Archive pour décembre, 2013

ADORER AVEC MARIE, LA MÈRE DE JÉSUS

11 décembre, 2013

http://www.cpsainttugdual.catholique.fr/Adorer-avec-Marie-la-mere-de-Jesus

ADORER AVEC MARIE, LA MÈRE DE JÉSUS

LUNDI 19 SEPTEMBRE 2011

Introduction C’est la 10e rencontre que nous vivons. Le Pape Jean Paul II écrivait dans son encyclique sur l´eucharistie que « par sa vie toute entière Marie est une femme eucharistique  » et qu´elle peut « nous guider vers le très Saint Sacrement, car il existe entre elle et lui une relation profonde… (EE & 57) Et il nous invitait, avec toute l´Église, à l´imiter dans son rapport avec ce mystère très saint. » (EE § 53) C´est ce que nous allons essayer de faire ce soir en contemplant son Fils avec le regard de Marie.

1. Jésus nous donne sa Mère aujourd’hui Lors de chaque Eucharistie le prêtre répète la Parole de Jésus : « Faites cela en mémoire de moi  » (Lc 22, 19) et rend présent « tout ce que le Christ a souffert et accompli au Golgotha, y compris le don qu´il y fait de sa mère. (EE 6 57). Saint Jean, au pied de la croix, témoigne : « Près de la croix de Jésus se tenait sa mère. Jésus voyant sa mère et, se tenant près d´elle, le disciple qu´il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Dès cette heure-là, le disciple l´accueillit chez lui.  » (Jn 19, 25-27). Jean Paul II écrit : « Le Christ a confié à Marie le disciple bien-aimé et, en ce disciple, il lui confie également chacun de nous : « Voici ton fils ! ». De même, il dit aussi à chacun de nous : « Voici ta mère ! »(Jn 19, 26-27) « Vivre dans l’Eucharistie le mémorial de la mort du Christ suppose aussi de recevoir continuellement ce don. Cela signifie prendre chez nous, à l’exemple de Jean, celle qui chaque fois nous est donnée comme Mère. » (EE § 57) Oui, ce disciple bien-aimé, c´est chacun de nous ici aujourd’hui. Nous savons que Jésus et Marie s´aiment tant, que leurs cœurs ne font plus qu´un et partagent le même amour des hommes. C´est pourquoi, le disciple préféré de Jésus est également l´enfant préféré de Marie. Sous la croix, chacun de nous est devenu l´enfant préféré de Marie. Jésus avait promis : « Je ne vous laisserai pas orphelins  » (Jn 14,18). Et Jésus accomplit aussi cette promesse en nous donnant sa propre mère. Marie nous reçoit et dit à Jésus : « Oui Jésus, je reçois chaque être humain comme fils, comme fille. » Marie nous accueille, même si nous ne voulons pas d´elle. Comme Jésus, Marie ne s´impose pas à nous. Elle nous propose son amour de Maman et nous attend les bras ouverts, mais nous laisse libres. Elle sait que certains, à cause d’expériences vécues avec leur propre mère, ont du mal à accueillir son amour. Marie nous laisse le temps. Dans l´adoration nous pouvons demander à Jésus de nous apprendre à aimer sa mère. * Essayons maintenant de nous imaginer l´amour de Marie pour Jésus en sachant qu´elle veut nous donner ce même amour. Imaginons son regard émerveillé sur son bébé dormant dans ses bras, regardons avec quelle tendresse elle le nourrissait, l´habillait, le caressait. Marie nous regarde avec le même amour. A la manière des femmes d´Israël, Marie portait son Jésus sur la hanche pour pouvoir être avec son enfant et travailler en même temps. Elle lui chantait les Psaumes en balayant ! Plus tard elle l´a parfois accompagné. A Cana, c´est même elle qui lui a demandé de faire son premier miracle, ouvrant ainsi la vie publique de Jésus. Et sous la croix, c´est encore elle qui était là, fidèle, au moment où presque tous l´ont abandonné et la douleur a transpercé son cœur comme un glaive. C´est cette Maman là que Jésus nous donne pour qu´elle fasse pour nous, ce qu´elle a fait pour Lui : être notre mère, notre Maman. Être là avec nous quand nous sommes heureux, mais aussi quand nous sommes malades, fatigués, angoissés être notre refuge sans nous juger. * Mais en même temps que Jésus confie chacun de nous à Marie, il nous confie aussi sa mère, nous demandant de la prendre chez nous, c´est à dire en prendre soin, l´accueillir dans notre vie avec respect et surtout beaucoup d´amour. Jésus veut nous apprendre à aimer Marie comme il l´aimait. Il nous dit : Maintenant elle est ta Mère, «  mets toi à son école, laisse-toi accompagner et conduire par elle  », c´est à elle que je t´ai confié (EE § 57), elle est le chemin le plus sûr pour me connaître et m´aimer.

2. La prière de l´Ave Maria Avec l´aide de textes du Pape Jean-Paul II, nous allons méditer la prière du « Je vous salue » en demandant à Dieu de nous apprendre à aimer Marie. 2.1. „Je vous salue Marie“ Aux premiers mots nous sommes invités à une rencontre personnelle avec Marie, la jeune fille de Nazareth que l´ange a visité. Que nous commencions par les paroles de l´ange : « Réjouis toi Marie, comblée de grâces » (Lc 1, 28) ou par la formule « je vous salue Marie », l´essentiel c´est de dire bonjour à Marie comme à notre Maman, qui est vraiment là, qui nous écoute, nous regarde et nous aime. Certains préfèreront la vouvoyer, d´autre la tutoyer. 2.2. « Je te salue Marie, pleine de grâce ! » «  La première partie de l´Ave Maria est une contemplation d´adoration du mystère qui s´accomplit dans la vierge. Ces paroles expriment l´admiration du ciel et de la terre et font affleurer l´émerveillement de Dieu contemplant son chef d´œuvre : l´incarnation du fils dans le sein virginal de Marie. » (Rosarium Virginis Mariae RVM § 33) En disant : « pleine de grâce  », je reprends les paroles de l´ange : « Réjouis-toi, comblée de grâce. » (Lc 1,28). Avez-vous remarqué que dans l’Evangile de Saint Luc l´ange n´appelle pas tout de suite Marie par son prénom, mais qu’il lui donne « ce nom nouveau : « pleine de grâce » ? (Redemptoris Mater RM § 8). Essayons d’imaginer l´amour de la Trinité pour Marie ! Elle est à la fois fille du Père, épouse de l´Esprit Saint et mère du Fils. De toute éternité le Père, le Fils et l´Esprit Saint l´ont choisie pour être la mère de Jésus. Et pour cela, Jésus l´a rachetée à l´avance, dès sa conception, (CEC 491) par le sacrifice de sa croix. «  Par la grâce de Dieu, Marie est restée pure de tout péché personnel tout au long de sa vie. » (CEC 493) Par le baptême nous avons part à ce mystère qui a eu lieu la 1re fois en Marie : Par la grâce de Dieu nous sommes « participants de la nature divine. » (2 P 1,5) et enfants de Dieu. 2.3. « Le Seigneur est avec toi » En lui disant cela, l´ange rappelle la prophétie d´ Isaïe : «  Voici que la vierge est enceinte, elle va enfanter un fils, et elle lui donnera le nom d´Emmanuel  » (Is 7,14) Emmanuel signifie « Dieu avec nous » Chaque fois que nous redisons : Le Seigneur est avec toi, cela nous rappelle que Dieu est avec nous, qu´il est à nos côtés et que jamais il ne nous abandonnera. 2.4. « Tu es bénie entre toutes les femmes » Qu´est ce que cela veut dire, « être béni  » ? Nous disons souvent ces mots mais que signifient-ils vraiment ? Le Catéchisme dit que « bénir est une action divine qui donne la vie et dont le Père est la source » (CEC 1078-1082) Si nous disons que Dieu nous bénit, cela veut dire qu´Il nous donne la vie. Quand Élisabeth dit : « Tu es bénie entre les femmes », elle reconnaît sous l´inspiration de l´Esprit Saint, la plénitude du don de la vie divine fait à Marie. Marie, au comble de la joie, comprend que cette bénédiction s´étendra à tous les hommes par Jésus (d´après RM § 8) et que c´est pour cela que « toutes les générations la diront bienheureuse ». (Lc 1, 48) Marie est bénie parmi toutes les femmes, car elle est la choisie, la préférée. Mais en même temps, en elle, ce sont tous les hommes et d´une façon privilégiée, toutes les femmes de la terre qui sont choisies par Dieu, bénies et appelées à donner la vie et à la protéger, quelque soit leur vocation. 2.5. « Et Jésus, le fruit de ton sein est béni » Quand nous prononçons le Nom de « Jésus », «  le centre de gravité de l´Ave Maria  » (RVM § 33). Nom dont St Pierre disait « qu´il n´y a pas sous le ciel d´autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. » (Ac 4,12), demandons à Marie de nous apprendre à le prononcer avec le même amour qu´elle. Puis nous disons que Jésus est « le fruit du sein de Marie  » ou le fruit de ses entrailles. C´est une vérité de foi que nous proclamons ici. Le corps de Jésus reçu dans l´Eucharistie, « est le même que celui que Marie a conçu dans son sein.  » (EE § 56) Quand Marie avait demandé à l´Ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je suis vierge ? », il avait répondu : « L´Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c´est pourquoi celui qui va naître sera saint et il sera appelé Fils de Dieu. » (Lc 1, 34-35) Nous voyons ici que la Trinité est à l´œuvre dans la conception de Jésus. Le Catéchisme dit que « l´Esprit Saint est envoyé pour sanctifier le sein de la Vierge Marie et la féconder divinement…en faisant qu´elle conçoive le fils éternel du Père dans une humanité tirée de la sienne  » (CEC 485) C´est ce que l´ange a confirmé à St Joseph en lui disant : « Ce qui a été engendré en Marie, ta femme, vient de l´Esprit Saint  » (Mt 1, 20). 2.6. « Sainte Marie, mère de Dieu » « Le Concile d’ Ephèse ( en 431) a confirmé solennellement la maternité divine de Marie comme vérité de foi. Marie est la Mère de Dieu (Théotokos), parce que, par le Saint-Esprit, elle a conçu en son sein virginal et a mis au monde Jésus Christ, le Fils de Dieu consubstantiel au Père. » (RM §4) Grâce à sa foi, Marie a pu devenir mère de Dieu. Elle a cru qu´elle, petite servante du Seigneur, humble créature, était aimée de Dieu au point de vouloir en faire la mère de Son Fils ! Marie est saisie par cette certitude : Je suis aimée de Dieu  ! En Marie, rien n´a fait obstacle à cet amour divin. Par son « Fiat  », par son « oui  », Marie a si pleinement accepté de se laisser aimer que Dieu a pu venir prendre chair en elle. Demandons à Marie de nous apprendre à réaliser à quel point nous sommes aimés de Dieu. Jamais un enfant n´a autant ressemblé à sa mère que Jésus, lui « le plus beau des enfants des hommes ! » Jean Paul II écrivait que Marie, enceinte de Jésus, était « le premier tabernacle de l´histoire »(EE§55), il expliquait qu´ « il existe une analogie profonde entre le fiat de Marie et l´amen que chaque fidèle prononce quand il reçoit le corps du Seigneur…dans la continuité avec la foi de la Vierge, il nous est demandé de croire que, dans l´Eucharistie, Jésus, Fils de Dieu et fils de Marie, se rend présent dans la totalité de son être humain et divin, sous les espèces du pain et du vin. » Quand nous communions, demandons à Marie d´accueillir avec nous son fils bien-aimé. Demandons-lui de nous aider à croire que, comme elle à l´Annonciation, nous sommes alors le tabernacle où Jésus est présent. Demandons-lui de nous communiquer sa joie de porter en nous le Fils de Dieu. Jean Paul II écrivait : « Recevoir l´Eucharistie devait être pour Marie comme si elle accueillait de nouveau en son sein ce cœur qui avait battu à l´unisson du sien » (EE § 56) Demandons à Marie de nous apprendre à nous unir avec elle aux battements du cœur de Jésus vivant en nous. 2.7. « Prie pour nous, pauvres pécheurs » Combien de milliards de fois la Ste Vierge a-t-elle entendu cette prière ! Les chrétiens s´adressent à elle avec cette confiance si bien exprimée par St Bernard : « On n´a jamais entendu dire qu´aucun de ceux qui ont réclamé votre secours ait été abandonné… » Marie n´a pas abandonné Jésus sous la croix, elle ne nous abandonne pas non plus. Marie est mère de la miséricorde car elle est mère de Jésus qui est la miséricorde en personne. Elle est aussi « mère de miséricorde », « elle connaît le plus à fond le mystère de la miséricorde divine car elle en sait le prix si élevé, elle qui était au pied de la croix… Elle est appelée à rendre proche des hommes…cet amour manifesté à ceux qui souffrent » (Dives in Misericordia § 9) Marie est une vraie Maman, elle connaît tout de nous, joies et souffrances. Regardez à Cana comment elle a vu qu´il manquait du vin. Elle voit nos soucis, les comprend et veut nous aider. Elle en parle à Jésus, puis elle se tourne vers nous en nous disant : « Tout ce qu´il te dira, fais le !  » (Jn 2,6) Oui c´est vrai, nous sommes tous de pauvres pécheurs, mais nous pouvons toujours nous réfugier auprès de celle qui toute sa vie a cru à la miséricorde de Dieu et qui au ciel intercède pour nous. Marie touche directement le cœur de Dieu, déposons en ses mains toutes nos intentions. 2.8. « Maintenant, et à l´heure de notre mort. » Arrêtons-nous sur ce mot de « maintenant  ». Nous avons dit au début que quand nous saluons Marie, c´est en ce moment même que nous nous adressons à elle, présente et vivante. « Maintenant  », c´est l´instant présent. Or l´instant présent est le seul point de rencontre entre Dieu et nous. Le passé ne nous appartient plus, nous ne pouvons pas le changer. Et l´avenir n´est pas encore là. Seul l´instant présent est à notre disposition. Nous sommes tentés de vivre dans le passé en regrettant nos bonheurs ou nos erreurs et cette rumination du passé nous encombre l´esprit. Ou alors au contraire nous vivons dans l´avenir, soit en le craignant, ce qui nous paralyse, soit en y aspirant car nous l´idéalisons. Le passé comme le présent nous détournent alors de la réalité qui est devant nos yeux. Marie est celle qui a parfaitement vécu l´instant présent. Ste Thérèse d´Avila écrivait : « Celui qui a l´instant présent a Dieu, et qui donc a l´instant présent a tout. L´instant présent suffit, que rien ne te trouble. » Nous pensons parfois : «  Ah, si ma situation était différente, je serais heureux, je pourrais faire telle ou telle chose, je serais un meilleur chrétien… » Or le Seigneur nous a fait naître dans telle famille, tel pays, tel milieu social. Il a permis que nous ayons tel travail, tel état de vie . C´est dans cette vie qui est la nôtre qu´Il nous attend. C´est là qu´il veut nous rencontrer et que nous rencontrions notre prochain. « Avoir la vie en abondance », c´est, comme Marie, vivre chaque instant en présence de Dieu et le remplir d´amour. C´est faire le mieux possible toutes ces petites actions qui font notre quotidien, par amour pour Dieu et les hommes qui nous entourent. Marie vivait l´instant présent, AUSSI était-elle attentive à ce qui se passait autour d´elle, comme à Cana. Demandons à Marie de nous apprendre à vivre et agir dans l´instant présent, attentifs à ceux qui nous entourent. Quand nous prions « et à l´heure de notre mort  », cela se passera dans l´avenir bien sûr. Mais un jour viendra où l´heure de notre mort sera l´instant présent. Nous pouvons nous y préparer maintenant avec Marie. Si dés aujourd´hui nous considérons chaque instant comme précieux parce qu´il est celui où je peux rencontrer Dieu, alors quand la mort viendra, l´instant de la mort sera celui où nous verrons face à face celui que nous aimons. Nous demandons à Marie de prier pour cet instant, pour qu´au moment décisif, au moment où toute notre vie avec ses hauts et ses bas se déroulera devant nos yeux, celle qui est la Mère de la Miséricorde nous aide à croire en cette Miséricorde et à nous jeter dans les bras du Père.

