Archive pour avril, 2014

CHAQUE ÊTRE HUMAIN A UNE DIGNITÉ INCOMMENSURABLE POUR DIEU – FRÈRE ALOIS

22 avril, 2014

http://www.taize.fr/fr_article12728.html

MÉDITATION HEBDOMADAIRE DE FRÈRE ALOIS

CHAQUE ÊTRE HUMAIN A UNE DIGNITÉ INCOMMENSURABLE POUR DIEU

Jeudi 4 août 2011

Trois fois par jour nous nous retrouvons ici dans l’église pour nous tourner ensemble vers Dieu. La prière commune est au cœur de notre vie de communauté, et c’est important pour nous, les frères, de la partager avec vous tous.
Même si Dieu restera toujours au-delà de tout ce que nous pourrions imaginer, il nous est pourtant possible de nous tourner vers lui. Lui parler ou simplement être en sa présence. Au fond de l’âme de chacun de nous, il y a une prière que nous pouvons formuler plus ou moins bien, mais que Dieu comprend.
Dieu, comme le soleil, est trop éblouissant pour que nous puissions le regarder. Mais le Christ Jésus est venu, et à travers lui la lumière de Dieu nous devient accessible. Après-demain nous allons célébrer une fête qui nous aide à comprendre cela plus profondément.
Le 6 août nous commémorons un moment tout à fait particulier de la vie de Jésus. La Bible nous raconte qu’il est monté sur une montagne avec ses disciples Pierre, Jacques et Jean. Et, pendant un bref instant, le visage de Jésus et tout son être ont rayonné d’une lumière jamais vue.
Que s’est-il passé ? A ce moment-là les disciples ont vu clairement qui Jésus était vraiment. La lumière de Dieu est devenue visible à travers lui. Ils ont compris qu’il était vraiment l’envoyé de Dieu, et cela tout en vivant une vie extrêmement simple. Jésus qui était l’un de nous, comme nous, leur apparut transfiguré.
Frère Roger aimait beaucoup cette fête de la transfiguration. Il vivait de cette confiance que nous aussi, comme les disciples, nous pouvons regarder vers le Christ. Et sa lumière transfigure notre être. Frère Roger a écrit ces paroles :
« En tout homme, en toute femme, une blessure est ouverte par les échecs, les humiliations, la mauvaise conscience. Elle s’est ouverte peut-être au moment ou nous aurions eu besoin d’une infinie compréhension et personne ne s’est trouvé là. »« Transfigurée par le Christ, la blessure se change en un lieu d’énergie, en une source créatrice d’où jailliront communion, amitié et compréhension. »
Jésus a dit à ses disciples ces paroles étonnantes : « Vous êtes la lumière du monde. » Ils n’étaient que quelques-uns, ils auraient pu s’attarder à leurs limites et à leur faiblesse, mais ils ont accepté que Jésus les envoie transmettre sa lumière dans le monde entier.
Et comment ont-ils pu le faire ? En montrant par leur vie que le Christ avait apporté une nouvelle solidarité à toute l’humanité. Il est venu rassembler dans l’amour de Dieu tous les humains. Par lui nous savons que chaque être humain a une dignité incommensurable pour Dieu.
Cette solidarité et cette communion entre tous les humains nous passionnent. C’est pourquoi, par exemple, je me suis senti poussé ces jours à écrire à quelques musulmans que nous connaissons, pour leur dire que nous sommes proches d’eux maintenant qu’ils commencent le Ramadan.
Dans de nombreux endroits du monde la dignité humaine est bafouée. Comme chrétiens nous sommes concernés, appelés, interpellés par ces situations.
La semaine passée nous avons eu la visite du pasteur Junge, secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale. Les Nations-unies ont demandé à cette Fédération d’Églises de s’occuper d’un camp au Kenya où des réfugiés de la faim venant de Somalie sont accueillis. Ce camp était prévu pour 50.000 personnes, mais ils y sont actuellement 500.000 réfugiés.
Le pasteur Junge y est allé ces jours. Nous nous sommes demandés par quel geste nous pouvions l’accompagner et exprimer notre solidarité avec ceux qui sont dans ce camp. Quelqu’un parmi vous a proposé de faire demain le même geste que nous avons fait la semaine passée pour les victimes de l’attentat en Norvège.
Ce geste est tout simple, nous pourrons le vivre tous ensemble : nous prendrons le repas de demain midi en silence. Ainsi nous exprimerons notre solidarité avec ceux qui souffrent de la faim en Somalie, au Kenya, en Éthiopie, et aussi en Corée du Nord.
Face à la souffrance dans le monde, il ne nous est pas demandé d’ajouter encore de la tristesse. Ce que le Christ nous demande c’est d’aimer davantage ceux qui nous sont confiés au près ou au loin.
Un dernier mot. Parmi nous il y a un grand nombre de jeunes allemands. Cela reste étonnant qu’ils viennent tout au long de l’année. Et nous nous en réjouissons d’autant plus que la rencontre européenne aura lieu à la fin de cette année à Berlin.
Pour beaucoup, à l’Est et à l’Ouest de l’Europe, Berlin est le symbole d’une ville dont la population ne se laisse pas décourager, même dans des circonstances difficiles. Cela prend aujourd’hui un grand poids, alors que nous cherchons à communiquer un nouveau courage pour le futur, aussi pour le futur de l’Europe.
Une centaine de jeunes berlinois sont parmi nous. Nous voudrions leur dire déjà un grand merci de préparer un bel accueil et une belle rencontre !

