DES FEMMES ACCOMPAGNAIENT JÉSUS
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DES FEMMES ACCOMPAGNAIENT JÉSUS
On comprend que des femmes qui avaient par Jésus recouvré leur intégrité physique ou morale, des femmes guéries « sauvées », se soient attachées à Jésus. Or, Jésus a laissé un groupe de femmes se joindre à celui de ses disciples. Nous ignorons dans quelle mesure il l’a provoqué. Mais c’est un fait, à la vérité exceptionnel et qui paraît unique en Palestine. « Jésus proclamait et annonçait la bonne nouvelle du Règne de Dieu. Les Douze étaient avec lui et aussi des femmes qui avaient été guéries d’esprits mauvais et de maladie : Marie, dite de Magdala, dont étaient sortis sept démons; Jeanne, femme de Chouza, intendant d’Hérode; Suzanne et beaucoup d’autres qui les aident de leurs biens. » L’on peut se demander comment était considéré de l’extérieur ce groupe de femmes dont beaucoup étaient d’anciennes malades et certaines sans doute d’anciennes prostituées. Jésus a accepté des présences qui ne devaient pas contribuer à sa réputation. Ce ne sont pas des femmes idéales qui suivent Jésus. On s’est souvent demandé pourquoi Jésus n’avait pas choisi de femmes dans le collège des Douze (ou parmi les soixante-douze). C’est une question pour le moins incongrue lorsqu’on connaît le statut de la femme juive au temps de Jésus. Elles ne pouvaient pas prêcher en public, encore moins dans les synagogues où elles n’avaient pas le droit de parler ni même d’être en vue. Comment ces femmes, à qui était refusé le « témoignage » auraient-elles pu porter un message public ? Du moins faut-il dire que, dès l’origine, la Bonne Nouvelle fut colportée à la fois par des hommes et par des femmes. Nous saurions bien peu de choses de ces femmes qui ont dû peu compter aux yeux de leurs collègues masculins si, par un de ces retournements dont Dieu seul a le secret, ces femmes, fidèles à Jésus jusqu’à la croix et à l’ensevelissement, n’allaient être les premières informées de la Résurrection.
Les femmes et la Résurrection Après la mort de Jésus, les hommes se cachent (Mc 16, 8; Jn 20, 19), mais les femmes, qu’ont-elles à perdre ? Leur reconnaissance et leur amour sont plus forts que la mort. Elles suivent une logique dont on pourrait dire qu’elle est celle du cœur, car enfin qui roulera la pierre du tombeau?… Or, la pierre est roulée, la tombe vide. C’est l’effroi et le message : « Pourquoi chez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici; il est ressuscité. » (Lc 24, 6). Les femmes sont donc chargées du message qui est le Roc de la foi chrétienne; c’est un point sur lequel on semble avoir peu réfléchi. Luc (encore lui) souligne que les hommes ne les ont pas crues; ces récits de femmes leur apparaissent comme un délire (Lc 24, 10-11). Pierre se rend au tombeau, et lorsque Jésus eut apparu à Pierre, la chose est sérieuse (Lc 24-34).
Prier avec les femmes de la Bible Dans la plus ancienne confession de foi chrétienne sur la Résurrection (1 Co 15, 5), l’ordre des témoins de la Résurrection est hiérarchique : Pierre d’abord, ensuite les Douze. Il n’y est pas question des femmes; Juridiquement, leur témoignage n’est pas acceptable. Il ne semble pourtant pas que le Ressuscité ait suivi la même « logique » que celle de ses disciples masculins. Dans la finale de Marc (16, 14), Jésus reproche aux Onze leur incrédulité et la dureté de leurs cœurs parce qu’ils n’avaient pas cru à ceux qui l’avaient vu ressuscité. Or qui donc n’avait pas été cru, sinon en premier lieu les femmes ?
Beaucoup d’autres femmes En plus de celles évoquées, traversent l’Évangile : femmes en chair et en os, ou femmes fictives des paraboles de Jésus, tout aussi vivantes d’ailleurs. Femmes de tous âges et en toutes situations : adolescentes comme la fille de Jaïre ou vieilles femmes comme Élisabeth, Anne la prophétesse, ou la belle-mère de Pierre… jeunes filles dans la joyeuse attente d’une fête de mariage (les vierges folles ou les vierges sages), heureuses épouses, mères comblées ou mères désolées (la Syro-phénicienne, la veuve de Naïn), veuves (Anne, la veuve importune), célibataires comme peut-être Marthe et Marie, les sœurs de Lazare… femme qui accouche, femme qui moud son blé, pétrit son pain ou balaie sa maison; femmes qui bavardent avec leurs voisines ou pleurent sur le passage du condamné… Jésus a posé son regard sur chacune de ces femmes, sur chacune de ces situations. Il est le premier rabbi de la tradition juive à employer des personnages féminins dans ses paraboles. Cela est significatif. Si la femme est faite, comme l’homme, à l’image de Dieu, sa vie, si ordinaire qu’elle soit, a quelque chose à nous dire du mystère de Dieu. Dès lors, tout change pour la femme… Jésus, par son attitude, nous révèle le dessein d’amour de Dieu sur la femme tout autant que sur l’homme.
