Archive pour mars, 2014

LE CARÊME : SES GRANDS AXES

6 mars, 2014

http://www.prierenfamille.com/Fiche.php?Id=207

LE CARÊME : SES GRANDS AXES

Au temps de Noël, la liturgie nous a fait contempler le mystère de l’Incarnation.
La fête de la Présentation au Temple, célébrée de 2 février, a été comme la charnière entre le mystère de l’Incarnation et celui de la Rédemption
Nous abordons maintenant le Carême, où la liturgie nous introduit dans le mystère de la Rédemption : si Jésus s’est fait homme (Incarnation), c’est pour nous sauver (Rédemption).
Jésus nous a d’abord attirés à Lui par les douceurs de son enfance, la simplicité de la vie évangélique, puis par la lumière de ses enseignements et sa puissance manifestée par ses miracles.
Il nous invite maintenant à Le suivre sur une voie plus rude, celle de l’effort et du renoncement.
Avant d’inaugurer sa prédication et sa mission de Rédempteur du genre humain, Il fut, nous dit saint Marc, poussé par l’Esprit dans le désert pendant quarante jours pour y être tenté par Satan. (Mc 1, 12)
Les yeux fixés sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu…
En ce temps de Carême, la liturgie nous invite à regarder Jésus au désert où Il prie, Il jeûne, Il subit les assauts du démon : c’est une invitation à réfléchir sur nous-mêmes, car c’est pour nous que Jésus prie et fait pénitence, et qu’Il laisse le démon L’approcher…

1 – Un temps de prière et de pénitence, un temps de purification
2 – Le Carême est une montée vers la fête de Pâques
3 – Le Carême nous prépare à suivre Jésus dans le mystère de sa Passion
4 – Prendre conscience du péché dans notre vie
5 – Une lutte nécessaire : le Carême est le temps du combat spirituel
6 – Le Carême : un temps privilégié pour la réconciliation
1 – Un temps de prière et de pénitence, un temps de purification
A l’exemple de cette retraite de Jésus au désert, et de sa lutte contre Satan, le Carême est pour nous un temps de prière et de pénitence. Il est destiné à nous préparer à célébrer « avec des âmes et des corps purifiés le mystère sublime entre tous de la Passion du Seigneur. » (St Léon)

