Archive pour le 24 janvier, 2014

Conversion de l’Apôtre Paul

24 janvier, 2014

Conversion de l'Apôtre Paul dans images sacrée conversione-di-san-paolo3

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AUDIENCE GÉNÉRALE – SAINT PAUL, L’ »ABBÀ » – BENOÎT XVI

24 janvier, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20120523_fr.html  

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE – SAINT PAUL, L’ »ABBÀ »

Place Saint-Pierre

Mercredi 23 mai 2012

Chers frères et sœurs,

Mercredi dernier, j’ai montré que saint Paul dit que l’Esprit Saint est le grand maître de la prière et nous enseigne à nous adresser à Dieu à travers les termes affectueux des enfants, en l’appelant « Abbà, Père ». C’est ce qu’a fait Jésus ; même dans les moments les plus dramatiques de sa vie terrestre, Il n’a jamais perdu la confiance dans le Père et l’a toujours invoqué à travers l’intimité du Fils bien-aimé. Au Gethsémani, lorsqu’il sent l’angoisse de la mort, sa prière est : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Eloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » (Mc 14, 36). Dès les premiers pas de son chemin, l’Eglise a accueilli cette invocation et l’a faite sienne, en particulier dans la prière du Notre Père, dans laquelle nous disons chaque jour : « Notre Père, qui es aux cieux… que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Mt 6, 9-10). Dans les lettres de saint Paul, nous la retrouvons par deux fois. L’apôtre, nous venons de l’entendre, s’adresse aux Galates à travers ces paroles : « Et voici la preuve que vous êtes des fils : envoyé par Dieu, l’Esprit de son Fils est dans nos cœurs, et il crie vers le Père en l’appelant “Abba !” » (Ga 4, 6). Et au centre de ce chant à l’Esprit Saint qui est le chapitre huit de la Lettre aux Romains, saint Paul affirme : « L’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur ; c’est un Esprit qui fait de vous des fils ; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l’appelant : “Abba !” » (Rm 8, 15). Le christianisme n’est pas une religion de la peur, mais de la confiance et de l’amour au Père qui nous aime. Ces deux affirmations denses nous parlent de l’envoi et de l’accueil du Saint Esprit, le don du Ressuscité, qui fait de nous des fils dans le Christ, le Fils unique, et nous place dans une relation filiale avec Dieu, une relation de profonde confiance, comme celle des enfants ; une relation filiale semblable à celle de Jésus, même si son origine et son importance sont différentes : Jésus est le Fils éternel de Dieu qui s’est fait chair, en revanche, nous devenons fils en Lui, dans le temps, à travers la foi et les sacrements du baptême et de la confirmation ; grâce à ces deux sacrements, nous sommes plongés dans le Mystère pascal du Christ. L’Esprit Saint est le don précieux et nécessaire qui fait de nous des fils de Dieu, qui réalise cette adoption filiale à laquelle sont appelés tous les êtres humains car, comme le précise la bénédiction divine de la Lettre aux Ephésiens, Dieu, dans le Christ, « nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard. Il nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ » (Ep 1, 4). L’homme d’aujourd’hui ne perçoit sans doute pas la beauté, la grandeur et le réconfort profond contenus dans le mot « père », par lequel nous pouvons nous adresser à Dieu dans la prière, parce qu’aujourd’hui, la figure paternelle n’est souvent pas suffisamment présente et souvent, elle n’est pas assez positive dans la vie quotidienne. L’absence du père, le problème d’un père non présent dans la vie de l’enfant est un grand problème de