Archive pour le 23 avril, 2014
« PSAUMES NUIT ET JOUR » – PENSÉES DU PÈRE PAUL BEAUCHAMP, JÉSUITE
23 avril, 2014http://www.stignace.net/recherchedetextes/cadretextes/psaumesnuitetjour.htm
« PSAUMES NUIT ET JOUR »
PENSÉES DU PÈRE PAUL BEAUCHAMP, JÉSUITE
Le Père Paul Beauchamp, jésuite et exégète, est retourné vers le Père le 23 avril. A l’initiative de ses compagnons jésuites Xavier Leroy et Jacques Buisson, il a donné des causeries à Saint-Ignace pendant l’hiver 1978. Il est aussi connu de beaucoup par son enseignement au Centre Sèvres et à Tradition Biblique. Voici quelques pensées tirées de son très beau livre « Psaumes, Nuit et Jour ».
« Nous sommes prompts à nous avouer pécheurs, mais la promptitude à se déclarer pécheur est souvent une manière détournée de croire à sa propre justice… Un moi ‘juste’ imaginaire bien vivace persécute en nous le ‘moi pécheur’. Tout cela est système pour que nos vrais péchés nous restent cachés : notre moi ‘juste’ est le vrai pécheur qui se cache en nous sous le masque de l’humilité », p. 29.
« Apprenons à voir l’Eglise avec la compassion que Dieu a pour elle. Il y voit son Fils et, faite au nom du Christ, la prière des Psaumes confesse notre justice comme venant toute entière de lui, comme étant la sienne. Croire que Dieu nous voit justes en Jésus Christ serait peut être le moyen le plus conforme à l’Evangile d’avoir – enfin – honte de nos péchés et plus de pitié pour ceux des autres », p. 30.
« En ‘récitant’ les Psaumes, nous ‘revêtons’ le Christ. Mais c’est possible seulement parce qu’il nous a ‘revêtus’ nous-mêmes. Passer par là est la seule voie. Elle consiste à connaître le Christ en nous connaissant nous-mêmes. Pas d’autre voie. Mais elle conduit à nous connaître aussi là où nous ne voulons pas nous connaître », p. 38.
« Il faut distinguer entre un indice et une preuve. Un indice en soi faible, accidentel et vulnérable, a cependant beaucoup de valeur pour rapprocher l’homme de la vérité, quand cette vérité est de l’ordre de la vie. Dans ce qui est essentiel à la vie, les preuves jouent un rôle important, mais elles le jouent à l’arrière. Elles ne combattent pas sur le front parce que, plus une preuve est solide, plus l’esprit lui oppose de résistance. C’est pourquoi nous échappons à tant d’évidences et ne voyons pas ce qui crève les yeux. C’est pourquoi aussi, quand nous disons à notre prochain qu’une vérité qu’il refuse crève les yeux, nous perdons notre temps. En première ligne du combat pour la vérité, les indices possèdent beaucoup plus d’efficacité pour remporter la décision, que les preuves confirment seulement ensuite. Les témoins évangéliques donnent les indices de leur foi, à partir des Ecritures anciennes. Ils ne fournissent pas de preuves. Mais ils renvoient l’auditeur à ce qu’il trouvera lui-même. C’est que personne ne peut montrer à un autre l’essentiel de la vérité ; il peut seulement le mettre en route en lui montrant qu’il a cheminé lui-même. », p. 43.
« La merveille est que, pour toucher la véritable éternité divine, il faille passer par ce qui lui ressemble le moins, par l’instant, et plus précisément par celui de la perte vertigineusement rapide de notre être. Mais, qui faisant ce passage, l’a fait assez loin pour qu’il en naisse un chant nouveau ? Qui, sinon celui que les Psaumes attendent ? », p. 105.
« Ceux qui ne veulent pas d’un salut s’il est reçu d’ailleurs oublient que cette expérience est non seulement humaine mais belle. Il n’est pas humain du tout de croire ‘qu’être sauvé’ diminue un homme. L’humanité au contraire s’est éduquée en apprenant qu’un homme ne pouvait rien tout seul contre certains maux. », p. 77.
« Sans doute, il ne faut pas penser tout le temps, quand on prie, aux tâches du jour. Mais si ce que notre cœur souhaite quand nous prions est vraiment autre chose que quand il prie, quelle vraie prière sera possible ? La prière doit transformer le désir du cœur mais le désir du cœur doit nourrir la prière.», p. 150.
« L’homme entré en guerre allonge ses dents et durcit sa peau. Il se refait sur l’image du squale, des oiseaux rapaces, du félin. Sa force est violence. La force de Dieu au contraire est douceur. Seul est à l’image de Dieu l’être plus fort que sa propre force. La douceur est plus que la non-violence », p. 160.