3. Aides concrètes pour l´adoration eucharistique Nous allons maintenant adorer ensemble en nous mettant à l´école de Marie car « elle est, selon le mot de Jean Paul II, le modèle indépassable de la contemplation du Christ. » (RVM § 10) Or qu´est ce que l´adoration, sinon la contemplation amoureuse du visage de Jésus ? Nous pouvons demander à Marie de nous apprendre à croire en la présence de son Fils Jésus, à le regarder avec amour, à lui parler en lui souriant. Quand nous serons devant le Saint Sacrement, essayons de nous imaginer comment Marie regarde son Fils, ses sentiments, son attitude. Imaginons « le regard extasié de Marie contemplant le visage du Christ qui vient de naître et le serrant dans ses bras. Ce regard n’est-il pas le modèle d’amour inégalable qui doit inspirer chacune de nos communions eucharistiques  » (EE §55) et chacun de nos moments d´adoration ? Pour cette contemplation du Christ, l´Église propose un moyen privilégié : la méditation du Rosaire. En 2002, Jean Paul II rappelait avec insistance « qu´une prière aussi facile et aussi riche méritait vraiment d´être redécouverte par la communauté chrétienne car elle est destinée à porter des fruits de sainteté  ». (RVM 43 & 1) _ « Le chapelet concentre en lui la profondeur de tout le message évangélique dont il est presque un résumé. Avec lui, le peuple chrétien se met á l´école de Marie pour se laisser introduire dans la contemplation de la beauté du visage du Christ et dans l´expérience de la profondeur de son amour. » (RVM 1) « Sa méthode est fondée sur la répétition. Il est l´expression de cet amour qui ne se lasse pas de se tourner vers la personne aimée pour lui redire qu´on l´aime, comme Jésus qui demande trois fois à Pierre : « Simon, m´aimes-tu ? » La répétition de l´Ave s´adresse à Marie, mais avec elle et par elle, c´est à Jésus que s´adresse l´acte d´amour.  » (RVM 26) Dans le chapelet nous contemplons les mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux et chaque fois. Cela guide notre imagination et notre esprit vers tel ou tel moment de la vie de Jésus. Déjà Saint Ignace de Loyola encourageait à « se servir de l´élément visuel et de l´imagination pour favoriser la concentration de l´esprit sur le mystère. Cela correspond bien à la logique même de l´incarnation où en Jésus, Dieu a voulu prendre des traits humains. C´est à travers sa réalité corporelle que nous sommes conduits à entrer en contact avec son mystère divin. » (RVM 29) Devant le Saint Sacrement nous pouvons contempler Jésus dans tel ou tel mystère. Il est là, présent sacramentellement, grâce à notre imagination et à la Parole de Dieu, nous nous le représentons par exemple dans le sein de Marie ou dans la crèche ou sur la croix ou montant au ciel. Dieu vit toujours au présent car il est éternel et tous les moments de la vie de Jésus sont présents dans le Saint Sacrement que nous adorons. Prenons le temps de nous arrêter pour fixer notre regard sur le mystère à méditer, puis commençons la récitation des Ave en gardant ce regard intérieur sur Jésus. Nous le regardons avec Marie, et nous l´aimons avec elle. Aujourd´hui chacun pourra, pendant l’adoration, s´il le désire, choisir un ou deux mystères qu´il aimerait méditer. Prions paisiblement. Il ne s´agit pas de dire tout un chapelet mais de nous mettre en présence de Dieu. Par la méditation du chapelet se réalisera peu à peu en nous la prière de Saint Paul pour les Ephésiens : « Que le Christ habite en vos cœurs par la foi, et que vous soyez enracinés, fondés dans l´amour. Ainsi vous recevrez la force de comprendre avec tous les saints, ce qu´est la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur, vous connaîtrez l´amour du Christ qui surpasse toute connaissance et vous entrerez par votre plénitude dans toute la plénitude de Dieu. » (Eph 3, 17-19) Marie, la Toute Sainte nous entraîne à sa suite pour rendre à Jésus amour pour amour. Alors, ouvrons notre cœur pour accueillir Marie chez nous

Janez Wolf, San Giuseppe con il bambino e i Ss. Gioacchino ed Anna

10 décembre, 2013

Janez Wolf, San Giuseppe con il bambino e i Ss. Gioacchino ed Anna dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/immagini/?mode=view&album=20200&pic=20200BE.JPG&dispsize=Original&start=40

L’ENFANCE DE JÉSUS SELON MATTHIEU (2/6) LE DILEMME DE JOSEPH – MATTHIEU 1, 18-25

10 décembre, 2013

http://www.interbible.org/interBible/ecritures/exploration/2013/exp_131203.html  

L’ENFANCE DE JÉSUS SELON MATTHIEU (2/6)    LE DILEMME DE JOSEPH – MATTHIEU 1, 18-25

La généalogie de Jésus en Matthieu se termine avec « Joseph, l’époux de Marie de laquelle est né Jésus ». Le texte affirme clairement que Marie est la mère de l’enfant, mais ne précise rien au sujet de son père. C’est d’ailleurs cette question qui est à la base du récit de l’annonciation à Joseph.

Mais qui est le père de Jésus ?      Avant que Joseph n’ait habité avec Marie sa fiancée, il découvre qu’elle est enceinte! Que faire ? Avant que l’ange lui révèle l’origine de cet enfant, Joseph devait penser que l’enfant provenait d’un adultère commis par Marie. Aujourd’hui, au Québec, l’adultère est loin d’être aussi problématique qu’à l’époque. Dans la culture biblique, l’honneur familial était de la plus haute importance. L’adultère était alors considéré comme le pire crime car la famille de la fille se voyait complètement déshonorée. La punition pour ce crime n’était pas le divorce, mais bien la lapidation de la fautive (Dt 22, 23-27). Quand une femme a déshonoré sa famille de la sorte, ce sont les mâles du clan qui doivent restaurer leur honneur en l’exécutant.      Vous imaginez le résultat ? L’histoire ne fait que commencer, et Marie et son enfant auraient été mis à mort. Pourtant, de façon inespérée, la vie surgira d’une mort certaine.

La réaction de Joseph      Même si la Loi exigeait la lapidation de Marie, Joseph réagit autrement : Joseph, son époux, qui était un homme juste et ne voulait pas la diffamer publiquement, résolut de la répudier secrètement (Mt 1,19). La justice de Joseph n’est pas d’appliquer la Loi de façon littérale et automatique. Il a décidé d’interpréter cette Loi pour que Marie et son enfant puissent vivre. La justice de Joseph ressemble beaucoup à celle de Jésus. Lorsqu’il aura des problèmes au sujet de la Loi, il l’interprétera avec amour et pardon.      La solution retenue par Joseph est une séparation sans procès ni accusation. Mais ce n’est pas le plan de Dieu. Dans un songe, l’Ange du Seigneur révèle à Joseph l’origine divine de l’enfant qui va naître et lui demande de prendre chez lui Marie comme épouse. C’est ce que fera Joseph, et il portera les conséquences sociales de ce geste puisqu’il est le seul ayant eu la révélation de l’Ange. La honte de l’adultère qui aurait mené à la mort de Marie se transfère alors sur Joseph. En acceptant la mère et l’enfant qu’elle porte, il se montre publiquement comme le père de l’enfant et devra s’occuper d’eux. De plus, comme cet enfant a été conçu avant leur vie commune, Joseph accepte de passer pour quelqu’un qui a eu des relations sexuelles avant le mariage. Il accepte la honte publique que lui cause sa décision car il a la conviction de réaliser la volonté de Dieu.      Par cet épisode, nous pouvons retenir quelques éléments très importants pour Jésus dans la suite de l’évangile. D’une part, la Loi 1 doit être interprétée avec une bonne dose de miséricorde. Jésus va enfreindre des lois comme le précepte du sabbat. Comme Joseph, il choisira de ne pas lapider une femme ayant commis l’adultère. D’autre part, le dilemme de Joseph illustre comment d’une mort certaine peut survenir la vie inespérée. En prélude d’Évangile, on expose un thème qui reviendra avec la mort et la résurrection de Jésus. La vie triomphe de la mort.

Les crimes d’honneurs      Une spiritualisation trop rapide du texte nous empêche de voir le scandale de la question de la paternité de Jésus et de la réponse étonnante qu’en fait l’Évangile. Le dilemme de Joseph doit se comprendre dans le cadre des crimes d’honneur puisque cette pratique horrible faisait partie de la culture de cette époque. D’ailleurs, cette problématique est encore très présente aujourd’hui au Moyen-Orient comme ailleurs. Au Québec, le procès des Shaffia en 2012 a montré comment un père, une mère et un frère peuvent assassiner trois filles pour laver l’honneur de la famille. Celles-ci fréquentaient des garçons en cachette et portaient à tort des vêtements trop suggestifs. _______________

1 La Loi (Torah) est un terme qui désigne à la fois les cinq premiers livres de la Bible et l’ensemble des commandements de Dieu.

Sébastien Doane, bibliste

LES PSAUMES – PSAUME 84

10 décembre, 2013

http://www.bibleenligne.com/Commentaire_biblique/Commentaire_avance/AT/Psaumes/Ps84.htm

LES PSAUMES

PSAUME 84

Le Ps. 84 considère la bénédiction qu’il y a à se rendre maintenant dans les parvis de l’Éternel; mais il fait allusion d’une manière figurée au chemin qui mène à ces parvis et au sentier de larmes que le peuple avait dû suivre dans sa marche vers la bénédiction. Ce Psaume a donc une grande portée morale, instructive pour les chrétiens comme pour les Juifs. Au Ps. 63, le résidu chassé avait soif de Dieu lui-même et trouvait en lui, en dépit de tout, un rassasiement comme de moelle et de graisse; dans celui-ci, l’âme est occupée des joies de sa maison, car elle entre dans la jouissance des bénédictions de l’alliance: non pas qu’elle ne soupire avec ardeur après le Dieu vivant; mais elle est dans ses parvis. «Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison; ils te loueront incessamment» (vers. 4). Être introduits là, — telle est la bénédiction! Ils n’auront plus rien à faire qu’à louer. C’est le premier grand sujet de bénédiction: la bénédiction parfaite et complète dans sa nature même. Elle se trouve au terme de la course; mais il y a aussi le chemin qui y conduit: «Bienheureux l’homme dont la force est en toi, et ceux dans le cœur desquels sont les chemins frayés» (ceux qui mènent à la maison). Ces traits caractérisent l’état de l’âme qui est devant nous: sa force est en l’Éternel; son cœur est aux chemins qui conduisent à lui. Ce sentier de la bénédiction passe à travers l’épreuve; c’est pourquoi l’on a besoin de force; et, quel qu’il puisse être, on aime et l’on prend le chemin qui conduit à Dieu. Les saints passent par la vallée des pleurs: elle devient pour eux une fontaine; car par ces choses-là on a la vie, et dans toutes ces choses consiste la vie de l’esprit. De plus, la pluie vient d’en haut remplir les réservoirs de cette terre altérée. Les saints font usage de leur force: sans aucun doute cette force est mise à l’épreuve: mais ils la renouvellent; ils vont de force en force jusqu’à ce qu’ils paraissent tous devant Dieu en Sion (vers. 6, 7). C’est un peuple qui prie, demeure dans la dépendance, et se confie en la grâce. Le nom d’alliance: l’Éternel des armées — le Dieu de Jacob, est de nouveau introduit ici; il est le bouclier de son peuple et ce dernier lui demande de regarder à son Oint. Tel est maintenant le lien entre l’Éternel et son peuple, — non la loi que le peuple avait enfreinte. Ils paraissent devant Dieu en Sion, le lieu de la délivrance royale en grâce. Désormais les intérêts du peuple et de l’Oint ne peuvent plus être séparés; la bénédiction repose sur lui, et sur eux à cause de lui. L’intérêt que prend le cœur à cette bénédiction spéciale est ensuite exprimé d’une manière pleine de douceur et de force; le psalmiste résume ce qu’est l’Éternel, qui donne cette bénédiction: il est lumière et protection; il donne la grâce et la gloire et ne refuse aucun bien à ceux qui marchent dans l’intégrité. La pensée de ce qu’est l’Éternel amène le psalmiste à se résumer dans un mot, dont il a profondément conscience: «Éternel des armées! bienheureux l’homme qui se confie en toi!» Il est très beau de voir les saints célébrer de nouveau, du fond du cœur, à diverses reprises, l’Éternel, leur Dieu selon l’alliance, maintenant que le chemin, bien que passant à travers l’affliction, leur est ouvert jusque dans sa présence connue. Le Ps. 63 était l’expression de la joie en Dieu, dans le désert, quand on n’avait rien d’autre que lui; le caractère du désert faisant ressortir la profondeur et la douceur de la bénédiction du sanctuaire; le Ps. 84 exprime la joie dont Dieu est la source pour le cœur lorsqu’on a été amené à lui, ou qu’on est en route vers lui; la manière dont on jouit de lui au milieu de ce qui l’entoure. Le Psaume suivant traite de la bénédiction du pays et du peuple délivré. Dans ceux qui viennent ensuite nous trouvons Christ lui-même, en tant qu’associé au peuple, mais toujours en rapport avec la relation qui existe selon l’alliance entre l’Éternel et son peuple.