LA MADONE ET LE JONGLEUR – PAR ALBINO LUCIANI (Pape Jean Paul I)

22 avril, 2014

http://www.30giorni.it/articoli_id_1394_l4.htm

LA MADONE ET LE JONGLEUR

PAR ALBINO LUCIANI

(Pape Jean Paul I)

Le patriarche de Venise, qui aimait séjourner l’été dans le couvent des Servites de Marie près du sanctuaire marial de Pietralba dans le Haut-Adige, se rendait souvent dans la bibliothèque des frères. En feuilletant une anthologie française, il tomba sur un récit d’Anatole France qu’il avait lu enfant, cinquante ans plus tôt, et qu’il raconta et commenta sur le Messaggero di Sant’Antonio de décembre 1976.

Saint Luc avait déjà noté que Marie n’avait pu porter au temple «qu’un couple de tourterelles, l’offrande des pauvres», (Lc 2,23). Et beaucoup de prières laissent voir que les pauvres se sont toujours sentis privilégiés auprès d’elle. Le suc de ces prières est le suivant: “Intercédez auprès de Dieu pour moi: ma qualité de pauvre homme est mon seul titre pour vous demander votre intercession”. Une prière de ce genre traverse les siècles et en parallèle circule une nouvelle sur les pauvres de Marie. Apparue en France au XIIIe siècle et racontée par des prédicateurs populaires, elle fut transcrite par l’écrivain Anatole France sous le titre: Le jongleur de Notre-Dame.
Barnabé de Compiègne était un jongleur qui allait de ville en ville en faisant des exercices de grande habilité. Mais souvent, l’hiver, il n’avait pas de travail et souffrait de la faim. Il avait une dévotion particulière à la Madone et il la priait alors ainsi: «Notre-Dame, prenez soin de ma vie jusqu’au moment où il plaira à Dieu que je meure et, quand je serai mort, faites-moi avoir la joie du Paradis». Par un soir pluvieux et glacial, il rencontra sur la route un frère et, conversant avec lui, il décida d’abandonner l’art qui l’avait rendu célèbre pour chanter, en tant que moine, les louanges de la Vierge. Quand il arriva au couvent, il remarqua que les frères rivalisaient dans les honneurs qu’ils rendaient à la Vierge et son ignorance le mit tout de suite mal à l’aise. Il se dit à lui-même: «Voilà, le prieur compose des traités sur la Vierge Marie; Frère Macrobe les recopie sur de très fines feuilles de parchemin que frère Alexandre orne ensuite de miniatures charmantes. D’autres composent des hymnes ou sculptent des statues en Son honneur. Mais moi, je ne sais rien faire, rien». «Je suis bien malheureux, Notre-Dame», disait-il à la Vierge «de n’avoir pour vous servir ni sermons édifiants, ni peintures fines, ni vers coulant avec élégance. Je n’ai rien, malheureusement». Et il s’abandonnait à la tristesse. Mais un matin, il se leva tout content, il courut à la chapelle, y resta plus d’une heure et y retourna après le déjeuner. Il y alla dès lors tous les jours et avait perdu sa tristesse. «Pourquoi Barnabé allait-il si souvent à la chapelle?», commençaient à se demander les frères. Ainsi le prieur décida-t-il d’aller voir ce qu’il faisait et il vit à travers les fentes de la porte que Barnabé faisait devant l’autel de la Madone, tête en bas, ses jeux de prestige avec les six balles de cuivre et les douze couteaux dont il avait l’habitude de se servir sur les places. Il crut qu’il était devenu fou et, criant au sacrilège, il s’apprêtait à le faire sortir de force de la chapelle, lorsqu’il vit la Madone descendre les gradins de l’autel, s’approcher de Barnabé et essuyer, avec un pan de son manteau, la sueur qui tombait du front de son jongleur. Le bon prieur se prosterna alors à terre en murmurant: «Heureux les simples d’esprit parce qu’ils verront Dieu».
Dans ce conte Marie ne nettoie pas la plume du prieur mais essuie la sueur du pauvre Barnabé: c’est vers lui, pauvre jongleur, fatigué, en sueur, par terre, qu’elle descend de son trône et c’est lui qu’elle daigne réconforter avec un pan de son manteau couleur d’azur. C’est précisément parce que nous sommes pauvres que la Vierge nous aide maintenant et à l’heure de notre mort. Celui qui voudrait raconter à nouveau le petit conte d’Anatole France, aujourd’hui où les gens ont soif de simplicité authentique, devrait souligner comme son image dans le conte correspond à l’image la plus vraie de Marie qui a dit dans son cantique: «Dieu a renversé les puissants des trônes et a élevé les humbles».