Pour pouvoir entrer dans « ce mystère sublime entre tous », il nous faut reprendre conscience de deux choses : la grandeur de Dieu et sa bonté et, en conséquence, la gravité du péché.
Avant de pouvoir entrer dans la Terre Promise, les Hébreux ont dû errer dans le désert pendant quarante ans pour se purifier des attaches païennes qui leur restaient de leur séjour en Egypte.
De même, pour nous, le Carême (quarante jours) est un temps de purification où nous sommes invités à travailler à notre conversion : revenir vers Dieu, et Lui soumettre toute notre vie.
« Convertissez-vous au Seigneur notre Dieu, parce qu’il est bon et compatissant, patient et riche en miséricorde » (Jl 2, 13)
Ce temps de purification est nécessaire pour pouvoir goûter ensuite la Joie de la Résurrection et bénéficier du mystère de notre Rédemption par lequel Jésus nous rend participants de sa Divinité.
2 – Le Carême est une montée vers la fête de Pâques
A l’image de la vie terrestre, qui est une préparation à la vie de l’éternité, la signification essentielle du Carême est de nous préparer à la grande fête de Pâques, en nous faisant entrer, à la suite de Jésus, notre Sauveur, dans le mystère pascal : mort au péché et résurrection à notre vie d’enfant de Dieu.
3 – Le Carême nous prépare à suivre Jésus dans le mystère de sa Passion
Avant d’aboutir à la Résurrection, le temps du Carême comprend deux parties bien distinctes :
- le temps de la purification de l’âme (qui correspond au séjour de Jésus dans le désert) ;
– le temps du rachat par la Passion de Jésus notre Sauveur : c’est l’acte de notre Rédemption.
On ne peut pas – on ne doit jamais – dissocier ces deux éléments du mystère pascal : mort et Résurrection.
Parler du Mystère de la Croix n’est pas chose facile. On est davantage enclins à parler de dynamique, d’action positive, d’enthousiasme.
On parle plus rarement du péché qui est un manque à l’Amour de Dieu : Il pardonne facilement, dit-on… Mais on oublie la pénitence, la conversion, la réparation… Si l’on savait « Qui » est Dieu, jamais on ne pécherait.
Il faut, au début de ce carême, demander à Dieu la grâce d’avoir (ou de retrouver) un sens aigu du péché.
Nous pourrons alors comprendre pourquoi il nous faut nous convertir, ce que veut dire le mot « conversion ». Nous comprendrons que la réparation est nécessaire pour que nous puissions entrer dans le Cœur de Jésus. (Extrait du bulletin des Adorateurs de Montmartre)
4 – Prendre conscience du péché dans notre vie
Le temps du Carême, traditionnellement consacré au travail de purification de nos âmes, nous invite à travailler à une réflexion approfondie sur la place du mal dans notre vie… ce que nous n’aimons pas trop ! C’est pourtant le temps favorable (Is 49, 8 – 2 Co 6, 2) pour prendre conscience de nos misères, de nos faiblesses et pour retrouver le sens du péché. Acte d’humilité qui nous permettra de voir clair en nous-mêmes.
Nous pourrons alors affermir notre volonté et décider de changer de vie pour la rendre plus conforme à l’Evangile : Convertissez-vous et croyez à l’Evangile… (Mc 1, 15) (imposition des Cendres).
Soumettez-vous à Dieu et résistez au démon : il s’enfuira loin de vous.
Approchez-vous de Dieu et lui s’approchera de vous.
Pécheurs, enlevez la souillure de vos mains ; hommes partagés, purifiez vos cœurs.
Abaissez-vous devant le Seigneur, et Il vous élèvera. (Jc 4, 7-8 ; 10)
La conversion consiste à remettre Dieu au centre de notre vie : « se retourner vers le Créateur, se détourner de la créature ».
5 – Une lutte nécessaire : le Carême est le temps du combat spirituel
Ce retour à Dieu ne va pas sans un combat contre le démon :
Ce combat est celui de la conversion en vue de la sainteté et de la vie éternelle à laquelle le Seigneur ne cesse de nous appeler. (CEC 1426)
Le Carême est un temps de lutte : nous avons toujours à vaincre en nous certaines résistances de notre nature blessée, faussée par le péché, de mauvaises habitudes, de notre amour-propre…
Nous avons encore à combattre les mouvements de la concupiscence qui ne cessent de nous porter vers le mal (CEC 978)…
Cette lutte appartient à l’héritage du péché, elle en est une conséquence et fait partie de l’expérience quotidienne du combat spirituel. (CEC 2516 – voir aussi § 405).
Voir à ce sujet : le carême : un temps de combat spirituel.
Ce retour à Dieu nous obtient la joie de la réconciliation, du pécheur qui se sait pardonné :
6 – Le Carême : un temps privilégié pour la réconciliation
Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu. (2 Co 5, 20)
(2° lecture – mercredi des Cendres)
Dans ce chemin de réconciliation, trois étapes à parcourir :
1 – se réconcilier avec Dieu
C’est tout l’itinéraire de l’enfant prodigue : Luc 15, 11-32.
C’est notre image à tous, l’exemple de l’attitude à prendre devant Dieu : Oui, je me lèverai et j’irai vers mon Père, et je lui dirai : « Père, j’ai péché contre le Ciel et contre Toi… » (Lc 15, 18)
Humilité et confiance totale en l’infinie bonté et miséricorde de Dieu, être sûr de son pardon dès qu’on revient à Lui.
2 – se réconcilier avec soi-même
C’est souvent bien difficile de s’accepter tels que nous sommes et de « se pardonner » de ne pas être tel qu’on le voudrait. C’est si facile de « s’idéaliser ». Etre vrai avec soi-même, ce n’est pas facile…
Ce temps de Carême va nous aider à nous regarder dans la vérité, comme Dieu nous voit, à recevoir son amour malgré nos défauts sans nous dépiter sur nous-mêmes. Chemin de guérison intérieure :
Oui, je reconnais mon péché, ma faute est toujours devant moi… (Ps 50, 5)
3 – se réconcilier avec les autres
La conversion se réalise dans la vie quotidienne par des gestes de réconciliation… la correction fraternelle… (CEC 1435)
C’est le chemin du pardon.
Il y a des pardons à donner, d’autres à recevoir. Mais comme c’est difficile quelquefois ! Comme cela coûte à notre fierté, notre amour-propre !
Dieu, à travers le sacrement de la réconciliation, nous en donnera la force.
Si tu te présentes à l’autel et que, là, tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; tu viendras alors présenter ton offrande. (Mt 5, 24)
Quand vous êtes debout pour prier, pardonnez si vous avez quelque chose contre quelqu’un, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos offenses. (Mc 11, 25)
Le Carême est donc le temps privilégié pour une bonne confession : c’est là que nous recevons l’assurance d’être réconciliés avec Dieu, qu’Il nous a pardonné.
Concrètement, comment travailler à cette conversion ?
La conversion se réalise dans la vie quotidienne par des gestes de réconciliation, par le souci des pauvres, l’exercice et la défense de la justice et du droit, par l’aveu des fautes aux frères, la correction fraternelle, la révision de vie, l’examen de conscience, la direction spirituelle, l’acceptation des souffrances, l’endurance de la persécution à cause de la justice.Prendre sa croix chaque jour et suivre Jésus est le chemin le plus sûr de la pénitence.(CEC 1435)
Voir à ce sujet : Quelles résolutions pour un bon Carême ?
Les 3 « P »: Prière, Pénitence, Partage
Trois grands axes d’action nous sont traditionnellement indiqués par la liturgie pour le Carême :
La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées.
L’Ecriture et les Pères insistent surtout sur trois formes : la prière, le jeûne, l’aumône, qui expriment la conversion par rapport à Dieu, par rapport à soi-même et par rapport aux autres… (CEC 1434)
1 – Si la prière exprime notre conversion par rapport à Dieu, le carême est bien le moment de l’intensifier.
Voir à ce sujet : Prières pour le temps du Carême
2 – Sous le terme de « pénitence, » plusieurs orientations sont à envisager :
- d’abord, l’esprit de pénitence ou pénitence intérieure : « une attitude d’âme, un sacrement ».
– ensuite, les actes pratiques de la pénitence, expression extérieure de la pénitence intérieure.
Voir à ce sujet : Les actes pratiques de la pénitence
3 – L’aumône (ou partage), qui n’est autre que l’expression de l’ouverture de notre cœur aux autres.
Voir à ce sujet : Le partage ou aumône
Le temps des bonnes résolutions
A chacun de prendre les résolutions sur les points qui lui sont nécessaires.
Le carême d’une carmélite ne sera pas celui d’une mère de famille, d’un homme d’affaires ou d’un travailleur de force…Pourtant, tous sont concernés par cette voie de purification pour se rapprocher de Dieu.
Voir à ce sujet : Quelles résolutions pour un bon Carême ?

Le Carême de nos enfants
Si le Carême est le temps où nous sommes invités à lutter contre nos défauts, ne pensons pas que nos enfants en soient exemptés. Quoiqu’en pensent certains, les tendances au mal existent déjà dans nos chers « petits trésors », tout comme en nous-mêmes.
La doctrine sur le péché originel – liée à celle de la Rédemption par le Christ – donne un regard de discernement lucide sur la situation de l’homme et de son agir dans le monde.
Par le péché des premiers parents, le diable a acquis une certaine domination sur l’homme, bien que ce dernier demeure libre. (…)
Ignorer que l’homme a une nature blessée, inclinée au mal, donne lieu à de graves erreurs dans le domaine de l’éducation, de la politique, de l’action sociale et des mœurs. (CEC 407)
Le combat spirituel, c’est aussi pour eux !
Plus tôt ils prendront l’habitude de résister à ces tendances au mal, mieux ce sera, pour eux… et pour nous. Et, tout particulièrement, pour leur vie surnaturelle.
Le programme de Carême sera donc le même que pour les parents, mais mis à leur portée.
Il dépend de nous de les introduire dans cette spiritualité du carême, de les aider et les soutenir dans cette lutte contre leurs défauts.

