, ni Ruben ne connaissait son fils, parce que, d’abord, Ruben pensait que son fils avait péri dans la mer; et ensuite que Judas ignorait complètement qui était son père et quelle était sa patrie. Pilate fit donc mander Judas et lui dit : « J’ai un si grand désir de ces fruits que si j’en suis privé j’en mourrai. » Alors Judas s’empressa de sauter dans l’enclos et cueillit des pommes au plus vite. Sur ces entrefaites, arrive Ruben qui trouve Judas cueillant ses pommes. Alors voilà une vive dispute qui s’engage : ils se disent des injures ; après les injures, viennent les coups; et ils se font beaucoup de mal ; enfin Judas frappe Ruben avec une pierre à la jointure du cou, et le tue ; il prend ses pommes et vient racontera Pilate l’accident qui lui est arrivé. C’était au déclin du jour, et la nuit approchait, quand on trouva Ruben mort. On croit qu’il est la victime d’une mort subite. Pilate concéda alors à Judas tous les biens de Ruben ; de plus, il lui, donna pour femme l’épouse de ce même Ruben. Or, un jour que Ciborée poussait de profonds soupirs et que Judas son mari lui demandait avec intérêt ce qui l’agitait, elle répondit : « hélas! je suis la plus misérable des femmes; j’ai noyé mon petit enfant dans la mer et j’ai trouvé mon mari mort avant le temps; (318) mais de plus, voici que Pilate a ajouté malheureusement une douleur à ma douleur, en me faisant marier au milieu de la pins grande tristesse, et en m’unissant à toi contre ma volonté. » Quand elle lui eut raconté tout ce qui avait trait au petit enfant, et que Judas lui eut rapporté tous ses malheurs, il fut reconnu que Judas. avait. épousé sa mère et qu’il avait tué son père. Touché de repentir, il alla, par le conseil de Ciborée, trouver N. S. J.-C. et lui demanda pardon de ses péchés. Jusqu’ici c’est le récit de l’histoire apocryphe qui est laissée à l’appréciation du lecteur, quoiqu’elle soit plutôt à rejeter qu’à admettre. Or, le Seigneur le fit son disciple ; de disciple il l’élut apôtre, et il l’eut en telle confiance et amitié qu’il fit son procureur de celui que peu de temps après il supporta comme traditeur : en effet il portait la bourse et il volait ce qu’on donnait à J.-C. Il fut marri, au temps de la passion du Seigneur, que le parfum, qui valait trois cents deniers, n’eût pas été vendu, pour les pouvoir encore ravir; alors il alla vendre son maître trente deniers, dont un valait dix des deniers courants, et il se compensa ainsi de la perte des trois cents deniers du parfum ; ou bien, d’après le. rapport de quelques personnes, il volait la dixième partie de tout ce qu’on donnait pour J.-C. et. pour la dixième partie qu’il avait perdue du parfum, c’est-à-dire, pour trente deniers, il vendit le Seigneur. Il est vrai que touché de repentir il les rapporta et qu’il alla se pendre avec un lacet, et s’étant pendu il a crevé par le milieu du ventre et toutes ses entrailles se sont répandues; et il ne rejeta rien par la bouche car il n’était pas (319) convenable qu’elle fût souillée d’une façon si ignominieuse après avoir été touchée par la glorieuse bouche de J.-C. Il était encore convenable que les entrailles qui avaient conçu la trahison fussent déchirées et répandues, et que la gorge par où la parole de trahison avait passé fût étranglée avec un lacet. Il mourut en l’air, afin qu’ayant offensé les anges dans le ciel et les hommes sur la terre, il fût placé ailleurs que dans l’habitation des anges et des hommes, et qu’il fût associé avec les démons dans l’air *.
Comme, entre l’Ascension et la Pentecôte, les apôtres étaient réunis dans 1e cénacle, Pierre voyant que le nombre des douze apôtres était diminué, nombre que le Seigneur avait choisi lui-même pour annoncer la Trinité dans lés quatre parties du monde, il se leva au milieu des- frères et dit : « Mes Frères, il faut que nous mettions quelqu’un à la place de Judas, pour qu’il témoigne avec nous de la résurrection de J.-C. qui nous a dit : « Vous me serez des témoins à Jérusalem, en toute la Judée, en Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre; et parce qu’un témoin ne peut rendre témoignage que de ce qu’il a vu, il nous faut choisir un de ces hommes qui ont toujours été avec nous, qui ont vu les miracles du Seigneur, et qui ont ouï sa doctrine. » Et ils présentèrent deux des soixante-douze disciples, Joseph, qui, pour sa sainteté, fut surnommé le Juste; frère de Jacques-Alphée, et Mathias,
* Papias, évêque d’Hyerapolis, disciple de saint Jean, affirme que Judas survécut à sa pendaison; mais que, devenu affreusement hydropique, il fut écrasé par un char ; Théophylacte et Euthyme l’assurent aussi.