The empty tomb, the women

19 avril, 2014

The empty tomb, the women dans images sacrée Women+at+the+Tomb
http://bilgrimage.blogspot.it/2011_04_01_archive.html

PAPE BENOÎT XV: VÉNÉRATION DU SAINT-SUAIRE – « Icône du Samedi Saint »

19 avril, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2010/may/documents/hf_ben-xvi_spe_20100502_meditazione-torino_fr.html

VISITE PASTORALE À TURIN

VÉNÉRATION DU SAINT-SUAIRE – « Icône du Samedi Saint »

MÉDITATION DU PAPE BENOÎT XVI

Dimanche 2 mai 2010

Chers amis,

C’est pour moi un moment très attendu. En diverses autres occasions, je me suis trouvé face au Saint-Suaire, mais cette fois, je vis ce pèlerinage et cette halte avec une intensité particulière: sans doute parce que les années qui passent me rendent encore plus sensible au message de cet extraordinaire Icône; sans doute, et je dirais surtout, parce que je suis ici en tant que Successeur de Pierre, et que je porte dans mon cœur toute l’Eglise, et même toute l’humanité. Je rends grâce à Dieu pour le don de ce pèlerinage et également pour l’occasion de partager avec vous une brève méditation qui m’a été suggérée par le sous-titre de cette Ostension solennelle: « Le mystère du Samedi Saint ».
On peut dire que le Saint-Suaire est l’Icône de ce mystère, l’Icône du Samedi Saint. En effet, il s’agit d’un linceul qui a enveloppé la dépouille d’un homme crucifié correspondant en tout point à ce que les Evangiles nous rapportent de Jésus, qui, crucifié vers midi, expira vers trois heures de l’après-midi. Le soir venu, comme c’était la Parascève, c’est-à-dire la veille du sabbat solennel de Pâques, Joseph d’Arimathie, un riche et influent membre du Sanhédrin, demanda courageusement à Ponce Pilate de pouvoir enterrer Jésus dans son tombeau neuf, qu’il avait fait creuser dans le roc à peu de distance du Golgotha. Ayant obtenu l’autorisation, il acheta un linceul et, ayant descendu le corps de Jésus de la croix, l’enveloppa dans ce linceul et le déposa dans le tombeau (cf. Mc 15, 42-46). C’est ce que rapporte l’Evangile de saint Marc, et les autres évangélistes concordent avec lui. A partir de ce moment, Jésus demeura dans le sépulcre jusqu’à l’aube du jour après le sabbat, et le Saint-Suaire de Turin nous offre l’image de ce qu’était son corps étendu dans le tombeau au cours de cette période, qui fut chronologiquement brève (environ un jour et demi), mais qui fut immense, infinie dans sa valeur et sa signification.
Le Samedi Saint est le jour où Dieu est caché, comme on le lit dans une ancienne Homélie: « Que se passe-t-il? Aujourd’hui, un grand silence enveloppe la terre. Un grand silence et un grand calme. Un grand silence parce que le Roi dort… Dieu s’est endormi dans la chair, et il réveille ceux qui étaient dans les enfers » (Homélie pour le Samedi Saint, PG 43, 439). Dans le Credo, nous professons que Jésus Christ « a été crucifié sous Ponce Pilate, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers. Le troisième jour est ressuscité des morts ».
Chers frères et sœurs, à notre époque, en particulier après avoir traversé le siècle dernier, l’humanité est devenue particulièrement sensible au mystère du Samedi Saint. Dieu caché fait partie de la spiritualité de l’homme contemporain, de façon existentielle, presque inconsciente, comme un vide dans le cœur qui s’est élargi toujours plus. Vers la fin du xix siècle, Nietzsche écrivait: « Dieu est mort! Et c’est nous qui l’avons tué! ». Cette célèbre expression est, si nous regardons bien, prise presque à la lettre par la tradition chrétienne, nous la répétons souvent dans la Via Crucis, peut-être sans nous rendre pleinement compte de ce que nous disons. Après les deux guerres mondiales, les lager et les goulag, Hiroshima et Nagasaki, notre époque est devenue dans une mesure toujours plus grande un Samedi Saint: l’obscurité de ce jour interpelle tous ceux qui s’interrogent sur la vie, et de façon particulière nous interpelle, nous croyants. Nous aussi nous avons affaire avec cette obscurité.
