Archive pour février, 2014

DIMANCHE 23 FÉVRIER : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE ET PSAUME

21 février, 2014

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DIMANCHE 23 FÉVRIER : COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT – PREMIER ELECTURE ET PSAUME

PREMIERE LECTURE – LÉVITIQUE 19, 1-2 , 17-18

1.Le SEIGNEUR adressa la parole à Moïse : 2 « Parle à toute l’assemblée des fils d’Israël ;  tu leur diras :  Soyez saints,  car moi, le SEIGNEUR votre Dieu,  je suis saint. 17 Tu n’auras aucune pensée de haine contre ton frère.  Mais tu n’hésiteras pas à réprimander ton compagnon,  et ainsi tu ne partageras pas son péché. 18 Tu ne te vengeras pas.  Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple.  Tu aimeras ton prochain comme toi-même.  Je suis le SEIGNEUR ! »

Etre « comme des dieux » : on en a tous rêvé un jour ou l’autre… et le livre de la Genèse, racontant la faute d’Adam et Eve, dit que c’est bien là notre problème ! « Vous serez comme des dieux » avait promis le serpent, avait menti le serpent, devrait-on dire, et cette perspective les a perdus.  Mais voilà que c’est Dieu lui-même qui nous dit : « Soyez saints COMME moi »… « Soyez saints, car moi, le SEIGNEUR votre Dieu, je suis saint ». C’est un ordre, mieux, c’est un appel, c’est notre vocation. Donc, nous ne nous trompons pas quand nous rêvons d’être comme des dieux ! C’est le psaume 8 qui dit : « Tu as voulu l’homme à peine moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur ». Seulement voilà : pour ressembler vraiment à Dieu, encore faudrait-il avoir une juste idée de Dieu.  Les premiers chapitres de la Bible disaient déjà que l’homme est fait pour ressembler à Dieu. Encore faut-il savoir en quoi consiste la ressemblance : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et toutes les petites bêtes qui remuent sur la terre ! » (Gn 1, 26). La formule « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il soumette… » donne à penser que cette ressemblance serait de l’ordre de la royauté, de la soumission… Réellement, l’homme est créé pour être le roi de la création. Mais, le vocabulaire employé par l’auteur suggère que la royauté à laquelle l’homme est appelé est une autorité d’amour et non une domination.  Un peu plus loin, le même livre de la Genèse emploie de nouveau deux fois la même formule : une fois à l’identique : « Le jour où Dieu créa l’homme, il le fit à la ressemblance de Dieu », mais la seconde fois il s’agit des enfants d’Adam : « Adam engendra un fils à sa ressemblance et à son image » : cette fois on a bien l’impression que les mots image et ressemblance ont le sens qu’on leur donne d’habitude quand on dit qu’un fils ressemble à son père. « Tel père tel fils », dit-on.  Enfin, cette phrase que nous connaissons bien, « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa » (Gn 1, 27), nous dit que le couple créé pour l’amour et pour le dialogue est l’image du Dieu d’amour.  Il a fallu des siècles pour que le peuple comprenne que les mots « Sainteté « et « Amour » sont synonymes. « Saint », on s’en souvient, c’est le mot de la vocation d’Isaïe : au chapitre 6, il nous raconte la vision dont il a bénéficié ; comment, alors qu’il était dans le temple de Jérusalem, ébloui, il entendait les chérubins répéter « Saint, Saint, Saint est le SEIGNEUR de l’univers ». Ce mot « Saint » signifie que Dieu est le Tout-Autre, qu’un abîme nous sépare de lui. En même temps Isaïe a eu une révélation : cet abîme, c’est Dieu lui-même qui le franchit : et donc, quand il nous invite à lui ressembler, c’est que nous en sommes capables… grâce à lui, bien sûr, ou dans sa grâce, si vous préférez.  Les deux derniers versets du passage d’aujourd’hui ne sont que l’application de cette phrase « Soyez saints comme je suis saint, moi le SEIGNEUR votre Dieu ». Concrètement, cela veut dire « Tu n’auras aucune pensée de haine… Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune. Tu aimeras… » C’est cela être à la ressemblance de Dieu : Lui ne connaît ni haine, ni vengeance, ni rancune. C’est justement parce qu’il n’est qu’amour qu’il est le Tout-Autre. Et c’est seulement petit à petit que les prophètes comprendront eux-mêmes et feront comprendre au peuple que ressembler au Dieu saint, c’est tout simplement développer ses capacités d’amour.  Cela ne veut pas dire qu’on perd toute capacité de jugement sur ce qui est bon ou mauvais : « Tu n’auras aucune pensée de haine, mais tu n’hésiteras pas à faire des réprimandes… » : réprimander à bon escient, voilà un art bien difficile ! Et pourtant cela aussi, c’est de l’amour. Parmi nous, les parents ou les éducateurs le savent bien : c’est vouloir le bien de l’autre, c’est parfois arrêter l’autre au bord du gouffre. La critique positive par amour fait grandir.  Mais Dieu est patient envers nous : ce n’est pas en un jour que notre attitude peut devenir semblable à la sienne ! Si j’en crois les nouvelles qui nous parviennent tous les jours, il faudra encore beaucoup de temps ! Et Dieu déploie avec son peuple une pédagogie très progressive : quand ce texte est écrit, il ne parle pas encore d’amour universel, il se contente de dire : « Tu n’auras aucune pensée de haine contre ton frère », « Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple »… « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »  C’est déjà une première étape dans la pédagogie biblique… Des siècles plus tard, Jésus, dans la parabole du Bon Samaritain (Lc 10, 29-37), élargira à l’infini le cercle du prochain.  Voilà donc la royauté à laquelle nous sommes invités : quand nous rêvons d’être comme des dieux, nous pensons spontanément domination, puissance, et surtout la puissance nécessaire pour vaincre la maladie et la mort. Tandis que quand Dieu nous invite à lui ressembler, il nous appelle à la sainteté, à sa sainteté qui n’a rien à voir avec une quelconque domination ! Une sainteté qui n’est qu’amour et douceur. Cela nous paraît bien difficile ; mais là encore, peut-être sommes nous trop souvent des « hommes de peu de foi ».  

PSAUME 102 (103 ) – 1-2, 3-4, 8-10, 12-13

1 Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme,  bénis son nom très saint, tout mon être ! 2 Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme,  n’oublie aucun de ses bienfaits ! 3 Car il pardonne toutes tes offenses  et te guérit de toute maladie ; 4 il réclame ta vie à la tombe  et te couronne d’amour et de tendresse ; 8 Le SEIGNEUR est tendresse et pitié,  lent à la colère et plein d’amour ; 10 il n’agit pas envers nous selon nos fautes,  ne nous rend pas selon nos offenses. 12 aussi loin qu’est l’orient de l’occident,  il met loin de nous nos péchés ; 13 comme la tendresse du père pour ses fils,  la tendresse du SEIGNEUR pour qui le craint !

