« PSAUMES NUIT ET JOUR » – PENSÉES DU PÈRE PAUL BEAUCHAMP, JÉSUITE

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« PSAUMES NUIT ET JOUR »

PENSÉES DU PÈRE PAUL BEAUCHAMP, JÉSUITE

Le Père Paul Beauchamp, jésuite et exégète, est retourné vers le Père le 23 avril. A l’initiative de ses compagnons jésuites Xavier Leroy et Jacques Buisson, il a donné des causeries à Saint-Ignace pendant l’hiver 1978. Il est aussi connu de beaucoup par son enseignement au Centre Sèvres et à Tradition Biblique. Voici quelques pensées tirées de son très beau livre « Psaumes, Nuit et Jour ».
« Nous sommes prompts à nous avouer pécheurs, mais la promptitude à se déclarer pécheur est souvent une manière détournée de croire à sa propre justice… Un moi ‘juste’ imaginaire bien vivace persécute en nous le ‘moi pécheur’. Tout cela est système pour que nos vrais péchés nous restent cachés : notre moi ‘juste’ est le vrai pécheur qui se cache en nous sous le masque de l’humilité », p. 29.
« Apprenons à voir l’Eglise avec la compassion que Dieu a pour elle. Il y voit son Fils et, faite au nom du Christ, la prière des Psaumes confesse notre justice comme venant toute entière de lui, comme étant la sienne. Croire que Dieu nous voit justes en Jésus Christ serait peut être le moyen le plus conforme à l’Evangile d’avoir – enfin – honte de nos péchés et plus de pitié pour ceux des autres », p. 30.
« En ‘récitant’ les Psaumes, nous ‘revêtons’ le Christ. Mais c’est possible seulement parce qu’il nous a ‘revêtus’ nous-mêmes. Passer par là est la seule voie. Elle consiste à connaître le Christ en nous connaissant nous-mêmes. Pas d’autre voie. Mais elle conduit à nous connaître aussi là où nous ne voulons pas nous connaître », p. 38.
« Il faut distinguer entre un indice et une preuve. Un indice en soi faible, accidentel et vulnérable, a cependant beaucoup de valeur pour rapprocher l’homme de la vérité, quand cette vérité est de l’ordre de la vie. Dans ce qui est essentiel à la vie, les preuves jouent un rôle important, mais elles le jouent à l’arrière. Elles ne combattent pas sur le front parce que, plus une preuve est solide, plus l’esprit lui oppose de résistance. C’est pourquoi nous échappons à tant d’évidences et ne voyons pas ce qui crève les yeux. C’est pourquoi aussi, quand nous disons à notre prochain qu’une vérité qu’il refuse crève les yeux, nous perdons notre temps. En première ligne du combat pour la vérité, les indices possèdent beaucoup plus d’efficacité pour remporter la décision, que les preuves confirment seulement ensuite. Les témoins évangéliques donnent les indices de leur foi, à partir des Ecritures anciennes. Ils ne fournissent pas de preuves. Mais ils renvoient l’auditeur à ce qu’il trouvera lui-même. C’est que personne ne peut montrer à un autre l’essentiel de la vérité ; il peut seulement le mettre en route en lui montrant qu’il a cheminé lui-même. », p. 43.
« La merveille est que, pour toucher la véritable éternité divine, il faille passer par ce qui lui ressemble le moins, par l’instant, et plus précisément par celui de la perte vertigineusement rapide de notre être. Mais, qui faisant ce passage, l’a fait assez loin pour qu’il en naisse un chant nouveau ? Qui, sinon celui que les Psaumes attendent ? », p. 105.
« Ceux qui ne veulent pas d’un salut s’il est reçu d’ailleurs oublient que cette expérience est non seulement humaine mais belle. Il n’est pas humain du tout de croire ‘qu’être sauvé’ diminue un homme. L’humanité au contraire s’est éduquée en apprenant qu’un homme ne pouvait rien tout seul contre certains maux. », p. 77.
« Sans doute, il ne faut pas penser tout le temps, quand on prie, aux tâches du jour. Mais si ce que notre cœur souhaite quand nous prions est vraiment autre chose que quand il prie, quelle vraie prière sera possible ? La prière doit transformer le désir du cœur mais le désir du cœur doit nourrir la prière.», p. 150.
« L’homme entré en guerre allonge ses dents et durcit sa peau. Il se refait sur l’image du squale, des oiseaux rapaces, du félin. Sa force est violence. La force de Dieu au contraire est douceur. Seul est à l’image de Dieu l’être plus fort que sa propre force. La douceur est plus que la non-violence », p. 160.

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