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dont on ne fait pas l’éloge; il suffit, en effet, pour le louer, de dire qu’il a été choisi comme apôtre. Et s’étant mis en prières, ils dirent : « Seigneur, vous qui connaissez les coeurs de tous les hommes, montrez lequel de ces deux vous avez choisi pour remplir ce ministère et pour entrer dans l’apostolat que Judas a perdu. » Il les tirèrent au sort et 1e sort tombant sur Mathias, celui-ci fut associé aux onze apôtres. Il faut faire attention, dit saint Jérôme, que l’on ne peut pas se servir de cet exemple pour tirer au sort, car les privilèges dont jouissent quelques personnes ne font pas la loi commune. En outre, dit Bède, jusqu’à la venue de la vérité, il fut permis de se servir des figures, car la véritable hostie fut immolée à la passion, mais elle fut consommée à la Pentecôte, et dans l’élection de saint Mathias, on eut recours au sort pour ne pas déroger à la loi qui ordonnait de chercher par le sort quel serait le grand prêtre. Mais après là Pentecôte;, la vérité ayant été proclamée, les sept diacres furent ordonnés; non par la voie du sort, mais par l’élection des disciples, par la prière des apôtres et par l’imposition des mains. Quel fut le sort qu’on employa? il y a là-dessus deux sentiments parmi les saints Pères. Saint Jérôme. et Bède veulent que ce sort fut de ceux dont il gavait un très fréquent usage sous l’ancienne loi. Mais saint Denys, qui fut le disciple de saint Paul, pense que c’est, chose irréligieuse de penser ainsi ; et il affirme que ce sort ne fut rien autre chose qu’une splendeur et un rayon de la divine lumière qui descendit sur saint Mathias, comme un signé visible indiquant qu’il fallait le prendre pour (321) apôtre. Voici ses paroles dans le livre de la Hiérarchie ecclésiastique : Par rapport au sort divin qui échut du ciel à Mathias, quelques-uns ont avancé, à mon avis, des propositions qui ne sont pas conformes à l’esprit de la religion : Voici mon opinion : « Je crois donc que les Saintes Lettrés ont nommé sort en cet endroit quelque céleste indice par lequel fut manifesté au collège apostolique celui. qu’avait adopté l’élection divine. » Saint Mathias apôtre eut en partage la Judée, où il se livra avec ardeur à la prédication, et où, après. avoir ait beaucoup de miracles, il reposa en paix. On lit dans quelques manuscrits qu’il endura le supplice de la croix, et que c’est après avoir été couronné par ce genre de martyre, qu’il monta au ciel. Son corps a été, dit-on, enseveli à Rome en l’Eglise de Sainte-Marie-Majeure dans une pierre de porphyre; et dans le même lieu, on montre sa tête au peuple. Voici ce qu’on lit dans une légende * conservée à Trèves . Mathias de la tribu de Juda naquit à Bethléem d’une famille illustre. Dans les écoles il apprit en, peu de temps la science de la loi et des prophètes; et comme il avait en horreur la volupté, il triompha, par la maturité de ses mœurs, des séductions de la jeunesse. Il formait son coeur à la vertu, pour devenir apte à concevoir, enclin à la miséricorde; simple dans la prospérité, constant et intrépide dans l’adversité. Il s’attachait à pratiquer ce qu’il avait lui-même commandé, et à
* Cette légende n’est autre que la traduction faite au XIIe siècle des Actes de saint Mathias extraits d’un ouvrage écrit en hébreu et intitulé : Livre des condamnés. Elle est attribuée à saint Euchaire, de Trèves, par le P. Henschénius des Bollandistes.