La liturgie de ce dimanche ne nous propose que huit versets d’un psaume qui en comporte vingt-deux ! Or l’alphabet hébreu comporte vingt-deux lettres donc on dit de ce psaume qu’il est « alphabétisant » ; et quand un psaume est alphabétisant, on sait d’avance qu’il s’agit d’un psaume d’action de grâce pour l’Alliance. Et effectivement, André Chouraqui disait que ce psaume est le « Te Deum » de la Bible, un chant de reconnaissance pour toutes les bénédictions dont le compositeur (entendez le peuple d’Israël) a été comblé par Dieu.  Deuxième caractéristique de ce psaume, le « parallélisme » : chaque verset se compose de deux lignes qui se répondent comme en écho ; l’idéal pour le chanter serait d’alterner ligne par ligne ; il a peut-être, d’ailleurs, été composé pour être chanté par deux choeurs alternés. Ce parallélisme, ce « balancement » est très fréquent dans la Bible, dans les textes poétiques, mais aussi dans de nombreux passages en prose ; procédé de répétition utile à la mémoire, bien sûr, dans une civilisation orale, mais surtout très suggestif ; si on soigne la lecture en faisant ressortir le face à face des deux lignes à l’intérieur de chaque verset, la poésie prend un relief extraordinaire.  D’autre part, cette répétition d’une même idée, successivement sous deux formes différentes, permet évidemment de préciser la pensée, et donc pour nous de mieux comprendre certains termes bibliques. Par exemple, le premier verset nous propose deux parallèles intéressants : « Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme, Bénis son Nom très saint, tout mon être » :   Premier parallèle : « Bénis le SEIGNEUR »… « Bénis son Nom très saint » : la deuxième fois, au lieu de dire « le SEIGNEUR », on dit « le NOM » : une fois de plus, nous voyons que le NOM, dans la Bible, c’est la personne. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les juifs ne s’autorisent jamais à prononcer le NOM de Dieu.1  Deuxième parallèle dans ce premier verset : « Ô mon âme… tout mon être » : on voit bien que le mot âme n’a pas ici le sens que nous lui donnons spontanément. A la suite des penseurs grecs, nous avons tendance à nous représenter l’homme comme l’addition de deux composants différents, étrangers l’un à l’autre, l’âme et le corps. Mais les progrès des sciences humaines, au cours des siècles, ont confirmé que ce dualisme ne rendait pas compte de la réalité. Or, déjà, la mentalité biblique, avait une conception beaucoup plus unifiée et, dans l’Ancien Testament, quand on dit « l’âme », il s’agit de l’être tout entier. « Bénis le Seigneur, ô mon âme, Bénis son Nom très saint, tout mon être ».  Un autre exemple de parallélisme, un peu plus loin dans ce psaume nous permet de mieux comprendre une expression un peu difficile pour nous, la « crainte de Dieu » : nous rencontrons assez souvent ce mot de « crainte » dans la Bible et il ne nous est pas forcément très sympathique a priori. Or nous le trouvons ici dans un parallèle très intéressant : « Comme la tendresse du père pour ses fils, ainsi est la tendresse du SEIGNEUR pour qui le craint » : ce qui veut bien dire que la crainte de Dieu est tout sauf de la peur, elle est une attitude filiale.  Je parle souvent de la pédagogie de Dieu à l’égard de son peuple : eh bien, là aussi, la pédagogie de Dieu s’est déployée lentement, patiemment, pour convertir la peur spontanée de l’homme envers Dieu en esprit filial ; je veux dire par là que, mis en présence de Dieu, du sacré, l’homme éprouve spontanément de la peur ; et il faut toute une conversion des croyants pour que, sans rien perdre de notre respect pour Celui qui est le Tout-Autre, nous apprenions à son égard une attitude filiale. La crainte de Dieu, au sens biblique, c’est vraiment la peur convertie en esprit filial : cette pédagogie n’est pas encore terminée, bien sûr ; notre attitude devant Dieu, notre relation à lui a sans cesse encore besoin d’être convertie. C’est peut-être cela « redevenir comme des petits enfants »… des petits enfants qui savent que leur père n’est que tendresse. Cette « crainte » comporte donc à la fois tendresse en retour, reconnaissance et souci d’obéir au père parce que le fils sait bien que les commandements du père ne sont guidés que par l’amour : comme un petit s’éloigne du feu parce que son père le prévient qu’il risque de se brûler.  Ce n’est donc pas un hasard si ce psaume qui parle de crainte de Dieu cite justement la fameuse phrase du livre de l’Exode (Ex 34, 6) : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour » ; cette phrase est très célèbre dans la Bible, car c’est la définition que Dieu a donnée de lui-même à Moïse au Sinaï. Elle est très souvent citée, en particulier dans les psaumes ; elle est à la fois la définition de Dieu et, inséparablement, un rappel de l’Alliance. Tous les psaumes, et plus particulièrement les psaumes d’action de grâce sont, avant tout, émerveillement devant l’Alliance.  Les versets retenus aujourd’hui insistent sur une des manifestations de cette tendresse de Dieu, le pardon. Un Dieu lent à la colère, Israël l’a expérimenté tout au long de son histoire : depuis la traversée du Sinaï, dont Moïse a pu dire au peuple « Depuis que je vous connais, vous n’avez jamais cessé de vous révolter contre Dieu » (Dt 9, 7), la longue histoire de l’Alliance a été le théâtre du pardon de Dieu accordé à chaque régression de son peuple. « Dieu pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il n’agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses. Aussi loin qu’est l’Orient de l’Occident, il met loin de nous nos péchés… »  La vraie tendresse, celle dont nous avons besoin pour repartir, c’est celle justement qui oublie nos péchés, nos abandons ; Jésus ne fera que la mettre en images dans la parabole du père et de l’enfant prodigue. ——————-  Note  1 – Le NOM : les fameuses quatre lettres, YHVH, (le « tétragramme »). Le prononcer, ce serait prétendre connaître Dieu. Seul, le grand-prêtre, une fois par an, au jour du Kippour, prononçait le NOM très saint, dans le Temple de Jérusalem. Encore aujourd’hui, les Bibles écrites en hébreu ne transcrivent pas les voyelles qui permettraient de prononcer le NOM. Il est donc transcrit uniquement avec les quatre consonnes YHVH. Et quand le lecteur voit ce mot, aussitôt il le remplace par un autre (Adonaï) qui signifie « le Seigneur » mais qui ne prétend pas définir Dieu.  Depuis le Synode des Evêques sur la Parole de Dieu, en octobre 2008, il est demandé à tous les catholiques de ne plus prononcer le NOM de Dieu (que nous disions Yahvé), et de le remplacer systématiquement par « SEIGNEUR » et ce pour plusieurs raisons :  - Tout d’abord, personne ne sait dire quelles voyelles portaient les consonnes du NOM de Dieu, YHVH. La forme « Yahvé » est certainement erronée.  - Ensuite, c’est une marque de respect pour nos frères juifs qui s’interdisent, eux, de prononcer le Nom divin.  - Enfin, et surtout, il nous est bon d’apprendre à respecter la transcendance de Dieu.  - Une quatrième raison nous vient de notre propre tradition chrétienne : les premiers traducteurs de l’Ancien Testament en latin, et, en particulier Saint Jérôme, ont traduit le Tétragramme par « Dominus », c’est-à-dire « SEIGNEUR »

 Complément  « Aussi loin qu’est l’Orient de l’Occident, il met loin de nous nos péchés » : dans la liturgie du Baptême des premiers siècles, les baptisés se tournaient vers l’Occident pour renoncer au mal, puis faisaient demi-tour sur place et se tournaient vers l’Orient pour prononcer leur profession de foi avant d’entrer dans le baptistère.

HOMÉLIE DU 7E DIMANCHE ORDINAIRE A

21 février, 2014

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIE DU 7E DIMANCHE ORDINAIRE A

