Archive pour le 11 mars, 2014

SAINT SOPHRONE PATRIARCHE DE JERUSALEM

11 mars, 2014

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VIE DE SAINT SOPHRONE PATRIARCHE DE JERUSALEM

11 mars, 2014

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VIE DE SAINT SOPHRONE PATRIARCHE DE JERUSALEM

(Saint Dimitri de Rostov)

Saint Sophronios, qui porte le nom de la chasteté, naquit à Damas de parents pieux, chastes, et de bon renom, Plinthos et Myra. Dès l’enfance, il mena une vie conforme à son nom, chérissant la sagesse spirituelle et gardant sans tâche sa pureté virginale. Ces deux vertus, la sagesse spirituelle et la pureté virginale, portent le nom de la chasteté, ou plutôt, comme dit Saint Jean Climaque, la chasteté est le nom de toutes les vertus. Et le chaste Sophronios en fut l’acquéreur zélé.
Il s’attela pour commencer à la philosophie de ce monde, et fit si bien qu’il reçut le titre de sophiste, c’est-à-dire de sage. En ce temps-là, ce titre était extrêmement honorable. Seuls les philosophes les plus éminents, comme jadis Libanius au temps de Saint Basile, étaient habilités à le porter.
Il voulut ensuite acquérir la sagesse spirituelle. Pour cela, il entreprit un interminable tour des monastères et ermitages du désert pour butiner ce qui est utile à l’âme chez les pères agréables à Dieu.
C’est ainsi qu’il parvint un jour dans la ville sainte de Jérusalem, puis, non loin d’elle, au monastère de Saint Théodose le Grand. Là, il fit la connaissance du moine Jean, surnommé Moschos, homme vertueux et versé dans les deux philosophies, extérieure et spirituelle. Sophronios s’attacha à Jean comme un fils à son père, ou plutôt comme un disciple à son maître, et le servit jusqu’à sa mort. Les deux hommes fréquentèrent de concert les monastères et les déserts. A l’occasion de chaque visite, le bienheureux Jean consignait dans son livre, le pré spirituel, les exploits des saints pères. Cet ouvrage magnifique fut cité par la suite au Septième Concile Oecuménique. Jean y donne souvent à Sophronios le titre de sophiste, et le considère comme son égal. Parfois même, il l’appelle maître ou père, car il n’était plus pour lui un disciple, mais un ami, un compagnon de route et de travail, un homme qu’il jugeait supérieur à lui-même, et dont il prédisait qu’il deviendrait un grand pasteur et une colonne inébranlable de l’Eglise du Christ.
Avant d’être tonsuré, Sophronios vécut assez longtemps en Palestine aux côtés de Jean, aussi bien dans le monastère de Saint Théodose le Grand, que dans un monastère de la vallée du Jourdain, fondé jadis par Saint Sabbas, qu’on appelait le nouveau monastère. Par la suite, sous la menace de l’invasion perse, les deux amis partirent pour Antioche la Grande.
A cette époque en effet, le roi des Perses Chosroès le Jeune partit en guerre contre les territoires grecs. Il faut se souvenir à ce propos que Phocas le Bourreau venait de tuer l’empereur Maurice et de ravir son trône. Or Maurice s’était montré le bienfaiteur de Chosroès, en le recueillant quand il avait été chassé de son pays, puis en utilisant les finances et les armées impériales pour le rétablir sur son trône. C’est ainsi qu’une paix forte et durable s’était instaurée entre la Perse et l’empire des Grecs. Apprenant la disparition de son bienfaiteur, Chosroès fut si amer qu’il brisa l’accord de paix, et entreprit de venger l’empereur Maurice. Les armées perses envahirent aussitôt de nombreux territoires comme la Syrie, la Phénicie, et la Palestine, et s’en emparèrent. C’est ainsi que les saints pères qui menaient la vie ascétique dans ces contrées durent abandonner leurs monastères et s’enfuir.
C’est dans ces pénibles circonstances que Jean et Sophronios quittèrent la ville sainte, juste avant qu’elle ne fût prise par les Perses. Ces derniers emmenèrent pour quatorze années de captivité le Patriarche Zacharie et la précieuse Croix du Seigneur, causant à tous les chrétiens une grande affliction et d’inconsolables regrets.
Dans la région d’Antioche, nos saints pères butinèrent de fleur en fleur, comme des abeilles diligentes, le miel des vertueux pères, récoltant pour le pré spirituel des récits propres à l’édification de l’âme, plus doux encore que le miel. Mais comme là aussi les armées perses approchaient, ils durent s’embarquer pour l’Egypte. Une fois en Alexandrie, ils agirent selon leur habitude, continuant à engranger pour les futures générations chrétiennes de nouvelles récoltes spirituelles, amassées chez des pères qu’ils virent de leurs yeux et entendirent de leurs oreilles.
