Archive pour le 20 mars, 2014

Jésus bénissant les enfants

20 mars, 2014

 Jésus bénissant les enfants dans images sacrée hristos-binecuvantand+copiii

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CAUSERIE #1 : …SI NOUS SAVONS LAISSER DIEU NOUS RENDRE PARFAITS.

20 mars, 2014

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CAUSERIE #1 : …SI NOUS SAVONS LAISSER DIEU NOUS RENDRE PARFAITS.

Le Seigneur m’a comblée de joie et m’a revêtue de sainteté
(Antienne de Laudes, Mercredi 4e semaine du Temps ordinaire)

INTRODUCTION
Je voudrais vous dire une chose, une chose simple. Je voudrais la clamer, la chanter, la hurler tout au long de cette retraite, pour qu’elle puisse enfin être ENTENDUE. Je connais des gens qui la savent, qui la disent, qui l’enseignent mais qui ne l’entendent pas. La preuve : c’est que leur vie est comme écrasée par l’absence de cette chose-là. Cette chose-là est simple, infiniment simple. Elle ne demande aucun diplôme pour être comprise, aucune formation théologique, aucun effort non plus. Elle nous est donnée d’avance. Et en plus, c’est le cœur de notre foi chrétienne.
J’ai mission de vous dire et non de vous convaincre que toute notre foi chrétienne est que nous n’avons pas à mériter Dieu. Dieu le premier nous a choisis tels que nous sommes, nous aime tels que nous sommes et absolument rien ne peut entraver son désir de nous voir être des saintetés. Dieu a décidé de faire de nos vies son Paradis. Nous sommes le Paradis de Dieu (Silouane). Or Dieu n’habite que dans des lieux saints. Dans le Livre de la Vie, Thérèse d’Avila affirme que la première grâce est d’être visité par Dieu. Elle ajoute que cette première seule pourrait paraître suffisante pour marcher sans trouble et sans crainte, s’avancer avec plus de courage dans la voie du Seigneur.
Nous avons beaucoup de résistances à nous entendre dire que nous sommes des saintetés. D’où nous vient cette idée que nous devons mériter notre «sainteté»? D’où nous vient cette conviction que nous devons d’abord nous montrer dignes et qu’ensuite, seulement, nous serons des «saintetés»? Dire que cela vient de l’Évangile est un contresens. Nous aimerions tellement que notre vie de sainteté vienne de nous. Elle nous est donnée par pure grâce. Relisons l’épitre aux romains. Paul nous dit que nous n’avons plus à nous tourmenter de nos imperfections, que nous n’avons pas à nous angoisser de nos faiblesses, à nous tenir dans une raideur désespérée pour devenir ce que nous souhaitons le plus. Dieu nous a choisis pour être de «belles saintetés». Tout est dit. Je ne vais que redire cela sous différents angles cette semaine. Dieu a une rage de perfection pour nous. C’est son travail de l’accomplir en nous et le nôtre de l’accueillir.