Joachim et Anna

9 décembre, 2013

Joachim et Anna dans images sacrée app0005

http://www.maria21.net/?mid=arthall_sub_gallery_bradibarth&listStyle=list&document_srl=7043

RÉFÉRENCES BIBLIQUES À MARIE, MÈRE DE JÉSUS CHRISTL’ANCIEN TESTAMENT – PREMIÈRE PARTIE

9 décembre, 2013

http://campus.udayton.edu/mary/resources/french/figuresmarial.html

(J’ai trouvé cette étude , qui je pense est très agréable et intéressant, cependant , est longue et le divise en deux parties)

RÉFÉRENCES BIBLIQUES À MARIE, MÈRE DE JÉSUS CHRISTL’ANCIEN TESTAMENT – PREMIÈRE PARTIE

ÉLÉMENTS POUR UNE RÉFLEXION SUR LA RELATION DE L’ANCIEN TESTAMENT À MARIE

FIGURES MARIALES DE L’ANCIEN TESTAMENT   Ce qui suit est un essai pour voir comment Ancien et Nouveau Testaments se reflètent en relation à Marie. Pour les chrétiens, il y a continuité entre les deux Testaments. L’Ancien Testament anticipe, annonce le Nouveau Testament et tend vers lui. Les deux s’articulent selon le binôme promesse et accomplissement. Lorsque les chrétiens lisent l’Ancien Testament à partir du Nouveau, ils y reconnaissent un nombre de femmes d’importance qui préfigurent Marie par certains aspects de leurs destinées, personnalités ou vocations. Elles sont appelées « figures » ou « types » parce que, d’une manière ou d’une autre, elles anticipent la mère de Jésus Christ à venir. Marie est leur « anti-figure » ou « anti-type », non par opposition, mais par contraste. Un contraste qui prend en compte le caractère unique de la mission de Marie. Elle est la mère du Messie alors que ses préfigurations de l’Ancien Testament préparent, perçoivent ou suggèrent sa venue. Voici l’esquisse de 14 figure féminines de l’Ancien Testament, de Ève à Bethsabée. Leur portrait est suivi d’une comparaison entre chacune d’elles et Marie. Ève : première mère de tous les vivants Elle est appelée Hawah – en hébreu, le nom « Ève » signifie « vie » – (dans la Septante, Eva ; dans la Vulgate, Heva) parce qu’elle est la mère de tous les vivants (Gn 3,20). Au commencement, elle apparaît, dans l’Ancien Testament, marquée par la beauté, la bonté, la sagesse et la vie. Les écrits rabbiniques louent la beauté et les ornements d’Ève dans leurs commentaires de Genèse 2,20 : « Puis de la côte qu’il avait tirée de l’homme, Yahvé Dieu façonna une femme et l’amena à l’homme. » Par exemple, Rabbi Chama ben Chanina (260 ap. J.C.), écrivait que Dieu avait certainement d’abord vêtu Ève de vingt-quatre ornements précieux (ceux qui décrivent les filles de Sion en Isaïe 3,18-24) avant de l’amener à l’homme. C’est pourquoi, le Seigneur, à travers la bouche d’Ézéchiel, applique à elle ce qui suit (et qui était originellement adressé au roi de Tyr) :             Tu étais en Éden, au jardin de Dieu. Toutes sortes de pierres précieuses             formaient ton manteau : sardoine, topaze, diamant, chrysolithe, onyx,             jaspe, saphir, escarboucle, émeraude, d’or étaient travaillés tes disques             et tes pendeloques ; tout cela était préparé au jour de ta création (Ez 28,13). Et :

            Tu étais un modèle de perfection, plein(e) de sagesse, merveilleux(se) de             beauté (Ez 28,12 ; cf. Genesis Rabbah 18,1 et 2,22 et le Talmud babylonien,             Baba Bathra 75a).

Des écrits juifs plus tardifs opposent la désobéissance d’Ève à la fidélité et obéissance des Israélites envers Dieu au Mont Sinaï. Dans le Nouveau Testament, Ève n’est jamais mentionnée dans les Évangiles. Adam est seulement mentionné dans la généalogie de Luc (Lc 3,38). Ève est mentionnée dans deux écrits pauliniens :

            J’éprouve à votre égard en effet une jalousie divine ; car je vous ai fiancés             à un époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ. Mais j’ai             bien peur qu’à l’exemple d’Ève, que le serpent a dupée par son astuce, vos             pensées ne se corrompent en s’écartant de la simplicité envers le Christ                        (2 Co 11,2-3).

            C’est Adam en effet qui fut formé le premier, Ève ensuite. Et ce n’est pas             Adam qui se laissa séduire, mais la femme qui, séduite, se rendit coupable             de transgression. Néanmoins elle sera sauvée en devenant mère, à condition             de persévérer avec modestie dans la foi, la charité et la sainteté (1 Tm 2,13-15).

Les deux passages soulignent les aspects négatifs du rôle d’Ève dans l’histoire du salut. Les premiers auteurs chrétiens opposeront la désobéissance d’Ève à l’obéissance de Marie. Ce n’est toutefois qu’à la lecture globale de tous les textes de l’Ancien Testament que l’on appréciera pleinement la grandeur de la première mère pour Israël, Ève, la mère des vivants.

ÈVE ET MARIE Des parallèles ont été établis entre le dialogue de Marie avec l’ange Gabriel et le dialogue d’Ève avec le serpent (Lc 1,28-35 et Gn 3,17). De même pour le texte de Genèse 3,15 et celui de Jean 19,25-28a (la scène de Marie au pied de la croix). On pourrait envisager le processus de l’histoire du salut d’Ève à Marie comme suivant un double mouvement : d’abord la dispersion de la race humaine en une multitude d’individus, puis la concentration progressive de toutes les attentes de salut dans le Messie né de Marie, la Mère de Dieu. Toutes les femmes éminentes de l’Ancien Testament sont des réalisations partielles et concrètes de la mère primordiale des temps anciens (Ève) qui perdure et se prolonge en elles. De même que le Nouvel Adam se prolonge dans le « Corps Mystique » du Christ (la communauté ecclésiale du nouveau peuple de Dieu), de même Marie représente-t-elle aussi tous ces « enfants de Dieu, autrefois dispersés, mais désormais réunis » par son Fils. Les paroles de Jésus sur la croix, « Voici ta mère » (Jn 19,27), peuvent faire référence à l’étymologie populaire du nom d’Ève en Genèse 3,20 : « L’homme appela sa femme “Ève” parce qu’elle fut la mère de tous les vivants. » Comme l’Église est « la Jérusalem d’en haut… notre mère » (Ga 4,26), ainsi Marie est-elle la mère des croyants, qui, au pied de la croix, étaient présents concrètement dans la personne du « disciple que Jésus aimait ».

SARA La bienveillance de Dieu envers l’humanité se poursuit avec l’appel d’Abram et s’étend sur les deux Testaments à travers les récits de vocation des descendants d’Abraham et de Sara. Abraham est l’archétype de qui répond à Dieu dans la foi. Avec Sara, ce patriarche fait écho à l’initiative divine. À travers lui, Dieu promet un avenir à son Peuple. La mise à l’épreuve de la foi d’Abraham propose un modèle pédagogique et spirituel à tous ceux qui cheminent et grandissent dans la foi. Il a été choisi et a répondu librement à la divine Providence, au salut et à l’avenir d’un Peuple. Abraham est appelé à juste titre « notre Père dans la foi ». C’est Sara, la femme d’Abraham, qui permet à la promesse de se réaliser et aide Abraham à vivre sa foi en Dieu. Saraï, l’épouse belle et forte d’Abraham, voit son nom changé par Dieu en Sara, ce qui signale son élection et sa vocation d’être la mère d’Isaac et la mère de croyants. Son histoire commence en Genèse 12 et se termine en Genèse 23, avec son enterrement dans la grotte de Makpéla (cf. Gn 23,19 ; 25,10 et 49,31). Dans la Bible, elle est décrite comme étant belle, hospitalière, remplie de foi et douée d’humour. Les épîtres du Nouveau Testament la nomment quatre foi (Rm 4,19 ; 9,9 ; He 11,11 et 1 P 3,6). Ces passages montrent comment Dieu lui a permis de concevoir et mettre au monde un fils en dépit de sa stérilité. Elle est l’épouse croyante et la mère de la promesse. En Galates 4,21-30, où elle est mentionnée sans être nommée, elle annonce la Jérusalem d’en haut. Sa foi et son obéissance sont mises en évidence en Hébreux 11,11 et 1 Pierre 3,6. Sara est la première des matriarches de l’Ancien Testament. Viendront ensuite Rébecca et Rachel.

SARA ET MARIE Dans les lectures pour les Messes en l’honneur de la Vierge Marie, Sara n’apparaît que dans la messe intitulée « La Bienheureuse Vierge Marie, Fille élue d’Israël ». La mention de Sara situe Marie dans la continuité des grandes matriarches qui, par la foi, ont surmonté leur stérilité. Marie conçoit Jésus en vertu de sa foi. La stérilité de Sara prend fin lorsque le Seigneur dit à Abraham : « Y a-t-il rien de trop merveilleux pour Yahvé ? À la même saison l’an prochain, je reviendrai chez toi et Sara aura un fils » (Gn 18,14). L’ange Gabriel, le messager de Dieu, dit à Marie quelque chose de semblable : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu… car rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1,35.37).  Marie partage le sens généreux de l’hospitalité et de la disponibilité de Sara. Elle démontre cela dans sa visite à Élisabeth (Lc 1,39-45). Marie est aussi bénie de Dieu du fait qu’elle aura un fils malgré sa virginité. Elle est également un modèle de foi toute sa vie durant, selon les événements qui sont rapportés à son sujet dans le Nouveau Testament.

Rébecca Rébecca est la deuxième matriarche d’Israël. Elle est décrite en Genèse 24,16 : « La jeune fille était très belle, elle était vierge, aucun homme ne l’avait approchée. » Son histoire conclut la saga d’Abraham.

            Elle est la plus intelligente et la plus autoritaire des matriarches, et pourtant             elle incarne la beauté et la vertu féminine tant dans sa conduite (sa virginité            et ses actions), ses paroles énergiques, sa politesse prévenante que dans son assurance             (voir David Noel Freedman ed., The Anchor Bible Dictionary, vol. 5, New York, Doubleday, 1992, 629).

Rébecca en tant que femme d’Israël – en fait elle est la mère de Jacob qui sera appelé Israël – est présentée comme vierge la première fois qu’elle est mentionnée dans la Genèse. Une fois donnée en mariage à Isaac, nous apprenons qu’elle est stérile jusqu’au jour où elle prie Dieu de la délivrer de cette condition. Elle donne alors naissance à Ésaü et Jacob, mais éprouve de la préférence pour Jacob. C’est grâce à son intervention et à son astuce qu’elle obtient pour Jacob la bénédiction paternelle d’un Isaac âgé et aveugle. Jacob doit fuir devant Ésaü, séparant ainsi la mère de son enfant préféré. Dans sa lettre aux Romains, Paul offre l’éclairage théologique suivant sur le rôle de Rébecca dans l’histoire d’Israël, le peuple de Dieu :             «…Rébecca avait conçu d’un seul homme, Isaac notre père : or avant la naissance                des enfants, quand ils n’avaient fait ni bien ni mal, pour que s’affirmât la liberté                de l’élection divine, qui dépend de celui qui appelle et non des œuvres, il lui fut                dit : L’aîné servira le cadet, selon qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob et j’ai haï                Ésaü. » (Rm 9,10-12).

Le merveilleux commentaire de Paul sur la promesse messianique, manifestée de façon dramatique dans l’histoire du salut chez Jacob, souligne le choix libre de Dieu au moyen de personnes de foi, les grands patriarches et matriarches du récit de la Genèse. Teresa Okure, théologienne nigériane, perçoit un lien entre le rôle de Rébecca et celui de Marie en relevant que l’aide apportée par Rébecca à Jacob n’était pas seulement motivée par l’intérêt personnel, mais exprimait à sa manière sa coopération à l’accomplissement du plan de Dieu vu que ce dernier lui avait révélé le sort de ses deux enfants avant qu’ils ne soient nés. La mère de Jésus a coopéré avec Dieu dans la dernière et plus importante étape de l’histoire du salut. [Voir : Teresa Okure, « Women in the Bible », In : With Passion and Compassion: Third World Women Doing Theology. New York, Maryknoll, 1988, 47-59.]

RÉBECCA ET MARIE L’appel advient à Marie par Gabriel et elle est appelée la Vierge Marie. Elle aussi est finalement séparée de son fils, tant durant les trois jours passés à sa recherche que pendant les années de sa vie publique. Son rôle dans l’accomplissement de la promesse messianique continue ce qui avait débuté avec ses ancêtres Sara, Rébecca et Rachel. Des théologiennes ont affirmé l’importance des femmes de la Bible telles Rébecca en déclarant que les femmes qui apparaissent occasionnellement dans des rôles de leaders dans les récits bibliques ne devraient pas être considérées comme des exceptions, mais comme représentatives d’un possible groupe plus étendu de femmes actives dans la vie publique dont l’identité a été perdue dans un processus de canonisation contrôlé par les hommes. Elles ajoutent que les figures prophétiques et sapientiales féminines pourraient ne pas avoir trouvé de place dans le canon à cause de l’absence d’une reconnaissance de la valeur et de l’autorité des femmes. Rébecca est une vierge au moment de son mariage avec Isaac. Le récit biblique met en évidence la constance de ses qualités : sa ténacité, sa fidélité et son amour préférentiel pour Jacob. Elle fait preuve de créativité dans sa façon d’aider Jacob à dérober à Isaac la bénédiction destinée au fils aîné (Gn 22,23 ; 24 ; 26,6-11 ; 27). Marie est une vierge dans les récits de Matthieu (1,16.18-25) et de Luc (1,26-38). Elle est proclamée bienheureuse par Élisabeth (Lc 1,45). Sa ténacité apparaît dans les événements qui l’unissent à son fils Jésus presque à chaque fois qu’elle est mentionnée dans le Nouveau Testament.

RACHEL Rachel fut l’épouse préférée et chérie de Jacob ou Israël, l’ancêtre qui a donné son nom au peuple de Dieu. Elle est ainsi la femme d’Israël par excellence. « L’histoire de Rachel est une histoire d’amour et de dévouement sans équivalent dans les récits bibliques. » (Voir Anchor Bible, vol. 5, 605.) Matthieu 2,17-18 décrit l’accomplissement de la prophétie de Jérémie qui parle du grand chagrin de Rachel : « Une voix dans Rama s’est fait entendre, pleur et longue plainte : c’est Rachel pleurant ses enfants ; et ne veut pas qu’on la console, car ils ne sont plus. » Cette citation de Jérémie 31,15 rapporte la mort de Rachel à la naissance de son second fils (Gn 35,16-19) à la conquête d’Israël par les Assyriens en 722-21 av. J.C.. Matthieu, qui parle de la naissance du Messie Jésus, utilise le texte de Jérémie afin de raconter comment la Sainte Famille a échappé au massacre des enfants de Bethléem.   Rachel a l’oreille de son Dieu car elle parle d’amour et de relations familiales. Elle a œuvré à une guérison de ces relations parce qu’elle ne s’est pas contentée de parler d’amour, mais a vécu cet amour tout au long de sa vie. « Le message de Rachel à Dieu est de se situer par rapport à Israël dans l’amour qui vient de la famille, de la sainte famille. » (Citation de Jacob Neussner.)

