Archive pour le 7 avril, 2014
STABAT MATER – LE TEXTES (français et latin)
7 avril, 2014http://www.fatrazie.com/TexteSM.htm
STABAT MATER – LE TEXTES (français et latin)
Stabat mater dolorosa
juxta crucem lacrimosa
dum pendebat Filius.
Cujus animam gementem
constristatam et dolentem
pertransivit gladius.
O quam tristis et afflicta
fuit illa benedicta
mater Unigenti.
Quae maerebat et dolebat
pia mater dum videbat
nati poenas incliti
Quis est homo qui non fleret
matrem Christi si videret
in tanto supplicio?
Quis non posset contristari
Christi matrem contemplari
dolentem cum Filio?
Pro peccatis suae gentis
vidit Jesum in tormentis
et flagellis subditum.
Vidit suum dulcem natum
moriendo desolatum
dum emisit spiritum.
Eia Mater, fons amoris,
me sentire vim doloris
fac ut tecum lugeam.
Fac ut ardeat cor meum
in amando Christum Deum
ut sibi complaceam.
Sancta Mater, istud agas,
crucifixi fige plagas
cordi meo valide.
Tui nati vulnerati
tam dignati pro me pati
paenas mecum divide.
Fac me vere tecum flere
crucifixo condolere
donec ego vixero.
Juxta crucem tecum stare
et me sibi sociare
in planctu desidero.
Virgo virginum praeclara
mihi jam non sis amara
fac me tecum plangere.
Fac ut portem Christi mortem
passionis fac consortem
et plagas recolere.
Fac me plagis vulnerari
fac me cruce inebriari
et cruore Filii.
Flammis ne urar succensus
per te Virgo sim defensus
in die judicii.
Christe,cum sit hinc exire,
da per matrem me venire
ad palmam victoriae.
Quando corpus morietur
fac ut animae donetur
paradisi gloria.
Debout, la mère des douleurs
Près de la croix était en pleurs
Quand son Fils pendait au bois.
Alors, son âme gémissante
Toute triste et toute dolente
Un glaive la transperça.
Qu’elle était triste, anéantie,
La femme entre toutes bénie,
La Mère du Fils de Dieu!
Dans le chagrin qui la poignait,
Cette tendre Mère pleurait
Son Fils mourant sous ses yeux.
Quel homme sans verser de pleurs
Verrait la Mère du Seigneur
Endurer si grand supplice?
Qui pourrait dans l’indifférence
Contempler en cette souffrance
La Mère auprès de son Fils?
Pour toutes les fautes humaines,
Elle vit Jésus dans la peine
Et sous les fouets meurtri.
Elle vit l’Enfant bien-aimé
Mourir tout seul, abandonné,
Et soudain rendre l’esprit.
O Mère, source de tendresse,
Fais-moi sentir grande tristesse
Pour que je pleure avec toi.
Fais que mon âme soit de feu
Dans l’amour du Seigneur mon Dieu:
Que je lui plaise avec toi.
Mère sainte, daigne imprimer
Les plaies de Jésus crucifié
En mon cœur très fortement.
Pour moi, ton Fils voulut mourir,
Aussi donne-moi de souffrir
Une part de ses tourments.
Pleurer en toute vérité
Comme toi près du crucifié
Au long de mon existence.
Je désire auprès de la croix
Me tenir, debout avec toi,
Dans ta plainte et ta souffrance.
Vierge des vierges, toute pure,
Ne sois pas envers moi trop dure,
Fais que je pleure avec toi.
Du Christ fais-moi porter la mort,
Revivre le douloureux sort
Et les plaies, au fond de moi.
Fais que ses propres plaies me blessent,
Que la croix me donne l’ivresse
Du sang versé par ton Fils.
Je crains les flammes éternelles;
O Vierge, assure ma tutelle
A l’heure de la justice.
O Christ, à l’heure de partir,
Puisse ta Mère me conduire
A la palme de la victoire.
A l’heure où mon corps va mourir,
A mon âme fais obtenir
La gloire du paradis.
