Archive pour avril, 2014

PAPE FRANÇOIS 3 AVIL 2013 (Dans le Credo)

9 avril, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/francesco/audiences/2013/documents/papa-francesco_20130403_udienza-generale_fr.html

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 3 avril 2013

Chers frères et sœurs, bonjour,

Aujourd’hui, nous reprenons les catéchèses de l’Année de la foi. Dans le Credo, nous répétons cette expression : « Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures ». C’est précisément l’événement que nous célébrons : la Résurrection de Jésus, cœur du message chrétien, qui a retenti depuis le début et a été transmis afin qu’il parvienne jusqu’à nous. Saint Paul écrit aux chrétiens de Corinthe : « Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze » (1 Co 15, 3-5). Cette brève confession de foi annonce précisément le Mystère pascal, avec les premières apparitions du Ressuscité à Pierre et aux Douze: la Mort et la Résurrection de Jésus sont précisément le cœur de notre espérance. Sans cette foi dans la mort et dans la résurrection de Jésus, notre espérance sera faible, ce ne sera pas même une espérance, et c’est précisément la mort et la résurrection de Jésus qui sont le cœur de notre espérance. L’apôtre affirme : « si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi; vous êtes encore dans vos péchés » (v. 17). Malheureusement, souvent on a tenté d’obscurcir la foi dans la Résurrection de Jésus, et parmi les croyants eux-mêmes se sont insinués des doutes. C’est un peu une foi « à l’eau de rose » comme on dit ; ce n’est pas une foi forte. Et cela par superficialité, parfois par indifférence, occupés par mille choses que l’on considère plus importantes que la foi, ou encore en raison d’une vision uniquement horizontale de la vie. Mais c’est précisément la résurrection qui nous ouvre à l’espérance la plus grande, car elle ouvre notre vie et la vie du monde à l’avenir éternel de Dieu, au bonheur total, à la certitude que le mal, le péché, la mort peuvent être vaincus. Et cela conduit à vivre avec davantage de confiance les réalités quotidiennes, à les affronter avec courage et application. La Résurrection du Christ illumine d’une lumière nouvelle ces réalités quotidiennes. La Résurrection du Christ est notre force !
Mais comment la vérité de foi de la Résurrection du Christ nous a-t-elle été transmise ? Il y a deux types de témoignages dans le nouveau Testament : certains sont sous la forme de profession de foi, c’est-à-dire de formules synthétiques qui indiquent le cœur de la foi ; d’autres en revanche sont sous la forme de récit de l’événement de la Résurrection et des faits qui y sont liés. La première : la forme de la profession de foi, par exemple, c’est celle que nous venons d’écouter, ou encore celle de la Lettre aux Romains dans laquelle saint Paul écrit : « Si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton cœur croit que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé » (10, 9). Dès les premiers pas de l’Église, la foi dans le Mystère de mort et de Résurrection de Jésus est bien établie et claire. Mais aujourd’hui, je voudrais m’arrêter sur la seconde forme, sur les témoignage sous la forme de récit, que nous trouvons dans les Évangiles. Avant tout, nous observons que les premiers témoins de cet événement furent les femmes. À l’aube, elles se rendirent au sépulcre pour oindre le corps de Jésus, et trouvent le premier signe : le tombeau vide (cf. Mc 16, 1). Vient ensuite la rencontre avec un Messager de Dieu qui annonce: Jésus de Nazareth, le Crucifié, n’est pas ici, il est ressuscité (cf. vv. 5-6). Les femmes sont poussées par l’amour et elles savent accueillir cette annonce avec foi : elles croient, et immédiatement la transmettent, elles ne la gardent pas pour elles, elle la transmettent. La joie de savoir que Jésus est vivant, l’espérance qui remplit le cœur, ne peuvent pas être réprimées. Cela devrait également être le cas dans notre vie. Nous ressentons la joie d’être chrétiens ! Nous croyons dans un Ressuscité qui a vaincu le mal et la mort ! Nous avons le courage de « sortir » pour apporter cette joie et cette lumière dans tous les lieux de notre vie ! La Résurrection du Christ est notre plus grande certitude ; c’est le trésor le plus précieux ! Comment ne pas partager ce trésor, cette certitude, avec les autres? Elle n’est pas seulement là pour nous, mais pour la transmettre, pour la donner aux autres, la partager avec les autres. C’est précisément là notre témoignage.
Un autre élément. Dans les professions de foi du Nouveau Testament, seuls des hommes sont rappelés comme témoins de la Résurrection, les apôtres, mais pas les femmes. C’est parce que, selon la loi judaïque de cette époque, les femmes et les enfants ne pouvaient pas rendre un témoignage fiable, crédible. Dans les Évangiles, en revanche, les femmes ont un rôle primordial, fondamental. Nous pouvons ici saisir un élément en faveur de l’historicité de la Résurrection : s’il s’agissait d’un fait inventé, dans le contexte de cette époque, il n’aurait pas été lié au témoignage des femmes. En revanche, les évangélistes rapportent simplement ce qui s’est passé : ce sont les femmes qui sont les premiers témoins. Cela nous dit que Dieu ne choisit pas selon les critères humains : les premiers témoins de la naissance de Jésus sont les pasteurs, des personnes simples et humbles ; les premiers témoins de la Résurrection sont les femmes. Et cela est beau. Et c’est un peu la mission des femmes : des mères, des femmes ! Rendre témoignage aux enfants, aux petits-enfants, que Jésus est vivant, il est le vivant, il est le ressuscité. Mères et femmes, allez de l’avant avec ce témoignage ! Pour Dieu c’est le cœur qui compte, combien nous sommes ouverts à Lui, si nous sommes comme les enfants qui ont confiance. Mais cela nous fait aussi réfléchir sur la manière dont les femmes, dans l’Église et dans le chemin de foi, ont eu et ont aujourd’hui aussi un rôle particulier en ouvrant les portes aux Seigneur, en le suivant et en communiquant sa Face, car le regard de la foi a toujours besoin du regard simple et profond de l’amour. Les apôtres et les disciples ont plus de difficultés à croire. Les femmes non. Pierre court au sépulcre, mais il s’arrête à la tombe vide ; Thomas doit toucher de ses mains les blessures du corps de Jésus. Dans notre chemin de foi aussi, il est important de savoir et de sentir que Dieu nous aime, de ne pas avoir peur de l’aimer : la foi se professe avec la bouche et avec le cœur, avec la parole et avec l’amour.
Après les apparitions aux femmes, d’autres suivent: Jésus se rend présent de manière nouvelle : il est le Crucifié, mais son corps est glorieux ; il n’est pas revenu à la vie terrestre, mais à une condition nouvelle. Au début, ils ne le reconnaissent pas, et ce n’est qu’à travers ses paroles et ses gestes que leurs yeux s’ouvrent : la rencontre avec le Ressuscité transforme, elle donne une force nouvelle à la foi, un fondement inébranlable. Pour nous aussi, il existe de nombreux signes où le Ressuscité se fait reconnaître : l’Écriture Sainte, l’Eucharistie, les autres sacrements, la charité, ces gestes d’amour qui portent un rayon du Ressuscité. Laissons-nous illuminer par la Résurrection du Christ, laissons-nous transformer par sa force, pour qu’à travers nous également, dans le monde, les signes de mort laissent place aux signes de vie. J’ai vu qu’il y a de nombreux jeunes sur la place. Les voilà ! Je vous dis: portez de l’avant cette certitude : le Seigneur est vivant et marche à nos côtés dans la vie. Telle est votre mission ! Portez de l’avant cette espérance. Soyez ancrés à cette espérance : cette ancre qui est dans le ciel ; tenez ferme la corde, soyez ancrés et portez de l’avant l’espérance. Vous, témoins de Jésus, portez de l’avant le témoignage que Jésus est vivant et cela nous donnera de l’espérance, donnera de l’espérance à ce monde un peu vieilli par les guerres, par le mal, par le péché. En avant les jeunes !
Je suis heureux de vous saluer chers amis francophones, particulièrement les jeunes venus de France, de Suisse, de Belgique, ainsi que les jeunes du Liban qui ont préparé les méditations de la Via Crucis. Laissez-vous illuminer par la résurrection du Christ et transformer par sa force pour porter au monde des signes de sa vie ! Bonne semaine pascale à tous!