LE PREMIER COMMANDEMENT
Le premier commandement n’est pas celui auquel nous pensons. Le grand commandement qui renferme tous les autres, c’est que rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu. Dieu est plus grand que notre cœur et connaît tout (1 Jn 3, 20). Voilà notre foi. Rien ne peut nous séparer de cette insaisissable initiative de Dieu qui pulvérise tout ce qu’il approche. Tout le monde sait ça. C’est la banalité même et pourtant cette parole est peu ENTENDUE. Elle n’est pas entendue de la bonne oreille. Elle n’est pas entendue par cette oreille qui nous plonge dans la profondeur de notre être, là où tout se joue. Cette oreille que devait avoir le paralytique en entendant Jésus lui dire lève-toi et marche. Cette oreille que devait avoir Zachée quand il entendit Jésus s’inviter chez lui.
Le grand commandement, c’est que Dieu est en nous pure grâce. Notre culture religieuse a véhiculé ce langage. Elle ne l’a pas nécessairement ENTENDU, REÇU. Nous avons développé le langage du devoir, de tout faire pour être dignes de Jésus pour ensuite être des saintetés. Cette culture n’est pas le cœur ni le centre de l’Évangile. La foi chrétienne commence en mettant justement fin à cette idée. Toute autre culture que celle d’un Dieu qui nous trouve de son goût, peu importe notre état d’indignité, est un contresens évangélique. Nous risquons de rapetisser la beauté de l’Évangile et de l’initiative de Dieu en insistant sur ce que Dieu a dit ou le moi je vous dis.
Benoît XVI déclarait à des jeunes s’interrogeant sur leur avenir que nous devons, d’abord, entrer dans ce mystère ontologique dans lequel Dieu se donne. Il poursuit en affirmant que la vraie nouveauté, ce n’est pas ce que nous faisons, la vraie nouveauté, c’est ce que le Seigneur a fait. Le Seigneur s’est donné lui-même, il nous a donné la vraie nouveauté d’être membres de son Corps
Nous avons tellement porté attention à ce piège du démon (Dieu a dit de ne pas manger de l’arbre ou encore Jésus a dit d’être parfaits comme notre Père céleste ou de dépasser la justice des Pharisiens) que nous avons oubliés d’entendre que Dieu nous aime sans mérite de notre part.Nous oublions que le premier geste de Dieu, après le comportement inadéquat au jardin du paradis, fut de s’empresser à rechercher les premiers habitants du paradis (Guerric).Nous comprenons que les premiers habitants du paradis ont refusé d’accepter ce que Dieu leur avait demandé : tu ne mangeras pas, mais nous ne voyons pas ou nous voyons moins que cela n’a pas affecté Dieu dans son «entreprise» de nous conquérir, de nous rendreà son image. Nous avons oublié que la justice de Dieu est révélée par la foi et pour la foi (Rm 1, 16s)et que Dieu est notre justice (1 Cor 1, 30). Tous les êtres humains ont besoin de la justice de Dieu car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu (Rm 1, 18-3, 20; Rm 3, 23; 11, 32; Ga 3, 22). Notre sainteté est l’œuvre de Dieu. Ce n’est jamais sur la base de nos mérites que nous sommes acceptés par Dieu.
Jusqu’à un passé très récent, notre langage parlait de sacrifices à faire, de renoncements quotidiens, de refus de tous les plaisirs de la vie. Et pourtant le prophète Osée n’a cessé de dire : c’est l’amour que je veux et non les sacrifices. C’est la connaissance de Dieu que je préfère aux holocaustes (Os 6, 6). Notre culture a toujours favorisé un langage négatif et déprimant pour parler des chrétiens, celui des sacrifices, de l’ascèse qui pourtant ne sont pas des créations chrétiennes. Dans la lointaine antiquité, l’ascèse était clamée par les bouddhistes. Je le redis : le cœur de l’évangile, c’est la tendresse de Dieu, son désir divin de nous épouser, de transfigurer nos laideurs en beauté. Au début de son pontificat, Benoît XVI appelait à un autre langage : celui de la beauté d’être chrétiens, de la beauté de l’Évangile.