STABAT MATER – (UN PEU D’HISTOIRE)
7 avril, 2014http://www.fatrazie.com/Stabat.htm
STABAT MATER – (UN PEU D’HISTOIRE)
In Memoriam : Hans Van der Velde qui était le plus fin et le plus précieux des discographes du Stabat Mater nous a quitté le 28 décembre 2005. Un éminent collectionneur et un ami que nous aurons bien du mal à remplacer
Un peu d’histoire
Le Stabat Mater est sans nul doute un des textes sacrés les plus poignants car il reflète la douleur, la compassion d’une mère qui voit mourir son fils dans la plus grandes des souffrances.
Le texte (ou séquence) de 20 strophes de 3 vers est attribué à IACOPONE da TODI (1230-1306), franciscain, originaire de la province d’Ombrie en Italie. Mais de façon très étayée cetains experts en hymnologie proposent Saint-Grégoire le Grand (d. 604), Saint-Bernard de Clairvaux (d. 1153), Innocent (d. 1216), Saint-Bonaventure (d. 1274), Jacopone (d. 1306), Le pape Jean XXII (d. 1334), et Grégoire XI (d. 1378). Ils concluent aux seules paternités possibles d’Innocent III ou de Jacopone.
Le Stabat Mater est à la fois un poème médiéval d’inspiration sacrée et une composition musicale du type oratorio ou motet, basée en tout ou partie sur ce texte. Il appartient à la catégorie des « séquences » ou « proses », textes chantés à la messe entre l’épître et l’évangile. On le chante aussi souvent pendant les chemins de croix.
Il est, de nos jours, chanté en grégorien selon le thème , Dom Fonteinnes chantre de Solesmes vers 1850.
Interdit par le Concile de Trente (1545-1563) comme de très nombreuses compositions musicales sacrées de l’époque, trop ornées pour mettre en valeur les textes qu’elles devaient illustrer, le Stabat Mater résista cependant à cette injonction de par la force de son texte qui suscita l’engouement des fidèles mais aussi le respect de compositeurs à l’immense talent comme Pergolèse ou Palestrina.
Il figure aujourd’hui dans le Missel romain (dit Missel 800) à la célébration de la fête de Notre-Dame des Sept Douleurs, le 15 septembre, réintroduite par le pape Benoît XIII en 1727.
La séquence fait également partie de la liturgie du vendredi de la Passion, sous diverses formes, il est vrai.
Le caractère dramatique du texte a donc été une source d’inspiration pour près de 500 compositeurs qui reflètent en adaptant le « livret » la musique de leur époque : renaissance, baroque, romantique, contemporaine – même en jazz ! – mais aussi de leur pays puisque l’on dénombre, entre autres, un ou des compositeurs américains, anglais, autrichien, brésilien, camerounais, canadien danois, espagnol, estonien, finlandais, flamand, français, hongrois, irlandais, italiens, japonais, norvégien, polonais, portugais, russe, slovaques, tchèques …
On trouve donc une variété considérable d’œuvres de tout style, composition vocale et orchestrale ou durée, d’après tout ou partie des strophes d’origine, en latin ou dans la langue du compositeur et parfois selon une adaptation très libre. On dénombre même une version en breton !
Internaugraphie :
Le site de référence en matière de Stabat Mater – et mon correspondant néerlandais- est sans nul doute celui de Hans van der Velden, qui recense près de 500 oeuvres ou compositeurs, donne les traductions des Stabat mater dolorosa et preciosa en 20 langues et analyse précisément son importante collection de 150 CD. Hans est décédé fin 2006 mais sa compagne a repris le flambeau.
Catholic encyclopedia fournit quelques développements qui font autorité. Pour mémoire il existe deux site dont le nom de domaine est Stabat Mater. Une fondation hollandaise et un jeu en . com d’ailleurs inaccessible, le Stabat Mater
En France il faut remarquer un très bel abécédaire du Stabat Mater
Bibliographie : La « référence » citée par Hans van der Velde est la thèse de Jürgen Blume :
Geschichte der mehrstimmigen Stabat-Mater-Vertonungen
(Histoire des compositions polyphoniques des Stabat Mater)
Edition Musikverlag, Münich (1992) en deux volumes.
BENOÎT XVI: CÉLÉBRATION DU DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR
7 avril, 2014CÉLÉBRATION DU DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Place Saint-Pierre
XXVIe Journée Mondiale de la Jeunesse
Dimanche 17 avril 2011
Chers frères et sœurs,
Chers jeunes!
