Archive pour le 14 avril, 2014

Passion of Our Lord

14 avril, 2014

 Passion of Our Lord dans images sacrée 5salzbu1
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LA PRIÈRE DU SEIGNEUR – ΠΑΤΕΡ ΗΜΩΝ – COMMENTAIRE PAR ST MAXIME LE CONFESSEUR

14 avril, 2014

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LA PRIÈRE DU SEIGNEUR – ΠΑΤΕΡ ΗΜΩΝ  - COMMENTAIRE PAR ST MAXIME LE CONFESSEUR

Πάτερ ἡμῶν ὁ ἐν τοῖς οὐρανοῖς ·

ἁγιασθήτω τὸ ὄνομά σου ·

ἐλθέτω ἡ βασιλεία σου ·

γενηθήτω τὸ θέλημά σου, ὡς ἐν οὐρανῷ καὶ ἐπὶ τῆς γῆς ·

τὸν ἄρτον ἡμῶν τὸν ἐπιούσιον δὸς ἡμῖν σήμερον ·

καὶ ἄφες ἡμῖν τὰ ὀφειλήματα ἡμῶν,

ὡς καὶ ἡμεῖς ἀφίεμεν τοῖς ὀφειλέταις ἡμῶν ·

καὶ μὴ εἰσενέγκῃς ἡμᾶς εἰς πειρασμόν,

ἀλλὰ ῥῦσαι ἡμᾶς ἀπὸ τοῦ πονηρο

COMMENTAIRE DU NOTRE PÈRE PAR ST MAXIME LE CONFESSEUR

1. « Notre Père qui es aux cieux, sanctifié soit ton nom, vienne ton règne »

Tout d’abord, par ces mots, le Seigneur enseigne à ceux qui prient de commencer comme il convient par la theologia, et il les conduit au mystère du mode de l’existence de la Cause Créatrice des êtres, lui qui est par essence la cause des êtres. En effet, les mots de la Prière montrent le Père, le Nom du Père et le Règne du Père pour nous enseigner à partir du Principe lui– même à honorer, à invoquer et adorer la Trinité Une. Car le Nom de Dieu le Père qui subsiste essentiellement, c’est le Fils Unique; et le Règne de Dieu le Père qui subsiste essentiellement, c’est l’Esprit Saint. En effet ce qu’ici Matthieu appelle « Règne », un autre évangéliste l’appelle ailleurs Esprit Saint : « Que vienne ton Esprit Saint et qu’il nous purifie. » En effet le Père n’a pas un Nom reçu d’ailleurs, et nous ne devons pas penser le Règne comme une dignité considérée postérieurement à lui. Car il n’a pas commencé à être pour commencer aussi à être Père ou Roi, mais lui qui est toujours il est aussi toujours Père et Roi, n’ayant absolument pas commencé à être, ni à être Père ou Roi. Et si lui qui est toujours, il est aussi toujours Père et Roi, alors aussi toujours le Fils et l’Esprit ont subsisté essentiellement avec le Père; ils sont naturellement à partir de lui et en lui, au delà de la cause et de la raison, mais ils ne sont pas après lui, comme s’ils étaient advenus postérieurement en tant que causés par lui. Car la relation possède la capacité de montrer l’un dans l’autre en même temps ceux dont elle est et est dite relation, en ne permettant pas qu’ils soient considérés l’un après l’autre.

Donc le commencement de cette prière nous conduit à honorer la Trinité coessentielle et suressentielle, en tant qu’elle est la Cause créatrice de notre venue à l’être.

En outre, il nous enseigne aussi à nous annoncer à nous-mêmes la grâce de la filiation, puisque nous sommes dignes d’appeler Père par grâce celui qui par nature nous a créés. Ainsi, par respect pour l’invocation de celui qui nous a fait naître selon la grâce, nous nous empressons de signifier dans notre manière de vivre l’empreinte de celui qui nous a fait naître : nous sanctifions son Nom sur la terre en l’imitant comme un Père, en nous montrant ses enfants par nos actions et en magnifiant par nos pensées et nos actes le Fils du Père par nature qui opère lui– même la filiation.

Nous sanctifions le Nom du Père par grâce dans les cieux en mortifiant évidemment la concupiscence pour la matière et en nous purifiant des passions corruptrices, puisque la sanctification c’est l’immobilité totale et la mortification de la concupiscence des sens. Parvenus à cela, nous assoupissons les aboiements inconvenants de l’agressivité qui n’a plus, pour l’exciter et la persuader de se laisser vaincre par les plaisirs familiers, la concupiscence qui est déjà mortifiée par la sainteté conforme au principe (logos) de nature.

En effet l’agressivité, qui par nature vient à la rescousse de la concupiscence, cesse naturellement de se mettre en furie quand elle a vu la concupiscence mortifiée.

