Archive pour le 3 janvier, 2014

LA QUATRIÈME JOUR DE LA CRÉATION

3 janvier, 2014

LA QUATRIÈME JOUR DE LA CRÉATION dans images sacrée creation_4th_day_2_

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LE VERBE S’EST FAIT CHAIR. AU FIL DU TEXTE : JN 1,1-18

3 janvier, 2014

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LE VERBE S’EST FAIT CHAIR. AU FIL DU TEXTE : JN 1,1-18

COMMENTAIRE AU FIL DU TEXTE  

Prologue à l’évangile L’évangile selon Jean s’ouvre par un texte admirable mais difficile : le Prologue. En quelques lignes il nous livre la nouveauté de la révélation chrétienne. Ecrit dans un langage poétique, d’une construction très élaborée, le texte de Jn 1,1-18 est rythmé en trois mouvements principaux. Il chante successivement la préexistence du Verbe (v. 1-5) sa présence auprès des hommes (v. 6-15), son incarnation en la personne de Jésus (v. 16-18). Au commencement (v.1-5)  »Au commencement était le Verbe » : c’est la reprise des premiers mots de la Bible où l’on nous dit qu’  »au commencement » Dieu créa le ciel et la terre. Le premier verset du Prologue rappelle donc le premier verset de la Bible, pour que nous contemplions le Verbe qui n’a pas été créé, qui existe de toute éternité, qui est  »auprès de Dieu ». On apprend ainsi que le Verbe n’existe pas pour lui-même, mais qu’il est tourné, tendu vers Dieu. C’est une manière de dire qu’il se reçoit de Dieu en même temps qu’il se donne à lui. Depuis toujours, il est vers Dieu, et il est Dieu. Comme tel, précise le Prologue, le Verbe a été le maître d’œuvre de la création, puisque tout a été fait par lui et que rien ne subsiste en dehors de lui. Du Verbe, ce texte nous dit enfin qu’il est inséparablement vie et lumière. Tout au long de son évangile, Jean appliquera ces deux mots à la figure de Jésus qu’il présentera comme la  »Lumière du monde » (8,12) et  »la Résurrection et la Vie » (11,25). Non sans évoquer le récit de la Genèse, ces mots s’inscrivent pourtant ici dans un contexte de résistance et d’opposition. Mais le texte du Prologue est ambigu, et les traducteurs hésitent. En traduisant  »la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée », on soulignera la force et la victoire du Verbe dans son combat contre les ténèbres. En traduisant  »et les ténèbres ne l’ont pas comprise », on mettra l’accent sur le refus de la Lumière par quelques-uns. Du Verbe lumière au Verbe fait chair (v.6-15) Nous voilà maintenant conduits sur terre. Après la contemplation du Verbe dans son éternité, le texte nous oriente vers un homme, Jean (il s’agit de Jean-Baptiste). Et l’évangéliste précise qu’il  »n’était pas la Lumière mais il était là pour lui rendre témoignage » (vv.7-8). Pourquoi une telle précision ? Pourquoi, dans le verset suivant, cette autre remarque :  »Le Verbe était la vraie Lumière » (v.9) ? On pourrait penser que la polémique prend ici le pas sur la méditation. Il n’en est rien. De manière décisive, le Prologue distingue le Verbe qui était  »dès le commencement tourné vers Dieu » et Jean-Baptiste, un homme venu de la part de Dieu. Mais il élève Jean-Baptiste au rang de témoin privilégié de la Lumière. Ce qui fera dire plus loin à l’auteur du Quatrième évangile :  »Ce qu’il a dit au sujet de cet homme est vrai » ( 10, 41). À cela s’ajoute pourtant un double constat douloureux concernant le Verbe.  »Il était dans le monde, dit le Prologue,  »lui par qui le monde s’était fait, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu » (v.11). Heureusement, certains l’ont accueilli et ils sont devenus  »enfants de Dieu » (v.12). Nous sommes ici au cœur de la composition poétique du Prologue, exactement au milieu. Nous sommes également au cœur de la pensée johannique. La Première Lettre de Jean le réaffirmera : il n’y a pas de don plus grand que celui de devenir enfant de Dieu (1 Jn 3,1-2). Suit une dernière mention du Verbe. Des mots nouveaux apparaissent : chair, gloire, Fils unique, Père. Du Verbe, dont nous savions qu’il existe depuis toujours et que tout subsiste en lui, nous apprenons maintenant qu’il est entré dans l’histoire des hommes. Lui, le Fils unique, il a pris notre chair, et  »nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père… » (v.14). Mystère étonnant de la manifestation de la Gloire de Dieu dans et à travers l’incarnation du Verbe. Enfin le texte évoque une dernière fois Jean-Baptiste pour qu’on entende de ses lèvres l’aveu de sa dépendance radicale :  »Lui qui vient derrière moi, il a pris place devant moi… » (v.15). Jésus Christ (v. 16-18) Dans ces versets, le  »Verbe » disparaît et un nom apparaît : Jésus Christ (v.16). Face à un autre nom : Moïse. Comme pour relier – ou opposer ? – l’ancienne et la nouvelle alliance. Vient un ultime verset :  »Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fis unique qui est dans le sein du Père, c’est lui qui a conduit à le faire connaître » (v.18). Et voilà que tout s’éclaire : Jésus Christ, le Fils unique, est le Verbe fait chair. En lui, Dieu a livré à l’humanité la plénitude de sa grâce. Par lui, le Père s’est fait connaître. Tel est le cœur de la révélation chrétienne. En Jésus-Christ, Dieu  »a planté sa tente parmi nous ». Il s’est fait Parole vivante. Pour que nous découvrions son vrai visage et notre vrai visage. En Jésus Christ, le Verbe fait chair, la création a été saisie et transfigurée par celui qui est à l’origine de tout et qui entretient avec le Père une relation unique. Pour que nous reconnaissions en chaque être humain la lumière divine et que nous devenions enfants de Dieu.