Au moment de son entrée à Alexandrie, Saint Sophronios n’était pas encore tonsuré, comme en témoigne le soixante-neuvième chapitre du pré spirituel, dans lequel Jean s’exprime ainsi : « Nous arrivâmes, moi et mon frère le Seigneur Sophronios, qui n’était pas encore tonsuré. Nous nous rendîmes chez Abba Palladios, homme vertueux et serviteur de Dieu ». Plus loin, au cent dixième chapitre, il dit : « Moi et mon Seigneur Sophronios, nous allâmes à la Laure qui se trouve à quatre-vingts stades d’Alexandrie, chez un ancien vertueux, et nous lui dîmes :
- Seigneur Abba, dis-nous une parole ! Comment devons-nous vivre l’un avec l’autre, car le Seigneur Sophiste veut renoncer au monde et devenir moine ?
- Mes enfants, pour le salut de vos âmes, vous faites bien d’abandonner ce qui est du monde ! Restez dans votre cellule, gardez l’esprit dans l’hésychia, priez sans cesse, et conservez l’espérance en Dieu. Il vous donnera l’intelligence, et éclairera votre esprit ! »
Mais quelle étonnante vertu chez notre Père Sophronios qui, encore laïc, avait pris sur lui le labeur de voyager longuement de désert en monastère pour rechercher ce qui est utile à l’âme, et s’instruire sur la voie du salut ! Avant même d’être tonsuré, il était déjà un moine accompli dans toutes les vertus !
Sophronios fut tonsuré par son maître après une maladie qu’il pensait mortelle, et durant laquelle il eut une vision que raconte Jean au chapitre cent deux : « Mon frère, le sage Sophronios, devait mourir. Comme je me tenais près de lui avec Abba Jean le Scolastique, il nous dit :
- J’ai vu des vierges devant moi former un choeur et se réjouir en disant : Sophronios est le bienvenu ! Sophronios est couronné !
Les vierges se réjouissaient à son sujet en voyant qu’il portait le nom de la chasteté »
Une fois tonsuré et guéri, Sophronios redoubla d’ardeur pour son salut et celui des autres. Comme l’hérésie de Sévère se réveillait en Egypte, il s’opposa farouchement à la fausse doctrine avec son maître, utilisant sa profonde connaissance des Saintes Ecritures pour la controverse et la victoire sur les hérétiques. Pour cette raison, les deux saints étaient très chers au coeur de Sa Sainteté Jean le Miséricordieux, le Patriarche d’Alexandrie, qui les honorait comme des amis sincères et les consolait dans leurs difficultés.
Saint Jean le Miséricordieux avait la pieuse habitude de s’asseoir chaque mercredi et chaque vendredi aux portes d’une église pour écouter les besoins de chacun, apaiser les disputes et les désaccords, et rétablir la paix entre les hommes. Si d’aventure personne ne venait le trouver ces jours-là, le patriarche rentrait chez lui en larmes et disait : « Aujourd’hui, l’humble Jean n’a rien acquis, il n’a rien apporté à Dieu pour ses péchés ! » Alors le bienheureux Sophronios son ami le consolait : « En vérité, aujourd’hui tu devrais te réjouir, père, car tes brebis vivent en paix, sans dispute ni désaccord, comme les Anges de Dieu ! » On voit quel amour régnait entre Sophronios, son maître, et le saint patriarche…
Les deux moines étaient chaque jour en quête d’un enseignement nouveau qui aurait pu faire leur profit. Saint Jean cite cette anecdote : « Moi et mon Seigneur, le Sage Sophronios, nous nous rendîmes chez le philosophe Stéphane, qui demeure près de la route qui mène à l’église de la Toute-Sainte Mère de Dieu, édifiée jadis par le bienheureux Patriarche Euloge à l’orient du grand Tétraphyle. Il était midi lorsque nous arrivâmes à la maison du philosophe. Nous frappâmes à la porte et le portier nous dit :
- Mon maître se repose encore, attendez un peu !
Alors je dis à mon maître Sophronios :
- Allons vers le Tétraphyle et restons-y !
Cet endroit était très honoré des habitants d’Alexandrie. Ils disaient que le grand empereur Alexandre de Macédoine avait rapporté les reliques du Saint Prophète Jérémie et les avait déposées en ce lieu lorsqu’il fonda la ville. Lorsque nous y arrivâmes, nous ne trouvâmes personne hormis trois aveugles. Nous nous installâmes silencieusement auprès d’eux avec nos livres. Ces aveugles parlaient beaucoup :
- Ami, comment es-tu devenu aveugle ?
- J’étais capitaine de navire dans ma jeunesse. A force de regarder la mer en revenant d’Afrique, une cataracte se forma et je perdis la vue…
