Archive pour avril, 2014

PRIÉRE

4 avril, 2014

http://www.spiritualite-chretienne.com/mort/accompagnement.html

PRIÉRE

Jean Paul Dufour
Extrait de « Veillez et Priez » – Recueil de la prière chrétienne

Seigneur Dieu, Père tout-puissant,
Seigneur Jésus-Christ, mon Seigneur,
Marie, ma douce maman,
je sais que je ne suis pas seul,
je veux croire que vous êtes là tout près de moi,
mais je souffre, j’ai mal,
ne m’abandonnez pas dans ma peine,
aidez-moi à ne pas désespérer.
Je vous en supplie, portez ma peine,
venez à mon secours
car l’être que j’aimais n’est plus.
Je ne le vois plus, je n’entends plus sa voix, son pas,
je ne devine plus sa présence près de moi.
Je sais Seigneur que tu es ressuscité des morts,
je sais que tu m’as racheté à la vie éternelle,
je sais que la mort ne s’arrête pas là,
qu’elle n’est qu’un passage.
Je sais que tu es la résurrection et la vie,
je sais que l’être que j’aimais est né d’une nouvelle vie,
près de toi, en toi, pour toujours.
Je sais que tu m’appelleras aussi un jour
près de toi où je retrouverai celui que j’aime
et qui m’aime encore plus fort aujourd’hui.
Je sais que par toi, la vie triomphe de la mort,
que tu ne me veux pas abattu.
Mais je souffre Seigneur, viens à ma rencontre,
aide-moi je t’en supplie à porter la Croix
qui pèse aujourd’hui si lourd sur mes épaules.
Soulage-moi Seigneur, le fardeau est trop lourd,
j’ai peur de défaillir, mon cœur et ma raison se brisent.
Viens à mon secours, Seigneur,
du fond de ma nuit, je t’appelle.
Je t’aime Seigneur.
Garde mon corps, mon âme, mon esprit dans l’espérance ;
j’ai confiance en toi Seigneur Jésus,
je veux avoir confiance en toi.
Fais-moi voir, fais-moi sentir ta lumière,
dans cette nuit qui m’accable.
Reçois, Seigneur Dieu, l’âme de celui que j’aime,
ne regarde pas ses péchés,
écoute mes prières.
O Père très bon et miséricordieux, ne retiens que le bien
qu’il a pu faire quand il était parmi nous.
Tu connais la nature humaine,
faible et pécheresse que Ton Fils a voulu pourtant
épouser pour nous sauver.
O Seigneur, reçois l’âme de …
Pardon et miséricorde, pour lui, pour nous,
je t’en supplie, Seigneur.
Et donne-moi la force,
donne-moi ta force pour poursuivre ma route dans l’épreuve
afin que nous soyons un jour à jamais réunis
dans notre patrie,
en Toi, avec …
en Dieu et avec notre Mère.
Amen.

DIMANCHE 6 AVRIL : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – Ezékiel 37, 12-14; Romains 8, 8-11

4 avril, 2014

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 6 AVRIL : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

PREMIERE ET DEUXIEME LECTURE – Ezékiel 37, 12-14; Romains 8, 8-11

PREMIERE LECTURE – Ezékiel 37, 12-14
12 Ainsi parle le SEIGNEUR Dieu.
Je vais ouvrir vos tombeaux
et je vous en ferai sortir
ô mon peuple,
et je vous ramènerai sur la terre d’Israël.
13 Vous saurez que je suis le SEIGNEUR,
quand j’ouvrirai vos tombeaux
et vous en ferai sortir,
ô mon peuple !
14 Je mettrai en vous mon esprit,
et vous vivrez ;
je vous installerai sur votre terre,
et vous saurez que je suis le SEIGNEUR :
je l’ai dit,
et je le ferai.
– Parole du SEIGNEUR.

Ce texte est très court mais on voit bien qu’il forme une entité : il est encadré par deux expressions similaires ; au début « Ainsi parle le SEIGNEUR Dieu », à la fin « Parole du SEIGNEUR ». Un cadre qui a évidemment pour but de solenniser ce qui est encadré. Chaque fois qu’un prophète juge utile de repréciser qu’il parle de la part du Seigneur, c’est parce que son message est particulièrement important et difficile à entendre.
Le message d’aujourd’hui, c’est donc ce qui est encadré : c’est une promesse répétée deux fois et adressée au peuple de Dieu, puisque Dieu dit « ô mon peuple » ; les deux fois, la promesse porte sur deux points : premièrement « je vais ouvrir vos tombeaux », deuxièmement « je vous ramènerai sur la terre d’Israël », ou « Je vous installerai sur votre terre », ce qui revient au même. Ces expressions nous permettent de situer le contexte historique : le peuple est en exil à Babylone, réduit à la merci des Babyloniens, il est anéanti (au vrai sens du terme, réduit à néant), comme mort, c’est pourquoi Dieu parle de tombeaux.
Et donc l’expression « je vais ouvrir vos tombeaux » signifie que Dieu va relever son peuple. Si vous avez la curiosité de vous reporter à votre Bible, au chapitre 37 d’Ezékiel, vous verrez que notre petit texte d’aujourd’hui fait suite à une vision du prophète qu’on appelle « la vision des ossements desséchés » et il en donne l’explication. Je vous rappelle cette vision : le prophète voit une immense armée morte, gisant dans la poussière ; et Dieu lui dit : tes frères sont tellement désespérés dans leur Exil qu’ils se disent morts, finis… eh bien, moi, Dieu, je les relèverai.
Et toute cette vision et son explication que nous avons lue aujourd’hui, évoquent cette captivité du peuple exilé et son relèvement par Dieu. Car, pour le prophète Ezékiel, c’est une certitude : le peuple ne peut pas être éliminé parce que Dieu lui a promis une Alliance éternelle que rien ne pourra détruire ; donc, quelles que soient les défaites, les brisures, les épreuves, on sait que le peuple survivra et qu’il retrouvera sa terre, parce qu’elle fait partie de la promesse. « Je vais ouvrir vos tombeaux, ô mon peuple, je vous ramènerai sur la terre d’Israël » : au fond ces phrases n’ont rien d’étonnant : depuis toujours, le peuple d’Israël sait que son Dieu est fidèle ; et l’expression « Vous saurez que je suis le SEIGNEUR » dit justement que c’est à sa fidélité à ses promesses que l’on reconnaît le vrai Dieu.
Mais pourquoi répéter deux fois à peu près les mêmes choses ? A dire vrai, la deuxième promesse ne se contente pas de répéter la première, elle l’amplifie : elle redit bien « J’ouvrirai vos tombeaux et je vous en ferai sortir, ô mon peuple ! Je vous installerai sur votre terre, et vous saurez que je suis le SEIGNEUR » et tout cela au fond c’est le retour à l’état antérieur avant le désastre de l’exil à Babylone ; mais dans cette deuxième promesse, il y a autre chose, il y a beaucoup plus, il y a du neuf, du jamais vu : « Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez » ; c’est la nouvelle Alliance qui est dite là : désormais la loi d’amour sera inscrite non plus sur des tables de pierre, mais dans les coeurs. Ou pour reprendre une autre formule d’Ezékiel, les coeurs humains ne seront plus de pierre mais de chair.
Ici, donc, il n’y a pas d’hésitation possible, la répétition de la formule « ô mon peuple » montre clairement que ces deux promesses annoncent un sursaut, une restauration du peuple. Il n’est pas question ici d’une résurrection individuelle : pas plus qu’aucun des prophètes de son époque, Ezéchiel n’envisage encore une chose pareille. En fait, le peuple d’Israël n’a découvert la foi en la Résurrection qu’au deuxième siècle av.J.C. Jusque-là, on affirmait que les morts descendent au « Shéol » ; un lieu sombre dont on ne sait rien ; mais aussi curieux que cela nous paraisse aujourd’hui, c’est un sujet dont on se préoccupait peu. Car la mort individuelle n’atteint pas l’avenir du peuple ; or, pendant bien longtemps, c’est l’avenir du peuple, et lui seul, qui comptait. Quand quelqu’un mourait, on disait qu’il était « couché avec ses pères », mais on n’envisageait pas de survie possible ; en revanche la survie du peuple a toujours été une certitude puisque le peuple est porteur des promesses de Dieu. On peut dire que, pendant des siècles, on s’est intéressé au lendemain du peuple et non à celui de l’individu.
Pour croire en la Résurrection individuelle, il faut combiner deux éléments :
D’abord s’intéresser au sort de l’individu : ce qui n’était pas le cas au début de l’histoire biblique : l’intérêt pour le sort de l’individu est une conquête, un progrès tardif. Ensuite, un deuxième élément est indispensable pour que naisse la foi en la Résurrection : il faut croire en un Dieu qui ne vous abandonne pas à la mort.
Cette certitude que Dieu n’abandonne jamais l’homme n’est pas née d’un coup ; elle s’est développée au rythme des événements concrets de l’histoire du peuple élu. L’expérience historique de l’Alliance est ce qui nourrit la foi d’Israël. Or l’expérience d’Israël est celle d’un Dieu qui libère l’homme, qui veut l’homme libre de toute servitude, qui intervient sans cesse pour le libérer ; un Dieu fidèle qui ne se reprend jamais. C’est cette foi qui guide toutes les découvertes d’Israël ; elle en est le moteur.
Cinq siècles après Ezékiel, vers 165 av.J.C., ces deux éléments conjugués, foi en un Dieu qui libère sans cesse l’homme, découverte de la valeur de toute personne humaine, ont abouti à la foi en la résurrection individuelle ; au terme de cette double évolution, il est apparu évident que Dieu libèrera l’individu de l’esclavage le plus terrible, définitif de la mort. Cette découverte est si tardive dans le peuple juif qu’au temps du Christ, cette foi n’était pas encore partagée par tout le monde puisqu’on désignait les Sadducéens par cette précision « ceux qui ne croient pas à la résurrection ».
Il n’est bien sûr pas interdit de penser que la prophétie d’Ezéchiel dépassait sa propre pensée sans le savoir lui-même ; l’Esprit de Dieu parlait par sa bouche et maintenant nous pouvons penser « Ezéchiel ne savait pas si bien dire ».