LA PANOPLIE DE DIEU – Père J. Leveque

6 mars, 2014

http://j.leveque-ocd.pagesperso-orange.fr/homeliesnouv/pano.htm

LA PANOPLIE DE DIEU - 

Père J. Leveque

(panoplie=Au Moyen Âge, armure complète d’un chevalier. Larusse)

EP 6,10-18

² Le patriarche Albert, dans la Règle qu’il a donnée à l’Ordre du Carmel, insiste longuement sur la panoplie des serviteurs et des servantes de Dieu, telle qu’elle est décrite dans l’Épître aux Éphésiens. N’allons pas croire qu’il était à ce point marqué par l’insécurité des croisés de Jérusalem que les images guerrières lui venaient spontanément à l’esprit, car c’est de combat spirituel qu’il s’agit, pour lui comme pour saint Paul.
² C’est un combat sans ennemi humain repérable, « sans ennemi de chair et de sang », comme dit Paul. C’est un combat contre des forces sans visage qui travaillent le monde, les communautés, et le cœur de chacune. Et ce combat est demandé aussi bien aux femmes qu’aux hommes, car il s’agit de « résister » avec les seules armes de la lumière, et de « tenir » debout, « même aux jours mauvais ».
² Cette lutte, chacune la mène finalement seule, car l’entraide fraternelle ne dispense aucune sœur des réponses libres qu’elle doit donner. Mais Dieu ne nous laisse pas seules, si du moins nous acceptons, comme Paul nous y invite, de « nous dynamiser dans le Seigneur et dans la vigueur de sa force » (v.10).
Comment faire concrètement ? « En nous revêtant, dit Paul, de la panoplie de Dieu », celle que Dieu lui- même nous offre pour la lutte. Inutile de vous imaginer en soldates de Dieu, pliant sous des armes trop longues et trop lourdes, car tout se passe dans le cœur.
² La vérité est la première nommée, comme le ceinturon avant tout équipement. Car c’est elle qui rassemble les forces spirituelles, qui sangle les muscles de l’âme et unifie la personne dans son effort, quoi qu’il en soit des handicaps et des interrogations qui demeurent.
² La justice, elle aussi, est une arme avant les armes : une cuirasse, dit Paul. Pour lui comme pour les prophètes la justice de l’homme consiste à s’ajuster à Dieu, à son vouloir, à son dessein d’amour. Et c’est bien là, effectivement, ce qui nous cuirasse contre les mauvais coups, contre tout ce qui peut nous atteindre, nous blesser, nous déstabiliser.
Seul, en effet, un regard constant vers le Dieu de l’appel et le souci de rencontrer son propre Regard peuvent nous prémunir
contre les retours paralysants du passé,
contre la crainte de l’inconnu
et, pour le présent, contre les suggestions de notre cœur, qui nous font parfois trouver étranges les voies de Dieu, et irréelle sa présence.
Pour la marche, pour la durée, pour l’endurance, Jésus nous offre l’élan et l’enthousiasme, la joie d’être associée à la course de l’Évangile et de faire, même dans le silence d’un cloître, œuvre de paix aux dimensions du monde.
La foi sera notre bouclier. C’est elle qui nous protègera du soupçon, de tous ces brûlots qui arrivent sur nous à l’improviste et qui pourraient incendier notre confiance en Dieu.
Le salut, donné par Dieu pour toujours en Jésus Christ, sera notre sauvegarde essentielle : Dieu, qui nous a réconciliés avec lui, veillera lui- même sur son œuvre. Ses mains paternelles seront le casque qui déviera tous les coups mortels.
Enfin la Parole de Dieu sera en nous le glaive de l’Esprit, un glaive au service de l’Esprit. »Vivante, en effet, est cette Parole de Dieu, énergique et tranchante comme un glaive, plus qu’un glaive (Hb 4,11). Elle pénètre jusqu’au point de division, en nous, de l’âme et de l’esprit humain, jusqu’à la frontière insaisissable entre les désirs de la femme et les réflexes de la fille de Dieu.
² Oui, tout se passe dans le cœur, et c’est le cœur qui vibre à la victoire de Dieu. Ce sont « les yeux illuminés du cœur » qui s’ouvrent à l’espérance offerte par l’appel du Seigneur (Ep 1,18), et c’est le cœur habité par la force de Dieu qui seul peut veiller dans la prière.
Bienheureux combat, que l’Esprit nous donne de mener sans violence ni envers Dieu ni envers nous-mêmes.
Bienheureuse insistance de l’Esprit, qui veut nous mener à la vérité tout entière.
Heureux travail de lumière, qui libère en nous le meilleur de nous-mêmes, et fait de la vie, jour après jour, en union au Christ Sauveur, une « intercession » pour tous ceux que Dieu aime.

Last Judgement, Medieval manuscript

5 mars, 2014

Last Judgement, Medieval manuscript dans images sacrée plate4-christ-in-majesty2

http://www.english.cam.ac.uk/medieval/zoom.php?id=386

APPRENDRE À TROUVER LE TEMPS D’ÊTRE « MAINTENANT »

5 mars, 2014

http://www.meditation-chretienne.org/meditation_antoine_bloom_maintenant.htm

APPRENDRE À TROUVER LE TEMPS D’ÊTRE « MAINTENANT »

Trouverai-je le temps de tout faire ?
Je vous répondrai à la manière russe : « Si vous ne mourez pas avant, vous aurez le temps. Si vous mourez avant, vous n’aurez pas à le faire ! » .