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prouver par ses oeuvres la doctrine qu’il annonçait. Alors qu’il prêchait en Judée, il rendait la vine aux aveugles, guérissait les lépreux, chassait les démons, restituait aux boiteux le marcher, aux sourds l’ouïe, et la vie aux morts. Ayant été accusé devant le pontife, il se contenta de répondre : « Vous me reprochez des crimes : je n’ai que peu de mots à dire, ce n’est pas un crime d’être chrétien, c’est un titre de gloire. » Le pontife lui dit : « Si on t’accordait un délai, voudrais-tu te repentir ? » Tant s’en faut, répondit-il, que je m’écarte par l’apostasie de la vérité que j’ai une fois trouvée. » Mathias était donc très instruit dans la loi, pur de cour, prudent d’esprit, subtil à résoudre les questions d’Ecriture sainte, prudent dans ses conseils, et habile à parler. Quand il prêchait la parole de Dieu en Judée, il opérait un grand nombre de conversions par ses miracles et ses prodiges. Delà naquit l’envie des juifs qui le traduisirent devant: le Conseil. Alors deux faux témoins qui l’avaient accusé jetèrent sur lui les premières pierres, et le suint demanda qu’on ensevelît ces pierres avec lui pour servir de témoignage contre eux. Pendant qu’on le lapidait, il fut frappé de la hache, selon la coutume des Romains, et après avoir levé les mains au ciel, il rendit l’esprit à Dieu. Cette légende ajoute que son corps fut transféré de Judée à Rome et de Rome à Trèves.
On dit dans une autre légende que quand Mathias vint en Macédoine prêcher la foi de J.-C., on lui donna une potion empoisonnée qui faisait perdre la vue; il la but au nom de J.-C., et il n’en ressentit aucun mal ; et comme on avait aveuglé plus de 250 personnes (323) avec cette potion, il leur rendit la vue à toutes en leur imposant les mains. Le diable cependant leur apparut sous les traits d’un enfant et conseilla de tuer Mathias qui détruisait leur culte : quoique le saint fût resté au milieu d’eux, ils ne le trouvèrent pas même après trois jours de recherche. Mais le troisième jour, il se manifesta à eux et leur dit : « Je suis celui qui a eu les mains liées derrière le dos, auquel on a mis une corde au cou, que l’on à cruellement traité, et qui fut mis eu prison. » Alors furent vus des diables qui grinçaient des dents contre lui, sans le pouvoir approcher. Mais le Seigneur vint le trouver avec une grande lumière, le leva de terre, le débarrassa de ses liens, et lui ouvrit la porte du cachot en le fortifiant par de douces paroles. Il ne fut pas plutôt sorti, qu’il prêcha la parole de Dieu. Comme plusieurs restaient endurcis, il leur dit : « Je vous préviens que vous descendrez vivants en enfer. » Et à l’instant la terre s’entr’ouvrit et les engloutit tous ; les autres se convertirent au Seigneur.

JEAN -BAPTISTE -MARIE VIANNEY – SUR LA MISÉRICORDE DE DIEU ENVERS LE PÉCHEUR.

13 mai, 2014

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Textes/index.html

TABLE DES MATIÈRES DES SERMONS DU CURÉ D’ARS SAINT SERVITEUR DE DIEU, JEAN -BAPTISTE -MARIE VIANNEY

3ÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE

(DEUXIEME SERMON)

SUR LA MISÉRICORDE DE DIEU ENVERS LE PÉCHEUR.

Erant autem appropinquantes ei publicani et peccatores, ut audirent illum.
Les publicains et les pécheurs se tenaient auprès de Jésus-Christ pour l’écouter.
(S. Luc., XV, 1.)I

Qui pourrait comprendre la grandeur de la miséricorde du Seigneur envers ces pécheurs ? Sa grâce va les chercher au milieu de leurs désordres, les amène à ses pieds. Il se rend leur protecteur contre les Scribes et les Pharisiens qui ne peuvent les souffrir, et il justifie sa conduite à leur égard par la parabole d’un bon pasteur qui, de cent brebis, en ayant perdu une, abandonne tout son troupeau pour aller chercher celle qui s’égare, et, l’ayant trouvée, la charge sur ses épaules, la ramène au bercail, où il n’est pas plus tôt arrivé, qu’il invite ses amis à venir partager avec lui sa joie d’avoir retrouvé la brebis qu’il croyait perdue. Il joint à cette parabole celle d’une femme qui, de dix drachmes en ayant égaré une, allume sa lampe pour la chercher dans le lieu le plus obscur de sa maison, et qui, l’ayant enfin recouvrée, témoigne la même joie que le bon pasteur d’avoir retrouvé sa brebis égarée. Le Sauveur du monde, se faisant à lui-même l’application de ces vives images de sa miséricorde pour les pécheurs, dit que tout le ciel se réjouira de la sorte pour un pécheur qui se convertira et fera pénitence. Si notre conversion cause tant de joie à toute la cour céleste, hâtons-nous de nous convertir. Quelque coupable que nous soyons, quelque déréglée que soit notre vie, allons sincèrement à Dieu, et nous sommes sûrs de notre pardon. Pour vous y engager, je vous montrerai combien est grande la miséricorde de Dieu envers les pécheurs, et ensuite ce que le pécheur doit faire pour y correspondre.