L’ASCÈSE LÀ DEDANS ?
Il ne s’agit pas de condamner l’ascèse. Jésus lui-même a jeûné. Mais dans l’Évangile, l’ascèse n’est pas première. Elle n’est même pas essentielle. Nous avons fait de notre pratique évangélique une discipline. Nous avons développé jusqu’à la perfection —Maurice Belle parle de la rage de la perfection— le tu dois. C’est le premier mot qui vient quand nous posons la question aux chrétiens. Nous sommes identifiés à des « il faut» qui précèdent tout. Il y a en nous quelque chose d’un peu incompréhensible : c’est d’identifier la Bonne nouvelle, l’Évangile, a une vie de dureté. Nous identifions les chrétiens à leur capacité de nous convertir à tous ces «il faut», ces «tu dois».
Jésus nous a laissé une belle image du contraire dans la parabole du pharisien et du publicain. L’un disait : je te remercie, Seigneur, de ce que je ne suis pas comme les autres et l‘autre, tout au fond de l’église, de son cœur, disait : pitié pour moi qui suis pécheur. Il s’en alla justifié, précise la finale de la parabole et non le premier. Le pharisien faisait tout. C’était lui qui se vantait d’être meilleur. Pourtant le premier sentiment qui nait en présence de Dieu, c’est notre profonde indignité. Nous savons cela. Nous enseignons cela. Il faut le comprendre aussi. Pour appeler quelqu’un, Jésus ne commence pas par l’éblouir. Il le réveille à sa profondeur, à son indignité qui appelle à être sauvée. La chance du pécheur, c’est de découvrir de plus en plus la nécessité de dépendre de la grâce pour tenir debout.
Ce fut l’expérience de la conversion d’Isaïe (6, 3-8) quand, dans le temple, il vit le Seigneur. Il s’écria : Malheur à moi, je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers […]. J’entendis la voix du Seigneur dire : qui enverrai-je? Qui sera mon messager? J’ai répondu : Moi, je serai ton messager, envoie-moi.
Ainsi l’avait compris saint Paul : Car moi, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu. Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et la grâce dont il m’a comblé n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres, à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi.
Ainsi l’a compris saint Pierre quand il s’écria après la pèche miraculeuse chez (Luc 5, 1-11) : Éloigne-toi de moi, je suis pécheur. La demande de Pierre produit le contraire. Elle attire Jésus alors que l’attitude du pharisien ne le fascine pas du tout. Cette reconnaissance de nos échardes, n’est pas du tout de l’humiliation mais bien la reconnaissance de la manière d’agir de Dieu envers nous. Il a pitié de nous, de notre indignité reconnue.
Le seul chemin pour devenir des saintetés, pour laisser Jésus venir vers nous, c’est de le supplier de s’éloigner de nous en redisant comme Pierre : Seigneur, écarte-toi de moi, car je suis un homme pécheur. Cette demande ne sera jamais exaucée. Jésus ne s’écarte pas de ceux qui ont besoin de lui. Celui qui, dans cette attitude du publicain, s’écarte et meurt peu à peu, c’est le vieil homme, le satisfait, le suffisant.
Dans cette prière du publicain, dans cette attitude de pauvreté spirituelle, nous invitons Jésus à réaliser pour nous son œuvre de salut, comme une nouvelle incarnation. Nous l’invitons à descendre auprès de nous, à demeurer avec nous, lui qui n’est venu sur terre que pour inviter les pécheurs, les pauvres, les malades en tous genres. Pouvoir confesser que nous sommes indignes de la venue de Jésus, c’est la meilleure manière de l’accueillir tel qu’il veut se donner à nous, comme Amour miséricordieux. C’est le seul chemin pour être des saintetés.
En fin connaisseur de l’humain, Jésus sait bien que nous connaîtrons l’échec, que nous n’arriverons pas parfaitement à bien vivre nos vies. C’est pourquoi il nous a dit quesi notre cœur venait à nous faire des reproches, que si nous succombions à la tentation de ruminer nos erreurs, si nous entretenions des angoisses à propos de notre façon de vivre entre nous, en communauté, Dieu est plus grand que notre cœur et connaît tout (1 Jn 3, 20). Dieu voit que l’Évangile nous brule le cœur et cela lui suffit. Nous ne devons jamais oublier que le Seigneur ne nous traite pas selon nos péchés, qu’il ne nous rend pas selon nos fautes (Ps 103, 10).Nous ne devons pas oublier aussi que notre amour —si imparfait soit-il— couvre une multitude de péché (1 Pi 4, 8). Si nous nous abandonnons à Dieu jusqu’à remettre entre ses mains nos échecs et indignités, alors Dieu s’empresse de nous venir en aide, de venir vers nous. Tout au long de ses écrits, Jean prend bien soin de préciser que le travail du chrétien est de croire en Celui que Dieu a envoyé (Jn 6, 29).
Bref, méfions-nous du miroir, de la perfection du miroir. Il y a en nous cette rage de parvenir à nous donner une image satisfaisante de nous-mêmes pour plaire à Dieu. Ce faisant, nous véhiculons l’image que notre Dieu est sans pitié, despote, juge sans cœur et cruel dont la justice correspond à notre justice humaine.

LISTE DES PERSONNES QUI NOUS ONT MARQUÉS
Quand nous faisons la liste de personnes qui nous ont marqués, nous réalisons que ce sont leurs œuvres qui nous fascinent d’abord. Ensuite ce sont ce qu’elles sont. Mais pour le sage de l’Évangile : l’œuvre, c’est la personne elle-même. L’œuvre, c’est le travail de Dieu dans la personne elle-même.
Les saints que nous observons, ceux et celles qui nous marquent ne se sont jamais vus comme des saints, mais tous et toutes se savaient des épousés de Dieu. Ils savaient que Dieu les avait choisis malgré leur écharde, malgré leur faiblesse et, pourquoi pas, à cause de la beauté de leur faiblesse qui faisait mieux rayonner la puissance de Dieu en eux.