RACHEL ET MARIE Rachel surmonte sa stérilité avec l’aide Dieu. Elle fait preuve d’astuce en dérobant les teraphim, les idoles domestiques, de Laban, son père. Vu leur valeur marchande, elle assure ainsi son indépendance et sécurise l’héritage d’Israël. Son chagrin est patent à l’occasion de la perte de Joseph, son fils. Cela est rappelé par le prophète Jérémie (Jr 31,15). Elle est l’épouse bien-aimée de Jacob qui a énormément travaillé pour obtenir sa main. Marie voit sa virginité bénie quand l’Esprit Saint la couvre de son ombre, à la suite de quoi elle donnera naissance à Jésus. Matthieu rappelle les pleurs de Rachel lorsqu’il rapporte le massacre des Innocents. Marie, comme Rachel, est une mère en chagrin qui endure la mort de son fils, Jésus, au Calvaire.

LÉA Léa est, à côté de Rachel, l’autre épouse de Jacob, l’autre mère des enfants d’Israël. Elle est issue de Térah le Mésopotamien, à travers Nahor et Bétuel. Son père est Laban, fils de Bétuel et frère de Rébecca. Léa est la mère de Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issachar, Zabulon et Dina. Les fils de sa servante Zilpa sont Gad et Asher qui sont reconnus comme les siens propres. Léa, selon le dessein de la Providence divine, est l’ancêtre de deux figures majeures d’Israël, en l’occurrence Moïse et David. Ce don lui vient de Dieu en dépit de la préférence de Jacob pour Rachel. La dernière mention de Léa se trouve en Genèse 49,31 : « Là furent ensevelis Abraham et sa femme Sara, là furent ensevelis Isaac et sa femme Rébecca, là j’ai enseveli Léa ». Au temps des patriarches, les lois concernant le mariage n’étaient pas aussi strictes que celles prescrites en Lévitique 18,6-8. Comment Léa s’insère-t-elle dans la tradition mariale ? Grâce au fait que Juda, un de ses fils, est à l’origine de la lignée davidique. Bien que Léa ne soit pas mentionnée dans la généalogie de Matthieu 1,1-17, il y a un lien à travers son mariage inhabituel avec Jacob et à travers Juda. Elle est la mère prolifique de huit des douze tribus, qui tiennent leurs noms de ses fils.

LÉA ET MARIE La fidélité de Léa à Jacob est une de ses forces. Elle est la mère de huit fils, les « tribus de Léa ». Son dévouement envers sa famille et ses parents est une de ses qualités. Elle sait ce que signifie le don de soi. Marie donne naissance à Jésus qui est un descendant de Juda, un des fils de Léa. Marie est elle aussi fidèle à sa famille durant la vie cachée et la vie publique de Jésus. Sa présence au pied de la Croix, dans l’évangile de Jean, atteste de sa compassion, sa souffrance et son amour.

DÉBORAH

Deux Déborah sont mentionnées dans l’Ancien Testament : la nourrice de Rébecca qui est enterrée près de Béthel (Gn 35,8) et – bien mieux connue – la prophétesse, épouse de Lappidot (Jg 4,4-5,31). Sa mémoire est célébrée en Juges 5 notamment. Pour sa part, le Pseudo-Philon nous livre de fascinantes informations sur la place qu’elle occupe dans la tradition d’Israël. Déborah la prophétesse, à cause de ses qualités de meneuse d’hommes, de son courage et de sa vocation prophétique, est honorée dans le chant commémorant la victoire sur les chefs militaires cananéens Yabîn et Sisera. Ce chant est sans doute un des plus anciens textes de l’Ancien Testament, datant peut-être de l’époque des Juges (1200 av. J.C.). Le cantique de Déborah tient en 106 lignes. Ce n’est pas un chant de Déborah, mais sur Déborah Il traite d’eau et de gloire : l’intervention divine. Yahvé, au moyen d’un torrent, manifeste la gloire divine dans une victoire. Yaël, une autre femme, parachève la victoire en tuant Sisera, le général des Cananéens. La dernière partie du poème est constituée de bénédictions et malédictions. Yaël est dite « bénie entre les femmes » (Jg 5,24).

DÉBORAH ET MARIE Dans une relecture de l’Ancien Testament et du Psaudo-Philon, on observe comment, par analogie, l’Église catholique a noté des similitudes entre Marie et, tout à la fois, Déborah et Yaël. Le Pseudo-Philon nous présente Déborah comme Mère d’Israël appelant ses enfant à suivre la Torah. Marie, de même, exhorte les serviteurs de Cana à faire tout ce que Jésus leur dira (Jn 2,1-5). Déborah exhorte Israël à glorifier le Seigneur. L’eau est symbole ou moyen de la victoire. Cela se retrouve en Jésus qui change l’eau en vin et qui, de la sorte, manifeste sa gloire à ses disciples qui croient en lui (Jn 2,11). Dans le chant de victoire, Yaël, la femme de Héber, est louée : « Bénie entre les femmes soit Yaël, entre les femmes qui habitent tentes, bénie soit-elle ! » (Jg 5,24). Nous trouvons en Luc des béatitudes adressées à Marie par l’ange Gabriel (1,28), par Élisabeth (1,45) et aussi par une femme anonyme dans la foule (11,27). Déborah est vue comme Mère d’Israël en esprit alors que Marie est la Mère de tous les croyants représentés par le disciple bien-aimé au pied de la Croix (Jn 19,25-27). Il y a aussi un parallèle entre l’Esprit Saint reposant à la fois sur Déborah et sur Marie. Déborah est un leader remarquable qui a le don de prophétie et de sagesse. Ses décisions débouchent sur la victoire d’Israël par l’entremise d’une autre femme courageuse, Yaël. Déborah, dans son cantique (Jg 5), démontre une confiance totale en Dieu et attribue la victoire au pouvoir de Dieu sur les rois étrangers. Marie n’exerce pas la fonction de juge ou celle de leader en temps de guerre. Elle fait cependant preuve de sagesse (puisque, soumis à ses parents, Jésus grandit en sagesse ; cf. Lc 1,51-52) et son Magnificat a des accents prophétiques quand il chante la puissance de Dieu sur les ennemis d’Israël. Marie partage avec Yaël une même béatitude : « Bénie es-tu entre les femmes ».

YOKÉBED Yokébed, la mère de Moïse, Aaron et Miryam, est considérée comme une « Mère d’Israël » par la tradition juive. Elle est une lévite et figure dans les généalogies d’Exode 6,20 comme épouse d’Amram et mère de Moïse et Aaron. Dans Nombres 26,59, elle est présentée comme étant « fille de Lévi, qui lui était née en Égypte ». A. Serra rapporte le renvoi de Yokébed par son mari Amram, raconté par la haggadah Sotah 12a (200-300 ap. J.C.). Ce récit narre la décision d’Amram et de tous les Israélites de cesser d’avoir des enfants à cause de la persécution de Pharaon. Miryam, sa fille, le convainc de reprendre Yokébed secrètement. Le Psaume 113,9 est chanté à l’occasion du renouvellement du mariage. Miryam, fidèle à sa vocation prophétique entrevoit la naissance et destinée de Moïse, son frère. Elle déclare : « Ma mère donnera le jour à un fils qui sera le sauveur d’Israël » (Sotah 12b-13a). Après la naissance de l’enfant, c’est Miryam qui sauve Moïse des eaux du Nil et qui permet à sa mère de devenir sa nourrice auprès de la fille de Pharaon. Il y a dans la haggadah maintes similitudes avec l’annonciation à Joseph en Matthieu (Mt 1,18-25). On le voit dans le parallèle avec les hésitations de Joseph à prendre Marie comme épouse, l’annonce prophétique de la naissance par un messager divin et les circonstances miraculeuses dans lesquelles Marie conçoit. Dans la haggadah, Yokébed redevient jeune et met Moïse au monde à l’âge de 130 ans ! Elle accouche de Moïse presque sans douleurs, puis ne paraît pas avoir été enceinte. Cette naissance paisible de Moïse le soustrait aux yeux des espions égyptiens. Le récit de la conception virginale chez Matthieu se situe dans le même cadre théologique et précède d’au moins deux cents ans la haggadah juive. À cette tradition se rattache l’Apocalypse de Baruch (100-150 ap. J.C.) : « Les femmes ne souffriront plus pendant leur grossesse et l’angoisse ne la naissance sera épargnée au fruit de leurs entrailles. » (Apoc. Baruch 73,1-7 ; 74,1).

YOKÉBED ET MARIE Yokébed est la mère de Moïse, le sauveur et libérateur d’Israël. La tradition juive la fait accoucher miraculeusement sans douleur. Elle protège aussi son enfant de Pharaon. Elle est considérée comme la Mère d’Israël. Marie est la mère de Jésus qui est le Messie et le Sauveur selon les chrétiens. Elle donne naissance à Jésus de façon miraculeuse et, avec Joseph son époux, elle le protège des mains meurtrières d’Hérode.

MIRYAM Le nom de la Vierge Marie lui fut donné par ses parents sans doute en l’honneur de Miryam, la sœur de Moïse et d’Aaron (dans l’Ancien Testament). Sous la conduite de Moïse, elle fut une prophétesse et un leader du peuple dans sa traversée de la mer Rouge et du désert. Anne et Joachim ont peut-être été motivés par le désir d’une renaissance du peuple d’Israël, de même que les parents de Marie Madeleine, Marie de Béthanie, Marie mère de Jacques ou encore Marie mère de Marc. Son nom signifierait « dame princesse » ou, s’il y a un lien avec le lieu appelé Méribah, « eaux amères ». Miryam, la sœur de Moïse, est seule dans l’Ancien Testament à porter ce nom si on excepte la Miryam inconnue de 1 Chroniques 4,17. O. Bardenhewer a recensé pas moins de 67 étymologies différentes pour le nom « Miryam » ! Plus probablement, ce nom aurait désigné une dame de haut rang, une princesse donc, et ainsi plutôt belle. Si le nom a une origine égyptienne, le sens de « chère » ou « chérie » en serait la meilleure traduction. Selon de la Potterie, le kécharitôménê de Luc 1,28 serait utilisé comme un équivalent de « Marie » et indiquerait que ce nom s’appliquerait à une femme comblée de grâce par Dieu, donc gracieuse et belle. Le judaïsme considère Myriam comme une prophétesse. Elle reprend le chant de victoire célébrant Dieu qui a libéré son peuple pendant l’Exode :

            « Miryam, la prophétesse, sœur d’Aaron, prit en main un tambourin et toutes les            femmes la suivirent avec des tambourins, formant des chœurs de danse. Et    Miryam leur entonna : “Chantez pour Yahvé, car il s’est couvert de gloire, il a jeté    à la mer cheval et cavalier” » (Exode 15,20-21).

Dans l’évangile de l’enfance selon Luc, le Magnificat est attribué à Marie (certains manuscrits mineurs l’attribuent à Élisabeth). Les deux hymnes partagent plusieurs thèmes. Marie glorifie Dieu comme son Seigneur et Sauveur alors que Moïse ou Miryam chante la gloire, kabôd, de Dieu. Dans les deux cas, Dieu est identifié comme Seigneur et Sauveur. Abraham est le père dans la foi des deux femmes. Les deux exaltent Dieu dans son triomphe sur les puissants. Pharaon est mis à bas comme les orgueilleux du Magnificat. Dieu déploie la force de sa droite, de son bras dans les deux chants. Les œuvres puissantes de Dieu sont exaltées. L’amour constant de Dieu a sauvé et libéré Israël, son peuple. Ces parallèles apparaissent plus clairement dans la comparaison de la version grecque de la Septante du « chant de victoire » avec le texte, grec, de Luc. Ce dernier a imité le style, les expressions et le vocabulaire de cette traduction grecque du « chant de victoire ». La fuite en Égypte de Marie et Joseph, pour échapper à la tyrannie et violence d’Hérode, suit le parcours inverse de Moïse qui, avec Miryam et Aaron, fuyait Pharaon. Marie de Nazareth aura néanmoins touché le même sol égyptien que sa matronyme Miryam (Mt 2,13-15)on Le fait que la Bible contient sept passages différents parlant de Miryam atteste de son rôle de leader en Israël. Le prophète Michée l’exalte : « Car je t’ai fait monter du pays d’Égypte, je t’ai racheté de la maison de servitude ; j’ai envoyé devant toi Moïse, Aaron et Miryam (Mi 6,4).

MIRYAM ET MARIE En repérant les qualités de Miryam, la sœur de Moïse, on observe ce qui suit : elle est un leader, une prophétesse, une médiatrice, une initiatrice, une servante, un modèle de discrétion et de pertinence, une négociatrice et une femme qui prend soin des autres et qui collabore dans les coulisses, mais efficacement, à l’histoire salvifique du peuple élu. Dans les hymnes et litanies de l’Église, la tradition catholique attribue de telles qualités à Marie. Les fondements bibliques de l’emploi de ces expressions sont tirés des récits de l’Annonciation, de la Visitation (Lc 1,28-45) et des noces de Cana (Jn 2,1-11).

JUDITH Judith est l’héroïne du livre deutéro-canonique du même nom. Elle incarne la femme idéale de la piété juive tardive (150-100 av. J.C.). Bien des aspects de sa vie laissent voir en elle une pharisienne. Dans sa victoire sur Holopherne, elle ressemble à Déborah et Yaël dans leur victoire sur Sisera. Elle se décrit en Judith 11,17 : « Car ta servante est une femme pieuse : Nuit et jour elle honore le Dieu du ciel. » De par son observance religieuse, Judith est une personne juste. Elle observe les prescriptions de la Torah, est une chaste veuve, observe les fêtes et même les veilles de fêtes (8,6). Elle observe les lois et rituels de purification (12,2.9.19 ; 16,18). « …elle est un modèle de religion pharisienne. Il n’est pas étonnant que sa dévotion soit bénie ; elle est riche, elle est belle, tous l’estiment (8,7-8) même s’il est à noter que le texte ne parle pas d’enfants. L’histoire se concentre sur son courage, son initiative, son don de soi (13,20)… » [Voir : Reginald C. Fuller, éd., A New Catholic Commentary on Holy Scripture. (Nashville : Thomas Nelson, 1969) 404.] Judith représente l’ensemble du peuple d’Israël fidèle. Cela apparaît notamment dans son hymne final (16,1-17). Judith appartient aux pauvres de Yahvé (tapeinoi : 6,19 ; 13,20 ; 16,11). Les biblistes reconnaissent que la physionomie spirituelle de Judith est sans aucun doute celle des pauvres en esprit. Dans ses actes, Judith devient un paradigme de la libération humaine. Elle témoigne de la vérité fondamentale selon laquelle la foi ne dépend pas de résultats visibles (8,17-27) et que la puissance de Dieu ne réside pas dans le nombre (9,11).