I. – Tout est engageant et consolant dans la conduite que la miséricorde de Dieu tient à l’égard des pécheurs : elle les attend, elle les invite et les reçoit à la pénitence. « Dieu, nous dit le prophète Isaïe, attend le pécheur, et cela, par un pur effet de sa bonté, car le pécheur, aussitôt qu’il est tombé en faute, mérite d’être puni. » Rien n’est plus dû au péché que le châtiment. Dès que ce misérable pécheur s’est révolté contre son Dieu, toutes les créatures demandent vengeance de sa révolte. Seigneur, lui disent-elles, comme les serviteurs du père de famille, permettez que nous allions arracher du champ de votre Église cette ivraie qui gâte et déshonore le bon grain. Voulez-vous, lui dit la mer, que je l’engloutisse dans mes abîmes ? La terre : que je m’entr’ouvre pour le faire descendre tout vivant dans les enfers ? L’air : que je le suffoque ? Le feu : que je le brûle ? L’eau : que je le noie ? Mais que répond le Père des miséricordes ? Non, non, dit-il, cette ivraie peut devenir un bon grain ; ce pécheur peut se convertir. Que ce pécheur s’égare, il ne dit mot. Qu’il s’éloigne de lui, qu’il coure à sa perte, il le soutire. « O Seigneur ! ô Dieu des miséricordes ! encore pécheur je m’éloignais tous les jours de plus en plus, dit saint Augustin ; tous mes pas et toutes mes démarches étaient autant de chutes dans de nouveaux précipices, mes passions s’allumaient toujours davantage ; cependant vous y aviez patience. O patience infinie de mon Dieu ! il y a tant d’années que je vous offense, et vous ne m’avez pas encore puni ! D’où vient donc cela ? Ah ! je le connais maintenant ; c’est que vous vouliez que je me convertisse et que je retournasse à vous par la pénitence. »
Veut-il, ce Dieu de miséricorde, punir les hommes au temps du déluge à cause des crimes horribles dont ils s’étaient rendus coupables ? il ne le fait qu’à regret, dit l’Écriture. Ce repentir que Dieu témoigne, dit saint Ambroise, nous montre l’énormité des crimes dont les hommes avaient souillé la terre. Cependant, il se contente de dire : « Je les détruirai (GEN. VI, 7.). » Pourquoi parler comme d’une chose à venir ? Est-ce que sa sagesse manquait de moyens ? Non, sans doute ; mais il parle de cette punition comme chose à venir, afin de donner aux coupables le temps de désarmer sa colère. Il les avertit du malheur dont il les menace cent vingt ans avant qu’il arrive, afin de leur donner le temps de le détourner par la pénitence. II leur envoie Noé pour leur prêcher cette pénitence ; pour les assurer que s’ils changent de vie, lui-même changera de résolution. Le saint patriarche demeure cent ans à bâtir cette arche ; afin que les hommes, voyant ce nouveau bâtiment, lui en demandent la raison et rentrent en eux-mêmes. Combien de délais ! combien de remises ! Dieu attend leur pénitence. Enfin ils lassent sa patience. C’est ainsi que Dieu attend encore aujourd’hui à la pénitence ce misérable pécheur, qui sans cesse en voit mourir devant ses yeux un nombre infini des morts les plus effrayantes. Les uns sont précipités dans les eaux, les autres écrasés par la foudre du ciel ; d’autres, enlevés à la fleur de leur âge ; d’autres, arrachés du sein des plaisirs et d’une fortune florissante. Ce Dieu de bonté et de tendresse, qui désire, la conversion du pécheur avec empressement, permet, que ces bruits se répandent dans différentes parties du monde, comme une trompette qui annonce à tous les pécheurs de se tenir prêts, que leur tour sera bientôt venu, et que s’ils ne profitent pas de ces exemples pour rentrer en eux-mêmes, hélas ! peut-être, hélas ! vont-ils dans peu servir d’exemple aux autres. Mais ces misérables pécheurs sont semblables à ces hommes dont parle l’Écriture, qui n’étaient nullement émus des menaces que Dieu leur faisait par la bouche du saint patriarche Noé (LUC. XVII, 27. ; I PET. III, 20.).