notre temps, parce qu’il devient difficile de comprendre dans sa profondeur ce que veut dire que Dieu est Père pour nous. De Jésus lui-même, de sa relation filiale avec Dieu, nous pouvons apprendre ce que signifie véritablement « père », quelle est la véritable nature du Père qui est dans les cieux. Des critiques de la religion ont dit que parler du « Père », de Dieu, serait une projection de nos pères au ciel. Mais c’est le contraire qui est vrai : dans l’Évangile, le Christ nous montre qui est le père et comment doit être un véritable père, afin que nous puissions comprendre la véritable paternité, apprendre également la véritable paternité. Pensons aux paroles de Jésus dans le sermon sur la montagne, où il dit : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5, 44-45). C’est précisément l’amour de Jésus, le Fils unique — qui parvient au don de soi sur la croix — qui nous révèle la véritable nature du Père : Il est l’Amour, et nous aussi, dans notre prière de fils, nous entrons dans ce circuit d’amour, amour de Dieu qui purifie nos désirs, nos comportements marqués par la fermeture, la suffisance, l’égoïsme typique de l’homme ancien. Nous pourrions donc dire qu’en Dieu, la nature de Père possède deux dimensions. Tout d’abord, Dieu est notre Père, parce qu’il est notre Créateur. Chacun de nous, chaque homme et chaque femme est un miracle de Dieu, il est voulu par Lui et Dieu le connaît personnellement. Lorsque dans le Livre de la Genèse, on dit que l’être humain est créé à l’image de Dieu (cf. 1, 27), on veut exprimer précisément cette réalité : Dieu est notre père, pour Lui, nous ne sommes pas des êtres anonymes, impersonnels, mais nous avons un nom. Il y a une phrase dans les Psaumes qui me touche toujours, lorsque je la prie : « Tes mains m’ont fait » dit le psalmiste (Ps 119, 73). Chacun de nous peut dire, dans cette belle image, la relation personnelle avec Dieu : « Tes mains m’ont fait, tu m’a pensé et créé et voulu ». Mais cela ne suffit pas encore. L’Esprit du Christ nous ouvre à une deuxième dimension de la paternité de Dieu, au-delà de la création, car Jésus est le « Fils » au sens plénier, « de la même substance que le Père », comme nous professons dans le Credo. En devenant un être humain comme nous, à travers l’Incarnation, la Mort et la Résurrection, Jésus nous accueille à son tour dans son humanité et dans sa condition même de Fils; ainsi, nous pouvons entrer nous aussi dans son appartenance spécifique à Dieu. Assurément, notre condition de fils de Dieu ne possède pas la même plénitude que Jésus ; nous devons le devenir toujours davantage, le long du chemin de toute notre existence chrétienne, en grandissant à la suite de Jésus, dans la communion avec Lui pour entrer toujours plus intimement dans la relation d’amour avec Dieu le Père, qui soutient la nôtre et donne son sens véritable à la vie. C’est cette réalité fondamentale qui nous est révélée quand nous nous ouvrons à l’Esprit Saint et Il nous fait nous adresser à Dieu en lui disant : « Abbà ! , Père ! ». Nous sommes réellement allés au-delà de la création dans l’adoption avec Jésus; unis, nous sommes réellement en Dieu et fils d’une manière nouvelle, dans une dimension nouvelle. Mais je voudrais à présent revenir aux deux passages de saint Paul que nous sommes en train d’analyser en ce qui concerne cette action de l’Esprit Saint dans notre prière ; ici aussi, il y a deux passages qui se correspondent, mais qui contiennent une nuance différente. En effet, dans la Lettre aux Galates l’apôtre affirme que l’Esprit crie en nous « Abbà ! Père ! » ; dans la Lettre