 Pierre DEBERGÉ.

Note : Il a planté sa tente Le Verbe a  »habité » chez les hommes. Mieux, il a  »planté sa tente ». Pourquoi insister sur cette image ? Souvenons-nous : lors de l’exode et du séjour au désert, Le Seigneur avait fait construire une tente, lieu de rencontre entre lui et Moïse et signe de sa présence au milieu de son peuple. De plus la  »Gloire » du Seigneur remplissait cette tente (Exode 40,34-38). Pour le Quatrième évangile, la personne de Jésus est désormais le lieu saint où les hommes rencontrent Dieu.

LETTRE SUR LA PRIÈRE

3 janvier, 2014

http://www.clerus.org/pls/clerus/cn_clerus.h_centro?dicastero=2&tema=7&argomento=19&sottoargomento=0&lingua=1&Classe=1&operazione=ges_formaz&vers=3&rif=174&rif1=174sabato

LETTRE SUR LA PRIÈRE

Tu me demandes : pourquoi prier ? Je te réponds : pour vivre.

Oui : pour vivre vraiment, il faut prier. Pourquoi ? Parce que vivre, c’est aimer : une vie sans amour n’est pas une vie. C’est solitude vide, c’est prison et tristesse. Seul vit vraiment qui aime : et seul aime qui se sent aimé, rejoint et transformé par l’amour. Comme la plante ne peut épanouir son fruit si elle n’est rejointe des rayons du soleil, ainsi le cœur humain ne peut s’ouvrir à la vie vraie et pleine que s’il est touché par l’amour. Et l’amour naît de la rencontre et vit de la rencontre avec l’amour de Dieu, le plus grand et vrai de tous les amours possibles, davantage, l’amour au-delà de toutes nos définitions, toutes nos possibilités. Pour cela, qui prie vit, dans le temps et pour l’éternité. Mais celui qui ne prie pas ? Qui ne prie pas risque de mourir à l’intérieur, parce qu’il lui manquera un jour ou l’autre l’air pour respirer, la chaleur pour vivre, la lumière pour voir, la nourriture pour croître et la joie pour donner sens à la vie. Tu me dis : mais moi, je ne sais pas prier ! Et tu me demandes : comment prier ? Je te réponds : commence par donner un peu de ton temps à Dieu. Au début, l’important ne sera pas que ce temps soit long, mais que tu le lui donnes fidèlement. Fixe toi-même un temps à donner chaque jour au Seigneur, et donne-le lui fidèlement chaque jour, quand tu as envie de le faire et quand tu n’en as pas envie. Cherche un lieu tranquille, où si possible il y ait quelque signe rappelant la présence du Seigneur (une croix, une icône, la Bible, le tabernacle avec la Présence eucharistique…). Recueille-toi en silence : invoque l’Esprit Saint, pour que ce soit Lui qui vienne crier en toi « Abba, Père ! ». Offre ton cœur à Dieu, même s’il est en tempête : n’aie pas peur de tout Lui dire, non seulement tes difficultés et ta douleur, ton péché et ton incrédulité, mais même ta rébellion et tes protestations, si tu les sens en toi. Tout cela, mets-le entre les mains de Dieu : souviens-toi que Dieu est Père – Mère dans l’amour, qui tout accueille, tout pardonne, tout illumine, tout sauve. Écoute Son Silence : ne prétends pas avoir de suite la réponse. Persévère. Comme le prophète Élie, marche dans le désert vers la montagne de Dieu : et quand tu te seras approché de Lui, ne le cherche ni dans le vent, le tremblement de terre ou le feu, dans les signes de force ou de grandeur, mais dans la voix du silence subtil (cf. 1 R 19,12). Ne prétends pas t’emparer de Dieu, mais laisse Le passer dans ta vie et ton cœur, te toucher l’âme, se faire contempler par toi, même seulement de dos. Écoute la voix de Son Silence. Écoute Sa Parole de vie : ouvre la Bible, médite-la avec amour, laisse la parole de Jésus te parler cœur à cœur ; lis les Psaumes, où