Et toutefois, la mort du Fils de Dieu, de Jésus de Nazareth a un aspect opposé, totalement positif, source de réconfort et d’espérance. Et cela me fait penser au fait que le Saint-Suaire se présente comme un document « photographique », doté d’un « positif » et d’un « négatif ». Et en effet, c’est précisément le cas: le mystère le plus obscur de la foi est dans le même temps le signe le plus lumineux d’une espérance qui ne connaît pas de limite. Le Samedi Saint est une « terre qui n’appartient à personne » entre la mort et la résurrection, mais dans cette « terre qui n’appartient à personne » est entré l’Un, l’Unique qui l’a traversée avec les signes de sa Passion pour l’homme: « Passio Christi. Passio hominis ». Et le Saint-Suaire nous parle exactement de ce moment, il témoigne précisément de l’intervalle unique et qu’on ne peut répéter dans l’histoire de l’humanité et de l’univers, dans lequel Dieu, dans Jésus Christ, a partagé non seulement notre mort, mais également le fait que nous demeurions dans la mort. La solidarité la plus radicale.
Dans ce « temps-au-delà-du temps », Jésus Christ « est descendu aux enfers ». Que signifie cette expression? Elle signifie que Dieu, s’étant fait homme, est arrivé au point d’entrer dans la solitude extrême et absolue de l’homme, où n’arrive aucun rayon d’amour, où règne l’abandon total sans aucune parole de réconfort: « les enfers ». Jésus Christ, demeurant dans la mort, a franchi la porte de cette ultime solitude pour nous guider également à la franchir avec Lui. Nous avons tous parfois ressenti une terrible sensation d’abandon, et ce qui nous fait le plus peur dans la mort, est précisément cela, comme des enfants, nous avons peur de rester seuls dans l’obscurité, et seule la présence d’une personne qui nous aime peut nous rassurer. Voilà, c’est précisément ce qui est arrivé le jour du Samedi Saint: dans le royaume de la mort a retenti la voix de Dieu. L’impensable a eu lieu: c’est-à-dire que l’Amour a pénétré « dans les enfers »: dans l’obscurité extrême de la solitude humaine la plus absolue également, nous pouvons écouter une voix qui nous appelle et trouver une main qui nous prend et nous conduit au dehors. L’être humain vit pour le fait qu’il est aimé et qu’il peut aimer; et si dans l’espace de la mort également, a pénétré l’amour, alors là aussi est arrivée la vie. A l’heure de la solitude extrême, nous ne serons jamais seuls: « Passio Christi. Passio hominis ».
Tel est le mystère du Samedi Saint! Précisément de là, de l’obscurité de la mort du Fils de Dieu est apparue la lumière d’une espérance nouvelle: la lumière de la Résurrection. Et bien, il me semble qu’en regardant ce saint linceul avec les yeux de la foi, on perçoit quelque chose de cette lumière. En effet, le Saint-Suaire a été immergé dans cette obscurité profonde, mais il est dans le même temps lumineux; et je pense que si des milliers et des milliers de personnes viennent le vénérer, sans compter celles qui le contemplent à travers les images – c’est parce qu’en lui, elles ne voient pas seulement l’obscurité, mais également la lumière; pas tant l’échec de la vie et de l’amour, mais plutôt la victoire, la victoire de la vie sur la mort, de l’amour sur la haine; elles voient bien la mort de Jésus, mais elles entrevoient sa Résurrection; au sein de la mort bat à présent la vie, car l’amour y habite. Tel est le pouvoir du Saint-Suaire: du visage de cet « Homme des douleurs », qui porte sur lui la passion de l’homme de tout temps et de tout lieu, nos passions, nos souffrances, nos difficultés, nos péchés également – « Passio Christi. Passio hominis » – de ce visage émane une majesté solennelle, une grandeur paradoxale. Ce visage, ces mains et ces pieds, ce côté, tout ce corps parle, il est lui-même une parole que nous pouvons écouter dans le silence. Que nous dit le Saint-Suaire? Il parle avec le sang, et le sang est la vie! Le Saint-Suaire est une Icône écrite avec le sang; le sang d’un homme flagellé, couronné d’épines, crucifié et transpercé au côté droit. L’image imprimée sur le Saint-Suaire est celle d’un mort, mais le sang parle de sa vie. Chaque trace de sang parle d’amour et de vie. En particulier cette tâche abondante à proximité du flanc, faite de sang et d’eau ayant coulé avec abondance par une large blessure procurée par un coup de lance romaine, ce sang et cette eau parlent de vie. C’est comme une source qui murmure dans le silence, et nous, nous pouvons l’entendre, nous pouvons l’écouter, dans le silence du Samedi Saint.
Chers amis, rendons toujours gloire au Seigneur pour son amour fidèle et miséricordieux. En partant de ce lieu saint, portons dans les yeux l’image du Saint-Suaire, portons dans le cœur cette parole d’amour, et louons Dieu avec une vie pleine de foi, d’espérance et de charité. Merci.