aux Romains, il dit que c’est nous qui nous écrions « Abbà ! Père ! ». Et saint Paul veut nous faire comprendre que la prière chrétienne n’est jamais, n’a jamais lieu en sens unique allant de nous à Dieu, ce n’est pas seulement une «action à nous», mais elle est l’expression d’une relation réciproque dans laquelle Dieu agit le premier : c’est l’Esprit Saint qui crie en nous, et nous pouvons crier car l’impulsion vient de l’Esprit Saint. Nous ne pourrions pas prier si n’était pas inscrit dans la profondeur de notre cœur le désir de Dieu, notre condition de fils de Dieu. Depuis qu’il existe, l’homo sapiens est toujours à la recherche de Dieu, il cherche à parler avec Dieu, car Dieu s’est inscrit lui-même dans nos cœurs. La première initiative vient donc de Dieu et, avec le baptême, Dieu agit à nouveau en nous, l’Esprit Saint agit en nous; il est le premier initiateur de la prière pour que nous puissions réellement parler avec Dieu et dire « Abbà » à Dieu. Sa présence ouvre donc notre prière et notre vie, elle ouvre aux horizons de la Trinité et de l’Église. En outre, nous comprenons, cela est le deuxième point, que la prière de l’Esprit du Christ en nous et la nôtre en Lui, n’est pas seulement un acte individuel, mais un acte de l’Église tout entière. En priant, notre cœur s’ouvre, nous entrons en communion non seulement avec Dieu, mais précisément avec tous les fils de Dieu, car nous sommes une seule chose. Quand nous nous adressons au Père dans notre intimité, dans le silence et le recueillement, nous ne sommes jamais seuls. Celui qui parle avec Dieu n’est pas seul. Nous sommes dans la grande prière de l’Église, nous sommes une partie d’une grande symphonie que la communauté chrétienne qui est présente dans toutes les parties de la terre à chaque époque élève à Dieu ; certes, les musiciens et les instruments sont différents — et cela est un élément de richesse —, mais la mélodie de louange est unique et en harmonie. Alors, chaque fois que nous disons : « Abbà ! Père ! » c’est l’Église, toute la communion des hommes en prière qui soutient notre invocation et notre invocation est l’invocation de l’Église. Cela se reflète également dans la richesse des charismes, des ministères, des tâches, que nous accomplissons dans la communauté. Saint Paul écrit aux chrétiens de Corinthe : « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit. Les fonctions dans l’Église sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous » (1 Co 12, 4-6). La prière guidée par l’Esprit Saint, qui nous fait dire « Abbà ! Père ! » avec le Christ et en Christ, nous insère dans l’unique grande mosaïque de la famille de Dieu, dans laquelle chacun a une place et un rôle important, en profonde unité avec le tout. Une dernière remarque : nous apprenons à crier « Abbà ! Père ! » également avec Marie, la Mère du Fils de Dieu. L’accomplissement de la plénitude du temps, dont parle saint Paul dans la Lettre aux Galates (cf. 4, 4), a lieu au moment du « oui » de Marie, de sa pleine adhésion à la volonté de Dieu : « Me voici, je suis la servante du Seigneur » (Lc 1, 38). Chers frères et sœurs, apprenons à goûter dans notre prière la beauté d’être des amis, ou plutôt des fils de Dieu, de pouvoir l’invoquer avec la familiarité et la confiance qu’un enfant éprouve envers ses parents qui l’aiment. Ouvrons notre prière à l’action de l’Esprit Saint pour qu’en nous, il s’écrie à Dieu « Abba ! Père ! » et pour que notre prière change, convertisse constamment notre manière de penser, notre action, pour la rendre toujours plus conforme à celle du Fils unique, Jésus Christ. Merci. 