Métropolite Antoine Bloom

Il y a donc, en ce qui concerne le temps, des moments où, sans entrer autant dans le détail, il est possible de percevoir que l’instant présent est là : le passé a irrémédiablement disparu, il n’a plus d’importance, sauf dans la mesure où il fait encore partie du présent, et on peut dire la même chose de l’avenir parce qu’il peut être ou ne pas être. C’est ce qui arrive par exemple lors d’un accident, dans une situation dangereuse qui exige que vous agissiez avec la rapidité de l’éclair : vous n’avez pas le temps de passer confortablement du passé dans l’avenir. Il vous faut être si totalement dans le présent que toutes vos énergies, tout votre être se trouvent condensés dans le « maintenant ».
Vous découvrez avec un vif intérêt que vous vous trouvez dans le maintenant. Vous connaissez le plan très, très mince dont la géométrie nous dit qu’il n’a pas d’épaisseur ; ce plan géométrique qui n’a aucune épaisseur, qui est « maintenant », se déplace le long des lignes du temps ou, plutôt, le temps se déploie sous ce plan et vous apporte, « maintenant », tout ce dont vous aurez besoin dans l’avenir.
Telle est la situation dans laquelle il nous faut apprendre à nous trouver et il nous faut apprendre cela d’une façon plus paisible. Nous devons, je pense, nous exercer à arrêter le temps et à nous tenir dans le présent, dans ce « maintenant » qui se trouve être aussi le point d’intersection du temps et de l’éternité.
Que pouvons-nous faire dans ce but ? Voici un premier exercice.
Vous pouvez vous y essayer lorsque vous n’avez absolument rien à faire, lorsque rien ne vous pousse de côté ou d’autre et que vous pouvez vous accorder cinq minutes, trois minutes, une demi-heure de loisir. Asseyez-vous et dites « Je suis assis ; je ne fais rien ; je suis résolu à ne rien faire pendant cinq minutes. »
Détendez-vous alors et pendant tout ce temps (au début vous ne pourrez pas tenir plus de deux ou trois minutes) répétez-vous : «Je me trouve en présence de Dieu, en présence de moi-même et de tout le mobilier qui m’entoure, je suis tranquille, sans bouger. »
Une précaution s’impose évidemment : il vous faut décréter que, durant les deux ou cinq minutes que vous vous êtes assignées pour apprendre que le présent existe, vous ne vous laisserez pas arracher à celui-ci par la sonnerie du téléphone ou le timbre de la porte d’entrée ou encore par une impulsion énergique et soudaine qui vous pousse à exécuter sur-le-champ quelque chose qui attend depuis dix ans !
Si vous apprenez à faire ainsi dans les moments perdus de vos journées, lorsque vous aurez appris à ne plus vous agiter intérieurement mais à rester complètement calme et heureux, paisible et serein, exercez-vous alors pendant un laps de temps un peu plus long que vous pourrez allonger encore par la suite.
Il arrivera évidemment un moment où il vous faudra vous protéger car si vous pouvez ne pas bouger pendant deux minutes, même si le téléphone sonne, vous pouvez penser qu’il en va autrement lorsqu’il s’agit d’un quart d’heure. Ditesvous alors que si vous étiez absent, vous n’ouvririez pas la porte et ne répondriez pas au téléphone. Ou encore, si vous avez plus de courage et êtes convaincu de l’importance de votre exercice, imitez mon père. Il mettait à la porte une note qui disait « Inutile de sonner. Je suis à la maison mais n’ai pas l’intention d’ouvrir. » Ce procédé est plus radical car les visiteurs comprennent tout de suite ; tandis que si vous écrivez : « Prière d’attendre cinq minutes », leur patience expire habituellement au bout de deux minutes !
Lorsque vous aurez acquis cette tranquillité, cette sérénité, il vous faudra apprendre alors à arrêter le temps non seulement lorsqu’il se traîne ou lorsqu’il doit s’arrêter de toute façon, mais aussi dans les moments où il s’accélère, où il se fait exigeant.
Voici comment procéder. Vous êtes en train de faire quelque chose que vous croyez utile ; vous êtes persuadé que si vous vous arrêtez la terre va s’arrêter aussi ; si, à un certain moment, vous décidez : « J’arrête ! », vous ferez des découvertes intéressantes. Vous découvrirez en premier lieu que la terre ne s’arrête pas et que tout l’univers – si vous pouvez réussir à vous le représenter – peut attendre cinq minutes pendant que votre attention est ailleurs.
Ce point est très important parce que souvent nous nous donnons le change en disant « Il faut que je fasse telle chose ; la charité, le devoir me le commandent, je ne puis la laisser ! » Vous le pouvez car à d’autres moments et par pure nonchalance vous laisserez ce travail et pour bien plus de cinq minutes. Aussi, la première chose à faire est de vous dire : « Quoi qu’il arrive, je m’arrête à tel endroit. »
La façon de procéder la plus simple est d’avoir un réveil. Remontez-en la sonnerie et dites : « Bon ! je travaille sans regarder l’heure jusqu’à ce que le réveil sonne. » Ce détail est très important car il faut que nous perdions l’habitude de regarder l’heure.
Lorsque vous allez en visite et que vous vous rendez compte que vous êtes en retard, vous regardez aussitôt votre montre ; mais, ce faisant, vous ne pouvez marcher aussi vite que si vous alliez droit votre chemin. Et que votre retard soit de sept, de cinq ou de trois minutes, vous n’en êtes pas moins en retard. Le mieux est donc de partir plus tôt ou, si vous êtes en retard, de presser le pas. Quand vous serez arrivé, vous aurez le temps de regarder votre montre, pour savoir combien vous devrez paraître navré lorsqu’on vous ouvrira.
Quand le réveil sonne, vous savez que, pendant les cinq minutes qui suivent, le monde a cessé d’exister et que vous êtes bien décidé à ne pas quitter le lieu dans lequel vous vous trouvez. Ce temps appartient à Dieu et vous vous installez dans ce temps de Dieu tranquillement, silencieusement, paisiblement. Au début, vous verrez combien c’est difficile et vous découvrirez soudain qu’il est de la première urgence que vous terminiez telle lettre, la lecture de tel passage. En réalité, vous vous apercevrez bien vite que vous pouvez très bien remettre cette occupation pendant trois, cinq, voire même dix minutes sans qu’aucune catastrophe ne se produise. Et si vous avez à faire un travail qui requiert toute votre attention, vous constaterez que vous pouvez vous en acquitter plus rapidement et tellement mieux !
Vous me direz : « Trouverai-je le temps de tout faire ? » Je vous répondrai à la manière russe : « Si vous ne mourez pas avant, vous aurez le temps. Si vous mourez avant, vous n’aurez pas à le faire ! » Et voici un autre dicton du même genre qui pourra vous aider un jour ou l’autre « Ne vous inquiétez pas de la mort. Quand elle sera là vous n’y serez plus mais tant que vous êtes là elle n’y est pas. » Le principe est le même pourquoi s’inquiéter d’une situation qui se dénouera d’elle-même ?
Une fois que vous aurez appris à ne plus vous agiter, vous pourrez faire n’importe quoi, à n’importe quel rythme, avec toute l’attention et la rapidité désirables, sans avoir l’impression que le temps vous échappe ou vous gagne de vitesse. Il en est alors comme de l’impression qu’on a lorsqu’on est en vacances.
Ainsi que je l’ai souligné plus haut, on peut aller vite ou lentement, sans s’occuper du temps, sans la moindre notion du temps parce qu’on ne fait que ce qu’on est en train de faire et qu’on ne poursuit aucun objectif précis.
Vous découvrirez qu’il vous est possible de prier dans toutes les situations et qu’il n’est pas au monde de circonstance qui puisse vous en empêcher. Le seul empêchement véritable à la prière intervient lorsque vous vous laissez happer par la tempête, lorsque vous laissez la tempête pénétrer en vous au lieu de la laisser faire rage autour de vous.

Antoine Bloom, extrait de « L’école de la prière » Edition du Seuil

LA TRADITION DU NOTRE-PÈRE – ST AUGUSTIN, SERMON 59

5 mars, 2014

http://peresdeleglise.free.fr/catechumenat/notrepere.htm

LA TRADITION DU NOTRE-PÈRE

ST AUGUSTIN, SERMON 59

Vous venez de réciter ce que vous devez croire [allusion à la tradition du Symbole de la Foi], vous avez entendu ce que vous devez demander dans la prière. Vous ne sauriez invoquer celui en qui vous n’auriez pas cru, comme dit l’Apôtre : « Comment invoqueront-ils celui en qui ils n’ont pas cru ? » (Rm 10,14). Aussi vous avez d’abord appris le Symbole, qui est la règle de votre foi brève et grande, brève par le nombre des mots, lourde du poids de leur signification. Quant à la prière que vous avez reçue aujourdhui pour la retenir et la réciter dans huit jours, le Seigneur, comme vous l’avez entendu à la lecture de l’Evangile, l’enseigna lui-même à ses disciples et, par eux, elle est parvenue jusqu’à nous, car « leur voix s’est répandue par tout l’univers » (Ps 18,5).