Lv 19, 1-2, 17-18 ; 1 Co 3, 16-23 ; Mt 5, 38-48

Etre traité de fou ou de folle ne plaît à personne. Ce terme de mépris impressionne. N’est-il pas dénonciation d’excès manifestes, d’attitudes non conformes aux critères habituels des gens raisonnables ? Cette injure isole. Elle exclut du cercle privilégié des sages. Le fou n’est pas « comme tout le monde ». Le saint non plus. Il est vrai qu’il y a sagesse et sagesse. « La sagesse de ce monde est folie devant Dieu », nous rappelle Paul. Nous admirons la formule, l’opposition des termes, mais nous ne croyons guère à sa vérité. « Si quelqu’un parmi vous pense être sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou, pour devenir sage ». Un vrai défi que nous aurons peine à relever ! L’Evangile nous donne cependant l’occasion de tester nos critères de sagesse et de mesurer la sainte folie de nos comportements. Jésus ne s’adresse pas à des adorateurs ni à des esclaves du « monde ». Ses interlocuteurs ne sont pas possédés par l’esprit du « Malin ». Croyants fidèles, ouverts aux nouveautés du jeune prophète, les disciples vivent une sagesse qui dépasse celle des païens. C’est la loi de Moïse qui leur sert de fil conducteur. Et Moïse s’est fait l’écho du Dieu tout puissant… Echo faible et fragile, constamment perturbé par les aménagements des commentaires, les résistances d’un peuple « à la nuque raide », la séduction des idoles prometteuses de bonheur sans peine. Jésus va réinterpréter la Loi en remontant à la source. « Soyez saints comme moi le Seigneur votre Dieu je suis saint ». Avant même de se concrétiser en piste, en exemple, en type d’applications multiples, la Loi est essentiellement « loi de sainteté ». « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». La conduite du Père est modèle pour celle des enfants. La Loi n’est pas une ordonnance pesante comme un carcan et assortie de menaces. Elle est appel cordial à réussir sa vocation de fils et de filles. Pour être vraiment ce à quoi ils sont appelés, ils doivent être ressemblants à celui qui les a créés par amour et pour l’amour. Il ne suffit pas cependant de chanter l’amour pour en vivre, ni d’en rêver pour le partager et le communiquer. Comment dès lors exprimer dans la multiplicité et la diversité des relations humaines ce quelque chose d’insaisissable mais d’ineffable qui est tendresse de Dieu et infini respect des êtres ? Pour découvrir les secrets et les exigences de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain, la Loi (Lv) sème sur la route des croyants des balises éclairantes. Mais jusqu’où doit aller l’amour de Dieu et du prochain ? Dépassant la loi de vengeance aveugle, Moïse avait introduit le progrès d’une certaine justice envers les membres du peuple, les compatriotes. Jésus va dépasser largement cette sagesse religieuse légale et traditionnelle. Pour accomplir la Loi, il va abolir des lois telle celle du talion. Une véritable folie ! En quelques mots, Jésus casse l’engrenage de la violence qu’entretient la « vengeance » institutionnalisée. Le prophète de Nazareth introduit dans les relations humaines l’étonnante miséricorde divine qui engendre le pardon. La rigoureuse justice elle-même sera métamorphosée et singulièrement adoucie par la générosité et la délicatesse de la charité même de Dieu. Nous voici invités à rompre avec la sagesse et la logique du monde, à prendre ses raisonnements pour du vent ! Nous voici embarqués dans la folle aventure de l’amour des ennemis, du bien rendu pour le mal, du service gratuit, de la générosité sans calcul. Ce n’est pas pour autant un impossible amour. Il ne s’agit pas ici d’émotions passagères, d’instinct ou d’attirance, mais bien de noblesse d’âme, d’attitude de constante bienveillance et de cette volonté évangélique qui respecte l’être humain tout entier. C’est l’amour qui reconnaît aux autres tous les droits que je possède moi-même et à moi-même tous les devoirs qui incombent aux autres. Dans chaque eucharistie, Jésus nous invite à « devenir fou pour devenir sage ». Le repas de la Parole et du Pain partagés nous pousse à briser les carcans de la sagesse du monde. Il est invitation à communier à celui qui est saint pour être saint à notre tour. N’oublions pas que l’histoire continue. Les paroles de Jésus sont toujours actuelles. Nous cherchons trop souvent à les minimiser, à les adoucir. Aujourd’hui encore ce qu’il dit nous perturbe et nous fait peur. Nous n’avons pas envie de devenir fous, même pour devenir sages… Et nous ne prenons pas volontiers pour nous le résumé du sermon sur la montagne, qui nous donne le vertige : Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. C’est cependant ce qu’il nous demande.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T) – 1925 – 2008

Virgen con el niño

20 février, 2014

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http://historiadelartecbe.blogspot.it/2011/11/catacumbas.ht

JE VOUS SALUE, MARIE : UNE LONGUE HISTOIRE

20 février, 2014

http://www.revue-kephas.org/02/2/Guillaume127-133.html

JE VOUS SALUE, MARIE : UNE LONGUE HISTOIRE

MGR PAUL-MARIE GUILLAUME

Avril-Juin 2002

(beaucoup de notes sur le site)

Comparée à l’histoire du « Notre Père », celle du « Je vous salue, Marie » est beaucoup plus complexe. Pour le Pater, il n’y a pas de problème, même si les Évangiles de Luc et de Matthieu nous en donnent deux expressions un peu différentes, reflets probables des diverses façons dont les communautés chrétiennes primitives l’ont récité.
L’histoire de l’Ave Maria dure quinze siècles environ, et nous ne pouvons la suivre pas à pas car nous la connaissons mal. Mais nous avons assez de points de repère pour nous en faire une idée exacte, même si elle reste incomplète.
Il nous faut d’abord distinguer nettement les deux parties de la prière : la première sous forme de louange et la deuxième sous forme de supplication. La première a existé longtemps toute seule. C’est d’elle qu’il va d’abord être question.

La première partie de l’Ave Maria : sa genèse
À première vue, elle se compose de deux petits extraits de l’Évangile de Luc : la salutation de l’ange (1, 28) et la réponse d’Élisabeth à Marie (1, 42). Seuls les noms de Marie et de Jésus ont été ajoutés. À y regarder de plus près, les références semblent plus complexes !
Vous êtes bénie entre toutes les femmes : qui parle ?
Ces mots sont-ils à mettre dans la bouche d’Élisabeth ou dans celle de l’ange, ou dans l’une et l’autre ?
La plupart des éditions actuelles de l’Évangile les attribuent à Élisabeth. Mais l’édition du Nouveau Testament du Père Merk les introduit en Lc 1, 28, en les mettant toutefois entre parenthèses. Dans son commentaire de saint Luc, le Père Lagrange écrivait que l’attribution à Gabriel avait « d’excellentes autorités, mais qui sont suspectes d’avoir harmonisé avec v. 42. »1
Quelles sont ces autorités qui mettent la bénédiction dans la bouche de l’ange ? Dès le milieu du IIe siècle, le Protévangile de Jacques (11,1) et le Diatessaron de Tatien. Au tournant des IIe et IIIe siècles, Tertullien dans Le Voile des vierges2, puis, au IVe siècle, Eusèbe de Césarée3. Au IVe siècle, en commentant Tatien, Ephrem le Syrien souligne la double bénédiction de l’ange et d’Élisabeth : « Et Élisabeth confirma cette parole, disant une nouvelle fois : Tu es bénie parmi les femmes. »4 Saint Ambroise connaît lui aussi l’attribution à l’ange.5 Cette leçon (= version) se trouve aussi dans le Codex Ephraemi du Ve siècle, dans le Codex Bezae des Ve–VIe siècles, ainsi que dans le Syriaque et la Vulgate. On la retrouve plus tard dans la liturgie en usage à Sainte-Marie Antique à Rome (en 650), ainsi que dans la liturgie byzantine.6
Que conclure ? Il est certain que, même si cette leçon n’est pas originale, elle est « très ancienne ».7 On a souligné que « ce mécanisme de mémoire traduit l’ancienneté plus grande encore du rapprochement de versets évangéliques pour la construction d’une formule de prière ». 8

Le nom de Marie : des usages variables
Dans le salut de l’ange, le nom de Marie n’est pas mentionné. C’est « pleine de grâce » qui est le nom de Marie sur les lèvres de Dieu. Il est bien difficile de saisir à quel moment de l’histoire ce nom a été introduit. Il est probable que, dès l’instant où l’on a utilisé le salut de l’ange comme prière, l’on a ajouté « Marie ».
Le premier témoignage semble être le graffito « Salut, Marie », écrit en grec sur un mur auprès de la grotte de l’Annonciation à Nazareth et datant du IIIe–IVe siècles. Le nom de Marie se trouve aussi sur deux ostraca égyptiens des VIe–VIIe siècles, chez Ildefonse de Tolède au VIIe siècle et chez Pierre Damien au XIe siècle. En revanche, au VIIIe siècle, Jean Damascène prêche longuement sur l’Annonciation en répétant sans cesse : « Salut, pleine de grâce », mais sans jamais y ajouter « Marie ». De même, l’Hymne acathiste (= à chanter sans s’asseoir), si important dans la liturgie byzantine à partir du VIIIe siècle au moins, qui chante plus de cent cinquante fois « Salut », suivi d’un titre marial – une véritable litanie –, ne dit jamais : « Salut, Marie », ni d’ailleurs : « Salut, pleine de grâce », même si toute la prière est un développement de la salutation de Gabriel. Le nom de Marie apparaît une seule fois dans une antienne d’introduction.