BERNARD DE CLAIRVAUX (tourner vers Dieu)

9 avril, 2014

http://peresdeleglise.free.fr/extraits.htm#B

BERNARD DE CLAIRVAUX (tourner vers Dieu)

« … que veut dire le Seigneur lorsqu’il nous commande de nous tourner vers lui [cf. Jl 2, 12] ? Car il est partout, il remplit tout, en même temps qu’il embrasse la totalité de ce qui est. Quelle direction prendre pour me tourner vers toi, Seigneur mon Dieu ? Si je monte au ciel tu es là ; que je descende aux enfers, t’y voici [Ps 138, 8]. Qu’attends-tu de moi ? Où me tourner pour me tourner vers toi ? En haut ? en bas ? à droite ? à gauche ?
A moins de vous convertir et de devenir comme ce petit enfant, non, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux [Mt 18, 3]. Je sais donc où il veut que nous nous tournions : vers le petit enfant. Voilà ce qui nous est nécessaire, de manière à apprendre de lui qu’il est doux et humble de coeur [Mt 11, 29]. C’est dans ce dessein que, petit enfant, il nous a été donné [Is 19, 5].
Voyons maintenant comment nous tourner vers ce petit enfant – vers ce Maître de douceur et d’humilité. Tournez-vous vers moi, dit-il, de tout votre coeur [Jl 2, 12). Frères, s’il avait dit : « Tournez-vous », sans rien ajouter d’autre, nous prendrions peut-être la liberté de lui répondre : « C’est fait ; propose-nous maintenant un autre commandement. » Mais la conversion spirituelle à laquelle il nous exhorte, si je l’entends bien, ne s’accomplit pas en un seul jour. Puisse-t-elle tout au moins s’achever au cours de la vie que nous menons dans ce corps. »
(2e sermon de Carême in Saint Bernard, Sermons pour l’année, Brépols/Taizé, 1990, pp. 255-256)
« Vous me demanderez comment j’ai pu connaître sa présence. C’est qu’il est vivant et actif : à peine était-il en moi qu’il tira du sommeil mon âme assoupie. Mon cœur était dur comme la pierre et malade : il l’a secoué, amolli et blessé. Il se mit aussi à sarcler, à arracher, à construire, à planter, à arroser les terres arides, à illuminer les endroits obscurs et à ouvrir les chambres closes, à embraser les parties glacées ; mieux encore, il redressa les voies tortueuses et aplanit les terrains raboteux, tant et si bien que mon âme bénit le Seigneur et que tout moi-même se prit à chanter les louanges de son saint nom. » (Homélies sur le Cantique des Cantiques, 74, 6).
« Frères, vous à qui le Seigneur, comme à des petits, révèle ce qui est caché aux sages et aux habiles, vous devez appliquer votre pensée à ce qui concerne vraiment le salut et trouver le sens de cet avent : Cherchez donc quel est celui qui vient, d’où et de qui il vient, cherchez aussi le motif de sa venue. Cette curiosité est sans aucun doute louable et salutaire : l’Eglise ne célèbrerait pas le présent Avent avec tant de ferveur s’il ne recélait en lui quelque grand sacrement. Et tout d’abord, avec l’Apôtre stupéfait et plein d’admiration, regardez vous aussi celui qui fait son entrée : Il est, au témoignage de Gabriel, le Fils du Très-Haut, Très-Haut lui-même. Vous avez entendu, frères, quel est celui qui vient, écoutez, maintenant, d’où il vient et où il va. Il vient du coeur de Dieu le Père dans le sein de la Vierge Mère. Il vient du plus haut des cieux jusqu’aux régions inférieures de la terre. »
(1er sermon pour l’Avent, 1, cité d’après le Lectionnaire pour les dimanches et fêtes de Jean-René Bouchet, Cerf, 1994, pp. 34 ).

« Il doit en être du pécheur par rapport à son Créateur, comme du malade par rapport à son médecin, et tout pécheur doit prier Dieu comme un malade prie son médecin. Mais la prière du pécheur rencontre deux obstacles, l’excès ou l’absence de lumière. Celui qui ne voit ni ne confesse point ses péchés est privé de toute lumière; au contraire celui qui les voit, mais si grands qu’il désespère du pardon, est offusqué par un excès de lumière : ni l’un ni l’autre ne prient. Que faire donc ? Il faut tempérer la lumière, afin que le pécheur voie ses péchés, les confesse, et prie pour eux afin d’en obtenir la rémission. Il faut donc d’abord qu’il prie avec un sentiment de confusion, c’est ce qui a lieu quand le pécheur n’ose point encore s’approcher lui-même de Dieu et cherche quelque homme saint, quelque saint pauvre d’esprit qui soit comme la frange du manteau du Seigneur, et par qui il puisse s’approcher de lui. »
(107e sermon « sur les sentiments qu’il faut avoir dans la prière »)
« …qui pourra se faire une juste idée de la gloire au sein de laquelle la reine du monde s’est avancée aujourd’hui, de l’empressement plein d’amour avec lequel toute la multitude des légions célestes s’est portée à sa rencontre ? Au milieu de quels cantiques de gloire elle a été conduite à son trône, avec quel visage paisible, quel air serein, quels joyeux embrassements, elle a été accueillie par son Fils, élevée par lui au-dessus de toutes les créatures avec tout l’honneur dont une telle mère est digne, et avec toute la pompe et l’éclat qui conviennent à un tel Fils ? Sans doute, les baisers que la Vierge mère recevait des lèvres de Jésus à la mamelle, quand elle lui souriait sur son sein virginal, étaient pleins de bonheur pour elle, mais je ne crois pas qu’ils l’aient été plus que ceux qu’elle reçoit aujourd’hui du même Jésus assis sur le trône de son Père, au moment heureux où il salue son arrivée, alors qu’elle monte elle-même à son trône de gloire, en chantant l’épithalame et en disant : « Qu’il me baise d’un baiser de sa bouche. » Qui pourra raconter la génération du Christ et l’Assomption de Marie ? Elle se trouve dans les cieux comblée d’une gloire d’autant plus singulière que, sur la terre, elle a obtenu une grâce plus insigne que toutes les autres femmes. Si l’œil n’a point vu, si l’oreille n’a point entendu, si le cœur de l’homme n’a point connu dans ses aspirations ce que le Seigneur a préparé à ceux qui l’aiment, qui pourrait dire ce qu’il a préparé à celle qui l’a enfanté, et, ce qui ne peut être douteux pour personne, qui l’aime plus que tous les hommes ? Heureuse est Marie, mille fois heureuse est-elle, soit quand elle reçoit le Sauveur, soit quand elle est elle-même reçue par lui; dans l’un et dans l’antre cas, la dignité de la Vierge Marie est admirable, et la faveur dont la majesté divine l’honore, digne de nos louanges. » (1er Sermon sur l’Assomption de la Vierge Marie, 4)
« Les actions du Seigneur proclament bien haut le motif de sa venue. Il est venu du haut des montagnes chercher la centième brebis qui était errante. Et pour que nous rendions grâces au Seigneur car il est bon, pour que nous chantions ses merveilles pour les fils des hommes, il est venu pour nous. Grandeur inouïe de Dieu qui cherche, grandeur aussi de l’homme cherché ! » (1er Sermon pour l’Avent, cité d’après Lectionnaire pour les dimanches et fêtes de Jean-René Bouchet, Cerf, 1994, pp. 34-36, 1er Sermon pour l’Avent, 7)
« L’amour se suffit à lui-même, il plaît par lui-même et pour lui-même. Il est à lui-même son mérite, il est à lui-même sa récompense. L’amour ne cherche hors de lui-même ni sa raison d’être ni son fruit : son fruit, c’est l’amour même. J’aime parce que j’aime, j’aime pour aimer. » (Homélies sur le Cantique des Cantiques, 83, 4)
« C’est vraiment le miel que tu as trouvé, en trouvant la sagesse. Pourtant n’en mange pas trop, pour ne pas la vomir d’écoeurement. Manges-en de manière à rester toujours sur ta faim. Car c’est elle qui dit : Ceux qui mangent auront encore faim. Ne va pas estimer comme une grande quantité ce que tu as ; ne t’en gorge pas pour ne pas la vomir : cela même que tu parais avoir te serait enlevé, car avant qu’il ne soit temps tu te serais arrêté dans ta recherche. Or, tant qu’on peut la trouver, tant qu’elle est proche, il ne faut cesser de la chercher et de l’appeler. sinon il en sera comme de celui qui mange beaucoup de miel : Salomon lui-même le dit bien : Cela ne lui vaut rien, car celui qui aura cherché sans discrétion la majesté sera écrasé par la gloire. » (Homélie pour la Toussaint, 2)
« De même qu’une petite goutte d’eau versée dans une grande quantité de vin semble ne plus exister, prenant le goût du vin et sa couleur ; et de même que le fer rougi à blanc est parfaitement semblable à du feu, ayant dépouillé sa forme première et propre ; et de même que l’air traversé par la lumière du soleil revêt l’éclat même de la lumière, au point qu’il semble non seulement illuminé mais lumière même, ainsi faudra-t-il que dans les Saints le sentiment humain se fonde, d’une certaine manière qu’il n’est pas possible de dire, se fonde tout entier dans la volonté de Dieu. Autrement, comment Dieu serait-il « tout en tous » si quelque chose de l’homme restait en l’homme ? Sa substance, certes, restera, mais en une autre forme, une autre gloire, une autre puissance. » (Traité de l’Amour de Dieu, X, 28)
« Voici que la paix n’est plus promise mais envoyée, non plus remise à plus tard mais donnée, non plus prophétisée mais proposée. C’est comme un couffin plein de sa miséricorde que Dieu le Père a envoyé sur la terre ; oui, dis-je, un couffin que la Passion devra déchirer pour laisser se répandre ce qu’il contient : notre paix ; un couffin, peut-être petit, mais rempli. Un petit enfant nous a été donné, mais en lui habite toute la plénitude de la divinité. Lorsqu’est venue la plénitude des temps est venue aussi la plénitude de la divinité. Elle est venue dans la chair, afin de se faire voir même de ceux qui sont charnels, et que son humanité ainsi manifestée permette de reconnaître sa bonté. En effet, dès que l’humanité de Dieu se fait connaître, sa bonté ne peut plus rester cachée. » (Sermon pour l’Epiphanie, I, 1)
« Que ton amour se convertisse de sorte que tu n’aimes rien sinon le Seigneur ou bien que tu n’aimes rien que pour Dieu. Que ta crainte se tourne aussi vers lui car toute crainte qui nous fait redouter quelque chose en dehors de lui et non pas à cause de lui est mauvaise. Que ta joie et ta tristesse se convertissent à lui ; il en sera ainsi si tu ne souffres ou ne te réjouis qu’en lui. Si donc tu t’affliges pour tes propres péchés ou pour ceux du prochain, tu fais bien et ta tristesse est salutaire. Si tu te réjouis des dons de la grâce, cette joie est sainte et tu peux la goûter en paix dans l’Esprit Saint. Tu dois te réjouir, dans l’amour du Christ, des prospérités de tes frères et compatir à leurs malheurs selon cette parole : « Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent. »"(2e Sermon pour le premier jour du Carême, 2-3, 5, cité in Lectionnaire pour les dimanches et pour les fêtes de Jean-René Bouchet, p. 143).
« Dans notre coeur, là où le Christ fait sa demeure, conduisons-nous avec jugement et intelligence, de manière à ne pas mettre notre confiance dans notre propre vie et à ne pas prendre appui sur un fragile rempart. » (Homélie sur Habaquq, 2, 1)