LES FEMMES MYRROPHORES FACE AU TOMBEAU VIDE DU SEIGNEUR, HOMÉLIE POUR LE TROISIÈME DIMANCHE APRÈS PÂQUES
23 avril, 2014LES FEMMES MYRROPHORES FACE AU TOMBEAU VIDE DU SEIGNEUR, HOMÉLIE POUR LE TROISIÈME DIMANCHE APRÈS PÂQUES
Mc 15, 43-16,8: En ce temps-là, après que Jésus eut été crucifié, un membre éminent du conseil, Joseph d’Arimathée, arriva. Il attendait lui aussi le Règne de Dieu. Il eut le courage d’entrer chez Pilate pour demander le corps de Jésus. Pilate s’étonna qu’il soit déjà mort. Il fit venir le centurion et lui demanda s’il était mort depuis longtemps. Et, renseigné par le centurion, il permit à Joseph de prendre le corps. Après avoir acheté un linceul, Joseph descendit Jésus de la croix et l’enroula dans le linceul. Il le déposa dans une tombe qui était creusée dans le rocher et il roula une pierre à l’entrée du tombeau. Marie Madeleine et Marie, mère de José, regardaient où on l’avait déposé. Quand le sabbat fut passé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates pour aller l’embaumer. Et de grand matin, le premier jour de la semaine, elles vont à la tombe, le soleil étant levé. Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre de l’entrée du tombeau ? » Et, levant les yeux, elles voient que la pierre est roulée ; or, elle était très grande. Entrées dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme, vêtu d’une robe blanche, et elles furent saisies de frayeur. Mais il leur dit : « Ne vous effrayez pas. Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié : il est ressuscité, il n’est pas ici ; voyez l’endroit où on l’avait déposé. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit.” » Elles sortirent et s’enfuirent loin du tombeau, car elles étaient toutes tremblantes et bouleversées ; et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.
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Les émotions qui ont envahi les femmes myrrophores quand elles ont découvert que le Christ crucifié n’était plus dans le tombeau, mais est ressuscité, sont difficiles à imaginer ; elles sont encore plus difficiles à décrire. C’est sans doute la raison pour laquelle les Évangiles les présentent de manières si différentes.
Ce dont les quatre évangélistes sont convaincus, c’est que ces femmes étaient bien les premiers témoins de la résurrection du Sauveur. Elles furent les premières à entendre de l’ange (ou de plusieurs anges) cette nouvelle qui les a bouleversées, elles, mais plus encore l’histoire de l’humanité. Cette grâce unique que Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé, ont reçue du Seigneur, a toujours été reconnue par l’Église, d’où la place que les quatre Évangiles leur réservent. La tradition liturgique de l’Église orthodoxe les met en valeur aussi, en les commémorant, avec Joseph et Nicodème d’Arimathée, le troisième dimanche après Pâques. Enfin, ces femmes sont particulièrement vénérées en France : plusieurs lieux sont liés à leur souvenir, aussi bien au sud du pays, qu’à Paris et en Bourgogne.
Difficile d’imaginer les émotions de Marie Madeleine et des autres femmes myrrophores lorsqu’elles apprirent que Jésus qu’elles avaient vu mourir sur la Croix, qu’elles avaient vu enseveli dans un tombeau par Joseph et Nicodème, n’était plus mort, mais vivant. Il y a de quoi être stupéfait. L’évangile de Marc insiste particulièrement sur cet effroi sacré que les femmes ont éprouvé à l’annonce de cette nouvelle et à la vue du tombeau vide du Christ. Après l’effroi, c’est la joie qui les a envahies à un point difficilement imaginable : la joie de savoir que le Maître qu’elles aimaient est revenu à la vie. Jean et Mathieu insistent beaucoup sur l’immensité de la joie de la rencontre de Jésus ressuscité : « Avec crainte et grande joie elles coururent porter la nouvelle à ses disciples » (Mt 28, 8).
En plus d’effroi et de joie, les femmes ont connu une autre émotion, celle de se rappeler le sens des paroles de Jésus. Ce troisième sentiment est mis en avant par Luc : « alors elles se rappelèrent ses paroles, elles revinrent du tombeau et rapportèrent tout cela aux onze » (Lc 24, 7).
Bouleversement, joie, compréhension : voilà les trois étapes que ces formidables femmes myrrophores ont connues en découvrant le tombeau vide du Seigneur. Avec la spontanéité, la rapidité et la confiance dont les femmes sont particulièrement capables. Vous voyez : il a fallu quatre évangélistes pour décrire ce que chacune d’elles a éprouvé en découvrant, avant le reste de l’humanité, que Jésus le Christ est ressuscité et qu’il nous précède d’abord en Galilée, puis dans la gloire éternelle de Dieu le Père.