C’est donc à bon droit qu’après le rejet de l’agressivité et de la concupiscence, vient, d’après la Prière, la possession du Règne de Dieu le Père pour ce qui, après les avoir rejetées, sont dignes de dire « Vienne ton Règne », c’est-à-dire ton Esprit Saint. Par le principe (logos) et le mode (tropos) de la douceur, ils sont déjà faits temples de Dieu par l’Esprit (Ep 2/21-22). En effet il est dit: «Sur qui donc me reposerai– je sinon sur celui qui est doux, sur celui qui est humble et qui craint mes paroles? » (Is 66/2). D’où il est visible que le Règne de Dieu le Père appartient aux humbles et aux doux. Car est– il dit, « Bienheureux les doux, car ils hériteront de la terre » (Mt 5/4). Ce n’est pas cette terre qui occupe par nature la place médiane de l’univers que Dieu a promise en héritage à ceux qui l’aiment, s’il dit vrai en disant : « Quand ils ressusciteront des morts, ils ne prendront ni femme ni mari, mais ils seront comme les anges dans le ciel » (Mt 22/30) et : « Venez les bénis de mon Père, vous hériterez du Règne préparé pour vous depuis la fondation du monde » (Mt 25/34). Et ailleurs de nouveau à un autre qui servait avec bienveillance : « Entre dans la joie de ton Seigneur» (Mt 25/21). Et après lui le divin Apôtre: « Car la trompette sonnera, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront les premiers, incorruptibles; ensuite nous les vivants, qui restons encore là, en même temps qu’eux, nous serons ravis dans les nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons pour toujours avec le Seigneur » (1 Co 15/52 et 1 Th 4/15-17).

 

Puisque de telles promesses ont été faites à ceux qui aiment le Seigneur, qui donc dirait – s’il a fixé son intellect aux seules paroles, s’il est mû par le Verbe et s’il désire être serviteur du Verbe – que le « ciel », le « Règne préparé depuis la fondation du monde », la joie mystérieusement cachée du Seigneur, le séjour et la demeure continuels et absolument sans interruption de ceux qui sont dignes avec le Seigneur, sont en quelque sorte identiques à la terre ? Au contraire je pense pouvoir dire maintenant que la terre, c’est ce comportement et cette puissance que les doux ont fermement et tout à fait immuablement fixés dans le bien de l’immutabilité : parce qu’ils sont toujours avec le Seigneur, ils portent une joie sans éclipse, ils ont obtenu le Règne préparé depuis l’origine et ont été jugés dignes de se tenir et d’être placés dans le ciel, comme une terre occupant la position médiane de l’univers, c’est-à-dire le principe (logos) de la vertu. Selon ce principe, le doux, au milieu entre le bien et le mal qu’on dit de lui (2 Co 6/8), demeure dans l’apatheia, sans être enflé par ce qu’on dit de bien, ni attristé par ce qu’on dit de mal. Car ce dont par nature elle est libre, après avoir repoussé le désir, la raison (logos) n’est pas sensible à ses assauts quand cela la trouble : elle s’est reposée de toute agitation à ce sujet et elle a amarré toute la puissance de l’âme à l’immobile liberté divine. Voulant en faire don à ses disciples, le Seigneur dit : « Chargez– vous de mon joug et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez le repos pour vos âmes» (Mt II /29). Il appelle repos la possession du Règne divin, en tant qu’elle produit en ceux qui sont dignes une souveraineté débarrassée de toute servitude.

Si la possession inamissible du Règne indestructible est donnée aux humbles et aux doux, qui serait à ce point sans amour et sans désir des biens divins pour ne pas tendre à l’extrême vers l’humilité et la douceur pour devenir – autant qu’il est possible à l’homme – l’empreinte du Règne de Dieu en portant en lui par la grâce la configuration exacte en Esprit au Christ, qui est en vérité naturellement par essence le grand Roi ?

Dans cette configuration, dit le divin Apôtre, « il n’a plus ni mâle ni femelle» (Ga 3/28) : c’est- à- dire ni agressivité ni concupiscence. En effet l’agressivité détruit tyranniquement l’exercice de la raison et fait sortir la pensée de la loi de la nature. Et la concupiscence rend les êtres qui sont après la Cause et Nature unique, seule désirable et impassible, plus désirables que Celle-ci. Par là elle rend la chair plus appréciable que l’esprit et la jouissance de ce qui est visible plus agréable que la gloire et l’éclat de l’intelligence. Par la douceur du plaisir des sens, elle écarte l’intellect de la perception divine des intelligibles qui lui est connaturelle. Mais [dans cette configuration, il n'y a plus] que la raison toute seule, qui s’est dépouillée par un surcroît de vertu de cette tendresse et affection, tendresse et affection qui sont non seulement sans passion mais qui sont également naturelles pour le corps. L’esprit est alors parfaitement maître de la nature et persuade l’intellect d’abandonner la philosophie morale quand il doit s’unir au Verbe suressentiel par la contemplation simple et indivise (même si la raison pratique contribue naturellement à ce que l’intellect se coupe facilement de ce qui s’écoule dans le temps et le dépasse). Ce dépassement accompli, il n’est pas raisonnable d’imposer comme une mélote (lourd manteau) le fardeau du mode de vie selon la morale à celui qui s’est montré détaché des choses sensibles.