« La mesure de l’amour de Dieu c’est de l’aimer sans mesure » (Saint Bernard, Traité de l’amour de Dieu, chap. I.)

The Power of God’s Mercy

8 avril, 2014

 The Power of God’s Mercy dans images sacrée prodigal-son

http://orthodoxbridge.com/the-power-of-gods-mercy-an-orthodox-response-to-spencer-boersmas-the-impotence-of-calvinism-1-of-2/

LES CONTROVERSES SUR LA PAUVRETE DU CHRIST

8 avril, 2014

http://www.franciscanos.net/medieval/pobreza/sur%20la%20pauvrete%20du%20christ.htm

LES CONTROVERSES SUR LA PAUVRETE DU CHRIST

J. LECLERCQ (o.s.b.). (abbaye de Clervaux).

PUBLICATIONS DE LA SORBONNE Université de Paris IV – Paris Sorbonne Série • ETUDES a – Tome 8 * * Études sur L’HISTOIRE DE LA PAUVRETÉ sous la direction de Michel MOLLAT Professeur à l’Université de Paris IV – Paris-Sorbonne Ouvrage publié avec le concours du C.N.R.S. – 1974 -17, rue de la Sorbonne, 75230 PARIS

On a toujours admis que le Christ avait vécu pauvrement. Mais la question de savoir en quoi avait consisté sa pauvreté et quelles conséquences elle avait entraînées pour l’Eglise a soulevé des controverses à bien des époques. Pourtant, les deux périodes décisives, durant lesquelles fut dit tout ce qui devait orienter l’évolution en d’autres temps, furent constituées par l’époque des Pères de l’Eglise, puis par celle de la théologie scolastique du XIIIe siècle et du début du XIVe.
Ici seront simplement résumées des conclusions que j’ai développées, justifiées et situées dans leur contexte, en deux études précédentes 1.

I. – DANS L’EGLISE ANTIQUE
1. L’enseignement de saint Paul
Il est un verset de la IIe épître de saint Paul aux Corinthiens (ch. 8, 9) qui a donné lieu, chez les Pères de l’Église, à un enseignement des plus profonds. Ceux-ci, parlant du mystère de la pauvreté chrétienne, ont regardé d’abord, pour trouver un modèle à imiter, non vers les hommes qui, autour d’eux, comme en chaque époque, étaient, pauvres, mais vers le Christ; et ils ont vu l’essence même de sa pauvreté dans sa condition de Dieu incarné volontairement.
A mesure que les hérésies relatives à la divinité du Christ l’arianisme et le nestorianisme surtout – les rendaient davantage attentifs à tout le contenu de l’Incarnation rédemptrice, ils ont parlé de celle-ci comme d’un mystère de pauvreté, à propos de ce verset de saint Paul. C’est même au concile d’Ephèse, où fut confirmée la définition de Nicée au sujet de l’Incarnation, que cet enseignement fut exposé de la façon la plus explicite.
Avant de présenter, selon leur ordre chronologique, des témoignages patristiques, il faut donner quelques indications sur le texte de base. Le voici: “Vous connaissez la libéralité de notre Seigneur Jésus-Christ, comment de riche il s’est fait pauvre pour vous, afin de vous enrichir par sa pauvreté (2 Cor. 8, 9).” Ainsi, voulant exhorter ses correspondants à être généreux à l’occasion de la collecte de bienfaisance qu’il organise au profit des frères de Jérusalem, saint Paul leur propose l’exemple du Christ. Le contexte est de caractère pratique et concret: il s’agit d’argent à donner. Sans l’avoir auparavant préparé, sans l’expliquer ensuite, l’Apôtre fait ce rappel – “Vous connaissez” – d’un enseignement qui était familier à tous ses disciples et qui n’est autre que “toute la doctrine de l’Incarnation et de la Rédemption”, comme l’a écrit le P. Allo. Et le même exégète ajoutait: “Le meilleur commentaire de ce verset, c’est Philippiens 2, 5 et suivants: “Ayez ce même sentiment en vous qui était dans le Christ Jésus, qui, étant en forme divine,… s’est anéanti lui-même en prenant une forme de serviteur, devenu pareil aux hommes… s’est humilié lui-même et s’est fait obéissant jusqu’à la mort. Or, ici, cette doctrine est exposée au moyen du vocabulaire de la pauvreté: il est question de  » libéralité « , de  » générosité  » de Jésus qui était « riche » et qui, à cause de nous, est devenu  » pauvre « ,  » indigent  » 3.