CONVERSION DE L’APÔTRE PAUL – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI 2008

24 janvier, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2008/documents/hf_ben-xvi_hom_20080125_week-prayer_fr.html  

CÉLÉBRATION DES VÊPRES DE LA SOLENNITÉ DE LA CONVERSION DE L’APÔTRE PAUL EN CONCLUSION DE LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs Vendredi 25 janvier 2008

Chers frères et sœurs,

la fête de la Conversion de saint Paul nous place à nouveau en présence de ce grand Apôtre, choisi par Dieu pour être son « témoin devant tous les hommes » (Ac 22, 15). Pour Saul de Tarse, le moment de la rencontre avec le Christ ressuscité sur le chemin de Damas marqua le tournant décisif de sa vie. C’est alors que se réalisa sa transformation complète, une véritable conversion spirituelle. En un instant, par une intervention divine, le persécuteur acharné de l’Eglise de Dieu se retrouva être un aveugle titubant dans l’obscurité, mais avec désormais une grande lumière dans son cœur, qui allait le porter, sous peu, à devenir un ardent apôtre de l’Evangile. La conscience que seule la grâce divine avait pu accomplir une semblable conversion ne quitta jamais Paul. Alors qu’il avait déjà donné le meilleur de lui-même, se consacrant inlassablement à la prédication de l’Evangile, il écrivit avec une ardeur renouvelée:  « J’ai travaillé plus qu’eux tous:  oh! non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi » (1 Co 15, 10). Inlassable comme si l’œuvre de la mission dépendait entièrement de ses efforts, saint Paul fut toutefois toujours animé par la profonde persuasion que toute sa force provenait de la grâce de Dieu agissant en lui. Ce soir, les paroles de l’Apôtre sur le rapport entre effort humain et grâce divine résonnent, remplies d’une signification tout à fait particulière. Au terme de la Semaine de Prière pour l’unité des chrétiens, nous sommes encore plus conscients de ce que l’œuvre de la recomposition de l’unité, qui requiert toute notre énergie et nos efforts, est vraiment infiniment supérieure à nos possibilités. L’unité avec Dieu et avec nos frères et sœurs est un don qui vient d’en-Haut, qui jaillit de la communion d’amour entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et qui croît et se perfectionne en elle. Il n’est pas en notre pouvoir de décider quand ou comment cette unité se réalisera pleinement. Seul Dieu pourra le faire! Comme saint Paul, nous aussi nous faisons reposer notre espérance et notre confiance « dans la grâce de Dieu qui est avec nous ». Chers frères et sœurs, c’est ce que veut implorer la prière que nous élevons ensemble vers le Seigneur, afin que ce soit Lui qui nous éclaire et qui nous soutienne dans notre recherche constante d’unité. L’exhortation de Paul aux chrétiens de Thessalonique assume alors toute sa valeur:  « Prier sans cesse » (1 Th 5, 17), qui a été choisi comme thème de la Semaine de prière de cette année. L’Apôtre connaît bien cette communauté née de son activité missionnaire et nourrit pour elle de grandes espérances. Il en connaît aussi bien les mérites que les faiblesses. Parmi ses membres, en effet, les comportements, attitudes et débats susceptibles de créer des tensions et des conflits ne manquent pas; et Paul intervient pour aider la communauté à cheminer dans l’unité et dans la paix. En conclusion de son épître, avec une bonté presque paternelle, il ajoute une série d’exhortations très concrètes, en invitant les chrétiens à favoriser la participation de tous, à soutenir les faibles, à être patients, à ne rendre à personne le mal pour le mal, à rechercher toujours le bien, à être toujours plus joyeux et à rendre grâces en toute circonstance (cf. 1 Th 5, 12-22). Au centre de ces exhortations, il demande impérativement de « prier sans cesse ». De fait, les autres admonitions perdraient de leur force et de leur cohérence si elles n’étaient pas soutenues par la prière. L’unité avec Dieu et avec les autres se construit avant tout par une vie de prière, par la recherche constante de la « volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus » (cf. 1 Th 5, 18).