- Moi j’étais verrier. Un jour, je travaillai sans protection et me brûlai à cause de la force du feu, et je perdis la vue.
- Et moi, quand j’étais jeune, je haïssais le travail, et j’aimais vivre dans la paresse. Comme j’étais voluptueux et que je n’avais pas de quoi me nourrir, j’ai commencé à voler et à faire beaucoup de mal. Un jour je vis un mort qui portait de beaux vêtements : on le conduisait à la tombe. Je suivis les porteurs pour voir où on allait l’enterrer. Le mort fut enseveli près de l’église Saint-Jean. La nuit venue, j’ouvris le tombeau, j’y pénétrai, et je déshabillai le cadavre, ne lui laissant que sa tunique. En sortant du tombeau, ma mauvaise pensée me fit retourner prendre aussi la tunique, qui était fort belle. Misérable que je suis, je laissai le mort complètement nu ! Mais voilà que le mort se releva, s’assit devant moi, tendit ses bras, et m’arracha les yeux de ses doigts… Vous imaginez avec quelle grande difficulté je sortis du tombeau !
Ayant entendu cela, mon Seigneur Sophronios me fit signe et nous nous éloignâmes. Puis il me dit :
- En vérité, Abba Jean, il n’y pas d’autre chose à apprendre aujourd’hui, si ce n’est que celui qui fait le mal ne peut se cacher de Dieu ! »
Ainsi les deux saints avaient grand soucis de leur profit quotidien…
En Alexandrie, Sophronios rédigea le récit des miracles des saints martyrs Cyr et Jean. Il faut dire que ses yeux étant tombés malades, il s’était rendu auprès des reliques des Saints Anargyres pour prier avec foi, et avait obtenu la guérison dans leur église. Par la suite, il les remercia grandement et eut toujours beaucoup de zèle pour eux.
Après quelque temps, les Perses menacèrent aussi l’Egypte. Jean et Sophronios, encore contraints de fuir, entreprirent de le faire en compagnie du Patriarche Jean. Ils s’embarquèrent donc sur un navire. Le saint patriarche, qui était malade, mourut pendant le voyage dans sa ville natale d’Amathonte en Chypre. Sophronios le Sage composa son éloge funèbre, louant sa haute vie et ses aumônes.
Après les funérailles du patriarche, Jean et Sophronios partirent pour l’antique Rome, en compagnie de douze frères qui s’étaient joints à eux. Là ils vécurent plusieurs années, et Jean, qui était déjà avancé en âge, partit vers le Seigneur. Avant de mourir, il recommanda à son disciple bien aimé et fils spirituel de ne pas l’ensevelir à Rome, mais de le conduire jusqu’au Mont Sinaï dans un cercueil de bois. Si les barbares venaient à rendre le voyage impossible, Saint Sophronios avait pour mission de conduire le corps de son père en Palestine, pour l’enterrer au monastère de Saint Théodose, où il était devenu moine. Il en fut ainsi : Saint Sophronios imita le chaste Joseph de l’Ancien Testament, qui avait reconduit chez ses pères le corps de Jacob. Il prit le corps de Jean, et partit pour les terres grecques avec les frères. Parvenu à Ascalon, il entendit qu’il était impossible de se rendre au Sinaï à cause des barbares, aussi prit-il le chemin de Jérusalem, alors au pouvoir des Perses. Il enterra le corps de son père au monastère de Saint Théodose le Grand, et s’installa dans la ville sainte avec sa communauté.
Le trône patriarcal était occupé par le Patriarche Modeste, qui remplaçait le Patriarche Zacharie, prisonnier des Perses avec la Sainte Croix. Peu après l’arrivée de Sophronios à Jérusalem, Dieu voulut bien faire revenir le Patriarche Zacharie et la Sainte Croix à Jérusalem.
Le général Héraclius venait de tuer Phocas le Bourreau. S’étant emparé de l’empire, il était parti en guerre contre les Perses. Ayant vaincu les nombreuses armées de Chosroès, il occupa les villes perses pendant sept années. Il advint ensuite que Siroès, fils de Chosroès, assassina son père et prit le pouvoir en Perse. Siroès rechercha tout de suite la réconciliation avec l’empereur Héraclius. Dans les accords de paix qui suivirent, l’empereur Héraclius demanda en premier lieu qu’on rendît Jérusalem aux grecs, et avec elle la Sainte Croix et le Patriarche Zacharie. Et ainsi fut fait.
Après un exil de quatorze ans, la Sainte Croix revint à Jérusalem, portée en triomphe sur les épaules de l’empereur lui-même. Sa Sainteté le Patriarche Zacharie retrouva son trône. Quelques années plus tard, la Sainte Croix fut transportée à Constantinople, afin qu’un aussi précieux trésor ne fût pas dérobé une seconde fois aux chrétiens. Comme on le verra plus bas, la ville sainte ne tarda pas à retomber aux mains des barbares.