2. Les Pères des Ill° et IVe siècles
Quels commentaires ce passage allait-il suggérer aux Pères de l’Eglise? Au IIIe siècle, Origène montrerait que cette richesse du Christ était sa “gloire” de Fils de Dieu et qu’elle s’était manifestée dans sa Passion 4. Mais il n’insisterait point. Il devait revenir aux grands auteurs des ive et ve siècles de développer à ce sujet une doctrine plus vaste. C’est le moment où est mis en question le dogme de l’égalité du Père et du Fils incarné, et de la divinité de celui-ci. Les grands champions qui vont avoir à lutter pour la vérité exposeront le mystère de l’Incarnation en relation avec 2 Cor. 8, 9. Le premier en date est saint Hilaire (+ vers 367) qui applique au Christ des versets de psaume parlant de pauvreté: “Quant à moi, je suis pauvre et indigent; mais le Seigneur vient à mon aide.” (Ps. 79 6.) Il voit là une annonce de la passion de Jésus, qui fut dépouillé de tout jusqu’à mourir sur la croix, mais que le Père a ressuscité 5. Il insistera davantage à propos du Psaume 140, 13: “Je sais que Dieu fera droit aux malheureux, justice aux pauvres.”
Le Seigneur est pauvre en tant qu’homme. Selon l’Apôtre, il s’est appauvri pour nous enrichir, lui qui, de toutes les choses du monde, n’a eu que son corps. Et à cause du salut, il a voulu naître d’une vierge, indigent; maître des cieux, il n’a possédé ni argent, ni champ, ni troupeau.
En Orient, saint Ephrem (+ 373) applique 2 Cor. 8, 9 à l’égalité du Père et du Fils et à l’humiliation de celui-ci 7. Saint Basile (fi 379) fait allusion à ce même verset, à propos du Psaume 33, 7: “Ce pauvre a appelé, et le Seigneur l’a exaucé.”
“Ce pauvre a appelé.” A l’aide d’un pronom démonstratif, le psalmiste, ici, fait connaître sa pensée: parlant de celui qui est pauvre, qui a faim et soif, qui est sans vêtement, et tout cela selon Dieu, il désigne le pauvre, c’est-à-dire le disciple du Christ. On peut aussi rapporter cette parole du Christ: étant riche de par sa nature, puisque tous les biens du Père sont à lui, à cause de nous il s’est fait pauvre, afin de nous enrichir par sa pauvreté. Car toute action qui nous fait combattre pour la béatitude, le Christ lui-même l’a commencée, se donnant en exemple à ses disciples.
Revenant aux béatitudes, considère chacune d’elles, et tu verras qu’il a fait précéder l’enseignement par les actions.
“Bienheureux les doux.” Comment donc allons-nous apprendre la douceur? “Mettez-vous à mon école, dit-il, car je suis doux et humble de coeur.”
“Bienheureux les pacifiques.” De qui allons-nous apprendre la paix? De ce pacifique même qui fait la paix, qui en un seul homme nouveau en réconcilie deux, qui, par le sang de sa croix, a apporté la paix au ciel et sur la terre.
“Bienheureux les pauvres.” C’est lui qui fut pauvre et qui s’est anéanti pour prendre la forme de l’esclave, afin que tous nous recevions de sa plénitude, don pour don.
Saint Ambroise (+ 397), après avoir cité 2 Cor. 8, 9, ajoute, en parlant de la pauvreté du Christ: “Elle est mon patrimoine, sa faiblesse est ma force.” Ailleurs, il montre qu’une des formes de la pauvreté du Christ, une de ses conséquences, est qu’il a pu souffrir. Il commente en ce sens les paroles du Psaume 68, 30: Pauper et dolens; il associe paupertas et dolor. Mais il développe surtout sa pensée sur ce point à propos du Psaume 40, 2: “Heureux celui qui a l’intelligence du pauvre et de l’indigent.” Ceci doit s’appliquer d’abord à la foi en Jésus
“Heureux celui qui a l’intelligence de l’indigence et de la pauvreté du Christ, lui qui, de riche qu’il était, est devenu pauvre pour nous : riche dans son royaume, pauvre dans notre chair, car il a pris cette chair de pauvres. En effet, nous étions devenus très pauvres, après que, chassés du paradis à la suite d’une ruse du serpent, nous étions dépouillés de toutes les richesses des vertus. Chassés de la patrie, relégués en exil, dénués même d’un vêtement pour le corps, nous que d’abord les vertus protégeaient, les péchés nous ont dépouillés. Si donc il fut pauvre et indigent dans la chair, ce fut dans la souffrance de cette chair-là : il a souffert non pas dans ses richesses, mais dans notre pauvreté. > Il
Il faut s’attendre à ce que saint Augustin ( f 430) cite souvent 2 Cor. 8, 9. Dans toute une série de textes, il rapproche ce verset de ceux du prologue de saint Jean (1, 3-14) où il est dit que « tout a été fait par lui » et que « le Verbe s’est fait chair » ; tel est le paradoxe du Christ, « riche en tant que Dieu, pauvre en tant qu’homme ».
Alors qu’il était riche, il a pris une chair mortelle dans le sein de la Vierge; et toutes les circonstances qui marquèrent son enfance pauvre ont été les conséquences de cette pauvreté première qu’avait été l’incarnation. »  » Ceci vaut également de toutes les souffrances de sa passion.
Ailleurs, saint Augustin met 2 Cor. 8, 9 en relation avec le passage de l’Epître aux Philippiens (2, 6-8) où saint Paul parle de l’anéantissement du Christ, dont, radicalement la pauvreté consista à devenir, Dieu qu’il était, un homme: l’obéissance, et jusqu’à la mort de la croix, fut la réalisation et la manifestation de cet appauvrissement fondamental ‘S. Enfin, saint Augustin aime illustrer ce paradoxe du Christ riche et pauvre, en citant ces mêmes textes de saint Paul à propos des Psaumes qui parlent de pauvreté, d’indigence, de souf­france ; lui aussi, il se plaît à dire « qu’avoir l’intelligence du pauvre et de l’indigent », c’est d’abord avoir la foi, et garder une foi exacte au mystère de l’incarnation de ce pauvre par excellence que fut le Fils de Dieu fait homme Il.

3. Au concile d’Ephèse
C’est cette foi qui allait être explicitée et défendue au concile d’Ephèse, en 431. On allait montrer que, devenu chair par une volonté de Dieu, et devenu homme, le Verbe n’avait pas été abandonné par la divinité. « Ce n’est pas, en effet, pour perdre sa puissance et sa gloire qu’étant riche, il s’était fait pauvre, mais afin d’accepter la mort pour nous, lui le juste pour nous pécheurs, de façon à pouvoir nous offrir à Dieu, mis à mort dans la chair et rendu à la vie par l’Esprit. ». Parlant des béatitudes et citant Philippiens 2, 5-7, saint Grégoire de Nysse ajoutait « Quoi de plus pauvre en Dieu que la forme d’esclave ? Quoi de plus humble, dans le roi de tous, que d’entrer spontanément en communion avec notre nature indigente ? Roi des rois, Sei­gneur des seigneurs, pur et immaculé, il supporte les souillures de notre nature d’hommes et, passant par toute notre pauvreté, il va jusqu’à faire l’expérience de la mort. Voyez quelle est la mesure de la pauvreté volontaire: la vie goûte à la mort… Que cet exemple soit pour toi la mesure de l’humilité. »
Les Actes du concile ont conservé un discours admirable pro­noncé le jour de Noël par Théodote, évêque d’Ancyre. De longs passages y traitent de ce mystère de la pauvreté du Verbe incarné. Ils méritent d’être reproduits
Le Maître de tous est venu dans la forme d’esclave ; revêtu de pauvreté, il naît d’une vierge qui est pauvre, et tout, autour de lui, est pauvre et silencieux, afin de gagner l’homme au salut. Car s’il était né dans la gloire et les richesses, les infidèles diraient que ce sont elles qui ont transformé le monde ; s’il avait choisi Rome, si grande, ils penseraient que la puissance de ses citoyens a changé le monde. S’il avait été fils d’empereur, ils attribueraient tout à son pouvoir. S’il était devenu le fils d’un grand législateur, ils attribueraient tout à ses lois. Qu’a-t-il fait ? Il a choisi tout ce qui était pauvre et vil, tout ce qui était ordinaire et obscur, ignoré du grand nombre, afin qu’on sache que la seule divinité a transformé la terre: voilà pourquoi il a choisi une mère qui fût pauvre, une patrie plus pauvre encore, et il manqua de ressources…
C’est ce que saint Paul expliquait lorsqu’il écrivait : n A cause de nous il est devenu pauvre, alors qu’il était riche, afin de nous enrichir par sa pauvreté. u Qu’entendait-il par là, et comment ce riche est-il devenu pauvre pour nous ? Qu’ils nous le disent, ceux qui séparent l’homme du Verbe et, à cause des deux natures, divisent ce qui est un: ils assurent qu’il y a deux êtres dans le Christ. Mais, dis-le-moi, qui donc, étant riche, est devenu pauvre de ma pauvreté? Penses-tu que ce soit cet homme qui est venu et que tu sépares de la divinité? Celui-là ne serait jamais devenu riche, mais il serait né pauvre de parents pauvres. Quel est celui qui était riche, et source de richesse, et qui pour nous est devenu pauvre ? C’est Dieu qui enrichit la créature.
Dieu s’est fait pauvre, faisant sienne la pauvreté de celui qui naissait: car il est riche de sa divinité, et il s’est fait pauvre pour nous. Et tu ne pourras pas dire non plus que l’homme est devenu riche, lui qui est pauvre et par nature et par son manque de ressources, ni que celui qui est riche par sa divinité est devenu pauvre, si tu n’unis point en lui l’homme et Dieu.”
Enfin, un autre grand témoin de cette héroïque défense de l’unité personnelle, dans le Christ, de la divinité et de l’humanité, saint Cyrille d’Alexadrie (+ 444), qui joua un rôle si important au concile d’Ephèse, exposa parfois, lui aussi, sa pensée à propos du mystère de pauvreté évoqué par saint Paul en 2 Cor. 8, 9
“Alors qu’il était riche, il est devenu pauvre comme nous.” Examinons qui était ce riche, et comment il est devenu pauvre… II est entré dans notre pauvreté, celui qui, comme Dieu, est riche. Comment cela? II n’a pas cessé d’être Dieu, se transformant en une nature humaine abandonnant la sienne propre il est resté ce qu’il était, c’est-à-dire Dieu. Alors, où verrons-nous l’abaissement de la pauvreté? En ce qu’il a simplement voulu honorer, sans l’unir à lui, un homme semblable à nous, ainsi que le prétend Nestorius? Comment donc est-il devenu pauvre? En ceci qu’étant Dieu par nature et Fils de Dieu le Père, il s’est fait homme, et il est né, selon la chair, de la descendance de David.
Il a accepté la mesure, la dimension, la forme limitée de l’esclave, c’est-à-dire l’humanité, lui qui était dans la forme et à la mesure de Dieu et du Père, lui par qui et en qui tout a été créé. Devenu homme, il n’a pas rougi de la mesure de l’humanité. Celui qui n’a pas refusé d’être cela comme nous, comment repousserait-il les choses auxquelles on pouvait constater qu’il était vraiment comme nous? Si nous l’écartons des réalités humaines, nous ne nous distinguons pas de ceux qui, comme si cela était possible, non seulement le dépouillent de sa chair, mais ne croient pas à l’Ecriture divine et détruisent entièrement le mystère de 1 incarnation, le salut du monde, l’espérance, la résurrection.”
Théodoret de Cyr, autre grand défenseur de la foi à Ephèse (+ avant 466), dans son commentaire sur 2 Cor. 8, 9, parle de “l’extrême pauvreté” par laquelle le Sauveur nous procure à tous ses richesses z’. Hésychius de Jérusalem (+ après 451) montre aussi, à propos du même verset de saint Paul, que le Fils de Dieu, se faisant homme, est devenu, à cause de nous, non seulement pauvre, mais “étranger”, car bien qu’il soit venu dans ce qui lui appartenait, les siens ne l’ont point reçu”.