L’invitation adressée par saint Paul aux Thessaloniciens est toujours actuelle. Face aux faiblesses et aux péchés qui empêchent encore la pleine communion des chrétiens, chacune de ces exhortations a conservé sa pertinence, mais ceci est particulièrement vrai pour l’impératif « prier sans cesse ». Que deviendrait le mouvement œcuménique sans la prière personnelle ou commune, afin « que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi » (Jn 17, 21)? Où trouver l’ »élan supplémentaire » de foi, de charité et d’espérance dont notre recherche de l’unité a tant besoin aujourd’hui? Notre désir d’unité ne devrait pas se limiter à des occasions ponctuelles, mais devrait devenir partie intégrante de toute notre vie de prière. Les artisans de la réconciliation et de l’unité, à chaque phase de l’histoire, ont été des hommes et des femmes formés par la Parole de Dieu et par la prière. C’est la voie de la prière qui a ouvert la route au mouvement œcuménique, tel que nous le connaissons aujourd’hui. A partir du milieu du XVIII siècle, divers mouvements de renouveau spirituel sont apparus, désireux de contribuer par le biais de la prière à la promotion de l’unité des chrétiens. Depuis le début, des groupes de catholiques, animés par des personnalités religieuses de renom, ont activement participé à des initiatives similaires. La prière pour l’unité a également été soutenue par mes vénérés Prédécesseurs, comme le Pape Léon XIII qui, dès 1895, recommandait l’introduction d’une neuvaine de prière pour l’unité des chrétiens. Ces efforts, accomplis selon les possibilités de l’Eglise de l’époque, entendaient réaliser la prière prononcée par Jésus lui-même au Cénacle « afin que tous soient un » (Jn 17, 21). Il n’existe donc pas d’œcuménisme authentique qui ne s’enracine pas dans la prière. Cette année, nous célébrons le centième anniversaire de l’ »Octave pour l’unité de l’Eglise ». Il y a cent ans, le Père Paul Wattson, à l’époque encore ministre épiscopalien, conçut une octave de prière pour l’unité, qui fut célébrée pour la première fois à Graymoor (New York) du 18 au 25 janvier 1908. Ce soir, c’est avec une grande joie que j’adresse mes salutations au Ministre général et à la délégation internationale des Frères et des Sœurs franciscaines de l’Atonement, Congrégation fondée par le Père Paul Wattson et qui promeut son héritage spirituel. Dans les années trente du siècle dernier, l’octave de prière connut d’importantes adaptations sous l’impulsion de l’abbé Paul Couturier, de Lyon, lui aussi grand promoteur de l’œcuménisme spirituel. Son invitation à « prier pour l’unité de l’Eglise telle que le Christ la désire et selon les instruments qu’il désire », permit aux chrétiens de toutes les traditions de s’unir en une seule prière pour l’unité. Nous rendons grâce à Dieu pour le grand mouvement de prière qui, depuis cent ans, accompagne et soutient ceux qui croient dans le Christ, dans leur recherche d’unité. La barque de l’œcuménisme n’aurait jamais quitté le port si elle n’avait pas été poussée par ce vaste courant de prière et par le souffle de l’Esprit Saint. En même temps que la Semaine de prière, de nombreuses communautés religieuses et monastiques ont invité et aidé leurs membres à « prier sans cesse » pour l’unité des chrétiens. En cette occasion qui nous voit réunis, évoquons en particulier la vie et le témoignage de Sœur Marie-Gabrielle de l’Unité (1914-1936), sœur trappiste du monastère de Grottaferrata (actuellement Vitorchiano). Quand sa supérieure, encouragée par l’abbé Paul Couturier, invita les sœurs à prier et à faire don d’elles-mêmes pour l’unité des chrétiens, Sœur Marie-Gabrielle se sentit immédiatement concernée et n’hésita pas à consacrer sa jeune existence à cette grande cause. Nous célébrons aujourd’hui même le vingt-cinquième anniversaire de sa béatification par mon prédécesseur, le Pape Jean-Paul II. Cet événement eut lieu dans cette basilique, le 25 janvier 1983 précisément, durant la célébration de clôture de la Semaine de Prière pour l’Unité. Dans son homélie, le Serviteur de Dieu souligna les trois éléments sur lesquels se construit la recherche de l’unité:  la conversion, la croix et la prière. C’est sur ces trois éléments que se fondèrent aussi la vie et le témoignage de Sœur Marie-Gabrielle. L’œcuménisme a un fort besoin, aujourd’hui comme hier, du grand « monastère invisible » dont parlait l’abbé Paul Couturier, de cette vaste communauté de chrétiens de toutes les traditions qui, sans bruit, prient et offrent leur vie pour que l’unité se réalise. En outre, depuis exactement quarante ans, les communautés chrétiennes du monde entier reçoivent pour la Semaine des méditations et des prières préparées conjointement par la Commission « Foi et Constitution » du Conseil œcuménique des Eglises et par le Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens. Cette heureuse collaboration a permis d’élargir le vaste cercle de prière et de préparer ses contenus d’une manière plus appropriée. Ce soir, je salue cordialement le Rév. Samuel Kobia, Secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises, venu à Rome afin de s’unir à nous pour le centenaire de la Semaine de prière. Je suis heureux de la présence des membres du « Groupe mixte de travail », que je salue affectueusement. Le Groupe mixte est l’instrument de coopération entre l’Eglise catholique et le Conseil œcuménique des Eglises dans notre recherche commune d’unité. Et, comme chaque année, j’adresse aussi mes fraternelles salutations aux Evêques, aux prêtres, aux pasteurs des diverses Eglises et Communautés ecclésiales qui ont des représentants ici à Rome. Votre participation à cette prière est l’expression tangible des liens qui nous unissent en Jésus Christ:  « Que deux ou trois soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18, 20). Dans cette basilique historique, le 28 juin prochain, s’ouvrira l’année consacrée au témoignage et à l’enseignement de l’Apôtre Paul. Que sa ferveur inlassable pour construire le Corps du Christ dans l’unité, nous aide à prier sans cesse pour la pleine unité de tous les chrétiens! Amen!   Copyright 2008 – Libreria Editrice Vaticana