Chaque année, le dimanche des Rameaux, nous sommes à nouveau émus de gravir avec Jésus le mont vers le sanctuaire, et de l’accompagner tout au long de ce chemin vers le haut. En ce jour, sur toute la face de la terre et à travers tous les siècles, jeunes et personnes de tout âge l’acclament en criant: «Hosanna au fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!»
Mais que faisons-nous vraiment lorsque nous nous insérons dans une telle procession – parmi la foule de ceux qui montaient avec Jésus à Jérusalem et l’acclamaient comme roi d’Israël? Est-ce quelque chose de plus qu’une cérémonie, qu’une belle coutume? Cela a-t-il quelque chose à voir avec la véritable réalité de notre vie, de notre monde? Pour trouver la réponse, nous devons avant tout clarifier ce que Jésus lui-même a, en réalité, voulu et fait. Après la profession de foi, que Pierre avait faite à Césarée de Philippe, à l’extrême nord de la Terre Sainte, Jésus s’était mis en route, en pèlerin, vers Jérusalem pour les fêtes de la Pâque. Il est en chemin vers le Temple dans la Cité Sainte, vers ce lieu qui, pour Israël, garantissait de façon particulière la proximité de Dieu à l’égard de son peuple. Il est en chemin vers la fête commune de la Pâque, mémorial de la libération d’Égypte et signe de l’espérance dans la libération définitive. Il sait qu’une nouvelle Pâque l’attend et qu’il prendra lui-même la place des agneaux immolés, s’offrant lui-même sur la Croix. Il sait que, dans les dons mystérieux du pain et du vin, il se donnera pour toujours aux siens, il leur ouvrira la porte vers une nouvelle voie de libération, vers la communion avec le Dieu vivant. Il est en chemin vers la hauteur de la Croix, vers le moment de l’amour qui se donne. Le terme ultime de son pèlerinage est la hauteur de Dieu lui-même, à laquelle il veut élever l’être humain.
Notre procession d’aujourd’hui veut donc être l’image de quelque chose de plus profond, l’image du fait qu’avec Jésus, nous nous mettons en route pour le pèlerinage: par la voie haute vers le Dieu vivant. C’est de cette montée dont il s’agit. C’est le chemin auquel Jésus nous invite. Mais comment pouvons-nous maintenir l’allure dans cette montée? Ne dépasse-t-elle pas nos forces? Oui, elle est au-dessus de nos propres possibilités. Depuis toujours, les hommes ont été remplis – et aujourd’hui ils le sont plus que jamais – du désir d’ »être comme Dieu », d’atteindre eux-mêmes la hauteur de Dieu. Dans toutes les inventions de l’esprit humain, on cherche, en fin de compte, à obtenir des ailes pour pouvoir s’élever à la hauteur de l’Être, pour devenir indépendants, totalement libres, comme Dieu l’est. Nombreuses sont les choses que l’humanité a pu réaliser: nous sommes capables de voler. Nous pouvons nous voir, nous écouter et nous parler d’un bout à l’autre du monde. Toutefois, la force de gravité qui nous tire vers le bas est puissante. Avec nos capacités, ce n’est pas seulement le bien qui a grandi. Les possibilités du mal ont aussi augmenté et se présentent comme des tempêtes menaçantes au dessus de l’histoire. Nos limites aussi sont restées: il suffit de penser aux catastrophes qui, ces derniers mois, ont affligé et continuent d’affliger l’humanité.
Les Pères ont dit que l’homme se tient au point d’intersection entre deux champs de gravitation. Il y a d’abord la force de gravité qui tire vers le bas – vers l’égoïsme, vers le mensonge et vers le mal; la gravité qui nous abaisse et nous éloigne de la hauteur de Dieu. D’autre part, il y a la force de gravité de l’amour de Dieu: le fait d’être aimé de Dieu et la réponse de notre amour nous attirent vers le haut. L’homme se trouve au milieu de cette double force de gravité et tout dépend de sa fuite du champ de gravitation du mal pour devenir libre de se laisser totalement attirer par la force de gravité de Dieu, qui nous rend vrais, nous élève, nous donne la vraie liberté.