DEUXIEME LECTURE – Romains 8, 8-11
Frères,
8 sous l’emprise de la chair, on ne peut pas plaire à Dieu.
9 Or vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair,
mais sous l’emprise de l’Esprit,
puisque l’Esprit de Dieu habite en vous.
Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas.
10 Mais si le Christ est en vous,
votre corps a beau être voué à la mort à cause du péché,
l’Esprit est votre vie, parce que vous êtes devenus des justes.
11 Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts
habite en vous,
celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts
donnera aussi la vie à vos corps mortels
par son Esprit qui habite en vous.

« Je mettrai mon esprit en vous et vous vivrez » annonçait le prophète Ezéchiel (dans notre première lecture) ; désormais, depuis notre baptême, nous dit Paul, c’est chose faite. Il emploie une expression imagée : « L’Esprit de Dieu habite en vous ». La prenant au pied de la lettre, un commentateur de ce passage parle de « changement de propriétaire ». Nous sommes devenus des maisons de l’Esprit : c’est lui qui commande désormais.
Il serait intéressant de se demander, dans tous les secteurs de notre vie, personnelle et communautaire, qui est aux postes de commande, qui est le maître de maison chez nous, ou si vous préférez, quel est notre objectif, qu’est-ce qui nous « fait courir », comme on dit. D’après Paul, il n’y a pas trente-six solutions : ou bien nous sommes sous l’emprise de l’Esprit, c’est-à-dire que nous nous laissons guider par l’Esprit, ou bien nous ne nous laissons pas inspirer par l’Esprit et c’est ce qu’il appelle « être sous l’emprise de la chair ». Etre sous l’emprise de l’Esprit, on voit bien ce que cela veut dire, il suffit de remplacer le mot Esprit par le mot Amour. Et dans la lettre aux Galates, Paul explique ce que sont les fruits de l’Esprit ; « joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi », en un mot l’amour décliné selon toutes les circonstances concrètes de nos vies.
J’ai bien dit les « circonstances concrètes » : pour Paul la vie selon l’Esprit ne veut pas dire la tête dans les nuages ; Paul est l’héritier de toute la tradition des prophètes : or tous affirment que notre relation à Dieu se vérifie dans la qualité de notre relation aux autres ; et dans les chants du serviteur, Isaïe affirme très fermement que vivre selon l’Esprit de Dieu, c’est aimer et servir nos frères. Et les prophètes ont toujours des mots très durs pour ceux qui croient plaire à Dieu par des cérémonies magnifiques pendant que des pauvres meurent de faim ou de chagrin à leur porte.
Une fois définie la vie selon l’Esprit, ce qui veut dire tout simplement la vie selon l’amour, on déduit très facilement ce que Paul entend par vie selon la chair : c’est le contraire, c’est-à-dire l’indifférence ou la haine ; pour le dire autrement, l’amour c’est le décentrement de soi, la vie sous l’emprise de la chair, c’est le centrement sur soi. Ma question de tout-à-l’heure « Qui commande ici ? « se transforme alors en « Qui est le centre de notre monde ? »
Il est clair que sous l’emprise de la chair, dans ce sens-là, c’est-à-dire centré sur soi, on ne peut pas être en harmonie avec Dieu, accordé à Dieu qui n’est qu’amour. « Sous l’emprise de la chair, on ne peut pas plaire à Dieu » dit Paul.
Au contraire, le Christ est le Fils bien-aimé en qui Dieu se complaît, c’est-à-dire qu’il est en harmonie parfaite avec Dieu précisément parce que le Christ n’est lui aussi qu’amour. Dans ce sens le récit des Tentations, que nous avons lu pour le premier dimanche de carême, était saisissant : c’est au chapitre 4 de Matthieu. Il nous montre Jésus centré uniquement sur Dieu et sur la Parole de Dieu. Il refuse résolument de se centrer sur sa faim ni même sur les besoins de sa mission de Messie :
Première tentation : après quarante jours de jeûne, Jésus a faim… la tentation n’est pas là, bien sûr. Avoir faim au bout de quarante jours de jeûne, c’est normal, c’est même plutôt bon signe ! La tentation, c’est d’exiger de Dieu un miracle pour son bénéfice personnel, c’est de se prendre pour le centre du monde, si j’ose dire. « Ordonne à ces pierres de devenir des pains » lui susurre le tentateur, le diviseur. Jésus préfère mettre la Parole au centre du monde et de sa vie « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Le fruit de l’Esprit, c’est la maîtrise de soi, la patience, dit Paul.
Deuxième tentation : « Jette-toi du haut du Temple, Dieu sera bien obligé de te protéger » ; réponse de Jésus : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu ». Le fruit de l’Esprit, c’est la confiance en Dieu.
Troisième Tentation : « Détourne-toi de Dieu, prosterne-toi devant moi, tu seras le maître des royaumes de la terre » ; mais Jésus est complètement centré sur son Père et non sur ce qu’il pourrait obtenir pour lui : « Le Seigneur ton Dieu tu adoreras, c’est à lui seul que tu rendras un culte ». Le fruit de l’Esprit qui les résume tous, c’est l’amour, dit encore Paul.
Si ce texte des tentations nous est proposé chaque année en début de Carême, c’est parce que le temps du Carême est justement une entreprise de décentrement de nous-mêmes pour nous centrer sur les autres et sur Dieu.
Un peu plus loin dans cette même lettre aux Romains, Paul dit que l’Esprit de Dieu fait de nous des fils, c’est lui qui nous pousse à appeler Dieu-Père ; j’ai envie de dire « tel Père, tel fils ». Ce qui en nous est amour vient de Dieu, c’est notre héritage de fils. « L’Esprit est votre vie » dit encore Paul. Traduisez « l’amour est votre vie » ; d’ailleurs, nous savons tous d’expérience que seul l’amour est créateur.
Tandis que ce qui n’est pas amour ne vient pas de Dieu et parce que cela ne vient pas de Dieu, c’est voué à la mort. La très bonne nouvelle de ce texte d’aujourd’hui, c’est que tout ce qui en nous est amour vient de Dieu et donc ne peut mourir. Comme dit Paul, « Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous ».

