Archive pour le 21 janvier, 2014
21 JANVIER : SAINTE AGNÈS
21 janvier, 2014http://missel.free.fr/Sanctoral/01/21.php
21 JANVIER : SAINTE AGNÈS
Sommaire : Historique par St Ambroise Les reliques et les églises de Rome en son honneur
Historique A propos de sainte Agnès, la tradition latine a pour fondement le De Virginibus de saint Ambroise. Prononcé pour la fête de la sainte, en janvier 375 ou 376, le sermon donne la plus ancienne représentation du martyre de date certaine : A douze ans, Agnès accomplit son martyre ; détestable cruauté qui n’épargna point cet âge si jeune ou plutôt admirable puissance de la foi qui jusque dans cet âge sut trouver un témoin. En un si petit corps, y eut-il place pour la blessure ? Et pourtant, n’ayant pas où recevoir le glaive, elle eut de quoi vaincre le glaive. Les filles de cet âge ne peuvent soutenir le regard irrité de leurs parents, une piqûre d’aiguille les fait pleurer, comme si c’était une blessure ; Agnès, intrépide entre les mains sanglantes des bourreaux, immobile au milieu des lourdes chaînes qu’on tire avec fracas, offre tout son corps à la pointe du glaive que le soldat brandit contre elle avec fureur. Sans savoir encore ce qu’est la mort, elle est prête à la subir. Si, malgré elle, on la traîne aux autels, à travers leurs feux elle tend les mains vers le Christ ; sur les foyers sacrilèges, elle forme le signe victorieux de la croix du Seigneur. Au carcan et aux menottes de fer, elle passe son cou et ses deux mains ; mais il n’en était pas qui pussent serrer des membres si délicats. Martyre d’un genre inconnu, elle n’a point l’âge requis pour le supplice et elle est capable d’en triompher. À grand’peine elle peut être admise à combattre et, sans peine, elle ravit la couronne. Elle est maîtresse consommée en fait de courage, elle qui en était dispensée par son âge. L’épousée n’irait pas aussi allègrement à la salle nuptiale que la vierge alla, joyeuse de son succès, hâtant le pas vers le lieu de son supplice, ayant pour orner sa tête non la coiffure bien tressée, mais le Christ, ayant pour couronne non les fleurs, mais les vertus. Tous pleuraient, elle seule était sans larmes. On s’étonnait qu’elle fût si facilement prodigue de sa vie, qu’elle la donnât sitôt, non encore goûtée, comme si elle en était rassasiée déjà. Chacun s’émerveillait de la voir se présenter déjà en témoin de la divinité, à un âge où l’on ne peut encore disposer de soi. Elle fit tant qu’on accepta, quand il s’agissait de Dieu, son témoignage qu’on n’aurait pu recevoir s’il se fût agi d’un homme ; ce qui dépasse la nature ne dénote-t-il pas l’auteur de la nature. Quel appareil de terreur employa le juge pour l’intimider, que de douces paroles pour la persuader ! Combien lui exprimèrent le vœu de l’obtenir pour épouse ! Mais c’est faire injure à mon fiancé, dit-elle, que s’attendre à me plaire. Celui-là m’aura pour sienne qui le premier m’a choisie. Pourquoi, bourreau, tant de retards ? Périsse un corps qui peut être aimé par des yeux auxquels je me refuse ! Elle se tient droite, elle prie, elle infléchit le cou. Le juge frémit comme s’il était le condamné. Le bourreau sentit sa main trembler, son visage pâlir ; il redoutait pour Agnès ce qu’Agnès ne redoutait pas pour elle-même. Vous avez donc en une seule victime un double martyre : celui de la pudeur et celui de la religion. Agnès est restée vierge et elle a obtenu le martyre. Ambroise aime ici à répandre des fleurs sur son sujet ; il se soucie des antithèses beaucoup plus que des faits ; il suppose que son auditoire connaît l’histoire ou la légende de son héroïne ; il se réclame de la tradition dont les points essentiels se ramènent aux suivants : 1. Agnès accomplit son martyre à douze ans ; la naissance de la sainte a pu varier entre 240 et 290, le martyre entre 254 et 304 ; les auteurs, ici, ne sont pas d’accord ; 2. Agnès était vierge et elle a dû lutter pour rester vierge ; 3. Agnès a péri percée par le glaive ; elle est allée spontanément au martyre. D’autre part, dans la composition de son hymne, Agnes beatæ virginis, le même saint Ambroise a mis en lumière quelques traits laissés ici dans l’ombre ; ainsi, la modestie de la vierge mourante : curam pudoris præstitit, de l’avant-dernière strophe ; mais les différences ne portent que sur des particularités. Les données de la tradition ambrosienne restent donc plausibles. De Virginibus de saint Ambroise