tu trouveras l’expression de tout ce que tu voudrais dire à Dieu ; écoute les apôtres et les prophètes ; tombe amoureux de l’histoire des Patriarches, du peuple élu et de l’Église naissante, où tu rencontreras l’expérience de la vie vécue dans l’horizon de l’Alliance avec Dieu. Et quand tu auras écouté la Parole de Dieu, marche encore longtemps dans les sentiers du silence, laissant l’Esprit t’unir au Christ, Parole éternelle du Père. Laisse Dieu Père te modeler de Ses deux mains : le Verbe et l’Esprit Saint. Au début, le temps passé à tout cela pourra te sembler trop long, ne jamais finir : persévère avec humilité, donnant à Dieu tout le temps que tu réussis à Lui donner, mais jamais moins que celui que tu as établi de pouvoir Lui donner chaque jour. Tu verras que de rendez-vous en rendez-vous ta fidélité sera récompensée, et tu te rendras compte que petit à petit le goût de la prière croîtra en toi, et ce qui au début te semblait inatteignable, deviendra toujours plus facile et beau. Tu comprendras alors que ce qui compte, ce n’est pas avoir des réponses, mais se mettre à la disposition de Dieu : et tu verras que ce que tu porteras dans la prière sera peu à peu transfiguré. Ainsi, quand tu viendras prier avec le cœur en tempête, si tu persévères, tu t’apercevras qu’après avoir longtemps prié tu n’auras pas trouvé de réponses à tes demandes, mais ces mêmes demandes se seront dissoutes comme neige au soleil et dans ton cœur se fera une grande paix : la paix d’être dans les mains de Dieu et de te laisser docilement conduire par Lui, aux lieux que Lui a préparé pour toi. Alors, ton cœur refait à neuf pourra chanter le cantique nouveau, et le ‘Magnificat’ de Marie sortira spontanément de tes lèvres et sera chanté par l’éloquence de tes œuvres. Sache, toutefois, que ne te manqueront pas en tout cela les difficultés : parfois, tu ne réussiras pas à faire taire le bruit qui est autour de toi et en toi ; parfois tu sentiras la fatigue ou même le dégoût de te mettre à prier ; ta sensibilité éclatera, et n’importe quel acte te semblera préférable à rester en prière devant Dieu, « perdant » ton temps. Tu sentiras, enfin, les tentations du Malin, qui cherchera par tous les moyens à te séparer du Seigneur, t’éloignant de la prière. Ne crains pas : les mêmes épreuves que tu vis, les saints les ont vécus avant toi, et souvent beaucoup plus pesantes que les tiennes. Toi, continue seulement à avoir foi. Persévère, résiste et souviens-toi que l’unique chose que nous pouvons vraiment donner à Dieu est la preuve de notre fidélité. Avec la persévérance tu sauveras ta prière, et ta vie. Viendra l’heure de la « nuit obscure », où tout te sembleras aride et même absurde dans les choses de Dieu : ne crains pas. C’est l’heure où qui lutte avec toi est Dieu même : enlève de toi tout péché, par la confession humble et sincère de tes fautes et le pardon sacramentel ; donne à Dieu encore plus de temps, et laisse que l’heure de la nuit des sens et de l’esprit devienne pour toi l’heure de la participation à la Passion du Seigneur. À ce point, ce sera Jésus lui-même qui portera ta croix et te conduira avec lui vers la joie de Pâque. Tu ne t’étonneras pas, alors, d’aller jusqu’à considérer aimable cette nuit, parce que tu la verras transformée pour toi en nuit d’amour, inondée de la présence de l’Aimé, pleine du parfum du Christ, lumineuse de la lumière de Pâque. N’aie donc pas peur, des épreuves et des difficultés dans la prière : souviens-toi seulement que Dieu est fidèle et qu’Il ne t’enverras