ROMAINS 5,1-5 – COMMENTAIRE
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ROMAINS 5,1-5 – COMMENTAIRE
(Ce commentaire a été écrit pour la fête de la Trinité, je propose aussi parce que les étapes de lecture sont très proches de celles de dimance)
Plus haut Paul a montré, en Abraham, le croyant, que c’est Dieu qui fait de nous des justes par la foi et non notre pratique de la loi. Il évalue à présent la condition nouvelle à laquelle nous sommes ainsi promus.
Il évalue ce qui change à partir du moment où l’on vit dans la foi.
« Il renonce à la prétention d’acquérir le salut par ses seules forces, notamment à travers des œuvres prétendues bonnes »Blanchart –Feu Nouveau 4
La première partie de l’épître aux romains pouvait être intitulée : « libération ou justification de tous ceux qui croient », la seconde partie pourrait être intitulée « la certitude de notre espérance »
A partir de ce chapitre 5 ce n’est plus la foi qui est au centre de l’exposé de Paul : son regard se porte maintenant vers l’avenir incertain plutôt que vers la grâce de ceux qui sont établis dans la foi.
Il commence par une argumentation fouillée à propos de la certitude de notre espérance, certitude basée sur sa propre expérience et sur l’écriture.
Paul cite les expériences positives qui, elles, donneront la certitude, mais il n’éludera pas pour autant les expériences négatives qui elles, peuvent conduire à l’espérance.
« Conscient de son impuissance à gagner le salut, l’homme peut reconnaître en la personne du Christ l’unique médiateur par lequel nous est accordé ce que Paul appelle l’accès au monde de la grâce » Blanchard.
v.1 Jadis pécheurs, « nous voici en paix avec Dieu », puisque la foi nous rend solidaires de Jésus.
A propos de la traduction Segond traduit « ayons la paix », d’autres traductions disent
« nous devrions avoir la paix ».
Ce qui apparaît dès le premier verset , c’est que la justification est un fait acquis, contrairement à la conception juive qui l’espérait partiellement pour l’avenir, elle est porteuse de la Paix : « je vous donne ma paix ».
Une question se pose : quelles sont les conséquences de cette _ justification ?
Le premier fruit de la justification par la foi, c’est l’humble reconnaissance de notre état de pécheur et l’accueil plein de confiance en la miséricorde du Seigneur, donc du don de la paix.
Le « shalom » biblique comporte toute une gamme de significations : harmonie, paix, bien être. Si Paul utilise ce terme c’est pour exprimer que le justifié vit maintenant dans une harmonie rétablie avec Dieu, avec le prochain, avec lui.
Car, nous sommes libérés par la foi : « ainsi donc justifiés par la foi »
La 2e partie du verset annonce plutôt une certitude liée à l’espérance dans l’avenir. : Paul regarde loin devant, vers l’avenir final d’une paix entière.
L’espérance chrétienne n’est pas un optimisme béat, ni une confiance naïve en un avenir facile ni une fuite de ce monde, encore moins une fuite de la réalité et du passé.
L’espérance chrétienne se fonde sur la certitude de Jésus-Christ mort-ressuscité, certitude basée sur son don d’amour dans sa passion-mort et la réponse de Dieu le ressuscitant. La certitude de l’espérance est avant tout basée sur ce que Dieu a fait et ne cesse de faire pour son Christ, son peuple et pour nous.
C’est de cette certitude dont il est question dans les v 5-11.
La foi nous rend solidaires de Jésus. En lui, nous reconnaissons le Christ qui exerce sur nos vies sa puissance de « Seigneur » ressuscité. Il nous installe dans le monde de la grâce et nous introduit dans le palais de Dieu.
v2. Second fruit : nous y avons accès : grâce à l’invitation du roi au festin des noces. L’idée d’accès fait penser à l’introduction dans la salle de festin du roi de ceux qui sont entrés revêtus de l’habit de noces. Le justifié est introduit dans un état de grâce, l’habit de noces, l’Esprit, l‘amour dont il est revêtu.
Notre sujet de fierté ce ne sont pas nos mérites, mais l’espérance de la gloire de Dieu.
Aussi l’œuvre du Christ nous assure que Dieu veut nous rendre participants et nous conduire à sa gloire, à sa présence intime et définitive, déjà dès maintenant.
V3 : Troisième fruit : la persévérance, fidélité, espérance.
Nous oublions souvent le passage obligé que nous connaissons lors des difficultés, des détresses, des occasions de découragement. C’est le parcours du Christ. Nous les supportons comme un test (la valeur éprouvée), sachant que Dieu ne nous trompe pas quand il nous appelle à espérer. Car Dieu nous a donné cet Esprit qui nous apprend l’amour que Dieu nous porte déjà.
V5 : c’est le verset central : « l’espérance ne trompe pas ». Le choix de ce verset se justifie pour cette fête de la Trinité : il fait la relation entre l’Esprit Saint et l’amour de Dieu pour les hommes et l’amour au sein de la Trinité. La bible de Jérusalem traduit » l’espérance ne déçoit pas » « Dieu a répandu l’amour dans nos cœurs par
l’Esprit Saint ». C’est l’Esprit qui nous garantit à la fois le salut, l’amour de Dieu et l’avenir.
Après avoir évoqué la foi, l’espérance, Paul évoque maintenant l’amour. S’agit-il de l’amour de Dieu pour nous ou de notre amour pour Dieu ? (les exégètes discutent)
L’amour que Dieu a pour nous, celui qu’il nous a manifesté et donné, celui que nous avons pu expérimenter par la foi et qui nous a rétablis dans l’amitié avec Dieu, cet amour nous pouvons maintenant le manifester aux autres.
La preuve de la justification acquise réside dans l’œuvre d’amour qui s’accomplit présentement en nous par l’Esprit.
« Voici le plus profond des changements intervenus et qui a rendu les autres possibles qui a eu lieu au tréfonds de nous mêmes, au point qui nous constitue chacun comme un être original. L’amour de Dieu et de l’Esprit Saint qu’il le véhicule, nous ont été donnés. On remarquera que l’ordre des facteurs énoncés par Paul pourrait être renversé : a Esprit Saint donné ; b) amour répandu en nous ; c) espérance qui nous permet la confrontation avec l’épreuve ; d) et qui se résout ainsi en persévérance ; e) nous pouvons dès lors considérer les épreuves qui nous surviennent comme une occasion de fierté. Justement parce que nous avons reçu tout ce qui était nécessaire » A. Maillot dans l’Epître aux Romains p 136-137
C’est l’expérience de Paul sur le chemin de Damas et il pense à l’expérience de tous ceux qui ont été baptisés en Christ. C’est l’expérience de l’Esprit comme un amour qui a été répandu dans son cœur.
Ce qui est certain c’est que l’espérance ne sera pas déçue. A la différence de l’AT qui restait dans le provisoire, le chrétien fait déjà l’expérience de ce qu’il vivra pleinement. Un avant goût de la divinité a été répandu dans nos cœurs, c’est le don de la paix lorsque l’Esprit vient en nous.
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