Et c’est ce mystère que montre clairement le grand Élie en en donnant en figure l’exemple dans ses actions (2 R 2/11). D’une part pendant son rapt, il donne à Élisée sa mélote (je veux dire la mortification de la chair par laquelle il a affermi la magnificence de la bonne ordonnance morale) pour qu’elle s’allie avec l’Esprit dans le combat contre toute puissance adverse et pour qu’il en frappe la nature instable et fluente (figurée par le Jourdain) afin que le disciple ne soit pas empêché de traverser en direction de la Terre sainte et ne soit pas englouti par le côté trouble et glissant du penchant pour la matière. D’autre part, quant à lui, il s’avance vers Dieu, libéré, n’étant soumis à absolument aucune relation aux êtres, simple en son désir et sans composition en son libre vouloir; il fixe son séjour auprès de Celui qui est simple par nature, à travers les vertus générales gnostiquement attelées les unes aux autres comme des chevaux de feu. Il savait en effet qu’il faut au disciple du Christ se tenir à l’écart des dispositions inégales dont les différences prouvent l’hostilité (car la passion de concupiscence produit un épanchement de sang autour du cœur et un mouvement d’agressivité produit évidemment le bouillonnement de ce sang). Parvenu à avoir la vie, le mouvement et l’être en Christ (Ac. 17/28), il avait éloigné de lui l’origine discordante des inégalités et il ne portait plus en lui les dispositions contraires – disais– je – de ces passions, à l’instar de (l’opposition] mâle– femelle. Ainsi la raison n’est pas asservie par elles, étant demeurée étrangère à leurs changements instables. En elle a été naturellement infusée la majesté de l’image divine pour persuader l’âme de se transformer par son libre vouloir à la ressemblance de Dieu et d’appartenir au grand Règne qui subsiste essentiellement avec le Dieu et Père de toutes choses; elle devient une habitation toute resplendissante de l’Esprit Saint qui reçoit – s’il est permis de le dire et selon qu’elle est capable – le pouvoir tout entier de connaître la nature divine. Par ce pouvoir est écartée l’origine de ce qui est inférieur et subsiste naturellement celle de ce qui est supérieur; l’âme pareillement à Dieu gardant intacte en elle par la grâce de sa vocation l’hypostase des biens qu’elle a reçus. Par ce pouvoir, le Christ naît toujours mystérieusement et volontairement, s’incarnant à travers ceux qui sont sauvés; il fait de l’âme qui l’enfante une mère vierge qui – pour parler bref – ne porte pas les marques de la nature soumise à la corruption et à la génération dans la relation entre mâle et femelle.

Que nul ne s’étonne donc d’entendre la corruption placée avant la génération. En effet celui qui examine sans passion et avec une raison droite la nature de ce qui vient à l’être et de ce qui s’en va, trouvera clairement que la génération prend son commencement de la corruption et s’achève dans la corruption. Les passions caractéristiques de cette génération et de cette corruption – comme je le disais – le Christ ne les possède pas (c’est- à-dire le mode de vie – et la raison du Christ et selon le Christ), si du moins est véridique celui qui dit: « Car en Christ, il n’y a ni mâle ni femelle» (Ga 3/28) (montrant évidemment par là les caractéristiques et les passions de la nature soumise à la corruption et à la génération), mais il y a seulement un principe (logos déiforme créé par la connaissance divine et un mouvement unique du libre vouloir qui choisit la seule vertu.

« Ni grec, ni juif» (Ga 3/28). Cela signifie des conceptions (logos) différentes ou – pour parler avec plus de vérité opposées de la notion de Dieu. L’une [la grecque] introduit de façon insensée une multiplicité de principes et partage le principe unique en énergies et puissances opposées : elle se façonne un culte polythéiste plein de dissensions par la pluralité de ce qu’on adore et risible à cause des manières (tropoi) différentes d’adorer. L’autre [la juive] introduit un principe unique, mais mesquin et imparfait, presque inconsistant, comme dépourvu de raison et de vie; par des voies contraires elle tombe dans le même mal que la première conception, l’athéisme: elle limite à une personne unique l’unique principe qui subsisterait sans le Verbe et sans l’Esprit, ou qui serait qualifié par le Verbe et par l’Esprit; elle ne voit pas quel Dieu serait ce Dieu qui n’a point part avec le Verbe et l’Esprit, ni comment il serait Dieu en ayant part avec eux comme avec des accidents, par une participation proche de celle des êtres rationnels soumis à la génération. En Christ il n’y a – comme je l’ai dit – aucune de ces conceptions, mais uniquement une conception de vraie piété, une solide loi de théologie mystique qui refuse de distendre la divinité comme la première conception et n’accepte pas de la comprimer comme la seconde. Ainsi n’y a-t-il pas dissension par une pluralité des natures [à la grecque] ni admission de l’unicité d’hypostase [à la juive], parce que, privé du Verbe et de l’Esprit ou qualifié par le Verbe et par l’Esprit, le divin n’est pas honoré comme Intellect, Verbe et Esprit. [Cette pieuse conception] nous apprend, à nous qui avons été introduits à la parfaite connaissance de la vérité par la vocation de la grâce selon la foi, à connaître qu’unique est la nature et la puissance de la Divinité, et donc qu’il y a un Dieu unique contemplé dans le Père, le Fils et le Saint– Esprit; c’est-à-dire un Intellect unique subsistant essentiellement sans être causé, qui a engendré l’unique Verbe subsistant sans principe selon l’essence, et qui est la source de l’unique Vie subsistant essentiellement de manière éternelle comme Esprit Saint. [Dieu est] Trinité en Unité et Unité en Trinité,