Après peu de temps, le Patriarche Zacharie émigra vers le Seigneur. Saint Modeste fut de nouveau son successeur, mais pour deux ans seulement. Après la mort de Saint Modeste, Saint Sophronios fut élu patriarche.
C’est à cette époque qu’apparut l’hérésie monothélite. Les monothélites, qui confessaient bien deux natures, divine et humaine, dans la personne du Christ, ne voyaient en Lui qu’une seule volonté et une seule énergie, niant ainsi que le Seigneur fût parfait dans Ses deux natures. Cette hérésie est décrite amplement dans la vie de Saint Maxime le Confesseur. Elle débuta chez le Patriarche d’Alexandrie Cyrus, qui convoqua un concile local et ordonna à tous de croire ainsi. Le Patriarche Serge de Constantinople l’imita, et après lui le Patriarche Pyrrhus, et d’autres encore, qui persécutèrent tous ceux qui ne voulaient pas adhérer à ce mensonge.
Sa Sainteté Sophronios, Patriarche de Jérusalem, résista beaucoup à cette fausse doctrine. Il convoqua chez lui un concile local, qui maudit l’hérésie monothélite. Puis il envoya partout les actes du concile, qui furent ensuite lus au Sixième Concile Oecuménique, approuvés par les Saints Pères, et acceptés comme dogmes de la Sainte Foi Orthodoxe.
Saint Sophronios composa encore beaucoup d’homélies, d’hymnes, d’enseignements utiles à l’Eglise, et également des vies de saints, comme celle de Sainte Marie l’Egyptienne, qui avait mené au désert une vie surpassant la nature, semblable à celle des anges. Il dirigea comme il convient l’Eglise de Dieu, ferma la bouche des hérétiques, et les chassa loin de son troupeau.
Mais voici qu’avec la permission de Dieu, une nouvelle invasion barbare s’abattit sur la Syrie et la Palestine. Il ne s’agissait plus cette fois des Perses, mais des Mahométans. Ces derniers s’emparèrent de Damas, puis ils mirent le siège devant Jérusalem, la ville de Dieu (Ceci advint après qu’en Syrie, l’armée grecque eût été vaincue et son général Serge abattu). Devant la menace, Sa Sainteté le Patriarche Sophronios s’enferma dans la ville sainte avec les chrétiens.
On a conservé l’homélie qu’il prononça le jour de la Nativité du Christ à l’intention des assiégés, dans laquelle, tel un nouveau Jérémie, il pleure la destruction des lieux saints permise par Dieu pour les péchés des hommes, et regrette de ne pas pouvoir célébrer la fête de la Nativité à Bethléem comme à son habitude. Les lieux en effet étaient entre les mains des Agarénéens.
A la fin de la deuxième année de siège, les chrétiens assiégés furent obligés de se rendre et de faire ouvrir les portes de la ville. Le Saint Patriarche Sophronios envoya une proposition de paix au prince agarénéen Omar, qui comportait comme premier point qu’aucune violence ne fût exercée à l’encontre de la foi chrétienne et de la Sainte Eglise de Dieu. Le prince Omar s’engageant à respecter totalement cet accord, on fit ouvrir les portes de la ville.
Mais Omar était hypocrite et malin. Il affecta la douceur et l’humilité de l’agneau, lui qui, à l’intérieur, n’était qu’un loup vorace. Revêtu de haillons en poils de chameau, il pénétra dans la ville et demanda tout de suite où se trouvait le temple de Salomon, où il avait l’intention de faire ses prières sacrilèges. Sa Sainteté Sophronios, qui était venu à sa rencontre, vit son accoutrement hypocrite et dit : « Voilà l’abomination de la désolation établie dans le lieu saint, comme l’a annoncé le prophète Samuel ! » Il pleura beaucoup avec tous les chrétiens, puis il exhorta le prince à quitter ses haillons pour des habits dignes de son rang. C’est ainsi que Jérusalem, la ville de Dieu, fut prise par les Agarénéens.
ais les chrétiens ne tardèrent pas à supporter de lourdes charges, car le prince impie ne respecta pas les accords de paix conclus avec Sa Sainteté le Patriarche Sophronios, et commença à les maltraiter. Saint Sophronios pleura beaucoup et pria Dieu d’arracher son âme à la terre des vivants, afin de ne plus voir les malheurs des chrétiens, et l’abomination de la désolation qui souillait les lieux saints. Bientôt entendu, il termina sa vie de tristesse et passa de cette Jérusalem terrestre pleine de larmes à la joyeuse Jérusalem Céleste, où reposent dans l’allégresse tous ceux qui sont avec le Christ Jésus notre Seigneur, à qui revient la gloire dans les siècles des siècles. Amen.