3E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – HOMÉLIE

24 janvier, 2014

http://www.homelies.fr/homelie,,3723.html

3E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

DIMANCHE 26 JANVIER 2014

Famille de Saint Joseph Janvier 2014  

Homélie – Messe

Saint Matthieu nous explique que Jésus « quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord du lac, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali ». Cette précision revêt à nos oreilles un cachet un peu exotique. Mais l’objectif de l’évangéliste n’est évidemment pas de nous donner des renseignements touristiques, d’autant plus que ceux à qui il écrivait connaissaient parfaitement les lieux. Sa visée est théologique et il l’explique aussitôt : « Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Isaïe ». Et de citer la première lecture que nous avons entendue. Reprenons-la ensemble un instant. Zabulon et Nephtali sont deux régions situées du Nord. À l’époque dont parle Isaïe, le royaume d’Assyrie les annexa et les humilia fortement. La honte de la défaite et le souvenir des déportations furent un traumatisme cuisant. Or, le prophète l’annonce fermement, ces souvenirs seront bientôt effacés. La conviction du prophète est si grande qu’il se permet de parler déjà au passé : « sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre une lumière a resplendi ». Autrement dit, à ceux à qui il veut redonner l’espérance dans le Seigneur qui sauve son peuple, Isaïe n’hésite pas à parler comme si le salut promis était déjà arrivé. Telle est bien la force de la Parole de Dieu : elle réalise ce qu’elle annonce. En conséquence, Isaïe considère-t-il que la joie de la libération promise peut légitimement déjà s’exprimer : « ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson ». Le prophète évoquer la joie à venir et invite audacieusement à en vivre déjà, par la foi. Le psaume reprend en écho ces encouragements : « J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur ». Cette foi qui permet de se réjouir déjà des biens promis repose sur une authentique connaissance de Dieu : le « Seigneur est ma lumière et mon salut ». Ainsi, c’est par la foi qu’on possède les réalités qu’on espère. De plus, le possessif, « ma » lumière et « mon » salut, introduit une dimension originale dans la relation au salut : ce possessif est lui-même acte de foi. La lumière qui se lève pour les nations se lève pour moi. Le salut promis à Zabulon et Nephtali est la libération qui m’est offerte personnellement. Je le crois. Il est donc essentiel au croyant de proclamer les psaumes. Le croyant trouve sa force dans cette proclamation qui le dépasse et qui le rend libre parce qu’elle est la vérité. « Le Seigneur est ma lumière et mon salut ». Il redit l’espérance qui l’habite et affirme son accomplissement. Ce faisant, il s’appuie sur le roc et devient un roc pour ceux qui l’écoutent. Ainsi, par la citation qu’il fait de la prophétie d’Isaïe, saint Matthieu nous enseigne que nous pouvons redoubler de joie car non seulement la promesse de libération s’accomplit mais encore elle s’accomplit en Jésus-Christ. Voilà exactement ce qu’il nous dit lorsqu’il explique que Jésus est venu s’installer à Capharnaüm. Quant à la deuxième lecture, il ne faudrait pas la réduire à un appel à l’unité dans nos communautés. Ce texte est également à lire dans la ligne de l’évangile de ce jour où Jésus lance un appel à la conversion, où Jésus appelle ses premiers disciples. Saint Paul nous rappelle ainsi qu’au-delà de Paul, Pierre ou Apollos, il y a le Christ. Tous les regards doivent constamment être tournés