– non une autre en une autre. Car la Trinité n’est pas pour l’Unité comme un accident dans une essence, ni à l’inverse, l’Unité dans la Trinité, car elle n’est qualifiée;

– ni comme une autre et une autre. Car l’Unité ne diffère pas de la Trinité par une différence de nature, puisqu’elle est une nature simple et unique;

– ni comme une autre après une autre. Car la Trinité ne se distingue pas de l’Unité par une diminution de puissance, ni l’Unité de la Trinité. Et l’Unité ne se distingue pas de la Trinité comme quelque chose de commun et de général à des parties qu’on considérerait uniquement par la seule pensée, puisqu’elle est une essence qui existe proprement par elle-même et une puissance qui a réellement sa propre force;

– ni comme une autre à travers une autre. Car il n’y a pas de médiation de relation, comme de l’effet à la cause, entre ce qui est totalement identique et sans relation;

– ni comme une autre à partir d’une autre. Car la Trinité n’est pas produite à partir de l’Unité, puisqu’elle est sans venue à l’être et se produit elle-même au jour.

Au contraire, nous disons et pensons que la même est en vérité Unité et Trinité; Unité selon le principe (logos) de l’essence et Trinité selon le mode (tropos) de l’existence.

La même est tout entière Unité sans être partagée par les Hypostases, et la même est tout entière Trinité en qui l’Unité n’entraîne pas de confusion. Ainsi n’introduit– on pas de polythéisme par un partage, ni d’athéisme par une confusion. Fuyant l’un et l’autre, resplendit la conception [de Dieu] selon le Christ. J’appelle conception chrétienne la proclamation nouvelle de la vérité: « En lui il n’y a ni mâle ni femelle » (CoI3/n) – c’est- à-dire pas de marque ni de passions de la nature soumise à la corruption et à la génération – « ni grec ni juif» – c’est- à-dire pas de conceptions opposées sur Dieu – « ni circoncision ni incirconcision» – c’est-à-dire pas de religions différentes issues de ces conceptions opposées. La religion de la circoncision, à travers les symboles de la Loi, considère comme mauvaise la création visible et accuse le Créateur d’être l’auteur des maux. La religion de l’incirconcision déifie, à cause des passions, la création visible et dresse la créature contre le Créateur. Tous deux ensemble aboutissent au même mal, l’injure à Dieu. «Ni barbare ni Scythe » – c’est-à-dire pas de distension du libre vouloir qui pousse une nature unique à se révolter contre elle- même. Par cette distension s’est introduite parmi les hommes pour les détruire la loi antinaturelle qui les fait s’entretuer. «Ni esclave ni homme libre » – c’est-à-dire pas de division d’une même nature en opposition avec le libre vouloir. Cette division fait mépriser celui qui est par nature digne du même honneur et elle a pour corollaire l’attitude des despotes qui tyrannisent la dignité de l’image [divine]. «Mais le Christ est tout en tous» (Col 3/11), lui qui, par ce qui surpasse la nature et la loi, opère la configuration dans l’Esprit au Royaume sans commencement, configuration naturellement caractérisée – comme il a été montré – par l’humilité et la douceur du cœur. Leur concours fait voir la perfection de l’homme créé selon le Christ (Col 1/28). En effet tout homme humble est aussi tout à fait doux et tout homme doux est aussi tout à fait humble : humble parce qu’il sait que son être lui vient d’un prêt, doux parce qu’il sait utiliser les puissances naturelles qui lui ont été données; parce qu’il les met au service de la raison (logos) pour faire naître la vertu, et parce qu’il réprime parfaitement leur activité sensible. C’est pourquoi cet homme est toujours en mouvement vers Dieu par son intellect ; même s’il fait l’expérience simultanée de tout ce qui peut affliger le corps, il ne se meut nullement selon ses sens et il n’imprime en son âme aucune trace d’affliction pour l’y substituer à une attitude joyeuse, car il ne pense pas qu’une souffrance sensible soit une privation du bonheur. En effet il sait qu’il n’y a qu’un seul bonheur : la vie commune de l’âme avec le Verbe dont la privation est une mutilation éternelle qui circonscrit naturellement tous les âges. Et c’est pourquoi, abandonnant son corps et tout ce qui est du corps, il se porte intensément vers cette vie commune avec Dieu, pensant que le seul dommage – même s’il était maître de tout ce qu’il y a sur la terre – serait d’être frustré de la divinisation de grâce qu’il poursuit.