MÉDITATION POUR LE SAMEDI SAINT – Cardinal Carlo Maria Martini

19 avril, 2014

http://christianegrimonprez.blogspot.it/

MÉDITATION POUR LE SAMEDI SAINT

« Et Dieu se fit vulnérable »

Cardinal Carlo Maria Martini

Les récits de la passion

En ce samedi saint, ce jour du grand silence de Dieu, de la grande absence de Dieu… il peut être bon de nous demander : en quel Dieu croyons-nous ? Acceptons-nous vraiment qu’il se dise à nous dans le chemin suivi par Jésus jusqu’à la mort en croix ? Le texte ci-dessous voudrait nous y aider. Il s’agit d’une méditation des derniers instants de Jésus dans le récit qu’en fait Matthieu.
« Un courant de la mystique occidentale a souvent pensé qu’on ne peut faire l’économie, pour l’homme spirituel, de l’expérience de l’aridité, de la tiédeur, de la lassitude, de l’obscurité, de la nuit. Ce serait de simples chemins qui montent de la pesanteur de la chair, par la purification, vers la contemplation de la lumière de Dieu.
En vérité, cette réalité doit être interprétée christologiquement, à la lumière de l’évangile : nous sommes appelés à être là où est le Christ, à connaître Dieu comme le Christ nous l’a fait connaître. Et puisque la puissance du Christ s’est révélée dans la faiblesse, la lumière de Dieu dans l’obscurité des heures de la croix, puisque la gloire et l’espérance de Dieu se sont manifestées dans le cri de douleur et d’abandon, ainsi nous aussi, nous sommes appelés, en quelque sorte, sur les chemins que Jésus nous propose, à connaître un Dieu différent de l’image que nous en avions.
Reparaît la question : pourquoi Dieu se donne-t-il à connaître sur la croix ? Jésus ne pouvait-il pas descendre de ce bois et nous sauver à moindre frais ? Aurait-il donc vraiment pris au sérieux l’abîme de la méchanceté de l’homme et du monde ? Une fois encore nous sommes poussés à chercher le pourquoi de sa mort paradoxale.
La mort de Jésus n’a rien de glorieux ni d’extraordinaire. Il y a par grâce de Dieu, des morts lumineuses, des morts de personnes auprès desquelles on respire un parfum de paradis : la sérénité, la paix de Dieu. C’est la force du Ressuscité qui se déverse dans l’expérience la plus tragique de l’homme et parfois la transfigure… Mais la mort de Jésus n’a pas été ainsi.
Après ses dernière paroles, le malentendu est patent : ils croient que Jésus appelle Elie et ils lui donnent une éponge imbibée de vinaigre. Du trouble se produit, mais nul spectacle de grandeur, personne qui s’étonne et qui prie. Tout se passe à la frange du grave et du dérisoire, au milieu d’une foule habituée à voir mourir des condamnés. Jésus crie, une fois encore : une clameur sans un mot, paroxysme du mystère.
La mort de Jésus est tragique. Elle n’est pas auréolée de sérénité et de paix : Jésus tombe dans l’abîme de la cruauté humaine qui l’engloutit.
Notons ceci : Jean et Luc nous présentent la mort de Jésus comme transfigurée ; Matthieu et Marc, quant à eux, nous montrent l’aspect infiniment plus amer de ce drame. Et ce second aspect (qui ne doit pas nous faire oublier l’autre) insiste sur la part que, dans sa mort, Jésus prend à tant de morts humaines sans grandeur, ce qui est le cas de la grande majorité des hommes et des femmes de notre terre.
(…) Nous voudrions que les derniers moments de notre vie soient paisibles, dans l’abandon serein… ils peuvent être, au contraire, étrangement imprévisibles, mystérieux. La mort de Jésus participe de l’imprévisibilité de l’expérience humaine de la mort.
Il n’y a qu’à adorer le mystère du Seigneur qui s’est fait semblable à chacun de nous. Ce que sera notre expérience de la mort, nous n’en savons rien. Ce que nous savons, toutefois, c’est que le Seigneur, par amour pour nous, nous en a préparé le chemin et qu’il viendra à notre rencontre ».