Notre Père. Quel père ?
Donc, ne vous attachez pas à ce qui est de la terre, vous qui avez trouvé un père dans les cieux ; car vous direz à l’avenir : Notre Père qui es dans les cieux. Vous allez appartenir à une grande famille. Devant ce père, le riche et le pauvre sont frères ; devant ce père, le maître et l’esclave sont frères ; devant ce père, le général et le simple soldat sont frères. Les fidèles chrétiens, tous tant qu’ils sont, ont sur terre des pères de conditions diverses, les uns nobles, les autres sans notoriété, mais ils invoquent un seul père qui est dans les cieux.
Si c’est là qu’est notre père, c’est là que se prépare notre héritage. Or notre père est tel que nous posséderons avec lui ce dont il nous fait largesse. Il nous donne son héritage, il n’a pas à nous quitter pour que nous lui succédions, mais il demeure pour que nous le rejoignions. Par conséquent, après avoir appris à qui demander, sachons en outre ce qu’il faut demander, car il ne faudrait pas risquer d’offenser un tel père par de mauvaises demandes.

Que le Nom de Dieu soit en nous sanctifié
Qu’est-ce que le Seigneur Jésus nous apprit à demander au père qui est dans les cieux ? Que ton Nom soit sanctifié. Quel bienfait demandons-nous là à Dieu : que son nom soit sanctifié, puisqu’il est impossible que son nom ne soit pas saint ? Le nom de Dieu est toujours saint ; pourquoi donc demander qu’il soit sanctifié, sinon pour que nous soyons, nous, sanctifiés par lui ? Ce nom de Dieu qui est toujours saint, nous demandons que ce soit en nous qu’il soit sanctifié. C’est au moment de votre baptême que sera sanctifié en vous le nom de Dieu. Et pourquoi ferez-vous encore cette demande, même après avoir été baptisé, si ce n’est pour que demeure en vous le don que vous aurez reçu ?

Que vienne, pour nous aussi, le royaume
Suit une autre demande: Que ton royaume vienne. Que nous le demandions ou que nous ne le demandions pas, le royaume de Dieu viendra. Pourquoi donc le demander, sinon pour qu’il vienne, pour nous aussi, ce royaume de Dieu qui viendra pour tous les saints, sinon pour que Dieu nous compte, nous aussi, au nombre des saints pour qui viendra son royaume ?

Trois interprétations de la troisième demande
Nous disons dans une troisième demande : Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Qu’est-ce à dire ? Comme les anges te servent dans le ciel, que, nous aussi, nous te servions sur la terre. Or ses saints anges lui obéissent, ne l’offensent pas, exécutent ses ordres en l’aimant. Par conséquent, nous demandons nous aussi, d’accomplir le commandement de Dieu par amour.
On peut encore comprendre d’une autre manière ces paroles : Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Le ciel en nous, c’est notre âme, et la terre notre corps. Que signifie donc : Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ? De même que nous avons entendu tes commandements, de même que notre chair nous donne à son tour son assentiment pour que, dans le temps où luttent la chair et l’esprit, nous n’en puissions pas moins remplir les préceptes de Dieu. Cependant, très chers, lorsque « la chair convoite contre l’esprit » (Ga 5, 17), comme la terre contre le ciel, que l’esprit à son tour convoite contre la chair, pour que la terre ne renverse pas le ciel. Et si nous ne pouvons supprimer ce dissentiment, refusons notre assentiment.
On peut encore entendre ces paroles : Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel, de la façon suivante : le ciel, ce sont les fidèles qui ont revêtu la ressemblance de l’homme céleste, c’est-à-dire du Christ. Tandis que les infidèles, puisqu’ils portent la ressemblance de l’homme terrestre, sont appelés terre. Par conséquent, lorsque nous disons : Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel, nous disons à notre bon père : Que les infidèles aussi croient en toi, comme y ont cru les fidèles. Et ainsi nous apprenons à prier pour nos ennemis.

Trois sortes de pain
Vient ensuite dans la prière : Donne-nous aujourd’hui notre pain de chaque jour. Soit que nous demandions au père la subsistance nécessaire à notre corps – pain signifiant tout ce qui nous est nécessaire – soit que nous comprenions par pain quotidien celui que vous recevez de l’autel, il est bon de faire cette demande aujourd’hui, c’est-à-dire en ce temps présent. Car le pain nous est nécessaire en ce temps, quand nous avons faim. Quand nous serons dans l’autre vie, c’en sera fini de la faim. Qu’aurons-nous besoin de demander du pain ? Quant au pain dont j’ai dit que nous le recevons de l’autel, il est bon de demander qu’il nous soit donné. Que demandons-nous, en effet, sinon de ne commettre aucun mal qui nous séparerait d’un tel pain ?
La parole de Dieu qui nous est annoncée chaque jour est, elle aussi, du pain. Si ce n’est pas du pain pour le ventre, n’est-ce pas du pain pour l’intelligence ? Or quand cette vie aura passé, nous ne chercherons plus le pain que réclame la faim. Et nous n’aurons plus à recevoir le sacrement de l’autel, puisque nous serons là avec le Christ, dont nous recevons le corps, et nous n’aurons plus à prononcer les paroles que nous vous annonçons, ni à lire le livre, quand nous verrons en personne la Parole de Dieu par qui tout a été fait, dont se nourrissent les anges, qui illumine les anges, et par qui les anges acquièrent la science, non pas en scrutant les paroles d’une langue tortueuse, mais en buvant l’unique Parole dont l’ivresse les fait éclater en louanges, sans qu’ils puissent s’épuiser de louanges. « Bienheureux, dit le Psaume, ceux qui habitent dans ta maison ; dans les siècles des siècles ils te loueront » (Ps 83, 5).