« Ah ! pécheur, s’écrie un saint Père, pourquoi ne te rends-tu pas à la voix de ton Dieu qui t’appelle ? Il te tend la main pour t’arracher de cet abîme où tes péchés t’ont précipité ; reviens, il te promet ton pardon. » O qu’il est triste, M.F., de ne pas connaître son état déplorable ! Rendons-nous donc à la voix de celui qui ne nous appelle que pour nous guérir de ces maux dont notre pauvre âme est défigurée.
Nous disons que Dieu invite lui-même le pécheur à la pénitence. « O Jérusalem, tu as été une infidèle, tu t’es prostituée à l’amour impur des créatures ; néanmoins, reviens à moi et je te recevrai (JER. III, 1.). » Ainsi parlait le Seigneur, par la bouche du prophète Jérémie, à une pécheresse de l’Ancien Testament. Écoutons ce que nous dit encore ce divin Sauveur : « Pécheurs, vous vous êtes lassés dans la voix de l’iniquité, cependant, venez à moi et je vous soulagerai. Venez goûter et éprouver combien le Seigneur est doux, combien son joug est léger, combien ses commandements sont aimables (SAP. V, 7 ; MATTH. XI, 28-30.). » O le bon Pasteur de nos âmes ! non content de rappeler ses brebis égarées, il va les chercher. Voyez-le, accablé de lassitude auprès du puits de Jacob, poursuivant une de ses brebis, dans la personne de la Samaritaine (JOAN. IV.). Voyez-le dans la maison de Simon le lépreux, la poursuivant dans la personne de Madeleine car si elle vint trouver le Sauveur dans la maison de ce pharisien, ce ne fut que par un attrait de la grâce qui toucha son cœur et conduisit ses pas (LUC. VII.). Voyez-le dans Jéricho, faisant d’un Zachée, d’un pécheur public, un parfait pénitent (Ibid. XIX.). Voyez encore ses entrailles émues sur tous les pécheurs en général. « Je veux la miséricorde et non le sacrifice, dit-il ; je suis venu appeler le pécheur et non le juste (MATTH. IX, 13.). » « O combien de fois, s’écrie-t-il, ô ingrate Jérusalem, n’ai-je pas voulu rassembler tes petits sous les ailes de ma miséricorde, comme une poule rassemble ses petits poussins sous les siennes, et tu n’as pas voulu (Ibid. XXIII, 37.). » N’est-ce pas encore cette même grâce, qui, tous les jours, presse et sollicite le pécheur de se convertir ?
3° Je dis que si le pécheur est assez heureux pour retourner à Dieu, il le recevra à la pénitence et lui pardonnera sans délai. Oui, M.F., si ce pécheur quitte ses crimes d’iniquités et revient sincèrement à Dieu, Dieu est tout prêt à lui pardonner. Voyons-le dans le plus consolant de tous les exemples que l’Évangile nous propose, qui est celui de l’enfant prodigue. Il avait dissipé tout son bien en vivant comme un libertin et un débauché. Sa mauvaise vie le réduisit à une si grande misère qu’il était content de se nourrir des restes des pourceaux ; cependant personne ne lui en donnait. Enfin, vivement touché de sa misère, il tourne les yeux sur son malheureux état : il prend la résolution de retourner dans la maison de son père, où le dernier des esclaves était infiniment mieux que lui. Le voilà qui part. Il est encore fort éloigné lorsque son père l’aperçoit. Le voyant, il en est touché de compassion, il oublie son grand âge, court au-devant de lui, se jette à son cou et l’embrasse. « Ah ! mon père, que faites-vous ? J’ai péché contre le ciel et devant vous, je ne mérite plus d’être appelé votre fils, mettez-moi seulement au nombre de vos esclaves. – Non, non, mon fils, lui dit ce bon père, j’oublie tout le passé. Qu’on apporte sa première robe pour l’en revêtir, qu’on lui mette un anneau au doigt et des souliers à ses pieds ; qu’on tue le veau, qu’on se réjouisse ; mon fils était mort, il est ressuscité ; il était perdu, il est retrouvé (LUC. XV.). » Voilà la figure et voici la réalité. Dès que le pécheur prend la résolution de retourner à Dieu et de se convertir, à sa première démarche, la miséricorde est touchée de compassion ; elle court au-devant de lui, en le prévenant par sa grâce, elle le baise, en le favorisant de ses consolations spirituelles, elle le rétablit dans son premier état, en lui pardonnant tous ses dérèglements passés.
