LE CARÊME : SES GRANDS AXES

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LE CARÊME : SES GRANDS AXES

Au temps de Noël, la liturgie nous a fait contempler le mystère de l’Incarnation.
La fête de la Présentation au Temple, célébrée de 2 février, a été comme la charnière entre le mystère de l’Incarnation et celui de la Rédemption
Nous abordons maintenant le Carême, où la liturgie nous introduit dans le mystère de la Rédemption : si Jésus s’est fait homme (Incarnation), c’est pour nous sauver (Rédemption).
Jésus nous a d’abord attirés à Lui par les douceurs de son enfance, la simplicité de la vie évangélique, puis par la lumière de ses enseignements et sa puissance manifestée par ses miracles.
Il nous invite maintenant à Le suivre sur une voie plus rude, celle de l’effort et du renoncement.
Avant d’inaugurer sa prédication et sa mission de Rédempteur du genre humain, Il fut, nous dit saint Marc, poussé par l’Esprit dans le désert pendant quarante jours pour y être tenté par Satan. (Mc 1, 12)
Les yeux fixés sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu…
En ce temps de Carême, la liturgie nous invite à regarder Jésus au désert où Il prie, Il jeûne, Il subit les assauts du démon : c’est une invitation à réfléchir sur nous-mêmes, car c’est pour nous que Jésus prie et fait pénitence, et qu’Il laisse le démon L’approcher…

1 – Un temps de prière et de pénitence, un temps de purification
2 – Le Carême est une montée vers la fête de Pâques
3 – Le Carême nous prépare à suivre Jésus dans le mystère de sa Passion
4 – Prendre conscience du péché dans notre vie
5 – Une lutte nécessaire : le Carême est le temps du combat spirituel
6 – Le Carême : un temps privilégié pour la réconciliation
1 – Un temps de prière et de pénitence, un temps de purification
A l’exemple de cette retraite de Jésus au désert, et de sa lutte contre Satan, le Carême est pour nous un temps de prière et de pénitence. Il est destiné à nous préparer à célébrer « avec des âmes et des corps purifiés le mystère sublime entre tous de la Passion du Seigneur. » (St Léon)