La remise de nos dettes
Donc, en cette vie, nous demandons encore ce qui vient ensuite : Remets-noous nos dettes. Dans le baptême, toutes vos dettes, c’est-à-dire vos fautes, vous seront remises absolument toutes. Mais, parce qu’ici nul ne peut vivre sans péché, et – même s’il ne s’agit pas d’une grave faute qui nous séparerait du pain dont nous parlions – comme nul ne peut vivre sur cette terre sans commettre de péchés, et que nous ne pouvons recevoir qu’un seul baptême une seule fois, c’est dans la prière que nous recevons ce qui nous lave chaque jour, afin que chaque jour nos péchés nous soient remis. Mais à la condition suivante : … comme nous remettons à nos débiteurs.
Aussi je vous avertis, mes frères… vous allez être fils de Dieu, non d’un quelconque grand homme. Votre comte daigne-t-il adopter l’un de vous ? La grâce de Dieu fait, de vous tous, ses fils. C’est pourquoi, puisque chaque jour vous direz… – même après le baptême et surtout après le baptême ; car vous ne prierez cette prière qu’après le baptême ; dans huit jours ce sera une récitation, non une prière ; après le baptême, vous en ferez votre prière : comment, en effet, celui qui n’est pas encore né pourrait-il dire « notre père » ? – donc, puisque chaque jour vous direz cette prière, je vous avertis, mes frères, vous qui, dans la grâce de Dieu, êtes mes fils, et qui, devant un tel père, êtes mes frères, je vous avertis : quelqu’un vous offense, commet une faute contre vous, vient, s’accuse et vous demande de lui pardonner, tout de suite du fond du coeur remettez-lui, pour ne pas vous exclure du pardon qui vient de Dieu.
Car si vous ne faites pas rémission, lui non plus ne fera pas rémission. Voici ce que Dieu vous dit : Vous avez raison de me demander pardon, à moi qui ne peux pas commettre de faute ; cependant, bien que l’on ne puisse trouver en moi aucune faute, je pardonne et vous ne voulez pas pardonner. Eh bien ! soit, refusez de pardonner. Mais alors faites en sorte que je ne puisse trouver en vous obligation de me venger. Il t’est permis de te venger d’un homme qui t’offense. Mais il te demande pardon. Il a été ton ennemi, mais en te demandant pardon, il coupe court à son hostilité. Non, dis-tu, non, je veux me venger. Fais attention qu’il n’y ait pas en toi-même matière à vengeance. Tu veux te venger d’une faute, toi, un homme qui commet des fautes ! Prends garde que ne se venge de toi celui qui ne peut être trouvé en faute. Par conséquent, voilà encore une demande à faire en cette vie, ici où l’on peut commettre des fautes, les fautes peuvent être remises. Dans l’autre vie, elles ne sont pas remises, puisqu’il n’y en a pas.

Résister au mal
En suite de quoi, nos prions en disant : Ne nous fais pas entrer dans la tentation, mais délivre-nous du mal. Qui dit oui au tentateur entre dans la tentation. En effet, en cette vie, il est utile d’être tenté, mais il n’est pas bon d’entrer dans la tentation. On te tente en voulant te corrompre avec de l’argent, pour te faire accomplir quelque action mauvaise pour de l’argent ; tu es tenté, mais tu es aussi éprouvé ; si tu ne donnes pas ton consentement, tu seras trouvé pur. Je te donne un conseil : méprise la cupidité, et l’argent ne saurait te corrompre. Ferme la porte à la tentation, et tire le verrou : l’amour de Dieu. Qui le peut, sans l’aide de celui que nous prions ? Or les hommes sont tentés de bien des manières, tentations par des présents, tentations par des menaces ; si on ne peut séduire par la corruption, on cherche à séduire par des pressions. Mais l’homme solidement attaché à Dieu et dont Dieu exauce la demande : Ne nous fais pas entrer dans la tentation, triomphe des mauvais attachements, triomphe des vains tremblements. Par conséquent, il nous est, en cette vie, nécessaire de demander à ne pas entrer dans la tentation, puisqu’il est ici des tentations, et d’être délivrés du mal, puisque le mal est ici.

Récapitulation
Et avec cela le total des demandes est de sept ; trois ont trait à la vie présente. Que ton nom soit sanctifié, cela sera toujours. Que ton règne vienne, ce règne sera toujours. Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel, cela sera toujours. Donne-nous aujourd’hui notre pain de chaque jour, cela ne sera pas toujours. Remets-nous nos dettes, cela ne sera pas toujours. Ne nous fais pas entrer dans la tentation, cela ne sera pas toujours. Mais là où est la tentation, là où est le mal, il est nécessaire que nous fassions ces demandes.
Cette prière vous encourage, non seulement à apprendre à demander à votre père qui est dans les cieux ce que vous désirez, mais à apprendre aussi ce que vous devez désirer. Amen.

 

Mercredi des Cendres, 9 mars 2011

4 mars, 2014

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BÉNÉDICTION ET IMPOSITION DES CENDRES- 2011 – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

4 mars, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2011/documents/hf_ben-xvi_hom_20110309_ceneri_fr.html

PROCESSION PÉNITENTIELLE DE L’ÉGLISE SAINT-ANSELME
À LA BASILIQUE SAINTE-SABINE SUR L’AVENTIN
MESSE, BÉNÉDICTION ET IMPOSITION DES CENDRES

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Sainte-Sabine
Mercredi des Cendres, 9 mars 2011 – année A

Chers frères et sœurs!