L’usage liturgique précoce
C’est dans la liturgie que l’on décèle les premières formules annonciatrices de la première partie de l’Ave Maria.
En Orient, la Liturgie de saint Jacques des IVe–Ve siècles chante « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es bénie parmi les femmes et béni le fruit de ton sein, car tu as engendré le sauveur de nos âmes » (même texte dans la Liturgie de saint Marc).
Les deux ostraca égyptiens sont les humbles témoins de ce qui devait être entendu dans les liturgies. L’un d’eux commence par « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi » et porte, dans les dernières lignes, « Salut, Marie ». Le second commence par « Salut, Marie, pleine de grâce » et porte au verso « Salut, pleine de grâce, Marie; le Seigneur avec toi; tu es bénie parmi les femmes et béni est le fruit de ton sein, car tu as conçu le Christ, le Fils de Dieu, le rédempteur de nos âmes ».
La fête byzantine de l’Annonciation (aux VIe–VIIe siècles), « qui nous fait sans aucun doute entrer le plus avant dans la grande mariologie byzantine » (L. Bouyer9), contient plusieurs textes qui expriment la foi de l’Église dans le rôle de Marie :
« Salut, toute bénie et remplie de la grâce de Dieu. Béni soit le fruit divin et immortel de vos entrailles, Lui qui par vous accorde au monde entier sa grande pitié.
« Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous; vous enfanterez le Fils qui procède du Père avant les siècles et qui sauvera son peuple de ses offenses.
« Salut, toute pleine de grâce, le Seigneur est avec vous; salut, pure Vierge; salut, épouse non épousée; salut, Mère de vie; béni est le fruit de vos entrailles ! »10
Au VIIIe siècle, Jean Damascène a la formule liturgique : « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. Tu es béni entre les femmes et le fruit de tes entrailles est béni. »11 Il ne manque plus que les noms de Marie et de Jésus.
En Occident, la première partie de l’Ave Maria est introduite dans la liturgie latine aux VIe–VIIe siècles, par le pape saint Grégoire le Grand, ou par quelqu’autre personnage moins célèbre. On la trouve en effet au chant d’offertoire du IVe dimanche de l’Avent : Ave Maria, gratia plena : Dominus tecum : benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui. Il peut s’agir d’un remploi de l’antienne d’offertoire du mercredi des Quatre-Temps d’hiver, le jour où l’on lisait l’Évangile de l’Annonciation (les Messes des Quatre-Temps sont parmi les plus anciennes de la liturgie romaine). Quelle qu’en soit l’origine, il convient de remarquer que cette antienne ne s’est jamais terminée par « Jésus ».12
La première partie de l’Ave Maria devient une prière usuelle au Moyen-Âge
Malgré son introduction précoce dans la liturgie, l’Ave Maria met du temps à se populariser13. Certes, au VIIe siècle, Ildefonse, évêque de Tolède, récite plusieurs fois l’Ave Maria lors d’une vision, en se mettant à genoux. Mais il s’agit d’un témoignage exceptionnel. En fait, il faut attendre le XIe siècle pour être assuré, avec le témoignage de saint Pierre Damien († 1072), que l’Ave Maria devient une prière populaire en faveur. Il rapporte d’un clerc qu’il récitait chaque jour l’Ave Maria jusqu’à benedicta tu in mulieribus14.
Au XIIe siècle, qui connaît un grand essor de la piété mariale, Amédée de Lausanne, abbé de l’abbaye cistercienne de Hautecombe († vers 1159), est, semble-t-il, le premier à ajouter le nom de « Jésus ». Cette addition est peut-être due à l’intention d’introduire la doxologie finale de l’homélie qui s’achève ainsi : « Je te salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre toutes les femmes, et béni le fruit de ton sein, Jésus Christ, qui est par dessus toutes choses le Dieu béni dans les siècles des siècles. »15 À la même époque, un ermite du Hainaut, saint Albert, disait l’Ave Maria en faisant cent fois par jour des génuflexions.
C’est à Paris que la Salutation angélique est prescrite pour la première fois : en 1198, l’évêque exhorte à la récitation de l’Ave Maria avec le Pater et le Credo. Vers 1210, les statuts synodaux de Paris – qui préparent les décisions du grand concile de Latran IV de 1215 – invitent tous les chrétiens à apprendre et à réciter l’Ave Maria.
Désormais, à partir du XIIIe siècle donc, les points de repère se multiplient. En voici quelques exemples. Vers 1230, un chapitre général des Chartreux demande aux prieurs d’apprendre aux novices convers l’Ave Maria, en plus du Pater et du Credo. En 1261, un chartreux du diocèse de Nevers « avait résolu au fond de son cœur d’offrir à la Vierge, le jour comme la nuit, cent fois l’Ave angélique suivi de la béatification du fruit de son sein. »16 C’est dans un bréviaire des Chartreux de la première moitié du XIVe siècle qu’on aura la première apparition de la récitation de l’Ave Maria avant les Heures.
Un compagnon de saint Dominique était mort en tenant en main une cordelette de nœuds qui lui servait à compter ses Ave. Il en récitait des milliers par jour17. En 1266, le chapitre général des Dominicains demande aux frères convers de dire chaque jour l’Ave Maria en nombre égal à celui du Pater dans leur office. Saint Thomas d’Aquin († 1274) compose un court commentaire de l’Ave Maria jusqu’à benedictus fructus ventris tui. Il n’est donc pas étonnant que, dès 1277, les béguines de Gand, dirigées par les Dominicains, récitent chaque jour trois fois cinquante Ave Maria18. Sainte Mechtilde de Magdebourg († 1280), profondément attachée à l’Ordre dominicain, récite chaque jour trois Ave Maria en l’honneur du Père, du Fils et du Saint Esprit. Au même moment, entre 1200 et 1250, dans les pays du nord de l’Europe, certaines cloches portaient des inscriptions comme celle-ci : « Maître Jacques m’a faite. Il m’a donnée à … pour l’âme de sa chère épouse… Que Dieu bénisse celui qui m’a érigée. Je te salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. Tu es bénie entre toutes les femmes. »19
Le témoignage de sainte Gertrude d’Helfta (1256–1302/3) est particulièrement intéressant, car on voit comment la dévotion à la Vierge Marie prépare l’usage du Rosaire et inclut déjà la supplication de la seconde partie de l’Ave Maria.
À la fête de l’Annonciation, au cours de la récitation de l’Invitatoire Ave Maria, « Gertrude vit trois ruisseaux impétueux jaillir de leur source du Père, du Fils et du Saint Esprit, et couler dans le cœur de la Vierge-Mère pour remonter avec la même rapidité à leur source divine (…) À chaque Ave Maria récité dévotement par les fidèles, ces trois ruisseaux venaient cerner de toutes parts la bienheureuse Vierge, traverser son cœur très saint et remonter vers leur source première en produisant d’admirables effets (…) Les fidèles, en répétant cette salutation, sentent se renouveler en eux tout le bien qui leur est venu par le mystère de l’Incarnation. »20 Gertrude apprend de Marie à réciter chaque jour de l’octave de l’Annonciation quarante-cinq Ave Maria, « en mémoire des jours que le Seigneur mit à croître dans son sein. » (p. 143)
Déjà, en récitant cette première partie de l’Ave Maria, Gertrude comprend qu’il faut prier pour les souffrants, pour la persévérance des pénitents, pour le pardon des pécheurs (p. 143). À chaque Ave Maria, il fallait ajouter ces mots, tirés de la Lettre aux Hébreux (1, 3) : « Jésus splendeur de la clarté paternelle et figure de sa substance ». (p. 145)
À la fête de l’Assomption, Gertrude, malade, « ne pouvait malgré son désir réciter autant d’Ave Maria que la bienheureuse Vierge avait passé d’années sur la terre. »21 Pour la Nativité de Marie, elle récite autant d’Ave Maria que de jours de la présence de Marie dans le sein de sa Mère22. À Complies, « elle offrit à la bienheureuse Vierge 150 Ave Maria (…) lui demandant de daigner l’assister à l’heure de la mort avec toute sa tendresse maternelle. » (p. 431) Pour une jeune fille défunte, toutes les Sœurs récitent le Psautier en ajoutant après chaque psaume un Ave Maria.23
La récitation de la première partie de l’Ave Maria s’est donc généralisée en Occident à partir du XIe siècle. Au XIVe siècle, plusieurs synodes des pays nordiques prennent la même mesure que le synode parisien de 1210. Il s’agit peut-être de contraindre des récalcitrants; il s’agit plus sûrement d’entériner une pratique bien enracinée. On avait l’habitude d’entendre les prédicateurs la réciter avant le sermon, on la gravait sur les pierres et sur les cloches des églises, surtout celle destinée à sonner le glas, tout particulièrement dans les pays nordiques.24
Sauf exception (on a vu celle d’Amédée de Lausanne), la prière s’arrête à ventris tui. Le nom de Jésus est omis. Selon de vieux documents, c’est le pape Urbain IV (1261–1264) qui a accordé une indulgence pour l’addition du nom de Jésus Christ. Ensuite cette clausule se répandra assez vite, à la fin du XIVe et au XVe siècle.25
La seconde partie de l’Ave Maria : le cri de la supplication
Dom Capelle écrit : « Incoerciblement, vers la toute-puissance suppliante le peuple chrétien pousse son cri lorsqu’il s’adresse à Marie. Il ne saurait se contenter de la louer. C’est lui qui a fait de l’Ave Maria l’appel des pécheurs. »26
Dès le IIIe siècle, le Sub tuum, découvert en grec sur un papyrus, est une prière de supplication à Marie, Mère de Dieu. Au IVe siècle, saint Augustin achève un sermon en priant Marie pour les différentes catégories de chrétiens.27
Dans la liturgie byzantine de l’Annonciation, louange et supplication se mêlent : « Salut, pleine de grâce ! C’est de vous que nous vient le salut, le Christ notre Dieu qui, ayant assumé notre nature, l’a élevée à la hauteur de la sienne. Priez-le de sauver nos âmes. »28 Au VIIIe siècle, saint André de Crète parle de Marie « par laquelle, pécheurs, nous recevons la faveur de la divinité. »29
Dans la Divine Comédie, Dante († 1321) écrit : « …et le fruit de vos entrailles que je prie de nous garder du mal, Jésus-Christ (…) Priez Dieu pour nous de nous pardonner et de nous donner la grâce de vivre de telle sorte ici-bas qu’il nous donne le paradis à notre mort. » Un peu plus tard, un bréviaire cartusien de 1350 porte : Sancta Maria, ora pro nobis peccatoribus, nunc et in hora mortis, Amen30 et, au siècle suivant, saint Bernardin de Sienne, dans un sermon sur la Passion, est le témoin de la formule : « Sainte Marie, priez pour nous pécheurs. »31
Vers la fin du XIVe siècle on récite donc l’Ave Maria dans sa version longue, au moins dans certaines régions de l’Europe.32 Ce sont les bréviaires du XVIe siècle (celui des Trinitaires de 1514, des Franciscains de 1525, des Chartreux de 1562) qui donnent la formule complète encore en usage aujourd’hui. Elle est introduite dans le bréviaire romain révisé, édité par le pape saint Pie V en 1568.
Entre la salutation de l’ange Gabriel et la consécration officielle de l’Ave Maria, il y a donc une longue histoire de plus de 1500 ans. C’est le lent développement de la prière mariale que nous exprimons lorsque, à longueur de vie, nous égrenons nos « Je vous salue, Marie ». Un mot de saint Grégoire de Nysse (IVe siècle) peut servir de conclusion. Dans une homélie de Noël, il définit la salutation de l’ange comme « les paroles de la mystagogie », c’est-à-dire de l’initiation au mystère de Dieu.33 C’est dire combien la prière de l’Ave Maria n’est pas simplement un acte de piété mais un acte de foi dans le mystère de Dieu avec les hommes, inauguré au jour de l’Annonciation.