« Mais, dira ce pécheur converti, Seigneur, j’ai dissipé tout le bien que vous m’aviez donné, je ne m’en suis servi que pour vous offenser. – N’importe, dira ce bon Père, je veux oublier tout le passé. Qu’on rende à ce pécheur converti sa première robe en le revêtant de Jésus-Christ, de sa grâce, de ses vertus, de ses mérites. » Voilà, M.F., la manière dont la justice de Dieu traite le pécheur. Avec quelle confiance et avec quel empressement ne devons-nous pas retourner à Dieu, lorsque nous avons eu le malheur de l’abandonner en suivant les désirs corrompus de notre cœur. Pouvons-nous craindre d’en être rebuté, après tant de marques de tendresse et d’amour pour les plus grands pécheurs ?
Non, M.F., ne différons plus de retourner à Dieu ; les temps présent et à venir doivent nous faire trembler.
D’abord, le temps présent : si malheureusement nous sommes en état de péché mortel, nous sommes dans un danger imminent d’y mourir. L’Esprit-Saint nous dit : « Celui qui s’expose au danger y périra (ECLLE., III, 27.). » Ainsi, en vivant dans la haine de Dieu, nous avions bien lieu de craindre que la mort ne nous y surprenne. Puisque Dieu vous offre aujourd’hui sa grâce, pourquoi n’en profitez-vous pas ? Dire que rien ne presse, que vous avez le temps, n’est-ce pas, M.F., raisonner comme des insensés ? Voyez, de quoi êtes-vous capables quand vous êtes malades ? Hélas ! de rien du tout ; vous ne pouvez pas seulement faire comme il faut un acte de contrition, parce que vous êtes tellement absorbés par vos souffrances, que vous ne pensez nullement à votre salut.
Eh bien, M.F., ne sommes-nous pas trop malheureux d’attendre à la mort pour nous convertir ? Faites du moins pour votre pauvre âme ce que vous faites pour votre corps qui n’est cependant qu’un monceau de pourriture et qui, dans quelques moments, sera la pâture des plus vils animaux. Lorsque vous êtes dangereusement blessés, attendez-vous six mois ou un an pour y appliquer les remèdes que vous croyez être nécessaires pour vous guérir ? Lorsque vous êtes attaqués par une bête féroce, attendez-vous d’être à moitié dévorés pour crier au secours ? N’implorez-vous pas, de suite, le secours de vos voisins ? Pourquoi, M.F., n’agissez-vous pas de même lorsque vous voyez votre pauvre âme souillée et défigurée par le péché, réduite sous la tyrannie des démons ? Pourquoi n’employez-vous pas aussitôt l’assistance du ciel et n’avez-vous pas recours à la pénitence ?
Oui, M.F., quelque grands pécheurs que vous soyez, vous ne voudriez pas mourir dans le péché. Eh bien ! puisque vous désirez quitter un jour le péché, pourquoi ne le quitteriez-vous pas aujourd’hui, puisque Dieu vous donne le temps et les grâces pour cela ? Croyez-vous que, dans la suite, Dieu sera plus disposé à vous pardonner, et que vos mauvaises habitudes seront moins difficiles à rompre ? Non, non, M.F., plus vous différerez votre retour à Dieu, plus votre conversion sera malaisée. Le temps, qui affaiblit tout, ne fait que fortifier nos mauvais penchants.