Résurrection

18 avril, 2014

Résurrection dans images sacrée Christ+enthroned

http://full-of-grace-and-truth.blogspot.it/2010/04/i-went-to-christouli-and-panagitsa-high.html

DEUXIEME LECTURE – Col 3, 1-4 et 1 Cor 5, 6b-8 – MARIE-NOELLE-THABUT

18 avril, 2014

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DEUXIEME LECTURE – Col 3, 1-4 et 1 Corinthiens 5, 6b – 8

La liturgie nous propose deux lectures au choix, mais il est très intéressant de les lire et de les méditer toutes les deux ensemble !

Lecture de quelques versets de saint Paul dans la lettre aux Colossiens et dans la 1ère lettre aux Corinthiens

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Colossiens 3, 1-4
1 Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ.
Recherchez donc les réalités d’en haut :
c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
2 Tendez vers les réalités d’en haut,
et non pas vers celles de la terre.
3 En effet, vous êtes morts avec le Christ,
et votre vie reste cachée avec lui en Dieu.
4 Quand paraîtra le Christ, votre vie,
alors vous aussi,
vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.
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1 Corinthiens 5, 6b – 8

Frères,
6 vous savez bien qu’un peu de levain suffit
pour que toute la pâte fermente.
7 Purifiez-vous donc des vieux ferments
et vous serez une pâte nouvelle,
vous qui êtes comme le pain de la Pâque,
celui qui n’a pas fermenté.
Voici que le Christ, notre agneau pascal,
a été immolé. 8
Célébrons donc la Fête,
non pas avec de vieux ferments :
la perversité et le vice ;
mais avec du pain non fermenté :
la droiture et la vérité.

Tout d’abord, il faut nous habituer au vocabulaire de saint Paul ; par exemple, nous pouvons être un peu surpris d’entendre : « Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ… vous êtes morts avec le Christ » : A vrai dire, si nous sommes là, vous et moi, aujourd’hui, c’est que nous sommes bien vivants… c’est-à-dire pas encore morts… et encore moins ressuscités ! Il faut croire que les mots n’ont pas le même sens pour Paul que pour nous ! Car, pour lui, depuis ce fameux matin de Pâques, plus rien n’est comme avant.
Autre problème de vocabulaire : « Tendez vers les réalités d’en-haut, et non pas vers celles de la terre. » Il ne s’agit pas, en fait, de choses (qu’elles soient d’en-haut ou d’en-bas), il s’agit de conduites, de manières de vivre… Ce que Paul appelle les « réalités d’en-haut », il le dit dans les versets suivants, c’est la bienveillance, l’humilité, la douceur, la patience, le pardon mutuel… Ce qu’il appelle les réalités terrestres, c’est la débauche, l’impureté, la passion, la cupidité, la convoitise… Notre vie tout entière est dans cette tension : notre transformation, notre résurrection est déjà accomplie en Christ mais il nous reste à égrener cette réalité profonde, très concrètement au long des jours.
Si on continuait la lecture, on trouverait cette expression : « Vous avez revêtu l’homme nouveau » ; et un peu plus loin « par-dessus tout, revêtez l’amour, c’est le lien parfait ». Il me semble que c’est le meilleur commentaire du passage que nous lisons aujourd’hui. « Vous avez revêtu », c’est déjà fait… « revêtez », c’est encore à faire.
Nous retrouvons cette tension dans tout le reste de la prédication de Paul et en particulier dans cette même lettre aux Colossiens : « Vous qui autrefois étiez étrangers, vous dont les oeuvres mauvaises manifestaient l’hostilité profonde, voilà que maintenant Dieu vous a réconciliés dans le corps périssable de son Fils… Mais il faut que, par la foi, vous teniez solides et fermes, sans vous laisser déporter hors de l’espérance de l’Evangile… Que personne ne vous abuse par de beaux discours… Poursuivez donc votre route dans le Christ … Soyez enracinés et fondés en lui, affermis ainsi dans la foi telle qu’on vous l’a enseignée, et débordants de reconnaissance…Veillez à ce que nul ne vous prenne au piège de la philosophie, cette creuse duperie à l’enseigne de la tradition des hommes, des éléments du monde et non plus du Christ… Ensevelis avec le Christ dans le Baptême, avec lui encore vous avez été ressuscités… »
Il ne s’agit donc pas de vivre une autre vie que la vie ordinaire, mais de vivre autrement la vie ordinaire ; sachant que cet « autrement » est désormais possible, car c’est l’Esprit-Saint qui nous en rend capables. Le même Paul dira à peine plus loin, dans cette même lettre : « Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui à Dieu le Père. » C’est ce monde-ci qui est promis au Royaume, il ne s’agit donc pas de le mépriser mais de le vivre déjà comme la semence du Royaume. Il n’est pas question de dénigrer les réalités terrestres ! Dieu nous les a confiées, au contraire, à nous de les transfigurer.
C’est dans cet esprit que Paul nous invite à être une pâte nouvelle : « Purifiez-vous des vieux ferments et vous serez une pâte nouvelle, vous qui êtes comme le pain de la Pâque, celui qui n’a pas fermenté. » Ici, il fait allusion au rite des Azymes ; chaque année, au moment où l’on s’apprête à partager l’agneau pascal, on prend bien soin de nettoyer les maisons de toute trace du levain de la récolte de l’année dernière ; le repas de la nuit pascale (le seder) est accompagné de galettes de pain non levé (le pain azyme) et dans la semaine qui suit on continue à manger du pain sans levain en attendant d’avoir pu laisser fermenter le levain nouveau.
Les deux rites de l’agneau pascal et des Azymes étaient donc liés dans la célébration de la Pâque ; et Paul les lie dans son raisonnement : « Purifiez-vous des vieux ferments… Le Christ, notre agneau pascal, a été immolé ». Paul fait donc référence à toute la symbolique de la fête pascale juive et il l’applique à la Pâque des chrétiens ; il n’a pas une seconde l’impression de changer le sens de la fête juive en parlant de la Pâque du Christ : au contraire, il voit dans la Résurrection du Christ le parfait achèvement du combat de libération que rappelait chaque année la Pâque juive.
Pour Paul, c’est une évidence : en Jésus l’ancienne fête des Azymes n’a pas perdu sa signification ; au contraire, elle trouve son sens plénier : la Pâque des Chrétiens est bien la fête de la libération, mais désormais, la libération est définitive. Par sa mort et sa résurrection, Jésus-Christ a triomphé des pires chaînes, celles de la mort et de la haine. Et cette libération est contagieuse ; comme dit Paul, « un peu de levain suffit pour que toute la pâte fermente ». L’Esprit qui poursuit son oeuvre dans le monde fera irrésistiblement « lever » comme une pâte l’humanité tout entière. 