jamais une épreuve sans te donner le moyen d’en sortir, et ne t’exposeras jamais à une tentation sans te donner la force de la supporter et la vaincre. Laisse-toi aimer par Dieu : telle une goutte d’eau qui s’évapore sous les rayons du soleil, et monte en haut, et retourne à la terre comme pluie féconde ou rosée consolatrice, ainsi laisse que tout ton être soit travaillé par Dieu, modelé par l’amour des Trois, absorbé en Eux et restitué à l’histoire comme un don fécond. Laisse que la prière fasse croître entre toi la liberté de toute peur, le courage et l’audace de l’amour, la fidélité aux personnes que Dieu t’a confié et aux situations dans lesquelles Il t’a mis, sans chercher des évasions ou des consolations bon marché. Apprend, en priant, à vivre la patience d’attendre les temps de Dieu, qui ne sont pas nos temps, et à suivre les voies de Dieu, qui si souvent ne sont pas nos voies. Un don particulier que la fidélité à la prière t’offrira est l’amour des autres et le sens de l’Église : plus tu prieras, plus tu sentiras de miséricorde pour tous, plus tu voudras aider qui souffres, plus tu auras faim et soif de justice pour tous, spécialement les plus pauvres et faibles, plus tu accepteras de te charger des péchés des autres pour compléter en toi ce qui manque à la Passion du Christ pour tout Son Corps qui est l’Église. En priant, tu sentiras comme il est beau d’être dans la barque dans Pierre, solidaire avec tous, docile à la conduite des pasteurs, soutenu par la prière de tous, prêt à servir les autres avec gratuité, sans rien demander en échange. En priant, tu sentiras croître en toi la passion pour l’unité du Corps du Christ et de toute la famille humaine. La prière est l’école de l’amour, parce que c’est en elle que tu peux te reconnaître infiniment aimé et naître toujours de nouveau à la générosité qui prend l’initiative du pardon et du don sans calcul, au-delà de toute mesure de fatigue. En priant, on apprend à prier, et on goûte les fruits de l’Esprit qui font vraie et belle la vie : « amour, joie, paix, patience, bienveillance, bonté, fidélité, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5,22). En priant, on devient amour, et la vie acquiert le sens et la beauté pour laquelle elle a été voulue par Dieu. En priant, on reconnaît toujours plus l’urgence de porter l’Évangile à tous, jusqu’aux extrêmes confins de la terre. En priant, on découvre les infinis dons de l’Aimé et on apprend toujours plus à Lui rendre grâce en toutes choses. En priant, on vit. En priant, on aime. En priant, on loue. Et la louange est la joie et la paix plus grande que notre cœur inquiet, dans le temps et l’éternité. Si je devais, alors, te souhaiter le don le plus beau, si je voulais le demander pour toi à Dieu, je n’hésiterai pas à Lui demander le don de la prière. Je le Lui demande : et toi, n’hésite pas à le demander à Dieu pour moi. Et pour toi. La paix de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec toi. Et toi en eux : parce que en priant tu entreras dans le cœur de Dieu, caché avec le Christ en Lui, entouré de Leur amour éternel, fidèle et toujours nouveau. Désormais tu le sais : qui prie avec Jésus et en Lui, qui prie Jésus ou le Père de Jésus ou invoque Son Esprit, ne prie pas un Dieu générique et lointain, mais prie en Dieu, dans l’Esprit, par le Fils, le Père. Et du Père, par Jésus, dans le souffle divin de l’Esprit, tu recevras tout don parfait, adapté à lui, et depuis toujours par lui préparé et désiré. Le don qui nous attend. Qui t’attend.

Bruno Forte