5E DIMANCHE DE CARÊME – HOMÉLIE – MESSE

4 avril, 2014

http://www.homelies.fr/homelie,,3793.html

5E DIMANCHE DE CARÊME

DIMANCHE 6 AVRIL 2014

FAMILLE DE SAINT JOSEPH

HOMÉLIE – MESSE

« Vous saurez que je suis le Seigneur quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai sortir, ô mon peuple ! Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez ». Notre Dieu est le Dieu de la vie, il n’est pas le Dieu des morts mais des vivants. La liturgie de ce dimanche insiste abondamment sur ce point.
Ce mystère du Père qui veut nous donner part à sa propre vie dans l’Esprit, nous ne pouvons l’accueillir comme une réalité dans nos existences que moyennant la foi en son Fils unique venu nous sauver. Certes, la mort est inévitable et donc apparemment triomphante et pourtant saint Paul nous dit : « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous ». Cette une parole pleine d’espérance que l’Apôtre nous adresse ici, une parole fondée sur la foi en Jésus-Christ Sauveur, mort et ressuscité, vainqueur de la mort et du péché.
Dans l’évangile de la résurrection de Lazare ou plus exactement de la « réanimation » de Lazare, nous sommes invités à poser cet acte de foi en Jésus Christ mort et ressuscité pour nous au travers des personnages de Marthe et de Marie qui nous renvoient à deux attitudes face à la mort et plus largement face la souffrance.
A Jésus qui lui dit que son frère ressuscitera, Marthe répond : « Je sais que tu le ressuscitera au moment de la résurrection au dernier jour ». Elle renvoie son espérance dans un futur lointain. Jésus va alors la ramener au présent, à l’aujourd’hui de son salut : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. »
Est-ce que nous croyons qu’ici et maintenant, Jésus est la résurrection et la vie ? Ou bien renvoyons-nous à plus tard son œuvre de salut, mettant ainsi une limite à sa puissance ? La foi ce n’est pas seulement croire que Jésus est mon Sauveur et mon libérateur. C’est aussi croire en Jésus mon Sauveur et mon libérateur ici et maintenant ! C’est croire que Je suis en lui et Lui en moi : « Quiconque croit en moi, même s’il meurt, vivra et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Le crois-tu ? »
Peut-être que dans notre souffrance nous n’avons plus le ressort de confesser une espérance même dans un futur lointain. Peut-être que nous n’avons même plus la force, comme Marthe, de reprocher au Seigneur ce que nous croyons être son inaction : « Si tu avais été là Seigneur ! » Peut-être que nous ne sommes même plus capables d’argumenter devant notre malheur et que la seule chose encore en notre possibilité c’est de pleurer en restant lié dans notre mémoire à un passé heureux comme Marie au souvenir de son frère Lazare. Osons alors regarder vers Jésus. Notre Seigneur ne nous reproche pas nos pleurs ni notre émotivité. Il y a des larmes qu’il est bon de laisser couler, non pour se complaire dans la souffrance mais pour la confier au Seigneur. Mais pour nous libérer du poids qui nous écrase, Jésus a besoin de savoir où il se trouve : « Où l’avez-vous mis ? » Où as-tu cachée ta souffrance, où est cachée ta blessure ? Jésus m’invite à prendre la parole sur ce qui m’aliène, sur ce qui me paralyse, sur ce qui me fait mal. Il ne s’impose pas. Il ne veut pas violer mon intérieur. Il nous faudra répondre : « Seigneur viens et vois ». Alors, il pourra prendre sur lui ma souffrance et devant ma douleur, il frémira de compassion et versera lui aussi des larmes.
Ce tombeau devant lequel Jésus nous invite à le conduire est encore fermé. Sur sa demande, dans la foi, il nous revient de rouler la pierre qui en bouche l’entrée et de laisser revenir à la lumière et à la vie cette partie souffrante de nous-mêmes, ce « Lazare », qui y est caché, enfermé…
Si nous acceptons dans la foi de rouler cette pierre, si nous choisissons la vie, alors Jésus rend grâce et prend le relais pour la suite des opérations. Devant notre tombeau maintenant ouvert il crie : « Lazare, dehors ici ». C’est un ordre qu’il nous adressera dans un cri de recréation qui nous rappelle à la vie ! Viens ici, viens vers moi qui suis la lumière, viens à moi qui suis la vie.
Sommes-nous prêts à faire cet exode, à laisser venir à la lumière du Christ cette partie blessée et meurtrie de nous-mêmes que nous tenions si bien cachée depuis tant d’année ? Cela peut faire peur. Un nouvel acte de foi nous est demandé pour nous montrer dans la vérité de ce que nous sommes, encore liés par nos bandelettes. L’appel du Seigneur résonne-t-il en nous plus fort que toutes nos résistances ?
La liturgie de ce dimanche nous rappelle que le carême est ce temps de l’exode où le ce temps de l’exode où le Christ nous invite dans la foi à laisser les tombeaux de nos fausses sécurités, de nos culpabilités, de nos blessures, de nos repliements sur nous-mêmes.
« Seigneur fais-nous la grâce d’oser nous avancer vers la vie nouvelle que tu veux nous donner en plénitude pour nous restaurer dans la puissance de ton Esprit dans notre liberté de fils et de filles de Dieu. »

Frère Elie

A. del Sarto, Le sacrifice d’Isaac

3 avril, 2014

A. del Sarto, Le sacrifice d'Isaac dans images sacrée andrea_del_sarto_001_sacrificio_isacco
http://www.settemuse.it/pittori_scultori_italiani/andrea_del_sarto.htm

PAPE BENOÎT XVI – VISITE PASTORALE À L’ARCHIDIOCÈSE DE MILAN ET VIIe RENCONTRE MONDIALE DES FAMILLES (1-3 JUIN 2012)

3 avril, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2012/documents/hf_ben-xvi_hom_20120603_milano_fr.html

VISITE PASTORALE À L’ARCHIDIOCÈSE DE MILAN ET VIIe RENCONTRE MONDIALE DES FAMILLES (1-3 JUIN 2012)

CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE

HOMÉLIE DU http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2012/documents/hf_ben-xvi_hom_20120603_milano_fr.htmlI