Les reliques et les églises de Rome en son honneur Lorsque le martyre d’Agnès fut consommé, ses restes furent recueillis et portés dans une villa de la famille, non loin de la voie Nomentane ; on a cru retrouver cette villa dans le monastère de Sainte-Agnès-hors-les-Murs. Quand la paix fut donnée à l’Église, les malades affluèrent au tombeau. Constance, qu’on a dite fille de Constantin le Grand fut guérie par l’intercession de sainte Agnès. Au tombeau de cette sainte, le pape Libère fit mettre des tables de marbre, sur l’une de ces tables, saint Damase inscrivit les louanges d’Agnès et y mentionna le nom de Constance. Cette princesse avait, en 321, résolu d’élever une basilique sur le tombeau : ce fut Sainte-Agnès-hors-les-Murs. Vers 410, Innocent I° mit la basilique et son cimetière sous la juridiction du prêtre titulaire de Saint-Vital. Les récits du V° siècle font allusion à la conservation du corps sous l’autel majeur de Sainte-Agnès-hors-les-Murs. Il y eut des réparations, sous Symmaque, Honorius I° ; des dévastations par les Lombards en 755, puis des réparations sous Adrien I°, en 773. Près de la basilique se trouvait un monastère de religieuses basiliennes grecques auxquelles Léon III fit des dons magnifiques pour l’ornementation de l’église. En somme, jusqu’au IX° siècle, les reliques de sainte Agnès restèrent intactes dans le tombeau où l’on avait placé aussi le corps de sainte Émérentienne (23 janvier) ; sous Pascal I° (817-824), les religieuses grecques furent remplacées par des bénédictines ; le corps de sainte Émérentienne fut tiré du tombeau, son chef resta à la basilique de la voie Nomentane, mais sans être placé sous l’autel. Le corps de sainte Agnès resta dans le tombeau, sous l’autel majeur ; le chef en fut détaché pour être porté dans la chapelle du palais pontifical du Latran, appelée Sancta sanctorum. En 877, Jean VIII pouvait emporter dans ses voyages le chef de sainte Agnès ; de là diverses translations et repositions pendant les XIV° et XVI° siècles. Il était dans un reliquaire donné par Honorius III, on en a fait une reconnaissance en 1903. Quant au corps de sainte Agnès, la reconnaissance qui en fut faite l’an 1605 en constate la présence à Sainte-Agnès-hors-les-Murs. Une pratique annuelle observée dans cette basilique a quelque rapport symbolique avec sainte Agnès elle-même. Chaque année, après la messe solennelle du 21 janvier, l’abbé de Saint-Pierre-ès-Liens bénit deux agneaux qui ont été donnés à titre de redevance au chapitre de Saint-Jean-de-Latran ; les chanoines de ce chapitre desservent maintenant la basilique de Sainte-Agnès-hors-les-Murs ; ils offrent au pape ces deux agneaux bénits dont le soin est confié aux religieuses du couvent de Saint-Laurent in Panisperna ; elles en recueillent et tissent la laine pour la confection des palliums. Outre la basilique de Sainte-Agnès-hors-les-Murs, Rome possédait plusieurs églises construites en l’honneur de sainte Agnès dont deux ont disparu : celle du Transtevere et S. Agnese ad duo furna ; en revanche, il existe encore, place Navonne, S. Agnese in Agone, à l’endroit même où s’élevaient les arcades du stade de Domitien, là où la tradition latine place l’exposition et le supplice de sainte Agnès. A Paris, au début du XIII° siècle, sainte Agnès possédait une chapelle, près des Halles, qui fut plus tard érigée en église paroissiale sous le vocable de Saint-Eustache où Augustin de Saint-Aubin a dessiné la châsse de sainte Agnès, telle qu’il la voyait, vers 1779, dans le recueil de Stockholm ; Lepautre sculpta une sainte Agnès sur le banc d’oeuvre.
