HOMÉLIE DU JOUR DE PÂQUES – ANNÉE A

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HOMÉLIE DU JOUR DE PÂQUES, ANNÉE A

Ac 10, 34a.37-43 ; 1 Co 5, 6-8 ; Mt 28, 1-10 ; (Jn 20, 1-9)

Le jour de Pâques, aux messes du matin, on peut lire l’évangile de la veillée pascale Mt 28, 1-10.

Ne cherchez pas la date ni les dégâts causés par ce tremblement de terre. Sur l’échelle de Richter, dirions-nous aujourd’hui, la magnitude est de zéro. Il s’agit, en effet, d’une figure littéraire, avec tous les ingrédients que l’on trouve dans les scènes d’annonciations bibliques. Cela fait partie du langage apocalyptique qui utilise un langage codé, tout à fait traditionnel et familier aux juifs de l’époque. Ainsi, dessiner un ange sur la pierre d’un tombeau signifie : la mort est vaincue.

Mais pourquoi un tel langage ? Il est tout simplement indispensable, car la résurrection est un fait qui échappe à toute représentation sensible. Elle signifie la victoire de Dieu sur toutes les forces de mort, et non pas la réanimation d’un corps. La résurrection est un objet de foi. Et la foi répond à une révélation de Dieu qui, dans le récit, est exprimé par une formule que confesse l’Eglise :  » Jésus, le crucifié, est ressuscité « .

Et que dit Matthieu ? Il nous explique que des femmes sont les premières à avoir reçu une mission. Celle d’annoncer la résurrection aux disciples découragés, dégonflés et sceptiques. Elles doivent même faire vite. Aussi, elles courent, joyeuses, comme les mages qui retrouvent l’étoile. Comme l’homme de la parabole qui découvre le trésor. Elles ont hâte de pouvoir partager leur foi.

Et c’est grâce à ces femmes, qui ne font pas partie des Douze choisis et appelés par Jésus, que les plus importants de ces Douze vont retrouver le chemin de leur propre foi. Comme le précisera l’évangile du jour de Pâques. Ce qui a fait écrire au regretté Jean Debruyne : « A qui veut des preuves, Dieu n’a proposé que le témoignage d’une fille de joie. Juste derrière le Ressuscité, en tête du peuple, marche une femme venue du trottoir. C’est une femme qui reçoit la fonction d’apôtre, à qui est confiée la mission d’annoncer la résurrection aux hommes sceptiques. Cela voudrait donc dire que la foi de l’Eglise repose sur la parole d’une femme. » Il est vrai que la résurrection est une nouvelle création. Il s’agit donc d’un accouchement, d’une naissance. La victoire de la vie sur la mort. Comme en témoignent aussi, à leur manière, les visages de ces huit femmes africaines qui s’affichent actuellement sur les murs de Bruxelles (1).

Marie-Madeleine et l’autre Marie ont vu Jésus venir à leur rencontre, l’entendre dire  » Je vous salue « . Elles ont saisi ses pieds et se sont prosternées devant lui. C’est une façon de parler. Car le Christ est aussi présent dans sa Parole. Il est dans l’assemblée eucharistique qui fait l’Eglise, ce corps que nous formons. Il est dans le pain rompu et la coupe partagée. Y croyons-nous sans le voir ? Car la foi, c’est voir ce que tout le monde voit, mais autrement. La résurrection fait appel à la foi. Elle ne fournit pas de preuves. Et c’est précisément parce que nous sommes des hommes et des femmes de peu de foi que nous risquons même inconsciemment d’être à la recherche fébrile, mais vaine, de preuves indiscutables, scientifiques et rassurantes de la résurrection du Christ.

C’est ce qui explique parfois le goût immodéré des miracles, la course aux apparitions qui, croyons-nous, pourraient nous délivrer du doute et nous fournir des certitudes. Même l’engouement de beaucoup pour le Saint-Suaire de Turin a quelque chose d’ambigu et même d’inquiétant, si l’on veut y trouver des preuves matérielles de la résurrection de Jésus. Lui-même n’a-t-il pas crié aux croyants de son temps :  » Générations mauvaises et adultères qui réclamez des signes…  » ? … Or, les vrais signes, les véritables preuves, ce sont les suites, les conséquences et les fruits de ceux et celles qui croient en la victoire de la vie sur la mort. Apôtres et disciples, hommes et femmes, sont passés du découragement à une confiance dynamique. Ils ont été transformés, jusqu’à oser proclamer le Christ vivant, au risque même de leur vie. Et ils vont même commencer à vivre comme Jésus. Comme nous pouvons le faire aujourd’hui, c’est-à-dire mourir constamment à nous-mêmes, à nos étroitesses, nos jalousies, nos gourmandises, nos paresses, nos égoïsmes de tous genres, et donner notre vie pour nos frères et nos sœurs humains.

Il y a dans la prière du matin de ce jour, proposée par le bréviaire, un texte qui dit bien en termes poétiques comment nous pouvons témoigner aujourd’hui de la résurrection du Christ :  » Quand sur nos chemins on nous dit : Où est votre Christ aujourd’hui et son miracle ? Nous répondons : D’où vient l’Esprit qui nous ramène vers sa Pâque, sur son chemin, sinon de lui ? Et si l’on nous dit : maintenant, montrez-nous un signe éclatant, hors de vous-même ! Le signe est là qu’à son retour nous devons faire ce qu’il aime, pour témoigner qu’il est amour. « 

P. Fabien Deleclos, franciscain (T), 1925 – 2008

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