Après la Liturgie de la Parole, au début de la Prière eucharistique durant laquelle le Seigneur vient au milieu de nous, l’Eglise nous adresse l’invitation: « Sursum corda – Élevons notre cœur! » Selon la conception biblique et la façon de voir des Pères, le cœur est le centre de l’homme où s’unissent l’intellect, la volonté et le sentiment, le corps et l’âme. Ce centre, où l’esprit devient corps et le corps devient esprit; où volonté, sentiment et intellect s’unissent dans la connaissance de Dieu et dans l’amour pour lui. Ce « cœur » doit être élevé. Mais encore une fois: tout seuls, nous sommes trop faibles pour élever notre cœur jusqu’à la hauteur de Dieu. Nous n’en sommes pas capables. Justement l’orgueil de pouvoir le faire tout seuls nous tire vers le bas et nous éloigne de Dieu. Dieu lui-même doit nous tirer vers le haut, et c’est ce que le Christ a commencé sur la Croix. Il est descendu jusqu’à l’extrême bassesse de l’existence humaine, pour nous tirer en haut vers lui, vers le Dieu vivant. Il est devenu humble, nous dit la deuxième Lecture d’aujourd’hui. Ainsi seulement notre orgueil pouvait être surmonté: l’humilité de Dieu est la forme extrême de son amour, et cet amour humble attire vers le haut.
Le Psaume de procession 24, que l’Église nous propose comme «cantique de montée» pour la Liturgie d’aujourd’hui, indique quelques éléments concrets, qui appartiennent à notre montée et sans lesquels nous ne pouvons être élevés vers le haut: les mains innocentes, le cœur pur, le refus du mensonge, la recherche du visage de Dieu. Les grandes conquêtes de la technique ne nous rendent libres et ne sont des éléments du progrès de l’humanité que si elles sont unies à ces attitudes – si nos mains deviennent innocentes et notre cœur pur, si nous sommes à la recherche de la vérité, à la recherche de Dieu lui-même, et si nous nous laissons toucher et interpeller par son amour. Tous ces éléments de la montée sont efficaces seulement si nous reconnaissons avec humilité que nous devons être attirés vers le haut; si nous abandonnons l’orgueil de vouloir nous-mêmes nous faire Dieu. Nous avons besoin de lui: il nous tire vers le haut, étant soutenus par ses mains – c’est-à-dire dans la foi – il nous donne la juste orientation et la force intérieure qui nous élève vers le haut. Nous avons besoin de l’humilité de la foi qui cherche le visage de Dieu et se confie à la vérité de son amour.
La question de savoir comment l’homme peut arriver en haut, devenir pleinement lui-même et vraiment semblable à Dieu, a depuis toujours occupé l’humanité. Elle a été discutée avec passion par les philosophes platoniciens du troisième et quatrième siècle. Leur question centrale était: comment trouver des moyens de purification, par lesquels l’homme puisse se libérer du lourd poids qui le tire vers le bas et s’élever à la hauteur de son être véritable, à la hauteur de la divinité. Pendant un certain temps, dans sa quête du droit chemin, saint Augustin a cherché un soutien dans ces philosophies. Mais à la fin il dut reconnaître que leur réponse n’était pas suffisante, qu’avec leurs méthodes, il ne serait pas vraiment parvenu à Dieu. Il dit à leurs représentants: Reconnaissez donc que la force de l’homme et de toutes ses purifications ne suffit pas pour le porter vraiment à la hauteur du divin, à la hauteur qui lui est appropriée. Et il dit qu’il aurait désespéré de lui-même et de l’existence humaine, s’il n’avait pas trouvé Celui qui fait ce que nous-mêmes nous ne pouvons faire; Celui qui nous élève à la hauteur de Dieu, malgré notre misère: Jésus Christ qui, de Dieu, est descendu vers nous, et dans son amour crucifié, nous prend par la main et nous conduit vers le haut.
Nous allons en pèlerinage avec le Seigneur vers le haut. Nous sommes à la recherche d’un cœur pur et de mains innocentes, nous sommes à la recherche de la vérité, nous cherchons le visage de Dieu. Nous manifestons au Seigneur notre désir de devenir justes et nous le prions: Attire-nous vers le haut! Rends-nous purs! Fais que soit valable pour nous la parole que nous chantons dans le Psaume de procession, c’est-à-dire que nous puissions appartenir à la génération qui cherche Dieu, «qui recherche ta face, Dieu de Jacob» (Ps 24, 6). Amen.