Purifions-nous donc de toute souillure de la chair et de l’esprit (2 Co 7/1) afin de sanctifier le Nom de Dieu en étouffant la concupiscence qui courtise les passions de manière inconvenante et, par la raison, enchaînons l’agressivité que les plaisirs incitent à une fureur désordonnée. Ainsi nous accueillerons le Règne de Dieu le Père qui vient par la douceur

 

 

DIES IRÆ (POÈME) TESTE LATIN ET TRADUCTION

14 avril, 2014

http://fr.wikipedia.org/wiki/Dies_Ir%C3%A6_(po%C3%A8me)

DIES IRÆ (POÈME) TESTE LATIN ET TRADUCTION

Le jugement dernier par Rogier van der Weyden.
La séquence (sequentia) Dies iræ (« Jour de colère » en latin), qu’on appelle aussi Prose des Morts, est un poème partiellement apocalyptique, intégré au corpus grégorien. Ses prémices sont apparues dès le début du xie siècle. La version actuelle date du xiiie siècle. Le Dies iræ était (et peut toujours être) chanté dans la messe de Requiem.

Sommaire [masquer]
1 Dies iræ
2 Origine et sources du poème
3 Le poème
4 Utilisation du thème dans la musique
5 Utilisation du thème dans le cinéma
6 Notes et références
7 Annexes
7.1 Bibliographie
7.2 Liens externes