4. Conclusions
La conception de la pauvreté chrétienne que se font les Pères de l’Eglise se fonde sur la considération du mystère du Verbe incarné. En lui, ils voient d’abord ce qu’on pourrait appeler une pauvreté de nature, ou d’existence, dont la pauvreté de fait sera une conséquence. La première est identifiée avec l’anéantissement, la kénose, l’appauvrissement qui consiste, pour le Verbe, à devenir homme: “Et le Verbe s’est fait chair…” “Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave et devenant semblable aux hommes, s’étant comporté comme un homme…” Ces textes de saint Jean (1, 14) et de saint Paul (Ph. 2, 7) sont cités pour illustrer cette réalité: “se faisant chair”, le Verbe, non seulement s’unit personnellement à une nature d’homme – esprit et corps – mais entre, lui qui est sans péché, dans la condition de l’humanité pécheresse, dont il devient solidaire volontairement. C’est cette nature d’homme, qui est nôtre, qui est pauvre, indigente: telle est bien “notre pauvreté”; c’est elle qu’il assume, c’est à elle qu’il s’unit, c’est avec elle qu’il s’identifie. Il devient pauvre en devenant comme nous. En lui, c’est vraiment Dieu – puisqu’il était et qu’il reste le Verbe – qui devient pauvre, et ce n’est pas seulement son humanité: celle-ci, comme le répètent les défenseurs du dogme des deux natures en une personne, est inséparable de sa divinité: la pauvreté du Christ est la pauvreté volontaire de Dieu lui-même. Elle consiste d’abord dans le fait de l’Incarnation voulu “à cause de nous”, propter nos, par amour.
La pauvreté de fait, c’est-à-dire l’ensemble des manifestations de pauvreté qui marquent sa vie, est une conséquence et un signe de cette pauvreté de nature. C’est parce qu’il est d’abord devenu “un pauvre homme”, pourrait-on dire, pauper homo 11, qu’il a été aussi “un homme pauvre”. Le dénuement qui a marqué son enfance, sa vie publique, alors qu’il “n’avait pas où reposer sa tête”, était la suite et la preuve de cette Incarnation rédemptrice et de la charité universelle pour laquelle il l’avait voulue: il était devenu l’homme de tous, même des plus dépourvus de ressources matérielles ou intellectuelles.
Théodote d’Ancyre insiste sur ce point: il est devenu un homme ordinaire, commun: comtnunis apparuit et pauperz5. La pauvreté du Verbe devenu homme devient la pauvreté de l’homme Jésus: il en prend pleine conscience il en assume toutes les conséquences. Et c’est ce renoncement volontaire aux richesses de sa divinité qui le conduit, par obéissance, à toutes les souffrances de sa vie et de sa passion, jusqu’à la mort, et la mort sur la croix.
Cette pauvreté de nature se réalise au jour le jour d’une façon douloureuse; on l’a vu, pauvreté et souffrance sont associées par les Pères de l’Eglise lorsqu’ils parlent de lui, comme elles l’avaient été par les psalmistes lorsqu’ils avaient prophétisé à son sujet.
De plus, à partir de saint Grégoire le Grand, et tout au long du Moyen Age, on insistera sur les aspects intérieurs, pour ainsi dire psychologiques, de cette pauvreté dans le Christ: sur sa patience et son humilité, et sur les circonstances extérieures qui ont rendu visibles ces vertus. Les grands défenseurs de la foi, au temps des controverses des ive et v° siècles n’avaient point méconnu ces données. Mais, pour eux, le fait fondamental n’était point que Jésus ait vécu pauvrement, mais d’abord qu’il ait renoncé, par l’Incarnation, aux richesses de sa divinité.

II. – AU XIIIe SIECLE
1. La controverse sur la pauvreté
Les Ordres mendiants refusaient la propriété des biens temporels et prétendaient, à ce titre, imiter le Christ. La question surgissait donc: le Christ avait-il possédé des biens temporels, et pouvait-on l’imiter en les refusant? Sans entrer ici dans le détail des controverses dont fut l’objet la pauvreté du Christ il suffira de noter que la réponse des théologiens des nouveaux Ordres était conciliable avec 1 affirmation de la royauté du Christ. L’un des défenseurs les plus énergiques de “l’extrême pauvreté” du Christ, Richard de Mediavilla zb affirme, d’une manière très explicite, la royauté universelle du Christ.
Si le Christ a vécu pauvre, c’est donc volontairement: c’est là une donnée de fait. En droit, il pouvait disposer librement de tous les biens temporels, dont il était roi absolu. Saint Bonaventure montre dans sa pauvreté le fondement de l’état de perfection, dans sa royauté le fondement de la propriété ecclésiastique: “Le sacerdoce du Christ, on en trouve la figure, moins dans le sacerdoce d’Aaron que dans celui de Melchisédech, qui fut à la fois roi et prêtre, comme il est dit dans l’Epître aux Hébreux ch. VII. Et, sans doute, le Seigneur a refusé les honneurs royaux, afin de nous donner l’exemple de l’humilité; il fut pauvre et mendiant. Mais, dans sa très douce bénignité, il ne força pas les autres à l’imiter. Il savait bien, en effet, qu’il vaut mieux avoir des mercenaires que peu ou pas de fils. C’est pourquoi, la charité se refroidissant, l’Esprit Saint a disposé que l’Eglise serait dans l’abondance au point de vue temporel, afin que le culte de Dieu ne subît pas de détriment du fait de la pauvreté ou de l’indigence des clercs.” Saint Bonaventure se plaît à insister sur le caractère volontaire de la pauvreté du Christ-Roi: “Il est le Maître de l’univers et donc roi dans un sens absolu; il est roi, lui à qui tout appartient… C’est pour nous que le Christ a assumé la pauvreté.”
C’est sous cet aspect de renoncement volontaire que la pensée franciscaine avait aimé dès les origines de l’Ordre des Mineurs, considérer la royauté du Christ. Saint Antoine de Padoue avait souvent insisté, dans ses sermons, sur le contraste qui existe entre la majesté terrible à laquelle le Christ-Roi avait droit, et la douceur pacifique, l’humble pauvreté qu’il avait acceptées 1°. La royauté du Christ devient pour Eustache d’Arras, o.f.m., l’occasion d’une exhortation directe au refus des honneurs et des prélatures et, à la fin du siècle, un maître franciscain d’Oxford fit de ce dénuement volontaire du Christ-Roi le thème d’un très beau sermon pour le Vendredi Saint 31.
Renoncer, comme le Christ, au droit qu’ont tous les fidèles de posséder des biens temporels est donc le moyen le plus efficace de participer à sa royauté: “Il est riche, certes, celui qui possède autant que le roi du ciel et de la terre. Tel est celui qui n’a rien en propre et possède tout dans la charité.” Ceux qui sont vraiment pauvres, dit encore saint Bonaventure, ceux-là commencent d’être vraiment rois 34. Ainsi se trouve fondée sur la royauté même du Christ la possibilité de l’imiter dans l’état de pauvreté. Il y a plus la royauté du Christ ne justifie pas seulement la pauvreté des Mendiants, elle la rend possible: le voeu de pauvreté, explique le franciscain Hugues de Digne, n’est légitime que parce que la chrétienté est un royaume; on ne peut, en effet, renoncer à son droit qu’en faveur de la communauté et en vue du bien commun. Or, la perfection évangélique réalisée par “l’extrême pauvreté” est toute au bénéfice des intérêts publics du royaume des chrétiens. On ne pouvait prendre l’idée de royauté en un sens plus strict, ni l’utiliser avec plus de logique: à l’exemple du Christ-Roi, l’Eglise est reine si elle est pauvre en esprit, si elle sait user des biens de ce monde sans leur être attachée.