QUELQUES PRINCIPES DE LA MAISON DE DIEU

11 mars, 2014

http://www.eglisedemaison.com/livres/sparks/QuelquesPrincipes.html

(Église Anabaptiste)

QUELQUES PRINCIPES DE LA MAISON DE DIEU

par T. Austin-Sparks

Lecture : Psaume 132.

« Et Salomon commença de bâtir le temple de l’Éternel à Jérusalem, sur la montagne de Morija, ou l’Éternel était apparu à David, son père, au lieu même que David avait préparé dans l’aire d’Ornan, le Jébusien. » (2 Chroniques 3 :1)
Il nous faudrait lire ici beaucoup de passage des Écritures, mais nous ne pourrons que les toucher, à mesure que nous avancerons dans notre méditation, à cause de notre espace limité.
Il n’est pas nécessaire de rappeler parmi nous, je pense, que le centre de la présence de Dieu parmi les hommes, c’est-à-dire la Maison de Dieu, est une question de première importance. Nous avons dit: le centre de la présence de Dieu, car la Maison de Dieu embrasse tout, et est en relation avec tout ce qui est l’attention et l’intérêt du Seigneur. La Maison de Dieu est au sein des intérêts et des attentions plus larges du Seigneur. Pour finir, elle aura à servir de vastes étendues, auxquelles Dieu se manifestera par elle. Elle est le centre de Sa présence.
Par la considération de sa grande représentation, que nous avons ici dans l’Ancien Testament, le temple, nous pouvons apprendre quelque chose des principes qui constituent la fondation et la base de cette demeure centrale de Dieu.

Le Triomphe de la Foi et de l’Obéissance
Le passage que nous avons cité est une clef à beaucoup de choses, historiquement et spirituellement. Nous commençons par rappeler à nouveau que le principe de la Maison de Dieu, de la demeure du Seigneur, c’est le triomphe de la foi et de l’obéissance, alors que tout semble être réduit en poussière. Tous les espoirs et toutes les espérances d’Abraham, et les promesses de Dieu, et l’alliance que Dieu avait faite avec lui, tout était concentré en Isaac. En dehors et à part d’Isaac, Abraham n’avait rien. Et c’est alors que Dieu lui dit: « Prends ton fils… Isaac… et… offre-le en holocauste » (Genèse 22 :2). Puis, selon les paroles de Job: « Mets l’or avec la poussière » (Job 22 :24). Et l’auteur de l’épître aux Hébreux souligne aussi ce fait, que celui en qui étaient concentrées toute l’alliance et toutes les promesses, fut offert par Abraham: « Par la foi, Abraham, étant éprouvé, a offert Isaac et celui qui avait reçu les promesses offrit son fils unique, à l’égard duquel il avait été dit: « En Isaac te seras appelée une semence.» (Hébreux 11 : 17-18).
Considéré d’un seul côté, Abraham rompt les artères même de la vie; il se sépare d’avec toute espérance, toute perspective, toute possibilité: tout, de ce point de vue là, fut mis en cendres. Sans l’intervention de Dieu, Isaac eût été bien vite réduit en cendres. En fait, il le fut. En ce qui concerne l’attitude de coeur et l’obéissance d’ Abraham, Isaac était déjà en cendres. Le bois était là, prêt à être allumé; l’autel et le couteau étaient prêts. Mais la foi triompha par l’obéissance et cette montagne même de Morija devint par la suite le site du temple, la maison de Dieu. La Maison de Dieu est édifiée sur des choses de cette nature.
Tout cela symbolise le Calvaire. A un point de vue purement terrestre, le Calvaire était la fin de tout espoir; c’était des cendres, c’était une fin. Nous savons ce que représenta le Calvaire pour ceux qui entouraient cette Croix; elle leur semblait être la fin de tout. Mais de la part de l’unique figure centrale de ce grand drame universel, c’était l’obéissance de la foi jusqu’à la mort, oui, la mort de la croix et la Maison de Dieu a été et est édifiée sur cette mort. C’est un principe. C’est la grande réalité, la grande doctrine de Christ. Or, il y a en cela une application pratique, c’est-à-dire que la Maison de Dieu ne peut être basée, et fondée, et édifiée, que dans la mesure où ce principe se perpétue.