Parc de Bresso, Dimanche 3 juin 2012

Vénérés frères,
Éminentes autorités,
Chers frères et sœurs,

C’est un moment fort de joie et de communion que nous vivons ce matin, en célébrant le sacrifice eucharistique ; une grande assemblée, réunie avec le Successeur de Pierre, constituée de fidèles provenant de nombreuses nations. Elle offre une image expressive de l’Église, une et universelle, fondée par le Christ et fruit de cette mission, que Jésus, comme nous l’avons entendu dans l’Évangile, a confiée à ses apôtres : aller et faire de tous les peuples des disciples, « les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (Mt 28, 18-19). Je salue avec affection et reconnaissance le Cardinal Angelo Scola, Archevêque de Milan, et le Cardinal Ennio Antonelli, Président du Conseil pontifical pour la Famille, principaux artisans de cette VIIe Rencontre mondiale des Familles, ainsi que leurs collaborateurs, les Évêques auxiliaires de Milan et tous les autres Prélats. Je suis heureux de saluer toutes les autorités présentes. Et aujourd’hui, toute mon affection va surtout à vous, chères familles ! Merci de votre participation !
Dans la deuxième lecture, l’apôtre Paul nous a rappelé qu’au baptême nous avons reçu l’Esprit Saint, qui nous unit au Christ en tant que frères et nous met en relation avec le Père en tant qu’enfants, de sorte que nous pouvons crier : « Abbà Père ! » (cf. Rm 8, 15.17). En cet instant, il nous a été donné un germe de vie nouvelle, divine, pour le faire grandir jusqu’à son accomplissement définitif dans la gloire céleste ; nous sommes devenus membres de l’Église, la famille de Dieu, « sacrarium Trinitatis » – ainsi la définit saint Ambroise -, « peuple qui – comme l’enseigne le Concile Vatican II – tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint » (Const. Lumen gentium, 4). La solennité liturgique de la Sainte Trinité, que nous célébrons aujourd’hui, nous invite à contempler ce mystère, mais elle nous pousse aussi à nous engager à vivre la communion avec Dieu et entre nous sur le modèle de la communion trinitaire. Nous sommes appelés à accueillir et à transmettre d’un commun accord les vérités de la foi ; à vivre l’amour réciproque et envers tous, en partageant joies et souffrances, en apprenant à demander et à accorder le pardon, en valorisant les différents charismes sous la conduite des pasteurs. En un mot, nous est confiée la tâche d’édifier des communautés ecclésiales qui soient toujours plus famille, capables de refléter la beauté de la Trinité et d’évangéliser non seulement par la parole mais, je dirais même, par « irradiation », par la force de l’amour vécu.
Ce n’est pas seulement l’Église qui est appelée à être image du Dieu unique en trois personnes, mais aussi la famille, fondée sur le mariage entre l’homme et la femme. Au commencement, en effet, « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds, et multipliez-vous » » (Gn 1, 27-28). Dieu a créé l’être humain mâle et femelle, avec une même dignité, mais aussi avec des caractéristiques propres et complémentaires, pour que les deux soient un don l’un pour l’autre, se mettent en valeur réciproquement et réalisent une communauté d’amour et de vie. L’amour est ce qui fait de la personne humaine l’image authentique de la Trinité, image de Dieu. Chers époux, en vivant le mariage, vous ne vous donnez pas quelque chose ou quelque activité, mais la vie entière. Et votre amour est fécond avant tout pour vous-mêmes, parce que vous désirez et vous réalisez le bien l’un de l’autre, expérimentant la joie de recevoir et de donner. Il est aussi fécond dans la procréation, généreuse et responsable, des enfants, dans l’attention prévenante pour eux et dans leur éducation attentive et sage. Il est fécond enfin pour la société, car votre vécu familial est la première et irremplaçable école des vertus sociales telles que le respect des personnes, la gratuité, la confiance, la responsabilité, la solidarité, la coopération. Chers époux, prenez soin de vos enfants et, dans un monde dominé par la technique, transmettez-leur, avec sérénité et confiance, les raisons de vivre, la force de la foi, en leur proposant des objectifs élevés et en les soutenant dans leur fragilité. Mais vous aussi les enfants, sachez maintenir sans cesse une relation de profonde affection et d’attention prévenante à l’égard de vos parents, et que les relations entre frères et sœurs soient aussi des occasions de grandir dans l’amour.
Le projet de Dieu sur le couple humain trouve sa plénitude en Jésus-Christ qui a élevé le mariage au rang de sacrement. Chers époux, par un don spécial de l’Esprit Saint, le Christ vous fait participer à son amour sponsal, en faisant de vous le signe de son amour pour l’Église : un amour fidèle et total. Si vous savez accueillir ce don, en renouvelant chaque jour, avec foi, votre « oui », avec la force qui vient de la grâce du Sacrement, votre famille aussi vivra de l’amour de Dieu, sur le modèle de la Sainte Famille de Nazareth. Chères familles, demandez souvent, dans la prière, l’aide de la Vierge Marie et de saint Joseph, pour qu’ils vous apprennent à accueillir l’amour de Dieu comme ils l’ont accueilli. Votre vocation n’est pas facile à vivre, spécialement aujourd’hui, mais celle de l’amour est une réalité merveilleuse, elle est l’unique force qui peut vraiment transformer le cosmos, le monde. Devant vous vous avez le témoignage de nombreuses familles qui vous indiquent les voies pour grandir dans l’amour : maintenir une relation constante avec Dieu et participer à la vie ecclésiale, entretenir le dialogue, respecter le point de vue de l’autre, être prêts à servir, être patients avec les défauts des autres, savoir pardonner et demander pardon, surmonter avec intelligence et humilité les conflits éventuels, s’accorder sur les orientations éducatives, être ouverts aux autres familles, attentifs aux pauvres, responsables dans la société civile. Ce sont tous des éléments qui construisent la famille. Vivez-les avec courage, certains que, dans la mesure où avec le soutien de la grâce divine, vous vivrez l’amour réciproque et envers tous, vous deviendrez un Évangile vivant, une véritable Église domestique (cf. Exhort. apost. Familiaris consortio, 49). Je voudrais aussi réserver un mot aux fidèles qui, tout en partageant les enseignements de l’Église sur la famille, sont marqués par des expériences douloureuses d’échec et de séparation. Sachez que le Pape et l’Église vous soutiennent dans votre peine. Je vous encourage à rester unis à vos communautés, tout en souhaitant que les diocèses prennent des initiatives d’accueil et de proximité adéquates.
Dans le livre de la Genèse, Dieu confie au couple humain sa création pour qu’il la garde, la cultive, la conduise selon son projet (cf. 1, 27-28 ; 2, 15). Dans cette indication de la Sainte Écriture, nous pouvons lire la tâche de l’homme et de la femme de collaborer avec Dieu pour transformer le monde, par le travail, la science et la technique. L’homme et la femme sont images de Dieu aussi dans cette œuvre précieuse qu’ils doivent accomplir avec le même amour que le Créateur. Nous voyons que, dans les théories économiques modernes, prédomine souvent une conception utilitariste du travail, de la production et du marché. Le projet de Dieu et l’expérience elle-même montrent cependant que ce n’est pas la logique unilatérale du bénéfice personnel et du profit maximum qui peut contribuer à un développement harmonieux, au bien de la famille et à l’édification d’une société plus juste, car cette logique comporte une concurrence exaspérée, de fortes inégalités, la dégradation de l’environnement, la course aux biens de consommation, la gêne dans les familles. Bien plus, la mentalité utilitariste tend à s’étendre aussi aux relations interpersonnelles et familiales, en les réduisant à de précaires convergences d’intérêts individuels et en minant la solidité du tissu social.
Un dernier élément. L’homme, en tant qu’image de Dieu, est appelé aussi au repos et à la fête. Le récit de la création se termine par ces paroles : « Le septième jour, Dieu avait achevé l’œuvre qu’il avait faite. Il se reposa le septième jour, de toute l’œuvre qu’il avait faite. Et Dieu bénit le septième jour : il en fit un jour sacré » (Gn 2, 2-3). Pour nous chrétiens, le jour de fête c’est le dimanche, jour du Seigneur, Pâque hebdomadaire. C’est le jour de l’Église, assemblée convoquée par le Seigneur autour de la table de la Parole et du Sacrifice eucharistique, comme nous sommes en train de le faire aujourd’hui, pour nous nourrir de Lui, entrer dans son amour et vivre de son amour. C’est le jour de l’homme et de ses valeurs : convivialité, amitié, solidarité, culture, contact avec la nature, jeu, sport. C’est le jour de la famille, au cours duquel nous devons vivre ensemble le sens de la fête, de la rencontre, du partage, en participant aussi à la Messe. Chères familles, même dans les rythmes serrés de notre époque, ne perdez pas le sens du jour du Seigneur ! Il est comme l’oasis où s’arrêter pour goûter la joie de la rencontre et étancher notre soif de Dieu.
Famille, travail, fête : trois dons de Dieu, trois dimensions de notre existence qui doivent trouver un équilibre harmonieux. Harmoniser les temps de travail et les exigences de la famille, la profession et la paternité et la maternité, le travail et la fête, est important pour construire des sociétés au visage humain. En cela, privilégiez toujours la logique de l’être par rapport à celle de l’avoir : la première construit, la deuxième finit par détruire. Il faut s’éduquer à croire, avant tout en famille, dans l’amour authentique, qui vient de Dieu et qui nous unit à lui et pour cela justement « nous transforme en un nous, qui surpasse nos divisions et qui nous fait devenir un, jusqu’à ce que, à la fin, Dieu soit « tout en tous » » (1 Co 15, 28) » (Enc. Deus caritas est, 18). Amen.