JUDITH ET MARIE On trouve en Marie de Nazareth un écho à la confiance absolue placée en Dieu par Judith en tant que « pauvre de Yahvé ». On trouve chez l’une comme chez l’autre l’observance des rituels des lois de purification et des fêtes, en particulier la Pâque. Toutes deux sont exemplaires dans leur vie de prière et leur participation aux pratiques religieuses. Dans les lectures liturgiques des messes en l’honneur de Marie, la bénédiction de Judith annonce celle de Marie par Élisabeth : « Sois bénie, ma fille, par le Dieu Très-Haut, plus que toutes les femmes de la terre » (Jdt 13,18). Les louanges adressées à Judith – « Tu es la gloire de Jérusalem ! Tu es le suprême orgueil d’Israël ! Tu es le grand honneur de notre race ! » (Jdt 15,9) – ainsi que des paroles provenant de son propre hymne sont aussi fréquemment employées en lien avec Marie :

            « Je veux chanter à mon Dieu un cantique nouveau. Seigneur tu es grand, tu es   glorieux, admirable dans ta force, invincible. Que toute ta création te serve ! Car   tu as dit et les êtres furent, tu envoyas ton souffle et ils furent créés, et personne          ne peut résister à ta voix » (Jdt 16,13-14).

ESTHER Esther est une héroïne et le paradigme de la femme totalement libérée qui place toute sa confiance en Dieu. Par la prière et le jeûne, elle est en mesure de contrer le mal projeté par les Perses et d’intercéder en faveur de son peuple Israël auprès du roi Assuérus. Reine, Esther est concernée par le destin des juifs, même si son statut pourrait la mettre à l’abri du décret d’extermination lancé contre son peuple. Elle demande aux juifs un jeûne de trois jours pour préparer avec elle son apparition devant le roi à qui elle compte demander le salut de son peuple, au risque d’être punie de mort pour son audace. Au moins, elle aura essayé ! Il y a en elle à la fois de la résignation et une courageuse liberté ainsi que l’espoir que sa démarche aboutira. [Voir : John F. Craghan, « Esther: A Fully Liberated Woman », The Bible Today 24 (1986), pp. 6-11.] Aujourd’hui encore, les Juifs commémorent Esther lors de la fête de Purim où les enfants rejouent les scènes du livre avec toutes sortes de déguisements. L’ennemi juré du peuple d’Israël, Haman, est habituellement représenté en costume noir. Dans la célébration de Purim, les valeurs mises en évidence sont le sacrifice de soi et la providence divine. Ce sont aussi les deux thèmes majeurs du livre d’Esther. [Voir : C. G. Montefiore and H. Loewe, A Rabbinic Anthology. (New York : Schocken, 1974), pp. 99-101.] Dans la tradition juive, le livre d’Esther fait partie des cinq megillot ou rouleaux. Esther en constitue le rouleau, megillah, par excellence. « À moins qu’un autre des cinq ne soit spécifié, le terme megillah en est venu à désigner le seul livre d’Esther. » . » [Voir : Rufus Learsi, Israel: A History of the Jewish People. (New York : Meridian, 1966), 120.]

ESTHER ET MARIE Marie, la mère de Jésus, ressemble à Esther dans sa prière et son pouvoir d’intercession auprès de Dieu. Elle promeut aussi le bien et du peuple et du peuple chrétien dans son rôle de Reine. Trois passages du livre d’Esther sont utilisés dans la mariologie des premiers auteurs chrétiens et dans la liturgie catholique : 2,16-18 ; C,12.14-15.25.30 et 8,3-8.16-17.

TAMAR Tamar, « le palmier », est la première femme mentionnée dans la généalogie de Matthieu : « Juda engendra Pharès et Zérah, de Tamar » (Mt 1,3). La raison de la mention de Thamar se trouve en Genèse 38. Juda, dont les deux aînés ont été successivement mariés à Thamar et son mort, craint pour son troisième fils, Shéla. Au lieu de le donner en mariage à Thamar, comme il devrait le faire, il renvoie Thamar veuve et sans enfants. Par un stratagème ingénieux, Tamar se déguise en prostituée et Juda couche avec elle. Elle prend cependant soin de subtiliser quelques objets appartenant à Juda. Elle conçoit et est accusée d’adultère. Quand elle montre les objets appartenant à l’homme duquel elle a conçu, Juda reconnaît que c’est lui qui a enfreint la loi divine : « Elle est plus juste que moi. C’est qu’en effet je ne lui avait pas donné mon fils Shéla » (Gn 38,26). Elle donne naissance à des jumeaux, Pharès et Zérah. Pharès sera l’ancêtre de David (Rt 4,18ss.) et donc, finalement, du Messie.

L’HISTOIRE DE TAMAR EST UNE ILLUSTRATION DE LA LOI DU LÉVIRAT :             « Si des frères demeurent ensemble et que l’un d’eux vienne à mourir sans enfant,          la femme du défunt ne se mariera pas au-dehors avec un homme d’une famille      étrangère. Son « lévir » (beau-frère) viendra à elle, il exercera son lévirat en la       prenant pour épouse et le premier-né qu’elle enfantera prendra le nom du frère défunt, afin que ce nom ne soit pas effacé d’Israël » (Dt 25,5-6).

TAMAR ET MARIE Pourquoi Matthieu relève-t-il le nom de Tamar dans sa généalogie ? Parce que c’est de la lignée messianique de Juda que surgira David. Tamar atteste aussi le côté anormal de sa situation de veuve ayant besoin de l’intervention divine pour rétablir la justice en sa faveur. De même, Marie, la mère de Jésus, se retrouve dans une situation anormale à cause de sa grossesse à laquelle Joseph, son fiancé, n’est pour rien. Comme Tamar est reconnue juste devant Dieu, Marie est reconnue innocente. Joseph découvre cela dans un rêve. 

RAHAB De même que Tamar n’est pas condamnée comme prostituée quand elle cherche à obtenir justice de la famille de Juda qui lui était redevable, de même Rahab (Jos 2) ne l’est pas non plus, elle qui est au contraire louée pour sa foi, son ingéniosité et son hospitalité, vertus qui comptent parmi les plus exaltées par les Écritures. Elle est aussi vénérée dans le Nouveau Testament (He 11,31 ; Jc 2,25) ainsi que dans les anciennes traditions chrétiennes (1 Clément 12,1) et juives (Mek Ex 18,1 ; Midr. Ruth 2,1). Son statut sexuel inhabituel est sans doute l’une des raisons pour lesquelles Matthieu l’a incluse dans sa généalogie de Jésus. Elle n’est pas une fille vierge ou une épouse non vierge. Pour cela, elle représente une menace pour la structure sociale patriarcale. Toutefois, en tant que prostituée professionnelle, elle est aussi victime de ce système. Cette femme qui se situait en dehors de la culture patriarcale en général et celle, ethnique, d’Israël en particulier, se retrouve intégrée aux deux (Jos 6,5). La « profession de foi » de Rahab (Jos 2,9-11) explique pourquoi elle protège les espions de Josué (vv. 12-13). On peut y voir déjà dans ce texte ancien comment le pouvoir de Dieu se mêle à l’initiative extraordinaire prise par Rahab en face des puissances du monde patriarcal. Sa foi et le soutien qu’elle apporte au peuple élu de Dieu, Israël, peuvent aussi rendre compte de sa mention dans la généalogie de laquelle le Messie est issu. Le fait qu’elle gagne, pour elle-même et sa famille, une place dans l’histoire d’Israël peut aussi expliquer son inclusion dans la généalogie de Matthieu. C’est une femme sensible, réceptive à la présence de Dieu et sachant user de ses ressources. En tant que telle, elle est digne de figurer parmi les mères d’Israël. Quoique enfermée dans les structures patriarcales de son époque, elle les dépasse par sa foi, son instinct créatif et sa faculté à discerner l’action de Dieu derrière les guerriers d’Israël. La littérature rabbinique l’exalte comme Mère d’Israël dont descendront huit prêtres et huit prophètes.

RAHAB ET MARIE Il existe plusieurs points de convergence entre les histoires de Rahab et de Marie, qui nous aident à mieux comprendre les deux femmes et la foi qui les a inscrites dans la tradition biblique : la sexualité est concernée par les deux histoires ; les deux femmes encourent une punition (mort) ; toutes deux furent instruments par lesquels Dieu a pris possession du pays et des cœurs ; toutes deux furent signes et exemples de foi (He 11) ; toutes deux furent mères de la foi.

RUTH Ruth figure aussi parmi les « Mères d’Israël ». Le Targum de Ruth 2,12 traduit : « …tu es celle qui est arrivée… protégée par l’ombre de la majesté de Dieu et la gloire de Dieu et, grâce à cette récompense, tu seras libérée du jugement de la Géhenne car tu as ta place parmi Sara, Rébecca, Rachel et Léa ; c’est-à-dire parmi les mères d’Israël. » (Rabbah Ruth 5,5 à 2,13 ; Pesikta de Rob. Kohaha 26,1.) Ruth personnifie Israël alors que Booz, son mari, symbolise Dieu. La littérature rabbinique compare sa relation à Booz avec celle d’Israël à Dieu qu’Israël doit glorifier (Ex 15,2) et en dehors duquel il n’aura pas d’autre dieu (cf. Ex 20,3). Ceci est étroitement lié à l’Alliance entre Dieu et Israël qui est semblable à l’alliance conjugale entre Ruth et Booz. D’une telle alliance naîtra l’Oint, le Messie.

RUTH ET MARIE L’Église aussi, dans sa tradition primitive, reprend la typologie en faisant de Booz une figure du Christ et Ruth une image de l’Église. Aux 12ème et 13ème siècles, Marie à son tour est vue comme ayant été préfigurée par Ruth. Pierre de Celle (1115-1182) voit un parallèle entre les mots de Ruth « Je suis Ruth, ta servante » (Rt 3,9) et ceux de Marie « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1,38). Aussi bien Ruth que Marie répondent activement à Dieu dans leurs vies. En tant que telles, elles représentent leur peuple Israël dans sa réponse primordiale à l’alliance au Sinaï. Ruth anticipe la réponse « Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons et nous y obéirons » (Ex 24,7). Ruth dit à Booz : « Comment ai-je trouvé grâce à tes yeux pour que tu t’intéresses à moi qui ne suis qu’une étrangère ? » (Rt 2,10), et à Noémi : « Tout ce que tu me dis, je le ferai » (Rt 2,10). Marie aussi a été objet de faveur ou de grâce : « Réjouis- toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1,28). Marie reconnaît cela dans son propre cantique : « …parce qu’il a jeté les yeux sur l’abaissement de sa servante, oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse » (Lc 1,48). Marie aussi, comme Israël au Sinaï, répond à l’appel de Dieu en disant : « qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1,38). Les deux femmes sont objets de faveur et y répondent positivement. Ruth est mentionnée dans la généalogie de David dans les derniers versets du livre ! Une dernière remarque à propos du paradoxe d’un Dieu qui agit au travers de l’histoire humaine. La situation de Ruth, étrangère sans enfants, est transformée par son affection (hesed) envers Noémi. Ruth devient l’épouse de Booz, mais c’est Dieu qui lui donne de concevoir (Rt 4,13). C’est aussi ce que Matthieu suggère dans le paradoxe de Marie qui est la dernière femme mentionnée dans sa généalogie : « de laquelle naquit Jésus, que l’on appelle Christ » (Mt 1,16). Au coeur du cantique de Marie, il y a l’amour tendresse de Dieu. Le mot hébreu hesed rend compte de cette disposition de Dieu. Selon Elaine Wainwright, la hesed donne aussi la clef de l’histoire de Ruth : « Le livre de Ruth célèbre également la hesed de la femme (Rt 1,8 ; 2,20 ; 3,10) et, même si les allusions au dévoilement des pieds de Booz soulève des questions quant au côté anormal créé par cette situation, aucun vocabulaire de péché n’est associé à Ruth dans tout le livre ». . » [Voir : Wainwright, Feminist Critical 64 (cf. 166-168). David Daube, The New Testatment and Rabbinic Judaism (London : Athlone, 1956) 27-36. J. Massingberd Ford, « Mary's Virginitas Post-Partum and Jewish Law », Biblica 54 (1973) 269-272.] Cela s’applique aussi aux textes qui, en Luc, traitent de la Vierge Mère de Jésus. Les traditions et de la Synagogue et de l’Église ont, respectivement, maintenu l’absence de péché chez ces deux mères d’Israël.   BETHSABÉE Dans la généalogie de Matthieu, Bethsabée est appelée « la femme d’Urie » (Mt 1,6). Son nom n’est pas mentionné. Son rôle est pourtant essentiel dans la généalogie. L’absence du nom souligne ce que son union maritale avec David avait d’irrégulier. Après la mort d’Urie, elle devient l’épouse de David, puis « Reine Mère » ou Gebîrah dans la mesure où son fils Salomon montera sur le trône de David à l’instigation du prophète Nathan aidé en cela par Bethsabée elle-même (1 R 1,11-37). La reine mère (gebîrah) a joué un rôle clairement défini dans nombre de sociétés anciennes et modernes. Le mythe omphalos, qui présentait la terre comme centre vital symbolisé par la déesse mère (mère divine), a été supprimé par les prophètes et historiographes de l’Ancien Testament. Certains voient dans la figure de Dame Sagesse (Pr 1-9) une sorte de subsistance, sous une forme modifiée, de cette ancienne déesse mère. La fonction de reine mère en Judée pourrait aussi être une conséquence de ce mythe. Cette fonction correspondrait à une position d’aînée à la cour et répondrait à la description de Dame Sagesse dans le livre des Proverbes. Mais elle pourrait aussi résulter du fait que les rois disposaient d’un harem : beaucoup d’épouses, mais une seule mère. Quoiqu’il en soit, la reine mère était la « First Lady » du royaume. La Bible n’utilise pas le mot gebîrah à propos de Bethsabée, mais elle est la deuxième personne du royaume (1 R 2,19) : le roi se prosterne devant elle. Bethsabée a l’oreille du roi son fils ; on lui demande de présenter des requêtes au roi. Elle joue un rôle d’intercesseur. Sa position fait d’elle une personne de conseil et une source de sagesse. À la mort de David, elle s’est préoccupée de sa succession et de la stabilité du royaume. Dans son effort pour assurer le trône à son fils, elle en a appelé directement à David mourant. Devenue reine mère, elle joue un rôle de conseiller politique et judiciaire à la cour, et de médiateur entre les factions politiques du pays. Son fils Salomon l’écoute, ce qui démontre le prestige dont la reine mère jouit à Jérusalem. « La reine mère était une dame conseillère dont le rôle se reflète dans le motif de Dame Sagesse du livre des Proverbes » [Anchor Bible, vol 5, p. 585.] Dans la tradition juive contemporaine de la formation du Nouveau Testament, Bethsabée est vue comme une noble dame d’Israël. Après avoir exercé son influence sur David, elle a eu, en tant que Reine Mère, Gebîrah, une grande influence sur son successeur Salomon. De même que les autres femmes de la généalogie, Bethsabée est située à l’intérieur de l’histoire du salut d’Israël et du plan de Dieu. Cette femme est donc une figure-clef qui aide à mieux comprendre la dernière femme mentionnée, Marie, mère de Jésus. Bethsabée aussi est engagée dans l’action de l’Esprit et dans l’histoire du salut.