HISTOIRE DE LA SAINTE-CROIX

20 février, 2014

http://www.orleans.catholique.fr/cathedrale/index.php?2006/12/14/7-histoire-de-la-sainte-croix

HISTOIRE DE LA SAINTE-CROIX

La Vraie Croix, dite également Sainte Croix, est la croix sur laquelle Jésus-Christ a été crucifié. Elle aurait été faite de bois d’olivier (symbole de la réconciliation) et de cèdre (symbole de l’immortalité et l’incorruptibilité).
Selon une tradition médiévale, illustrée par exemple par les fresques de Pierro della Francesca à Arezzo, la Croix du rédempteur aurait été taillée dans le bois de l’Arbre de la Vie. Certains prétendent que cette dernière a été jetée dans un fossé, près des remparts de Jérusalem à quelques mètres du Golgotha.
D’après des témoignages historiques, Sainte Hélène, la mère de l’empereur Constantin Ier, découvrit la Croix de Jésus lors d’un pèlerinage en Palestine, qu’elle aurait entrepris en 326. L’importance de l’évènement donna naissance à la fête de l’invention (ce qui veut dire découverte) de la « Sainte-Croix ». Plus tard, sur l’ordre de Constantin, une célébration annuelle fut décrétée, portant le nom « Exaltation de la précieuse et vivifiante Croix ». En partance pour Rome, la mère de Constantin aurait emporté avec elle d’importants morceaux du bois sacré et aussi de nombreuses reliques ayant trait à la Passion du Christ.
Dès 614, Jérusalem, centre de pèlerinage chrétien, tomba aux mains des Perses conduits par leur roi Chosroès II , en guerre alors contre l’empire d’Orient. Les Perses emportèrent avec eux, dans leur butin, la Vraie Croix, plusieurs autres reliques et brulèrent les églises. Quelques années après, en 630, l’empereur byzantin Héraclius Ier, vainqueur des Perses à Ninive en 627, ramena la Vraie Croix à Jérusalem, la porta solennellement au Calvaire et répara l’église du Saint-Sépulcre.
La Quatrième croisade, dont le but premier était de délivrer les Lieux Saints retombés aux mains de l’Islam, se retrouve détournée par les Vénitiens sur Constantinople, mise à sac durant trois jours. Néanmoins les reliques, dont la Sainte Croix, échappèrent pour un temps à leur convoitise et au pillage.
Peu après ces évènements les vénitiens s’emparèrent des précieuses reliques. Saint Louis, roi de France, dédommagea les Vénitiens et en 1238 réussit à acquérir quelques reliques de la Passion dont la « Sainte Couronne ». Le 30 septembre 1241, la Vraie Croix et sept autres reliques dominicales furent acquises par le Roi. Pour accueillir l’ensemble des reliques et la Sainte Croix, le roi fit construire et consacrer en 1248 la « Sainte-Chapelle », un lieu sacré au centre de Paris, dans l’île de la Cité, fondé en 1246. La Sainte Croix et les autres reliques venues de Constantinople furent enfermées jusqu’à la Révolution dans une Châsse monumentale d’orfèvrerie, haute de plus de trois mètres.
Le 25 avril 1794, la Vraie Croix fut dépouillée des matières précieuses qui l’ornaient et sa trace se perdit. Néanmoins il reste des reliques du bois de la Croix et un clou de celle-ci dans le Trésor de la sacristie de la Cathédrale Notre-Dame.
Il est difficile de retracer l’histoire de la Vraie Croix car celle-ci fut découpée en de nombreux morceaux distribués à de nombreux bénéficiaires. Aussi, aujourd’hui, les morceaux de la Croix du Christ sont très dispersés, et la liste de ces reliques est longue.
De nombreux autres lieux sacrés prétendent accueillir un morceau du Saint bois. De même, il existe de nombreuses variantes du récit de l’histoire de la Sainte Croix. Autant de versions qui suscitent les fantasmes les plus fous et un intérêt certain pour une des reliques les plus célèbre de l’histoire du Christianisme.