Pour pouvoir entrer dans « ce mystère sublime entre tous », il nous faut reprendre conscience de deux choses : la grandeur de Dieu et sa bonté et, en conséquence, la gravité du péché.
Avant de pouvoir entrer dans la Terre Promise, les Hébreux ont dû errer dans le désert pendant quarante ans pour se purifier des attaches païennes qui leur restaient de leur séjour en Egypte.
De même, pour nous, le Carême (quarante jours) est un temps de purification où nous sommes invités à travailler à notre conversion : revenir vers Dieu, et Lui soumettre toute notre vie.
« Convertissez-vous au Seigneur notre Dieu, parce qu’il est bon et compatissant, patient et riche en miséricorde » (Jl 2, 13)
Ce temps de purification est nécessaire pour pouvoir goûter ensuite la Joie de la Résurrection et bénéficier du mystère de notre Rédemption par lequel Jésus nous rend participants de sa Divinité.
2 – Le Carême est une montée vers la fête de Pâques
A l’image de la vie terrestre, qui est une préparation à la vie de l’éternité, la signification essentielle du Carême est de nous préparer à la grande fête de Pâques, en nous faisant entrer, à la suite de Jésus, notre Sauveur, dans le mystère pascal : mort au péché et résurrection à notre vie d’enfant de Dieu.
3 – Le Carême nous prépare à suivre Jésus dans le mystère de sa Passion
Avant d’aboutir à la Résurrection, le temps du Carême comprend deux parties bien distinctes :
- le temps de la purification de l’âme (qui correspond au séjour de Jésus dans le désert) ;
– le temps du rachat par la Passion de Jésus notre Sauveur : c’est l’acte de notre Rédemption.
On ne peut pas – on ne doit jamais – dissocier ces deux éléments du mystère pascal : mort et Résurrection.
Parler du Mystère de la Croix n’est pas chose facile. On est davantage enclins à parler de dynamique, d’action positive, d’enthousiasme.
On parle plus rarement du péché qui est un manque à l’Amour de Dieu : Il pardonne facilement, dit-on… Mais on oublie la pénitence, la conversion, la réparation… Si l’on savait « Qui » est Dieu, jamais on ne pécherait.
Il faut, au début de ce carême, demander à Dieu la grâce d’avoir (ou de retrouver) un sens aigu du péché.
Nous pourrons alors comprendre pourquoi il nous faut nous convertir, ce que veut dire le mot « conversion ». Nous comprendrons que la réparation est nécessaire pour que nous puissions entrer dans le Cœur de Jésus. (Extrait du bulletin des Adorateurs de Montmartre)
4 – Prendre conscience du péché dans notre vie
Le temps du Carême, traditionnellement consacré au travail de purification de nos âmes, nous invite à travailler à une réflexion approfondie sur la place du mal dans notre vie… ce que nous n’aimons pas trop ! C’est pourtant le temps favorable (Is 49, 8 – 2 Co 6, 2) pour prendre conscience de nos misères, de nos faiblesses et pour retrouver le sens du péché. Acte d’humilité qui nous permettra de voir clair en nous-mêmes.
Nous pourrons alors affermir notre volonté et décider de changer de vie pour la rendre plus conforme à l’Evangile : Convertissez-vous et croyez à l’Evangile… (Mc 1, 15) (imposition des Cendres).
Soumettez-vous à Dieu et résistez au démon : il s’enfuira loin de vous.
Approchez-vous de Dieu et lui s’approchera de vous.
Pécheurs, enlevez la souillure de vos mains ; hommes partagés, purifiez vos cœurs.
Abaissez-vous devant le Seigneur, et Il vous élèvera. (Jc 4, 7-8 ; 10)
La conversion consiste à remettre Dieu au centre de notre vie : « se retourner vers le Créateur, se détourner de la créature ».
5 – Une lutte nécessaire : le Carême est le temps du combat spirituel
Ce retour à Dieu ne va pas sans un combat contre le démon :
Ce combat est celui de la conversion en vue de la sainteté et de la vie éternelle à laquelle le Seigneur ne cesse de nous appeler. (CEC 1426)
Le Carême est un temps de lutte : nous avons toujours à vaincre en nous certaines résistances de notre nature blessée, faussée par le péché, de mauvaises habitudes, de notre amour-propre…
Nous avons encore à combattre les mouvements de la concupiscence qui ne cessent de nous porter vers le mal (CEC 978)…
Cette lutte appartient à l’héritage du péché, elle en est une conséquence et fait partie de l’expérience quotidienne du combat spirituel. (CEC 2516 – voir aussi § 405).
Voir à ce sujet : le carême : un temps de combat spirituel.
Ce retour à Dieu nous obtient la joie de la réconciliation, du pécheur qui se sait pardonné :
6 – Le Carême : un temps privilégié pour la réconciliation
Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu. (2 Co 5, 20)
(2° lecture – mercredi des Cendres)
Dans ce chemin de réconciliation, trois étapes à parcourir :
1 – se réconcilier avec Dieu
C’est tout l’itinéraire de l’enfant prodigue : Luc 15, 11-32.
C’est notre image à tous, l’exemple de l’attitude à prendre devant Dieu : Oui, je me lèverai et j’irai vers mon Père, et je lui dirai : « Père, j’ai péché contre le Ciel et contre Toi… » (Lc 15, 18)