Nous entamons aujourd’hui le temps liturgique du carême avec le rite suggestif de l’imposition des cendres, à travers lequel nous voulons prendre l’engagement de convertir notre cœur vers les horizons de la Grâce. En général, dans l’opinion commune, ce temps a parfois une connotation de tristesse, de grisaille de la vie. En revanche, il est un don précieux de Dieu, c’est un temps fort et dense de significations sur le chemin de l’Eglise, c’est l’itinéraire vers la Pâque du Seigneur. Les lectures bibliques de la célébration de ce jour nous offrent des indications pour vivre en plénitude cette expérience spirituelle.
«Revenez à moi de tout votre cœur» (Jl 2,12). Dans la première lecture, tirée du livre du prophète Joël, nous avons entendu ces paroles par lesquelles Dieu invite le peuple juif à une repentance sincère et non de pure forme. Il ne s’agit pas d’une conversion superficielle et passagère, mais bien d’un itinéraire spirituel qui concerne en profondeur les attitudes de la conscience et suppose une intention sincère de repentir. Le prophète s’inspire de la plaie de l’invasion des sauterelles qui s’était abattue sur le peuple en détruisant les récoltes, pour inviter à une pénitence intérieure, à se lacérer le cœur et non les vêtements (cf. 2, 13). Il s’agit donc de mettre en œuvre une attitude de conversion authentique à Dieu — revenir à Lui —, en reconnaissant sa sainteté, sa puissance, sa majesté. Et cette conversion est possible parce que Dieu est riche en miséricorde et grand dans l’amour. Sa miséricorde est régénératrice, elle crée en nous un cœur pur, renouvelle intimement un esprit ferme, en nous restituant la joie du salut (cf. Ps 50, 14). Dieu, en effet, — comme dit le prophète — ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et vive (cf. Ez 33, 11). Le prophète Joël ordonne, au nom du Seigneur, que se crée une atmosphère pénitentielle propice: il faut sonner du cor, convoquer l’assemblée, réveiller les consciences. Le temps quadragésimal nous propose ce contexte liturgique et pénitentiel, un chemin de quarante jours au cours desquels faire l’expérience de manière concrète de l’amour miséricordieux de Dieu. Aujourd’hui retentit pour nous l’appel «Revenez à moi de tout votre cœur»; aujourd’hui, c’est nous qui sommes appelés à convertir notre cœur à Dieu, toujours conscients de ne pas pouvoir réaliser notre conversion seuls, avec nos forces, parce que c’est Dieu qui nous convertit. Il nous offre encore son pardon, en nous invitant à revenir à Lui pour nous donner un cœur nouveau, purifié du mal qui l’opprime, pour nous faire prendre part à sa joie. Notre monde a besoin d’être converti par Dieu, il a besoin de son pardon, de son amour, il a besoin d’un cœur nouveau.
«Laissez-vous réconcilier avec Dieu» (2 Co 5, 20). Dans la deuxième lecture, saint Paul nous offre un autre élément sur le chemin de la conversion. L’apôtre nous invite à détourner notre regard de lui et à tourner en revanche notre attention sur celui qui l’a envoyé et sur le contenu du message qu’il apporte: «Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu» (ibid.). Un ambassadeur répète ce qu’il a entendu prononcer par son Seigneur et parle avec l’autorité qu’il a reçue et dans ses limites. Celui qui exerce la fonction d’ambassadeur ne doit pas attirer l’intérêt sur lui-même, mais il doit se mettre au service du message à transmettre et de celui qui l’a envoyé. C’est ainsi qu’agit saint Paul en exerçant son ministère de prédicateur de la Parole de Dieu et d’apôtre de Jésus Christ. Il ne recule pas devant la tâche reçue, mais il l’accomplit avec un dévouement total, en invitant à s’ouvrir à la grâce, à laisser Dieu nous convertir: «Et puisque nous travaillons avec lui — écrit-il — nous vous invitons à ne pas laisser sans effets la grâce reçue de Dieu» (2 Co 6, 1). «Or l’appel du Christ à la conversion — nous dit le Catéchisme de l’Eglise catholique — continue à retentir dans la vie des chrétiens. [...] C’est une tâche ininterrompue pour toute l’Eglise qui “enferme des pécheurs dans son propre sein” et qui “est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et qui poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement”. Cet effort de conversion n’est pas seulement une œuvre humaine. Il est le mouvement du “cœur contrit” (Ps 51, 19) attiré et mû par la grâce à répondre à l’amour miséricordieux de Dieu qui nous aimés le premier» (n. 1428). Saint Paul s’adresse aux chrétiens de Corinthe mais, à travers eux, il entend s’adresser à tous les hommes. Tous ont en effet besoin de la grâce de Dieu, qui illumine l’esprit et le cœur. Et l’apôtre presse: «Or, c’est maintenant le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut» (2 Co 6, 2). Tous peuvent s’ouvrir à l’action de Dieu, à son amour; à travers notre témoignage évangélique, nous, chrétiens, devons être un message vivant; dans de nombreux cas, nous sommes même l’unique Evangile que les hommes d’aujourd’hui lisent encore. Voilà notre responsabilité sur les traces de saint Paul, voilà un motif de plus pour bien vivre le carême: offrir le témoignage de la foi vécue à un monde en difficulté qui a besoin de revenir à Dieu, qui a besoin de conversion.
«Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour vous faire remarquer d’eux» (Mt 6, 1). Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus relit les trois œuvres fondamentales de piété prévues par la loi de Moïse. L’aumône, la prière et le jeûne caractérisent le juif qui observe la loi. Au fil du temps, ces prescriptions avaient été érodées par la rouille du formalisme extérieur, ou encore, elles s’étaient transformées en un signe de supériorité. Jésus met en évidence dans ces trois œuvres de piété une tentation commune. Lorsque l’on accomplit quelque chose de bon, presque instinctivement naît le désir d’être estimé et admiré pour la bonne action, c’est-à-dire d’avoir une satisfaction. Et cela, d’une part, conduit au repli sur soi, et, de l’autre, à aller au dehors de soi, car l’on vit projeté vers ce que les autres pensent de nous et admirent en nous. En reproposant ces prescriptions, le Seigneur Jésus ne demande pas le respect formel d’une loi étrangère à l’homme, imposée par un législateur sévère comme un lourd fardeau, mais invite à redécouvrir ces trois œuvres de piété en les vivant de façon plus profonde, non pas par amour propre, mais par amour de Dieu, comme moyens sur le chemin de conversion à Lui. Aumône, prière et jeûne: tel est l’itinéraire de la pédagogie divine qui nous accompagne, non seulement au cours du carême, vers la rencontre avec le Seigneur Ressuscité; un itinéraire qu’il faut parcourir sans ostentation, dans la certitude que le Père céleste sait lire et voir également dans le secret de notre cœur.
Chers frères et sœurs, commençons confiants et joyeux l’itinéraire du carême. Quarante jours nous séparent de Pâques; ce temps «fort» de l’année liturgique est un temps propice qui nous est donné pour parvenir, avec un engagé accru, à notre conversion, pour intensifier l’écoute de la Parole de Dieu, la prière et la pénitence, en ouvrant le cœur à l’accueil docile de la volonté divine, en vue d’une pratique plus généreuse du sacrifice qui permet de porter toujours plus son aide au prochain dans le besoin: un itinéraire spirituel qui nous prépare à revivre le Mystère pascal.
Que Marie, notre guide sur le chemin quadragésimal, nous conduise à une connaissance toujours plus profonde du Christ, mort et ressuscité, qu’elle nous aide dans le combat spirituel contre le péché, qu’elle nous soutienne pour invoquer avec force: «Converte nos, Deus salutaris noster», — Convertis-nous à Toi, ô Dieu, notre salut». Amen!

Christ en gloire entouré par la société du ciel.

3 mars, 2014

Christ en gloire entouré par la société du ciel. dans images sacrée 347

http://www.anglican.org.au/content/historical_archive/images/eastern_influence.aspx

POURQUOI DES CENDRES ?

3 mars, 2014

http://www.croire.com/Definitions/Fetes-religieuses/Mercredi-des-Cendres/Pourquoi-des-cendres

MERCREDI 5 MARS 2014

POURQUOI DES CENDRES ?

Cette coutume de se couvrir la tête de cendres – et à l’origine de se revêtir aussi d’un sac – est une ancienne pratique pénitentielle qui remonte au peuple hébreu (Jonas 3.5-9 : Jérémie 6.26 ; 25- 34 ; Matthieu 1 1,21).