 

Divine Liturgie dans le monastère Sretensky le Jeudi Saint

19 février, 2014

Divine Liturgie dans le monastère Sretensky le Jeudi Saint dans images sacrée

http://www.pravoslavie.ru/put/61279.htm

Homélie: Mons. Guy De Kerimel, évêque de Grenoble, La fête de Saint Pierre-Julien Eymard

19 février, 2014

http://www.sacramentini.it/attualita13.html

OMELIA DI MONS. GUY DE KERIMEL, VESCOVO DI GRENOBLE, IN OCCASIONE DELLA FESTA DI SAN PIER GIULIANO EYMARD A LA MURE, IL 30 LUGLIO 2006

HOMÉLIE:
Mons. Guy De Kerimel, évêque de Grenoble, La fête de Saint Pierre-Julien Eymard a La Mure, le 30 Juillet, 2006

Il y a cent cinquante ans, Pierre-Julien Eymard fondait, à Paris, la Congrégation du Saint-Sacrement, dans des conditions de grande pauvreté intérieure et extérieure. L’archevêque de Paris, contre toute attente, décida de reconnaître l’oeuvre naissante et de l’encourager. Comme toute fondation qui est oeuvre de Dieu, elle demanda à son fondateur bien des épreuves, des actes de foi et des purifications.
Depuis plusieurs années, Pierre-Julien Eymard, d’abord prêtre du diocèse de Grenoble puis religieux mariste, se sentait poussé intérieurement à instituer un groupe d’hommes qui puissent se dévouer au sacrement de l’Eucharistie, trop peu honoré selon lui, et devant lequel beaucoup de chrétiens n’éprouvaient qu’indifférence.
Lui-même, dès son enfance, avait reçu le goût de l’adoration et de la communion eucharistiques, et se sentait proche des courants qui se développaient, au milieu du dix-neuvième siècle, en faveur de la dévotion eucharistique. Cependant, il fonda une oeuvre originale qui se voulait à la fois contemplative et apostolique pour conduire ses contemporains à l’Eucharistie. Il aurait approuvé cette formule du Concile Vatican II: «L’Eucharistie est la source et le sommet de la vie chrétienne».
Il exprimait ainsi la mission de sa Congrégation: «Il ne s’agit plus d’une vérité à défendre mais du Roi de la vérité attaqué partout; de faire profession d’une vertu évangélique mais du service de Notre-Seigneur abandonné dans son divin Sacrement; de combattre la grande hérésie du siècle, l’indifférence, de faire fondre cette glace qui pétrifie tous les coeurs, de prêcher la divine Eucharistie à temps et à contretemps ; que dans tout rapport de société, que dans tout acte extérieur, Notre-Seigneur y ait sa part».
Ces Paroles restent d’actualité: aujourd’hui encore trop de chrétiens ne font pas de l’Eucharistie le centre de leur vie. Malgré l’Année de l’Eucharistie proposée par le Pape Jean-Paul II, malgré un développement croissant de l’adoration eucharistique dans le monde entier, beaucoup de chrétiens ne savent pas ce qu’ils font quand ils communient; on se demande parfois s’ils ne se contentent pas de suivre le mouvement, et si le geste de communion ne se réduit pas à un simple partage du pain. La mission du Père Pierre-Julien Eymard et de la Congrégation des Pères du Saint-Sacrement est loin d’être achevée, et nous prions Saint Pierre-Julien de nous aider à entrer dans l’intelligence de ce grand mystère.

Nous avons souvent le sentiment que Dieu est bien silencieux ou absent, et nous allons chercher à combler notre soif d’Absolu dans des réalités éphémères, dans des citernes lézardées, selon l’expression des prophètes. Or dans l’Eucharistie, nous avons le plus grand signe de la présence du Christ ressuscité au milieu des siens. Par le sacrement de l’Eucharistie, le Christ veut nous rejoindre dans notre vie concrète, Il veut se révéler à nous, nous combler bien au-delà de nos désirs, et transformer nos vies. Pourquoi chercher ailleurs une preuve plus grande d’amour? Pourquoi nous fabriquer des idoles incapables de répondre à nos attentes? Quelle est la personne humaine qui a donné sa vie pour nous? Quel est le dieu qui a accepté de s’anéantir pour se faire semblable aux hommes, ses créatures, afin de pouvoir mourir pour eux sur une croix ? Quelle est la Puissance, l’Autorité, qui s’abaisse jusqu’à se faire notre nourriture, pour nous faire vivre de sa vie?
«Fuyez le culte des idoles», écrit saint Paul aux Corinthiens. Vous avez le Corps et le Sang du Christ, cela doit vous suffire. Notre monde ne cesse de fabriquer des idoles, et veut nous faire croire qu’elles nous apporteront le bonheur que nous cherchons. Ce sont les innombrables produits de consommation, ce sont les stars de toutes sortes, ce sont aussi les spiritualités de bien-être, ce peut être encore nos propres enfants.
Chacun de nous pourrait se demander à quoi il est attaché dans sa vie de tous les jours et quelle est la place de Dieu, la place de l’Eucharistie, dans ce qui le fait vivre.
L’Eucharistie est non seulement une nourriture qui nous comble comme un festin de noces, un avant goût de ce que nous vivrons au ciel, mais elle est aussi notre demeure ici-bas, notre lieu de stabilité, puisqu’elle est le signe de la manifestation la plus éclatante de l’Amour de Dieu: en effet, le fondement sur lequel repose la vie des hommes, c’est l’Amour de Dieu. Quand l’être humain se met à douter de l’Amour de Dieu, alors tout devient fragile dans sa vie. Il va chercher sa stabilité dans le pouvoir ou l’argent, mais il ne pourra pas évacuer un sentiment profond d’insécurité.
L’Eucharistie est pour nous la Source de l’Amour; elle nous permet de demeurer dans l’Amour de Dieu, de demeurer dans le Christ. Celui qui adore en esprit et en vérité, qui se nourrit habituellement de l’Eucharistie, apprend à vivre dans le Christ et à laisser le Christ vivre en lui ; il reçoit une force et une paix intérieures qui lui permettent d’aimer en vérité son prochain et de devenir ainsi source d’amour dans le Christ. Il devient apôtre de l’Amour, bâtisseur d’amour, serviteur de la communion. «En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire», nous dit Jésus; «celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit». Ailleurs, dans le même évangile selon saint Jean, Jésus disait explicitement à ses disciples: «qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui… celui qui me mange vivra par moi».
Ces textes évangéliques ont profondément nourri la spiritualité de Saint Pierre-Julien Eymard; ils expriment cette union intime avec le Christ à laquelle chaque baptisé est appelé, en Église, et sans laquelle il ne peut accomplir sa mission dans le monde.
La mission du chrétien dans le monde est de diffuser le feu de l’Amour Divin partout et de conduire chaque être humain à la source de cet Amour, à l’Eucharistie. Vivre de l’Eucharistie, c’est vivre du monde nouveau inauguré par la résurrection de Jésus-Christ. C’est vivre une vraie vie de communion fraternelle dans le Christ, en Église, et rayonner cette communion dans le monde. Les Actes des Apôtres nous montrent la communauté des premiers chrétiens partageant leurs biens, les mettant en commun pour que chacun ne manque de rien.
L’Eucharistie fait l’Église, Corps du Christ, signe du monde nouveau au coeur du monde ancien. On ne peut pas comprendre l’Église si on la dissocie de l’Eucharistie: «Signe et moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité du genre humain» (L.G 1). L’Église est Communion et Mission; plus nos communautés chrétiennes vivront en vérité l’Eucharistie et prendront le temps d’adorer Jésus dans son Saint Sacrement, plus elles déploieront un élan missionnaire.
Qui aujourd’hui, dans notre monde n’aspire pas à un monde meilleur? Nous les chrétiens, nous l’Église de Jésus-Christ, nous devons manifester au monde les signes de ce monde que l’humanité recherche. L’Eucharistie est à la source de la transformation du monde nous disait le Pape Benoît XVI; il y a dans ce sacrement les arrhes du monde nouveau, toutes les grâces nécessaires pour l’édification de ce monde meilleur. Mais cela suppose que chacun se laisse transformer par ce sacrement et aille jusqu’au bout de la logique de l’Eucharistie, jusqu’au bout de la logique de l’Amour.
Saint Pierre-Julien Eymard est allé jusqu’au bout du renoncement à soi-même par amour; il s’est donné totalement pour que soit connu et aimé l’Amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, et livré aux hommes dans le sacrement de l’Eucharistie.
Puissions-nous croire à l’Amour de Dieu; puissions nous réaliser la grandeur du don qui nous est fait dans le sacrement de l’Eucharistie. Puissions-nous être des missionnaires de l’Amour Divin qui nous a été donné.