vers lui. Lui s’est livré pour nous, lui seul nous sauve. Ainsi, quand il appelle ses disciples, Jésus ne cherche pas à réunir des compétences dont il aurait besoin (que manquerait-il à la lumière des nations ?) : il rassemble ceux qu’il a souverainement choisis pour être les témoins de son Évangile. Aussi saint Paul peut-il dire : « D’ailleurs, le Christ ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l’Évangile, et sans avoir recours à la sagesse du langage humain, ce qui viderait de son sens la croix du Christ ». Ce n’est pas au nom d’une compétence d’orateur qu’aurait acquise saint Paul qu’il a été choisi, mais pour annoncer un Messie crucifié, folie pour la sagesse du monde. Une nouvelle fois, les textes de ce jour nous placent en opposition avec la logique mondaine. Après avoir été invités à nous réjouir sans attendre la réalisation complète d’une promesse, les lectures nous demandent d’annoncer une Bonne Nouvelle sans chercher à la justifier. Elle est sa propre justification car elle opère le salut qu’elle annonce. Au final, la foi est aussi simple qu’un matin qui se lève. Mais il s’agit d’une aurore nouvelle, l’astre d’en haut se levant sur le peuple qui habite les ténèbres est le Christ lui-même. Nous avons à entrer dans la nouveauté de cette lumière : « convertissez-vous car le Royaume des cieux est tout proche ». Il est temps de passer des ténèbres à la lumière, du péché à la vie filiale, de la désespérance à l’espérance, de l’accablement à l’allégresse. La démarche de conversion est personnelle, comme l’appel de Jésus est un appel à le suivre adressé personnellement. Là est le chemin du salut. « Venez derrière moi », nous dit Jésus. Il n’a pas dit « venez avec moi » comme si nous marchions d’égal à égal. Il dit « venez derrière-moi », c’est-à-dire : « devenez mes disciples », ou encore : « mettez-vous à mon école ». Il nous invite à entrer dans une relation de maître à disciple. La conversion que Jésus demande est donc un abandon de nos revendications, de nos désirs d’autonomie, de nos choix de mort qui ont enténébré le monde. Cette conversion est le choix d’un maître à suivre et à imiter, elle est le choix exclusif de Dieu. Notre plus grand émerveillement à l’écoute de cet ordre de Jésus n’est pas dans le chemin qu’il ouvre vers la vie. Le plus touchant est que cet ordre est également une prière. Quand il vient pour nous sauver, Dieu a la délicatesse de commencer par nous demander notre collaboration. Voilà donc comment s’y prend notre Seigneur avec les provinces humiliées. Il ne se contente pas de les couvrir de gloire, selon la promesse faite par son prophète Isaïe, mais il les invite à relever la tête, il leur donne d’accueillir dans la dignité la gloire qu’il leur avait promise. Ensuite, l’humanité entière est appelée à accueillir le salut. « Galilée, carrefour des nations » est l’expression de cette promesse de l’ouverture du salut à tous les peuples de la terre. Promesse que, quelles que soient les oppositions et les persécutions, celle de Jean-Baptiste ou, plus tard, celle des disciples de Jésus, le rayonnement de la lumière de la résurrection transfigurera le monde entier. Les signes attestent la vérité de la Parole, le Royaume de Dieu est bien là, car « toute maladie et toute infirmités » sont guéries. Alors sans hésiter, mettons-nous avec une radicalité renouvelée à la suite de celui qui nous appelle à passer des ténèbres à son admirable lumière, et redisons avec le psalmiste la seule prière de demande qui ait de l’importance : « J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie » Frère Dominique