HOMÉLIE DU JOUR DE PÂQUES – ANNÉE A

18 avril, 2014

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/archive/2008/03/19/homelie-du-jour-de-paques-a.html

HOMÉLIE DU JOUR DE PÂQUES, ANNÉE A

Ac 10, 34a.37-43 ; 1 Co 5, 6-8 ; Mt 28, 1-10 ; (Jn 20, 1-9)

Le jour de Pâques, aux messes du matin, on peut lire l’évangile de la veillée pascale Mt 28, 1-10.

Ne cherchez pas la date ni les dégâts causés par ce tremblement de terre. Sur l’échelle de Richter, dirions-nous aujourd’hui, la magnitude est de zéro. Il s’agit, en effet, d’une figure littéraire, avec tous les ingrédients que l’on trouve dans les scènes d’annonciations bibliques. Cela fait partie du langage apocalyptique qui utilise un langage codé, tout à fait traditionnel et familier aux juifs de l’époque. Ainsi, dessiner un ange sur la pierre d’un tombeau signifie : la mort est vaincue.

Mais pourquoi un tel langage ? Il est tout simplement indispensable, car la résurrection est un fait qui échappe à toute représentation sensible. Elle signifie la victoire de Dieu sur toutes les forces de mort, et non pas la réanimation d’un corps. La résurrection est un objet de foi. Et la foi répond à une révélation de Dieu qui, dans le récit, est exprimé par une formule que confesse l’Eglise :  » Jésus, le crucifié, est ressuscité « .

Et que dit Matthieu ? Il nous explique que des femmes sont les premières à avoir reçu une mission. Celle d’annoncer la résurrection aux disciples découragés, dégonflés et sceptiques. Elles doivent même faire vite. Aussi, elles courent, joyeuses, comme les mages qui retrouvent l’étoile. Comme l’homme de la parabole qui découvre le trésor. Elles ont hâte de pouvoir partager leur foi.