Peut-être que vous vous rassurez sur le temps à venir. Hélas ! M.F., ne vous y trompez pas : les jugements de Dieu sont si redoutables que vous ne pouvez pas différer votre conversion d’une seule minute, sans vous exposer à être perdus pour jamais. L’Esprit-Saint nous dit, par la bouche du Sage, « que le Seigneur surprendra le pécheur dans sa colère (ECCLI. V, 9.). » Jésus-Christ nous dit lui-même « qu’il viendra comme un voleur de nuit, qui arrive dans le moment où l’on n’y pense pas (MATTH. XXIV, 50.). » I1 nous répète aussi ces paroles : « Veillez et priez continuellement, de crainte que quand je viendrai, je ne vous trouve endormis (MARC. XIII, 36.). » Jésus-Christ veut nous montrer par ces paroles que nous devons constamment veiller à ce que notre âme ne soit point trouvée en état de péché, quand la mort nous frappera. Faisons, M.F., comme les vierges sages, qui firent leurs provisions d’huile pour attendre l’arrivée de l’époux, afin d’être prêtes à partir lorsqu’il les appellerait. De même, faisons provision de bonnes œuvres, avant que Dieu nous appelle devant son tribunal. N’imitons pas ces vierges folles, qui attendirent l’arrivée de l’époux pour aller chercher de l’huile ; lorsqu’elles furent arrivées, la porte était fermée ; elles eurent beau prier l’époux de leur ouvrir ; il leur répondit qu’il ne les connaissait pas (MATTH. XXV.). Figure triste, mais bien sensible, M.F., du pécheur qui renvoie son retour à Dieu de jour en jour. Arrivé à la mort, il voudrait encore profiter de ce moment, mais il est trop tard, il n’y a plus de remède.
Oui, M.F., la seule incertitude du moment où Dieu nous citera à paraître devant lui, nous devrait faire trembler et nous engager à ne pas perdre un seul instant pour assurer notre salut. D’ailleurs, M.F., savons-nous le nombre de péchés que Dieu veut souffrir de nous, la mesure des grâces qu’il veut nous accorder, et enfin, jusqu’où doit aller sa patience ? Ne devons-nous pas craindre que le premier péché que nous commettrons ne mette le sceau à notre réprobation ! Puisque nous voulons nous sauver, pourquoi différer plus longtemps ? Combien d’anges et de millions d’hommes, qui n’ont commis qu’un seul péché mortel ! Cependant, ce seul péché sera cause qu’ils souffriront pendant toute l’éternité. Non, M.F., les voleurs ne sont pas punis également ; les uns vieillissent dans le brigandage ; d’autres, au premier crime, sont surpris et punis. Ne devons-nous pas craindre que la même chose ne nous arrive ? Il est vrai que vous vous rassurez sur ce que Dieu ne vous punit pas, quoique vous l’offensiez continuellement. Mais aussi, peut-être que c’est au premier péché que vous commettrez, qu’il vous attend pour vous frapper et vous précipiter dans les abîmes. Voyez un aveugle qui marche vers un précipice, le dernier pas qu’il fait n’est pas plus grand que le premier ; cependant, c’est ce pas qui le jette dans le précipice. Non, M.F., pour tomber en enfer, il n’est pas nécessaire de commettre de grands crimes, il suffit de continuer à vivre dans l’éloignement des sacrements pour être perdu à jamais. Allons, M.F., ne lassons plus la patience de Dieu, hâtons-nous de correspondre à sa bonté, qui ne veut que notre bonheur. Mais voyons, d’une manière encore plus particulière, ce que nous devons faire pour correspondre aux desseins que la miséricorde de Dieu a sur nous.
II. – Nous disons que si la miséricorde de Dieu attend le pécheur à la pénitence, il ne faut pas lasser sa patience ; elle nous appelle, elle nous invite, nous devons aller au-devant d’elle ; elle nous reçoit et nous pardonne, nous devons lui demeurer fidèles. Ce sont là des devoirs de reconnaissance qu’elle demande de nous. Oui, Dieu attend et souffre le pécheur. Mais, hélas ! combien de pécheurs qui, au lieu de profiter de sa patience, pour rentrer en eux-mêmes, ajoutent péché sur péché ? Il y a dix, vingt ans, que Dieu attend ce misérable pécheur à la pénitence ; mais qu’il tremble, il n’y a plus qu’un petit filet par lequel la miséricorde suspend l’exécution de ses vengeances. Ah ! misérable pécheur, mépriserez-vous toujours les richesses de sa patience, de sa bonté et de sa longue tolérance ? Est-ce parce que Dieu vous attend à la pénitence, que vous ne la ferez jamais ? N’est-ce pas, au contraire, dit le saint Apôtre, cette bonté divine qui doit vous engager à ne plus différer ? « Cependant, dit-il, par la dureté et l’impénitence de votre cœur, vous vous amassez des trésors de colère pour le jour de la manifestation du Seigneur (ROM. II, 45.). » En effet, quelle dureté pareille à celle d’un homme qui n’est point amolli par la douceur et la tendresse d’un Dieu qui, depuis tant d’années, l’attend à la pénitence ? C’est donc le pécheur seul qui est cause de sa perte. Oui, Dieu a fait tout ce qu’il devait faire pour son salut, il lui a fait la grâce de le connaître, il lui a appris à discerner le bien d’avec le mal, il lui a manifesté les richesses de son cœur pour l’attirer à lui, il l’a même menacé des rigueurs de son jugement pour l’engager à se convertir ; si donc le pécheur meurt dans l’impénitence, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Profitons, M.F., de la miséricorde que Dieu met à nous attendre à la pénitence. Ah ! ne lassons plus sa patience par des délais continuels de conversion.