LE MARIAGE, PARTIE INTÉGRANTE DU SACREMENT DE LA CRÉATION – JEAN-PAUL II (1982)

3 avril, 2014

http://christus.fr/le-mariage-partie-integrante-du-sacrement-de-la-creation-jean-paul-ii/

LE MARIAGE, PARTIE INTÉGRANTE DU SACREMENT DE LA CRÉATION – JEAN-PAUL II

JEAN-PAUL II, AUDIENCE GÉNÉRALE, MERCREDI 6 OCTOBRE 1982, CYCLE THÉOLOGIE DU CORPS.

1. Nous continuons l’analyse du texte classique d’Éphésiens 5, 22-33. À ce propos il convient de citer quelques phrases contenues dans l’une des analyses précédentes consacrées à ce thème : « L’homme paraît dans le monde visible comme la plus haute expression du don divin car il porte en soi la dimension intérieure du don. Et, avec celle-ci, il apporte dans le monde sa ressemblance particulière avec Dieu, grâce à laquelle il transcende et domine également sa propre visibilité dans le monde, sa dimension corporelle, sa masculinité ou féminité, sa nudité. Autre reflet de cette ressemblance, la conscience primordiale de la signification conjugale du corps, conscience pénétrée du mystère de l’innocence originaire ». (.P. II, 20/02/1980) Ces phrases résument en quelques mots le résultat des analyses consacrées aux premiers chapitres de la Genèse, en relation avec les paroles par lesquelles le Christ, dans son entretien avec les pharisiens au sujet du mariage et de son indissolubilité, se référait à l’origine. D’autres phrases de cette analyse posent le problème du sacrement primordial : « Et ainsi, dans cette dimension se constitue un sacrement primordial, entendu comme signe qui transmet efficacement dans le monde visible le mystère invisible caché en Dieu de toute éternité. Voilà le mystère de la vérité et de l’amour, le mystère de la vie divine à laquelle l’homme participe réellement … C’est l’innocence originaire qui ouvre cette participation … » (20/02/1980).
2. Il convient de revoir le contenu de ces affirmations à la lumière de la doctrine paulinienne exprimée dans l’épître Aux Éphésiens, et en tenant principalement compte de Ep 5, 22-33 inséré dans le contexte général de l’épître. Du reste, cet écrit nous le permet, car son auteur lui-même se réfère, au verset 31 de ce chapitre 5, à l’origine et précisément aux paroles instituant le mariage dans le livre de la Gn 2, 24. En ce sens pouvons-nous entrevoir dans ces paroles un énoncé concernant le sacrement primordial? Ces précédentes analyses de l’origine biblique nous ont menés progressivement à cela, en considération du don de l’existence fait à l’homme et dans la grâce qu’était l’état d’innocence et de justice primordiales. L’épître Aux Éphésiens nous amène à aborder ces situations – c’est-à-dire l’état de l’homme avant le péché originel – en nous plaçant au point de vue du mystère caché en Dieu de toute éternité. En effet, dans les premières phrases de l’épître nous lisons « Dieu, Père de notre Seigneur Jésus-Christ … nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ. C’est ainsi qu’il nous a élus en lui, dès avant la création du monde pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour… » (Ep 1, 3-4).
3. L’épître Aux Éphésiens nous ouvre le monde surnaturel de l’éternel mystère, des desseins éternels de Dieu le Père à l’égard de l’homme. Ces desseins sont antérieurs à la création de l’homme. En même temps, ces desseins divins commencent déjà à se réaliser dans toute la réalité de la création. Si au mystère de la Création appartient également l’état d’innocence originaire de l’homme créé, comme homme et comme femme, à l’image de Dieu, cela signifie que le don primordial que Dieu confère à l’homme contient le fruit de l’élection, dont nous parle l’épître Aux Éphésiens : « Il nous a élus … pour être saints et immaculés en sa présence » Ep 1, 4 C’est cela que les paroles du livre de la Genèse semblent souligner, quand le Créateur-Elohim trouve que l’être humain, homme et femme, paru en sa présence, est un bien digne de le satisfaire : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voilà que c’était très bien » Gn 1, 31. Ce n’est qu’après le péché, après la rupture de l’alliance originaire avec le Créateur, que l’homme éprouva le besoin de se cacher du Seigneur Dieu : « J’ai entendu ta voix dans le jardin et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché » (Gn 3, 10).
4. Au contraire, avant le péché, l’homme portait dans l’âme le fruit de l’éternelle élévation dans le Christ, Fils éternel du Père. Par la grâce de cette élection, l’être humain – homme et femme – était saint et immaculé en présence de Dieu. Cette sainteté et cette pureté primordiales (ou originaires) s’exprimaient également dans le fait que, même si tous deux « étaient nus, ils n’en avaient point honte » Gn 2, 25 ainsi que nous avons cherché à le mettre en évidence dans les analyses précédentes. Confrontant le témoignage de l’origine, décrite dans les premiers chapitres du livre de la Genèse, et le témoignage de l’épître Aux Éphésiens, il faut en déduire que la réalité de la création de l’homme « était déjà », imprégnée, de l’éternelle élection de l’homme « dans le Christ « : appelé à la sainteté par la grâce de l’adoption comme fils : étant « déterminé d’avance » que nous serions « pour Lui des fils adoptifs par Jésus-Christ. Tel fut le plaisir de sa volonté, à la louange de gloire de sa grâce dont il nous a gratifiés dans le Bien-aimé » (Ep 1, 5-6).
5. L’être humain – homme et femme – participa dès l’origine à ce don surnaturel. Ce don a été donné en considération de Celui qui de toute éternité était, comme Fils, le Bien-aimé, même si – selon la dimension du temps et de l’histoire – elle a précédé l’incarnation de ce Fils bien- aimé et également la « Rédemption » que nous trouvons en lui, « par son sang » Ep 1, 7. La Rédemption devait devenir la source de la gratification surnaturelle de l’homme après le péché et, en un certain sens, malgré le péché. Cette gratification surnaturelle qui eut lieu avant le péché originel, c’est-à-dire la grâce de la justice et de l’innocence originaires – gratification qui était le fruit de l’élection de l’homme dans le Christ avant les siècles – s’est accomplie précisément par égard pour Lui, pour ce « Bien-aimé » unique, tout en anticipant chronologiquement sa venue dans le corps. Dans les dimensions du mystère de la Création, l’élection à la dignité de fils adoptif fut le propre seulement du premier Adam, c’est-à-dire de l’être humain créé à l’image et à la ressemblance de Dieu en tant qu’homme et femme.
6. Dans ce contexte, comment s’établit la réalité du sacrement, du sacrement primordial? Dans l’analyse de l’origine dont nous avons cité un passage, nous avons dit que le sacrement, entendu comme signe visible, se constitue avec l’homme en tant que corps, moyennant sa visible masculinité et féminité. Le corps en effet, et seulement lui est capable de rendre visible ce qui est invisible : le spirituel et le divin. Il a été créé pour transférer dans la réalité visible du monde le mystère, caché en Dieu de toute éternité et ainsi d’en être le signe (J.P. II, 20/02/1980).
Ce signe a, en outre, sa propre efficacité, comme je l’ai également dit : « L’innocence originaire liée à la signification conjugale du corps » fait que l’être humain « se sent dans son corps d’homme ou de femme, sujet de sainteté » J.P. II, 20/2/1980 . Se sent et il l’est « depuis l’origine ». Cette sainteté conférée originairement à l’homme par le Créateur appartient à la réalité du sacrement de la création. Les paroles de Gn 2, 24 « l’homme… s’attachera à sa femme et ils deviendront une seule chair » prononcées sur le fond de cette réalité originaire au sens théologique constituent le mariage comme partie intégrante et, en un certain sens, centrale du sacrement de la création. Elles constituent – ou plutôt, confirment peut-être simplement – le caractère de son origine. Selon ces paroles, le mariage est sacrement en tant que partie intégrante et, dirais-je, point central du sacrement de la création. En ce sens il est un sacrement primordial.
7. L’institution du mariage exprime, selon Gn 2, 24, non seulement le début de la communauté humaine fondamentale qui, par la force de procréation qui lui est propre (« Fructifiez et multipliez-vous », Gn 1, 28), sert à continuer l’oeuvre de création, mais en même temps elle exprime l’initiative salvifique du Créateur, correspondant à l’éternelle élection de l’homme dont parle l’épître Aux Éphésiens. Cette initiative salvifique vient de Dieu-Créateur et son efficacité surnaturelle s’identifie avec l’acte même de la création de l’homme à l’état de l’innocence originaire. C’est dans cet état que l’élection éternelle de l’homme dans le Christ fructifia dès l’acte même de sa création. Et, ainsi, il faut reconnaître que le sacrement originaire de la création tire son efficacité du « Fils bien-aimé » Ep 1, 6 (où il est question de « la grâce qu’il nous a donnée dans son Fils bien-aimé »). Puis, s’il s’agit du mariage, on peut déduire que – institué dans le contexte du sacrement de la création pris globalement, c’est-à-dire à l’état de l’innocence originelle – il devait servir non seulement à prolonger l’oeuvre de la création, c’est-à-dire de la procréation, mais aussi à répandre sur les générations humaines successives le même sacrement de la création, c’est- à-dire les fruits de l’élection éternelle de l’homme par le Père dans le Fils éternel : ces fruits dont Dieu a gratifié l’homme dans l’acte même de la création.
L’épître Aux Éphésiens nous permet, semble-t-il, de comprendre ainsi le livre de la Genèse et la vérité sur l’origine de l’homme et du mariage qui y est contenue.