BETHSABÉE ET MARIE Dans toute comparaison entre Bethsabée et Marie, mère de Jésus, la notion de « Reine Mère » permet peut-être de saisir que ce thème est né de l’Ancien Testament pour ensuite déboucher sur le thème de la royauté de Marie dans la liturgie et la dévotion. Comment comprendre alors la royauté de Marie à la lumière du concept de la Reine Mère ? On a dit que certaines « femmes puissantes » de l’Ancien Testament préfigurent Marie. Des versets concernant Esther et Judith ont été utilisés en référence à Marie dans la liturgie de l’Église : «  Tu es la gloire de Jérusalem ! Tu es le suprême orgueil d’Israël ! Tu es le grand honneur de notre race ! » (Jdt 15,9). Ces versets expriment les sentiments de la communauté chrétienne. La Reine Mère joue un rôle actif et assuré par rapport à son fils. Elle a le souci du royaume. On peut dire que Marie est responsable de la royauté de son fils en raison de sa maternité et son réel souci du royaume de Dieu (Lumen Gentium 56). Il est en revanche difficile de prouver que Marie ait été conscience de quelque dimension royale de son assentiment au moment de l’Annonciation. Marie n’a pas recherché le trône pour son fils comme l’ont fait d’autres « reines mères ». Au contraire, elle s’est mise au service du mystère de la rédemption « dans la dépendance au Christ » (Lumen Gentium 56). C’est un service d’effacement de soi, à l’image de son fils. La reine mère disposait d’une puissante influence dans le royaume. Ce pouvoir dérivait de son statut de mère du roi. Si nous comparons cela à la médiation de Marie, on peut y voir un lien avec sa médiation maternelle. Le rôle de Marie est subordonné à l’action du Christ. Elle n’a jamais « régné » à sa place comme l’ont fait certaines reines mères. Le rôle de Marie, à l’image de celui du Christ, ne doit pas être compris en termes de domination, sauf sur le mal. Son règne, comme celui du Christ, est fondé sur l’humilité et l’obéissance, et est caractérisé par la foi, l’espérance et la charité. C’est de cette façon qu’elle et son fils se situent par rapport aux fidèles. [Voir : George Francis Kirwin, The Nature of the Queenship of Mary. Thèse, Catholic University of America, 1973, p. 320.] L’activité de Marie en tant que reine mère se manifeste dans sa fidélité à Dieu et son identification à la communauté de ceux qui suivent le Christ. Son influence se laisse saisir dans les paroles « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5). L’influence de Marie s’exerce à l’intérieur de la communion des saints. Son pouvoir d’intercession auprès de Dieu est partagé par tous les fidèles. Son intercession maternelle, son « intercession répétée » (Lumen Gentium 62) constitue ce qui la relie au motif de la gebîrah. Une ancienne hymne qui loue Marie en tant que reine, mère et médiatrice est le « Salve Regina » :

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre consolation, notre espoir, salut ! Enfants d’Ève, de cette terre d’exil nous crions vers vous ; vers vous nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes. O vous, notre Avocate, tournez vers nous vos yeux compatissants. Et, après cet exil, obtenez nous de contempler Jésus, le fruit béni de vos entrailles, Ô clémente, ô miséricordieuse, ô douce Vierge Marie !

 Finalement, en ce qui concerne les femmes de l’Ancien Testament mentionnées dans la généalogie de Matthieu, R. Brown conclut que c’est sans doute en raison du caractère non ordinaire de leur statut marital qu’elles ont été incluses dans cette généalogie et qu’elles préfigurent Marie, plutôt que parce qu’elles seraient pécheresses ou étrangères.

FILLE DE SION

Pendant l’Avent, la liturgie catholique romaine célèbre le plan du salut au cours duquel le Dieu de miséricorde a appelé les patriarches, les a unis à lui dans une alliance d’amour, a établi la loi par Moïse, a fait surgir les prophètes et a choisi David et Bethsabée dont la lignée donnera naissance au Sauveur du monde. Les livres de l’Ancien Testament, en annonçant la venue du Christ, « font apparaître progressivement dans une plus parfaite clarté la figure de la femme, Mère du Rédempteur » (Lumen Gentium 55) : c’est la Vierge Marie, que l’Église proclame joie d’Israël et noble fille de Sion. Notre Dame est « fille d’Adam par nature » ; en croyant au message de l’ange, elle a conçu le Fils de Dieu dans son sein virginal et est « de la descendance d’Abraham par sa foi ». En outre, « de l’arbre de Jessé par sa naissance, elle a produit sa fleur et son fruit, Jésus, le Christ, notre Seigneur ». [Extraits de la préface de la messe « la Vierge Marie, fille de Sion ».] Dans son obéissance sincère à la Loi et sa pleine acceptation de la volonté de Dieu, elle occupe, selon les mots du Concile Vatican II, « la première place parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de lui avec confiance. Enfin, avec elle, la fille de Sion par excellence, après la longue attente de la promesse, s’accomplissent les temps et s’instaure l’économie nouvelle, lorsque le Fils de Dieu prit d’elle la nature humaine pour libérer l’homme du péché par les mystères de sa chair » (Lumen Gentium 55). Nous vous invitons à prier avec l’Église l’oraison suivante de la messe « la Vierge Marie, fille de Sion », la première des Messes en l’honneur de la Vierge Marie :

Seigneur Dieu, pour accomplir la promesse faite à nos pères, tu as choisi la Vierge Marie, fille de Sion, pour qu’elle soit la mère du Sauveur ; aide-nous à suivre son exemple, dans son humilité qui te fut agréable et dans son obéissance dont nous ressentons le bienfait. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,

qui vit avec Toi dans l’unité du Saint Esprit,

pour les siècles des siècles.

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FIGURES MARIALES DE L’ANCIEN TESTAMENT – DEUXIEME PARTIE -

9 décembre, 2013

http://campus.udayton.edu/mary/resources/french/figuresmarial.html

FIGURES MARIALES DE L’ANCIEN TESTAMENT   – DEUXIEME PARTIE -

MIRYAM Le nom de la Vierge Marie lui fut donné par ses parents sans doute en l’honneur de Miryam, la sœur de Moïse et d’Aaron (dans l’Ancien Testament). Sous la conduite de Moïse, elle fut une prophétesse et un leader du peuple dans sa traversée de la mer Rouge et du désert. Anne et Joachim ont peut-être été motivés par le désir d’une renaissance du peuple d’Israël, de même que les parents de Marie Madeleine, Marie de Béthanie, Marie mère de Jacques ou encore Marie mère de Marc. Son nom signifierait « dame princesse » ou, s’il y a un lien avec le lieu appelé Méribah, « eaux amères ». Miryam, la sœur de Moïse, est seule dans l’Ancien Testament à porter ce nom si on excepte la Miryam inconnue de 1 Chroniques 4,17. O. Bardenhewer a recensé pas moins de 67 étymologies différentes pour le nom « Miryam » ! Plus probablement, ce nom aurait désigné une dame de haut rang, une princesse donc, et ainsi plutôt belle. Si le nom a une origine égyptienne, le sens de « chère » ou « chérie » en serait la meilleure traduction. Selon de la Potterie, le kécharitôménê de Luc 1,28 serait utilisé comme un équivalent de « Marie » et indiquerait que ce nom s’appliquerait à une femme comblée de grâce par Dieu, donc gracieuse et belle. Le judaïsme considère Myriam comme une prophétesse. Elle reprend le chant de victoire célébrant Dieu qui a libéré son peuple pendant l’Exode :

            « Miryam, la prophétesse, sœur d’Aaron, prit en main un tambourin et toutes les            femmes la suivirent avec des tambourins, formant des chœurs de danse. Et    Miryam leur entonna : “Chantez pour Yahvé, car il s’est couvert de gloire, il a jeté    à la mer cheval et cavalier” » (Exode 15,20-21).

Dans l’évangile de l’enfance selon Luc, le Magnificat est attribué à Marie (certains manuscrits mineurs l’attribuent à Élisabeth). Les deux hymnes partagent plusieurs thèmes. Marie glorifie Dieu comme son Seigneur et Sauveur alors que Moïse ou Miryam chante la gloire, kabôd, de Dieu. Dans les deux cas, Dieu est identifié comme Seigneur et Sauveur. Abraham est le père dans la foi des deux femmes. Les deux exaltent Dieu dans son triomphe sur les puissants. Pharaon est mis à bas comme les orgueilleux du Magnificat. Dieu déploie la force de sa droite, de son bras dans les deux chants. Les œuvres puissantes de Dieu sont exaltées. L’amour constant de Dieu a sauvé et libéré Israël, son peuple. Ces parallèles apparaissent plus clairement dans la comparaison de la version grecque de la Septante du « chant de victoire » avec le texte, grec, de Luc. Ce dernier a imité le style, les expressions et le vocabulaire de cette traduction grecque du « chant de victoire ». La fuite en Égypte de Marie et Joseph, pour échapper à la tyrannie et violence d’Hérode, suit le parcours inverse de Moïse qui, avec Miryam et Aaron, fuyait Pharaon. Marie de Nazareth aura néanmoins touché le même sol égyptien que sa matronyme Miryam (Mt 2,13-15)on Le fait que la Bible contient sept passages différents parlant de Miryam atteste de son rôle de leader en Israël. Le prophète Michée l’exalte : « Car je t’ai fait monter du pays d’Égypte, je t’ai racheté de la maison de servitude ; j’ai envoyé devant toi Moïse, Aaron et Miryam (Mi 6,4).

MIRYAM ET MARIE En repérant les qualités de Miryam, la sœur de Moïse, on observe ce qui suit : elle est un leader, une prophétesse, une médiatrice, une initiatrice, une servante, un modèle de discrétion et de pertinence, une négociatrice et une femme qui prend soin des autres et qui collabore dans les coulisses, mais efficacement, à l’histoire salvifique du peuple élu. Dans les hymnes et litanies de l’Église, la tradition catholique attribue de telles qualités à Marie. Les fondements bibliques de l’emploi de ces expressions sont tirés des récits de l’Annonciation, de la Visitation (Lc 1,28-45) et des noces de Cana (Jn 2,1-11).

JUDITH Judith est l’héroïne du livre deutéro-canonique du même nom. Elle incarne la femme idéale de la piété juive tardive (150-100 av. J.C.). Bien des aspects de sa vie laissent voir en elle une pharisienne. Dans sa victoire sur Holopherne, elle ressemble à Déborah et Yaël dans leur victoire sur Sisera. Elle se décrit en Judith 11,17 : « Car ta servante est une femme pieuse : Nuit et jour elle honore le Dieu du ciel. » De par son observance religieuse, Judith est une personne juste. Elle observe les prescriptions de la Torah, est une chaste veuve, observe les fêtes et même les veilles de fêtes (8,6). Elle observe les lois et rituels de purification (12,2.9.19 ; 16,18). « …elle est un modèle de religion pharisienne. Il n’est pas étonnant que sa dévotion soit bénie ; elle est riche, elle est belle, tous l’estiment (8,7-8) même s’il est à noter que le texte ne parle pas d’enfants. L’histoire se concentre sur son courage, son initiative, son don de soi (13,20)… » [Voir : Reginald C. Fuller, éd., A New Catholic Commentary on Holy Scripture. (Nashville : Thomas Nelson, 1969) 404.] Judith représente l’ensemble du peuple d’Israël fidèle. Cela apparaît notamment dans son hymne final (16,1-17). Judith appartient aux pauvres de Yahvé (tapeinoi : 6,19 ; 13,20 ; 16,11). Les biblistes reconnaissent que la physionomie spirituelle de Judith est sans aucun doute celle des pauvres en esprit. Dans ses actes, Judith devient un paradigme de la libération humaine. Elle témoigne de la vérité fondamentale selon laquelle la foi ne dépend pas de résultats visibles (8,17-27) et que la puissance de Dieu ne réside pas dans le nombre (9,11).

JUDITH ET MARIE On trouve en Marie de Nazareth un écho à la confiance absolue placée en Dieu par Judith en tant que « pauvre de Yahvé ». On trouve chez l’une comme chez l’autre l’observance des rituels des lois de purification et des fêtes, en particulier la Pâque. Toutes deux sont exemplaires dans leur vie de prière et leur participation aux pratiques religieuses. Dans les lectures liturgiques des messes en l’honneur de Marie, la bénédiction de Judith annonce celle de Marie par Élisabeth : « Sois bénie, ma fille, par le Dieu Très-Haut, plus que toutes les femmes de la terre » (Jdt 13,18). Les louanges adressées à Judith – « Tu es la gloire de Jérusalem ! Tu es le suprême orgueil d’Israël ! Tu es le grand honneur de notre race ! » (Jdt 15,9) – ainsi que des paroles provenant de son propre hymne sont aussi fréquemment employées en lien avec Marie :

            « Je veux chanter à mon Dieu un cantique nouveau. Seigneur tu es grand, tu es   glorieux, admirable dans ta force, invincible. Que toute ta création te serve ! Car   tu as dit et les êtres furent, tu envoyas ton souffle et ils furent créés, et personne          ne peut résister à ta voix » (Jdt 16,13-14).