JOSEPH RATZINGER – MON CONCILE VATICAN II
21 janvier, 2014http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=3035
JOSEPH RATZINGER
MON CONCILE VATICAN II
P. Bernard Xibaut Perpignan, Artège, 2011. – Esprit & Vie n°235 – mai 2011, p. 51-53.
Paru presque en même temps que le second tome du Jésus de Nazareth, ce titre en a surpris plus d’un lorsqu’il l’a découvert… Mais plutôt qu’un nouvel opus fraîchement rédigé, c’est une compilation de textes existants ou de conférences prononcées dans le prolongement du Concile. Il n’en demeure pas moins que ces pages sont importantes, elles apportent un éclairage utile sur les options théologiques de l’actuel pape. La première impression laissée par cet ouvrage est une certaine perplexité : il est en effet difficile de comprendre d’emblée la manière dont il a été composé. La signature « Joseph Ratzinger » semble indiquer qu’il ne s’agit pas d’une œuvre « pontificale », mais d’un témoignage antérieur, mais renvoie-t-elle au jeune théologien, à l’archevêque de Munich ou au cardinal-préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi ? Ajoutons – pour compliquer les choses – que le livre s’achève par le fameux discours du 22 décembre 2005 au cours duquel c’est bien le pape qui s’exprime : Benoît XVI oppose, dans l’interprétation du Concile, une « herméneutique de la réforme » à une « herméneutique de la discontinuité ». Au dos de la page de titre, l’éditeur précise qu’il s’agit d’une traduction et d’une adaptation française ayant reçu le copyright en mars 2011, mais aucune mention n’est faite de la version originale : quel est son titre ? Où et quand a-t-elle paru ? S’agit-il d’un livre unique ou de publications éparses ? Plusieurs indices militent en faveur de cette seconde hypothèse : l’avant-propos du chapitre II évoque un mystérieux « premier volume » et celui du chapitre III un « opuscule » en plusieurs parties. Grâce à une préface de Mgr Bernard Ginoux, évêque de Montauban, les choses s’éclaircissent quelque peu : l’essentiel de l’ouvrage est constitué de Conférences sur les grands enjeux de Vatican II données par le jeune prêtre théologien choisi par le cardinal Frings comme expert, au fil même des sessions conciliaires et de la discussion des schémas. Dès lors, le livre s’apparente au genre littéraire des journaux rédigés par des participants du Concile, à cela près que ces derniers n’étaient pas tous écrits en vue d’être publiés du vivant de leur auteur, tandis que les conférences de Joseph Ratzinger étaient par nature destinées à un public, ce qui excluait tout commentaire d’ordre confidentiel. S’agissant d’un personnage aussi considérable que le pape, il eût probablement été sage de s’en tenir strictement à la publication de ces conférences, datées du temps du Concile, ou d’établir de manière plus visible la distinction entre l’introduction de l’abbé Éric Iborra, qui occupe une cinquantaine de pages, les conférences proprement dites et les deux textes ajoutés en annexe, à savoir une conférence donnée à Bamberg en 1966 et le discours de 2005, auquel il a déjà été fait allusion. Cela étant dit, au-delà de la manière dont elles ont été mises en forme et présentées, l’ouvrage présente bien évidemment un intérêt majeur à travers toutes ses parties : le texte de l’abbé Iborra – qui pose clairement le problème de la réception du Concile -, les différentes conférences, situées à chaque intersession et par conséquent localisées en dehors de Rome, et… les deux textes ajoutés en annexes. Au cœur du Concile Parce que le jeune Ratzinger y explique les tenants, les aboutissants et les enjeux de certaines décisions prises par les évêques lors de chaque session qui précède, ses conférences présentent un incontestable intérêt didactique. Cela vaut d’abord pour la narration de la dynamique conciliaire : la question du choix des commissions lors de l’ouverture de la première session, la manière