2° Nous disons que quand la miséricorde de Dieu nous appelle, il faut que nous allions au-devant d’elle. « Dieu, dit saint Ambroise, s’engage à nous pardonner ; mais il faut que notre volonté s’unisse à celle de Dieu ; il veut nous sauver, il faut que nous le voulions aussi, parce que l’une de ces volontés n’a son effet que conjointement unie à l’autre : celle de Dieu commence l’ouvrage, le conduit et le consomme ; et celle de l’homme doit concourir à l’accomplissement de ses desseins. Nous devons être dans la même disposition que saint Paul au commencement de sa conversion, ainsi qu’il nous l’apprend dans son épître aux Galates. « Vous avez ouï parler de ma conduite et de mes actions toutes criminelles. Avant que Dieu m’eût fait la grâce de me convertir, je persécutais l’Église de Dieu d’une manière si cruelle que j’en ai horreur toutes les fois que j’y pense ; qui eût cru que la miséricorde divine eût choisi ce moment pour m’appeler à elle (GAL. I, 13.)? Ce fut pour lors que je me vis tout environné d’une lumière éclatante, et que j’entendis une voix qui me dit : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Je suis ton Sauveur et ton Dieu, contre qui tu tournes ta rage et tes persécutions (ACT. XXII, 6-7.). » Oui, M.F., nous pouvons dire que ce qui arriva une fois, d’une manière si éclatante à saint Paul, arrive encore tous les jours en faveur du pécheur. Sa grâce le cherche et le poursuit, même lorsque ce misérable l’offense. S’il veut avouer la vérité, il sera forcé de convenir que toutes les fois qu’il est prêt à faire le mal, la voix de Dieu se fait entendre au fond de son cœur, pour s’opposer à ses desseins criminels. Que doit faire ce pécheur ? Il doit obéir à la voix du ciel, et dire comme le saint homme Job : « Seigneur, vous avez comptez mes pas dans mes égarements ; mais voici que je reviens à vous, daignez me faire miséricorde (JOB. XIV, 16.). »
3° Nous disons que si Dieu reçoit le pécheur et lui pardonne, ce pécheur doit lui demeurer fidèle. Plus de rechutes dans ses désordres : il doit renoncer entièrement aux péchés qui lui ont été pardonnés ; n’être plus à charge à la miséricorde divine, qui condamne autant les conversions inconstantes qu’elle se réjouit de celles qui sont solides et persévérantes ; il doit gémir le reste de ses jours, pour avoir tant attendu de se donner à Dieu ; il doit continuellement bénir le nom du Seigneur, d’avoir fait éclater en lui son infinie miséricorde, en l’arrachant de cet abîme où ses péchés l’avaient précipité. Tels doivent être les sentiments d’un pécheur véritablement converti.
Nous venons de voir combien est grande la miséricorde de Dieu ; ainsi, quelque pécheurs que nous soyons, ne désespérons jamais de notre salut, parce que la bonté de Dieu surpasse infiniment notre malice. Mais aussi n’en abusons pas ; « car, dit le Prophète, la miséricorde divine est pour ceux qui la craignent et non pour ceux qui la méprisent (PS. CII, 17.). » Le juste doit espérer en la miséricorde de Dieu ; mais il lui faut persévérer, afin qu’elle recouvre en lui ses droits en récompensant ses mérites. Le pécheur doit pareillement espérer à la miséricorde de Dieu ; mais, qu’il fasse pénitence. Afin que notre conversion soit sincère, nous devons joindre l’espérance à la pénitence : car faire pénitence sans espérer, c’est le partage des démons, et espérer sans faire pénitence, la présomption du libertin. Heureux, M.F., si nous correspondons aux soins, à l’empressement et aux grâces que Dieu ne cesse de nous prodiguer pour nous faire opérer notre salut ! Ce que je vous souhaite.