2. Jean de Paris
Dans les premières années du XIVe siècle, un maître en théologie de Paris Jean Quidort, dit “de Paris” intervient, du point de vue doctrinal, dans le différend qui oppose Philippe le Bel à Boniface VIII. Il le fait dans son traité Sur le pouvoir du roi et du pape.
Selon lui, le pouvoir royal du Christ n’est pas d’ordre temporel. Dès le prologue, Jean de Paris l’affirme clairement et se plaît à y insister. Seuls, ceux qui n’ont pas l’intelligence des Ecritures peuvent croire le contraire: Hérode, par exemple, craignait que le Christ ne lui ravît son pouvoir. Et Jean de Paris, à la suite de la tradition médiévale et de saint Thomas, réfute avec complaisance cette aberration ridicule: la connaissance des textes prophétiques eût épargné à Hérode une erreur aussi grossière. Le Christ devait nous l’enseigner lui-même: son royaume n’est pas de ce monde, sa royauté est toute spirituelle.
Ce point de doctrine une fois établi, Jean de Paris en cherche l’explication théologique; il distingue entre ce qui convient au Christ en raison de sa divinité et ce qui lui convient au titre de son humanité, considérée d’abord comme unie à la personne du Verbe, puis en elle-même.
1. Fils de Dieu et égal à son Père, le Christ est roi universel de tous les êtres qu’il a créés.
2. En tant qu’Homme-Dieu, c’est-à-dire en tant que médiateur, il est roi des hommes qu’il a rachetés: il exerce dès ici-bas la royauté spirituelle qu’il possédait en vertu de l’union hypostatique et qu’il a voulu acquérir en outre au prix de son sacrifice. Il nous fait participer à sa dignité: dans la mesure où, unis à lui par la foi et la charité, ils offrent à Dieu le sacrifice d’un coeur contrit, tous les justes sont réellement prêtres et rois; les ministres de l’Eglise le sont à un titre spécial- ils traduisent en des rites extérieurs, qui contiennent et communiquent la grâce, le sacrifice commun de tous les fidèles ^z.
3. Considéré enfin dans son humanité seule, le Christ n’est pas roi temporel des biens possédés par les hommes, fussent-ils chrétiens. Pour sa nature humaine, en effet, il a volontairement accepté la pauvreté, ainsi que les autres “déficiences” qu’il pouvait assumer sans contracter le péché (defectus indetrectabiles).
A la lumière cette distinction, Jean de Paris interprète les récits évangéliques et les textes traditionnels. Au cours de sa vie terrestre, le Christ n’a pas exercé de “propriété ou juridiction temporelle sur les biens des laïcs”. S’il a semblé parfois en disposer en maître, il agissait en vertu de sa divinité, et pour manifester qu’il était Dieu. En tant qu’homme, il a choisi, pour nous donner l’exemple de la vertu, un royaume qui ne fût pas de ce monde, et c’est celui qu’il continue d’exercer dans son Eglise: il règne par la foi en exigeant des hommes la soumission de la partie la plus spirituelle de leur être. A ce prix, il les conduit au royaume des cieux: “Il règne donc sur les coeurs des fidèles et non sur leurs possessions.”
Ainsi, Jean de Paris – et il est le premier à le faire – cherche la justification dogmatique de la pauvreté du Christ dans la doctrine des “déficiences” assumées par l’Homme-Dieu. Dans son Commentaire sur les sentences, il avait exposé sur ce point une théorie en tout conforme à l’enseignement traditionnel: s’il existe dans le Christ des imperfections et des carences, c’est parce qu’il les a adoptées pour nous racheter; avant revêtu la nature humaine dans sa pureté originelle, il ne pouvait subir que volontairement les conséquences du péché. Parmi ces conséquences, les Scolastiques énuméraient la faim, la soif, et la mort; Jean de Paris y ajoute la pauvreté. Son originalité consiste à demander à la théologie traditionnelle la solution des questions soulevées par la controverse politique de son temps.

PARDONNE-NOUS COMME NOUS PARDONNONS…

8 avril, 2014

http://www.spiritualite-chretienne.com/misericorde/pardon-01.html

(sont 6 parties, je mets le premier, l’autre au lien)

PARDONNE-NOUS COMME NOUS PARDONNONS…

« Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs… »
Mat 6, 12

Un frère libyen vint un jour chez abba Sylvain à la montagne de Panepho et lui dit : « Abba, j’ai un ennemi qui m’a fait beaucoup de mal ; car il m’a volé mon champ quand j’étais dans le monde, il m’a souvent tendu des embûches et voici qu’il a soudoyé des gens pour m’empoisonner ; je veux le livrer au magistrat ». L’ancien lui dit : « Fais comme cela te soulage, mon enfant ». Et le frère dit : « N’est-ce pas, abba, s’il est châtié, son âme en aura évidemment grand profit ? » L’ancien dit : « Fais comme bon te semble, mon enfant ». Le frère dit à l’ancien : « Lève-toi, père, faisons une prière et je pars chez le magistrat ». L’ancien se leva et ils dirent le « Notre Père ». Comme ils arrivaient aux mots « remets-nous nos dettes comme nous remettons à nos débiteurs », l’ancien dit : « ne nous remets pas nos dettes, comme nous ne remettons pas à nos débiteurs ». Le frère dit à l’ancien : « Pas comme cela, père ». Mais l’ancien dit : « Oui, comme cela, mon enfant. Car assurément, si tu veux aller chez le magistrat pour te venger, Sylvain ne fait d’autre prière pour toi ». Et le frère se repentit et pardonna à son ennemi.
Apophtegmes des Pères du désert.

Vous savez ce que nous dirons à Dieu dans la prière avant d’en arriver à la communion : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ». Préparez-vous intérieurement à pardonner, car ces paroles, vous allez les rencontrer dans la prière. Comment allez-vous les dire ? Peut-être ne les direz-vous pas ? Finalement, telle est bien la question : direz-vous ces paroles, oui ou non ? Tu détestes ton frère, et tu prononces « Pardonne-nous comme nous pardonnons » ? – J’évite ces mots, diras-tu. Mais alors, est-ce que tu pries ? Faites bien attention, mes frères. Dans un instant, vous allez prier ; pardonnez de tout votre cœur !
Regarde le Christ pendu sur la croix ; écoute-le prier : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Lc 23,34). Tu diras sans doute : lui pouvait le faire, pas moi. Je suis un homme, et lui, il est Dieu. Tu ne peux pas imiter le Christ ? Pourquoi alors l’Apôtre Pierre a-t-il écrit : « Le Christ a souffert pour vous, il vous a laissé un exemple, afin que vous suiviez ses traces » (1P 2,21) ? Pourquoi l’Apôtre Paul nous écrit-il : « Soyez les imitateurs de Dieu comme des fils bien-aimés » (Ep 5,1) ? Pourquoi le Seigneur lui-même a-t-il dit : « Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur » (Mt 11,29) ? Nous biaisons, nous cherchons des excuses, quand nous prétendons impossible ce que nous ne voulons pas faire… Mes frères, n’accusons pas le Christ de nous avoir donné des commandements trop difficiles, impossibles à réaliser. En toute humilité, disons-lui plutôt avec le Psalmiste : « Tu es juste, Seigneur, et ton commandement est juste » (Ps 118,137).
Saint Césaire d’Arles (470-543), Sermon Morin 35 ; PLS IV, 303s (trad. En Calcat).

« Il jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité. » (Ps 95,13) Quelle justice et quelle vérité ? Il rassemblera auprès de lui ses élus (Mc 13,27) ; les autres, il les séparera, car il mettra ceux-ci à sa droite, et ceux-là à sa gauche (Mt 25,33). Qu’y aura-t-il de plus juste, de plus vrai que cela ? Ils n’attendront pas du juge la miséricorde, ceux qui n’ont pas voulu exercer la miséricorde avant la venue du juge. Ceux qui ont voulu exercer la miséricorde seront jugés avec miséricorde (Lc 6,37). Car il dira à ceux qu’il aura mis à sa droite : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde ». Et il leur attribue des actes de miséricorde : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire », et toute la suite (Mt 25,31s)…
Parce que tu es injuste, le juge ne sera pas juste ? Parce qu’il t’arrive de mentir, la vérité ne sera pas véridique ? Si tu veux rencontrer un juge miséricordieux, sois miséricordieux avant qu’il vienne. Pardonne, si l’on t’a offensé ; donne les biens que tu possèdes en abondance… Donnes ce que tu tiens de lui : « Que possèdes-tu que tu n’aies reçu ? » (1Co 4,7) Voilà les sacrifices qui sont très agréables à Dieu : miséricorde, humilité, reconnaissance, paix, charité. Si c’est cela que nous apportons, nous attendrons avec assurance l’avènement du juge, lui qui « jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité ».
Saint Augustin (354-430), Discours sur le Psaume 95, 14-15 (trad. bréviaire).