Et c’est grâce à ces femmes, qui ne font pas partie des Douze choisis et appelés par Jésus, que les plus importants de ces Douze vont retrouver le chemin de leur propre foi. Comme le précisera l’évangile du jour de Pâques. Ce qui a fait écrire au regretté Jean Debruyne : « A qui veut des preuves, Dieu n’a proposé que le témoignage d’une fille de joie. Juste derrière le Ressuscité, en tête du peuple, marche une femme venue du trottoir. C’est une femme qui reçoit la fonction d’apôtre, à qui est confiée la mission d’annoncer la résurrection aux hommes sceptiques. Cela voudrait donc dire que la foi de l’Eglise repose sur la parole d’une femme. » Il est vrai que la résurrection est une nouvelle création. Il s’agit donc d’un accouchement, d’une naissance. La victoire de la vie sur la mort. Comme en témoignent aussi, à leur manière, les visages de ces huit femmes africaines qui s’affichent actuellement sur les murs de Bruxelles (1).

Marie-Madeleine et l’autre Marie ont vu Jésus venir à leur rencontre, l’entendre dire  » Je vous salue « . Elles ont saisi ses pieds et se sont prosternées devant lui. C’est une façon de parler. Car le Christ est aussi présent dans sa Parole. Il est dans l’assemblée eucharistique qui fait l’Eglise, ce corps que nous formons. Il est dans le pain rompu et la coupe partagée. Y croyons-nous sans le voir ? Car la foi, c’est voir ce que tout le monde voit, mais autrement. La résurrection fait appel à la foi. Elle ne fournit pas de preuves. Et c’est précisément parce que nous sommes des hommes et des femmes de peu de foi que nous risquons même inconsciemment d’être à la recherche fébrile, mais vaine, de preuves indiscutables, scientifiques et rassurantes de la résurrection du Christ.

C’est ce qui explique parfois le goût immodéré des miracles, la course aux apparitions qui, croyons-nous, pourraient nous délivrer du doute et nous fournir des certitudes. Même l’engouement de beaucoup pour le Saint-Suaire de Turin a quelque chose d’ambigu et même d’inquiétant, si l’on veut y trouver des preuves matérielles de la résurrection de Jésus. Lui-même n’a-t-il pas crié aux croyants de son temps :  » Générations mauvaises et adultères qui réclamez des signes…  » ? … Or, les vrais signes, les véritables preuves, ce sont les suites, les conséquences et les fruits de ceux et celles qui croient en la victoire de la vie sur la mort. Apôtres et disciples, hommes et femmes, sont passés du découragement à une confiance dynamique. Ils ont été transformés, jusqu’à oser proclamer le Christ vivant, au risque même de leur vie. Et ils vont même commencer à vivre comme Jésus. Comme nous pouvons le faire aujourd’hui, c’est-à-dire mourir constamment à nous-mêmes, à nos étroitesses, nos jalousies, nos gourmandises, nos paresses, nos égoïsmes de tous genres, et donner notre vie pour nos frères et nos sœurs humains.

Il y a dans la prière du matin de ce jour, proposée par le bréviaire, un texte qui dit bien en termes poétiques comment nous pouvons témoigner aujourd’hui de la résurrection du Christ :  » Quand sur nos chemins on nous dit : Où est votre Christ aujourd’hui et son miracle ? Nous répondons : D’où vient l’Esprit qui nous ramène vers sa Pâque, sur son chemin, sinon de lui ? Et si l’on nous dit : maintenant, montrez-nous un signe éclatant, hors de vous-même ! Le signe est là qu’à son retour nous devons faire ce qu’il aime, pour témoigner qu’il est amour. « 

P. Fabien Deleclos, franciscain (T), 1925 – 2008

Crucifixion

18 avril, 2014

Crucifixion dans images sacrée crucifixion
http://cacina.wordpress.com/2012/10/page/2/

« MON DIEU, MON DIEU, POURQUOI M’AS-TU ABANDONNÉ ? » (MARC 15, 34)

18 avril, 2014

http://www.dioceserimouski.com/lit/spir/vendst2010.html

« MON DIEU, MON DIEU, POURQUOI M’AS-TU ABANDONNÉ ? » (MARC 15, 34)

Quel est ce chemin de souffrance et de douleur,
où tu t’engages aujourd’hui,
Toi, Jésus, le fils du charpentier,
Toi, l’humble enfant de Nazareth?

Quelle est cette force
qui te fait garder le silence devant tes accusateurs?
Quelle est cette passion qui te dévore
et qui te pousse à la mort même, à la mort de la croix?

Chaque fois que nous entendons le récit de ta passion,
chaque fois que nous refaisons avec toi
le chemin de ta croix,
chaque fois que nous contemplons
ton visage de juste défiguré,
un doute nous assaille.

Pourquoi?

Pourquoi Dieu t’a-t-il ainsi abandonné?
Pourquoi, dans ta révolte même,
t’es-tu abandonné dans la main du Père?

Donne-nous de comprendre cet amour.
Donne-nous de découvrir dans cette folie
le dévoilement même du coeur de Dieu.

Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus!

André Beauchamp, Rassembler 2 (2002) 31.

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