Humilité et confiance totale en l’infinie bonté et miséricorde de Dieu, être sûr de son pardon dès qu’on revient à Lui.
2 – se réconcilier avec soi-même
C’est souvent bien difficile de s’accepter tels que nous sommes et de « se pardonner » de ne pas être tel qu’on le voudrait. C’est si facile de « s’idéaliser ». Etre vrai avec soi-même, ce n’est pas facile…
Ce temps de Carême va nous aider à nous regarder dans la vérité, comme Dieu nous voit, à recevoir son amour malgré nos défauts sans nous dépiter sur nous-mêmes. Chemin de guérison intérieure :
Oui, je reconnais mon péché, ma faute est toujours devant moi… (Ps 50, 5)
3 – se réconcilier avec les autres
La conversion se réalise dans la vie quotidienne par des gestes de réconciliation… la correction fraternelle… (CEC 1435)
C’est le chemin du pardon.
Il y a des pardons à donner, d’autres à recevoir. Mais comme c’est difficile quelquefois ! Comme cela coûte à notre fierté, notre amour-propre !
Dieu, à travers le sacrement de la réconciliation, nous en donnera la force.
Si tu te présentes à l’autel et que, là, tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; tu viendras alors présenter ton offrande. (Mt 5, 24)
Quand vous êtes debout pour prier, pardonnez si vous avez quelque chose contre quelqu’un, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos offenses. (Mc 11, 25)
Le Carême est donc le temps privilégié pour une bonne confession : c’est là que nous recevons l’assurance d’être réconciliés avec Dieu, qu’Il nous a pardonné.
Concrètement, comment travailler à cette conversion ?
La conversion se réalise dans la vie quotidienne par des gestes de réconciliation, par le souci des pauvres, l’exercice et la défense de la justice et du droit, par l’aveu des fautes aux frères, la correction fraternelle, la révision de vie, l’examen de conscience, la direction spirituelle, l’acceptation des souffrances, l’endurance de la persécution à cause de la justice.Prendre sa croix chaque jour et suivre Jésus est le chemin le plus sûr de la pénitence.(CEC 1435)
Voir à ce sujet : Quelles résolutions pour un bon Carême ?
Les 3 « P »: Prière, Pénitence, Partage
Trois grands axes d’action nous sont traditionnellement indiqués par la liturgie pour le Carême :
La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées.
L’Ecriture et les Pères insistent surtout sur trois formes : la prière, le jeûne, l’aumône, qui expriment la conversion par rapport à Dieu, par rapport à soi-même et par rapport aux autres… (CEC 1434)
1 – Si la prière exprime notre conversion par rapport à Dieu, le carême est bien le moment de l’intensifier.
Voir à ce sujet : Prières pour le temps du Carême
2 – Sous le terme de « pénitence, » plusieurs orientations sont à envisager :
- d’abord, l’esprit de pénitence ou pénitence intérieure : « une attitude d’âme, un sacrement ».
– ensuite, les actes pratiques de la pénitence, expression extérieure de la pénitence intérieure.
Voir à ce sujet : Les actes pratiques de la pénitence
3 – L’aumône (ou partage), qui n’est autre que l’expression de l’ouverture de notre cœur aux autres.
Voir à ce sujet : Le partage ou aumône
Le temps des bonnes résolutions
A chacun de prendre les résolutions sur les points qui lui sont nécessaires.
Le carême d’une carmélite ne sera pas celui d’une mère de famille, d’un homme d’affaires ou d’un travailleur de force…Pourtant, tous sont concernés par cette voie de purification pour se rapprocher de Dieu.
Voir à ce sujet : Quelles résolutions pour un bon Carême ?

Le Carême de nos enfants
Si le Carême est le temps où nous sommes invités à lutter contre nos défauts, ne pensons pas que nos enfants en soient exemptés. Quoiqu’en pensent certains, les tendances au mal existent déjà dans nos chers « petits trésors », tout comme en nous-mêmes.
La doctrine sur le péché originel – liée à celle de la Rédemption par le Christ – donne un regard de discernement lucide sur la situation de l’homme et de son agir dans le monde.
Par le péché des premiers parents, le diable a acquis une certaine domination sur l’homme, bien que ce dernier demeure libre. (…)
Ignorer que l’homme a une nature blessée, inclinée au mal, donne lieu à de graves erreurs dans le domaine de l’éducation, de la politique, de l’action sociale et des mœurs. (CEC 407)
Le combat spirituel, c’est aussi pour eux !
Plus tôt ils prendront l’habitude de résister à ces tendances au mal, mieux ce sera, pour eux… et pour nous. Et, tout particulièrement, pour leur vie surnaturelle.
Le programme de Carême sera donc le même que pour les parents, mais mis à leur portée.
Il dépend de nous de les introduire dans cette spiritualité du carême, de les aider et les soutenir dans cette lutte contre leurs défauts.

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