2. Les femmes et Paul Les affirmations de l’apôtre Paul au sujet des femmes, voilà le sujet le plus épineux dans le dossier; il a fait couler beaucoup d’encre et déverser bien des paroles, tant du côté de ceux et celles qui accusent Paul de misogynie que de ceux qui l’en défendent. Mon propos n’est pas d’envisager et de régler toutes les questions soulevées par les textes attribués à Paul. J’ai surtout l’intention de présenter les femmes que Paul nous fait connaître comme ses principales collaboratrices. Reste que sa visée fondamentale, Paul l’indique dans un passage célèbre : « Vous êtes tous, par la foi, fils de Dieu en Jésus-Christ… Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni l’homme ni la femme; car vous n’êtes qu’un dans le Christ. » (Ga 3, 26-28). En tous cas, sa pratique témoigne de l’estime qu’il porte à celles qui ont été ses collaboratrices dans la mission. Paul a eu le don de s’adjoindre d’importantes collaboratrices dont il a d’ailleurs plus d’une fois reconnu la valeur et le mérite dans ses lettres. Parmi toutes ces femmes, s’en détachent quelques-unes. Comme, par exemple, cette Phébée, que Paul salue comme sa « sœur et comme diaconesse de la communauté de Cenchrées », à Corinthe… Diaconesse : ce titre que Paul se donnait à lui-même et à son frère Timothée, il n’hésite pas ici à l’attribuer en toute égalité à sa « sœur » Phébée. C’est dire à quel point Paul valorisait le travail de cette femme missionnaire, animatrice et éducatrice de la foi dans sa communauté chrétienne locale (Romains 16, 1-3). Priscille fut une autre excellente collaboratrice de Paul au cours de ses voyages apostoliques (Actes 18, 1-4. 20-22. 24-26 ; Romains 16, 3-5). C’est à Corinthe qu’on la rencontre pour la première fois. Elle vient d’y entrer avec son mari Aquilas; elle a dû quitter Rome, car l’empereur Claude avait donné l’ordre d’expulser tous les Juifs de la ville. L’arrivée du couple à Corinthe change la vie de Paul : il ne met pas de temps à les connaître et à se lier d’une grande amitié avec eux. Il faut dire que les trois, Priscille, Aquilas et Paul, exercent le même métier : ils sont faiseurs de tentes. C’est en travaillant ensemble qu’ils découvrent une même passion pour l’annonce de la Bonne Nouvelle de la mort et de la résurrection de Jésus. Ils décident alors d’habiter ensemble : Priscille et son mari ouvrent leur maison à leur ami. C’est ainsi que Paul se consacre à la formation de ses amis pour en faire des collaborateurs dans la prédication de l’Évangile aux Corinthiens. Priscille est impressionnée par le témoignage de vie et l’engagement apostolique de son maître. Aussi, quand Paul lui laisse entendre qu’il va quitter Corinthe pour aller à Éphèse, elle veut le suivre. Aquilas consent bien volontiers à les accompagner. À sa grande joie, Paul découvre à Éphèse une Église solidement affermie. Il décide alors de ne pas s’y installer, escomptant que Priscille et son mari peuvent fort bien y poursuivre l’œuvre d’évangélisation. Sa confiance n’est pas déçue. Priscille ouvre sa maison pour y accueillir la communauté chrétienne. Appuyée sur son mari, elle prend l’initiative de s’offrir pour compléter la formation théologique et biblique d’un lettré juif d’Alexandrie : Apollos. Ce n’était pas tâche facile que d’avoir à enseigner à ce savant qui voulait prêcher Jésus Christ, mais ignorait tout de sa mort et de sa résurrection. Priscille le fait avec patience et tact. Elle réussit si bien qu’Apollos joue plus tard un rôle important à Corinthe. C’est d’ailleurs la préoccupation première de ce couple de laïcs que de préparer des ministres de la Parole pour animer les communautés naissantes. Après un certain temps, Priscille juge que sa mission est accomplie à Éphèse; la communauté locale qu’elle accompagne avec son mari s’est prise en charge : ils peuvent partir. C’est à Rome qu’ils décident de rentrer après la mort de l’empereur Claude. Là aussi Priscille ouvre sa maison aux chrétiens et chrétiennes de cette ville. C’est précisément en terminant la lettre adressée à cette communauté que Paul célèbre avec gratitude les mérites de Priscille et d’Aquilas. Il rend témoignage de leur engagement apostolique auprès des païens : « Saluez Priscille et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus; pour me sauver la vie, ils ont risqué leur tête et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude : c’est le cas de toutes les Églises du monde païen; saluez aussi l’Église qui se réunit chez eux. » (Romains 16, 3-5). Priscille est une femme forte qui puise dans la mort et la résurrection de Jésus le courage de faire face à de grands défis : l’exil, les voyages longs et difficiles, le pouvoir des Apôtres, les persécutions; tout cela pour protéger Paul et ses compagnons. Priscille est une femme respectueuse de la personnalité de son mari; cela ne l’empêche pas d’affirmer et de développer la sienne; elle est capable de concilier leurs dons différents pour s’engager ensemble dans l’animation des Églises locales. Disciple de Paul, elle fait preuve de tact, d’imagination et d’esprit d’initiative pour former des ministres de la Parole. Faisant surgir des communautés chrétiennes partout où elle s’arrête, Priscille contribue remarquablement à l’expansion de l’Église.
Sr Lise Plante, ss.cc.j.m.
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