DIES IRÆ
Écrit en langue latine sur le thème de la colère de Dieu au dernier jour (celui du Jugement Dernier), le poème évoque le retour (la Parousie) du Christ, au « son étonnant1 de la trompette » qui jettera les créatures au pied de son trône afin que tout acte soit jugé. Il participe d’une tendance médiévale (liée à l’époque des Croisades) que Jean-Charles Payen a appelée « la prédication par la crainte ». Mais c’est aussi, pour une bonne partie, le poème de la faiblesse de l’humain et du doute : « Quel protecteur vais-je implorer, quand le juste est à peine sûr ? » (Quem patronum rogaturus, cum vix justus sit securus ?). Et plus loin : « Rappelle-toi, Jésus très bon, c’est pour moi que tu es venu, ne me perds pas en ce jour-là » (Recordare, Jesu pie, quod sum causa tuæ viæ ; ne me perdas illa die).
C’est un des poèmes les plus connus de la littérature latine médiévale. Les textes de cette époque diffèrent des poèmes latins classiques par leur distribution de l’accent tonique et par la rime. Dans la séquence Dies iræ, le mètre est trochaïque (une syllabe longue, une syllabe brève). Elle est chantée en style de chant grégorien (ou plain-chant).
Son élaboration remonte au début du xie siècle (donc aux alentours de l’an mil) et aux tropes (ou développements) du Répons Libera me Domine (« Libère moi, Seigneur, de la mort éternelle ») qu’on chante également dans les messes de Requiem et où l’on trouve les mots Dies illa, dies iræ : « Ce jour-là sera un jour de colère »). L’essentiel du poème du Dies iræ semble avoir été mis en forme au milieu du xiie siècle (texte et musique). Il a longtemps été attribué à un frère franciscain italien du xiiie siècle, Thomas de Celano (Tomaso da Celano, 1200-1260). Mais il semble que cet auteur n’ait fait passer à la postérité que la version légèrement remaniée et complétée d’un poème plus bref et plus ancien, conservé dans un manuscrit du xiie siècle : en 1931, Dom Mauro Inguanez, bibliothécaire du Mont-Cassin, découvrit à Caramanico Terme, près de Naples, ce manuscrit datant de la fin du xiie siècle, qui donne du Dies iræ une version un peu plus courte que la nôtre : elle se termine avec la strophe Oro supplex. Il manque, en outre, la strophe Juste judex. Celano n’a pu, tout au plus, qu’apporter quelques modifications sur un texte déjà existant, sans doute dans le but de l’intégrer à la Messe des Morts2.
Après cela, le Dies iræ devint, pour une longue période, une Séquence (Sequentia) de la liturgie des funérailles (à laquelle appartient la Messe de Requiem). C’est à ce titre qu’il a fait l’objet de nombreuses compositions musicales ; parmi les plus célèbres, celles qu’on trouve dans les messes des morts de W. A. Mozart et de Giuseppe Verdi (qui ne reprennent aucun élément du plain-chant, mais seulement l’intégralité du texte)3. Cependant, les messes de Requiem ne comportent pas nécessairement le Dies iræ : il est par exemple absent du Requiem de Gabriel Fauré, qui retient plus les idées de repos et de paradis (voir l’In paradisum par lequel la messe se termine) que l’idée de crainte.
Dans le rite approuvé en 1969, à la suite du Concile Vatican II, par le pape Paul VI, la séquence a disparu des messes des défunts (ce qui n’entraîne pas sa disparition totale : elle reste néanmoins présente dans la forme antérieure du rite, celle-ci pouvant toujours être employée). La séquence figure aussi dans la version latine de l’Office des Lectures, à la 34e semaine du Temps ordinaire (Liber Hymnarius, Solesmes, 1983, XVI – 622 p.).
Origine et sources du poème
Le poème comporte une indication sur les sources qui l’ont inspiré, avec le vers déclarant Teste David cum Sibylla, « David l’atteste avec la Sibylle ». Le roi David est ici mentionné en tant qu’auteur biblique, en particulier des Psaumes. Le passage biblique ayant le plus clairement inspiré la composition du Dies iræ se trouve cependant dans le premier chapitre du Livre de Sophonie4. Les versets 14 à 18 évoquent en effet un « jour de colère », « jour où sonnera la trompette [tuba dans le texte latin] et jour de clameur », dans lequel toute la terre sera dévorée dans le feu de la colère de Dieu. (1,14-18) :
« Dies iræ, dies illa, dies tribulationis et angustiæ, dies calamitatis et miseriæ, dies tenebrarum et caliginis, dies nebulæ et turbinis, dies tubæ et clangoris super civitates munitas et super angulos excelsos. »
— Livre de Sophonie, 1, 15.
La Sibylle évoquée dans le Dies iræ est ce personnage de l’Antiquité auquel étaient attribués des oracles. Certains de ces oracles furent interprétés comme des prophéties chrétiennes par des auteurs de l’Antiquité, en particulier par Lactance. Ce dernier écrivit au début du vie siècle un livre intitulé La colère de Dieu, mais c’est surtout dans le septième livre des Institutions Divines qu’il a décrit le jour de sa colère en se basant sur des prophéties de la Sibylle Erythée. Ces oracles comportent nombre de thèmes présents dans le Dies iræ : le jour de la colère de Dieu, le jugement final, l’ouverture des tombeaux, la destruction du monde, l’annonce de ce jour par le son d’une trompette, la peur qui saisira tout le monde, l’appel à la clémence :
« …et pour comble de malheur, on entendra une trompette, selon le témoignage de la Sibylle, qui retentira du haut du ciel. Il n’y aura point de cœur où ce triste son ne jette l’épouvante et le tremblement. Alors le fer, le feu, la famine et la maladie servant comme de ministres à la colère de Dieu, se déchargeront sur les hommes qui n’auront point connu sa justice. Mais l’appréhension dont ils seront agités les tourmentera plus cruellement qu’aucun autre mal. Ils imploreront la miséricorde, et ne seront point exaucés ; ils invoqueront la mort, et ne recevront point son secours ; ils ne trouveront aucun repos ; dans la nuit, le sommeil n’approchera point de leurs yeux ; ils seront affligés par l’insomnie et par l’inquiétude du corps ; de sorte qu’ils fondront en pleurs, jetteront des cris, grinceront les dents, déploreront la condition des vivants et envieront celle des morts. La multitude de ces maux et de plusieurs autres, défigurera et désolera la terre, comme la Sibylle l’a prédit, quand elle a dit que le monde serait sans beauté et l’homme sans consolation5. »
— Lactance, Institutions divines, VII, XX, 3-4.
Dans ses premiers vers, le Dies iræ reprend des thèmes présents dans Sophonie et chez Lactance, mais la perspective dans laquelle ces thèmes sont exploités est très différente pour chaque œuvre. Dans le livre de Sophonie, l’évocation de la colère de Dieu précède un appel à la conversion. Chez Lactance, l’annonce du jour de la colère de Dieu est celle d’une victoire ultime, sans défaut et sans appel de la justice de Dieu. Cette justice se traduit par des supplices extrêmes pour les méchants dont les appels à la clémence seront sans effet. Lactance est fataliste, la conversion des méchants ne l’intéresse pas, il faut seulement que justice soit faite au dernier jour. Le Dies iræ ne se situe pas dans cette perspective. Il accorde une très large place aux appels à la miséricorde de la part du juste qui n’est pas certain d’avoir vraiment été juste. Par ailleurs, le Dies iræ ne dit pas que les méchants iront fatalement en enfer, il ne décrit pas non plus les supplices et les tourments que Lactance a très largement détaillés. Le Dies iræ évoque plutôt la Passion du Christ qui a souffert pour le salut des pécheurs, il rappelle aussi le pardon accordé à Marie-Madeleine et se termine par un appel à la clémence envers les pécheurs.