LE GRAIN DE BLÉ
L’image évangélique de la perfection n’est-elle pas le grain qui, à travers le pourrissement, le sommeil hivernal, le déchirement du printemps, en vient, dans la splendeur de l’été, dans la chaleur du soleil, à donner fruit : trente, soixante, cent pour un? Ce qui est «saint» en nous, ce qui est beau en nous, est ce qui en sort, ce qui est engendré par notre exposition au soleil de Dieu : c’est le fruit que nous sommes. Nous sommes des «œuvres» de Dieu, des engendrés de Dieu. Dieu nous a faits et nous sommes à lui.
Cette réalité est malheureusement, en régime chrétien, réduite, rétrécie par nos modes tendances, par ce souci de porter toute notre attention à ne rien faire de mal. L’examen de conscience porte toujours sur ce qui nous manque, sur ce que nous n’avons pas fait ou sur ce qui fait que nous ne sommes pas conformes à un modèle de tel ou tel saint qui nous rejoint le plus. Rarement, nous examinons notre état de réceptivité à ce que nous recevons. Nous rétrécissons l’immensité du don de Dieu. Luther a compris que ce qui est premier, ce ne sont point nos œuvres, nos indignités, c’est la grâce de Dieu. Quel malheur, quel immense malheur que cette découverte soit devenue fracture de l’Église! Quel heureux fruit de l’œcuménisme que la déclaration conjointe de la fédération luthérienne mondiale et de l’Église catholique sur la justification en 1998!
Cette déclaration touche le cœur de notre foi. La vérité, c’est la grâce de Dieu au moyen de la foi qui vaut notre justification, notre sainteté (#5 de la déclaration). La grâce de Dieu nous réconcilie avec nos indignités en Dieu. Nous avons tellement, dans le passé, entrevu la grâce de Dieu comme quelque chose qui nous déresponsabilise, quelque chose qui nous diminue comme humain que nous avons préféré insister sur nos œuvres. Dieu et son initiative est lentement devenu notre ennemi, notre opposant.
Bref, notre sainteté vient de Dieu et Dieu ne voit que notre bonne volonté à vivre le saint évangile. Notre agir, ce que l’on appelle les bonnes œuvres, est la conséquence de notre sainteté. Notre agir, c’est la beauté du fruit du grain de blé. Lorsque le Christ nous habite, nous portons de beaux fruits. Jésus lui-même invite ceux et celles qui demeurent en lui à porter de beaux fruits. Tout vient de Dieu. Tout vient de nous.

EN CONCLUSION
Quand il est écrit : soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait, que comprenons-nous? Qu’enten-dons-nous? Où donc est la perfection dans cette affirmation? Il me semble que la perfection, être parfait c’est de faire pleuvoir la pluie sur les bons et sur les méchants et de faire lever le soleil sur les justes et sur les injustes. La perfection c’est de ne pas juger et vous ne serez pas jugés. Bref, la perfection, la sainteté, c’est tout au fond de moi, de mon agir, de mon être, donner à l’autre —comme Dieu le fait à mon endroit— le droit d’être ce qu’il est, le droit d’être lui aussi pas correct comme moi. La place privilégiée de Dieu, ce sont nos enfers.
Impossible pour nous d’atteindre avec perfection cette profondeur de regard sur les autres. Impossible de prétendre que nous imitons Jésus sur ce terrain. Impossible de croire aussi que cela soit impossible. Voir ce qui nous est possible et le faire. La seule et unique tentation, c’est de nous dire que la sainteté c’est pour les autres.
À chacun son chemin de sainteté. Pour le reste, à chaque jour suffit sa peine. Retenez seulement ceci : Dieu est l’ami de nos vies. Il ne sera jamais notre ennemi. Ce qui est premier n’est pas d’aimer mais de nous laisser aimer malgré nos échardes, malgré nos petitesses, comme le répétait la petite Thérèse et que je développerai à notre prochain rendez-vous.

Du temps pour ENTENDRE ce que nous savons. Le Seigneur m’a comblée de joie et m’a revêtue de sainteté (Antienne de Laudes, Mercredi 4e semaine).