Nous devons donc être prêts à pardonner toutes les fautes que l’on commet contre nous si nous voulons que Dieu nous pardonne. Oui vraiment, si nous considérons nos péchés et passons en revue les fautes que nous avons commises, je ne sais pas si nous pourrions nous endormir sans sentir peser tout le poids de notre dette. Voilà pourquoi chaque jour nous présentons à Dieu nos demandes, chaque jour nos prières frappent à ses oreilles, chaque jour nous nous prosternons en disant : « Remets-nous nos dettes comme nous les avons remises nous-mêmes à ceux qui nous devaient ». Quelles dettes veux-tu te faire remettre ? Toutes, ou une partie ? Tu vas répondre : Toutes. Fais donc de même pour ton débiteur.
Saint Augustin (354-430), Sermon 83.

Stabat Mater

7 avril, 2014

Stabat Mater dans images sacrée 408px-Crucified_Christ_between_Saint_John_and_Mary_mg_1689
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Crucified_Christ_between_Saint_John_and_Mary_mg_1689.jpg

STABAT MATER – LE TEXTES (français et latin)

7 avril, 2014

http://www.fatrazie.com/TexteSM.htm

STABAT MATER – LE TEXTES (français et latin)

Stabat mater dolorosa
juxta crucem lacrimosa
dum pendebat Filius.
Cujus animam gementem
constristatam et dolentem
pertransivit gladius.

O quam tristis et afflicta
fuit illa benedicta
mater Unigenti.

Quae maerebat et dolebat
pia mater dum videbat
nati poenas incliti

Quis est homo qui non fleret
matrem Christi si videret
in tanto supplicio?

Quis non posset contristari
Christi matrem contemplari
dolentem cum Filio?

Pro peccatis suae gentis
vidit Jesum in tormentis
et flagellis subditum.

Vidit suum dulcem natum
moriendo desolatum
dum emisit spiritum.

Eia Mater, fons amoris,
me sentire vim doloris
fac ut tecum lugeam.

Fac ut ardeat cor meum
in amando Christum Deum
ut sibi complaceam.

Sancta Mater, istud agas,
crucifixi fige plagas
cordi meo valide.

Tui nati vulnerati
tam dignati pro me pati
paenas mecum divide.

Fac me vere tecum flere
crucifixo condolere
donec ego vixero.

Juxta crucem tecum stare
et me sibi sociare
in planctu desidero.

Virgo virginum praeclara
mihi jam non sis amara
fac me tecum plangere.

Fac ut portem Christi mortem
passionis fac consortem
et plagas recolere.

Fac me plagis vulnerari
fac me cruce inebriari
et cruore Filii.

Flammis ne urar succensus
per te Virgo sim defensus
in die judicii.

Christe,cum sit hinc exire,
da per matrem me venire
ad palmam victoriae.

Quando corpus morietur
fac ut animae donetur
paradisi gloria.

 

Debout, la mère des douleurs
Près de la croix était en pleurs
Quand son Fils pendait au bois.
Alors, son âme gémissante
Toute triste et toute dolente
Un glaive la transperça.

Qu’elle était triste, anéantie,
La femme entre toutes bénie,
La Mère du Fils de Dieu!

Dans le chagrin qui la poignait,
Cette tendre Mère pleurait
Son Fils mourant sous ses yeux.

Quel homme sans verser de pleurs
Verrait la Mère du Seigneur
Endurer si grand supplice?

Qui pourrait dans l’indifférence
Contempler en cette souffrance
La Mère auprès de son Fils?

Pour toutes les fautes humaines,
Elle vit Jésus dans la peine
Et sous les fouets meurtri.

Elle vit l’Enfant bien-aimé
Mourir tout seul, abandonné,
Et soudain rendre l’esprit.

O Mère, source de tendresse,
Fais-moi sentir grande tristesse
Pour que je pleure avec toi.

Fais que mon âme soit de feu
Dans l’amour du Seigneur mon Dieu:
Que je lui plaise avec toi.

Mère sainte, daigne imprimer
Les plaies de Jésus crucifié
En mon cœur très fortement.

Pour moi, ton Fils voulut mourir,
Aussi donne-moi de souffrir
Une part de ses tourments.

Pleurer en toute vérité
Comme toi près du crucifié
Au long de mon existence.

Je désire auprès de la croix
Me tenir, debout avec toi,
Dans ta plainte et ta souffrance.

Vierge des vierges, toute pure,
Ne sois pas envers moi trop dure,
Fais que je pleure avec toi.

Du Christ fais-moi porter la mort,
Revivre le douloureux sort
Et les plaies, au fond de moi.

Fais que ses propres plaies me blessent,
Que la croix me donne l’ivresse
Du sang versé par ton Fils.

Je crains les flammes éternelles;
O Vierge, assure ma tutelle
A l’heure de la justice.

O Christ, à l’heure de partir,
Puisse ta Mère me conduire
A la palme de la victoire.

A l’heure où mon corps va mourir,
A mon âme fais obtenir
La gloire du paradis.

STABAT MATER – (UN PEU D’HISTOIRE)

7 avril, 2014

http://www.fatrazie.com/Stabat.htm

STABAT MATER – (UN PEU D’HISTOIRE)

In Memoriam : Hans Van der Velde qui était le plus fin et le plus précieux des discographes du Stabat Mater nous a quitté le 28 décembre 2005. Un éminent collectionneur et un ami que nous aurons bien du mal à remplacer

Un peu d’histoire
Le Stabat Mater est sans nul doute un des textes sacrés les plus poignants car il reflète la douleur, la compassion d’une mère qui voit mourir son fils dans la plus grandes des souffrances.
Le texte (ou séquence) de 20 strophes de 3 vers est attribué à IACOPONE da TODI (1230-1306), franciscain, originaire de la province d’Ombrie en Italie. Mais de façon très étayée cetains experts en hymnologie proposent Saint-Grégoire le Grand (d. 604), Saint-Bernard de Clairvaux (d. 1153), Innocent (d. 1216), Saint-Bonaventure (d. 1274), Jacopone (d. 1306), Le pape Jean XXII (d. 1334), et Grégoire XI (d. 1378). Ils concluent aux seules paternités possibles d’Innocent III ou de Jacopone.
Le Stabat Mater est à la fois un poème médiéval d’inspiration sacrée et une composition musicale du type oratorio ou motet, basée en tout ou partie sur ce texte. Il appartient à la catégorie des « séquences » ou « proses », textes chantés à la messe entre l’épître et l’évangile. On le chante aussi souvent pendant les chemins de croix.
Il est, de nos jours, chanté en grégorien selon le thème , Dom Fonteinnes chantre de Solesmes vers 1850.
Interdit par le Concile de Trente (1545-1563) comme de très nombreuses compositions musicales sacrées de l’époque, trop ornées pour mettre en valeur les textes qu’elles devaient illustrer, le Stabat Mater résista cependant à cette injonction de par la force de son texte qui suscita l’engouement des fidèles mais aussi le respect de compositeurs à l’immense talent comme Pergolèse ou Palestrina.
Il figure aujourd’hui dans le Missel romain (dit Missel 800) à la célébration de la fête de Notre-Dame des Sept Douleurs, le 15 septembre, réintroduite par le pape Benoît XIII en 1727.
La séquence fait également partie de la liturgie du vendredi de la Passion, sous diverses formes, il est vrai.
Le caractère dramatique du texte a donc été une source d’inspiration pour près de 500 compositeurs qui reflètent en adaptant le « livret » la musique de leur époque : renaissance, baroque, romantique, contemporaine – même en jazz ! – mais aussi de leur pays puisque l’on dénombre, entre autres, un ou des compositeurs américains, anglais, autrichien, brésilien, camerounais, canadien danois, espagnol, estonien, finlandais, flamand, français, hongrois, irlandais, italiens, japonais, norvégien, polonais, portugais, russe, slovaques, tchèques …
On trouve donc une variété considérable d’œuvres de tout style, composition vocale et orchestrale ou durée, d’après tout ou partie des strophes d’origine, en latin ou dans la langue du compositeur et parfois selon une adaptation très libre. On dénombre même une version en breton !

Internaugraphie :
Le site de référence en matière de Stabat Mater – et mon correspondant néerlandais- est sans nul doute celui de Hans van der Velden, qui recense près de 500 oeuvres ou compositeurs, donne les traductions des Stabat mater dolorosa et preciosa en 20 langues et analyse précisément son importante collection de 150 CD. Hans est décédé fin 2006 mais sa compagne a repris le flambeau.
Catholic encyclopedia fournit quelques développements qui font autorité. Pour mémoire il existe deux site dont le nom de domaine est Stabat Mater. Une fondation hollandaise et un jeu en . com d’ailleurs inaccessible, le Stabat Mater
En France il faut remarquer un très bel abécédaire du Stabat Mater

Bibliographie : La « référence » citée par Hans van der Velde est la thèse de Jürgen Blume :
Geschichte der mehrstimmigen Stabat-Mater-Vertonungen
(Histoire des compositions polyphoniques des Stabat Mater)
Edition Musikverlag, Münich (1992) en deux volumes.

