DEUXIEME LECTURE – Col 3, 1-4 et 1 Cor 5, 6b-8 – MARIE-NOELLE-THABUT

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DEUXIEME LECTURE – Col 3, 1-4 et 1 Corinthiens 5, 6b – 8

La liturgie nous propose deux lectures au choix, mais il est très intéressant de les lire et de les méditer toutes les deux ensemble !

Lecture de quelques versets de saint Paul dans la lettre aux Colossiens et dans la 1ère lettre aux Corinthiens

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Colossiens 3, 1-4
1 Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ.
Recherchez donc les réalités d’en haut :
c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
2 Tendez vers les réalités d’en haut,
et non pas vers celles de la terre.
3 En effet, vous êtes morts avec le Christ,
et votre vie reste cachée avec lui en Dieu.
4 Quand paraîtra le Christ, votre vie,
alors vous aussi,
vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.
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1 Corinthiens 5, 6b – 8

Frères,
6 vous savez bien qu’un peu de levain suffit
pour que toute la pâte fermente.
7 Purifiez-vous donc des vieux ferments
et vous serez une pâte nouvelle,
vous qui êtes comme le pain de la Pâque,
celui qui n’a pas fermenté.
Voici que le Christ, notre agneau pascal,
a été immolé. 8
Célébrons donc la Fête,
non pas avec de vieux ferments :
la perversité et le vice ;
mais avec du pain non fermenté :
la droiture et la vérité.

Tout d’abord, il faut nous habituer au vocabulaire de saint Paul ; par exemple, nous pouvons être un peu surpris d’entendre : « Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ… vous êtes morts avec le Christ » : A vrai dire, si nous sommes là, vous et moi, aujourd’hui, c’est que nous sommes bien vivants… c’est-à-dire pas encore morts… et encore moins ressuscités ! Il faut croire que les mots n’ont pas le même sens pour Paul que pour nous ! Car, pour lui, depuis ce fameux matin de Pâques, plus rien n’est comme avant.
Autre problème de vocabulaire : « Tendez vers les réalités d’en-haut, et non pas vers celles de la terre. » Il ne s’agit pas, en fait, de choses (qu’elles soient d’en-haut ou d’en-bas), il s’agit de conduites, de manières de vivre… Ce que Paul appelle les « réalités d’en-haut », il le dit dans les versets suivants, c’est la bienveillance, l’humilité, la douceur, la patience, le pardon mutuel… Ce qu’il appelle les réalités terrestres, c’est la débauche, l’impureté, la passion, la cupidité, la convoitise… Notre vie tout entière est dans cette tension : notre transformation, notre résurrection est déjà accomplie en Christ mais il nous reste à égrener cette réalité profonde, très concrètement au long des jours.
Si on continuait la lecture, on trouverait cette expression : « Vous avez revêtu l’homme nouveau » ; et un peu plus loin « par-dessus tout, revêtez l’amour, c’est le lien parfait ». Il me semble que c’est le meilleur commentaire du passage que nous lisons aujourd’hui. « Vous avez revêtu », c’est déjà fait… « revêtez », c’est encore à faire.
Nous retrouvons cette tension dans tout le reste de la prédication de Paul et en particulier dans cette même lettre aux Colossiens : « Vous qui autrefois étiez étrangers, vous dont les oeuvres mauvaises manifestaient l’hostilité profonde, voilà que maintenant Dieu vous a réconciliés dans le corps périssable de son Fils… Mais il faut que, par la foi, vous teniez solides et fermes, sans vous laisser déporter hors de l’espérance de l’Evangile… Que personne ne vous abuse par de beaux discours… Poursuivez donc votre route dans le Christ … Soyez enracinés et fondés en lui, affermis ainsi dans la foi telle qu’on vous l’a enseignée, et débordants de reconnaissance…Veillez à ce que nul ne vous prenne au piège de la philosophie, cette creuse duperie à l’enseigne de la tradition des hommes, des éléments du monde et non plus du Christ… Ensevelis avec le Christ dans le Baptême, avec lui encore vous avez été ressuscités… »
Il ne s’agit donc pas de vivre une autre vie que la vie ordinaire, mais de vivre autrement la vie ordinaire ; sachant que cet « autrement » est désormais possible, car c’est l’Esprit-Saint qui nous en rend capables. Le même Paul dira à peine plus loin, dans cette même lettre : « Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui à Dieu le Père. » C’est ce monde-ci qui est promis au Royaume, il ne s’agit donc pas de le mépriser mais de le vivre déjà comme la semence du Royaume. Il n’est pas question de dénigrer les réalités terrestres ! Dieu nous les a confiées, au contraire, à nous de les transfigurer.
C’est dans cet esprit que Paul nous invite à être une pâte nouvelle : « Purifiez-vous des vieux ferments et vous serez une pâte nouvelle, vous qui êtes comme le pain de la Pâque, celui qui n’a pas fermenté. » Ici, il fait allusion au rite des Azymes ; chaque année, au moment où l’on s’apprête à partager l’agneau pascal, on prend bien soin de nettoyer les maisons de toute trace du levain de la récolte de l’année dernière ; le repas de la nuit pascale (le seder) est accompagné de galettes de pain non levé (le pain azyme) et dans la semaine qui suit on continue à manger du pain sans levain en attendant d’avoir pu laisser fermenter le levain nouveau.
Les deux rites de l’agneau pascal et des Azymes étaient donc liés dans la célébration de la Pâque ; et Paul les lie dans son raisonnement : « Purifiez-vous des vieux ferments… Le Christ, notre agneau pascal, a été immolé ». Paul fait donc référence à toute la symbolique de la fête pascale juive et il l’applique à la Pâque des chrétiens ; il n’a pas une seconde l’impression de changer le sens de la fête juive en parlant de la Pâque du Christ : au contraire, il voit dans la Résurrection du Christ le parfait achèvement du combat de libération que rappelait chaque année la Pâque juive.
Pour Paul, c’est une évidence : en Jésus l’ancienne fête des Azymes n’a pas perdu sa signification ; au contraire, elle trouve son sens plénier : la Pâque des Chrétiens est bien la fête de la libération, mais désormais, la libération est définitive. Par sa mort et sa résurrection, Jésus-Christ a triomphé des pires chaînes, celles de la mort et de la haine. Et cette libération est contagieuse ; comme dit Paul, « un peu de levain suffit pour que toute la pâte fermente ». L’Esprit qui poursuit son oeuvre dans le monde fera irrésistiblement « lever » comme une pâte l’humanité tout entière. 

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