dont s’est posée la question œcuménique au début de la deuxième session, la mise en place de la doctrine de la collégialité, le combat autour du « schéma XIII ». Tous ces rebondissements de Vatican II, nous les connaissons depuis longtemps dans le moindre détail par d’autres chroniques, mais il n’est pas inintéressant d’enregistrer le témoignage particulier de l’expert Ratzinger. Fait notable à signaler : le conférencier aborde les événements sans offenser les personnes ; on ne trouve guère dans sa bouche de propos outranciers sur tel ou tel évêque. Lorsqu’il parle d’ » intégristes » pour désigner Mgr Lefebvre et ses amis du Coetus internationalis Patrum, on aimerait vérifier la version allemande : Ratzinger emploie probablement le vocable « Fundamentalist ». À moins d’être prophète, il ne pouvait utiliser durant le Concile une expression qui prendra tout son sens lors du schisme ultérieur. Quant au mot allemand traduit par « progressistes », il induit une simple signification d’ » hommes de progrès », sans la nuance d’excès que comporte le vocable français. On voit donc que la traduction de certains mots aurait mérité une note de commentaire pour éviter les contresens : rappelons-nous le tollé suscité par l’emploi, dans la bouche du cardinal Ratzinger, du mot « restauration », qui évoque en France un « retour en arrière », depuis la « Restauration » monarchique de 1815, alors qu’il voulait désigner une « rénovation ». On peut penser que Ratzinger nuance les oppositions entre conservateurs et novateurs en rappelant une autre ligne de fracture, apparue entre théologiens français et théologiens allemands, sur laquelle les commentateurs francophones se montrent généralement assez discrets : en cela, il amorce déjà son herméneutique de la continuité. La réflexion théologique Au-delà de l’apport sur l’histoire du Concile, les conférences de Joseph Ratzinger manifestent un intérêt proprement théologique. En même temps qu’il présente à ses auditeurs la tournure des différents débats, il apporte en effet sa propre contribution. Comment ne pas citer ici le développement autour du problème de la liturgie ? En ce domaine délicat, le lecteur relève plusieurs critiques assez acerbes de la « liturgie fossilisée », accompagnées d’un appel audacieux aux « questions posées par les protestants », susceptibles d’ » aiguillonner la réflexion sur l’héritage de l’Église ancienne ». Ajoutons, pour être complet, que le conférencier subordonnait la réussite de la réforme liturgique alors en cours à un certain nombre de conditions dont il peut dire aujourd’hui qu’elles n’ont pas été réalisées… L’apport théologique du futur pape se révèle encore dans les grandes questions ecclésiologiques : doctrine de la collégialité épiscopale, de la sacramentalité de l’épiscopat, question de la liberté religieuse, etc. Au fil de la lecture, on ne peut s’empêcher de relever avec malignité que le jeune théologien regrettait que le Synode des évêques reste soumis à la seule convocation du pape et qu’il affirmait que « l’Église se réalise d’abord et surtout dans chacune des Églises locales », lui qui deviendra le plus chaud partisan de l’antériorité chronologique et ontologique de l’Église universelle sur l’Église locale ! Progressivement, l’intérêt se déplace donc du Concile proprement dit vers l’interprétation de la pensée de Joseph Ratzinger : « son Concile », tel qu’il le présentait entre 1963 et 1966, est-il encore celui qu’il commente aujourd’hui ? En d’autres termes, doit-on invoquer « une herméneutique de la continuité » ou « une herméneutique de la rupture » pour évaluer cinquante ans de pensée de Benoît XVI : simple apport de « nuances » – comme il le concède dans Le Sel de la terre – ou maintien de l’ » impulsion fondamentale » ? Ce n’est certainement pas le moindre intérêt de cette publication, à quelques mois du cinquantième anniversaire de l’ouverture de Vatican II.