BENOÎT XVI: CÉLÉBRATION DU DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR

7 avril, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2011/documents/hf_ben-xvi_hom_20110417_palm-sunday_fr.html

CÉLÉBRATION DU DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Place Saint-Pierre
XXVIe Journée Mondiale de la Jeunesse
Dimanche 17 avril 2011

Chers frères et sœurs,
Chers jeunes!

Chaque année, le dimanche des Rameaux, nous sommes à nouveau émus de gravir avec Jésus le mont vers le sanctuaire, et de l’accompagner tout au long de ce chemin vers le haut. En ce jour, sur toute la face de la terre et à travers tous les siècles, jeunes et personnes de tout âge l’acclament en criant: «Hosanna au fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!»
Mais que faisons-nous vraiment lorsque nous nous insérons dans une telle procession – parmi la foule de ceux qui montaient avec Jésus à Jérusalem et l’acclamaient comme roi d’Israël? Est-ce quelque chose de plus qu’une cérémonie, qu’une belle coutume? Cela a-t-il quelque chose à voir avec la véritable réalité de notre vie, de notre monde? Pour trouver la réponse, nous devons avant tout clarifier ce que Jésus lui-même a, en réalité, voulu et fait. Après la profession de foi, que Pierre avait faite à Césarée de Philippe, à l’extrême nord de la Terre Sainte, Jésus s’était mis en route, en pèlerin, vers Jérusalem pour les fêtes de la Pâque. Il est en chemin vers le Temple dans la Cité Sainte, vers ce lieu qui, pour Israël, garantissait de façon particulière la proximité de Dieu à l’égard de son peuple. Il est en chemin vers la fête commune de la Pâque, mémorial de la libération d’Égypte et signe de l’espérance dans la libération définitive. Il sait qu’une nouvelle Pâque l’attend et qu’il prendra lui-même la place des agneaux immolés, s’offrant lui-même sur la Croix. Il sait que, dans les dons mystérieux du pain et du vin, il se donnera pour toujours aux siens, il leur ouvrira la porte vers une nouvelle voie de libération, vers la communion avec le Dieu vivant. Il est en chemin vers la hauteur de la Croix, vers le moment de l’amour qui se donne. Le terme ultime de son pèlerinage est la hauteur de Dieu lui-même, à laquelle il veut élever l’être humain.
Notre procession d’aujourd’hui veut donc être l’image de quelque chose de plus profond, l’image du fait qu’avec Jésus, nous nous mettons en route pour le pèlerinage: par la voie haute vers le Dieu vivant. C’est de cette montée dont il s’agit. C’est le chemin auquel Jésus nous invite. Mais comment pouvons-nous maintenir l’allure dans cette montée? Ne dépasse-t-elle pas nos forces? Oui, elle est au-dessus de nos propres possibilités. Depuis toujours, les hommes ont été remplis – et aujourd’hui ils le sont plus que jamais – du désir d’ »être comme Dieu », d’atteindre eux-mêmes la hauteur de Dieu. Dans toutes les inventions de l’esprit humain, on cherche, en fin de compte, à obtenir des ailes pour pouvoir s’élever à la hauteur de l’Être, pour devenir indépendants, totalement libres, comme Dieu l’est. Nombreuses sont les choses que l’humanité a pu réaliser: nous sommes capables de voler. Nous pouvons nous voir, nous écouter et nous parler d’un bout à l’autre du monde. Toutefois, la force de gravité qui nous tire vers le bas est puissante. Avec nos capacités, ce n’est pas seulement le bien qui a grandi. Les possibilités du mal ont aussi augmenté et se présentent comme des tempêtes menaçantes au dessus de l’histoire. Nos limites aussi sont restées: il suffit de penser aux catastrophes qui, ces derniers mois, ont affligé et continuent d’affliger l’humanité.
Les Pères ont dit que l’homme se tient au point d’intersection entre deux champs de gravitation. Il y a d’abord la force de gravité qui tire vers le bas – vers l’égoïsme, vers le mensonge et vers le mal; la gravité qui nous abaisse et nous éloigne de la hauteur de Dieu. D’autre part, il y a la force de gravité de l’amour de Dieu: le fait d’être aimé de Dieu et la réponse de notre amour nous attirent vers le haut. L’homme se trouve au milieu de cette double force de gravité et tout dépend de sa fuite du champ de gravitation du mal pour devenir libre de se laisser totalement attirer par la force de gravité de Dieu, qui nous rend vrais, nous élève, nous donne la vraie liberté.
Après la Liturgie de la Parole, au début de la Prière eucharistique durant laquelle le Seigneur vient au milieu de nous, l’Eglise nous adresse l’invitation: « Sursum corda – Élevons notre cœur! » Selon la conception biblique et la façon de voir des Pères, le cœur est le centre de l’homme où s’unissent l’intellect, la volonté et le sentiment, le corps et l’âme. Ce centre, où l’esprit devient corps et le corps devient esprit; où volonté, sentiment et intellect s’unissent dans la connaissance de Dieu et dans l’amour pour lui. Ce « cœur » doit être élevé. Mais encore une fois: tout seuls, nous sommes trop faibles pour élever notre cœur jusqu’à la hauteur de Dieu. Nous n’en sommes pas capables. Justement l’orgueil de pouvoir le faire tout seuls nous tire vers le bas et nous éloigne de Dieu. Dieu lui-même doit nous tirer vers le haut, et c’est ce que le Christ a commencé sur la Croix. Il est descendu jusqu’à l’extrême bassesse de l’existence humaine, pour nous tirer en haut vers lui, vers le Dieu vivant. Il est devenu humble, nous dit la deuxième Lecture d’aujourd’hui. Ainsi seulement notre orgueil pouvait être surmonté: l’humilité de Dieu est la forme extrême de son amour, et cet amour humble attire vers le haut.
Le Psaume de procession 24, que l’Église nous propose comme «cantique de montée» pour la Liturgie d’aujourd’hui, indique quelques éléments concrets, qui appartiennent à notre montée et sans lesquels nous ne pouvons être élevés vers le haut: les mains innocentes, le cœur pur, le refus du mensonge, la recherche du visage de Dieu. Les grandes conquêtes de la technique ne nous rendent libres et ne sont des éléments du progrès de l’humanité que si elles sont unies à ces attitudes – si nos mains deviennent innocentes et notre cœur pur, si nous sommes à la recherche de la vérité, à la recherche de Dieu lui-même, et si nous nous laissons toucher et interpeller par son amour. Tous ces éléments de la montée sont efficaces seulement si nous reconnaissons avec humilité que nous devons être attirés vers le haut; si nous abandonnons l’orgueil de vouloir nous-mêmes nous faire Dieu. Nous avons besoin de lui: il nous tire vers le haut, étant soutenus par ses mains – c’est-à-dire dans la foi – il nous donne la juste orientation et la force intérieure qui nous élève vers le haut. Nous avons besoin de l’humilité de la foi qui cherche le visage de Dieu et se confie à la vérité de son amour.
La question de savoir comment l’homme peut arriver en haut, devenir pleinement lui-même et vraiment semblable à Dieu, a depuis toujours occupé l’humanité. Elle a été discutée avec passion par les philosophes platoniciens du troisième et quatrième siècle. Leur question centrale était: comment trouver des moyens de purification, par lesquels l’homme puisse se libérer du lourd poids qui le tire vers le bas et s’élever à la hauteur de son être véritable, à la hauteur de la divinité. Pendant un certain temps, dans sa quête du droit chemin, saint Augustin a cherché un soutien dans ces philosophies. Mais à la fin il dut reconnaître que leur réponse n’était pas suffisante, qu’avec leurs méthodes, il ne serait pas vraiment parvenu à Dieu. Il dit à leurs représentants: Reconnaissez donc que la force de l’homme et de toutes ses purifications ne suffit pas pour le porter vraiment à la hauteur du divin, à la hauteur qui lui est appropriée. Et il dit qu’il aurait désespéré de lui-même et de l’existence humaine, s’il n’avait pas trouvé Celui qui fait ce que nous-mêmes nous ne pouvons faire; Celui qui nous élève à la hauteur de Dieu, malgré notre misère: Jésus Christ qui, de Dieu, est descendu vers nous, et dans son amour crucifié, nous prend par la main et nous conduit vers le haut.
Nous allons en pèlerinage avec le Seigneur vers le haut. Nous sommes à la recherche d’un cœur pur et de mains innocentes, nous sommes à la recherche de la vérité, nous cherchons le visage de Dieu. Nous manifestons au Seigneur notre désir de devenir justes et nous le prions: Attire-nous vers le haut! Rends-nous purs! Fais que soit valable pour nous la parole que nous chantons dans le Psaume de procession, c’est-à-dire que nous puissions appartenir à la génération qui cherche Dieu, «qui recherche ta face, Dieu de Jacob» (Ps 24, 6). Amen.

 

La Résurrection de Lazare

4 avril, 2014

La Résurrection de Lazare dans images sacrée 81850H

http://bergamo-ortodossa.blogspot.it/2013/04/dal-sermone-27-la-risurrezione-di.html

1...45678