L’Abandon de sa Propre Vie
Un principe en relation à cela, est le don continuel de l’Église de sa propre âme, l’abandon de sa propre vie dans l’obéissance et dans la foi, lorsque tout est sombre, lorsque tout semble être sans espoir. Il nous est demandé une marche d’obéissance, où nous sommes appelés à faire ce qui nous paraît sans perspective, sans espoir, et ce qui signifie, par conséquent, l’abandon de nos propres vies, de nos âmes. C’est là le chemin de l’édification. Il en a toujours été ainsi. Lorsque des jeunes gens et des jeunes femmes ont abandonné toutes les perspectives de ce monde, et mis leur or dans la poussière, pour partir sur l’ordre du Seigneur, ils ont réduit tout en cendres, en ce qui concerne les espoirs et les perspectives de ce monde. C’est de cette manière que l’Église a été édifiée. Et si même cela ne nous est pas demandé dans les grands actes de la vocation d’une vie, c’est cependant une chose quotidienne, un abandon de nos propres intérêts dans l’obéissance au Seigneur, dans la foi au Seigneur. C’est ainsi que l’édification se continue. Nous pourrions illustrer ce principe jusque dans des détails, et rappeler combien souvent la Maison du Seigneur est entravée et arrêtée dans son progrès par quelque chose que nous Lui avons refusé, alors que le Seigneur avait mis Son doigt sur cette chose en nous disant: « Je désire cela ». Cependant, c’est là le principe général, le triomphe de la foi par l’obéissance, alors que tout est mis dans la poussière.
Abraham crut à Dieu, et ce grand triomphe pourvu à Dieu le site de Son temple, le grand modèle et le symbole de cette Maison spirituelle, qui est centrale quand à l’accomplissement de tous Ses desseins. C’est dans cette sorte de maison que Dieu demeure. Mais cette place centrale doit passer par les profondeurs. Ce qui est le coeur même de la présence de Dieu, ce à quoi Il se confie, doit connaître plus que tout autre chose le dépouillement. Cela signifie une uvre profonde, où la foi est amenée à la perfection par une épreuve très réelle.

Communion avec Dieu dans Son Amour de Sacrifice
Il y a, à côté de cela, ce facteur d’une communion parfaite avec Dieu, dans Son amour de sacrifice. Nous avons bien souvent souligné ce point, lorsque nous avons parlé du grand pas que fit Abraham dans le coeur de Celui qui n’épargna point Son Fils, Son Bien-Aimé, mais qui L’a donné pour nous tous. Ce fut en vérité, de la part d’ Abraham, un mouvement qui le fit entrer en communion avec la nature de sacrifice, le don fait à tout prix, de l’amour de Dieu. C’est le seul chemin par lequel puisse être établie la Maison de Dieu. Il doit y avoir, à sa base, ce don apporté à tout prix, ce don de l’amour. Il est tout à fait évident qu’ Abraham aimait Dieu plus qu’il n’aimait Isaac, si cher et si précieux qu’ait été Isaac pour lui. Abraham vit qu’il était beaucoup plus important d’obéir que de garder ce trésor si immense, et cela, c’est l’amour. C’est ce que la Bible nomme la crainte de l’Éternel. Cet élément de crainte dans l’amour, je suis sûr que nous savons ce que cela signifie. Si quelqu’un a une grande valeur pour nous, quelqu’un dont nous estimons énormément l’amour, nous serons toujours très sensibles à l’égard de cette personne, et veillerons à ne lui causer aucun désappointement. Telle est la nature de la crainte de l’Éternel. Abraham craignait Dieu. La Maison de Dieu est édifiée sur cette sorte de crainte. C’est quelque chose de très pratique, et de signification quotidienne, l’amour de Dieu dans nos curs, nous amenant au sacrifice de nous-mêmes, au don de nous-mêmes, à n’importe quel prix.