Le mercredi des Cendres marque l’entrée officielle en Carême et dans le cycle pascal. Il peut tomber n’importe quel mercredi entre le 4 février et le 10 mars, en fonction de la date de Pâques. Les cendres qui proviennent des rameaux de l’année précédente, brûlés pour l’occasion, sont déposées sur le front des fidèles.

Aux commencements du christianisme
Ce rite des cendres n’était pas directement associé au début du Carême. Vers l’an 300. il fut adopté par certaines Églises locales et intégré au rite d’excommunication temporaire ou de renvoi des pécheurs publies de la communauté. Ces personnes s’étaient rendues coupables de péchés ou de scandales « majeurs » : apostasie. hérésie, meurtre et adultère (considérés comme des péchés « capitaux »).

Au VIIe siècle environ
Cette coutume donna lieu, dans certaines églises, à un rite public du mercredi des Cendres. Les pécheurs confessaient d’abord leurs péchés en privé. Puis ils étaient présentés a l’évêque et mis publiquement au rang des pénitents, ils devaient se préparer pour recevoir l’absolution donnée le Jeudi saint. Après une imposition des mains et des cendres, ils étaient renvoyés de la communauté comme Adam et Eve l’avaient été du paradis. Bien sûr, on leur rappelait que la mort est la conséquence du péché : « Oui, tu es poussière et à cette poussière tu retourneras » (Genèse 3,19).
Les pénitents vivaient en marge de leur famille et du reste de la communauté chrétienne pendant les quarante jours du Carême (d’où l’expression de « quarantaine »). Le « sac » qu’ils avaient revêtu et la cendre dont ils étaient couverts permettaient de les reconnaître lors des assemblées ou, le plus souvent, aux portes de l’église où ils étaient relégués. Cette pratique pénitentielle impliquait généralement de s’abstenir de viande, d’alcool, de bain. Il était également interdit de se faire couper les cheveux, de se raser, d’avoir des relalions sexuelles et de gérer ses affaires. Selon les diocèses, il arrivait que certaines pénitences durent plusieurs années, voire toute la vie.

Au cours du Moyen Âge
C’est la dimension personnelle du péché, plutôt que son caractère public, qui fut objet d’insistance. Par conséquent, tes traditions associées au mercredi des Cendres furent appliquées a tous les adultes de la paroisse, mais sous une forme mitigée. Au XIe siècle, les pratiques en usage étaient fort semblables à celles que nous connaissons aujourd’hui- Depuis quelques années, il existe une alternative à la formule traditionnelle pour l’imposition des cendres. Elle met en valeur un aspect beaucoup plus positif du Carême : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc 1,15).
Dans les Églises de Bretagne insulaire et d’Irlande, une nouvelle modalité pénitentielle se développa, entre le VIe et le VIIIe siècle, sous l’influence des moines celles. Il s’agissait d’une forme de pénitence personnelle et privée pour des péchés moins graves que ceux évoqués ci-dessus. Cette pratique, plus que le rite du mercredi des Cendres, allait contribuer a faire évoluer les modalités du sacrement de la réconciliation.

Trois sortes de traditions ont donné au Carême son caractère spécifique
1. celles qui favorisent un climat d’austérité ;
2. les pratiques pénitentielles. surtout en matière de jeûne et d’abstinence
3. les dévotions centrées sur la souffrance de Jésus.

Au cours de ces vingt dernières années, ces traditions ont été associées à des pratiques nouvelles, mettant l’accent sur une dimension plus positive du Carême.

Bon Carême !

ORIGINES DU CARÊME DANS L’HISTOIRE

3 mars, 2014

http://www.liturgiecatholique.fr/Origines-du-careme-dans-l-histoire.html?artsuite=0

ORIGINES DU CARÊME DANS L’HISTOIRE

Le mot « carême » vient du latin « quadragesima ». Il désigne la période de quarante jours pendant laquelle l’Eglise se prépare à Pâques par une vie chrétienne plus intense et par diverses pratiques de pénitence.
Canoniquement, pour le jeûne, le carême de l’Eglise latine commmence le mercredi des Cendres et s’achève le samedi saint à midi.
De nos jours, les liturgistes ont coutume d’y distinguer deux « temps liturgiques », celui du carême proprement dit et celui de la Passion, qui commence aux premières vêpres du dimanche de la Passion, c’est-à-dire du dimanche « des Rameaux ».
Les origines du carême :
A la suite de saint Jérôme et de saint Léon, certains auteurs attribuent au carême une origine apostolique ; d’autres nient qu’il ait existé avant le IVème siècle. Au départ, le jeûne primitif de la semaine sainte était, si possible ininterrompu, et on s’y livrait pour accomplir la parole du divin Maître : « Des jours viendront où l’Epoux sera enlevé à ses disciples, et alors ils jeûneront » (Luc 5,35).
Dans les Eglises issues de la gentilité, on jeûnait au moins pendant les quarante heures commémoratives de la disparition du Sauveur, c’est à dire du vendredi soir au dimanche matin. Dans les Eglises d’origine judéo-chrétienne, on commençait à jeûner dès le lundi, parce qu’on regardait ce jour comme le point de départ du complot des pharisiens pour faire mourir Jésus, donc comme le commencement de la disparition de l’Epoux, et parce que la coutume juive enjoignait aux Hébreux de se nourrir pendant sept jours du « pain de l’affliction » au temps de la Pâque. Ainsi le jeûne primitif de la Semaine Sainte nous apparaît-il en définitive comme un jeûne de compassion et de deuil pour la disparition de l’Epoux ; ce n’est pas un jeûne préparatoire à la célébration du mystère, mais un jeûne qui l’accompagne.
Il semblerait que la préoccupation de l’Eglise dans l’institution nouvelle ait été la préparation immédiate des catéchumènes au baptême, préparation qui durait quarante jours, ainsi que celle des pénitents admis à être réconciliés le jeudi-saint ; mais à ces deux catégories de sujets l’Eglise entendait bien associer par la même occasion tous les fidèles parce que c’est le corps mystique tout entier qui doit mourir et ressusciter avec le Christ pour se renouveler en lui dans les solennités pascales.
Le Seigneur n’a jamais séparé dans son enseignement le jeûne de l’aumône et de la prière (Mt 6, 1 – 18). Les Pères de l’Eglise devaient le rappeler chaque année au peuple avec insistance, comme en témoignent en particulier les sermons de saint Léon le Grand. Aussi le jeûne s’accompagna-t-il toujours de réunions de prières à l’écoute de la parole de Dieu.
C’est ainsi que, dès le temps d’Augustin et de Chrysostome, le carême possédait les traits qu’il devait conserver par la suite : temps de jeûne, de partage et de prière pour tout 

 

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