ESTHER Esther est une héroïne et le paradigme de la femme totalement libérée qui place toute sa confiance en Dieu. Par la prière et le jeûne, elle est en mesure de contrer le mal projeté par les Perses et d’intercéder en faveur de son peuple Israël auprès du roi Assuérus. Reine, Esther est concernée par le destin des juifs, même si son statut pourrait la mettre à l’abri du décret d’extermination lancé contre son peuple. Elle demande aux juifs un jeûne de trois jours pour préparer avec elle son apparition devant le roi à qui elle compte demander le salut de son peuple, au risque d’être punie de mort pour son audace. Au moins, elle aura essayé ! Il y a en elle à la fois de la résignation et une courageuse liberté ainsi que l’espoir que sa démarche aboutira. [Voir : John F. Craghan, « Esther: A Fully Liberated Woman », The Bible Today 24 (1986), pp. 6-11.] Aujourd’hui encore, les Juifs commémorent Esther lors de la fête de Purim où les enfants rejouent les scènes du livre avec toutes sortes de déguisements. L’ennemi juré du peuple d’Israël, Haman, est habituellement représenté en costume noir. Dans la célébration de Purim, les valeurs mises en évidence sont le sacrifice de soi et la providence divine. Ce sont aussi les deux thèmes majeurs du livre d’Esther. [Voir : C. G. Montefiore and H. Loewe, A Rabbinic Anthology. (New York : Schocken, 1974), pp. 99-101.] Dans la tradition juive, le livre d’Esther fait partie des cinq megillot ou rouleaux. Esther en constitue le rouleau, megillah, par excellence. « À moins qu’un autre des cinq ne soit spécifié, le terme megillah en est venu à désigner le seul livre d’Esther. » . » [Voir : Rufus Learsi, Israel: A History of the Jewish People. (New York : Meridian, 1966), 120.]

ESTHER ET MARIE Marie, la mère de Jésus, ressemble à Esther dans sa prière et son pouvoir d’intercession auprès de Dieu. Elle promeut aussi le bien et du peuple et du peuple chrétien dans son rôle de Reine. Trois passages du livre d’Esther sont utilisés dans la mariologie des premiers auteurs chrétiens et dans la liturgie catholique : 2,16-18 ; C,12.14-15.25.30 et 8,3-8.16-17.

TAMAR Tamar, « le palmier », est la première femme mentionnée dans la généalogie de Matthieu : « Juda engendra Pharès et Zérah, de Tamar » (Mt 1,3). La raison de la mention de Thamar se trouve en Genèse 38. Juda, dont les deux aînés ont été successivement mariés à Thamar et son mort, craint pour son troisième fils, Shéla. Au lieu de le donner en mariage à Thamar, comme il devrait le faire, il renvoie Thamar veuve et sans enfants. Par un stratagème ingénieux, Tamar se déguise en prostituée et Juda couche avec elle. Elle prend cependant soin de subtiliser quelques objets appartenant à Juda. Elle conçoit et est accusée d’adultère. Quand elle montre les objets appartenant à l’homme duquel elle a conçu, Juda reconnaît que c’est lui qui a enfreint la loi divine : « Elle est plus juste que moi. C’est qu’en effet je ne lui avait pas donné mon fils Shéla » (Gn 38,26). Elle donne naissance à des jumeaux, Pharès et Zérah. Pharès sera l’ancêtre de David (Rt 4,18ss.) et donc, finalement, du Messie.

L’HISTOIRE DE TAMAR EST UNE ILLUSTRATION DE LA LOI DU LÉVIRAT :             « Si des frères demeurent ensemble et que l’un d’eux vienne à mourir sans enfant,          la femme du défunt ne se mariera pas au-dehors avec un homme d’une famille      étrangère. Son « lévir » (beau-frère) viendra à elle, il exercera son lévirat en la       prenant pour épouse et le premier-né qu’elle enfantera prendra le nom du frère défunt, afin que ce nom ne soit pas effacé d’Israël » (Dt 25,5-6).

TAMAR ET MARIE Pourquoi Matthieu relève-t-il le nom de Tamar dans sa généalogie ? Parce que c’est de la lignée messianique de Juda que surgira David. Tamar atteste aussi le côté anormal de sa situation de veuve ayant besoin de l’intervention divine pour rétablir la justice en sa faveur. De même, Marie, la mère de Jésus, se retrouve dans une situation anormale à cause de sa grossesse à laquelle Joseph, son fiancé, n’est pour rien. Comme Tamar est reconnue juste devant Dieu, Marie est reconnue innocente. Joseph découvre cela dans un rêve. 

RAHAB De même que Tamar n’est pas condamnée comme prostituée quand elle cherche à obtenir justice de la famille de Juda qui lui était redevable, de même Rahab (Jos 2) ne l’est pas non plus, elle qui est au contraire louée pour sa foi, son ingéniosité et son hospitalité, vertus qui comptent parmi les plus exaltées par les Écritures. Elle est aussi vénérée dans le Nouveau Testament (He 11,31 ; Jc 2,25) ainsi que dans les anciennes traditions chrétiennes (1 Clément 12,1) et juives (Mek Ex 18,1 ; Midr. Ruth 2,1). Son statut sexuel inhabituel est sans doute l’une des raisons pour lesquelles Matthieu l’a incluse dans sa généalogie de Jésus. Elle n’est pas une fille vierge ou une épouse non vierge. Pour cela, elle représente une menace pour la structure sociale patriarcale. Toutefois, en tant que prostituée professionnelle, elle est aussi victime de ce système. Cette femme qui se situait en dehors de la culture patriarcale en général et celle, ethnique, d’Israël en particulier, se retrouve intégrée aux deux (Jos 6,5). La « profession de foi » de Rahab (Jos 2,9-11) explique pourquoi elle protège les espions de Josué (vv. 12-13). On peut y voir déjà dans ce texte ancien comment le pouvoir de Dieu se mêle à l’initiative extraordinaire prise par Rahab en face des puissances du monde patriarcal. Sa foi et le soutien qu’elle apporte au peuple élu de Dieu, Israël, peuvent aussi rendre compte de sa mention dans la généalogie de laquelle le Messie est issu. Le fait qu’elle gagne, pour elle-même et sa famille, une place dans l’histoire d’Israël peut aussi expliquer son inclusion dans la généalogie de Matthieu. C’est une femme sensible, réceptive à la présence de Dieu et sachant user de ses ressources. En tant que telle, elle est digne de figurer parmi les mères d’Israël. Quoique enfermée dans les structures patriarcales de son époque, elle les dépasse par sa foi, son instinct créatif et sa faculté à discerner l’action de Dieu derrière les guerriers d’Israël. La littérature rabbinique l’exalte comme Mère d’Israël dont descendront huit prêtres et huit prophètes.

RAHAB ET MARIE Il existe plusieurs points de convergence entre les histoires de Rahab et de Marie, qui nous aident à mieux comprendre les deux femmes et la foi qui les a inscrites dans la tradition biblique : la sexualité est concernée par les deux histoires ; les deux femmes encourent une punition (mort) ; toutes deux furent instruments par lesquels Dieu a pris possession du pays et des cœurs ; toutes deux furent signes et exemples de foi (He 11) ; toutes deux furent mères de la foi.

RUTH Ruth figure aussi parmi les « Mères d’Israël ». Le Targum de Ruth 2,12 traduit : « …tu es celle qui est arrivée… protégée par l’ombre de la majesté de Dieu et la gloire de Dieu et, grâce à cette récompense, tu seras libérée du jugement de la Géhenne car tu as ta place parmi Sara, Rébecca, Rachel et Léa ; c’est-à-dire parmi les mères d’Israël. » (Rabbah Ruth 5,5 à 2,13 ; Pesikta de Rob. Kohaha 26,1.) Ruth personnifie Israël alors que Booz, son mari, symbolise Dieu. La littérature rabbinique compare sa relation à Booz avec celle d’Israël à Dieu qu’Israël doit glorifier (Ex 15,2) et en dehors duquel il n’aura pas d’autre dieu (cf. Ex 20,3). Ceci est étroitement lié à l’Alliance entre Dieu et Israël qui est semblable à l’alliance conjugale entre Ruth et Booz. D’une telle alliance naîtra l’Oint, le Messie.

RUTH ET MARIE L’Église aussi, dans sa tradition primitive, reprend la typologie en faisant de Booz une figure du Christ et Ruth une image de l’Église. Aux 12ème et 13ème siècles, Marie à son tour est vue comme ayant été préfigurée par Ruth. Pierre de Celle (1115-1182) voit un parallèle entre les mots de Ruth « Je suis Ruth, ta servante » (Rt 3,9) et ceux de Marie « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1,38). Aussi bien Ruth que Marie répondent activement à Dieu dans leurs vies. En tant que telles, elles représentent leur peuple Israël dans sa réponse primordiale à l’alliance au Sinaï. Ruth anticipe la réponse « Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons et nous y obéirons » (Ex 24,7). Ruth dit à Booz : « Comment ai-je trouvé grâce à tes yeux pour que tu t’intéresses à moi qui ne suis qu’une étrangère ? » (Rt 2,10), et à Noémi : « Tout ce que tu me dis, je le ferai » (Rt 2,10). Marie aussi a été objet de faveur ou de grâce : « Réjouis- toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1,28). Marie reconnaît cela dans son propre cantique : « …parce qu’il a jeté les yeux sur l’abaissement de sa servante, oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse » (Lc 1,48). Marie aussi, comme Israël au Sinaï, répond à l’appel de Dieu en disant : « qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1,38). Les deux femmes sont objets de faveur et y répondent positivement. Ruth est mentionnée dans la généalogie de David dans les derniers versets du livre ! Une dernière remarque à propos du paradoxe d’un Dieu qui agit au travers de l’histoire humaine. La situation de Ruth, étrangère sans enfants, est transformée par son affection (hesed) envers Noémi. Ruth devient l’épouse de Booz, mais c’est Dieu qui lui donne de concevoir (Rt 4,13). C’est aussi ce que Matthieu suggère dans le paradoxe de Marie qui est la dernière femme mentionnée dans sa généalogie : « de laquelle naquit Jésus, que l’on appelle Christ » (Mt 1,16). Au coeur du cantique de Marie, il y a l’amour tendresse de Dieu. Le mot hébreu hesed rend compte de cette disposition de Dieu. Selon Elaine Wainwright, la hesed donne aussi la clef de l’histoire de Ruth : « Le livre de Ruth célèbre également la hesed de la femme (Rt 1,8 ; 2,20 ; 3,10) et, même si les allusions au dévoilement des pieds de Booz soulève des questions quant au côté anormal créé par cette situation, aucun vocabulaire de péché n’est associé à Ruth dans tout le livre ». . » [Voir : Wainwright, Feminist Critical 64 (cf. 166-168). David Daube, The New Testatment and Rabbinic Judaism (London : Athlone, 1956) 27-36. J. Massingberd Ford, « Mary's Virginitas Post-Partum and Jewish Law », Biblica 54 (1973) 269-272.] Cela s’applique aussi aux textes qui, en Luc, traitent de la Vierge Mère de Jésus. Les traditions et de la Synagogue et de l’Église ont, respectivement, maintenu l’absence de péché chez ces deux mères d’Israël.   BETHSABÉE Dans la généalogie de Matthieu, Bethsabée est appelée « la femme d’Urie » (Mt 1,6). Son nom n’est pas mentionné. Son rôle est pourtant essentiel dans la généalogie. L’absence du nom souligne ce que son union maritale avec David avait d’irrégulier. Après la mort d’Urie, elle devient l’épouse de David, puis « Reine Mère » ou Gebîrah dans la mesure où son fils Salomon montera sur le trône de David à l’instigation du prophète Nathan aidé en cela par Bethsabée elle-même (1 R 1,11-37). La reine mère (gebîrah) a joué un rôle clairement défini dans nombre de sociétés anciennes et modernes. Le mythe omphalos, qui présentait la terre comme centre vital symbolisé par la déesse mère (mère divine), a été supprimé par les prophètes et historiographes de l’Ancien Testament. Certains voient dans la figure de Dame Sagesse (Pr 1-9) une sorte de subsistance, sous une forme modifiée, de cette ancienne déesse mère. La fonction de reine mère en Judée pourrait aussi être une conséquence de ce mythe. Cette fonction correspondrait à une position d’aînée à la cour et répondrait à la description de Dame Sagesse dans le livre des Proverbes. Mais elle pourrait aussi résulter du fait que les rois disposaient d’un harem : beaucoup d’épouses, mais une seule mère. Quoiqu’il en soit, la reine mère était la « First Lady » du royaume. La Bible n’utilise pas le mot gebîrah à propos de Bethsabée, mais elle est la deuxième personne du royaume (1 R 2,19) : le roi se prosterne devant elle. Bethsabée a l’oreille du roi son fils ; on lui demande de présenter des requêtes au roi. Elle joue un rôle d’intercesseur. Sa position fait d’elle une personne de conseil et une source de sagesse. À la mort de David, elle s’est préoccupée de sa succession et de la stabilité du royaume. Dans son effort pour assurer le trône à son fils, elle en a appelé directement à David mourant. Devenue reine mère, elle joue un rôle de conseiller politique et judiciaire à la cour, et de médiateur entre les factions politiques du pays. Son fils Salomon l’écoute, ce qui démontre le prestige dont la reine mère jouit à Jérusalem. « La reine mère était une dame conseillère dont le rôle se reflète dans le motif de Dame Sagesse du livre des Proverbes » [Anchor Bible, vol 5, p. 585.] Dans la tradition juive contemporaine de la formation du Nouveau Testament, Bethsabée est vue comme une noble dame d’Israël. Après avoir exercé son influence sur David, elle a eu, en tant que Reine Mère, Gebîrah, une grande influence sur son successeur Salomon. De même que les autres femmes de la généalogie, Bethsabée est située à l’intérieur de l’histoire du salut d’Israël et du plan de Dieu. Cette femme est donc une figure-clef qui aide à mieux comprendre la dernière femme mentionnée, Marie, mère de Jésus. Bethsabée aussi est engagée dans l’action de l’Esprit et dans l’histoire du salut.