Eastern Orthodox icon of the Myrrhbearing Women at the Tomb of Christ (Kizhi, Russia, 18th century).

2 avril, 2014

Eastern Orthodox icon of the Myrrhbearing Women at the Tomb of Christ (Kizhi, Russia, 18th century). dans images sacrée Wifes_grave_kizhi

http://en.wikipedia.org/wiki/Myrrhbearers

EMMANUEL LÉVINAS… – PHILISOPHE JUIF DU XXIÈME SIÈCLE (1905-1995), NÉ À VILNIUS.

2 avril, 2014

http://chemins.eklesia.fr/cdh/levinas.php

EMMANUEL LÉVINAS…

RÉSUMÉ DE SA VIE :

PHILISOPHE JUIF DU XXIÈME SIÈCLE (1905-1995), NÉ À VILNIUS.

Marqué par l’acceuil de sa femme et de son fils pendant la guerre dans un couvent de religieuses, Emmanuel Lévinas est resté fidèle à sa religion, mais représente pour les chrétiens, la plus grande avancée d’un juif vers le christianisme.
Lira Maritain et Bergson lors de son arrivée à Paris dans les années 30.
Il a notamment été un interlocuteur privilégié de Jean Paul II pendant plus de 20 ans.
Avec Hans Jonas, il développe le thème de la résponsabilité, un appel déchirant après ce qu’ils nomment » le retrait de Dieu » dans ces pages déchirantes de l’histoire que sont des drames comme la Schoah…. Ses écrits, et en particulier « Autrement qu’être ou au delà de l’essence » évoque l’exposition du visage et la kénose (se vider en grec) qui reprenne pour le chrétien les thèmes développés par Saint Paul dans l’Epitre aux Philippiens…(Chap 2).
Sa mort à la veille de Noêl 1995, forme comme un signe écrivait P. Ricoeur dans le Monde, Lévinas s’éteint à la veille d’une naissance. On ne peut reprocher sa fidélité au judaïsme, on peut par contre se réjouir de ce pont tracé entre deux peuples, ces fils spirituels du même Dieu…
Biographie : Emmanuel Lévinas : la vie et la trace, par Salomon Malka, J.C. Lattès 324p., 20 Euros

COMMENTAIRES …

A) LE THÈME DE LA PASSIVITÉ…

Lévinas, dans « Autrement qu’être et au-delà de l’essence » parle d’une passivité plus que passive, d’une exposition totale à la loi de l’autre, d’une dénudation, d’un sacrifice. Il ne parle pas de changer de joue, mais se contente d’exposer cette exposition qui fait signe, qui cristallise le Dire dans le Dit.
Entre les deux, et sous les réserves de l’acte sacrificiel ultime du Christ (Romains 5,17, cf plus loin ), je resterais dans le « plan humain » pour noter l’importance du visage. Lorsque le sujet s’expose en tournant l’autre joue, il présente son visage et dans son visage l’autre est assigné à une responsabilité.
Le visage qui s’expose c’est le début, la trace de la relation. C’est une exposition à la fois passive et active de l’homme blessé à l’autre. C’est le seul moyen d’introduire la parole.
Dans le monde animal, le face à face n’existe pas, le visage n’est pas exposé dans la relation, en particulier dans la sexualité. Chez l’homme, le visage s’expose. Il est toujours nu devant l’autre. Sans visage, l’homme retombe à l’état d’animal. Ne dit-on pas que la pornographie c’est l’exposition du corps sans visage.
Toute relation qui ne passe pas par le visage conduit à la possession de l’autre. Ce principe s’applique à l’ensemble des rapports interpersonnels (violence muette, viol, meurtre, adultère, convoitise). Si l’on rétablit le visage, l’autre peut advenir.
Lorsque le visage s’expose, ne serait-ce que l’instant nécessaire à l’homme blessé pour exposer l’autre joue, la relation commence et la responsabilité de l’autre est engagée. Si le visage est masqué, il ne peut y avoir de relation.
Si l’autre, ou plutôt quand l’autre prend conscience de sa responsabilité, il peut s’ouvrir à la relation.
Pari audacieux de l’exposition du visage. Espérance d’une relation. L’homme ne peut aller plus loin sans l’Autre. Mais c’est un autre sujet, que nous aborderons plus loin.