LE POÈME – TEXTE ORIGINAL EN LATIN
Dies iræ, dies illa,
Solvet sæclum in favílla,
Teste David cum Sibýlla !
Quantus tremor est futúrus,
quando judex est ventúrus,
cuncta stricte discussúrus !
Tuba mirum spargens sonum
per sepúlcra regiónum,
coget omnes ante thronum.
Mors stupébit et Natúra,
cum resúrget creatúra,
judicánti responsúra.
Liber scriptus proferétur,
in quo totum continétur,
unde Mundus judicétur.
Judex ergo cum sedébit,
quidquid latet apparébit,
nihil inúltum remanébit.
Quid sum miser tunc dictúrus ?
Quem patrónum rogatúrus,
cum vix justus sit secúrus ?
Rex treméndæ majestátis,
qui salvándos salvas gratis,
salva me, fons pietátis.
Recordáre, Jesu pie,
quod sum causa tuæ viæ ;
ne me perdas illa die.
Quærens me, sedísti lassus,
redemísti crucem passus,
tantus labor non sit cassus.
Juste Judex ultiónis,
donum fac remissiónis
ante diem ratiónis.
Ingemísco, tamquam reus,
culpa rubet vultus meus,
supplicánti parce Deus.
Qui Maríam absolvísti,
et latrónem exaudísti,
mihi quoque spem dedísti.
Preces meæ non sunt dignæ,
sed tu bonus fac benígne,
ne perénni cremer igne.
Inter oves locum præsta,
et ab hædis me sequéstra,’
státuens in parte dextra.
Confutátis maledíctis,
flammis ácribus addíctis,
voca me cum benedíctis.
Oro supplex et acclínis,
cor contrítum quasi cinis,
gere curam mei finis.
Lacrymósa dies illa,
qua resúrget ex favílla
judicándus homo reus.
Huic ergo parce, Deus.
Pie Jesu Dómine,
dona eis réquiem. Amen.

TRADUCTION LITTÉRALE
Jour de colère, ce jour-là
Il réduira le monde en cendres,
David l’atteste, et la Sibylle.
Quelle terreur à venir,
quand le juge apparaîtra
pour tout strictement examiner !
La trompette répand étonnamment ses sons,
parmi les sépulcres de tous pays,
rassemblant tous les hommes devant le trône.
La Mort sera stupéfaite, comme la Nature,
quand ressuscitera la créature,
pour être jugée d’après ses réponses.
Un livre écrit sera produit,
dans lequel tout sera contenu ;
d’après quoi le Monde sera jugé.
Quand le Juge donc tiendra séance,
tout ce qui est caché apparaîtra,
et rien d’impuni ne restera.
Que, pauvre de moi, alors dirai-je ?
Quel protecteur demanderai-je,
quand à peine le juste sera en sûreté ?
Roi de terrible majesté,
qui sauvez, ceux à sauver, par votre grâce,
sauvez-moi, source de piété.
Souvenez-vous, Jésus si doux,
que je suis la cause de votre route ;
ne me perdez pas en ce jour.
En me cherchant vous vous êtes assis fatigué,
me rachetant par la Croix, la Passion,
que tant de travaux ne soient pas vains.
Juste Juge de votre vengeance,
faites-moi don de la rémission
avant le jour du jugement.
Je gémis comme un coupable,
la faute rougit mon visage,
au suppliant, pardonnez Seigneur.
Vous qui avez absous Marie(-Madeleine),
et, au bon larron, exaucé les vœux,
à moi aussi vous rendez l’espoir.
Mes prières ne sont pas dignes (d’être exaucées),
mais vous, si bon, faites par votre bonté
que jamais je ne brûle dans le feu.
Entre les brebis placez-moi,
que des boucs je sois séparé,
en me plaçant à votre droite.
Confondus, les maudits,
aux flammes âcres assignés,
appelez-moi avec les bénis.
Je prie suppliant et incliné,
le cœur contrit comme de la cendre,
prenez soin de ma fin.
Jour de larmes que ce jour-là,
où ressuscitera, de la poussière,
pour le jugement, l’homme coupable.
À celui-là donc, pardonnez, ô Dieu.
Doux Jésus Seigneur,
donnez-leur le repos. Amen.

TRADUCTION PLUS LITTÉRAIRE
Jour de colère, que ce jour-là
Où le monde sera réduit en cendres,
Selon les oracles de David et de la Sibylle.
Quelle terreur nous saisira,
lorsque la créature ressuscitera
(pour être) examinée rigoureusement
L’étrange son de la trompette,
se répandant sur les tombeaux,
nous jettera au pied du trône.
La Mort, surprise, et la Nature,
verront se lever tous les hommes,
pour comparaître face au Juge.
Le livre alors sera produit,
où tous nos actes seront inscrits ;
tout d’après lui sera jugé.
Lorsque le Juge siégera,
tous les secrets apparaîtront,
et rien ne restera impuni.
Dans ma détresse, que pourrais-je alors dire ?
Quel protecteur vais-je implorer ?
alors que le juste est à peine en sûreté…
Ô Roi d’une majesté redoutable,
toi qui sauves les élus par grâce,
sauve-moi, source d’amour.
Rappelle-toi, Jésus très bon,
que c’est pour moi que tu es venu,
ne me perds pas en ce jour-là.
À me chercher tu as peiné,
Par ta Passion tu m’as sauvé,
qu’un tel labeur ne soit pas vain !
Tu serais juste en condamnant,
mais accorde-moi ton pardon
avant que j’aie à rendre compte.
Vois, je gémis comme un coupable
et le péché rougit mon front ;
mon Dieu, pardonne à qui t’implore.
Tu as absous Marie-Madeleine
et exaucé le larron ;
tu m’as aussi donné espoir.
Mes prières ne sont pas dignes,
mais toi, si bon, fais par pitié,
que j’évite le feu sans fin.
Parmi tes brebis place-moi,
à l’écart des boucs garde-moi,
en me mettant à ta main droite.
Quand les maudits, couverts de honte,
seront voués au feu rongeur,
prends-moi donc avec les bénis.
En m’inclinant je te supplie,
le cœur broyé comme la cendre :
prends soin de mes derniers moments.
Jour de larmes que ce jour-là,
où surgira de la poussière
le pécheur, pour être jugé !
Daigne, mon Dieu, lui pardonner.
Bon Jésus, notre Seigneur,
accorde-leur le repos. Amen.