(+ Guy de Kerimel)

LES BÉATITUDES, EN GÉNÉRAL

19 février, 2014

http://www.ssccjm.org/spiritualite/beatitudes/beatitudes_general.html

LES BÉATITUDES, EN GÉNÉRAL

Sr Lise Marsan, ss.cc.j.m

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Introduction
Les Béatitudes
Visage de Jésus Christ
En résumé, les béatitudes
Temps d’intégration
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Introduction
Matthieu, en présentant dès le début de son Évangile le Sermon sur la montagne, nous propose le projet de Jésus pour l’humanité: le Royaume qui doit amener la personne à vivre selon son esprit.
Jésus veut aller plus loin que la « Loi Ancienne » qui s’exprime en des termes négatifs : < Tu ne feras pas ceci ou cela…> Les orientations de la « Loi Nouvelle » font appel à la liberté de la personne. Jésus spécifie :
< Vous avez appris…, et moi, je vous dis >
Le sermon sur la Montagne décrit bien la mentalité de l’Évangile; dans la première partie il présente, sous forme de Béatitudes, les interpellations promettant le Royaume à des personnes bien précises, celles qui développent les attitudes intérieures nécessaires pour suivre Jésus.
Cet esprit des Béatitudes, que nous tenterons d’explorer, Jésus le rappelle tout au long de sa vie publique, soit dans ses paroles, ses paraboles, ses discours plus directs ou dans ses gestes. Les Béatitudes nous disent quelque chose de Jésus. Pourquoi ? Parce qu’elles sont paroles vécues, expérimentées par celui-là même qui les a prononcées…par celui qui a dit : < JE SUIS LE CHEMIN >
L’objectif de tout chrétien est :
FORMER JÉSUS EN NOUS POUR ÊTRE UN AUTRE JÉSUS EN LA TERRE…
St Jean Eudes a approfondi cette phrase de St Paul : « Mes petits enfants que, dans la douleur j’enfante à nouveau, jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous ». (Gal. 4,19)
POUR FORMER JÉSUS – la route sûre à prendre : LA ROUTE DES BÉATITUDES
Les Béatitudes sont riches de la Présence de Jésus parce qu’elles nous tracent son portrait dans ses attitudes, dans sa relation à Dieu et aux autres; devant telle ou telle circonstance de la vie : (afflictions – deuils – persécutions) …
Les Béatitudes sont : LE COEUR DE L’ÉVANGILE à la condition de retrouver Jésus Christ vivant à travers chaque parole.

Les Béatitudes :
UNE PERSONNE À RENCONTRER plutôt que des conseils à entendre, des valeurs morales à suivre…;
Portrait de Jésus Christ et Portrait de Dieu < Qui me voit, voit le Père >…
Les Béatitudes, quand elles sortaient de la bouche même de Jésus, parlaient de Dieu et disaient les secrets de son Règne, du Royaume… c’est la Mission de Jésus ? Elles nous révèlent que Dieu est pauvre, qu’il est doux… etc.
En mettant ensemble chacun de leurs traits, les Béatitudes dessinent aussi le portait des chrétiens que nous sommes appelés à être …
Programme actif qui débouche sur la vie de tous les jours.
Mœurs de Dieu, code de nos vies pour former Jésus en nous.
Par les Béatitudes, Jésus bousculait les valeurs des Juifs en apportant un enseignement nouveau.
Nous retrouvons, dans l’Évangile, DEUX VERSIONS ou 2 adaptations du texte original
1.- Les Béatitudes écrites à la manière de Luc 6, 20-26;
<Levant alors les yeux …> on voit déjà que le lieu de la proclamation est la plaine…
Luc présente 4 bénédictions ou 4 Bienheureux et 4 Malédictions …
Luc retranche ce qui était trop judaïque; (ce qui concerne les lois ou les pratiques juives).
Luc apostrophe l’auditoire (vous)… il parle à des grecs chrétiens de sa communauté.
Les béatitudes à la manière de Luc: deviennent « exigence sociale du service des pauvres ».
2.- Les Béatitudes écrites à la manière de Matthieu Mt 5, 1-12
< Voyant les foules Jésus gravit la montagne >
Lieu de la proclamation : la montagne, lieu de la rencontre de Dieu.
Maintenant, sur une autre montagne, Jésus proclame la loi nouvelle qui porte l’ancienne à sa perfection.
adresse un enseignement pour une communauté chrétienne juive, il s’adresse à des gens déjà saisis par la grâce du Fils; il ajoute au texte original d’autres paroles prononcées par Jésus ;
il présente l’esprit nouveau du Royaume; la charte « du vivre ensemble » des disciples du Royaume;
il est un catéchète préoccupé de la manière d’agir des chrétiens, il veut préciser la ligne de conduite que le Maître attend de ses disciples;
Matthieu parle à la 3e personne (Luc apostrophe: vous)
En d’autres mots les Béatitudes, à la manière de Matthieu, c’est :
un message centré sur les attitudes spirituelles ;
un programme de vie vertueuse avec promesse de récompense céleste.
Luc parlait des pauvres tout court, ceux qui sont en manque matériellement. Matthieu « spiritualise » il parle des pauvres « en esprit ». Luc parlait de ceux qui ont faim. athieu ajoute: « faim et soif de justice ». Luc veut supprimer la pauvreté.
Matthieu dit comment on supprime la pauvreté: par la douceur, en pardonnant, en purifiant son coeur, en servant la paix. C’est alors que la justice est accomplie et que ceux qui pleurent sont consolés. Si Matthieu spiritualise, cela ne veut pas dire qu’il affaiblit, qu’il dilue, qu’il passe à la mièvrerie… Il donne au contraire les moyens pour que les béatitudes, à la manière de Luc, se réalisent. Il paraît probable, dit Dom Dupont, dont l’étude fait autorité, que Jésus, dans le sermon sur la Montagne, a magnifié la classe religieuse des humbles plutôt que l’état social de pauvreté.
Nous pouvons dire que les Béatitudes sont huit Paroles qui forment le code de l’Alliance nouvelle entre Dieu et les hommes – ces huit paroles, Jésus va les incarner surtout durant ses trois ans de vie publique.
Dans les béatitudes, il n’y en a pas une plus importante que l’autre, une première et une dernière il n’y a ni maîtresse parole, ni parents pauvres, ni hiérarchie. Les béatitudes s’impliquent l’une dans l’autre, se complètent, se conditionnent, bref elles communiquent entre elles à la manière des océans…
Dans les Béatitudes il n’y a aucune défense. L’AMOUR ne peut interdire… car si j’interdis, je perds l’Amour. « AIME ET FAIS CE QUE TU VEUX », dit St-Augustin.
Les huit Béatitudes de Matthieu sont toutes positives – aucune prescription négative. Les Béatitudes constituent le code de l’Amour, à la lumière desquelles nous pouvons examiner nos manques… nos incohérences. Par les Béatitudes, Jésus nous propose la charte de notre parcours vers Dieu et de notre combat pour la personne. C’est un programme actif qui débouche directement sur la vie pratique de tous les jours. Un programme réaliste qui nous donne le goût de nous y mettre… peut-être n’y avons-nous que rêver !
La vie publique de Jésus de Nazareth ne fut qu’une longue marche dans les chemins des béatitudes. Il invite ses disciples à avancer, eux aussi, dans cette route des béatitudes. Nous pouvons parcourir les Béatitudes dans l’ordre présenté par les Évangélistes qui est un ordre linéaire; nous pouvons aussi les approfondir par un regroupement:
les Béatitudes décrivent nos attitudes dans notre relation à Dieu;
les Béatitudes détaillent nos attitudes dans notre relation aux autres; et exposent les attitudes devant certaines situations pointues de notre vie : afflictions, deuils, persécutions etc.