b) L’exposition
L’exposition est le thème principal de Lévinas dans « Autrement qu’être ou au-delà de l’essence » :
« L’un s’expose à l’autre comme une peau s’expose à ce qui la blesse, comme une joue offerte à celui qui frappe » (Autrement qu’être ou au delà de l’essence, Poche p. 83).
Pour moi, l’exposition rejoint ce que j’appele le « sacrifice-actif » ou le « suivre-actif » en opposition au « sacrifice-aliéné » ou au « suivre-passif ». Il y a dans l’exposition la trace d’un verbe qui se contente du silence pour exposer et assigner l’autre à l’attention. C’est le thème central pour moi de l’arbre du jardin d’Eden dans la parole du « Tu ne mangeras pas » (à l’inaccompli) et qui prend sa pleine dimension dans « l’exposition » sur la croix (voir aussi sur ce thème, chez Paul Beauchamp, dans L’un et l’Autre Testament)…
Pour comprendre, dans une acception chrétienne et donc réductrice le texte de Lévinas, il faut traduire le « Dire » comme le Dieu indicible et le « Dit », comme le Verbe qui s’expose, comme la trace, la parabole vivante du Christ qui s’expose sur la Croix :
« Mais le Dire est dénudation de la dénudation, donnant signe de sa signifiance même, expression de l’exposition  » hyperbole de la passivité qui dérange l’eau qui dort, où, sans Dire, la passivité grouillerait de secret desseins.
Passivité de l’exposition en réponse à une assignation qui m’identifie comme l’unique, non point en me ramenant à moi-même, mais en me dépouillant de toute quiddité identique et, par conséquent, de toute forme, de toute investiture, qui se glisserait encore dans l’assignation . »
Dans ce texte, Lévinas présente sous la métaphore du Dire et du Dit ce qui peut être pour nous Dieu et Christ, le mystère du Christ qui s’expose sur la Croix . On retrouve les textes de la tradition judéo-chretienne et surtout de l’Ecriture :
Isaïe 53,12 : « Il s’est dépouillé lui même jusqu’à la mort », le « Il s’annéantit lui-même, obéissant jusqu’à la mort ». (Phil 2, 6 -11), le « Tu n’as pas voulu de sacrifices ni d’offrandes, mais tu m’as fait un corps (He 10, 5) ou encore le : « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : « Voici je viens. Dans le livre est écrit ce que tu veux que je fasse » Ps 39, 7.
Plus loin dans son livre, Lévinas a un passage très beau sur le sens de ce que je qualifierais « l’incarnation » :
« La responsabilité pour Autrui » dans son antériorité par rapport à ma liberté (…) est une passivité plus passive que la passivité » exposition à l’autre sans assomption de cette exposition même, exposition sans retenue, exposition de l’exposition, expression, Dire. Franchise, sincérité, véracité du Dire. Non pas Dire se dissimulant et se protégeant dans le Dit, se payant de mots en face de l’autre » mais dire en se découvrant » c’est-à-dire se dénudant de sa peau  » sensibilité à fleur de peau, à fleur de nerfs, s’offrant jusqu’à la souffrance  » ainsi, tout signe, se signifiant. La substitution à bout d’être aboutit au Dire  » à la donation de signe, donnant signe de cette donation de signe, s’exprimant . »
Pour moi c’est une des plus belles expressions de la passion du Christ, qui donne le sens de cette passion sans toutefois le nommer. Ecoutons la suite :
« Dans la sincérité, dans la franchise, dans la véracité de ce Dire  » dans le découvert de la souffrance « l’être s’altère. Mais ce dire demeure, dans son activité, passivité ; plus passif que toute passivité, car sacrifice sans réserve, sans retenue . »
« C’est à partir de la proximité qu’il prend son sens. (…) Dans la provocation anarchique qui m’ordonne à l’autre, s’impose la voie qui mène à la thématisation et à une prise de conscience : La prise de conscience est motivée par la présence du tiers à coté du prochain approché; le tiers aussi est approché; la relation entre le prochain et le tiers ne peut être indifférente à moi qui approche « 
C’est pour moi le thème central. Dans ce tiers, ce Christ exposé sur la croix, il y a une assignation à laquelle on ne peut se dérober, à laquelle l’homme, dans l’exercice de ses relations avec autrui se sent responsable, en vérité. Comment être faux face à soi-même et donc face à l’autre, si dans l’attention qui caractérise nos décisions nous mettons en perspective cette exposition du Christ en croix. Quel frein, quelle démarche de mêmeté ou d’avoir résiste à cette kénose, à cet abaissement d’un Christ qui se présente à nous dans sa nudité exposée, dans ce sacrifice non voulu. Sacrifice actif par son silence qui expose et assigne sans contraindre. La Croix n’est pas une aliénation, une loi que l’on doit craindre. Il est le tout de l’amour divin. Suprême étant sans l’être, car infini inatteignable, non-rattrapable, in-imitable.
« Le surgissement d’une subjectivité [foi ?], d’une âme, d’un qui, demeure corrélatif de l’être [Savoir ?], c’est-à-dire simultané et un avec lui. (…) Mais la manifestation de l’être à lui-même impliquerait une séparation dans l’être. » Pour cela, il faut le temps, le temps de la découverte de l’être et des retrouvailles de la vérité, réunion sous l’unité de l’aperception, recommencement [Naître de nouveau ?] du présent . »
La prise de conscience, l’éclairage de la croix, la chute du voile est renaissance. « L’essence de l’être est dispersion de l’opacité . »
Le texte suivant donne une très belle image de la mission du Christ. Mais cette version non confessionnelle et qui reste philosophique grâce à la métaphore du Dire et du Dit parle beaucoup plus pour un Chrétien :
« Le Dire tendu vers le Dit et s’absorbant en lui, corrélatif du Dit, nomme un étant, dans la lumière ou la résonance du temps vécu qui laisse apparaître le phénomène, lumière et résonance qui peuvent à leur tour, s’identifier dans un autre Dit. Désignation et résonance qui ne viennent s’ajouter du dehors au phénomène par l’effet d’un code conventionnel réglementant l’usage d’un système de signes. C’est dans le déjà-dit que les mots – éléments d’un vocabulaire historiquement constitué  » trouveront leur fonction de signe et un emploi et feront pulluler toutes les possibilités du vocabulaire. (Note de Lévinas : Mais cela atteste une passivité extrême du Dire de derrière le Dire se faisait simplement corrélatif du Dit; passivité de l’exposition à la souffrance et au traumatisme, que le présent ouvrage essaye de thématiser.)  » (65)
Je traduirais ainsi ce même paragraphe : « Dieu tout tendu vers le Christ-Verbe et s’absorbant en lui, corrélatif du Verbe, nomme un étant, Jésus [Dieu Sauve], dans la lumière [Transfiguration] ou la résonance du temps vécu [Ancien testament] qui laisse apparaître le phénomène [Sens caché du visible, Déchirement du voile], lumière et résonance qui peuvent à leur tour, s’identifier dans un autre Dit [Esprit-Saint]. Désignation et résonance qui ne viennent s’ajouter du dehors au phénomène [sens caché d'une réalité visible] par l’effet d’un code conventionnel réglementant l’usage d’un système de signes [loi juive]. C’est dans le déjà-dit [Ancien Testament] que les mots [paraboles du Christ]- éléments d’un vocabulaire historiquement constitué  » trouveront leur fonction de signe [Nouvelle alliance] et un emploi et feront pulluler toutes les possibilités du vocabulaire [Nouvelle évangélisation]. (Note de Lévinas : Mais cela atteste une passivité extrême Dieu de derrière Dieu le fils, se faisait simplement proche du Christ; passivité de l’exposition à la souffrance [sur la Croix] et au traumatisme, que le présent ouvrage essaie de thématiser.
Que dire après un texte d’une si grande portée ? Je rajouterais une clarification, sur cette vision du Christ pour montrer, que loin d’être une image, elle est icône, c’est à dire qu’il faut percevoir le Christ non comme un étant suprême auquel on peut parvenir mais comme un infini dans l’abaissement, un jusqu’au bout de la kénose auquel on est appelé à tendre, sans en pouvoir saisir l’essence .

c) La faille de la mêmeté…
La recherche sur l’être ne cesse de progresser. Des multiples voies ouvertes par Aristote on est parvenu à l’être-là Heidegerien, à l’être-en-acte Husserlien. Mais le chemin de l’être-idôle à l’être-agape n’est pas terminé tant que le Moi reste présent dans ce Palais de sable . Il faut parvenir à un autrement-qu’être lévinassien, dépasser l’être en acte où le Moi garde sa maîtrise; dans un au-delà de l’être, dans une passivité plus que passive où le désir d’un autre vient supplanter son désir. Le désir ne peut devenir Désir que lorsqu’il a été mis à l’épreuve du désir de l’autre. Lorsque l’autre n’est pas, l’étant ne peut être.
Ce message est-il une nouvelle synchronie. Il ne semble pas. Au contraire, la porte étroite de l’Agape est diachronie, incarnation et révélation d’un au-delà. La totalité est fermeture autour du Moi et de l’image du Moi dans le Même. L’ouverture à l’autre, son assignation, la responsabilité qui m’engage est rupture, dépossession et kénose. Elle est chemin d’infini.
Le voile déchiré par la Passion a été lentement recousu par la systématisation totalitaire d’une raison omnisciente. Il convient de retrouver dans la Trace du divin sa responsabilité originelle pour autrui. L’Esprit de Vérité n’est pas dans la cristallisation du dit mais dans une dialectique entre voile et dévoilement . L’écriture, la Loi, trace du Dire, de la Parole vivante reste chemin de conversion.
Celui qui crée le vent, qui révèle à l’homme quel est son dessein, qui des ténèbres produit l’aurore, qui marche sur les hauteurs de la terre, il se nomme le Seigneur, Dieu de l’univers (Am 4,13)
Peut-être faut-il que les ténèbres soit , que la totalité d’un cogito tout puissant soit détruite, pour que le cÏur humain retrouve une dynamique réflexive et une difficile liberté.