 

LES HYMNES CHRISTOLOGIQUES DES LETTRES DE PAUL

20 mars, 2014

http://web.cathol.lu/servicesdienste/pastorale-biblique/se-convertir-au-christ/article/les-hymnes-christologiques-des

LES HYMNES CHRISTOLOGIQUES DES LETTRES DE PAUL

2. Partage autour de la Parole de Dieu

Faire la lecture et partager autour des textes choisis
Pour Paul, Jésus est le « Premier-né » de tout un peuple appelé à vivre la vie en plénitude selon le bon vouloir de Dieu, « le seul sage » (Rom 16,27). L’hymne qui ouvre la lettre aux Colossiens (écrite entre les années 61 et 63) exprime clairement cette idée (lire Col 1,15-20 ). Dans la première partie (vv. 15-17), l’auteur s’émerveille de voir le Christ, « image de Dieu invisible », présider en tant que « Premier-né » toute la création, parce que c’est bien « par lui » et « pour lui » que tout a été créé. C’est le Christ qui donne toute sa cohérence à la création, parce qu’en lui habite la plénitude du projet créateur de Dieu (lire Eph 1,10 ; 1Cor 15,28 ; Ap 1,18 ; 2,8 ; 21,6). Dans la deuxième partie (vv. 18-20), l’auteur loue le Christ en tant que source de la nouvelle création, terme et aboutissement de la première : il est la « Tête du Corps », le « Principe » et le « Premier-né d’entre les morts ». Pour l’auteur, l’événement du Christ, notamment de sa résurrection, ne peut pas être compris comme un événement isolé, n’atteignant que l’homme Jésus de Nazareth, sinon comme un événement cosmique. En fait, en Jésus ressuscité c’est la résurrection de toute l’humanité qui est commencée (lire 1Cor 15). L’attente de libération qui traversait la création toute entière, devient dès maintenant réalité (lire Rom 8,18-22 ; 1Cor 3,22).
En effet, dans un autre hymne, transmis dans la lettre aux Éphésiens écrite entre les années 61 et 63, Paul proclame que Jésus est le « Bien aimé » en qui nous sommes bénis. Dans le Christ, Dieu nous a rempli de ses bénédictions en nous adoptant en lui comme ses enfants (lire Eph 1,3-14). Celui-là est, en effet, pour Paul, le sens caché de toute l’histoire humaine qui se dévoile maintenant dans le Crucifié-Ressuscité (lire Rom 16,25s ; 3,11 ; 2Tim 1,9) : Dieu, fidèle à son Projet créateur, a accompli en Jésus, l’Homme nouveau et définitif (lire Eph 4,24 ; 2Cor 5,17), ce qui était en germe dans le « premier Adam » (lire 1Cor 15,35-49). En définitive, par l’incarnation Dieu a manifesté que le Ressuscité est le sens, le centre et le but de la création et pour nous tous. En lui, le projet de Dieu s’est réalisé concrète et définitivement dans une personne ; dans la riche expression du théologien L. Boff : en lui « l’utopie s’est fait lieu/topos ». Si l’histoire humaine continue et avance au milieu des fortes douleurs de l’accouchement de l’humanité définitive (lire Mc 13,8 ; Rom 8,22), après la résurrection de Jésus, les disciples partagent cette marche en annonçant, par la parole et la pratique de la solidarité avec les souffrants, qu’au terme du chemin, ne se trouve pas la mort ou le non-sens, mais la vie, la justice de Dieu le Père qui aime les hommes qu’il a créé par pure philanthropie.
La raison de l’existence du Christ, ne peut être subordonnée au péché de l’homme et, moins encore, à la colère vindicative d’un Dieu qui est amour ; la vrai raison du Dieu fait Homme se trouve donc dans cet amour de Dieu qui a voulu créer pour aimer au-delà de lui-même. Dans ce sens, la croix n’est pas voulue par Dieu mais elle est « contingente », elle se situe dans l’histoire comme conséquence du rejet de Jésus et de son message et non pas comme un sacrifice imposé par le Père à son Fils « Bien-aimé ». Ainsi, la croix dévoile, comme dit Saint Jean, la gloire de Dieu qui nous a aimé jusqu’à l’extrême de donner sa vie en partageant la condition humaine avec tout ce qu’elle a de dramatique. Le Christ est bien le « Premier-né de toute créature » qui était prévu par Dieu depuis toute éternité pour s’approcher de l’homme et lui montrer le « chemin véritable qui conduit à la vie en plénitude » (lire Jn 14,6). L’Homme-Dieu, Jésus-Christ, est le premier voulu de Dieu et, en lui toutes les créatures viennent à l’être et sont également aimés.