LA PANOPLIE DE DIEU – Père J. Leveque
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LA PANOPLIE DE DIEU -
Père J. Leveque
(panoplie=Au Moyen Âge, armure complète d’un chevalier. Larusse)
EP 6,10-18
² Le patriarche Albert, dans la Règle qu’il a donnée à l’Ordre du Carmel, insiste longuement sur la panoplie des serviteurs et des servantes de Dieu, telle qu’elle est décrite dans l’Épître aux Éphésiens. N’allons pas croire qu’il était à ce point marqué par l’insécurité des croisés de Jérusalem que les images guerrières lui venaient spontanément à l’esprit, car c’est de combat spirituel qu’il s’agit, pour lui comme pour saint Paul.
² C’est un combat sans ennemi humain repérable, « sans ennemi de chair et de sang », comme dit Paul. C’est un combat contre des forces sans visage qui travaillent le monde, les communautés, et le cœur de chacune. Et ce combat est demandé aussi bien aux femmes qu’aux hommes, car il s’agit de « résister » avec les seules armes de la lumière, et de « tenir » debout, « même aux jours mauvais ».
² Cette lutte, chacune la mène finalement seule, car l’entraide fraternelle ne dispense aucune sœur des réponses libres qu’elle doit donner. Mais Dieu ne nous laisse pas seules, si du moins nous acceptons, comme Paul nous y invite, de « nous dynamiser dans le Seigneur et dans la vigueur de sa force » (v.10).
Comment faire concrètement ? « En nous revêtant, dit Paul, de la panoplie de Dieu », celle que Dieu lui- même nous offre pour la lutte. Inutile de vous imaginer en soldates de Dieu, pliant sous des armes trop longues et trop lourdes, car tout se passe dans le cœur.
² La vérité est la première nommée, comme le ceinturon avant tout équipement. Car c’est elle qui rassemble les forces spirituelles, qui sangle les muscles de l’âme et unifie la personne dans son effort, quoi qu’il en soit des handicaps et des interrogations qui demeurent.
² La justice, elle aussi, est une arme avant les armes : une cuirasse, dit Paul. Pour lui comme pour les prophètes la justice de l’homme consiste à s’ajuster à Dieu, à son vouloir, à son dessein d’amour. Et c’est bien là, effectivement, ce qui nous cuirasse contre les mauvais coups, contre tout ce qui peut nous atteindre, nous blesser, nous déstabiliser.
Seul, en effet, un regard constant vers le Dieu de l’appel et le souci de rencontrer son propre Regard peuvent nous prémunir
contre les retours paralysants du passé,
contre la crainte de l’inconnu
et, pour le présent, contre les suggestions de notre cœur, qui nous font parfois trouver étranges les voies de Dieu, et irréelle sa présence.
Pour la marche, pour la durée, pour l’endurance, Jésus nous offre l’élan et l’enthousiasme, la joie d’être associée à la course de l’Évangile et de faire, même dans le silence d’un cloître, œuvre de paix aux dimensions du monde.
La foi sera notre bouclier. C’est elle qui nous protègera du soupçon, de tous ces brûlots qui arrivent sur nous à l’improviste et qui pourraient incendier notre confiance en Dieu.
Le salut, donné par Dieu pour toujours en Jésus Christ, sera notre sauvegarde essentielle : Dieu, qui nous a réconciliés avec lui, veillera lui- même sur son œuvre. Ses mains paternelles seront le casque qui déviera tous les coups mortels.
Enfin la Parole de Dieu sera en nous le glaive de l’Esprit, un glaive au service de l’Esprit. »Vivante, en effet, est cette Parole de Dieu, énergique et tranchante comme un glaive, plus qu’un glaive (Hb 4,11). Elle pénètre jusqu’au point de division, en nous, de l’âme et de l’esprit humain, jusqu’à la frontière insaisissable entre les désirs de la femme et les réflexes de la fille de Dieu.
² Oui, tout se passe dans le cœur, et c’est le cœur qui vibre à la victoire de Dieu. Ce sont « les yeux illuminés du cœur » qui s’ouvrent à l’espérance offerte par l’appel du Seigneur (Ep 1,18), et c’est le cœur habité par la force de Dieu qui seul peut veiller dans la prière.
Bienheureux combat, que l’Esprit nous donne de mener sans violence ni envers Dieu ni envers nous-mêmes.
Bienheureuse insistance de l’Esprit, qui veut nous mener à la vérité tout entière.
Heureux travail de lumière, qui libère en nous le meilleur de nous-mêmes, et fait de la vie, jour après jour, en union au Christ Sauveur, une « intercession » pour tous ceux que Dieu aime.
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