 

TDC 087 – LE MARIAGE COMME SACREMENT, SELON SAINT PAUL AUX EPHÉSIENS

2 avril, 2014

http://www.theologieducorps.fr/tdc/tdc-087-mariage-comme-sacrement-selon-saint-paul-aux-ephesiens

TDC 087 – LE MARIAGE COMME SACREMENT, SELON SAINT PAUL AUX EPHÉSIENS

Par Incarnare, le lundi 07/09/2009

1. Nous entamons aujourd’hui un nouveau chapitre sur le thème du mariage, en lisant ce que dit saint Paul aux Ephésiens: « Que les femmes soient soumises à leur mari, comme au Seigneur Jésus; car, pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’Eglise, le Christ est à la tête, lui qui est le Sauveur de son corps. Eh bien! si l’Eglise se soumet au Christ, qu’il en soit toujours de même pour les femmes à l’égard de leur mari. Vous, les hommes, aimez votre femme, à l’exemple du Christ: il a aimé l’Eglise, il s’est livré pour elle; il voulait la rendre sainte en la purifiant par l’eau du baptême et la parole de vie; il voulait se la présenter à lui-même, cette Eglise, resplendissante, sans tache ni ride, ni aucun défaut; il la voulait sainte et immaculée. C’est comme cela que le mari doit aimer sa femme: comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui- même. Jamais personne n’a méprisé son propre corps: au contraire, on le nourrit, on en prend soin. C’est ce que fait le Christ pour l’Eglise, parce que nous sommes les membres de son corps A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’unira à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand; je le dis en pensant au Christ et à l’Eglise! Bref, en ce qui vous concerne, que chacun aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari » Ep 5,22-33.
2. Il nous faut soumettre à une analyse approfondie ce texte de Ep 5, comme auparavant nous avons analysé toutes les paroles du Christ qui semblaient avoir une signification capitale pour la théologie du corps. Il s’agissait des paroles dans lesquelles le Christ se réfère au « commencement » Mt 19,4 Mc 10,6, au « coeur » humain, dans le Sermon sur la Montagne Mt 5,28 et à la résurrection future Mt 22,30 Mc 12,25 Lc 20,35 Ce qui est dit dans ce passage de l’épître aux Ephésiens constitue pour ainsi dire le couronnement de ces autres mots clés. Si, à partir de ceux-là on a pu dégager une théologie du corps dans ses grandes lignes évangéliques, à la fois simples et fondamentales, il faut, d’une certaine manière, présupposer cette théologie pour interpréter ce passage de l’épître aux Ephésiens. Par conséquent, si l’on veut interpréter ce passage, il faut le faire à la lumière de ce que le Christ nous a dit sur le corps humain. Il a parlé de la concupiscence (du coeur) à l’homme historique, et par conséquent à l’homme tout court. Et il a aussi fait ressortir, d’un côté, les perspectives du commencement, c’est-à-dire de l’innocence originelle et de la justice et, de l’autre, les perspectives eschatologiques de la résurrection des corps quand « on ne prendra plus femme ni mari » Lc 20,35. Tout cela fait partie de l’optique théologique de la « Rédemption de notre corps » Rm 8,23.
3. Ce que dit l’auteur de la lettre aux Ephésiens (*) est également centré sur le corps; et cela aussi bien dans son sens métaphorique, c’est-à-dire à propos du corps du Christ qui est l’Eglise, que dans son sens propre, c’est-à-dire à propos du corps humain dans sa masculinité et sa féminité, dans son destin de s’unir dans le mariage, comme le dit Gn 2,24 « L’homme quittera son père et sa mère, il s’unira à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un ».
De quelle manière ces deux significations du corps apparaissent-elles et convergent-elles dans ce passage de l’épître aux Ephésiens. Et pourquoi y apparaissent-elles et convergent-elles? Voilà des questions qu’il faut se poser, et il ne faut pas l’attendre à avoir des réponses immédiates et directes, mais plutôt, autant que possible, il faut approfondir à longue échéance, ces réponses auxquelles nous ont préparés nos analyses précédentes. En effet, ce passage de l’épître aux Ephésiens ne peut être compris correctement que dans son large contexte biblique; il faut le voir comme le couronnement des thèmes et des vérités qui ponctuent la Parole de Dieu révélée dans l’Ecriture sainte, tels le flux et le reflux de larges vagues. Ce sont des thèmes centraux et des vérités essentielles. C’est pour cela que ce texte de l’épître aux Ephésiens est également un texte clé classique.
Note (*) – La question de savoir si l’épître aux Ephésiens est de saint Paul ou pas, paternité reconnue par certains exégètes et refusée par d’autres, peut trouver une solution dans une supposition qui se place entre les deux opinions et que nous ferons nôtre comme hypothèse de travail, à savoir que saint Paul confia à son secrétaire quelques idées et que celui-ci, par la suite, les développa et les rédigea. – C’est à cette solution provisoire de la question que nous pensons quand nous parlons de l’auteur de l’épître aux Ephésiens, de l’apôtre et de saint Paul.
4. C’est un texte bien connu dans la liturgie qui l’utilise toujours en rapport avec le sacrement de mariage. La lex orandi de l’Eglise voit dans ce texte une référence explicite à ce sacrement: et la lex orandi annonce et en même temps exprime la lex credendi. Ceci étant admis, il nous faut tout de suite nous demander comment on voit, dans ce texte classique de l’épître aux Ephésiens, la vérité sur la sacramentalité du mariage. De quelle façon s’y exprime-t- elle, y est-elle confirmée? On va voir que la réponse à ces questions ne peut être immédiate et directe, mais progressive, et n’être donnée qu’à longue échéance. Cela se vérifie dès le premier coup d’oeil sur ce texte qui nous renvoie au livre de la Genèse, et donc au commencement, et qui, dans sa description des rapports entre le Christ et l’Eglise, reprend chez les prophètes de l’Ancien Testament leur analogie bien connue avec l’amour nuptial entre Dieu et le peuple élu. Il serait difficile de dire comment l’épître aux Ephésiens traite de la sacramentalité du mariage sans étudier ces rapports. On verra aussi comment cette réponse doit passer par toutes les dimensions des problèmes qu’on a déjà analysés, c’est-à-dire par la théologie du corps.
5. Le sacrement ou la sacramentalité – au sens le plus général de ce terme – concerne les corps et présuppose une théologie du corps. Le sacrement, en effet, dans son sens généralement reçu, est un signe visible. Le corps signifie aussi ce qui est visible, le caractère visible du monde et de l’homme. Par conséquent, d’une certaine manière – bien qu’en un sens plus général -, le corps entre dans la définition du sacrement puisqu’il est le signe visible d’une réalité invisible, c’est-à-dire de la réalité spirituelle, transcendante, divine. C’est dans ce signe – et à travers ce signe – que Dieu se donne à l’homme dans sa vérité transcendante et dans son amour. Le sacrement est un signe de la grâce, et c’est un signe efficace. Non seulement il l’indique et l’exprime de façon visible, il en est le signe, mais il la produit et contribue efficacement à faire en sorte que la grâce fasse partie de l’homme et qu’en lui se réalise et s’accomplisse l’oeuvre du salut, l’oeuvre établie d’avance par Dieu de toute éternité et qui a été pleinement révélée en Jésus-Christ.
6. Je dirais que déjà, dans ce premier coup d’oeil jeté sur ce texte classique de l’épître aux Ephésiens, nous voyons dans quelle direction devront se poursuivre nos analyses suivantes. Il est indispensable que ces analyses commencent par une compréhension préliminaire du texte en lui-même; cependant, elles doivent nous conduire ensuite, si l’on peut dire, par-delà les limites du texte, à comprendre, si possible jusqu’au fond, quelle richesse de vérité révélée par Dieu est contenue dans le cadre de cette merveilleuse page. En empruntant la célèbre expression de GS 22, on peut dire que ce passage que nous avons choisi dans l’épître aux Ephésiens « manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation »: en tant qu’il partage l’expérience de l’incarnation. En effet Dieu, en le créant à son image, dès le commencement le créa « homme et femme » Gn 1,27
Au cours de nos analyses suivantes nous chercherons – surtout à la lumière de ce texte de l’épître aux Ephésiens – à comprendre plus profondément le sacrement, en particulier le mariage en tant que sacrement: en premier lieu dans sa dimension de l’Alliance et de la grâce, et ensuite dans sa dimension de signe sacramentel.

- 28 juillet 1982

Mary of Egypt british library

1 avril, 2014

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