Visage de Jésus Christ
À force de les répéter, on voit se dégager des huit Béatitudes, une certaine personne, un certain visage qui prend le nom de JÉSUS CHRIST.
Le chrétien est un autre Christ… les Béatitudes sont un appel à lui ressembler, nous qui sommes faits à l’image et à la ressemblance de Dieu … « À la semblance de Dieu », comme dirait Jean Eudes.
Lire les béatitudes, c’est d’abord lire le coeur de Dieu comme Jésus, en les disant, décrivait le coeur de Dieu. Quand il propose aux gens, qui sont là devant lui, ses Béatitudes, Jésus leur livre son secret, ce qui lui a été donné de plus cher: le coeur même de Dieu.
Il faut commencer par là, sous pine de faire des Béatitudes ce qu’elles ne sont pas: un poème sentimental ou un programme moral. Qu’elles touchent notre coeur et notre esprit, oui; qu’elles nous invitent à changer nos façons de vivre, oui; mais surtout qu’elles nous permettent de reconnaître le Dieu dont elles nous parlent dans ses agirs, dans ses attitudes.
Le message des Béatitudes est un appel répété à un < va plus loin … va plus profond…> au cœur de la personne qui l’entend et le place au cœur de sa vie.
C’est une invitation à entrer dans un dynamisme enthousiasmant, mais décapant et exigeant… Les Béatitudes sont là pour être vécues dans l’ordinaire de la vie… les occasions de les vivre sont quotidiennes… Elles nous permettent de répondre à l’invitation du Seigneur des Béatitudes :
< SOYEZ PARFAITS COMME VOTRE PÈRE CÉLESTE EST PARFAIT > Mt 5,48
Les béatitudes, une fois qu’elles ont pris racine dans le cœur d’une personne, se développent et en viennent à produire des fruits porteurs de l’empreinte ou de la couleur de la personne qui les cultive. Mais il ne faut pas perdre de vue le sens premier et profond, de même que l’originalité de ce message proclamé par Jésus… Il faut y revenir régulièrement…
Bernard Rérolle dans son livre : Dynamique des Béatitudes, écrit :
< Entrez dans la cohorte de ceux et celles qui se laissent transformer par le Christ. L’herbe et les pierres de la colline vous attendent comme au premier jour. Après vous être assis un moment au pied du Maître, vous n’aurez rien de plus important à faire que de vous mettre en marche et de faire que les Béatitudes portent désormais vos couleurs personnelles. Qu’elles témoignent de votre être essentiel. Et revenez vous asseoir un moment, aussi souvent qu’il le faudra: ne vous laissez pas égarer…>

EN RÉSUMÉ, LES BÉATITUDES…
un discours qui résonne dans les cœurs;
des paroles qui éveillent des harmoniques dont les vibrations ont traversé les siècles;
une révélation qui continue aujourd’hui même de bouleverser et de provoquer des changements de vie;
une manière nouvelle d’envisager la relation à Dieu et avec le prochain;
une grande bouffée d’air frais qui fait virevolter les feuilles séchées d’un légalisme décourageant;
un appel au mouvement, à la transformation.
La formulation des Béatitudes d’André Chouraqui exprime très bien cette invitation à la conversion:
EN MARCHE … LES HUMILIÉS DU SOUFFLE (pauvres de cœur)
EN MARCHE … LES AFFAMÉS ET ASSOIFFÉS DE JUSTICE;
EN MARCHE … LES CŒURS PURS;
EN MARCHE … LES HUMBLES (les doux);
EN MARCHE … LES MATRICIELS;
EN MARCHE… LES FAISEURS DE PAIX;
EN MARCHE … LES ENDEUILLÉS;
EN MARCHE… LES PERSÉCUTÉS POUR LA JUSTICE.

C’est à vous, lecteur, lectrice de décider de vous mettre en marche sur la route des Béatitudes.

Virgin Mary Refuge of Hopeless

18 février, 2014

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MARIE ACCUEILLE LA PAROLE DE DIEU

18 février, 2014

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/1352.html

MARIE ACCUEILLE LA PAROLE DE DIEU

THÉOLOGIE   Commencer La scène dite de la Visitation concentre quelques lignes de force de l’œuvre de Luc. Parmi elles, l’accueil et la proclamation de la Parole de Dieu… La scène dite de la Visitation concentre quelques lignes de force de l’œuvre de Luc. Parmi elles, l’accueil et la proclamation de la Parole de Dieu. Au début de l’Évangile selon St Luc, il y a une opposition entre deux lieux : le Temple et la maison. Dans le Temple, la Parole de Dieu ne circule plus. Le prêtre Zacharie, qui aurait dû se rappeler les naissances miraculeuses d’Isaac ou de Samuel, doute des paroles de l’Ange du Seigneur et demande un signe. Il en obtient un… en devenant muet ! Sans la foi, le Temple n’est plus qu’un bâtiment stérile. Il n’en va pas de même dans la maison de Marie.

Les lieux du quotidien Dans cette maison, la Parole de Dieu, transmise par l’Ange, est accueillie. La jeune fille ne soulève pas d’objection concernant l’impossible naissance d’un enfant. Elle ne demande pas de signe, mais une simple précision. Malgré sa virginité, elle mettra au monde un enfant qui aura une qualité réservée à Dieu seul : il sera « Saint ». Suite à cette annonce, Marie n’est pas muette, mais va proclamer les merveilles du Seigneur au loin, dans la maison… du muet du Temple ! Nous retrouvons ce schéma de la circulation de la Parole tout au long de l’œuvre de Luc. Partout où Jésus est présent, Dieu est célébré et son plan d’amour se dévoile aussi bien dans le Temple que dans les maisons. Quand Jésus, tout enfant, est présenté au Temple par Joseph et Marie, Syméon le prend dans ses bras et voit en lui le « salut préparé face à tous les peuples » et Anne parle de lui à « ceux qui attendaient la libération de Jérusalem. » (Luc 2,22-40). Quand Jésus adolescent pénètre dans ce même Temple, il dit qu’il est « chez son Père » (Luc 2,41-52). Ensuite, tout au long de l’Évangile, il annonce la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu en priorité sur les lieux du quotidien, dans les synagogues et dans les maisons, celle de Simon Pierre, de Marthe et Marie ou de Zachée…

Symbole de la communauté chrétienne Au début du livre des Actes, nous retrouvons le Temple. Depuis 40 ans, un infirme de naissance gît à ses portes. Pierre et Jean le remettent sur ses pieds et l’introduisent dans le Temple « au nom de Jésus Christ, le Nazôréen » (Actes 3,1-10). Puis, de maisons en maisons – celle de Marie, mère de Jean-Marc, celle de Lydie ou du gardien de prison de Philippes, etc. – la communauté chrétienne annonce et célèbre son Seigneur. Jusqu’à cette maison de Rome où Paul enseigne librement « ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ » (Actes 28,31). Replacée dans l’œuvre de Luc, la scène de la Visitation, n’est donc pas un simple épisode familial où Marie rend visite à sa cousine. Elle annonce la « visitation » du peuple par son Dieu. Porté par Marie, le Seigneur se rend dans la maison de Zacharie. Il y est reconnu grâce à Jean – déjà grand prophète ! – et célébré sous l’inspiration de l’Esprit Saint. À l’orée de l’Évangile, Marie est le symbole vivant de la communauté chrétienne qui, partout, porte « en hâte » la bonne nouvelle du Seigneur Jésus.  

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