Le poème devrait être complet à l’issue de l’avant-dernier paragraphe. Certains érudits se demandent si la suite est un ajout pour convenir à des fins liturgiques car la dernière strophe casse l’arrangement de trois rimes plates en faveur de deux rimes, tandis que les deux derniers vers abandonnent la rime pour l’assonance et sont en outre catalectiques.

Voici une paraphrase en vers du poème tirée des œuvres posthumes de Jean de La Fontaine6 :
Traduction paraphrasée de la prose Dies iræ
Dieu détruira le siecle au jour de sa fureur.
Un vaste embrasement sera l’avant-coureur,
Des suites du peché long & juste salaire.
Le feu ravagera l’Univers à son tour.
Terre & Cieux passeront, & ce tems de colere
Pour la dernière fois fera naître le jour.
Cette dernière Aurore éveillera les Morts.
L’Ange rassemblera les débris de nos corps ;
Il les ira citer au fond de leur asile.
Au bruit de la trompette en tous lieux dispersé
Toute gent accourra. David & la Sibille.
On prevû ce grand jour, & nous l’ont annoncé.
De quel frémissement nous nous verrons saisis !
Qui se croira pour lors du nombre des choisis ?
Le registre des cœurs, une exacte balance
Paroîtront aux côtez d’un Juge rigoureux.
Les tombeaux s’ouvriront, & leur triste silence
Aura bien-tôt fait place aux cris des malheureux.
La nature & la mort pleines d’étonnement
Verront avec effroi sortir du monument
Ceux que dés son berceau le monde aura vû vivre.
Les Morts de tous les tems demeureront surpris
En lisant leurs secrets aux Annales d’un Livre,
Où même les pensers se trouveront écrits.
Tout sera revelé par ce Livre fatal :
Rien d’impuni. Le Juge assis au Tribunal
Marquera sur son front sa volonté suprême.
Qui prierai-je en ce jour d’être mon défenseur ?
Sera-ce quelque juste ? Il craindra pour lui-même,
Et cherchera l’appui de quelque intercesseur.
Roi qui fais tout trembler devant ta Majesté,
Qui sauves les Elûs par ta seule bonté,
Source d’actes benins & remplis de clemence,
Souviens-toi que pour moi tu descendis des Cieux ;
Pour moi te dépoüillant de ton pouvoir immense,
Comme un simple mortel tu parus à nos yeux.
J’eus part ton passage, en perdras-tu le fruit ?
Veux-tu me condamner à l’éternelle nuit,
Moi pour qui ta bonté fit cet effort insigne ?
Tu ne t’es reposé que las de me chercher :
Tu n’as souffert la Croix que pour me rendre digne
D’un bonheur qui me puisse à toi-même attacher.
Tu pourrois aisément me perdre & te vanger.
Ne le fais point, Seigneur, viens plutôt soulager
Le faix sous qui je sens que mon âme succombe.
Assure mon salut dés ce monde incertain.
Empêche malgré moi que mon cœur ne retombe,
Et ne te force enfin de retirer ta main.
Avant le jour du compte efface entier le mien.
L’illustre Pecheresse en presentant le sien,
Se fit remettre tout par son amour extrême.
Le Larron te priant fut écouté de toi :
La priere & l’amour ont un charme suprême.
Tu m’as fait esperer même grace pour moi.
Je rougis, il est vrai, de cet espoir flatteur :
La honte de me voir infidelle & menteur,
Ainsi que mon peché se lit sur mon visage.
J’insiste toutefois, & n’aurai point cessé,
Que ta bonté mettant toute chose en usage,
N’éclate en ma faveur, & ne m’ait exaucé.
Fais qu’on me place à droite, au nombre des brebis.
Separe-moi des boucs reprouvés & maudits.
Tu vois mon cœur contrit, & mon humble priere.
Fais-mois perseverer dans ce juste remords :
Je te laisse le soin de mon heure dernière ;
Ne m’abandonne pas quand j’irai chez les Morts.