La Gloire de l’Homme Abaissée
Nous passons maintenant d’Abraham à David; cette aire d’Ornan, le site du temple, représentait et signifiait la destruction de l’uvre de Satan qui glorifie l’homme, et le profond abaissement de l’homme lui-même. Nous nous souvenons que Satan avait incité David à faire le dénombrement du peuple d’Israël – une chose qu’un homme charnel comme Joab, pouvait discerner, puisqu’il dit: « Que l’Éternel ajoute à son peuple cent fois autant qu’il y en a ! O roi, mon Seigneur, ne sont-ils pas tous serviteurs de mon Seigneur? Pourquoi mon Seigneur cherche-t-il cela? Pourquoi la coulpe en viendrait-elle sur Israël ? » (1 Chroniques 21: 3). « L’Éternel a fait beaucoup de choses; et Il en fera davantage encore, mais ne commence pas à compter les têtes, à prendre note de l’immensité de tes ressources, et à te glorifier de la grandeur de ton royaume. » Joab était un homme charnel, mais il semble que, quelquefois, les hommes charnels voient mieux que les chrétiens ce qui touche aux principes. Cependant, David repoussa la sagesse divine et la bonne sagesse humaine, et il exigea le dénombrement d’Israël. Nous en connaissons les conséquences. Tout cela avait été provoqué par Satan qui avait incité David à faire une chose qui soit à la gloire de l’homme et qui manifeste ses propres ressources et ses accomplissements. Alors l’Éternel se leva pour détruire et anéantir cette uvre de Satan, dont le but était de glorifier l’homme, et l’homme fut profondément abaissé.
David est une triste figure lorsqu’il s’approche de l’aire d’Ornan. Oh ! cet homme est maintenant humilié jusque dans la poussière! C’est l’expérience nécessaire avant qu’une maison de Dieu ne puisse être édifiée. L’uvre de Satan de mettre l’homme en avant, doit être entièrement anéantie. La gloire de l’homme, et le désir de l’homme d’avoir de la gloire pour lui-même, doivent être abaissés. C’est une maison qui doit être édifiée pour le Nom de l’Éternel, et pour aucun autre nom, ni dans les cieux, ni sur la terre, ni en enfer. :« Je ne donnerai pas ma gloire à un autre », dit l’Éternel (Isaïe 42:8). Le Seigneur veille toujours à cela. Oh! l’horrible manifestation de la chair humaine dans les choses divines! Oh! les réputations que l’on cherche pour soi dans le royaume qui appartient à Dieu! Oh! le délice que l’on éprouve à se faire une place dans l’Église ! Oh ! combien cette chair est active pour son propre plaisir et pour sa gratification personnelle! Le Seigneur insiste sans cesse contre tout cela; Il porte des coups durs pour assurer à Sa Maison la bonne fondation, là où rien n’est de nous-mêmes. Nous finissons par le comprendre.
« Éternel, souviens-toi de David, et de toutes ses humiliations » (Psaume 132 :1); Ce dernier mot est plus correct que celui que donnent nos traductions. « peines » , ou « afflictions » , ou encore « pénibles labeurs », tels sont les termes du texte de nos versions, mais ces mots ne rendent pas le vrai sens de l’original, à moins que l’on n’y ajoute un complément, comme, par exemple, « les afflictions par lesquelles il s’est lui-même affligé ». Il dit, « Combien je me suis affligé! Je ne donnais pas de sommeil à mes yeux, je ne voulais pas monter sur le lit où je me repose, je ne voulais pas jouir de ma propre maison ; je m’humiliais, je me privais, afin de trouver une demeure pour l’Éternel ». Et le Seigneur a besoin de cette humiliation. Il amène l’homme à ce brisement, afin que Sa Maison soit proprement fondée.
Cela explique Son action à notre égard. Il ne nous permettra pas d’être quoi que ce soit. Si nous devons réellement être la demeure de Dieu, nous ne pouvons être rien en nous-mêmes. Ne cherchons pas la réputation; n’essayons pas d’impressionner; ne retenons pas notre propre dignité; ne faisons, en aucune manière, aucune de ces choses qui nous donneraient une prééminence et de la valeur aux yeux des autres. Le Seigneur ne saurait accepter cela. Débarrassons-nous donc de toute ambition, et reconnaissons ce que nous sommes aux yeux de Dieu. Il nous amènera à cela; car, si nous essayons de faire impression sur les hommes, afin qu’ils nous jugent meilleurs que nous ne le sommes, et que nous en tirions avantage pour nous-mêmes, nous contredisons le principe de la Maison de Dieu. Toute importance personnelle doit disparaître, ainsi que tout désir d’être estimé. Toutes ces choses doit être éliminées. La Maison de Dieu n’est pas fondée sur ce que nous sommes. Dieu ne l’acceptera pas. L’homme est abaissé; tout ce qui est autre n’est que l’uvre du diable. Cela vient de celui dans le coeur duquel l’orgueil était logé.