BETHSABÉE ET MARIE Dans toute comparaison entre Bethsabée et Marie, mère de Jésus, la notion de « Reine Mère » permet peut-être de saisir que ce thème est né de l’Ancien Testament pour ensuite déboucher sur le thème de la royauté de Marie dans la liturgie et la dévotion. Comment comprendre alors la royauté de Marie à la lumière du concept de la Reine Mère ? On a dit que certaines « femmes puissantes » de l’Ancien Testament préfigurent Marie. Des versets concernant Esther et Judith ont été utilisés en référence à Marie dans la liturgie de l’Église : «  Tu es la gloire de Jérusalem ! Tu es le suprême orgueil d’Israël ! Tu es le grand honneur de notre race ! » (Jdt 15,9). Ces versets expriment les sentiments de la communauté chrétienne. La Reine Mère joue un rôle actif et assuré par rapport à son fils. Elle a le souci du royaume. On peut dire que Marie est responsable de la royauté de son fils en raison de sa maternité et son réel souci du royaume de Dieu (Lumen Gentium 56). Il est en revanche difficile de prouver que Marie ait été conscience de quelque dimension royale de son assentiment au moment de l’Annonciation. Marie n’a pas recherché le trône pour son fils comme l’ont fait d’autres « reines mères ». Au contraire, elle s’est mise au service du mystère de la rédemption « dans la dépendance au Christ » (Lumen Gentium 56). C’est un service d’effacement de soi, à l’image de son fils. La reine mère disposait d’une puissante influence dans le royaume. Ce pouvoir dérivait de son statut de mère du roi. Si nous comparons cela à la médiation de Marie, on peut y voir un lien avec sa médiation maternelle. Le rôle de Marie est subordonné à l’action du Christ. Elle n’a jamais « régné » à sa place comme l’ont fait certaines reines mères. Le rôle de Marie, à l’image de celui du Christ, ne doit pas être compris en termes de domination, sauf sur le mal. Son règne, comme celui du Christ, est fondé sur l’humilité et l’obéissance, et est caractérisé par la foi, l’espérance et la charité. C’est de cette façon qu’elle et son fils se situent par rapport aux fidèles. [Voir : George Francis Kirwin, The Nature of the Queenship of Mary. Thèse, Catholic University of America, 1973, p. 320.] L’activité de Marie en tant que reine mère se manifeste dans sa fidélité à Dieu et son identification à la communauté de ceux qui suivent le Christ. Son influence se laisse saisir dans les paroles « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5). L’influence de Marie s’exerce à l’intérieur de la communion des saints. Son pouvoir d’intercession auprès de Dieu est partagé par tous les fidèles. Son intercession maternelle, son « intercession répétée » (Lumen Gentium 62) constitue ce qui la relie au motif de la gebîrah. Une ancienne hymne qui loue Marie en tant que reine, mère et médiatrice est le « Salve Regina » :

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre consolation, notre espoir, salut ! Enfants d’Ève, de cette terre d’exil nous crions vers vous ; vers vous nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes. O vous, notre Avocate, tournez vers nous vos yeux compatissants. Et, après cet exil, obtenez nous de contempler Jésus, le fruit béni de vos entrailles, Ô clémente, ô miséricordieuse, ô douce Vierge Marie !

 Finalement, en ce qui concerne les femmes de l’Ancien Testament mentionnées dans la généalogie de Matthieu, R. Brown conclut que c’est sans doute en raison du caractère non ordinaire de leur statut marital qu’elles ont été incluses dans cette généalogie et qu’elles préfigurent Marie, plutôt que parce qu’elles seraient pécheresses ou étrangères.

FILLE DE SION

Pendant l’Avent, la liturgie catholique romaine célèbre le plan du salut au cours duquel le Dieu de miséricorde a appelé les patriarches, les a unis à lui dans une alliance d’amour, a établi la loi par Moïse, a fait surgir les prophètes et a choisi David et Bethsabée dont la lignée donnera naissance au Sauveur du monde. Les livres de l’Ancien Testament, en annonçant la venue du Christ, « font apparaître progressivement dans une plus parfaite clarté la figure de la femme, Mère du Rédempteur » (Lumen Gentium 55) : c’est la Vierge Marie, que l’Église proclame joie d’Israël et noble fille de Sion. Notre Dame est « fille d’Adam par nature » ; en croyant au message de l’ange, elle a conçu le Fils de Dieu dans son sein virginal et est « de la descendance d’Abraham par sa foi ». En outre, « de l’arbre de Jessé par sa naissance, elle a produit sa fleur et son fruit, Jésus, le Christ, notre Seigneur ». [Extraits de la préface de la messe « la Vierge Marie, fille de Sion ».] Dans son obéissance sincère à la Loi et sa pleine acceptation de la volonté de Dieu, elle occupe, selon les mots du Concile Vatican II, « la première place parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de lui avec confiance. Enfin, avec elle, la fille de Sion par excellence, après la longue attente de la promesse, s’accomplissent les temps et s’instaure l’économie nouvelle, lorsque le Fils de Dieu prit d’elle la nature humaine pour libérer l’homme du péché par les mystères de sa chair » (Lumen Gentium 55). Nous vous invitons à prier avec l’Église l’oraison suivante de la messe « la Vierge Marie, fille de Sion », la première des Messes en l’honneur de la Vierge Marie :

Seigneur Dieu, pour accomplir la promesse faite à nos pères, tu as choisi la Vierge Marie, fille de Sion, pour qu’elle soit la mère du Sauveur ; aide-nous à suivre son exemple, dans son humilité qui te fut agréable et dans son obéissance dont nous ressentons le bienfait. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,

qui vit avec Toi dans l’unité du Saint Esprit,

pour les siècles des siècles.

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Bonne fête de l’Immaculée Conception de Marie

7 décembre, 2013

Bonne fête de l'Immaculée Conception de Marie dans images sacrée mary_statue

http://ferdinandbenedictines.blogspot.it/2010/12/happy-feast-of-immaculate-conception.html

SAINT AMBROISE

6 décembre, 2013

SAINT AMBROISE  dans images sacrée

BENOÎT XVI : SAINT AMBROISE – 7 DÉCEMBRE

6 décembre, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20071024_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

MERCREDI 24 OCTOBRE 2007

SAINT AMBROISE -  7 DÉCEMBRE

Chers frères et sœurs,

Le saint Evêque Ambroise – dont je vous parlerai aujourd’hui – mourut à Milan dans la nuit du 3 au 4 avril 397. C’était l’aube du Samedi Saint. La veille, vers cinq heures de l’après-midi, il s’était mis à prier, étendu sur son lit, les bras ouverts en forme de croix. Il participait ainsi, au cours du solennel triduum pascal, à la mort et à la résurrection du Seigneur. « Nous voyions ses lèvres bouger », atteste Paulin, le diacre fidèle qui, à l’invitation d’Augustin, écrivit sa Vie, « mais nous n’entendions pas sa voix ». Tout d’un coup, la situation parut précipiter. Honoré, Evêque de Verceil, qui assistait Ambroise et qui se trouvait à l’étage supérieur, fut réveillé par une voix qui lui disait:  « Lève-toi, vite! Ambroise va mourir… ». Honoré descendit en hâte – poursuit Paulin – « et présenta le Corps du Seigneur au saint. A peine l’eut-il pris et avalé, Ambroise rendit l’âme, emportant avec lui ce bon viatique. Ainsi, son âme, restaurée par la vertu de cette nourriture, jouit à présent de la compagnie des anges » (Vie 47). En ce Vendredi Saint de l’an 397, les bras ouverts d’Ambroise mourant exprimaient sa participation mystique à la mort et à la résurrection du Seigneur. C’était sa dernière catéchèse:  dans le silence des mots, il parlait encore à travers le témoignage de sa vie. Ambroise n’était pas vieux lorsqu’il mourut. Il n’avait même pas soixante ans, étant né vers 340 à Trèves, où son père était préfet des Gaules. Sa famille était chrétienne. A la mort de son père, sa mère le conduisit à Rome alors qu’il était encore jeune homme, et le prépara à la carrière civile, lui assurant une solide instruction rhétorique et juridique. Vers 370, il fut envoyé gouverner les provinces de l’Emilie et de la Ligurie, son siège étant à Milan. C’est précisément en ce lieu que faisait rage la lutte entre les orthodoxes et les ariens, en particulier après la mort de l’Evêque arien Auxence. Ambroise intervint pour pacifier les âmes des deux factions adverses, et son autorité fut telle que, bien que n’étant qu’un simple catéchumène, il fut acclamé Evêque de Milan par le peuple. Jusqu’à ce moment, Ambroise était le plus haut magistrat de l’Empire dans l’Italie du Nord. Culturellement très préparé, mais tout aussi démuni en ce qui concerne l’approche des Ecritures, le nouvel Evêque se mit à étudier avec ferveur. Il apprit à connaître et à commenter la Bible à partir des œuvres d’Origène, le maître incontesté de l’ »école alexandrine ». De cette manière, Ambroise transféra dans le milieu latin la méditation des Ecritures commencée par Origène, en introduisant en Occident la pratique de la lectio divina. La méthode de la lectio finit par guider toute la prédication et les écrits d’Ambroise, qui naissent précisément de l’écoute orante de la Parole de Dieu. Un célèbre préambule d’une catéchèse ambrosienne montre de façon remarquable comment le saint Evêque appliquait l’Ancien Testament à la vie chrétienne:  « Lorsque nous lisions les histoires des Patriarches et les maximes des Proverbes, nous parlions chaque jour de morale – dit l’Evêque de Milan à ses catéchumènes et à ses néophytes – afin que, formés et instruits par ceux-ci, vous vous habituiez à entrer dans la vie des Pères et à suivre le chemin de l’obéissance aux préceptes divins » (Les mystères, 1, 1). En d’autres termes, les néophytes et les catéchumènes, selon l’Evêque, après avoir appris l’art de bien vivre, pouvaient désormais se considérer préparés aux grands mystères du Christ. Ainsi, la prédication d’Ambroise – qui représente le noyau fondamental de son immense œuvre littéraire – part de la lecture des Livres saints (« les Patriarches », c’est-à-dire les Livres historiques, et « les Proverbes », c’est-à-dire les Livres sapientiels), pour vivre conformément à la Révélation divine. Il est évident que le témoignage personnel du prédicateur et le niveau d’exemplarité de la communauté chrétienne conditionnent l’efficacité de la prédication. De ce point de vue, un passage des Confessions de saint Augustin est significatif. Il était venu à Milan comme professeur de rhétorique; il était sceptique, non chrétien. Il cherchait, mais il n’était pas en mesure de trouver réellement la vérité chrétienne. Ce qui transforma le cœur du jeune rhéteur africain, sceptique et désespéré, et le poussa définitivement à la conversion, ne furent pas en premier lieu les belles homélies (bien qu’il les appréciât) d’Ambroise. Ce fut plutôt le témoignage de l’Evêque et de son Eglise milanaise, qui priait et chantait, unie comme un seul corps. Une Eglise capable de résister aux violences de l’empereur et de sa mère, qui aux premiers jours de l’année 386, avaient recommencé à prétendre la réquisition d’un édifice de culte pour les cérémonies des ariens. Dans l’édifice qui devait être réquisitionné – raconte Augustin – « le peuple pieux priait, prêt à mourir avec son Evêque ». Ce témoignage des Confessions est précieux, car il signale que quelque chose se transformait dans le cœur d’Augustin, qui poursuit:  « Nous aussi, bien que spirituellement encore tièdes, nous participions à l’excitation du peuple tout entier » (Confessions 9, 7). Augustin apprit à croire et à prêcher à partir de la vie et de l’exemple de l’Evêque Ambroise. Nous pouvons nous référer à un célèbre sermon de l’Africain, qui mérita d’être cité de nombreux siècles plus tard dans la Constitution conciliaire Dei Verbum:  « C’est pourquoi – avertit en effet Dei Verbum au n. 25 – tous les clercs, en premier lieu les prêtres du Christ, et tous ceux qui vaquent normalement, comme diacres ou comme catéchistes, au ministère de la Parole, doivent, par une lecture spirituelle assidue et par une étude approfondie, s’attacher aux Ecritures, de peur que l’un d’eux ne devienne « un vain prédicateur de la Parole de Dieu au-dehors, lui qui ne l’écouterait pas au-dedans de lui »". Il avait appris précisément d’Ambroise cette « écoute au-dedans », cette assiduité dans la lecture des Saintes Ecritures, dans une attitude priante, de façon à accueillir réellement dans son cœur la Parole de Dieu et à l’assimiler. Chers frères et sœurs, je voudrais vous proposer encore une sorte d’ »icône patristique », qui, interprétée à la lumière de ce que nous avons dit, représente efficacement « le cœur » de la doctrine ambrosienne. Dans son sixième livre des Confessions, Augustin raconte sa rencontre avec Ambroise, une rencontre sans aucun doute d’une grande importance dans l’histoire de l’Eglise. Il écrit textuellement que, lorsqu’il se rendait chez l’Evêque de Milan, il le trouvait régulièrement occupé par des catervae de personnes chargées de problèmes, pour les nécessités desquelles il se prodiguait; il y avait toujours une longue file qui attendait de pouvoir parler avec Ambroise, pour chercher auprès de lui le réconfort et l’espérance. Lorsqu’Ambroise n’était pas avec eux, avec les personnes, (et cela ne se produisait que très rarement), il restaurait son corps avec la nourriture nécessaire, ou nourrissait son esprit avec des lectures. Ici, Augustin s’émerveille, car Ambroise lisait l’Ecriture en gardant la bouche close, uniquement avec les yeux (cf. Confess. 6, 3). De fait, au cours des premiers siècles chrétiens la lecture était strictement conçue dans le but de la proclamation, et lire à haute voix facilitait également la compréhension de celui qui lisait. Le fait qu’Ambroise puisse parcourir les pages uniquement avec les yeux, révèle à un Augustin admiratif une capacité singulière de lecture et de familiarité avec les Ecritures. Et bien, dans cette « lecture du bout des lèvres », où le cœur s’applique à parvenir à la compréhension de la Parole de Dieu – voici « l’icône » dont nous parlons -, on peut entrevoir la méthode de la catéchèse ambrosienne:  c’est l’Ecriture elle-même, intimement assimilée, qui suggère les contenus à annoncer pour conduire à la conversion des cœurs. Ainsi, selon le magistère d’Ambroise et d’Augustin, la catéchèse est inséparable du témoignage de la vie. Ce que j’ai écrit dans l’Introduction au christianisme, à propos du théologien, peut aussi servir pour le catéchiste. Celui qui éduque à la foi ne peut pas risquer d’apparaître comme une sorte de clown, qui récite un rôle « par profession ». Il doit plutôt être – pour reprendre une image chère à Origène, écrivain particulièrement apprécié par Ambroise – comme le disciple bien-aimé, qui a posé sa tête sur le cœur du Maître, et qui a appris là la façon de penser, de parler, d’agir. Pour finir, le véritable disciple est celui qui annonce l’Evangile de la manière la plus crédible et efficace. Comme l’Apôtre Jean, l’Evêque Ambroise – qui ne se lassait jamais de répéter:  « Omnia Christus est nobis!; le Christ est tout pour nous! » – demeure un authentique témoin du Seigneur. Avec ses paroles, pleines d’amour pour Jésus, nous concluons ainsi notre catéchèse:  « Omnia Christus est nobis! Si tu veux guérir une blessure, il est le médecin; si la fièvre te brûle, il est la source; si tu es opprimé par l’iniquité, il est la justice; si tu as besoin d’aide, il est la force; si tu crains la mort, il est la vie; si tu désires le ciel, il est le chemin; si tu es dans les ténèbres, il est la lumière… Goûtez et voyez comme le Seigneur est bon:  bienheureux l’homme qui espère en lui! » (De virginitate, 16, 99). Plaçons nous aussi notre espérance dans le Christ. Nous serons ainsi bienheureux et nous vivrons en paix. 

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