La Miséricorde et le Jugement se Rencontrent
Laissez-moi vous rappeler ensuite que l’aire d’Ornan, le site du temple, fut le lieu où se rencontrèrent le jugement et la miséricorde. Nous chantons :
« Avec la miséricorde et de jugement, Il a tissé la toile de mon temps. »
Il doit y avoir le jugement. Il en fut ainsi pour David. Mais le jugement n’est que l’un des aspects. En ce jour, le jugement et la miséricorde se rencontrèrent et s’embrassèrent sur cette aire, et l’issue en fut le temple. Le jugement doit commencer à la Maison de Dieu, mais, que Dieu soit loué, ce n’est pas le jugement pour une destruction totale. Car la miséricorde se mêle au jugement, et la fin sera le triomphe de la miséricorde sur le jugement. C’est le Calvaire, c’est la Maison de Dieu. Nous trouverons qu’il en est toujours ainsi. Il y aura le jugement; il doit en être ainsi; nous le savons très bien. Le Seigneur ne laisse pas passer les choses qui sont contraires aux principes de Sa Maison. Si seulement nous le reconnaissions, comme Paul a essayé de le faire comprendre aux Corinthiens, il y en a beaucoup qui souffrent aujourd’hui, de nombreuses manières, parce qu’ils n’observent pas les principes de la Maison de Dieu : « C’est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu’un assez grand nombre dorment. » (1 Corinthiens 11 : 30). Il y a ce côté-là; il se continue. Mais Dieu ne permet cela que pour faire preuve de miséricorde. C’est la miséricorde qui triomphe. Et c’est ainsi qu’Il fonde, et qu’Il édifie Sa Maison.

Dieu n’est pas le Débiteur de l’Homme
La Maison de Dieu ne saurait représenter une dette de Dieu envers l’homme. Combien David insiste sur ce point, combien il a désormais à coeur les principes divins! Les fournaises qui nous épurent, nous éveillent aux principes. Il en avait été de même pour David à une occasion précédente. Nous nous souvenons comment l’arche avait été posée sur un char. David avait alors oublié les Écritures. Il eut à traverser un temps de souffrance, jusqu’à ce que, enfin, il en arrivât à comprendre le principe divin dans la parole de Dieu, et à remettre les choses en ordre (1 Chroniques 13 et 15).
Maintenant, David est de nouveau éveillé aux principes. Lorsque Ornan veut faire don de son aire à David, celui-ci répond: « Non, je te la paierai intégralement. Personne ne pourra jamais dire que la Maison de Dieu représente une dette de Dieu envers l’homme; personne ne pourra jamais dire plus tard: « Oui, j’ai donné cela à Dieu; le site de ce temple est un don que j’ai fait ». Non, Ornan est payé de toute la valeur de l’aire. L’homme en tant que créditeur n’a aucune place dans la Maison de Dieu; il n’y a point de dette envers l’homme; il est totalement racheté. Ce principe doit être appliqué.

Dans l’Aire, le Blé est Battu
C’était une aire, le lieu ou tout est purifié devant l’Éternel. Il n’y a plus de balle ici; rien qui ne soit réel, pur, vrai, solide; rien qui ne puisse contribuer à l’édification. Tout doit être du bon grain. Dieu cherche toujours à arriver à cela. La Maison de Dieu est une aire. Toute notre balle, notre vanité, notre vacuité, tout cela doit disparaître, tout ce qui n’a pas de valeur réelle. Dieu désire ce qui édifiera Sa Maison ou, pour changer de métaphore, le Corps. Il recherche le bon grain. La balle doit disparaître. Dans notre relation même avec le Seigneur parmi Son peuple, ceux qui composent Sa Maison, vous Le voyons vanner, cribler, se débarrasser de notre vanité, de notre fausseté, de notre balle. Mais tout en le faisant Il obtient de la réalité, Il obtient ce qui est solide, à ce qui demeura ; à ce qui nourrira. C’est là la base de Son édification.
Tout ce que nous venons de dire devrait s’accomplir de façon très pratique. Les figures employées ne sont que des images et des symboles, mais les réalités appartiennent à l’Esprit Saint ; et Il insistera sans cesse pour que ces choses s’accomplissent parmi le peuple de Dieu. Veillons à ce que, lorsqu’Il agit parmi nous, Il ait notre pleine coopération.